Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Il est le premier à descendre du bateau. À son bord, ils ne sont qu'une poignée - ceux qui se sont le mieux tirés du dernier affrontement. Malgré les bons soins d'Elixir et des autres soigneurs, nombre des leurs sont encore alités, dans un état plus ou moins critique. L'heure parait bien mal choisie pour se lancer dans quoi que ce soit, alors que tous récupèrent encore - guérissent du mal qui leur a été infligé une fois de trop. C'est pourtant le meilleur moment. Et il n'y en aura pas d'autres.
Alors, ils sont venus. Tous ceux qui s'en sentaient capables ; tous ceux prêts à aider. À croire. À mettre leurs forces dans ce projet ; leur âme. À en faire quelque chose que le monde n'a encore jamais vu. Dont le monde a besoin. Dont ils ont besoin, maintenant plus que jamais.
Il est le premier à descendre du bateau, mais les autres ne tardent pas à le suivre. Certains portent encore les stigmates du combat, mais les cachent plus ou moins habilement - tant pour ne pas donner à douter de leur fiabilité que pour ne pas rappeler un souvenir encore douloureux. C'est un tournant pour leur espèce, un moment charnière de leur histoire. Le moment venu, il leur faudra le conter - l'inscrire dans les livres, comme tant d'autres horreurs ; mais jusqu'alors, ils n'ont pas besoin de l'invoquer. Cyclope lui-même n'y tient pas, pour des raisons évidentes.
Sur la côte, au milieu des récifs, quelqu'un les attend déjà. Le... Maître des lieux, suppose-t-il, même s'il dit prêt à partager avec eux les clefs de cet endroit. Il le croit. Il ne serait pas venu autrement. Malgré tout, il ne sait quoi attendre de leurs relations, après ce qu'il s'est passé. Après qu'il ait fait ce qu'il croyait devoir faire - ce dont il est encore persuadé. Qu'il ait lui-même tourné cette page avant que quelqu'un d'autre ait pu le faire.
La cape au vent, l'homme casqué les attend - se dresse devant eux comme il l'a tant de fois fait. Aujourd'hui, il n'est pas leur ennemi.
▬ Erik. salue-t-il. Pardon : Magneto.
Le Maître du Magnétisme avait été clair sur sa volonté de laisser derrière lui son nom humain et tout ce qu'il représentait. Cependant, Scott persistait à le lui rappeler - à l'empêcher d'oublier son humanité. Et si cette île devait devenir un sanctuaire, un refuge pour mutants, cela semblait - paradoxalement - plus nécessaire que jamais. Son but n'est cependant pas de lui chercher des crosses ; pas aujourd'hui, pas pour les temps à venir. Car quels qu'aient pu être leurs différends par le passé, tout doit être laissé de côté ; oublié au moment de fouler cette plage, enfoui dans le sable qu'il peut sentir vibrer sous ses pieds - pulser lentement, régulièrement, comme un cœur de géant. Ce n'est pas étonnant. Car cette île, c'est Krakoa. Et c'est ici qu'ils vont vivre désormais.
Et ils ne sont pas les seuls.
▬ Nous sommes là, comme prévu. Et... Kurt ? appelle-t-il sans se retourner.
Une odeur de soufre se fait immédiatement sentir alors que son frère d'armes apparaît juste à côté de lui dans un nuage pourpre. Il est tant habitué qu'il ne cille même plus.
▬ Ja, mein kapitän ? ▬ Va me le chercher, s'il te plait. ▬ Aye aye !
Et le diable bleu de disparaître à nouveau, non sans s'être d'abord fendu d'une révérence approximative envers leur ancien adversaire. Scott profite du bref intervalle pour sonder les alentours - s'en faire une meilleure idée, et commencer à réfléchir. À envisager. À planifier - c'est, paraît-il, ce qu'il fait de mieux.
Le silence se fait. Pèse un peu, inconfortable, en cette minute solennelle.
▬ Et donc... s'essaie-t-il à relancer la discussion - mais n'en a pas le temps avant que Nightcrawler réapparaisse, un passager à son bras. Scott en éprouve une pointe de soulagement : s'il a pu jadis lui reprocher son sens du timing, il est pour cette fois impeccable.
Oh, ils auront à parler, il le sait ; il n'y échappera pas - mais plus tard. Quand les travaux seront en route. Que les choses sérieuses auront commencé. C'en est le point de départ.
▬ Merci, Kurt.
Le concerné repart comme il est venu - s'en retourne aux préparatifs. Comme leurs autres téléporteurs, il va être intensément sollicité d'ici peu, mais il ne semble pas pour autant vouloir se ménager. Il s'en va, oui, mais pas sans leur laisser celui qu'il a amené - celui qu'il a fait demander.
Cypher. Douglas Ramsay se tient à côté d'eux, le bras en écharpe, le visage contusionné. Ce ne sont que les lésions apparentes. Assurément le plus amoché de leur équipage de fortune, ce pourquoi ils ont veillé à ne rien attendre de lui durant toute la traversée ; à le laisser se reposer. Autant que le mal de mer aura bien voulu le lui permettre. Cypher n'est pas un combattant : il a appris à se défendre, mais pas au point de pouvoir se mesurer à une armée de Sentinelle. C'est une chance qu'il s'en soit sorti, une chance pour eux tous. Car blessé ou pas, ils vont avoir besoin de lui.
▬ Comment te sens-tu ? s'enquiert Cyclope.
À la façon dont le jeune homme évite aussitôt son regard, il se doute de la réponse. Pouvoir apprendre toutes les langues ayant un jour existé - qu'elles soient écrites, parlées ou autre chose encore - ne lui a, semble-t-il, pas donné la maîtrise de son langage corporel. Son soulagement de retrouver enfin la terre ferme est, d'ailleurs, tout aussi manifeste.
▬ Ç... Ça va, prétend-t-il néanmoins, tâchant de faire bonne figure. Je... Vous auriez un paquet de biscuits secs ?
Cyclope se surprend à sourire. Même alors que les enjeux n'ont jamais été aussi grand, cette candeur est rafraîchissante. Elle lui rappelle que c'est pour la protéger qu'il est là aujourd'hui. Eux tous. Elle, et tant d'autres choses. Car ils ont tant à perdre. Et il n'y a rien de tout cela qu'ils accepteront de céder. Plus jamais. Le Rêve sera leur dernier sacrifice.
Face au jeune mutant, il lui pose la main sur l'épaule - le sent tressaillir sous ses doigts, et lui laisse le temps de se calmer. De trouver la paix. Il va lui en falloir pour négocier la leur. Lui aussi a quelqu'un à qui parler, et la discussion s'annonce tout aussi mouvementée. Car de lui dépend que l'île ne les avale pas jusqu'au dernier.
▬ Courage, mon garçon. lui dit-il avec aplomb - assez, espère-t-il, pour le rendre contagieux ; ce ne sera pas de trop. Aujourd'hui, tu es peut-être le mutant le plus important de la Terre.
À supposer que la pression ne le tue pas.
Ruines de l'Institut Xavier, il y a un mois.
Scott regarde à la ronde - et ne voit que désolation.
Les Sentinelles sont encore là. Tout au plus ont-elles été désactivées. Certaines d'entre elles ont été mises hors d'état de nuire, mais une bonne partie est encore en état de marche. Les forces armées auxquelles elles appartiennent n'ont pas l'air pressées de venir les récupérer ; sans doute espèrent-elles pouvoir le faire à la nuit tombée, afin que personne ne sache qu'elles ont disparu dans leurs hangars. Même inertes, elles demeurent menaçantes - laissent croire qu'elles peuvent se réanimer à tout moment et les réduire en charpie. Les massacrer une fois encore.
Tout son être lui demande de les détruire - de les réduire à l'état de vulgaire ferraille et même moins. Mais il s'en abstient, autant qu'il lui en coûte. Ce n'est pas le moment de se mettre à dos les divers gouvernements. Qu'ils viennent, donc, et qu'ils reprennent leurs engins de mort. Ils ne leur seront d'aucune utilité. Là où ils vont, ces machines ne pourront plus leur faire de mal. Elles ont goûté à leur sang pour la dernière fois. Mieux vaut ne pas s'attarder, néanmoins ; aussi discipliné qu'il soit, il n'est pas sûr de pouvoir longtemps se tenir à carreaux.
▬ Alors ? ▬ Une minute, Scott. s'irrite Jean - même s'il est sans doute le seul au monde à pouvoir détecter la subtile variation dans le ton de sa voix, et qu'elle affirmera le contraire si on le lui demande. Ce n'est pas si facile, tu sais.
Il s'en doute. Manipuler la merveille de technologie qu'est Cerebro n'est pas donné à tout le monde - en premier lieu parce qu'elle exige d'être télépathe, mais aussi et surtout parce qu'y être connecté est une expérience à nulle autre pareille. L'afflux d'informations est tel qu'un esprit mal préparé - aussi brillant soit-il - peut y être broyé comme une coquille de noix. Même sans l'avoir personnellement essayé, il n'a aucun mal à le croire.
Et ça, c'est quand l'installation est parfaitement aux normes. Qu'en est-il, alors, quand elle git au milieu des ruines, arrachée aux entrailles de ce qui était il y a quelques semaines encore une école en pleine effervescence ? Qu'elle a été sommairement reconstruite, réassemblée parmi la poussière et les débris, ramenée à la vie avec les moyens du bord ? Au moins les Sentinelles détruites ont-elles eu le bon goût de leur fournir quelques pièces de rechange.
Il faut cependant bien cela pour récupérer sa base de données - sauver ce qui peut encore l'être, avant que ses composants encore en état ne cèdent à leur tour. Ils auront besoin de tout ce qu'ils peuvent y trouver ; chaque information compte. Chaque endroit et chaque nom. Il n'y a qu'ainsi qu'ils pourront tous aller les chercher. Les amener avec eux. Leur ouvrir les portes du paradis.
Brièvement, alors que l'esprit de Jean est en ébullition sous le casque - intact, heureusement : c'eut été le plus difficile à remplacer -, il lorgne sur l'accoudoir, la main qu'elle y repose. L'alliance à son doigt. Jean est sa femme. Jean est en vie, et ils sont mariés et heureux depuis des années maintenant - c'est le bilan qu'il a fini par faire à force d'examiner tous les pans de sa « nouvelle » vie. Il a gardé ses distances, de crainte qu'elle découvre son secret - la supercherie qu'il a été obligé d'entretenir pour le préserver. Pour cela, oui, mais aussi parce qu'il doutait que ce puisse être « sa » Jean ; qu'elle ait simplement pu lui être rendue. Au gré de leurs aventures, par-delà les frontières de leur seule réalité, il lui était arrivé de rencontrer d'autres versions d'elle. C'avait été un crève-cœur à chaque fois. Non seulement parce qu'elles la lui rappelaient, bien sûr, mais aussi parce qu'autant qu'elles puissent lui ressembler, elles n'étaient pas elle - pas tout à fait. Il n'aurait su dire à quoi il s'en rendait compte tant l'illusion était parfaite, mais quelque chose en lui était là - était toujours là - pour lui indiquer.
Il avait été dupe jadis, quand le Phénix avait usurpé son apparence, son entière existence, mais ça ne se reproduirait plus. Car depuis, il l'avait perdue pour de bon - avait gravé en lui la douleur de son absence, de savoir qu'elle ne reviendrait jamais. Ce trou dans son cœur ne s'était jamais refermé, pas même quand il avait trouvé refuge dans les bras d'une autre. Et tant qu'il y aurait ce vide en lui, cette pièce manquante, il saurait avec certitude qu'elle n'était plus de ce monde.
Il avait refusé de croire qu'un simple claquement de doigts - tout omnipotent soit-il - ait réussi à défaire le plus grand drame de sa vie ; à tarir la source de cette tristesse infinie. Ce n'était simplement pas possible. Alors il l'avait fuie, autant qu'il le pouvait sans en paraître suspect, trouvant toujours quelque chose à faire pour éviter de passer du temps avec elle, toujours une raison pour eux de ne pas se trouver seuls à seuls.
Cette souffrance qui l'avait défini pendant si longtemps, qui l'avait détruit et refait, était passée à un rien de le briser... Peut-être avait-il eu peur de la perdre, finalement. D'accepter qu'il n'ait plus de raison d'avoir mal. Que les choses peuvent s'arranger. Qu'il peut enfin aller mieux. Ces questions, il a fini de se les poser.
▬ Excuse-moi. Il pose la main sur son dos, bien conscient de n'être que d'un infime soutien dans cette situation - mais l'offrant néanmoins de tout son cœur. ▬ Pour quoi ? fait-elle comme si de rien n'était, malgré le délicat sourire qui étire ses lèvres. Si elle ne peut bouger de son siège, tout délabré soit-il, ce contact retrouvé paraît la revigorer. C'est juste que... J'ai du mal à m'y retrouver. Tout est sans dessus-dessous, là-dedans... ▬ Dis tout de suite qu'on travaille comme des sagouins ! s'exclame-t-on à quelques mètres au-dessus d'eux - aux abords du cratère où se situe ce qui était autrefois le sous-sol de l'institut. ▬ Lorna, Jean ne... ▬ Je plaisante. Mais essayez de ne pas trainer, ou je vais finir par vouloir voir si j'ai assez de Sentinelles sous la main pour me construire ma propre Tour Eiffel.
Scott sourit, et acquiesce lentement. Sans l'aide de Polaris, jamais ils n'auraient pu remettre Cerebro en fonction. Elle n'égalait peut-être pas son père en puissance brute, mais la finesse de ses manipulations la compensait largement - et forçait le respect. L'opération se poursuit dans un silence concentré, que seuls troublent les différents bruits - normaux ou pas - de la gigantesque machinerie.
▬ Scott, je ne suis pas sûre que... Peut-être que le professeur devrait... ▬ Non. la coupe-t-il, avec un savant mélange de douceur et de fermeté ; celui-là même qui lui avait permis d'être à la fois son conjoint et son chef d'équipe sans que ces deux aspects de leur vie n'entrent en collision. Nous lui avons promis que nous allions nous en occuper. Et... Nous ne pouvons pas attendre qu'il soit entièrement remis. Tiens bon. Respire. Je sais que tu en es capable.
Jean ne dit rien, mais hoche doucement la tête, et se remet à l’œuvre avec une volonté renouvelée. Qui fait la différence. Les sons suspects qui émanent du dispositif s'amoindrissent, au point qu'on pourrait presque le croire remis en état - si ce n'était pour les étincelles qui en jaillissent de part et d'autre. Ce n'est pas rassurant, mais ils n'en ont pas pour longtemps. Il sent la connexion se faire ; les esprits se lier.
Mutants du monde entier, écoutez-moi...
Croiseur Impérial Shi'ar, il y a deux semaines.
Scott sent sa peau picoter alors qu'il traverse le portail. C'est loin d'être le moyen de déplacement le plus étrange qu'il ait emprunté : il lui faut juste le temps de s'y habituer.
La Porte - celle-ci, du moins - donne directement sur des appartements luxueux, de ceux que l'on réserve aux invités de marque. Les goûts des Shi'ar en matière de décoration sont ce qu'ils sont, mais on ne peut leur retirer qu'ils savent recevoir. Il s'estime heureux que la Fleur n'ait pas été plantée dans la suite conjugale.
▬ Ah, Scott. est-il accueilli avec un plaisir certain avant même qu'il ait pu faire un pas dans la pièce. ▬ Professeur.
Refermant méticuleusement le livre dans lequel il était plongé après y avoir placé un marque page, celui-ci se tourne vers lui, faisant pivoter son fauteuil. La mine bienveillante, il pose l'ouvrage sur ses genoux.
▬ Je vous dérange ? s'enquiert le premier des X-Men.
Charles Xavier lui répond d'un signe de tête négatif.
▬ Je faisais juste un peu de lecture pour passer le temps, explique-t-il, aussi affable qu'à son habitude.
Et, surtout, bien mieux portant que la dernière fois qu'ils se sont vus en personne. S'il a survécu à l'effondrement du manoir, il s'en est fallu de peu. Ses blessures étaient considérables. Tout a été mis en œuvre pour l'aider à se rétablir, mais il a rapidement semblé évident qu'ils ne devaient pas se limiter à leurs seuls moyens s'ils espéraient une guérison complète.
D'où sa présence ici, à bord d'un vaisseau alien - sous la protection d'une superpuissance extraterrestre dont il épousa jadis l'impératrice. Tout un programme. D'après son teint, autrement plus rassurant que lorsqu'ils le leur avaient confié, ils avaient fait le bon choix. Scott a cru le perdre encore, sans rien pouvoir faire pour l'empêcher. Même s'ils ont eu l'occasion d'échanger avec lui par d'autres biais, voir aussi vif achève de lui prouver qu'il a eu tort ; il ne saurait dire combien cela le rassure.
▬ Le personnel à bord est très courtois, mais je n'ai pas grand chose d'autre à faire, ici. ▬ Profitez-en tant que vous le pouvez. rétorque-t-il avec une pointe d'humour. Je ne suis pas sûr que vous en aurez souvent l'occasion quand nous aurons terminé les derniers préparatifs.
Même sans être sur Terre, Charles Xavier a supervisé leurs actions dans les moindres détails - ou peu s'en faut. Tout ce qui devait être discuté l'a été ; tout ce qui devait être imaginé également. S'ils sont les bâtisseurs de cet improbable chantier, il en a été l'architecte.
▬ Tu as raison, lui répond le professeur en souriant. Êtes-vous sûr de ne pas avoir besoin de moi ? ▬ Certain. L'Academos Habitat est enfin terminé, et la Carrière attire déjà son lot de curieux. Ne vous inquiétez de rien. Profitez de vos vacances, ce sont sans doute les dernières que vous aurez avant longtemps. Il scrute brièvement la pièce. Et puis, nous avons besoin de vous ici pour nous assurer que les Shi'ars nous soutiendront quoi qu'il arrive. ▬ Ne t'en fais pas pour ça, Scott. Ils sont ravis de nous aider... Et même si ce n'était pas le cas, j'ai assez de faveurs à réclamer pour que nous ne soyons jamais à court. dit-il avec une pointe d'amusement. Pour nous, ces découvertes sont de celles qu'on ne peut espérer avant plusieurs siècles... À leurs yeux, elles sont déjà presque obsolètes. Je n'ai fait que demander la permission de m'en inspirer. Et à vrai dire... Je pense qu'ils sont curieux de voir ce que nous allons en faire.
Cyclope opine. Peut-être que toutes ces mésaventures spatiales n'avaient pas servi à se faire que des ennemis, finalement. Si les Jardins de Guérison avaient été au point, la convalescence de Xavier - si tant est qu'il y en ait une - n'aurait jamais demandé qu'il quitte la Terre, mais il n'aurait pas non plus pu discuter avec ses amis hauts placés de leur éventuelle participation à leur programme chargé.
▬ Tout devrait être prêt à temps, confirme-t-il à nouveau, ayant personnellement veillé à ce qu'aucun retard ne soit pris - qu'aucun imprévu ne vienne entraver le processus. Ça n'a pas été une sinécure, mais il pense avoir bien fait. Bien sûr, avec de la place pour des améliorations.
Rien n'est parfait. Pas même le Jardin d'Eden. Même en mettant en réseau les plus grands cerveaux à leur disposition, il y aurait forcément des choses qu'ils n'auraient pas pu anticiper ; des besoins qu'ils ne se seraient pas attendus à avoir, des réponses qu'ils n'auraient pas cru devoir donner. Il serait toujours temps d'y penser une fois qu'ils y seraient confrontés. Rome ne s'est pas faite en un jour. Qui sont-ils pour prétendre faire mieux ? Ils ont accompli plus qu'ils n'auraient jamais cru possible, en à peine plus d'un mois de temps - mais ça ne doit pas leur monter à la tête. Ils ne doivent jamais oublier pourquoi ils le font.
▬ Je ne saurais vous remercier assez pour tout ce que vous avez fait. J'aurais aimé pouvoir... ▬ Vous avez déjà fait bien assez, professeur. Et vous aurez encore beaucoup à faire. Mais laissez-nous nous en occuper, cette fois. Et puis... Il sourit en coin, les bras croisés. Quelle autre occasion aurons-nous de vous réserver quelques surprises ?
Un léger rire échappe à son interlocuteur - une légèreté bienvenue, après les récentes tragédies.
▬ Très bien. Je vous fais confiance. Mais... Laisse-moi au moins te serrer dans mes bras pour fêter ça.
Charles Xavier se redresse - et, sans crier gare, s'extirpe de son siège, de ce fauteuil dans lequel il est cloîtré depuis tant d'années ; se tient debout sur ses deux pieds, sans qu'aucune force extérieure ne paraisse devoir l'y aider. Et marche. Franchit les quelques mètres qui les sépare pour venir enserrer son élève - son disciple ; son premier apôtre. Son fils. Aussi indigne soit-il.
Pris au dépourvu, Cyclope accepte l'étreinte malgré lui - et met quelques secondes afin d'y répondre à son tour, sans encore réaliser tout à fait. Certes, ils s'improvisent faiseurs de miracles, mais celui-ci n'était pas prévu ; du moins, pas pour tout de suite. Il n'en est pas moins bienvenu.
▬ Professeur, comment... ? peine-t-il à articuler, du fait tant de la stupeur que de l'émotion.
Le regard de son vis-à-vis, brillant d'une fierté qu'il n'est pas sûr de mériter, se dote d'une étincelle de malice.
▬ Voyons, Scott. À quoi bon avoir une terre qui n'appartient qu'à nous, si je ne peux pas y poser les pieds ?
Il se retourne, et fixe son fauteuil vide, dans lequel il n'a manifestement aucune intention de se rasseoir - ni maintenant, ni plus tard. Il en fait le tour, prenant son temps, appréciant chaque pas comme si c'était son premier.
▬ Je me suis trop longtemps contenté de vous laisser livrer mes combats pour moi. D'observer sans pouvoir agir. À présent... Hors de vue, il plonge les mains dans l'un des compartiments secrets de sa chaise - et en sort un objet. Un casque, qu'il enfile - sous lequel il s'efface ; dont il semble presque faire son nouveau visage. ...Et bien, je pense qu'il est temps pour moi de me tenir à vos côtés.
Krakoa. Maintenant.
Tout est enfin prêt. Ces deux mois ont été chargés - plus que toute leurs vies jusqu'alors, pour certains d'entre eux. Ce n'est pas son cas, mais Scott n'est pas sans apprécier les efforts que chacun a pu faire pour rendre cela possible ; pour faire d'un idéal une réalité.
Pour obliger ce monde à leur céder la place qu'ils ont toujours réclamé, la solution est pourtant évidente : ils n'ont qu'à se la fabriquer. Et c'est ce qu'ils ont fait, en travaillant d'arrache-pied - en réclamant que toutes les dettes leur soient payés, que tous les services leur soient rendus. Ils ont fait appel à tous ceux à même de les aider, qu'ils soient de ce monde ou d'un autre, et tous ou presque ont répondu présents - se sont laissés charmer par ce qui leur a été promis. Une promesse tenue aujourd'hui.
Tout a commencé par une idée. Une nouvelle idée. Meilleure. Différente. Absurde. Et pourtant.
Ce n'est pas la première fois qu'il est question d'une nation mutante. D'un pays créé par et pour eux. Les précédentes tentatives n'ont pas connu de fin très heureuses. Elles n'étaient pas assez abouties ; pas assez recherchées. Ce sont autant d'erreur dont ils ont tiré des leçons. Et cette fois, personne ne viendra la leur arracher.
Car cette fois, si tout le monde sait d'où est venue l'idée, ils ne l'ont pas gardée pour eux. Ils l'ont partagée, propagée à tous ceux qui voulaient bien l'entendre. Qui voulaient aider à la faire grandir. Amis, ennemis, qu'importe : ces mots n'avaient de sens que s'ils continuaient à leur en donner. À entretenir un statu quo qui n'avait jamais réussi à personne - qui les a menés là où ils sont, et le résultat n'est guère brillant. Table rase, donc. Pour ceux qui sont disposés à s'en donner les moyens. Ça ne suffirait pas à tous les rallier sous une même bannière - mais ça pourrait s'en approcher. Magneto, leur ennemi juré, n'est-il pas déjà à leurs côtés ?
Car cette fois, il n'y a pas d'arrière-pensée, pas de motivation ultérieure, pas de machination ; pas d'opportunisme ou de fourberie. Rien qui soit susceptible de nuire à leur développement. De les stopper dans leur élan. Rien que le souhait d'hurler au monde leur existence ; de l'obliger à les reconnaître comme ses enfants. Ses étranges, formidables enfants.
Là, sur la plage, les Portes s'activent. Situées partout dans le monde, elles s'ouvrent à tous les mutants - à tous ceux qui voudraient les rejoindre, si tant est qu'ils portent en eux le gêne correspondant. L'île est déjà occupée, habitée par ceux qui, les premiers, ont été mis au courant - leur cercle proche, si l'on peut dire, quelle que soit la nature de leurs relations. Ils n'en sont pas pour autant privilégiés ; tous sont ici égaux. Tous mutants. Tous unis. Et l'affluence n'en finit plus d'augmenter. Ils sont des centaines, peut-être des milliers - et encore beaucoup à venir.
À mesure qu'arrivent les nouveaux ressortissants, les réfugiés, ils sont accueillis par des personnes de confiance - Peter, Bobby, et tant d'autres -, qui les aident à s'orienter ; à s'y retrouver dans cette gigantesque cité-état qu'est devenue Krakoa. On leur trouve un endroit où vivre, les aide à se choisir un nom - un nom mutant - s'ils n'en ont pas déjà un, leur inculque le dialecte local d'une furtive retouche psychique. Tout cela, et bien plus encore.
Dans la forêt la plus proche, à l'ombre d'un arbre, Cyclope observe ce débarquement - et sent son torse s'emplir de fierté, celle du devoir accompli. Du sentiment d'avoir fait la différence. Rendu le monde un peu meilleur. Ce n'était pas bien difficile.
▬ Alors, gringalet, on sèche les festivités ?
Ne l'ayant pas entendu arriver, Scott manque de tressaillir, mais refuse de lui faire ce plaisir. Logan apparaît derrière lui, en uniforme - ils le sont tous ; l'occasion est trop grande pour se passer d'une tenue de circonstance. Il est vrai qu'une grande fête est prévue, pour célébrer la naissance de Krakoa en tant que nation - désormais officielle, assez de pays ayant consenti à lui accorder ce statut pour qu'il puisse être encore contesté. Les médicaments révolutionnaires qu'ils ont proposé en échange de cette approbation ont sans aucun doute participé à faire tourner le vent en leur faveur. Tant que rien ne l'y force, Scott se gardera bien de dire qu'il a également fait appel à Steve Rogers pour les aider à obtenir cette légitimité : bien qu'il n'ait aucun pouvoir politique à proprement parler, le rayonnement international d'un Captain America n'est pas à prendre à la légère.
▬ Logan, le salue-t-il en réponse, non sans se demander où celui-ci a bien pu trouver un cigare ; sans doute a-t-il négocié avec Cypher - et, surtout, avec Krakoa à travers lui - l'installation d'une production locale. L'île vivante n'a apparemment pas vu d'objection à se faire enfumer par un canadien hirsute à longueur de journées - ou peut-être regrette-t-elle déjà son indulgence. Non, je...
▬ Viens voir les nouvelles têtes. Ouais, je sais. Moi aussi.
À son grand étonnement, Logan lui jette une cannette de bière entre les mains ; de surcroît, celle qu'il fait venir spécialement du Canada - pour laquelle Scott l'a déjà vu poignarder quelqu'un. Et il aimerait que ce soit une exagération de sa part. Prudemment, il se résout à l'ouvrir, sans pour autant finir embroché ; il aura vraiment tout vu. Les deux hommes n'ont jamais su s'entendre, se sautant à la gorge à la première occasion - et si les dernières semaines les ont tenus trop occupés pour leur en donner une, ce n'est qu'une question de temps avant que leur taux d'hostilité mutuelle revienne à la normale. Mais pour l'heure, l'éloignement a apparemment eu du bon. Ils boivent en silence, observant le défilé des demandeurs d'asile - qui n'ont, à dire vrai, pas à demander quoi que ce soit : d'où qu'ils viennent, leur place ici est un droit de naissance.
▬ J'ai croisé Callisto en venant, finit par dire Wolverine. ▬ Et moi Mystique, lui répond Scott, un brin pensif. ▬ On est sûrs que c'est une bonne idée, cette histoire ? ▬ Non. Mais on choisit de le croire. Logan grogne. ▬ Ouais, d'accord. Nouveau silence. ▬ Si ça tourne mal, je te plante. ▬ Depuis quand est-ce que tu as besoin d'un prétexte ? ▬ Heh.
Au loin, la musique prend de l'ampleur - parvient jusqu'à eux, et au-delà, de telle sorte que quiconque met le pied sur l'île sait aussitôt que l'ambiance est à la fête, même s'il en ignore les raisons. Elles se devinent pourtant aisément, pourvu qu'on prenne la peine d'y penser.
Quelque part dans le Pacifique Sud, il y a une île du nom de Krakoa. On dit que tous les mutants y sont les bienvenus. Et rien au monde ne saurait changer ça.
récapitulatif des actions:
Ce post acte une ellipse de deux mois pour le pan mutant du forum, à dater de l'animation Lutte pour la Survie, avec effet immédiat.
→ Cyclope vient rejoindre Magneto sur Krakoa avec la poignée d'autres mutants encore en état juste après l'affrontement avec Cassandra Nova. Cypher, bien que blessé, est aussi du voyage, pour établir le dialogue avec Krakoa. → Jean, lui et quelques autres se rendent sur les ruines de l'institut pour déterrer Cerebro, qui, bien qu'endommagé, est toujours en état de marche. Ils s'en servent pour contacter mentalement tous lesm mutants de la planète et les prévenir de ce qui se prépare, pour mieux les y inviter. → Cyclope rejoint Xavier dans l'espace, où celui-ci récupère de ses blessures dans un croiseur impérial Shi'ar. Il l'informe de l'avancée des « travaux » et Xavier lui révèle en retour avoir recouvré l'usage de ses jambes en prévision du grand jour. → De loin, Cyclope observe l'arrivée de la future population de l'île, vieux amis comme anciens ennemis, au travers des portails disséminés sur la plage. Wolverine le rejoint et échange avec lui quelques mots. → Plus loin, au cœur de l'île, la fête bat déjà son plein pour célébrer l'avènement d'un nouvel âge.
Ce sujet n'est pas une animation à proprement parler : il a essentiellement pour but de vous permettre de situer vos personnages quant à cette nouvelle situation. Il n'y a donc pas de délai à observer, même si des relances ne sont pas à exclure.
En espérant que ça vous plaira, et bienvenue encore sur Krakoa !
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« The only thing worse than being blind is having sight and no vision. »
Invité
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Re: L'Île aux Mutants [LIBRE] Sam 30 Oct - 16:25
New York City, maintenant.
Les gamins s'avancent, demi-frères et demi-sœurs tous prêts à rencontrer leur nouvelle famille. Ils s'apprêtent à retrouver leurs semblables, ou du moins vérifier qu'ils le sont bel et bien, et si le sort de la génétique leur est favorable, à trouver enfin un foyer, ensemble.
Tu t'appelles Daredevil, et à cet instant, tu partages leur appréhension. Tu regardes les enfants pourpres s'avancer vers le portail de Krakoa. Cinq fils et filles de Zebediah Kilgrave, un monstre. Cinq gagnants de la loterie génétique peut-être, aujourd'hui. Leur père, muté par un accident comme toi n'a eu que faire d'eux, jusqu'au jour où il a pu se servir d'eux. Tu n'es pas meilleur que lui ; quand le besoin s'est fait sentir, tu les as utilisés. Tu t'es servi de leur bonté et de leur gratitude pour t'offrir un second souffle quand ça n'allait plus.
Ils font face à la porte, ensemble. Peut-être doutent-ils. Peut-être pensent-ils ne pas être dignes de représenter l'espèce Mutante alors que leur patrimoine génétique est souillé, impur, de par leur psychopathe muté de père. Ils s'avancent, fiers et courageux. Ils espèrent que tout cela n'est pas un piège de l'un des nombreux ennemis de ceux qui sur cette Terre ont le malheur d'être différents.
Ils marchent de concert, et, finalement, passent la porte. Ils passent l'épreuve. Sans doute mettent-ils le pied sur Krakoa, si tout cela est bien réel. Si tout cela n'est pas pas trop beau pour être vrai. Si la chance qui leur est donnée est une vraie chance. Et rendu qu'elle le soit, reste à espérer que tout ceci donne quelque chose de grand et de beau. Il ne reste plus qu'à prier que l'avenir n'en soit que meilleur, au moins pour certains.
"J'espère que tu sais la chance que tu as, Krakoa. Ils sont ce que le béton a fait de meilleur."
Et comme ça, alors, dans ton uniforme renforcé, tu es conscient que c'est la fin des secondes chances, ou presque. Tu les as utilisés, c'est vrai ; ils t'ont offert un acte de foi. A toi d'être à la hauteur de la confiance de ces petits New-Yorkais qui partent vers d'autres horizons. Tu as eu la chance de pouvoir les voir partir. A tout moment ton monde menace de s'assombrir à nouveau... mais tu auras pu voir cette merveille. Tu auras pu voir ce miracle de la science mutante offrir un foyer à ces gamins... en or.
Ce soir-là, Matt Murdock prie. Pour implorer le pardon d'avoir utilisé les dons de ces jeunes gens pour faire oublier au monde son identité. Pour que les anges et tous les saints veillent sur ces bouts de chou et sur toute l'initiative de Krakoa. Pour la paix, l'harmonie. Et, surtout, pour remercier la providence de tous les dons si surprenants qu'elle peut faire à quiconque est capable de les voir et de les accepter.
récapitulatif des actions:
→ Daredevil vient regarder les Enfants Pourpres essayer de traverser le portail de Krakoa à New York → Les cinq jeunes enfants de Kilgrave passent avec succès le portail vers Krakoa → Daredevil est ému et reconnaissant d'avoir vu ça, ayant récemment recouvré la vue
Je posterai d'ici peu avec Nathan Dayspring Summers, pour cette évolution des Mutants plutôt prometteuse !
Domino
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Situation : En mission probablement
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Re: L'Île aux Mutants [LIBRE] Dim 31 Oct - 12:16
Vêtue d’une robe de soirée Neena Thurman s’arrête devant ce même portail que les Enfants Pourpres viennent de passer. Dans ses bras son chien grogne, n’appréciant peut être pas d’avancer ainsi vers l’inconnu.
“Ne t’inquiète pas va. Tant que tu seras avec moi tu auras le droit d’y entrer.”
Elle ne découvre pas cette île car elle y est allée plusieurs fois cette semaine, transportant le contenu de son appartement là bas via ces mêmes portails et l’aide bienvenue de Colossus comme déménageur de luxe. Difficile de faire meilleur alliage de force et de douceur, meilleur déménageur en somme. Ce soir elle est passée prendre Pip au porteur et il est tout ce qu’il lui restait aux alentours de cette ville. Bientôt elle serait toujours américaine mais aussi Krakoane, un sentiment nouveau pour elle qui n’avait jamais participée aux différentes tentatives mutantes d’avoir une terre rien qu’a eux.
Elle approche du portait et le toutou grogne de plus en plus tendis qu’elle tend sa main pour la plonger devant elle et sentir l’air au travers. Retirant celle ci elle la fait renifler au chien pour qu’il voit qu’il n’y a rien a craindre.
“Tu vois? Rien de terrible.”
Ici l’Exodus 1947 des mutants prenait la forme d’une belle porte végétale et cette terre qu’ils revendiquaient après avoir été une nouvelle fois victimes de l’humanité était celle de personne. Pourquoi cela se passerait il mal? Ils y on droit, et ne font de mal a personne. Ils veulent juste vivre en paix quelque part, quelque part qui peut bouger en plus. Comme quoi au pire si quelqu’un venait à se plaindre de leur existence près d'eux c’est leur sol qui se déplacerait à la surface du globe.
Il n’y a plus aucune raison que quoi que ce soit leur arrive de mal désormais, et Neena qui a la chance pour pouvoir n’en avait jamais vraiment bénéficiée pour la vie. Enfance merdique de cobaye humaine, culpabilité du survivant d’être la seule a s’en être sortie, assassin avant d’être majeure, et n’ayant jamais connue autre chose qu’un combat incessant aux cotés de Cable et quelques autres. Une lutte pour la survie qui pour la première fois et alors qu’elle s’avançait vers la porte, semble s’éloigner.
Elle passa la porte a son tour avec son chien pour arriver dans un lieu de fête qui expulsa définitivement de son esprit les images de l’Institut détruit et Utopia ravagée. Au revoir Neena qui-n’avait-même-pas-de-nom, bonsoir Domino. Tu es enfin chez toi après tout ce temps à le chercher.
HJ:
Spoiler:
-Domino a déménagée sur Krakoa et y amène son chien. -Elle rejoint la fête
Emploi/loisirs : Co-dirigeant de Krakoa. Ancien (?) Prophète mutant.
Situation : Prêt à tout pour assurer la survie de son rêve devenu réalité.
Localisation : Krakoa.
Re: L'Île aux Mutants [LIBRE] Dim 31 Oct - 18:39
Ils sont là. Ils sont venus. Enfin.
Les Mutants. Ses frères. Ses sœurs. Ses enfants, pour certains ; de sang, mais aussi de cœur. Son peuple.
Ils sont arrivés – sur Krakoa. Sur leur île. Sur leur Nation. Enfin, oui.
Magneto les fixe, au cœur d'une des nombreuses tours naturelles forgées par Krakoa, sur demande des architectes de ce nouvel Etat. Il ne dit rien.
Il a acquiescé aux mots de Cyclope, et a formé un sourire poli ; mais sincère. Il ne sait pas quoi dire, en fait.
Quoi dire, oui ?
Quoi dire, alors qu'il semble enfin parvenir à son but – son rêve ? Un de ses rêves, en tout cas.
Longtemps, très longtemps, Magnus n'a voulu que la domination... la soumission de l'Humanité, par les Mutants. Longtemps, très longtemps, il a été dirigé par cette colère, cette rage, cette haine – la même, finalement, que celle qui pousse les Humains à les anéantir, eux. Une fureur provoquée par la peur, puis par la douleur.
Ce sentiment... n'a pas pleinement disparu, il doit bien l'avouer ; mais il change. Il le change. Il le module.
Les événements récents, la lutte contre Cassandra Nova, avec Charles presque mort, cela... l'a changé ; réellement. Le maître du magnétisme a compris, ainsi. Il a compris que si le rêve de Charles, pour voir les Mutants s'intégrer pacifiquement, était erroné – c'est aussi le cas pour le sien.
Jamais il ne pourra voir les Mutants dominer réellement les Humains ; cela ne se passera pas ainsi. Pas sans un coût terrible, pour sa cause ; son peuple. Les siens.
Alors... il change. Alors, il évolue. Alors... il accepte.
Il accepte tout ça. Il accepte les compromis. Il accepte les accords. Il accepte... de ne pas tout diriger. Il accepte de ne pas imposer sa façon de faire.
Magneto accepte d'apaiser sa fureur, et de se lancer sur un fonctionnement constructif. Au moins un peu.
« Humf. »
Un souffle lourd s'échappe de ses lèvres, alors que Magnus s'avance vers le balcon, le bord du balcon. Au loin, les Mutants ne cessent d'affluer par les portails – et un sourire plus grand, plus doux accompagne cette pensée.
« Que la fête... commence. »
Il acquiesce doucement, et enclenche alors ses capacités.
Sans un mot de plus, il active alors plusieurs éléments métalliques placés à dessein par ses propres mains – et la fête change, alors. La fête se module, elle aussi.
La fête bénéficie soudain... d'un nouveau rebondissement.
Un nouveau feu d'artifices ; un de plus, oui. Mais un... particulier.
Ils l'ignoreront. Ils n'en sauront rien – mais lui saura. Lui sait. Lui voit.
Le feu d'artifices est forgé par l'explosion d'éléments dans les cieux ; des éléments métalliques. Du métal, dérivé directement des Sentinelles qui leur ont fait tant de mal.
Qu'il en soit ainsi, songe alors Magneto en croisant les bras, et en s'abandonnant à un simple, fugace et sobre moment d'espoir.
Que ce nouveau départ... soit réel, et définitif. Que ce moment permette d'anéantir le passé. Que cette révolution brûle pleinement les fantômes du passé.
Que Krakoa soit définitivement le premier jour de la Mutanité.
Magneto ose y croire. Magneto ose croire. Enfin.
(HJ/ Résumé rapide : - Magneto reste sur un balcon, calme et discret ; - Magneto apprécie l'ensemble et se prend à espérer ; - Magneto enclenche un nouveau feu d'artifices, basé en secret sur des éléments métalliques des Sentinelles ; - Magneto ose croire en Krakoa. /HJ)
L'alcool presque glacé tombe, une fois de plus, dans le gosier du Grizzly. Une bouteille de vodka dans la patte, un verre dans l'autre, il ne cesse de se verser un liquide qui, il l'espère, lui fera oublier sa dépression. Car il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce qu'il vit : il était un héros, le plus grand et le plus reconnu de son pays. Mais il est tombé en disgrâce à cause des manipulations des gouvernants, et bien qu'on l'ait enfermé dans une cellule qui pourrait faire office de prison dorée tant il ne manque de rien, il reste un héros déchu dont on retient l'ascension et la gloire, mais également la chute. On lui ramène de grands plats, de l'alcool à flot, des choses dont les prisonniers de goulag rêveraient toute leur vie, mais il est renié par ses pairs et son image est totalement détériorée.
Bien sûr, il pourrait s'échapper, mais pour quoi faire ? Il serait chassé dans son propre pays, parce qu'un attentat qui a eut lieu en Amérique lui a été imputé. Il n'a plus sa place dans ce monde, si ce n'est dans une prison pour y terminer son parcours. Oui, on pouvait totalement dire que le roi des ours était brisé. Celui qui avait un jour affronté les Hulk, avait repoussé toute les menaces de la Russie, était écarté. Il avait également pensé à se venger, mais il n'avait pas d'appui, et serait contré par tout les super-héros russes. Non qu'il ne se sentait pas capable de les affronter, néanmoins une fois encore, il ne souhaitait pas mourir en renégat.
C'est ainsi qu'aurait pu finir la vie d'Ursa Major, un héros dont de nombreuses peluches à son effigie, de nombreux jouets avaient été commercialisés, un héros si emblématique qu'ont lui avait demandé à chaque interview s'il avait des relations avec de nombreuses héroïnes américaines ... Dans un trou à rat. Mais finalement, Mikhail fut sauvé, par la voix d'une femme, dont il se souviendrait sans doute toute sa vie.
Mutants du monde entier, écoutez-moi...
Elle lui parlait dans sa tête, lui faisait miroiter une nouvelle vie. Une autre option à son isolement. Une nation mutante, qui ne serait plus sous la juridiction des humains. Des mutants isolés dirigés par des mutants. Une utopie, en somme. Mais au delà d'une vie de rêve, ce que Mikhail entendait, c'était de nouveaux alliés. Des alliés qui pouvaient lui faire retrouver son statut, de nouveaux amis avec qui s'établir. Il leur donnerait volontiers sa force si ils le lui donnaient en retour. Mais comment savoir s'ils l'aideraient ? Il n'y avait finalement qu'un seul moyen de le savoir.
En quelques minutes, la prison était remplie de trou béants dans les murs, et un ours courait dans le froid glacial des montagnes ... Mais il avait été habitué à pire, pas vrai ?
Les semaines suivantes se passèrent dans la clandestinité, comme un vagabond. Il se mit en tête de rejoindre Moscou, et alterna pour cela de nombreuses fois entre sa forme humaine et animale. Des avis de recherches étaient dispersés partout, en affiche comme à la télévision. Mais il parvenait à ne jamais se faire prendre. D'autant qu'il n'avait été que rarement humain, et qu'il n'avait que très peu vieilli, comme si sa mutation ralentissait sa vieillesse. Cette caractéristique empêchait énormément la reconnaissance, d'autant que les citoyens étaient peu enclin à pointer du doigt un héros qui avait sauvé bon nombre de leurs vies. L'opinion publique étaient partagés entre ceux qui croyaient les mensonges du gouvernement et ceux qui croyaient encore en leur idole.
Quoi qu'il en soit arriva bien vite le Jour J, et Mikhail constata bien vite, sous sa forme humaine, que le portail de la place rouge, la grande place de Moscou, était protégé d'un carré en plastique de taille moyenne pour ne pas non plus ruiner le paysage, mais surtout, entouré de beaucoup de gardes. Les russes ne voulaient pas perdre de mutants, et ces derniers ne se montraient pas pour ne pas être embarqués. Sous sa teinture et ses lentilles pour passer inaperçu, Mikhail pouvait tout de même les sentir, les regards des mutants qui foudroyaient la construction du regard comme si cela allait la faire disparaître. Il senti également le regard des humains curieux, et, bientôt, le regard inquisiteur des militaires.
Les citoyens russes se souviendraient bientôt de ce jour particulier comme celui où leur ancien héros s'est battu pour la liberté de bon nombre d'entre eux face à un pays qui ne les comprenait pas, et au final, ne les avait jamais compris. Il entama sa transformation aux yeux de tous, qui se dégagèrent de son passage, lui firent de la place. Alors, le Major se mit sur ses deux pattes, fixant les policiers et militaires qui le pointèrent de leurs armes, sans tirer néanmoins.
Pour plusieurs d'entre eux, Ursa Major étaient une icône. Pour certains, c'était grâce à lui qu'ils s'étaient engagés, que leur vocation avait été de protéger le pays. Et désormais, ils se retrouvaient face au roi des ours, ne sachant pas s'ils devaient faire feu les premiers, ou attendre qu'il avance. Cette hésitation dura bien une vingtaine de seconde, avant que plusieurs personnes, qu'il comprit être des mutants, se regroupèrent derrière lui. Il leur dirait bien de se tenir à l'écart. Il leur dirait bien que quoi qu'il arrive et qu'importe les morts qu'il y aurait aujourd'hui, il y aurait des mutants pour passer. Mais il n'est pas là pour déblatérer des évidences. Alors il se contente simplement d'une phrase.
"Vous vous apprêtez sans doute à tirer sur quelqu'un qui a croisé le poing avec Hulk. Réfléchissez-y à deux fois, d'autant que je ne me bat plus seulement pour moi même, maintenant." A ces paroles, certains baissent leurs armes, et s'écartent devant le passage de l'ours et des mutants qui osent bientôt le rejoindre et marchent derrière lui. Les plus réticents s'écartent également, bien qu'ils le visent toujours, mais ils ne peuvent rien face à la masse de muscle qui est bien plus résistant que la forme qu'il prend.
Quelques coups de griffes et de poings plus tard, et le portail est totalement à l'air libre. Les grands coups ont fait fuir les passants un peu trop près du portail, et alerté sans doute la moitié de la ville. Mais c'est fait, et Ursa Major fait ce qu'il a toujours fait : le héros, se poussant pour laisser passer les mutants civils, qu'ils soient sauf avant lui. Mais alors qu'il ne reste que peu de mutant à franchir, une balle lui traverse l'épaule. Un tir qui ne vient pas des soldats qui s'étaient rendus, mais de sniper s'étant posés dans les immeubles alentours. Tout s'était passé bien vite depuis le début, mais désormais, la défense du portail était bien établie. Mikhail se mangea une seconde balle en voulant protéger un mutant franchissant le portail, dans le bras. Le garde de derrière, voyant qu'Ursa était en fâcheuse posture, ajusta son arme pour tirer : il fut en quelques secondes éjecté en l'air, tandis que l'ours bouscula les retardataires et se jeta lui même dans le portail.
Le décor changea alors du tout au tout. Bien qu'un filet de sang s'échappait de son bras et de son épaule, il regarda avec admiration la promesse qu'on lui avait offerte : une île pour mutant, d'une flore incomparable, surpassant tout ce qu'il avait vu jusqu'à présent. Une beauté sans pareille, une arche pour tout les mutants du monde. Peut-être trouverait-il un autre but en ces lieux, et des alliés qui l'aideraient à retrouver sa gloire passée, ou qui le propulseraient vers une mort honorable. L'un comme l'autre, il en serait satisfait.
Il se dirigea finalement vers ceux qui devaient l'accueillir, notamment vers un concitoyen, Piotr, aussi connu sous le nom de Colossus, pour qu'il puisse l'envoyer vers quelqu'un qui lui expliquerait le système de l'île et, accessoirement, soignerait les blessures qu'il s'était infligé en protégeant les mutants.
Le Major était de retour.
HJ:
- Ursa Major s'échappe de sa prison suite à l'appel de Jean Grey - Le portail de la Place rouge est recouvert d'un dôme et sécurisé par des militaires, Mikhail se transforme en ours, attirant derrière lui tout les mutants qui souhaitent traverser le portail - Devant les mutants, les militaires s'écartent et Mikhail détruit le dôme. Il laisse passer les mutants d'abord - Les renforts arrivent et tirent sur Ursa Major qui parvient à rentrer à Krakoa blessé. - Mikhail se dirige vers Colossus pour se présenter.
Nate
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Re: L'Île aux Mutants [LIBRE] Mer 3 Nov - 11:19
Mesdames et Messieurs...
La Lumière de Krakoa est arrivée.
Ce mec a le melon, pourrait-on penser. L'un des plus puissants télépathes et télékinésistes de la planète, équipé de matériel venu des confins du Temps et de l'Espace... En même temps, il peut. Le fils de Jean Grey et Cyclope, des X-Men non seulement fondateurs mais respectés et écoutés. Il n'a pas le melon non, pas plus que d'habitude.
Il a pris quelques années. Pas du galon, pas pour le moment ; seulement quelques années grapillées par-ci, par-là. Quelques nouvelles cicatrices, la naissances de rides d'expression à peine visibles la plupart du temps.
Il a accumulé des connaissances sur ce Monde, sur la chronologie actuelle et notamment l'Histoire des mythes, des Mutants et de certains cercles parmi les plus puissants du dernier demi-millénaire et au-delà.
Il n'a pas mûri, pourtant. Il essaie de faire adulte, de faire sérieux, il surcompense certainement. Parmi ses pairs, c'est en désespoir de cause. La plupart ne voient qu'une version plus jeune du futur Cable, un rien plus effrayant. Les autres craignent d'avance de se le mettre à dos d'ici à ce qu'il puisse le devenir. Il n'a pas mûri, parce que seul le Temps est professeur en la matière... et il l'a bafoué de long en large, pour la mission : pour connaître Krakoa et ses résidents potentiels jusqu'avant la naissance de la plupart.
Ici, tous les Mutants sont bienvenus, ou presque, quoi qu'il en soit de leur histoire.
Hrm.
Il joue les craques, tel un héros de film d'action. Il s'amuse de la réputation qui le connecte à tout son peuple et l'en isole. Mais Nathan Dayspring Summers n'a pas de doutes.
En deux mois, il a vécu l'équivalent de plusieurs années. Il ne s'est guère impliqué dans l'avenir de Krakoa ou de l'espèce mutante : le flambeau a été amplement saisi dans l'établissement de la nouvelle nation libre de Mutants. Il s'en préoccupera à nouveau, mais pour l'heure le guerillero n'est pas encore le bâtisseur qu'il sera jadis. Il a vécu dans le présent, mais pas seulement. A Hell's Kitchen, New York, le plus clair de ces deux mois pour ceux qui vivent comme le commun des mortels une seconde après l'autre. Il a voyagé dans le passé, il s'y est établi, a poursuivi de nombreuses pistes et objectifs afin de connaître les renards potentiels dans le poulailler de ce nouvel Eden Mutant.
Nate connaît désormais beaucoup de choses sur les Célestes, et sur ceux qui ont vécu et agi subséquemment à leurs visites terrestres - hormis les Eternels, éternellement difficiles à joindre. Nate a suivi la trajectoire des Célestes jusqu'au potentiel latent des humains à devenir homo superior, jusqu'à l'étonnant accord de l'un d'entre eux avec En Sabah Nur, jusqu'à l'étrange alliance des Externels Mutants pour accompagner son règne préparé avec la lenteur et l'inexorabilité d'un glacier. Nate a donc suivi le parcours de Nathaniel Essex, du Clan Akkaba et des High Lords Externels tels Saul, Gideon, Selene et Candra.
Le nom des soutiens et alliés de circonstances d'Apocalypse reviennent sans cesse. Mister Sinister. Exodus. Et d'autres, Externels. Mais encore bien d'autres, évidemment... jusqu'à ce lieu, où certains de ces noms sont murmurés avec un mélange de crainte et de révérence.
Oui, il joue l'idiot. Il sait que les engrammes de Cérébro donneront à tout télépathe agréé, ou trop malin pour se faire prendre, la liste de ses exactions. Car tout jeune et vantard qu'il soit, il a pris pas mal d'initiative. Son chemin n'est pas d'être révéré. Pas encore. Il doit devenir cet être dont beaucoup se méfient, et somme toute il a bel et bien commencé.
D'une certaine façon, il est déjà, avec sa petite vingtaine, l'héritage de Cable et de Stryfe. Il est déjà menteur, manipulateur, dur, changeant... comme celui qu'il est censé devenir, et celui qu'il ne devait jamais être.
Nathan Summers n'a aucun doute, malgré l'optimisme indispensable de ceux qui construisent ici. Le mal sévit ici. Des cibles évidentes de sa croisade vengeresse contre la destruction de son avenir en tant que personne, en tant que Summers et en tant que Mutant, vivent ici. Il n'a aucun doute, mais il joue l'idiot. Car il est sûr de lui. Car il peut triompher. Car chaque seconde passée sur Krakoa par ces monstres qui marchent parmi ses frères et sœurs lui offriront la légitimité et, le moment venu, le plan d'action pour les supprimer de la face de la Terre.
Il est la lumière, ou fait mine de l'incarner. Il est l'avenir. Il est aussi l'ombre qui ne lâchera jamais d'une semelle ceux qui ont mal agi envers les siens.
Si quelqu'un me cherche, je serai au bar.
Là où il n'y a guère besoin d'être télépathe pour entendre des tas de choses. Là où une rixe n'a pas à être justifiée et peux vous apprendre tout autant. Le genre d'endroits où se sont retrouvés de multiples fois ses Fallen Angels, incluant Domino et ça si certains le savent rien ne les empêchera de parler jusqu'à ce qu'elle vienne - ou son père, ou Magneto, ou quiconque finalement souhaitera avancer avec ce jeune homme un peu moins jeune qu'aux dernières nouvelles.
Bien sûr, il regardera les feux d'artifice. Evidemment, il tentera de décompresser sur la piste de danse comme il a appris à le faire avec des intentions derrière la tête durant ses derniers et nombreux voyages d'infiltration dans cette chronologie de la Préhistoire à l'époque Victorienne. Bien sûr, Nathan Dayspring Summers est câblé pour profiter de l'instant... à ses fins éventuelles. Aucune terre promise ne lui refusera le sacrifice nécessaire pour des lendemains sous contrôle.
La science du placement des portails menant vers Krakoa était un secret étroitement gardé. Impossible de savoir si celui-ci était accidentel ou volontaire : celui du New York était logiquement placé à Central Park, tandis que celui de Moscou était en pleine Place Rouge.
Celui de Paris était assurément de ceux qui étaient les plus incommodants : plus près de Moscou que de New York. Difficile de ne pas voir son placement en plein Champs-Élysées, à quelques pas du palais de l’Élysée et de l'ambassade américaine, comme une provocation de la jeune nation mutante.
Une façon bien à elle de rappeler son existence et son importance : l'importance de la race Mutante toute entière, longtemps persécutée et pourtant appelée à hériter de la Terre.
Monet St. Croix, membre de la Cour du Printemps de Krakoa, n'avouera jamais si cet emplacement si symbolique était de son fait ou non.
Elle ne cachera pas la délectation infinie qu'elle en tire, cependant. Même si son tempérament est connu, elle reste fille de diplomate : elle connaît l'importance du grand geste. Elle savait que l'on surinterpréterait abondamment les quelques mètres à peine qui séparaient le portail de symboles aussi sacrés pour la République que la statue du Général de Gaulle, ou le monument à Jean Moulin. Elle savait que cette proximité de la présidence susciterait l'incrédulité, la fascination, l'étonnement et la peur... Mais si les Américains, avec tout l’exceptionnalisme dont ils se drapaient, avaient le droit d'être aussi près du pouvoir central, pourquoi pas Krakoa ?
Krakoa n'avait pas de comptes à rendre à la France, après tout, pas plus que Monet St. Croix.
Elle avait toujours en travers de la gorge tout ce que la République avait trouvé à épingler sur le dos de sa famille.
La haute-dignitaire de la nouvelle Nation Mutante avait émergé sur le pas du portail, impériale comme à son habitude, accompagnée de ses deux jeunes sœurs.
Le dispositif mis en place par les humains pour s'assurer le contrôle du passage était impressionnant. Des barrières de béton avaient été érigées, avec des miradors derrière elles. Des barbelés les couronnaient, tandis qu'un unique couloir d'entrée d'une dizaine de mètres de large à peine avait été aménagé. Là, plusieurs soldats montaient la garde dans des nids de mitrailleuses, masques à gaz sur le visage et combinaison hermétiques sous leurs armures balistiques. Au fond, un poste de contrôle avait été aménagé, où des douaniers contrôlaient les papiers de la file de mutants candidats à l'émigration. La plus impressionnante des mesures, toutefois, était probablement les quelques colosses métalliques bardés d'armes qui surveillaient le flux de réfugiés : des Sentinelles, aux couleurs de l'Armée de Terre, que Dieu seul savait comment le gouvernement français avait réussi à se procurer.
Dehors, sur les trottoirs de la plus célèbre avenue du Monde, une horde de manifestants s'était réunie, crachant leur bile sur la "menace mutante" avec nombre de pancartes et de slogans racistes.
Nicole et Claudette, les deux jumelles, étaient intimidées par la débauche de moyens déployées face à elles ; Monet, elle, gardait sur elle son vernis de solennité si caractéristique, hermétique à cette démonstration puérile d'autorités impuissante à lutter contre l'avenir. Pour chacun de ses congénères qui se présentait au compte-goutte, abattus, elle avait un mot rassurant, une invitation à relever la tête.
Le meilleur restait à venir, pourtant.
Un fourgon de police vint se présenter au poste de contrôle, sous bonne garde. Sous les yeux des caméras de télévision, une figure respectée de la lutte pour les droits des mutants en émergea.
Cartier St. Croix. Homme d'affaire influent, ancien diplomate, philanthrope, soutien de longue date de Charles Xavier. Mari et père de mutants.
Citoyen humain de Krakoa.
Les flashs se multiplièrent, les questions fusèrent au bout de micros tendus, l'homme d'affaires restait silencieux, impassible. Les policiers cagoulés du RAID qui l'entouraient écartèrent fermement les curieux. Un spectateur enjamba une barrière, un sac de farine à la main : il fut immédiatement plaqué au sol et menotté. Il ne s'arrêta pas une seconde de conspuer l'ancien ambassadeur, ce "traître de race".
On le laissa avancer, et il passa le point de contrôle la tête haute, le pas décidé, sans s'arrêter. Tout avait été arrangé, évidemment.
Arrêté et emprisonné pour son soutien aux idées de Xavier, pour l'argent qu'il aurait "blanchi" pour cet "organisme paramilitaire" que représentait l'Institut de Westchester, la main lourde de sa fille dans son processus de libération donnait aujourd'hui raison à ses critiques.
Mais plus personne dans la famille St. Croix n'y portait plus aucune importance.
Ce n'est que lorsqu'il s'approcha du portail et que les deux petites jumelles se jetèrent dans ses bras qu'il s'autorisa seulement un sourire, que des larmes apparurent sur son visage.
Monet, elle-même, peina à contenir ses émotions.
" Monet. " l'adressa-t-il.
" Père. " prononça-t-elle simplement, en venant l'enlacer à son tour.
De longues secondes de retrouvailles furent offertes aux caméras du monde entier, avant que la nouvelle membre du Conseil Silencieux de Krakoa ne finissent par inviter son père, d'un simple geste de la main, à passer le portail. Il l'obligea, main dans la main avec ses deux cadettes.
Le voyage fut instantané, et la fraîcheur parisienne céda la place au climat tropical de la nouvelle Nation Mutante, et aux merveilles promises à tous ses citoyens.
" Bienvenue à la maison. " l’accueilli-t-elle finalement, proprement, dans leur nouvelle langue, sous les lumières chamarrées des explosions qui peuplaient le ciel de Krakoa.
HRP:
- Monet est présente au portail parisien, étroitement gardé par l'armée et la police, avec ses sœurs. - Malgré le scepticisme et la méfiance à l'égard de Krakoa, les autorités françaises laissent partir les mutants pour leur nouvelle utopie, non sans contrôler leurs identités avant leur départ. - Monet et ses sœurs sont là pour récupérer Cartier St. Croix, leur père. Soutien humain de longue date de la cause mutante et de Charles Xavier, il avait été emprisonné en raison de ses liens avec lui, et avec les activités des X-Men. De par ses liens de parenté, il bénéficie de la citoyenneté de Krakoa. - Libéré par les autorités françaises, Monet s'empresse de l'accueillir en sa nouvelle demeure, pour un nouveau départ, non sans laisser ses sentiments submerger sa carapace, pour une fois.
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Re: L'Île aux Mutants [LIBRE] Ven 3 Déc - 18:48
Ils viennent. Tous, ils se pressent à leurs portes. Elles leur sont grandes ouvertes, sans exception.
Sous leurs yeux croit leur population. Ils assistent à la création d'un pays ; à la naissance d'une nation. Krakoa n'a pas encore de drapeau, et pourtant il flotte déjà dans les cœurs de beaucoup.
Cyclope se surprend à sourire, alors. Ces préparatifs n'ont pas été faciles ; ont demandé de faire appel à nombre de leurs dons, à des alliances surprenantes. Pourtant, il ne peut s'empêcher de s'étonner que ce soit si facile - qu'ils aient si simplement pu unir tous les mutants du monde sous une même bannière. Certes, peut-être pas tous, et ils ne sont, après tout, plus que quelques centaines - mais cela ne change rien à l'exploit. Voir toutes ces querelles, toutes ces rivalités anéanties au nom d'un idéal... Oui, cela prête à se réjouir. Cela n'aura demandé que de sacrifier leur rêve. Peut-être finiront-ils par le regretter, mais il est difficile de le faire alors que tout semble leur sourire. Que pour la première fois depuis longtemps, les homo superiors ont une raison d'espérer - de croire qu'autre chose que de la douleur les attend. Qu'ils n'ont plus à craindre de vivre.
Scott ne saurait dire combien de temps Wolverine et lui restèrent immobiles, à ne faire que regarder les portails faire déferler sur eux ces vagues incessantes de nouveaux arrivants. Leur amener des visages parfois connus, mais souvent étrangers ; des visages inquiets, méfiants, enjoués... Qui, presque tous, finissaient par s'apaiser lorsqu'ils découvraient pour la première fois où menait cette étrange invitation ; par s'en émerveiller. Parfois, certains s'avisent de sa présence : il les salue d'un signe de tête.
Enfin un endroit d'où on ne pourrait venir les chasser ; où ils n'auraient plus à se cacher. Où ils peuvent être qui ils sont et ont le droit d'exister. C'est une première pour beaucoup. Une réalité aussi désolante qu'il est plaisant d'y remédier.
Quoique tout à cette observation, il ne bronche pas lorsqu'une voix s'invite dans sa tête.
▬ Scott. Il est temps. ▬ J'arrive.
Quittant enfin sa posture figée, il fait mine de se détourner.
▬ Je compte sur toi pour monter la garde, dit-il à Logan, posant sur son épaule une main amicale.
Quoique surpris, celui-ci ne fait rien pour la retirer - et se contente d'un grognement d'approbation. Sans doute est-ce sa manière à lui de le remercier pour cette confiance. Scott sourit, et s'enfonce dans la forêt ; se laisse guider par le plan de l'île implanté dans sa tête. Il pourrait faire le chemin les yeux fermés.
Ce faisant, il traverse la végétation jusqu'à la grand place où les festivités battent leur plein. L'alcool y coule déjà à flots - de l'alcool humain, ramené depuis le continent, les quelques essais de Krakoa en matière de distillation laissant à désirer -, aide à détendre les esprits de ceux prêts à baisser leur garde, à donner une chance. Là où certains profitent de mets et boissons, d'autres préfèrent observer, tapis dans les coins d'ombre, dans l'attente d'un piège qui se referme, d'une embuscade qui ne viendra pas. Qu'ils fassent donc : ils réaliseront bien assez vite qu'il n'y a pas lieu de le faire, qu'il n'y a pas de revers à cette médaille.
Au loin, il aperçoit son fils au comptoir du Bar Sinistre - un nom d'établissement qu'il n'approuve guère, mais qui fait partie des termes négociés par le savant éponyme pour apporter sa pierre à l'édifice, aussi absurde que ce soit. Une aide qu'ils n'ont hélas pas pu se permettre de refuser.
▬ Content de te savoir ici. On parlera plus tard. pense-t-il tout haut, assez pour être entendu par une oreille psychique que l'on aurait laissé traîner - sans savoir, toutefois, s'il est encore assez lucide pour l'entendre. Qu'importe.
Fendant la foule, il se fraie un chemin jusqu'aux coulisses - jusqu'à l'envers du décor dont l'accès est réservé à qui connaît galeries de terre et tunnels d'écorce. Laissant ses pas le guider, il débouche sur une estrade surélevée, où seuls quelques mutants dotés de pouvoirs de vol ont pu venir se poser ; réalisant aussitôt l'importance du promontoire, ceux-ci s'en écartent, vont rejoindre les autres en contrebas. Il prend place auprès de la rambarde, et contemple l'assistance - leurs invités ; leur peuple.
Depuis qu'il est en charge, Scott a toujours tâché de faire en sorte que les choses soient carrées, d'une rigueur quasi-militaire. Il n'est pas à l'aise dans cette hiérarchie naissante, cette ébauche de gouvernement, d'autant qu'il n'estime pas y avoir sa place, mais se fait violence. S'il peut faire l'effort d'oublier jusqu'à ses différends les plus corsés - de ne pas étouffer Sinistre avec sa propre cape à l'instant où il a mis le pied sur cette île -, il peut s'accommoder d'un peu de flou et d'incertitude. Pour un temps, au moins.
Avant même qu'il ait ouvert la bouche, les têtes se tournent vers lui, guidées par une infime poussée psychique - juste assez pour avoir leur attention. Leur faire savoir qu'il est bon d'écouter ce qui va suivre, qu'il sera toujours temps de festoyer ensuite. Sentant une présence dans son dos, il y voit un encouragement à se lancer, et saisit l'occasion. Il n'est pas un grand orateur, mais en cette occasion, quelques mots sont de rigueur.
▬ Bonsoir à tous. Je suis heureux de vous voir si nombreux. Pour ceux d'entre vous qui ne me connaîtraient pas, mon nom est Cyclope... Et je suis un mutant. Son regard balaie l'audience. Chacun de nous ici en est un. Longtemps, nous autres X-Men avons tenté de cohabiter avec l'espèce humaine... De négocier notre place dans un monde qui estimait ne nous en devoir aucune. Qui nous était hostile à cause de ce que nous étions, de ce qu'ils croyaient voir en nous. Il lève la main devant lui, paume tournée vers le ciel. Et nous avons réalisé, nous avons finalement compris que cette place, nous n'avions pas à demander pour la prendre. Qu'il ne tenait qu'à nous de la créer.
Pivotant le poignet, il pointe le sol de l'index, par-dessus la balustrade à laquelle il est accoté ; désigne la terre meuble et fertile de l'île, ici convertie en piste de danse.
▬ Et cet endroit, vous vous tenez dessus en ce moment. Cet endroit, c'est Krakoa. Notre refuge ; votre demeure, si vous le choisissez. Chacun de vous y a sa place, possède dans ses veines son droit de séjour. Ici, nous sommes égaux : nous n'attendons pas de gratitude de votre part. Nous ne faisons que vous donner ce qui vous revient de droit. À ce titre, nous aurions aimé taire les noms de ceux qui ont donné naissance à ce projet... Mais nous comprenons que ne pas savoir qui en est à l'origine puisse inquiéter certains d'entre vous. Nous comprenons que ce ne soit pas la première fois qu'on vous offre quelque chose de trop beau pour être vrai, que vous ayez besoin de mettre un nom et un visage sur cette invitation. C'est pour ça que nous sommes ici.
Il fait un pas de côté et regarde derrière lui - cède sa place, et la parole avec elle.
* * *
« Oui. »
Une voix calme et douce répond directement aux mots inspirés de Cyclope. Une voix que tous ici connaissent, et ont déjà entendu. Dans leurs oreilles ; ou dans leurs esprits.
« Bien des mystères entourent Krakoa – l’île, la Nation, le foyer. Votre foyer. Ce jour, ce moment, cet échange visent à en lever certains. Car, je le sais, vous goûtez comme moi quelques bons mystères ; s’ils sont positifs. Et je vous assure que Krakoa n’a que du positif pour nous tous. »
Une forme émerge alors des ombres derrière Scott Summers, et tous peuvent découvrir le nouvel intervenant. Qu’ils connaissent. Mais… pas sous cette allure, assurément.
« Bonsoir, mes amis. Oui. Nul besoin d’être télépathe pour savoir, pour comprendre, pour sentir votre trouble – lié autant à Krakoa qu’à ma personne. Je vous comprends. Je demeure celui que vous avez connu ; depuis longtemps, pour certains. Depuis peu, pour d’autres. Je suis Charles Xavier. Tel est mon nom humain. Tel est celui donné par mes parents lors de ma naissance. Tel est celui que j’ai utilisé pendant des années, auprès de vous et des Humains. Pour me faire admettre. Pour m’intégrer. Car cela m’était facile. Si ma mutation a été un temps un fléau pour moi, j’ai pu la contrôler – et passer comme Humain auprès de ceux qui nous entourent, et dominent encore la Terre à ce jour. J’étais Charles Xavier. Et je pense avoir essayé, et parfois réussi, à aider la cause mutante. Mais en restant Humain à leurs yeux, longtemps. Trop longtemps. Je suis Charles Xavier, donc. Ou plutôt, j’étais Charles Xavier. Car ce nom n’est plus le mien. Ce nom n’est plus celui que je veux me donner – car il ne me représente plus. »
Son ton est calme, posé. Courtois et mélodieux, comme d’habitude, alors qu’il parle avec cet étonnant casque sur le crâne.
« Nous sommes Mutants. Je suis Mutant. Et nous étions seuls. Nous avons toujours été seuls, isolés ; perdus. Abandonnés. Par les Humains, et nous-mêmes. Mon école, l’Institut, a été un palliatif, une solution à court-terme. Je pensais, j’espérais réussir à l’utiliser, à nous utiliser, à vous utiliser pour prouver aux Humains que les Mutants pouvaient s’intégrer pacifiquement. Par l’exemple. C’était mon rêve. Un beau rêve. Un grand rêve. Un rêve qui, je crois, m’habitera toujours. Mais c’est un rêve. Et si les rêves nous permettent d’avancer, de gravir des montagnes dans nos cœurs… ils ne sont pas suffisants, hélas, face à l’épreuve de la réalité. Je vous ai abandonné. Nous nous sommes abandonnés. Nous nous sommes cantonnés à ce que les Humains voyaient de nous – et nous nous sommes isolés. C’en est assez. Il est temps de changer. Il est temps que nous changions ; ensemble. »
Un sourire doux glisse sur son visage.
« J’étais Charles Xavier – et vous connaissiez Charles Xavier. En fauteuil roulant. Bien habillé. Vêtu idéalement. Pour un Humain. Mais je ne suis pas Humain. Et il est temps de le proclamer. Je suis le Professeur X. Tel est le nom mutant que je me suis choisi. Telle est l’identité que j’entends assumer. Et ce que vous voyez est celui que je veux être. Debout devant vous, grâce à la science mutante. Et doté d’un casque, qui me lie à tout Krakoa ; qui m’ouvre pleinement à vous, à nous. A Krakoa, oui. Notre foyer. Jadis, Krakoa a été une île ennemie de mes X-Men – mais parce que nous n’avions pas pris la peine de l’interroger, de l’aider. Je n’avais pas pris cette peine. Nous l’avions isolée, comme les Humains. C’en est assez. Krakoa est une île mutante ; une Mutante. L’une des nôtres. Elle est nous. Nous sommes elle. Les Mutants ont désormais un foyer en Krakoa. Les Mutants ont désormais une maison, un refuge en Krakoa. Les Mutants ont une structure en Krakoa. Un pays. Une langue, bientôt. Une culture, je la sens déjà. Une Nation. »
Il souffle, et récupère un élément qu’il montre à la foule.
« Le monde apprend notre union, notre rassemblement ici. Le monde a peur. Le monde craint et haïra Krakoa, par peur. Nous en avons l’habitude. Krakoa est à nous, pour nous. Krakoa est nous. Nous en ferons ce que nous voudrons. Nous en ferons notre monde. Il y a peu, lorsque la folie humaine a failli nous tuer, un vieil ami – qui se reconnaîtra, et que vous reconnaîtrez pour son goût pour les capes et son caractère dur comme le métal – m’a dit des mots forts. Lui aussi avait un rêve, et nous nous sommes disputés pour nos différences. Il m’a alors confié que cela ne pouvait durer. Les Humains, aussi fous pense-t-il qu’ils soient, aussi faillibles mais nobles que moi je les considère… les Humains ne sont pas prêts pour nous. Les Humains ne nous accepteront pas en l’état, même en montrant notre héroïsme et notre grandeur. Les Humains ne nous acceptent pas en leurs pays ; et nous Mutants souffrons. Changeons, alors. Si leurs pays ne nous veulent pas… formons le nôtre. Formons notre pays. Formons notre foyer. Formons notre avenir ; avec eux, mais en nous centrant sur nous. Et même si je suis triste de délaisser mon rêve – j’ai conscience que mon ami a raison. Trop longtemps, nous nous sommes divisés. Trop longtemps, nous nous sommes abandonnés. Krakoa est une révolution. Et cette plante que je tiens, la première qui m’a été offerte par Krakoa après son accord, incarne cette révolution. Ce changement. Elle pousse lentement. Elle grandit doucement ; étape par étape. Comme nous. Comme notre pays. Comme notre âme. Comme notre Nation. Comme notre foyer. Comme notre Mutanité. »
Il acquiesce doucement, et repose la plante puis ouvre les bras.
« J’ai conscience de trop parler – mais nous tâtonnons en tout. Nous découvrons tout, ensemble. Car c’est désormais notre mode de vie. Plus d’abandon. Plus de solitude. Plus de souffrance inutile. Les Mutants, ensemble. Le futur, ensemble. Krakoa, ensemble. Et, un jour… le monde. Ensemble ! »
Le Professeur X sourit, et applaudit la foule – puis laisse la main. La fête continue. Et elle se doit de continuer sans lui en avant.
* * *
Égypte, il y a un mois.
Les pyramides. Fascinants édifices qui n'ont eu de cesse d'intriguer. Étudiés depuis des milliers d'années, et pourtant toujours entourées de mystères. La plupart ne seront jamais élucidés. Quant à certains de ceux qui ont été découverts... Peut-être aurait-il mieux valu qu'ils ne soient jamais révélés.
Apocalypse est de ceux-là.
Dans les profondeurs de l'un de ces majestueux monuments sommeille le Premier des Mutants. En ces lieux qui auraient dû être ceux du dernier sommeil, il se repose - attend son heure. Fait en sorte que ce corps qui l'abrite dure un peu plus longtemps, le porte un peu plus loin avant qu'il l'oblige à trouver un remplaçant. Ses plans sont ourdis, ses idées arrêtées - comme toujours. Il ne s'agit plus pour lui que de choisir le bon moment. Comme nombre d'immortels, il n'est pas pressé, et estime avoir tout le temps devant lui. Il pense avoir tout prévu, tout planifié.
Le message psychique qui arrive jusqu'à lui ne l'était pas. Un appel, un signal à l'intention de tous les mutants - lui inclus. Un sésame pour le paradis. Pour un monde qui n'appartient qu'à eux. Les plus forts d'entre tous.
Pleinement éveillé, En Sabah Nur se redresse - et sourit ; sait quelle sera sa prochaine étape. Ses mains prennent appui sur les accoudoirs de son trône de pierre pour lui permettre de se hisser sur ses pieds, de se dresser de toute sa hauteur face aux formes accroupies devant lui - ceux qui vivent dans son ombre.
Et qui, pourtant, annoncent sa venue.
▬ Enfin. tonne sa voix caverneuse, qui se réverbère dans toute la voûte. Enfin ils ont commencé à comprendre ce qui doit être fait. Nous allons les y aider. Mettons-nous en marche... Mes Cavaliers.
Attilan, Zone Bleue de la Lune. Maintenant.
Deux hommes se tiennent près d'un télescope. L'objet ne paie pas de mine, n'est pas d'une facture exceptionnelle. Il suffit, pourtant - à observer toute chose sur Terre sans devoir s'y rendre ; risquer leur vie dans cette pollution qui leur est insoutenable.
L'un cède la place à l'autre derrière l'objet, le laisse se positionner face à la lunette et voir de ses yeux ce qu'il voulait lui montrer. Cette île qui ne figure sur aucune carte ; cette île qui est vivante et se meut comme un homme. Cette île qui est désormais habitée. Qui porte en son sein une nouvelle nation ; peut-être un nouveau royaume. Un royaume mutant.
Les mains derrière le dos, Maximus ne se sent pas obligé d'ajouter quoi que ce soit ou d'insister d'une quelconque façon. Cette vue suffit - en dit plus que tous les mots qu'il pourrait prononcer, que tout le venin qu'il pourrait y injecter. Si rompu soit-il à la manipulation et aux manigances, il sait n'en avoir pas besoin ici, pas cette fois. Qu'une fois n'est pas coutume, son frère et lui sont sur la même longueur d'ondes. Les mutants ne sont pas seuls à s'unir face à la perspective d'un danger imminent. Un long moment passe sans que rien ne bouge. Fatiguant de ce silence qu'il n'a, lui, aucune raison d'observer, il finit par se racler la gorge. ▬ Tu vois, mon frère, je ne t'avais pas menti. fait-il d'une voix de laquelle il ne cherche même pas à enlever l'évidente satisfaction. Ces chers mutants ont apparemment fini par trouver un terrain d'entente... Ce qui les rend plus dangereux que jamais. Comptes-tu les laisser faire sans réagir ?
Blackagar Boltagon ne dit rien. Il grogne - non ; émet un son de déplaisir, le plus infime qui soit. Moins qu'un murmure, pas même un souffle. C'est suffisant pour faire trembler la salle du trône, chanceler les torches qui l'éclairent. Ce n'est que la première secousse à laquelle il leur faut se préparer.
Alberta, Canada, il y a quelques jours.
Un cercle de lumière apparaît au milieu des vastes étendues de neige. La région n'est pas hospitalière. C'est bien ce qui en a fait l'endroit idéal pour abriter une base secrète.
Dans le rayonnement apparaissent deux silhouettes. Deux mutants - deux X-Men. Cyclope et Magik. Comme tous ceux capables de se téléporter, cette dernière a été mise à contribution plus souvent qu'à son tour au long des dernières semaines. Maintenant que le réseau des Portes est actif, elle pensait enfin pouvoir se reposer - mais son chef d'équipe avait apparemment une dernière course à lui faire faire.
Elle lui adresse un regard suspicieux. Tout d'abord parce qu'elle ne voit pas ce qui a pu le motiver à venir ici, au cœur de cette blanche désolation, mais aussi parce qu'il s'est changé avant de venir - a endossé le costume qu'il réserve habituellement à ses sorties avec les Avengers. Pourtant, elle ne pose pas de questions. C'est ce qu'il apprécie chez elle. Il espère de tout cœur ne pas abuser de cette confiance.
▬ Je n'en ai pas pour longtemps, lui dit-il alors qu'il commence à s'éloigner, sachant visiblement où il lui faut aller. Si quelqu'un vient par ici... ▬ Je m'en occupe. le coupe-t-elle, les deux mains sur le pommeau de son immense épée - la Soulsword, le symbole de son pouvoir sur les Limbes. Fais ce que tu as à faire. J'aimerais éviter de geler sur place.
Il lui adresse un léger sourire et, sans plus attendre, s'enfonce dans la toundra canadienne. Et en effet, il ne lui faut pas longtemps pour arriver à destination, ayant simplement voulu que celle-ci soit hors de vue à leur arrivée. Pour qu'Ilyana continue à ne pas questionner ses directives, encore faut-il ne pas lui donner de raison de le faire - et lui demander d'apparaître directement dans les anciennes installations du projet Weapon X aurait peut-être été un peu trop, même pour elle.
D'un tir rapide et précis, il fait sauter la porte du complexe et pénètre à l'intérieur... Pour le trouver tel qu'il est censé être : couvert de poussière, abandonné depuis des années, mis à mal par une évasion mouvementée. Rien qui indique que quelqu'un ait pu vivre ici - récemment encore moins. Ses épaules s'affaissent. Il devait en avoir le cœur net, n'a pas fini de vérifier ce qui est encore vrai - encore réel - et ce qui ne l'est pas. Voilà qui finit de prouver que sa révolution n'a jamais commencé. Peut-être devrait-il en être soulagé.
Pourtant... Alors qu'il s'apprête à ressortir, à laisser derrière lui cette place-forte d'une rébellion qui n'a pas eu lieu, il lui semble percevoir une vibration dans l'air. Un son distant, comme une vieille mélodie familière à son oreille mais dont il aurait oublié les paroles, fredonnée non pas par quelqu'un mais par tout ce qui l'entoure. Par le monde - non, par l'existence entière. Une sorte d'hymne à la vie. Et à mesure qu'elle le berce, il finit par en percevoir la source.
Doutant de trouver un ascenseur fonctionnel ou même un escalier, il perce le sol d'un faisceau et se laisse tomber à l'étage inférieur - et répète l'opération jusqu'à ce qu'il reconnaît comme étant le dernier niveau. Celui-là même où celui qui deviendrait Wolverine était jadis détenu. Celui-là même où il a pris la décision de déclarer la guerre au monde. Celui-là même où, dans la pénombre, lui quelque chose qui ne devrait pas être là - qui n'appartient pas à cette planète. Quelque chose qu'on a essayé de leur prendre, de leur dérober, de détruire devant eux, alors même que c'était leur dernière chance - leur ultime espoir de tout arranger. Sans que rien ne l'explique, un Œuf brille dans l'ombre - et il brille du Feu de la Création. Un secret qui s'annonce difficile à garder, car il pourrait détruire l'univers autant que le sauver. Le Phénix ne fait pas les choses à moitié.
▬ Te voilà, vieil ami... Tu te souviens de moi ?
récapitulatif des actions:
→ Xavier contacte Scott télépathiquement pour lui faire savoir « qu'il est temps ». → Il échange quelques mots avec Wolverine, déclare lui faire confiance pour surveiller les entrées, et s'engouffre vers le cœur de l'île. → Apercevant Nathan en chemin, il prend note de son changement physique et lui adresse quelques mots « mentalement », lui indiquant qu'ils se verront plus tard. → Il prend place sur une estrade et une légère alerte psychique tourne vers lui l'attention de la foule. → Il prononce un discours, qui ne sert en fait que d'introduction à celui de nul autre que Charles Xavier. → Celui-ci prend le relais, révélant son rôle dans le projet, exprimant ses intentions pour Krakoa et les mutants en général. → Après ces quelques mots, la fête peut reprendre !
Épilogue(s) → En Égypte, dans les confins d'une pyramide, Apocalypse est tiré de son sommeil par l'appel à tous les mutants lancés par Jean. Il salue l'initiative des mutants, et entend y contribuer à sa manière. → Depuis la Lune, les Inhumains observent la nouvelle situation des mutants avec inquiétude, Maximus s'enquérant de ce que Black Bolt projette de faire à cet égard. → Quelques temps plus tôt, Cyclope se rend au Canada, dans l'ancienne base Weapon X, pour vérifier qu'il ne reste rien du QG qu'il y avait construit dans « sa » réalité... Et y trouve un Oeuf de Phénix qui l'attendait sagement.
Merci à Dane pour la partie de Xavier !
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