Une visite ordinaire ? (Nadia van Dyne)

New York est une ville à nulle autre pareille.
Les gens y sont actifs, fiers, parfois caractériels... et pas toujours soucieux de leur santé mentale.

Ceci n'est pas l'histoire de ce peuple d'inconscients... ou peut-être que si. Un rappel, alors.
Un rappel à la réalité et aux secrets les plus lourds gardés par certains citoyens qui ont leur petit succès.

Aujourd'hui, Matthew a réussi à caler un rendez-vous avec Nadia van Dyne, la toute nouvelle, toute différente Guêpe, la fille d'un de ses proches amis. Ce qu'évidemment, il est délicat de mentionner - puisque ce qui rapproche Hank Pym de son compatriote Matt Murdock est intimement lié aux expériences traumatiques qui font d'eux rien moins que des super-héros - alors, l'avocat ne peut pleinement partager la tendresse virile entre Giant-Man et lui.

Le rendez-vous est donné, non loin de la Clinique Broadmore de New York, où Murdock admet avoir affaire.

Que The Wasp ait été en avance, ou que l'alter-ego de Daredevil n'ait pas vu le temps passer, quelle importance au fond... il est encore, pour quelques temps, accompagné d'une sublime brunette dans la trentaine, en chemise oversize et équipée comme lui de lunettes sombres et d'un bâton d'aveugle.


Le sourire sans équivoque sur le visage de la jeune femme signifie à quel point elle se sent bien avec cet homme. Protégée. Mise au premier plan. Chérie. Choyée. Jamais il ne lui ferait de mal... et une fois n'est pas coutume, l'avocat aveugle de Hell's Kitchen paraît réellement profiter et goûter de la présence d'une autre personne, attentionné comme seule la tendresse des sentiments peut le permettre à un homme si rigide et perturbé.


Ils cheminent, bras-dessus, bras-dessous, rejoignant bientôt la proximité du lieu où Matt a donné rendez-vous à la fabuleuse jeune The Wasp pour échanger avec la jeune fille, qu'il a aidé, prendre de ses nouvelles peut-être sous le prétexte de lui demander la grâce d'une faveur.

Pas troublé par l'heure pour un sou, Matt profite de chaque instant avec elle. Elle commence pourtant à perdre son souffle, la sueur perle sur son doux visage...



La femme blonde en chemise claire semble avoir débarqué de nulle part pour reprendre brutalement tous les moments volés par le couple de malvoyants en promenade. Matthew soupire, puis plaque un joli sourire sur son visage, celui de l'avocat et non celui de l'homme, qui ne semble pas avoir entièrement le cœur à faire des risettes... Un sourire commercial qui n'est destiné à personne en particulier, qui essaie-t-il de convaincre sinon le monde entier que son univers n'a pas été arraché en mille morceaux...

Puis, visiblement l'homme à la visière opaque semble hasarder une présence, qu'il tente de confirmer par un appel à mi-voix, comme s'il n'était pas sécure de montre sa vulnérabilité d'aveugle, ou en tout cas ici et maintenant.



L'avocat rayonne visiblement, même s'il conserve quelques sentiments relevant de l'amertume du moment qui vient de passer il est sincèrement content à la perspective de rencontrer la jeune héroïne après qu'il l'ait aider à se faire une petite place dans le monde tourbillonnant des héros américains, qui ont une étrange tendance à apparaître ou disparaître à l'image de The Wasp et récemment de son paternel Hank Pym. Peut-être a-t-elle de nouvelles choses à lui raconter avec la verve des plus enthousiastes qui lui est coutumière, qu'il pourrait avouer n'avoir rencontrée à nulle autre pareille.

L'homme secrètement connu sous le nom de Daredevil glousse de bon cœur. Un entretien informel avec la petite Wasp promet de lui changer quelque peu les idées de ses soucis...

Sauf que l'adolescente a également le chic pour mettre les pieds dans le plat dans une totale innocence, le genre de choses qu'une autre femme issue de la Red Room a appris à manier comme une arme. Murdock se raidit quelque peu face à la question, après tout cette gosse n'a pas d'expérience avec le bavardage si familier aux personnes du monde libre. Il refuse évidemment de lui en vouloir.

Comme Natasha, ses vérités sont plus efficaces qu'un coup de couteau ; Matthew a appris avec la Veuve qu'un couteau peut aussi être un scalpel et aider à admettre qu'on a des choses à régler.





L'avocat aveugle inspire profondément, puis lâche sa prochaine vérité comme dans un soulagement.





Son air sombre s'éclaire d'un léger sourire, qui signifie finalement que ça va bien, ou pas si mal.



Il passe finalement les mains dans la tignasse de Nadia dans l'espoir de lui arracher un de ces rires communicatifs, réalisant pour la première fois qu'il avait envie naturellement de la tutoyer. La fille de son ami après tout, même si elle ignore forcément les liens qui les unissent, dans une certaine mesure elle lui ressemble et surtout, Matthew a terriblement besoin d'une influence positive dans son cercle amical.




Matt Murdock oublie un instant tous les drames, mais nul doute que la vie rocambolesque d'une jeune fille revenue au pays après toute sa vie pour retrouver la maison du père qu'elle n'a pas connue et mener des aventures dans la science et le super-héroïsme donne elle aussi son lot d'enjeux et de drama.

Matthew redresse une de ses mèches machinalement, souriant toujours à la jeune femme sans chercher à rendre le sujet ni plus doux ni plus difficile que nécessaire.



Il est inhabituel d'évoquer ses problèmes de couple, plus encore les décisions radicales lorsqu'elles n'ont pas été menées jusqu'au bout, et encore moins à une jeune protégée. Nadia l'ignore, mais son lien avec le justicier en rouge a eu une grande importance dans leurs disputes, bien qu'elle n'ait pas d'identité secrète elle aura peut-être ce genre de problèmes avec un futur petit-copain un jour. Il ne cherche pas spécialement à avouer son identité à The Wasp ni à la préparer à ses futurs dilemmes, mais si ça peut lui apporter quelque chose, tant mieux. Nadia van Dyne était une jeune fille attentive et intelligente quand elle s'y mettait et Matt ne voulait pas lui manquer de respect en la rejetant au moment où les problèmes le tançaient un peu. Il avait mal et ça faisait du bien d'en parler.


Matthew aurait préféré que ces mots eussent été ironiques, mais ce n'était pas le cas. Larry Cranston coulait des jours heureux, traité par les gardiens hommes et femmes comme un véritable roi dans son lieu d'incarcération. Parfois on ne pouvait réparer les torts. Parfois le mal ne faisait que se perpétuer dans un cercle vicieux, comme c'était le cas de l'héritage du nom et des pouvoirs de Mr. Fear générant encore et toujours plus de crimes malsains. Ce nom-là n'avait pas besoin de planter la terreur dans le cœur des citoyens pour engendrer toujours plus de produits chimiques utilisés contre l'âme de la communauté. Heureusement parfois ce genre de cercles vicieux finissait par une rédemption, simplement ce n'était pas le cas ici.

Cependant, avant d'avoir pu aller plus loin dans ce constat déprimant, Murdock est tiré de ses pensées sombres par un bruit de pas qu'il reconnaît pour l'avoir entendu ici à plusieurs reprises ainsi que dans son quartier. Il lève la tête et opine du chef alors que passe une bénévole de la maison de repos vêtue de l'habit des bonnes sœurs.


Cette femme, comme ses sœurs de vocation, avait sûrement un air sinistre pour ceux qui n'y étaient pas habitués, mais le mari malheureux lui fit signe avec le sourire aimable qu'il offrait toujours volontiers surtout aux femmes, bien que ce soit fait sans malice.



Matthew était habitué à l'allure austère des nonnes, pour avoir grandi sous les voûtes de l'Eglise catholique. À vrai dire il avait une tendresse pour ces femmes qui lui rappelaient le choix de noviciat fait par sa mère alors qu'il n'était qu'un nourrisson. L'Eglise et une dépression post-partum lui avaient pris sa mère ; l'Eglise et la mort de Battlin' Jack Murdock lui avaient offert une éducation moraliste. Il n'en voulait ni à l'Eglise, ni à ses représentant.e.s, qu'il avait appris à pardonner. 


La femme se montre aimable mais aussi guère expansive que l'on eut pu s'y attendre d'une personne de son ordre et de son rang. Elle acquiesce, manquant de poser une main compatissante sur son ouaille bien souvent alourdie de fardeaux d'une vie bien remplie.

La religieuse ayant poursuivi son chemin jusqu'au bâtiment des soins, Matt qui a demandé à Nadia de lui conter quelles sont les nouvelles n'est pas déçu. Il savait que Hank était de retour, ils avaient même parlé d'elle par messages. Partager cette émotion avec la petite était quelque chose auquel il ne s'attendait pas, mais qu'il accueillit avec sobriété de prime abord.


Tâchant de conserver bonne contenance étant toujours potentiellement en position de professionnel face à sa cliente, Matthew se montre chaleureux dans son attitude tout en demeurant clinique dans ses mots, afin de ne pas mélanger les enjeux dans un premier temps.


Il n'est pas un homme porté sur les effusions de joie la plupart du temps, mais son sourire se teinte de joues rosées, tandis que de fines larmes d'émotion coulent sur son visage. Lui aussi a eu la chance de retrouver un de ses parents, sa mère en l'occurrence, une fois à l'âge adulte. Il n'avait pas à imaginer ce que Nadia pouvait ressentir, car lui-même avait ressenti cela dans son for intérieur il y a des années. Leur expérience était différente, comme pour autant d'individus qui pourraient la vivre, mais Matthew n'en était pas moins particulièrement touché par l'événement évoqué.


Il attrape la gamine par les épaules, comme si c'était une nièce venue lui apporter une importante nouvelle. Une personne valide aurait sans doute plongé son regard dans celui de la jeune fille afin de la sonder, mais pour Matthew Murdock ce n'était pas une option. Secrètement, il écoute les battements de son cœur et sa respiration afin de détecter si jamais la jeune femme venait à défaillir.

Bien que sa double-identité demeure un secret, l'honnêteté intellectuelle de Matthew le retient de louer les qualités et la probité de Daredevil. D'autant qu'au fond, il doutera toujours de lui comparé aux autres héros, aux autres hommes et aux autres enfants de Dieu. Il recourt alors aux termes et explications prudentes que ses secrets l'ont conduit à forger au fur et à mesure de ses aventures.



C'était le moins qu'on puisse dire. Même si le monde l'avait oublié, plus de la moitié des membres et proches de l'étude Nelson & Murdock avaient été accusés d'incarner le diable rouge au cours de leur vie New-Yorkaise.



Evidemment, ce genre de procédure était risqué et biaisée car si le juge avait accepté un contre-interrogatoire du témoin masqué, il aurait dû dire la vérité, cela pour garantir les droits de l'accusé contre qui il témoignait en qualité d'expert, de témoin oculaire et de moralité. Etant couru que peu avaient les capacités de remettre en question l'analyse de héros usant de leurs capacités supérieures pour prendre le pouls d'une situation, ce genre de témoignage était une quasi-garantie de coincer les malfaiteurs.


Daredevil avait pu témoigner sans encombre et ce fut évidemment sa collaboration assumée la plus publique avec Maître Murdock et ses équipes. D'autres occasions plus discrètes avaient porté leurs fruits dans la lutte sans compromis en faveur de la justice à Hell's Kitchen, mais aussi des conséquences aussi importantes pour les membres de la communauté.



Daredevil revoit la scène encore et encore, incapable de dire ce qu'il aurait pu faire pour éviter le meurtre de Karen... ou celui de Jack Murdock... mais pour Milla, il aurait peut-être pu faire autrement - changer le schéma - et ne l'a pas fait, tant qu'il en était temps. Pour Karen, il a toujours été trop tard. Vous avez été mis sur ce chemin, avec l'issue que tu connais.



Au fond, Matthew a toujours eu cette rigidité à l'extérieur pour honorer ceux qui sont morts dignement quand lui a eu l'obligation et la chance de continuer à vivre. Leur mort est un terreau pour sa droiture, pas un tombeau de ses sentiments.



Matthew tâche d'expliquer à Nadia. Oui, il a besoin de se confier, et sait que la jeune femme est plus forte qu'elle en a l'air, pressentant qu'elle sera très bientôt un pilier pour la communauté héroïque. Il tient à expliquer aussi, parce qu'il a lâché des termes juridiques et que s'il connaît la jeune fille, elle est du genre à avoir besoin de comprendre pourquoi une chose est différente d'une autre. Elle connaît une réalité dure et recluse, mais les vérités intimes et légales lui sont encore connues uniquement par ses lectures. Elle a besoin d'apprendre à comprendre ce monde, et a l'esprit exacerbé pour le faire, et vite, comme elle l'a déjà prouvé par exemple avec les cours de conduite ou de bienséance. Et puis, Matt s'en veut d'avoir pu douter qu'elle fût sincère dans sa démarche en arrivant au pays.




Matthew porte la tasse de café à ses lèvres, à ses narines, et déjà la caféine envahit les vaisseaux de son appareil respiratoire hypersensible. L'avantage des sens exacerbés, les substances ingérées ne prennent pas longtemps pour donner un coup de fouet son organisme. Aussi Matthew reprend-il pied ainsi que le fil de son monologue, qu'il conclut sans hâte.


Quoi qu'il advienne, elle l'avait involontairement privé de son choix et de sa liberté quant à leur mariage, mais le flambeau avait été passé à ses parents depuis que les produits chimiques d'un super-vilain avaient définitivement altéré la capacité de décision de l'ex-mademoiselle Milla Donovan.


La plupart du temps, Milla se sentait en danger permanent désormais. Elle avait peur qu'il l'abandonne, mais comment se fier pour ses décisions en une personne dont le jugement est si radicalement biaisé ?


Les lèvres de Murdock se pincèrent, signe que les choses étaient ce qu'elles étaient et qu'on n'y pouvait plus grand chose, quoique ça le mette dans un sale état moral. Il poursuivit, en haussant les épaules. Au fond ce n'était juste pour personne, comme l'avait fait remarquer Nadia hormis peut-être Mr. Fear.


Même si en tant que juriste et un peu responsable du statut légal de Nadia il s'était montré prudent, Matthew était terriblement heureux pour Nadia qui avait la chance d'avoir un père naturel, une mère adoptive et même un tuteur en la personne de Jarvis même si cela serait légalement un peu compliqué à démêler d'ici à ses 21 ans. Il tint cependant à rassurer The Wasp concernant la réaction mélangée de son père. La famille c'était important et on ne pouvait pas perdre son temps à douter d'eux tant que la vie nous offrait des moments à partager avec eux.


Evidemment, pour le côté sécurité, on repassera étant donné que cette jeune femme était hyper enthousiaste depuis le début à l'idée de s'interposer entre les citoyens et les super-criminels de tous bords. Mais la sécurité affective, ça ne s'achète pas et ne se gagne pas non plus à force de rafales bioélectriques. Hélas, Hank Pym et Janet van Dyne en savaient quelque chose, ce qui avait rendu Matthew quelque peu mal à l'aise face à la proposition de dîner à quatre avec les Pym.


Hank était sincèrement amoureux de la première Wasp depuis des années, malheureusement il n'avait pas toujours été un époux idéal et c'était dans l'absence de celle-ci qu'il avait tendance à ressentir le plus d'amour. A l'inverse pour autant que Matthew puisse savoir Janet avait été vue au bras de Tony Stark au cours de l'absence du Giant-Man originel et ce genre de choses illustrait bien le parcours d'actes manqués entre les deux héros changeurs de taille.


Il était naturel pour un enfant de vouloir voir ses parents être heureux ensemble. C'était le genre d'écueils que Nadia n'avait pas pu connaître ni anticiper lors de ses années formatives au sein de la très isolationniste Red Room. Si Matt se sentait une responsabilité envers certains jeunes justiciers pour qui il avait de l'empathie, ça ce n'était pas tellement son rayon bien que son frère Mike avait lui été fort impacté de découvrir que la religieuse et célibataire Sœur Margaret était nulle autre que mère qu'ils n'avaient jamais connue.


Il n'avait pas à dire qu'il était un des rares à être plus proche d'Henry que de Janet, mais vu que la petite était maligne elle pourrait commencer à le deviner. Il aurait une excuse pour discuter avec Pym sur toutes sortes de sujets, dont la parentalité de Nadia, les amours de Hank et peut-être préparer le terrain pour des retrouvailles apaisées dans la famille du New Jersey.





Matt laisse à Nadia l'opportunité de découvrir la véritable fonction de cet objet. En attendant, il s'est permis de lui tendre le bras car comment un aveugle pourrait-il s'en sortir sans sa canne ? Il remarque tout de même une chaise roulante laissée vacante dans ce parc qui avoisine la clinique Broadmoore, quoique bien entendu un homme atteint de cécité ne pourrait l'avoir repérée par lui-même ; mais il a envie de lui laisser les mains libres pour découvrir le joujou de Daredevil.

Nadia se montra sèche mais compréhensive étant donné ce à quoi l'avocat essayait de la prémunir au niveau de ses attentes envers son père et sa mère adoptive. Il sourit et lui ébouriffa les cheveux en gloussant pour détendre l'atmosphère.



Puis, contre toute attente, l'avocat aveugle ajoute, d'un air on-ne-peut-plus sérieux :


Il grince cependant des dents lorsque Nadia semble vouloir transformer les retrouvailles potentielles de ses deux parents avec leur fille en une réunion impliquant, en plus de son dernier tuteur légal Edwin Jarvis, un certain Monsieur Lang et sa fille Cassandra, qu'elle est curieuse de connaître... et devant qui elle a sans doute inconsciemment envie de frimer avec Henry et Janet heureux comme des papes.

Le nom de Lang lui disait quelque chose, une affaire qu'il avait vue passer au bureau du procureur sans doute mais c'était somme toute un nom suffisamment répandu pour que cela ne l'alerte en rien quant au statut d'ex-détenu de la personne en question. Elle ne connaissait pas personnellement la fille, ce qui le poussa à deviner à tâtons qu'il ne s'agissait pas d'une amitié existante avec une jeune de son âge.


Il hasarda une hypothèse. A vrai dire il commençait à faire une supposition et étant l'avocat de Nadia ainsi que l'homme ayant permis aux héros de conserver leur anonymat dans une cour de justice, il valait mieux donner une porte de sortie à la jeune fille, au cas où elle en ait dit davantage qu'elle ne devrait.


Une fois au bras de la jeune fille, ce dont il n'avait nullement besoin mais renforçaient sa couverture de simple avocat aveugle en toutes circonstances, celle-ci proposa une définition de l'objet, sans même avoir eu l'audace de déclencher le gadget en public. Il est vrai que Nadia avait dû bénéficier d'une éducation aux arts martiaux au sein de la Red Room et elle semblait savoir décortiquer au poids ou d'un coup d'œil l'utilité d'une telle arme dissimulée innocemment.




Feindre de ne pas savoir, de ne pas savoir faire ou de ne pas connaître les mêmes choses que Daredevil, n'était pas un immense talent de Matthew mais une stratégie nécessaire qu'il exerçait maintenant depuis des années, avec plus ou moins de subtilité et de tics dialectiques. Il acquiesça ensuite à l'hypothèse de Wasp, qui semblait elle aussi faite pour lui offrir une voie royale pour se dissocier du héros pour le moment.




L'homme aux lunettes opaques avait amplement fait comprendre à la Guêpe à quel point il pouvait être menacé par des criminels, petits et grands.


Or, si Murdock n'était pas censé représenter l'apogée d'un apprenant en arts martiaux, même Daredevil connaissait les affres de son expérience et chaque nouvelle blessure, chaque nouvelle bougie soufflée menaçait de réduire son efficacité, et avec elle ses chances de revenir entier et la conscience tranquille.




Matt n'arrivait même plus à se souvenir des fonctions saugrenues qu'il avait pu tenter d'ajouter à différentes versions de sa canne. C'était une époque où il pouvait se préparer pour faire la belle avec les vilains sans craindre que le compte de morts n'augmente drastiquement. C'était un temps révolu où ces frasques suffisaient, ou un déguisement et un bon vieux crochet du droit réglaient la situation le cas échéant.


La résistance au changement de Matt alias Daredevil était importante, comme tout bon ronchon qu'il puisse être. Mais puisque l'idée venait de lui, il allait essayer de se préparer à ce qu'une jeune héroïne douée en ingénierie vienne lui apprendre à utiliser des gadgets plus optimisés... comme lui, Matt, venait finalement de le lui demander, quoique sous couvert d'une démarche tout aussi légitime. Matt Murdock ne pouvait être vu en toute circonstance jouant du nunchaku et autres figures martiales totalement inédites pour un quidam moyen atteint de cécité.

Nadia avait été évasive finalement concernant les Langs, ce qui pouvait affûter la curiosité de Matt mais au fond qui n'aime pas une surprise ?
Il acquiesce en dodelinant de la tête, amusé que la jeune fille impose ce qui lui plaît.

"Oh pas de souci, plus on est de fous plus on rit, pas vrai ?"

Puis, Nadia ayant examiné le bâton et Matt n'ayant pas nié qu'il s'agissait d'un nunchaku déguisé - cette petite s'y connaissait en gadgets et accessoires d'arts martiaux - elle s'amusait du fait que Daredevil ne savait pas vraiment les limites que pouvaient apporter un handicap tel que la cécité.
Cruelle ironie, il le savait bien qu'il se sentait privilégié par rapport à la plupart des autres malvoyants. Néanmoins il était un notable qui représentait malgré lui les autres aveugles et cela le peinait qu'on y voie immédiatement une limite à leurs capacités.

Il avait beau avoir son secret à protéger, pour Matt Murdock considérer que parce qu'il était aveugle il ne pourrait savoir utiliser un nunchaku c'était dur à entendre - même si c'était là justement sa couverture. Son ivrogne de père lui avait transmis le miroir déformant de ses propres inadéquations et c'était d'ailleurs le seul reflet qu'il était presque sûr de voir tous les jours. En un mot comme en cent, notre homme est susceptible.



Pourquoi les héros qui se cachent derrière leurs lunettes finissent toujours par faire résonner une naïveté semblable à celle d'un garçon de ferme en demi-teintes du Middle-West ? Étonnante vérité mais pas autant que la réalité d'un aveugle capable de vaincre plusieurs douzaines de ninja à mains nues...




L'image de ce baiser avec la détective consultante Dakota North était gravée dans la mémoire sensorielle de Daredevil, comme le signe le plus évident qu'il avait été aveugle aux problèmes dans son couple tant que Matt et Tête-à-Cornes avaient  ce qu'ils voulaient, ou pire ce qu'il méritait. Comme si l'esprit têtu de l'irlandais d'origine primaient sur les besoins de son mariage. Comme si Dieu l'avait fait ainsi, et qu'il ne serait jamais prêt à briser l'ordre des choses patriarcal pour des plaisirs et douleurs moins égoïstes.


Avoir une relation sincère avec un représentant du sexe faible ne lui était pas arrivé depuis ses relations de travail avec Jessica Jones, et cela uniquement parce que cette dernière était encore plus brisée et résistante au changement que lui.

Matthew continuait de sourire, même si la fatigue morale commençait à se faire sentir après la fin de son rendez-vous avec Milla près de la clinique.

"J'essaierai de m'entraîner avec mon associé, je suis sûr qu'un peu d'auto-défense ne fera pas de mal à ce bon vieux Foggy...  On demandera un mannequin de secourisme aux pompiers du coin pour éviter de s'éborgner"

Il rit encore de bon cœur. Les blagues sur son handicap étaient moins terribles lorsqu'elles venaient de lui. Peut-être devrait-il faire un peu de travail sur lui au sujet de sa susceptibilité. L'important étant d'être à l'écoute de ce que l'autre voulait et non de ce que cela nous déclenche de négatif sans qu'il n'y soit pour rien.

Son bras toujours dessus-dessous avec celui de Nadia, il sourit et ajoute, sûr que cette journée ne peut pas être que de tristes rappels de ses soucis :

"Tu es venue en voiture ? Je ne sais plus si je te l'ai demandé....
Tant que nous sommes en ville, qu'est ce qu'il pourrait te faire plaisir de visiter ?
Je te préviens, je suis un guide atroce j'ai déjà tout vu ici et pourtant... Va comprendre !"

Marchant aux cotés de Matt Murdock elle l’écoute lui parler de ce qu’il est contraint de mettre en place pour sa sécurité. Un entrainement de boxe tout d’abord, entendant cela elle prit un instant pour se concentrer sur se bras croisé avec le sien. Oui. Il est musclé, trés musclé. On ne dirait pas comme cela mais Mr Murdock semble avoir une bien meilleur condition qu’elle aurait cru.

“Je vous crois excusez moi!”

Comment lui en vouloir? Elle espère bien qu’il n’en sera pas capable car le vexer serait la dernière chose qu’elle souhaite. Elle a beaucoup a apprendre sur les non voyants de toute évidence et il était normal qu’il s’indigne des préjugés qu’elle pouvait avoir.

“Si vous voulez nous pourrons nous entrainer ensemble, je suis plutôt bonne au Krav-maga.”

Même si elle avait été entrainée à cinq forme d’arts martiaux c’était sans doute à celui là qu’elle était la meilleur et il était l’idéal pour quelqu’un de désavantagé, c’était justement pour cela qu’on y formait les Widow qui ne pesaient pas très lourd. Bref montrer quelques mouvements d’immobilisation à son avocat pourrait lui être aussi utile que de donner des patates de boxeur dans le pif surtout s’il a du mal à savoir où se trouve le dit pif. Ils avaient fini leur promenade dans le petit parc et il lui demandait si elle était venue en voiture et ce qu’elle voudrait visiter en ville.

“Je suis venue en volant, haha. Et je n’ai pas encore le permis.”

Il proposait de visiter des choses mais elle n’avait pas trop d’idées sur le sujet. Elle connaissait un peu plus la ville qu’a son arrivée désormais mais il y avait encore tellement à découvrir.

“Je vous laisse maître maître, faites moi découvrir les lieux où vous aimez entendre et sentir. On a qu'a prendre le métro!”

Au bras de l’avocat qui faisait partie des gens qui étaient bienveillant avec elle depuis son arrivée en Amérique elle découvrirait un peu plus cette ville tout comme cet homme qu’elle voyait désormais sous un regard neuf. Il cache bien son jeu, celui qu’elle appelait jadis Modock.


HJ:

Spoiler: