Le vide m’avale tout entier avant de me recracher dans cette foutue dimension.
Je tombe à genoux, le souffle coupé. Une douleur sourde envahit mon corps alors que je me redresse lentement. Autour de moi, le décor est flou, étranger. Des éclairs de lumière se tordent dans l’air, témoins de l’instabilité de cette nouvelle réalité. Je jette un coup d'œil derrière moi... le portail. Le portail par lequel j'ai été expulsé, cet abîme de noirceur et de lumière, me nargue encore. Il tremble légèrement, comme un rictus moqueur, m’interdisant tout retour.
"
Non..." Je murmure, la gorge serrée par la rage. Mes mains se referment en poings alors que je me précipite vers le portail. "
NON !"
Je frappe la surface ondulante du portail de toutes mes forces, mes poings traversant cette matière intangible sans effet. Rien ne se passe. Rien ne change.
"
Je dois... Je dois retourner... Je DOIS LE TUER !"
Chaque coup que je porte est plus violent que le précédent. Mes cris déchirent l’air, une symphonie de rage pure. Spider-Man... Spider-Man... SPIDER MAN.. peu importe qui tu es, où tu es. Tu m’as laissé ici, dans cette endroit ! Ton rire résonne encore dans mon esprit. Je l’entends, chaque seconde, chaque battement de mon cœur...
tu te moques de moi, n’est-ce pas ?!"
JE TE DÉTRUIRAI ! TU M’ENTENDS ?"
Mes mains commencent à trembler, la fatigue se mêlant à la frustration. Je frappe encore et encore, mais c’est inutile. Je ne peux plus passer. Je peux ouvrir ces portails... je peux les faire apparaître. Mais je ne peux plus y entrer pour quitter cette dimension. Mon propre pouvoir s’est retourné contre moi.
Je m'effondre à genoux, les poings encore serrés, le souffle court. Mes doigts laissent des traînées sur la surface éthérée du portail, mais il reste inerte, comme si l’univers tout entier se plaisait à me tenir à l'écart de ma proie.
"
Spider-Man..."
Je murmure son nom, ma voix tremblante de haine.
Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement.
Un jour, tu verras... je reviendrai, et je te réduirai en poussière. Mais pour l’instant, cette dimension me retient. Ce n’est qu’une question de temps avant que je trouve une nouvelle faille. Et lorsque je le ferai, ce sera toi, Spider-Man, qui suppliera pour échapper à ce cauchemar.
The Spot se redresse finalement, essuyant les dernières traces de frustration. L’endroit est familier. Manhattan. Le bruit des voitures, le murmure des passants, et ce ciel oppressant de la ville qui ne dort jamais. Il aurait pu être soulagé d’être ici, mais au fond de lui, une rage sourde ne cessait de gronder. Manhattan signifiait Spider-Man. Chaque coin de rue, chaque immeuble… tout lui rappelait cette foutue araignée.
Il inspira profondément, tentant de calmer ses pensées. “
Concentre-toi, Jona... Tu es ici maintenant. Il n'est pas là. Oublie-le pour une fois.” Mais c’était impossible. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il entendait cette voix moqueuse dans sa tête. "
Tu te balades dans des trous noirs maintenant, Spot ?."
Les poings serrés, il ouvrit un portail devant lui, traversant la rue en un instant, se retrouvant à l’intérieur d’un immeuble. Un appartement quelconque, vide. Il n’avait pas d’importance. Un placard entrouvert laissait entrevoir quelques vêtements qui traînaient. The Spot saisit une chemise noire et un pantalon sombre. Pas de raison de rester avec ce costume marqué de trous noirs. Il devait essayer de passer inaperçu, même si cela n’avait jamais été son fort.
Habillé, il créa un nouveau portail pour quitter l’appartement et déambula dans les rues de Manhattan. Son regard errant croisait des visages sans vraiment les voir. Chaque sourire, chaque éclat de rire dans les cafés ou les parcs semblaient lui rappeler combien il était étranger à ce monde. Il marcha longtemps, tentant de chasser les pensées de Spider-Man, mais les images et les voix revenaient encore et encore. "
C’est quoi, ton plan maintenant, trou d’air ? Te balader de dimension en dimension pour rien, c’est ça ta grande idée ?!”
"
Tais-toi," murmura-t-il à lui-même, alors qu’il s’assit à une table extérieure d’un café. Le serveur arriva pour prendre sa commande, et The Spot, d’un ton presque automatique, demanda un simple café noir. Il fixa l’horizon, tentant de trouver un moment de répit dans l’agitation qui l’entourait. Mais ses pensées revenaient toujours vers cette araignée infernale. Comment pouvait-il espérer trouver la paix dans un endroit comme celui-ci ?
Alors qu’il attendait, un autre serveur passa, jonglant maladroitement avec plusieurs carafes d’eau. Il trébucha. Le monde sembla ralentir. The Spot leva les yeux juste à temps pour voir une pluie d'eau s'abattre sur lui, trempant ses vêtements d'un coup. L’eau froide coula sur ses épaules, et tout ce qu’il entendit après fut le rire.
Des adolescents, attablés non loin, se moquaient ouvertement de lui. Leurs rires emplissaient ses oreilles, se mêlant aux échos de Spider-Man dans sa tête. "
Regardez-le ! Il est trempé !" l’un d’eux s’exclama, suivi de rires plus éclatants. La rage, enfouie juste sous la surface, explosa.
"
C’est ça qui vous fait rire ?!" hurla-t-il, ses yeux fous se posant sur le groupe.
Il leva une main tremblante, un portail noir s’ouvrant brusquement sous l’un des adolescents, le propulsant en un instant sur le toit du café. Ses cris se mêlèrent à ceux des autres. La panique éclata. The Spot, fou de rage, créa une série de portails sous les pieds des gens autour de lui. Certains se retrouvèrent projetés sur les toits des immeubles voisins, d'autres furent transportés en plein milieu de la rue, provoquant un chaos total. Un homme chuta, atterrissant lourdement sur le trottoir, criant de douleur.
Les passants commencèrent à fuir, hurlant de terreur. Les sirènes de police résonnèrent au loin, mais The Spot ne s’en souciait plus. "
Vous tous... vous êtes comme lui ! Des ricanements incessants, des plaisanteries pathétiques ! Vous allez voir ce que ça fait d’être piégé dans une dimension que vous ne contrôlez pas !"
Il créa encore et encore des portails, propulsant les gens dans des directions aléatoires, leur faisant perdre tout sens de la réalité. Les rires avaient cessé. Maintenant, il n’y avait plus que la peur. Mais cela ne lui suffisait pas. Ce n'était jamais assez.
"
Spider-Man..." murmura-t-il à nouveau, "
tout ça, c’est ta faute."
Les sirènes s'approchent et Spot est hors de contrôle.