[Central Park] Enquête à Central Park. (Black Knight)

Il est étrange de voir comment cet endroit m'attire inexorablement. A chaque fois que je m'éloigne un peu trop longtemps de Central Park, je finis toujours par y retourner. Sans doute parce que tout semble avoir commencé ici pour moi il y a maintenant plusieurs mois.
L’immense parc peut sembler accueillant pour ceux qui s’y promènent en journée, mais une fois la nuit tombée il y règne une atmosphère oppressante où le pire semble possible. La majeure partie du parc est fermée la nuit, mais nous sommes nombreux à y dormir quant même. Certains endroits sont plus confortables que d’autres et les bonnes places sont chères. Il n’est pas rare que certains SDF en viennent aux mains pour s’approprier les meilleurs endroits ou tout simplement pour voler les maigres affaires de leurs infortunés voisins.
Pour ma part, je reste à l’écart des autres. J’ai peur de ne pas être très sociable. Pourtant je suis obligé de faire des efforts si je veux continuer à survivre ici. Mes maigres possessions tiennent dans un vieux sac à dos, et depuis que j’ai perdu ma cane, j’utilise un simple bout de bois qui, au cas où, peut toujours me servir pour me défendre.
Je déambule dans le parc à la recherche d’un coin ou m’asseoir et peut-être trouver quelque chose à manger. Mes pas m’emmènent instinctivement à l’endroit où j’ai rencontré le soit disant mutant qui disait s’appeler Christopher et où un groupe de fous furieux sont apparus en faisant tout exploser autour de nous.
J’arrive à l’endroit exact où ça c’est produit. Le banc sous lequel je m’étais réfugié et qui avait été détruit a été remplacé par un neuf. Un couple y est assis et donne à manger à quelques oiseaux. Un autre banc libre se trouve un peu plus loin de l’autre coté du chemin. En m’y rendant je passe à coté de l’endroit où le sol s’est soulevé afin de me protéger d’un tir mortel. Le sol est maintenant aussi plat que tout le reste du chemin, si ce n’est la couleur légèrement plus foncée à l’endroit exact où ça s’est produit. Aujourd’hui je comprends qu’en fait c’était mon pouvoir qui s’est activé d’instinct afin de bloquer l’attaque.
Je m’assois, pose mon chapeau sur le sol devant moi en espérant que certains passants seront assez généreux. Et la tête entre les mains je repense à tout ce qui m’est arrivé depuis que je me suis réveillé ici.

Je ne comprends pas comment fonctionne ce fichu pouvoir qui sommeille en moi. En plus il faut que je fasse attention à ne pas faire n’importe quoi avec ; non seulement cela pourrait être dangereux, mais en plus ça me fatigue beaucoup trop. Les rares fois où je m’en suis servi, j’ai failli tomber inconscient. Il faut que je m’entraîne si je veux arriver à utiliser ce truc sans me mettre en danger.

Pendant que je reste perdu dans mes pensées, une inconnue a déposé quelques pièces dans mon chapeau, puis s’est en allée avant que j’ai pu la remercier. Je plonge la main et la ressort avec une pièce de 25 cents.

Autant commencer petit si je ne veux pas prendre trop de risques.

Je me concentre sur la pièce afin d’en ressentir la composition, comme je l’avais fait dans l’appartement de Monet. Au début je n’y arrive pas. Je suis là, assis sur mon banc, les yeux fermés et le poing serré sur un pauvre Quarter. Tout à coup j’ai comme un déclic, et tout autour de moi semble différent alors que je garde les yeux fermés.

Alors qu’avons nous là! Une simple pièce de 25 cents en cuivre, recouverte d’une fine couche de nickel. Je devrais pouvoir la tordre sans difficulté, mais j’en ai besoin pour acheter à manger.

Puis tout à coup, quelque chose me fait perdre ma concentration et tout redevient normal autour de moi...

Je met quelques secondes avant de réagir à ce qui a perturbé ma concentration et je ne réagis pas lorsqu'un inconnu m'aborde d'un bonjour franc et sincère que la plupart des passants ne daignent même prononcer à mon égard. Puis alors que je réagis en retard à son salut, il enchaine.

- Je ne suis pas flic… et je ne cherche pas à mal. Je veux aider, même si vous n’avez pas à me croire.
Je vais être direct, alors.
Je veux des informations – et je peux payer, pour.

Je relève la tête le poing toujours fermé sur ma pièce de 25 cents, et je vois un homme dans la force de l’age, bien bâti. C'est son regard qui tout d’abord attire mon œil, un regard profond et bien plus sombre que ne pourrait laisser présager son allure générale et sa maturité. Ensuite difficile de ne pas regarder ses mains qui me montrent des billets de 100 Dollars. Ce type doit être complètement fou pour se balader avec autant d'argent liquide sur lui et surtout pour l’exhiber ainsi devant n'importe qui. La stupeur passée, j'ai un sourire en coin en pensant à la pauvre pièce de 20 cents que je cache au creux de mon poing. J'ouvre la main et regarde mon maigre trésor avant de laisser retomber la pièce avec les autres dans mon chapeau.

- Bonjour jeune homme ! Excusez moi, j'étais un peu perdu dans mes pensées. Vous devriez ranger tout ça, ça pourrait attirer la convoitise de personnes mal intentionnées, et je sais que pas mal de voyous fréquentent cet endroit. Vous dites que vous voulez des informations ? Et vous dites que vous n'êtes pas policier ? Vous êtes quoi alors, un journaliste ?

Au ton employé, on sent que je n'aime ni la police ni les journalistes. Et voila qu'un type sorti de nulle part me dit vouloir des infos tout en me foutant une liasse de gros billets sous le nez !

- Vous dites que vous voulez des infos contre de l'argent ? Et vous n'avez pas plus petit comme billets ? Parce-que j'ai peur de ne rien savoir qui vaille 100 dollars!

Suite à cette tirade, je lui lance un pauvre sourire avant de ramasser les quelques pièces devant moi et de remettre mon chapeau sur ma tête. J'en profite pour regarder un peu plus attentivement ce type étrange. Malgré mes vêtements quasi neufs grâce aux pouvoirs de Nico, cela fait plusieurs nuits que je dors dedans et ils sont tout froissés. Je n'ai l'air que de ce qeu je suis, un simple SDF. Alors pourquoi ce type vient-il vers moi avec ses questions et son argent ?

J'attends, et la réponse arrive très vite.

« Mais si. »
« Vous savez quelque chose qui vaut 100 dollars, m'sieur. »
« Vous savez quoi en faire, pour améliorer votre quotidien – et vous faire du bien.
Et je pense que ça peut être une bonne chose. »
« Mais... pour vous répondre, non plus. Je ne suis pas non plus journaliste.
Ni flic, ni gratte-papier. »
« Je sais que ça fait beaucoup... et c'est le but. Je veux attirer l'attention – et je sais me défendre.
Vraiment. »
« Mais... je vais être honnête. »

Nous y voila ! Au début, il est tout miel et sourire, et maintenant il se la joue grave et sérieux. Je ne suis pas né de la dernière pluie, petit ! Alors crache ce que tu veux vraiment !

« Je... j'ai été informé qu'il y a eu quelques phénomènes étranges, ici. En soi, ça me va – bon sang, cette fichue ville est étrange et bizarre en elle-même.
Mais... ça va attirer des gens, ça. D'autres gens que moi.
Moins bien attentionnés. »
« Alors... je veux un peu prévenir, avant de guérir. Je veux aider, en comprenant.
C'est ça que je cherche.
Je cherche à savoir ce qu'il s'est passé, ce qu'il se passe – pour que les concernés puissent continuer à vivre, tranquillement. »
« Je viens aider. Est-ce que... vous voulez bien m'aider, à aider ? »

Le type semble vouloir jouer au bon samaritain. Mais bon sang, il cherche à en savoir plus sur l'attaque du groupe étrange venu du futur et sur ce qui c'est passé ici même il y a quelques mois.

Je cache ma surprise derrière un petit rire légèrement amusé. Je relève la tête vers lui afin de croiser son regard. Mes yeux restent dans l'ombre de mon chapeau et finalement mon sourire s'efface.

-Alors comme ça vous vous souciez du sort des miséreux comme moi qui vivent, ou plutôt survivent à Central Park ? Si vous vous mettez à distribuer des billets de 100 dollars à tous les SDF du coin contre des infos, non seulement vous aurez 100 versions différentes de ce que vous recherchez, mais en plus la moitié d'entre eux iront tabasser l'autre moitié pour leur piquer leur petit billet. Si vous voulez vraiment nous aider vous feriez mieux de faire un don à l'un des foyers du quartier.

Même si ce type semble plein de bonnes intentions, il fallait que je lui montre que son argent ne résout pas tout. Il semble déçu par ma réponse, et je me rends compte que je ne peux pas l'envoyer bouler comme ça sans essayer d'en savoir un peu plus sur lui et sur ce qu'il sait déjà sur ce qu'il cherche.

-Mais quant vous parlez de Phénomènes étranges, vous voulez parler du combat entre supers qui a eu lieu ici même il y a quelques mois. Alors il se pourrait que vous ayez raison après tout, j'ai certainement des réponses à 100 dollars. Il faut dire que c'est mon coin par ici, et que je jour où ça c'est produit j'étais tout près. Mais pour ne pas vous faire perdre votre temps et vous rabâcher ce que vous savez surement déjà, dites moi ce que vous avez pu trouver sur cette affaire.

Tout en parlant j'observe ses réactions à ce que je lui dit. Il semble satisfait, et j'attends qu'il me réponde.

J'écoute patiemment tout ce que peut me révéler cet homme debout en face de moi. Il parait sincère et honnête. Pourtant je me méfie de lui, mais pas plus que de quiconque pourrait s'intéresser à cette affaire. Il prétend avoir la possibilité de "capter" certaines choses invisibles aux autres, et je tique un peu lorsqu'il parle de molécules. Après tout maintenant que je sais théoriquement en quoi consiste mon pouvoir, je ne peux ignorer ce que j'ai fait ici même instinctivement pour me protéger.
Je suis certain qu'il dit vrai quant il prétend que les choses peuvent à nouveau dégénérer, aussi je me dis que je peux toujours l'aider à y voir plus clair, à lui donner quelques infos, tout en lui dissimulant ma véritable implication.

- Enchanté Dane. Je vais être le plus honnête possible avec vous. Vous me semblez être un type en qui l'on peut avoir confiance, et pourtant j'ai encore moins de confiance à donner que d'argent dans mon chapeau. Je m'appelle Owen ... Enfin je crois que c'est mon nom. Une connaissance m'a dit que c'était le mien, mais je n'en suis pas vraiment sûr. En fait je suis amnésique. Mes plus vieux souvenirs remontent à quelques mois; une ou deux semaines avant les évènements qui vous intéressent, si vous pensiez que c'était lié.

Je marque une courte pause pour analyser la réaction de Dane. Tout ce que je viens de lui dire est la stricte vérité, et j'ai été plus sincère avec lui qu'avec la majorité des gens que je côtoie.

- Du coup j'ai pas mal de lacunes sur ce qui a pu se produire avant cette période, même si je connais tout de même les grands évènements par les histoires que j'entends et les journaux que je lis. Par contre pour tout ce qui c'est passé depuis... Alors vous êtes quoi au juste Dane ? Un super détective ?

Je laisse le jeune homme réfléchir quelques instants mais avant qu'il ne puisse répondre j'enchaine.

- Comme je vous l'ai dit, j'étais dans le coin lorsque cette échauffourée s'est produite. Mais je n'ai pas vu grand chose. C'était bien trop dangereux pour un vieil homme comme moi et j'ai du filer. Tout ce que j'ai vu c'est un type à la peau dorée, difficile de le manquer celui là, se prendre une décharge d'énergie dans le dos. Ensuite son pote, avec une cicatrice en forme d'étoile à l’œil droit et de la lumière dans le gauche, s'est battu contre celui ou ceux qui l'avaient descendu. C'est là que j'ai perdu le fil de l'histoire. Ça c'est mis à exploser et à tirer dans tous les sens, et j'ai du filer au plus vite. Si vous vouliez connaitre le résultat du match, j'ai peur d'être parti avant le coup de sifflet final.

Même si j'élude pas mal de détails, et si je ne dis pas toute la vérité, tout ce que je raconte est vrai. Di dane veut plus de détails, il faudra qu'il me le dise.

-Au fait c'est quoi le SHIELD ?

Dane avait parlé de ça juste avant et le nom m'a paru étrange et suffisamment important pour que je pose la question franco.

Au début, j'ai eu peur d'en avoir trop dit, de m'être trop confié, au point de ne pas sembler sincère et crédible par la suite. Mais vu la réaction de Dane, c'est tout le contraire. Ce type semble avoir bien plus d'empathie que je ne l'aurais cru en le voyant. Il semble compatir sincèrement à mon sort et à la perte de ma mémoire. Mais je ne peux m'empêcher de tout relativiser.

- Vous savez Dane, je ne suis pas trop à plaindre. Malgré ce léger handicap, j'ai toute ma tête et je suis encore en forme pour un type de mon âge. Enfin, quelque soit l'âge que j'ai en réalité. En plus j'ai arrêté de courir après mes souvenirs. A trop fouiller dans le passé on oublie de vivre l'instant présent. Et une connaissance m'a dit qu'il fallait parfois se méfier des souvenirs perdus. Que s'il étaient perdus, c'était souvent pour une bonne raison et que trop souvent leur retour était plus néfaste que leur absence. J'ai la chance de pouvoir repartir de zéro, même si à mon âge c'est un peu tard, et que SDF ce n'est pas très ambitieux.

J'ai un petit rire timide à la fin de ma plaisanterie, mais ça me fait du bien. J'observe avec attention le casque que me montre Dane, et je suis tout aussi surprit par le fait qu'il soit un super héros que par la confiance qu'il me témoigne en me le révélant.

- C'est un sacré beau casque. J'ai déjà entendu parler des Avengers et de certains d'entre eux, mais j'ai bien peur de ne pas vous connaitre. J'espère ne pas vous vexer. Mais votre nom, Black Knight, c'est en rapport avec le chevalier noir des légendes arthuriennes ? Je croyais que ce personnage était un méchant. C'est amusant comme la mémoire est étrange, je ne me souviens pas de ce qui s'est passé dans ma ville avant mon amnésie, et je me rappelle de lectures qui doivent dater de plusieurs décennies.

Cette constatation me laisse songeur, mais je reprends bien vite le fil de la conversation avec Dane.

- Pour en revenir à ce jour là, je ne sais pas si il y a eu d'autres victimes à part Joshua. C'est le nom du gars à la peau dorée. Je le connais parce qu’il était bénévole dans un refuge pour sans abris à quelques rues d'ici. J'y avais passé une nuit la veille de cette attaque, mais je n'aime pas rester dans ce genre d'endroit, je vire vite claustrophobe. L'autre type, celui avec l’œil qui brille, je crois l'avoir entendu dire qu'il s'appelait Christopher, mais je n'en suis pas certain. Comme les flics m'ont évacué de la zone de combat, je ne sais pas si Joshua s'en est sorti, ni s'il y a eu d'autres victimes. Par contre, j'ai entendu dire que deux Avengers étaient intervenus pour mettre fin au combat. Si vous savez lesquels ils vous en diront plus sur l'identité des assaillants et du type à l’œil qui brille. Moi j'étais déjà trop loin pour voir quoi que ce soit.

Pendant qu'il digère ce que je viens de lui raconter, je réfléchis à la réponse qu'il m'a donné juste avant. Le SHIELD serait une agence d'espionnage du gouvernement ? Un truc genre super espions, une CIA boostée ! Le genre de types qu'il ne faut pas contrarier, mieux vaut rester à l'écart de ce genre d'embrouilles.

- Je vous trouve très sympathique Dane, mais rangez moi ce casque, vous allez nous faire remarquer, et j'ai horreur de ça. Bon, je sais que le peu que je vous ai appris ne vaut pas 100 dollars, mais peut être un ou deux hotdogs à la roulotte du vieux roger.

Je me lève non sans mal, en prenant appuis sur mon bâton, et je me dirige vers le nord en invitant Dane à me suivre.

- Venez, ce n'est pas très loin, Roger fait les meilleurs Hotdogs de la ville, enfin de Central Park, je n'ai pas eu le temps de gouter tous ceux de NewYork, ou alors j'ai oublié...

Et je repart d'un rire encore plus franc que les précédents...

Je marche lentement vers la roulotte de Roger. Ce n'est pas à coté, aussi je ménage mes efforts. Malgré tout ma hanche ne tarde pas à me faire souffrir malgré le bâton sur lequel je m'appuie. Après tout ce n'est qu'un vulgaire bâton, pas une cane de marche comme celle que j'ai égaré. J'essaye de dissimuler la douleur en écoutant le récit de mon compagnon. Venant d'une personne lambda, son histoire aurait pur paraitre farfelue, mais Dane est un Avenger.

- Vous êtes le descendant d'une illustre famille. Sir Percy ? Vous voulez dire le Perceval des légendes Arthuriennes ? J'ai toujours cru que ce n'était que ça, des légendes. J'ignore tout de mon passé et de mes origines. Et cela m'effraye encore plus maintenant. Vaut-il mieux rester dans l'ignorance et repartir de zéro, ou chercher par tous les moyens de retrouver mon passé, avec le risque d'avoir une mauvaise surprise ? Je l'ignore... Et à mon âge je ne sais pas ce qui serait le mieux...

Dane analyse ce que je lui ai dit, et semble reconnaitre les personnes que je lui ai sommairement décrites. Tant mieux, plus ce que je lui ai révélé l'aidera, moins il se posera de questions sur ce que j'ai du garder pour moi. vient alors la question sur les Avengers qui sont intervenus pour régler l'incident.

- J'ai bien peur de ne pas savoir quels sont les deux Avengers qui ont réglé la situation ce fameux jour. Comme je vous l'ai déjà dit, Dane, la police m'a fait quitter les lieux au plus vite et je n'étais pas présent à ce moment là. Mais ne vous inquiétez pas, Roger à son Stand de Hotdogs tout près maintenant, et il est au courant de tout ce qui se passe dans ce coin de Central Park.

Après quelques minutes de marche à pas mesurés, on peut enfin apercevoir au bout du chemin une espèce d'esplanade avec un Stand de Hotdogs devant lequel déjà une dizaine de personnes font la queue.

- Nous y sommes presque. Pour preuve que ses hotdogs sont très bon, il y a toujours du monde qui fait la queue devant le stand du vieux Roger. Croyez moi, si vous voulez un hotdog et qu'un vendeur n'a pas de clients qui font la queue, passez votre chemin. En plus Roger est assez généreux, il m'a souvent offert à manger en fin de journée.

Nous arrivons enfin sur la petite place où trône le stand de Roger. D'ici l'odeur est déjà alléchante et elle réveille ma faim en un gargouillis impossible à cacher. plusieurs chemins arrivent ici et des bancs disposés tout autour son pour moitié occupés par des clients qui mangent tranquillement leur Hotdog. Toujours le même type de clientèle vient chez Roger, c'est à dire presque tous les habitués du parc. Des hommes d'affaire trop pressés pour aller au restaurant, des étudiants venus se restaurer pour presque rien, etc... Les seuls à éviter cet endroit sont les sportifs qui passent en courant sans même jeter un œil aux autres.
Je me met à la queue avec impatience tout en me tournant vers Dane pour poursuivre notre discussion.

"Au fait Dane, laissez moi demander à Roger pour les deux Avengers qui sont intervenus, il est plutôt sympathique, mais il me connait bien depuis que je traine ici. Ce sera moins suspect.

Nous attendons quelques instants que les clients devant nous soient servis. Ce qui n'est pas très long tant le vieux Roger connait son boulot.

- Salut Owen, J'espère que les passants ont été généreux avec toi aujourd'hui, il est encore trop tôt pour que je puisse t'offrir les invendus et personne ne m'a encore pris un "Hotdog pour plus tard". C'est malheureux, mais ça ce fait de moins en moins. Les gens ne se soucient plus des autres maintenant.

- T'inquiète Roger, c'est mon ami qui régale. Il est du genre à préférer offrir des hotdogs plutôt que de l'argent, histoire d'être sûr que je ne le dépense pas en alcool. Alors pour moi ce sera deux doubles hotdogs moutarde avec supplément oignons et poivrons frits. et pour vous Dane ?

J'écoute avec plaisir les réponses de Dane à propos de son passé et de sa famille. Je suis un peu étonné par ses réponses et aussi un peu honteux de m'être trompé. Mais en même temps ce genre de détails ne doit pas paraitre dans les livres d'histoire.
Je suis aussi heureux de voir quelqu'un d'aussi enthousiaste à l'idée de manger un simple hotdog, même si ceux de Roger sont exceptionnels.
Dane Commande à son tour simplement deux hotdogs mayonnaise. et je regarde Roger s'affairer derrière son stand pour préparer notre commande. Ensuite il me donne les hotdogs emballés et je laisse Dane payer l'addition.

- Au fait Roger, tu te souvient la bataille entre types costumés qui a eu lieu pas loin d'ici il y a quelques semaines, c'était quels Avengers qui sont intervenus ?

- Tu parle de celle où tu as été blessé ! C'était la Vision et Victor Mancha. Je n'étais pas là, mais plusieurs des policiers qui ont étés sauvés par eux ce jour là sont de bons clients. Tu as eu de la chance ce jour là mon vieux, les flics qui t'on évacué ont fait du bon boulot. Je ne t'ai plus vu pendant plusieurs jours et j'ai cru que tu étais mort. Mais finalement on m'a dit que tu t'étais enfuis de l'hôpital.

- Humm, Oui... j'ai jamais aimé les hôpitaux, et j'ai eu peur qu'ils veuillent me faire payer les soins.

- Fallait pas te donner cette peine, une fois qu'ils auraient vu que t'avais pas un sous ils t'auraient foutu dehors eux même !!

J'embarque les hotdogs, un peu géné par ce que vient de révéler Roger, et je me dirige vers un banc libre tout en donnant sa commande à Dane. Je ne dis rien même une fois assis et pour m'occuper la bouche j'attaque avidement mon premier hotdog. Il est énorme et la sauce plus la garniture essayent de sortir pendant que je croque dedans. Mais j'ai l'habitude et j'arrive à n'en perdre aucune miette ni aucune goute.
Je me doute que les révélations involontaires de Roger vont amener à Dane encore plus de questions quant à mon implication dans cette histoire. aussi j'appréhende la suite de notre conversation et je fais durer chaque bouchée un peu plus longtemps que d'habitude.

Je marche tranquillement vers le banc libre le plus proche suivi de près par Dane qui par bonheur garde le silence pour l'instant. Nous nous asseyons et toujours sans un mot nous mangeons nos Hotdogs. J'engloutis le premier comme l'affamé que je suis tandis que Dane mange lentement le sien comme perdu dans ses pensées. J'attaque mon second Hotdog en espérant que finalement les révélations involontaires de Roger n'ont pas intrigué Dane, mais c'est un peu trop optimiste de ma part de penser ça. A peine son repas terminé, Dane me demande:

- Vous connaissez Roger depuis longtemps ? »

Il sourit, encore.

- Et... je ne veux pas vous embêter, mais... ça allait ? Après ce que Roger a évoqué ? Les blessures ?
Je... je sais que les soins coûtent chers, mais... mais une blessure mal cicatrisée, ça marque longtemps.

Ces questions étaient inévitables. Du coup, je prends le temps de réfléchir quelques instant en terminant mon deuxième Hotdog. Puis après m'être essuyé la bouche avec une serviette en papier donnée par Roger je répond enfin.

- En fait je ne connais Roger que depuis quelques mois. Mais c'était quelques jours après m'être réveillé ici sans le moindre souvenir. Alors j'aurais pu le connaitre avant, je n'en sais rien. Mais lui ne semblait pas me connaitre la première fois qu'il m'a offert un Hotdog.

Je marque une courte pause le temps de reprendre mon souffle, les deux hotdogs étaient copieux, et je les ai mangés trop vite. J'aurais du prendre un soda pour faire passer tout ça, mais c'est un peu tard maintenant.

- Je vais bien maintenant. Je n'ai été que légèrement blessé pendant cette histoire de fous. Je suis tombé à cause d'une explosion et je me suis assommé. C'est deux policiers qui m'ont évacué jusqu'à la route la plus proche et ils ont appelé une ambulance qui m'a conduit à l'hôpital. Une fois rétabli, j'ai vite compris que dès qu'ils allaient comprendre que je n'avais ni assurance ni argent ils allaient me foutre dehors. Alors j'ai préféré partir avant. Le système de santé Américain est extrêmement performant. Les médecins peuvent vous diagnostiquer en quelques secondes: Vous n'avez pas d'argent ! Vous n'êtes pas malade !

Je souris légèrement à mon trait d'esprit avant reprendre.

- Par contre la douleur dans ma hanche, qui me fait boiter, date d'avant mon amnésie. Enfin je crois. J'avais déjà cette douleur en me réveillant. Mais depuis je me suis fait une raison. Le passé est le passé, et si je passe mon temps à le chercher, je gâche l'instant présent et mon avenir. Mieux vaut pour moi d'aller de l'avant sans me retourner, même si dans ma situation et à mon âge, je ne peux espérer grand chose. Vous être un chic type Dane, sans compter qu'en tant que super héros vous avez voué votre vie à protéger les autres. Je vous en remercie.

Je souris à Dane tout en m'en voulant pour tout ce que je ne lui dit pas. Tout ce que j'ai appris récemment sur ma véritable identité et sur les pouvoirs qui sont les miens. Monet et Nadia semblaient inquiètes voire effrayées par cette révélation et m'ont clairement suggéré de laisser pour mort celui que j'étais avant. Owen Reece et l'Homme molécule ne doivent plus faire parlez d'eux, et même si l'envie de faire des recherches sur eux est tentante, j'ai trop peur de ce que je pense découvrir pour m'y essayer...

Dane m'écoute avec attention. Il voit clairement que je suis assoiffé à force de parler et surtout après les deux hotdogs que j'ai englouti. Aussi me propose t-il une bouteille d'eau qu'il sort de son sac.

- Merci Dane, j'ai terriblement soif.

Je vide la petite bouteille en quelques secondes avant de reprendre.

- Je peux la garder ? J'ai perdu la dernière que j'avais et c'est bien pratique pour avoir toujours un peu d'eau sur soi.

Difficile pour Dane de refuser, mais je ne fais pas ça uniquement pour avoir une bouteille à remplir. La dernière fois que j'ai bu dans une canette une jeune super héroïne en a profité pour prélever mon ADN et découvrir ma véritable identité. Vu sa réaction, je préfèrerai qu'un Avenger ignore, comme moi, qui je suis réellement.

Dane me propose également de m'aider pour soigner ma hanche. Il prétend avoir l'équipement nécessaire ainsi que certaines connaissances et relations. C'est très tentant, mais comme pour la canette je ne peux accepter.

- Merci pour tout Dane. Mais ce n'est pas une si vieille blessure. Elle doit dater de juste avant ma perte de mémoire, et je pense que je m'en remettrai avec le temps et pas mal de repos. De toute façon, je ne compte pas courir le Marathon de New-York cette année. Ne vous sentez pas obligé de m'aider. Je ne vous ai pas appris grand chose et ce repas est déjà un merveilleux cadeau. Ce n'est pas contre vous, mais je n'aime pas trop que l'on me remarque, j'aime ma tranquillité, et j'ai peur que si je me met à fréquenter trop de supers héros, mes yeux se mettent à luire et que je me transforme en un super clochard...

J'essaye de faire de l'humour pour cacher mon inquiétude, mais j'ignore si Dane est dupe. En même temps, si tout le monde admire les Avengers, peu auraient le courage de faire ce qu'ils font.

Je comprends que Dane est sincère, que tout ce qu'il vient de me proposer n'avait rien de caché. Du coup je me sens un peu honteux d'avoir douté des intentions de ce Héros. Mais depuis les révélations sur celui que je suis vraiment, cette vérité me terrifie et je crains plus que tout de la découvrir pour me rendre compte qu'elle n'est pas ce que j'aurais voulu qu'elle soit. Les avertissements de Monet et Nadia sur Owen Reece alias l'Homme Molécule me font penser que cet homme doit rester mort et enterré aussi longtemps que possible. Du coup je crois que je deviens un peu paranoïaque et cela me rend moins social, comme maintenant.

- Ne le prenez pas mal, Dane, ce n'est pas contre vous. J'ai peur d'âtre d'un naturel renfermé et méfiant. En plus dette absence de souvenirs n'arrange rien. J'ai moi aussi beaucoup apprécié noter rencontre et comme vous, je regrette de ne pas pouvoir vous aider plus. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, j'arriverai à m'en sortir. Si vous avez besoin de parler ou de compagnie pour mander les meilleurs hotdogs de Central Park, n’hésitez pas à passer me voir. Je suis toujours par là, et je ne doute pas qu'un gars avec vos talents ne puisse pas me retrouver rapidement.

Je me relève péniblement du banc en m'appuyant sur mon bâton et je me retourne vers Dane en lui tendant la main avec sur le visage un sourire sincère.

- Encore merci pour tout Dane. Ce fut un plaisir et un honneur. Et comme je vous l'ai déjà dit, n'hésitez pas à venir me voir si le cœur vous en dit. Je ne doute pas de vôtre dévouement pour cette ville et ses habitants, mais n'essayez pas de résoudre tout seul tous les problèmes de la terre. Vous avec déjà fort à faire avec les menaces extraterrestres, les supers vilains et autres dangers que seuls les héros comme vous peuvent affronter. Alors même s'il est agréable de savoir que vous avez vu notre misère, ne vous sentez pas obligé vouloir tout régler. Au revoir Dane et au plaisir de vous croiser à nouveau.

Je fais demi tour et je m’éloigne tranquillement vers les profondeurs du parc en essayant de boiter le moins possible en appui sur mon bâton.
- Il faudrait vraiment que je me trouve une nouvelle cane pour remplacer celle que j'ai perdue, ce bâton est tout sauf pratique, et j'ai l'impression d'être Gandalf perdu au milieu de Central Park ...

Un sourire doux et sincère glisse sur le visage de Dane Whitman, alors qu’il se relève comme Owen.

« Merci à vous. »

L’entretien tire à sa fin.

Il le regrette, clairement.
Il a obtenu des informations sur les événements qui l’intriguaient – pas forcément autant qu’il le voulait, mais ça l’aide. Ça va l’aider.
Mais… ce n’est pas ça qui le gêne, au fond.

C’est Owen.

« C’est… oui. Ce fut un moment très agréable, et… oui.
J’y reviendrais avec plaisir. »

Il acquiesce, et s’empare de la main tendue par le sans-abri. Il la serre, avec plaisir et chaleur.

« Et… l’honneur est pour moi, Owen.
Merci.
Je… je l’ai dit, je… je n’ai pas souvent de discussions normales ; ou juste sympathiques. Alors… merci. Vraiment. »

Une émotion réelle glisse dans ses yeux.

« Et… n’hésitez pas non plus, à me contacter. Vous… ah.
Vous pourrez me retrouver au Manoir des Avengers, ou au Baxter Building. Ou au Château Garrett, en périphérie de la ville.
Je… prenez soin de vous, Owen. Vous êtes quelqu’un de bien ; vraiment. »

Et c’est ainsi, alors.

C’est ainsi que cette entrevue, cet échange étonnant, troublant et sympathique s’achève.
Tout le monde repart, de son côté.
Chacun un peu plus riche qu’avant – chacun un peu mieux, aussi, espère Dane.

Ce dernier quitte Central Park, et retourne à ses occupations. Le sourire aux lèvres.
Pour une fois !

(HJ/ Merci pour ce RP, c’était super agréable ! /HJ)