Voler dans las plumes [PV Sprite]

Le moins que l’on puisse dire, c’était que l’entretien ne s’était pas passé comme prévu. Certes, Peter avait été l’un des étudiants les plus brillant de l’Empire State University. Et il avait laissé une belle emprunte dans l’esprit dans ses professeurs. Le problème, c’était que les souvenirs du jeune homme dans leur esprit étaient tout aussi portés sur son talent que sa capacité à être en retard et manquer des heures de cours. Être Spiderman n’avait pas que des avantages… En fait, ça n’en avait pas vraiment… Avec un peu de chance, son expertise de la biochimie pourrait lui permettre de rejoindre leur laboratoire de recherche. Mais en sortant de l’université, il n’avait aucune idée du poids que cela allait avoir dans la balance. Heureusement pour lui, il avait un autre entretien aujourd’hui. Et cette fois, mieux valait ne pas être en retard. Avoir même un peu d’avance ne lui ferait pas de mal.

Il s’éloigna donc des rues bondées de Manhattan pour trouver une ruelle à l’ombre des regards. Il vérifia que personne ne l’observait avant de faire un bon prodigieux dans la ruelle, se propulsant à mi parcours d’un vielle immeuble New Yorkais. Ses mains posèrent sur la brique en douceur, appliquant pourtant une force indescriptible sur la pierre rouge. C’était comme si ses mains et la roche étaient attirée l’une par l’autre, tout comme pour la pointe de ses pieds. Il grimpa vers les hauteurs, rampant sur le mur telle une araignée avant d’atterrir sur le toit dans une pirouette. Ici, personne ne le remarquerait.

Il laissa tomber son sac à dos au sol et commença à défaire le noeud de sa cravate en même temps qu’il retirait ses chaussures en s’autant d’un pied sur l’autre. Il retira sa veste et fit de même avec son pantalon et sa chemise. Il fourra le tout dans son sac en retirant un simple morceau de tissus rouge. Il portait toujours sa tenue de justicier sous ses vêtements. Seul le masque était caché dans son sac. Il l’enfila masquant son visage. Maintenant, il pourrait se balader sur les toits de la ville et entre les building sans être reconnu. Il serra les sangles de son sac à dos pour ne pas qu’il tombe lors de ses déplacements au bout d’une toile.

Avant de s’élancer, il vérifia son téléphone une fois de plus. Il avait le temps, mais le manoir Garett était à l’autre bout de la ville. Mieux valait ne pas traîner. Il rangea le smartphone et sautilla sur place pour s’échauffer avant de partir en courant vers le vide. Comme s’il n’était pas soumis à la gravité, il s’élança dans les airs, prenant plus de hauteur et de vitesse jusqu’à atterrir sur le toit voisin. Il continuait sa course, mais cette fois, il activa l’appareil sur son poignet, envoyant une toile vers un building. Il tira d’un coup se, se propulsant dans les airs avant de tirer à nouveau pour se balancer sur la toile.

Il commença donc son parcours vers le nord de l’île. Il avait un bout de chemin à faire. Et la voix des airs était le meilleur itinéraire. Il ne pouvait pas arriver en retard. C’était impossible. Cette fois, toutes les chances étaient de son côté. Même les pigeons de New York, dont il partageait le terrain de jeu, semblaient lui ouvrir la voie. L’un d’eux volait juste à côté de lui, comme s’il se demandait ce que pouvait bien faire cet étrange individu sur son territoire.

- Hey ! Je suis Spiderman. On fait la course ?

Pas de réponse… Tant pis. De toute façon, il était presque sûr de gagner ce pari.

- Qu’est ce que ?!

Un nuage de pigeon passa au croisement de Madisson et la 72ème, si dirigeant tout droit vers Central Park. L’espace d’un instant Peter en perdit sa toile, heurtant les oiseaux en plein vol. Il se rattrapa quelques mètres plus loin, fixant sa soie sur un échafaudage un peu plus loin. Il reprit de la hauteur, chassant les plus devant son masque. Il n’y avait plus aucun oiseau autour de lui. Il avait perdu la course.

- C’est de la triche… Ah… Je vois déjà le titre de Jameson dans la presse… « Spiderman s’en prend aux oiseaux de la ville. »

Il continua son chemin, se dirigeant au nord, pestant contre les dernières remarque de JJJ à son sujet, certain que pour une fois, il n’allait pas être en retard. Il avait peut être parlé un peu trop vite.

- Wow !

Son sens de l’araignée l’avait prévenu un peu tardivement. Il ne sentait pas de danger imminent, plus une alerte d’un présence étrange. Comme si la personne qui se présentait à lui n’aurait pas du se trouver là ? Après tout, peu de personne volait dans les rues de New York. Quoi que… C’était plus fréquent qu’on pouvait le penser. Mais cela n’en était pas moins surprenant. D’autant plus quand le visage qui venait d’appairer en face de celui de Spiderman était celui d’un enfant. En effet, Peter s’était arrêté sur la façade d’un building, s’agrippant comme par magie aux vitres teintées. En revanche, le garçon semblait flotter la tête en bas, insoumis aux lois de la gravité. L’étrange personnage pivota pour se remettre dans le bon sens. Sa tenue était aussi étrange que lui.

- Hey Robin des bois ! Non attends… Peter Pan ! Depuis quand on a un Peter Pan à New York ?

C’était sans doute la description qui lui correspondait le mieux. Un personnage flottant dans les airs, à l’apparence d’un enfant, vêtu d’un collant vert. Il n’avait pas l’air bien dangereux et n’avait rien de menaçant. Mais il restait encore à savoir ce qu’il pouvait bien faire là. Et surtout, Peter avait autre chose à faire que de discuter avec cet étranger.

- Bon écoute, je serais ravi de discuter avec toi, ou de t’aider à retrouver ton chapeau. Mais je suis un peu pressé là.

Mais le garçon ne semblait pas vouloir laisser sa proie tranquille. Il le fixait du regard, curieux et malicieux. Il se tenait dans le chemin de l’araignée et ne semblait pas disposer à s’écarter. Il avait même de nombreuses questions pour le Hero New Yorkais. Des lianes ? Techniquement, ce n’était pas faux. Mais il préférait supprimer de son esprit cette image de Spiderman en pagne qui se balancerait sur des lianes à la manière de Tarzan. Il secoua la tête en sautant de son perchoir, tirant une liane… Non, une toile vers le bâtiment suivant.

- Oui, c’est le même principe. Mais je n’ai pas vraiment le temps pour ça. Désolé !

Il se balança en direction du nord de l’ile de Manhattan. Pour une fois il n’avait pas oublié son rendez vous et il ne comptait pas être en retard à son entretien. Mais il avait l’étrange sensation d’être suivi. Dans une pirouette, il se retourna pour voir que le garçon le suivait en flottant.

- Hey ! Laisse moi tranquille !

Un moment d’inattention fugace mais un moment d’inattention quand même. Il s’écrasa contre un panneau publicitaire accroché à un building. Son dos craqua étrangement et il laissa échapper un juron peu élégant. De toute évidence, le garçon le suivait encore.

La tête de l’araignée sonnait après un choc un peu trop brutal. Il avait beau avoir une force surhumaine ou un plus grande résistance physique, se prendre un mur à cette vitesse, ça faisait toujours mal. Et cela faisait toujours rire. Le lutin qui avait continué de le suivre et il s’en donnait à coeur joie. Peter ne savait pas ce qu’il avait encore bien pu faire pour mériter ça, mais l’univers avait apparement décidé de lui collait un lutin farceur le jour de son entretien !

Mais ce ne fut pas la partie la plus désagréable. Alors qu’il posait sa main vers le panneau pour éviter de tomber et de s’écraser une dizaine de mètres plus bas, il perdit toute adhérence avec le mur qui l’avait stoppé. Il se retrouva suspendu dans la vide, la tête en bas, incapable de retrouver une position un temps soit peu normal et moins humiliante.

- Je vole… Pourquoi je vole !?

Et ainsi l’araignée avait appris à voler. Contre son grès bien évidemment. Il était prisonnier des désirs du petit être vêtu de vert qui s’approchait lentement de lui, soumis aux mêmes lois de la physique que lui. C’est à dire plus aucunes. La gravité elle même avait décidé de prendre un jour de congé. Isaac Newton prenait un sale coup aujourd’hui.

Dans une tentative un peu désespéré, Peter s’agita vainement pour tenter de se retourner. Mais ses jambes continuaient de pointer vers le haut, le faisant ressembler à un poisson qu’on aurait sorti de l’eau. Il finit par savoir vaincu. Il ne pouvait pas faire grand chose d’autre que de laisser ses bras pendre lamentablement vers le bas en observant Peter Pan s’arrêter à sa hauteur.

- Laisses moi deviner… Quand toi tu retires tes collants, tu retournes au pays imaginaire. Moi quand je retires les miens, je travail. Donc il faut que je file.

File ? Mais oui ! Il tendit son bras vers le mur le plus proche. Un fil de soie s’expulsa dans son bracelet de poignet et s’agrippa fermement à la pierre. Il tira dessus pour essayer de se libérer. Mais rien n’y faisait. Tout ce qu’il avait obtenu, c’était de se retourner. Il avait de nouveau la tête dans le bon sens. Mais il était toujours prisonnier de l’enfant. Et s’il lâchait son câble, il terminerait la tête en bas à nouveau.

- Bon, assez joué, laisses moi redescendre ! Je ne veux pas être en retard. Encore… Qu’est ce que tu veux pour me laisser partir ?

Le lutin n’avait pas l’air bien offensif. Et rien ne semblait indiqué qu’il souhaitait blessé l’araignée. Peter n’avait pas de raison de le combattre. Mais il avait réellement besoin d’y aller. Et il était prêt à tout pour échapper au gamin. Enfin presque tout. Pas question d’enfiler le même collant vert pour enfant ! Le sien lui allait très bien comme ça.