Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Ven 28 Jan - 14:05
New York.
La bonne vieille ville, connue du monde entier. Le cœur économique, culturel mais aussi politique de l'Occident. La Grosse Pomme. Le foyer des super-héros, mais aussi des super-vilains.
Là où tout se fait, tout se vit.
Là où l'on peut se faire dévorer par un monstre de l'espace, protégé par un Mutant griffu, accompagné par un voisin sympathique arachnéen. Là où, aussi, l'on peut également... subir un puissant souffle musical, au-dessus des avenues bondées.
Souffle musical matinal:
Un son intense accompagne en effet une traînée de fumée, heureusement sans pollution. Un excès d'amendes municipales et de procès communautaires ont poussé le responsable à supprimer toute conséquence néfaste pour l'environnement. Bon, ça l'intéresse aussi, de sauver la planète ; mais surtout de ne pas payer d'amendes. Quand même.
Iron Man file au cœur de New York, en ce début de matinée d'hiver.
Il fait froid. Le Soleil se lève à peine. Il est 9 heures et 12 minutes. Cela fait 36 heures et 14 minutes qu'il n'a pas dormi ; ça va. Vraiment.
Ça va parce qu'il vient de finaliser une séance de 14 heures, bloqué dans un sas de pressurisation pour plongeurs. Ce grand tube qui permet aux plongeurs remontés trop vite de s'adapter à la pression. 14 heures, donc ; sans sortir. Sans personne à qui parler. Juste lui. Juste Tony Stark, et ses pensées.
C'était super. Absolument terrifiant – mais super. Ça lui permet de fixer ses pensées, de calmer son hyperactivité, d'apaiser ses angoisses ; c'est super.
C'est super que ça soit fini, bien sûr.
Tony Stark entendait alors se coucher, mais quelques vérifications sur des graphiques et des données qui lui tiennent à cœur l'ont poussé à mettre l'armure. Enfin, l'activer. Le Modèle 51 est fait de nano-robots qui, en état de pause, ont la forme d'un bracelet. Une pensée suffit à l'activer, pour que l'armure entière le recouvre.
C'est cool. C'est lui. Evidemment.
Le voici alors au cœur de New York, à se précipiter vers... une zone neutre. Un quartier anonyme. Un immeuble anodin. Mais qui lui tient à cœur.
Un immeuble qui contient un appartement qui l'intéresse.
Un appartement loué, par quelqu'un qui... lui tient à cœur. Quelqu'un d'absent. Quelqu'un de disparu. Quelqu'un dont les salaires de l'Armée ont été suspendus, évidemment. Quelqu'un qui aurait perdu son appartement, si les loyers n'avaient pas été réglés.
Tony s'en est souvenu. Tony s'en est occupé.
Les échéances ont été payées. Les consommations d'électricité et d'eau et de gaz ont été payées. Le courrier même a été récupéré, et ordonné au sein de l'appartement. Dans des tas ; parce que Tony aime les tas. Ça l'aide. Ça l'organise. Ça le cadre. Il n'y a jamais été, mais il a envoyé quelques robots ; mais chut, les brevets ne sont pas encore déposés.
Tony a relevé, sur les consommations en direct, un pic ; plusieurs pics. Il y en a eu plus. Il y en a eu. Il y a quelqu'un. Il y a elle.
Elle est revenue.
Sans attendre, l'inventeur s'est alors pressé pour arriver – et il arrive, donc. Dans un style particulier.
Discret, surtout.
L'immeuble tremble quand il atterrit sur le toit, mais le bâtiment tiendra ; normalement. Bon, si. Les relevés disent que si.
Sans un mot, encore, Tony s'avance, ouvre la porte de l'escalier et descend les escaliers pour rejoindre le dernier étage ; son étage. Il évolue ainsi dans le couloir, ses pas lourds heurtant le sol.
Et, lentement, il donne l'ordre mental pour retirer l'armure... et retrouve la parole, calmement.
« Susan, il est 9 heures et 17 minutes. Je viens d'exploser mon propre record pour arriver ici rapidement, et j'en suis positivement ravi. »
Il marche plus calmement, alors que l'armure redevient un bracelet. Son regard, lui, est concentré sur sa montre – et un écran, dessus.
« Jane, je nierais avoir dit ça devant un juge, mais sache que j'ai accès aux caméras de la ville – et aux caméras personnelles. Oui, même celles installées par le SHIELD chez toi. Je. Te. Vois. »
Il la voit, oui. Chez elle. Dans son appartement. Dans son lit.
Tout au fond de son lit, pour être précis.
« Et... oui. Je continuerais à t'appeler par tes deuxièmes prénoms, tant que je ne verrais pas ton visage, très chère. C'est non négociable. Tout comme le fait que tu as... 21 minutes pour te préparer. Et ça va être chaud, hein. Je parle douche, déo, nouveaux habits. Parce que, dans 26 minutes, nous petit-déjeunons dans le café hyper branché et select qui a ouvert à une rue d'ici. Ça aussi, ce n'est pas négociable. »
Tony s'arrête devant la porte de son appartement, et forme un grand sourire en soufflant. De soulagement. Elle... est revenue, pense-t-il.
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Lun 31 Jan - 18:27
Il était neuf heures passée et Carol était toujours dans son lit. Ce qui, en soit, n’était pas un news digne de la première page. Des tas de gens dorment plus tard que ça encore quand ils le peuvent. Les grass’ mat’ tout ça, tout ça, ça se fait quand même pas mal, non ? Ouais. Seulement pas pour elle.
Des années passées dans le cadre militaire d’une carrière plus que carrée ont fait de Carol une éternelle lève-tôt. L’aurore se lève, les oiseaux chantent, les taxis klaxonnent dans les rues, et Carol se lève. C’est une loi presque universelle à ce stade. Sauf que voilà. Il était neuf heures passé, presque la demie, même, et Carol était toujours au fond de son lit à essayer de faire une liste des grasses matinées qu’elle avait pu faire dans sa vie. Sachant que sa mémoire était toujours défaillante, la tâche n’était pas aisée, mais elle avait cette impression plutôt fataliste qu’à chaque fois qu’elle s’était autorisée un peu de sommeil, la journée finissait en catastrophe.
Et justement, tout le problème était là. Parce qu’elle ne se rappelait pas. Plutôt, elle ne voulait pas se rappeler. C’était sa propre conclusion, son diagnostic, docteur. Elle ne voulait pas se rappeler. Quand elle essayait de pousser, il y avait cette voix pernicieuse qui s’élevait en elle, armée d’angoisses en tout genre pour la rappeler à l’ordre sèchement. Pas plus tard que la veille, Carol avait passé deux heures devant son ordinateur, les doigts figés au-dessus de ses touches. Prise d’inspiration soudaine, elle avait voulu taper son propre nom sur internet, et en retour, son cœur s’était emballé, son esprit s’était enflammé.
Non. Ne cherche pas.
Sauf qu’aller de l’avant quand on ne sait même pas ce qu’on laisse derrière ? Pas évident, du tout. Et plus Carol se demandait, plus elle se sentait angoissée à l’idée de savoir. Parfois, elle savait qu’elle était sur la ligne, qu’il lui suffirait de basculer sur le côté, de faire un seul petit pas pour que tout se révèle, mais elle n’y arrivait pas. Elle vivait dans un monde de paradoxes, où se demander comment cela se faisait qu’elle ait toujours son appartement après des semaines de disparition relevait du danger mortel, mais par contre, écrire un nouveau livre sans se rappeler avoir écrit le précédent ne dérangeait absolument pas son esprit.
Carol étouffa un grognement et se tourna sur le dos, toujours enfouie sous sa couverture. Elle sentait qu’elle arrivait à la fin de sa fuite et que bientôt, elle n’aurait d’autres choix que de faire face à ce qui lui courait après. Elle ne savait absolument pas comment se préparer et en signe de protestation ? Et bien, elle allait rester couchée. Chef, oui, chef.
Elle ferma les yeux pour essayer de se rendormir – ou faire semblant, au moins. C’est là que la voix s’éleva.
Carol se redressa aussitôt, le cœur battant la chamade, les cheveux en bataille et les yeux écarquillés. Ah ! pensa-t-elle malgré elle. Top 5 des pires journées qui ont commencé avec une grass’ mat’. En première place…
Sauf que le truc ? C’était que cette voix, elle la connaissait. Oh, elle la connaissait vraiment bien, si bien même que la curiosité la fit bondir hors de son lit au lieu de la laisser plier sous le coup de la voix lugubre cette fois.
(N’y va pas. C’est rien de bon. Reste dans ton lit.)
Chef, non, chef. Carol se précipita hors de son lit, manqua de s’étaler de tout son long par terre quand la couverture s’emmêla dans ses jambes, et recouvrit avec grand peine son équilibre tandis qu’elle clopinait vers sa porte d’entrée.
Susan. Jane. Le SHIELD.
Elle entrait en territoire dangereux.
Mais sa main ne trembla pas quand elle tendit le bras pour tourner la poignée de sa porte. Elle l’ouvrit si fort que le battant rebondit contre son mur et qu’elle dût la retenir pour ne pas qu’elle se referme sur l’homme qui l’attendait de l’autre côté. Un homme qu’on ne mettait pas dehors juste comme ça.
« Tony Stark, » bafouilla-t-elle. Elle vécut alors une sorte de projection astrale très rapide, un moment très gênant où elle se vit de l’extérieur, encore en pyjama, couronnée d’une tignasse emmêlée et arborant un air plus que confus. Elle avait l’air d’une idiote. « Uh. »
Ses yeux se baissèrent instinctivement vers le poignet de son illustre visiteur.
« Iron Man, » rajouta-t-elle.
On se connait ? voulait-elle dire, mais quelque chose l’en empêcha. Pas la voix qui lui hurlait de faire demi-tour, de retourner dans le cocon protégé de son lit, non, mais une autre. Une autre qu’elle n’avait pas entendu une seule fois depuis son retour après la défaite de Thanos.
Elle croisa les bras, haussa un sourcil et jaugea du regard l’homme devant elle.
« Alors comme ça, on espionne les femmes dans leurs lits ? »
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
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Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Mar 1 Fév - 16:59
Il… attend.
Tony Stark attend. Tony Stark patiente. Tony Stark prend sur lui. Il essaye, en tout cas.
C’est nouveau, pour lui. C’est rare, pour lui. Attendre. Patienter. Laisser l’autre venir. Faire un pas vers l’autre ; en acceptant son rythme. Différent.
« Hrm. »
Il grogne. Hé, il ne peut pas tout gérer, en lui. Quand même.
Il attend. Dieu qu’il déteste ça !
Il attend. En faisant les cent pas. En évitant de regarder constamment l’écran de sa montre connectée, pour voir la réaction de Carol Danvers à son annonce. Enfin ; il essaye d’éviter.
Il attend. Et il ne cesse de bouger la tête, dans toutes les directions ; pour vérifier que personne ne vient. Pour vérifier que tout se passe bien. Pour une fois. Ça changerait.
Oh, bien des idées passent dans sa tête. Elle ne viendra pas. Elle n’ouvrira pas. Elle lui en veut encore. Pourquoi ? Pour tout. Pour rien. Pour lui.
Pour Ulysse. Et cette fichue guerre civile, dirigée dans l’ombre par ce Steve Rogers maléfique ; Captain Hydra. Brrr. Pour les A.A., aussi. Et ce piège qu’elle a ressenti, quand il l’a poussée, jadis, à rejoindre les Alcooliques Anonymes, alors qu’elle en avait besoin. Pour… il ne sait pas ; mais il trouvera. Elle trouvera, aussi. Les femmes de sa vie ont la fâcheuse habitude de développer une formidable imagination, pour lui en vouloir. Longtemps.
Mais.
Alors que ses pas commencent à creuser une tranchée, dans le couloir. Alors qu’il récite le tableau périodique des éléments pour se calmer – une troisième fois ; en sens inversé. Puis aléatoire. Alors que sa patience s’érode.
La. Porte. S’ouvre.
« Oh. »
Et il se tourne, alors. Et il revient. Et il la voit.
Et il l’entend, surtout.
« Ooooh. »
Et il comprend.
Son regard se perd sur la silhouette ébouriffée, troublée, perdue de Carol Danvers ; oui. Perdue. Paumée, définitivement.
Il la voit. Il l’entend. Il comprend.
Elle… c’est elle, oui. C’est bien Carol Danvers ; Captain Marvel. Anciennement Miss Marvel. Anciennement Warbird. Anciennement Binaire. Anciennement Miss Marvel ; oui. Ancienne directrice de la sécurité d’un foutu site de la NASA. Oui.
C’est Carol Danvers. Mais… Mais, oui.
Mais quelque chose ne va pas. Il le voit – il le sent. Dans son regard. Dans son attitude. Dans sa posture. Même dans ses mots.
Iron Man, hé ? Nan. Ça ne prend pas. Ça ne va pas. Elle… ne va pas.
« Je… l’ai dit. Je contesterais devant un Juge toute déclaration que j’ai pu faire – bien que je l’ai faite dans l’intérêt général ! Réveiller Captain Marvel ? Ouaip, m’sieur le Juge ! Intérêt général. Service public. Dis, tu crois que je peux avoir une réduction d’impôt, pour ça ? Mmh ? »
Il sourit. Il parle, d’une voix enjouée, joviale ; mais. Mais, oui.
Mais il sent que Carol… n’est pas sa Carol. Il croise calmement les bras, et sourit, en continuant son petit discours.
« Eeeeet… je dois avouer que j’ai TELLEMENT entendu Rhodey parler du chaos qu’est ton appartement, que c’est comme si je le connaissais. Est-ce espionner, que de découvrir ce qu’on connaît ? Allez, nouveau sujet pour le bac, banco ! »
Discrètement, Tony lance quelques ordres mentaux à son armure, alors bloquée dans son bracelet ; mais FRIDAY, son intelligence artificielle, les entend. Elle les suit, et analyse alors Carol Danvers – c’est bien elle. Pas un double. Pas un clone. Pas un Skrull, surtout.
« Mais… tic-tac, Captain Crochet Merveilleux ! Il reste 23 minutes pour rejoindre la réservation, et donc 18 minutes pour te préparer. Tu penses pouvoir le faire, ou je dois appeler Jess’ pour t’aider ? »
Il sourit encore – mais il la teste. Il teste ses connaissances. D’abord en évoquant Rhodey, alias le petit-ami régulièrement irrégulier de Carol. Puis maintenant Jess’, alias Jessica Drew, meilleure amie de la jeune femme.
Tony la teste – car il pense savoir ce qu’elle a ; et il sent déjà son cœur se serrer. De peine. Et de culpabilité.
Si c’est bien cela… si Carol a bien une mémoire amputée, comme de nombreux Ramenés du Snap… Alors, cela vient de lui. Alors, c’est de sa faute.
Une fois de plus. Une fois… de trop, pour son cœur bien plus maltraité par les aléas de la vie, que par ce fichu shrapnel qui a tout changé, jadis !
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Mar 1 Fév - 18:27
Captain Marvel.
Une vague de fatigue comme elle n’en avait jamais ressenti – tout du moins pas dans ses souvenirs – s’empara de Carol. Tenir debout lui sembla soudainement un peu trop dur pour elle, alors elle s’accrocha un peu plus à la porte, les doigts crispés. Dans son esprit, ses pensées s’entrechoquaient et le bruit était assourdissant et débilitant. Elle voyait les lèvres de Tony Stark bouger, elle voyait son regard et elle réalisa avec une clarté déstabilisante qu’il faisait la comédie. Il lui était réellement familier, de ses intonations jusqu’à son regard, sa façon de bouger, ses haussements de sourcils malicieux…
Et bon sang, Carol était épuisée.
« Stop, » finit-elle par dire en levant la main pour le faire taire. « Juste… S’il vous plaît. »
Elle se pinça l’arête du nez et ferma les yeux un bref instant.
Captain Marvel.
Rhodey. Jess. Est-ce espionner, que de découvrir ce qu’on connaît ?
Carol releva la tête et dévisagea Tony Stark. Il lui fallait se rendre à l’évidence. Sa vie avait été plutôt relaxante et détendue depuis son « retour ». Cet homme devant elle, volontaire et déterminé, avait claqué des doigts et Carol, ainsi que des millions d’autres personnes, étaient revenues, et la vie avait repris son cours. Et quel cours calme et paisible… ! En dehors des angoisses aléatoires, des sessions de rongement d’ongles devant les news le soir, honnêtement, Carol n’avait pas à se plaindre. La vie était simple et banale, et … dénuée de toute responsabilité.
« C’est vous qui avez payé mon appart’ pendant tout ce temps, n’est-ce pas ? »
Elle tiqua. Le vouvoiement n’allait pas à Tony Stark, et pourtant, un homme de son envergure, on se lance pas dans le tutoiement dès qu’on croise son chemin.
Une fois de plus, Carol se tenait au bord du précipice qu’elle avait évité depuis sa réapparition. Sauf que cette fois, le sol s’écroulait sous ses pieds et elle n’avait plus l’option de fuir. Elle sombrait dans les abysses et la chute était presque… Familière. Elle avait toujours su ce qu’elle trouverait au fond, réalisa-t-elle. Et c’était bien pour cela qu’elle s’était gardée d’y retourner.
« Ah, » laissa-t-elle échapper en détournant le regard, un léger sourire dénué de joie aux lèvres. « Bordel. »
Elle s’écarta de la porte après avoir jeté un nouveau regard en direction de Tony en guise d’invitation muette à entrer et se dirigea elle-même vers son canapé. Elle vit d’un œil nouveau le bazar qui régnait dans son lieu de vie, les vêtements, la vaisselle pas faite, et (j’ai TELLEMENT entendu Rhodey parler du chaos qu’est ton appartement) cela l’agaça au plus haut point.
« Je te proposerai bien un verre, histoire de faire passer la pilule, mais je crois … Je crois que c’est pas notre truc, ça, je me trompe ? » lança-t-elle par-dessus son épaule avant de se retourner vers Tony, debout au milieu de son salon. Elle jeta un regard circulaire autour d’elle, un regard perdu et un brin dépassé. Puis elle se ressaisit et inspira profondément avant de reprendre.
« Dix-huit minutes ? Il va m’en falloir au moins la moitié rien que pour me démêler les cheveux. Si je saute l’étape de la douche, ça m’arrangerait que tu fasses comme si de rien n’était. Histoire de sauver les apparences. »
Elle lui adressa un sourire avant de se laisser choir sur son canapé, complètement découragée. Tout voulait lui revenir, mais… elle avait peur, réalisa-t-elle. Terriblement peur de retrouver tout ça, même alors qu’elle savait pertinemment ce que ça était. Elle avait souhaité, elle le savait, que tout soit différent. Dans une autre vie, elle avait rêvé qu’elle ne soit pas ce qu’elle était réellement, et maintenant, elle faisait comme si.
Le hic, voyez-vous, c’était qu’elle restait Carol. Elle ravala la boule dans le fond de sa gorge et alla aux devants des problèmes, tête baissée.
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Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Mer 2 Fév - 8:06
Elle parle.
Elle répond. Elle s’ouvre. En ne disant rien ; ou si peu. Mais beaucoup. Pour lui. Pour quelqu’un qui la connaît. Non.
Pour quelqu’un qui connaît C… aptain Marvel. Car elle est Carol Danvers, oui. Mais est-elle Captain Marvel ? Pas sûr. Sûr que pas sûr.
Tony Stark reste de marbre, devant elle. Alors qu’elle parle. Alors qu’elle réagit. Alors qu’elle lui donne quantité d’informations, sur elle ; sur son état. Présent.
Son visage se ferme, instinctivement. Il sait.
Il sait que quelque chose ne va pas. Elle le confirme elle-même. Vous, hein ? Elle le vouvoie. Elle évoque la boisson, sur un tel ton ; d’une telle forme. Ouais. Ça ne va pas. Vraiment.
« Stop. »
Sa voix à lui est calme, posée ; mais le ton est franc.
Il reprend ses mots, à elle. Il essaye de se calmer, lui. C’est difficile. Il est hyperactif. Il est… beaucoup de choses en –if ; ça fait la fortune de plusieurs psychiatres. Et de leurs psychiatres, à eux. Bref.
Il est excité. Il est troublé. Il voit un problème ; il veut le régler. Il se force à se calmer. Dieu que c’est dur. Dieu qu’elle le mérite.
« Pardon. »
Un léger sourire glisse sur ses lèvres.
« Et… oui. En fait. Oui. »
Il s’avance, au cœur de l’appartement. Après cette invitation tacite, mais qui le touche – d’autant plus après tout ceci ; cette découverte. C’est Carol. Mais pas Captain Marvel. Bigre.
Il arrive, alors. Il rentre. Il… est surpris.
Et ça se voit.
C’est une chose de voir des images, via les caméras et les drones. C’en est une autre d’y être. Et il y est. Dans l’appartement de C… arol Danvers ; wow.
Bien des mots viennent dans son esprit, mais il n’en dit aucun. Car quasiment tous concernent Rhodey. Et… non. Non, non, non. Non.
Pas encore. Pas maintenant. Pas ça, non.
« J’ai… pris en charge les loyers, et les consommations d’énergie. C’est… grâce à cela, que j’ai identifié votre présence. Le pic de consommation. Bref. »
Il souffle, et grimace. Il la voit s’installer sur le canapé, s’abandonner ainsi ; si lasse. Si vaincue. Si… Carol. Si peu Captain Marvel. Arf.
« Mmh. Oui, ces… seize minutes semblent un peu ambitieuses, pour un tel programme. Et… je n’aimerais pas que les anonymes de la rue bénéficient du spectacle peu flatteur d’une Carol Danvers seulement à demi merveilleuse. Hé, c’est une question de marque, de fierté. Et de service ! Ils méritent un peu plus. »
Il sourit. Il ne peut pas s’en empêcher. L’humour. Meilleure arme de drague. Meilleur bouclier, aussi.
« Je m’en occupe. »
Et, sans attendre, il touche le bracelet à son poignet. Le bracelet change.
Une partie du Modèle 51 s’active. Il enchaîne en… bougeant sa main gantée, comme s’il lançait quelque chose, vers le mur. Il ne tient rien ; et pourtant.
Et pourtant, un hologramme est projeté au mur. Avec le site Internet du restaurant concerné, et notamment leur carte.
« FRIDAY, annule la réservation et sollicite notre partenariat avec ces formidables et épuisants livreurs à vélo, qui bénéficient d’un salaire et tout et tout. Miss Danvers et moi nous faisons livrer, ici. »
« Reçu, boss ! »
Tony se tourne alors vers Carol, et grimace légèrement en se grattant l’arrière du crâne. Vieux réflexe de gêne. Vu ô combien de fois par l’amie qu’elle est ; qu’elle a été. Peu importe.
« Hem… que voulez-vous ? »
Il avait réservé ses plats favoris ; il n’en parle pas, là. Trop tôt. Trop sensible.
« Et… oui. Ouais. Captain Marvel. Humf. On… ne va pas se mentir, hé ? Je… crois qu’il y a… une problématique, là. »
Il grimace, encore.
« Les souvenirs. Hé. »
Il s’avance, en se tenant toujours à distance. Et vient caler son épaule contre un pan de mur. Il croise les bras. Il croise les jambes. Il se met en équilibre. Il essaye d’être classe ; il essaye d’être Cap’ – l’autre. L’homme. Deuxième Guerre Mondiale. Rassemblement ! Et tout. Bref. Cap’. Classe. Rassurant. Apaisant. Bon. Gentil. Réconfortant. Bon sang, comment il fait ?! Bref.
« Je… comprendrais votre refus ; mais oui. Vous êtes Captain Marvel. Et… nous nous connaissons. Bien. Et oui, la boisson… est une difficulté, pour nous. Donc… je comprendrais votre refus. Mais je dois vous demander. Miss Danvers. Carol. De quoi… vous souvenez-vous ? »
Son cœur se serre, à ses mots. La culpabilité rôde. Les remords règnent. Le spectre d’Howard revient. Pas assez bon, p’tit ! Pas assez bien ! Incapable de finir les détails ! Ouais. Il risque de s’en rendre compte, bien assez tôt…
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Jeu 3 Fév - 0:36
Carol trouva le spectacle de cet homme, à la fois étranger et familier, qui naviguait entre une gêne sans aucun doute profonde et divers mécanismes de défense bien plus intéressant que l’impressionnante technologie qu’il lui dévoila. Si bien qu’elle ne jeta qu’un bref regard vers l’hologramme affiché sur le mur de son salon, où les plats et les boissons faisaient disparaître le relief des photos génériques qu’elle avait encadrées. Elle repéra rapidement ce qu’elle aimait et ne chercha pas plus loin, trop obnubilée par son étrange invité.
« Je vais prendre un club sandwich poulet œuf bacon, » dit-elle sans le quitter du regard. « Avec un grand latté. »
Elle bût du regard la moindre réaction qu’elle pouvait repérer sur le visage de Tony Stark alors que les questions l’assaillaient sous forme d’un ouragan dévastateur.
Avait-elle un jour commandé la même chose avec lui ? S’y était-il attendu ? Que voyait-il quand il la regardait ? Etait-elle pire qu’avant ? Mieux ? Juste… trop différente pour qu’il se fasse une idée ?
Elle jeta un autre coup d’œil rapide vers la carte puis reporta son regard sur lui.
« Je paierai ma part, évidemment. » Elle esquissa un sourire. « C’est maigre et ça ne fait pas le poids, mais c’est pour vous… te remercier, pour l’appart. » Elle désigna la pièce autour d’elle. « J’aime beaucoup cet appartement. Il est pas exceptionnel, mais… c’est chez moi. Et je me rappelle avoir toujours eu certaines difficultés avec cette notion… Le chez moi. »
Elle reporta son regard sur lui et elle le dévisagea quelques instants avant de reprendre.
« Je crois que j’aurais détesté que tu m’appelles Miss Danvers. Ce n’est pas vraiment un souvenir. Plus une certitude, disons. »
Elle lui adressa un petit sourire tout en se redressant sur son canapé, les épaules droites et la posture indubitablement militaire. Elle avait perçu, sans même s’en rendre compte, la prestance que Tony avait essayé de se donner, cette posture qui n’était pas vraiment à lui et qui ne dégageait pas vraiment ce qu’il dégageait lui, et elle y répondait, tout aussi inconsciemment. Dans une autre vie, elle avait pris cette posture des centaines et des centaines de fois, car bien que son identité civile et celle de Captain Marvel étaient ouvertement liées, il existait toujours des différences entre Carol Danvers et Captain Marvel. Sans le savoir, elle venait de passer de l’autre côté, d’adopter l’autre identité.
« Mes souvenirs sont flous, » avoua-t-elle sans plus de détour tout en se forçant elle-même à faire face au brouillard de sa mémoire - enfin. « Je me rappelle l’armée, la NASA… Je me rappelle Mar-Vell aussi, vaguement. Je me rappelle… »
Elle marqua une pause tandis qu’elle réalisait - enfin - combien sa mémoire était dépourvu de sens. Tout était découpé, sans lien, sans contexte… Les trous noirs n’avaient rien de normaux ou de logiques, et si elle avait passé les semaines de son retour à faire comme si, cela ne changeait en rien la vérité.
« Il y a cette voix dans ma tête, » reprit-elle, d’un ton plus posé, moins militaire, plus… honnête. Le ton qu’on emploie quand on se confie à un ami proche. « Une voix très persistante qui me dit sans cesse de ne pas chercher à creuser, de ne pas chercher à comprendre, que c’est bien mieux comme ça. » Elle posa sa main contre son cœur, les sourcils légèrement froncés. « Et si elle est si facile à écouter, c’est parce que… je crois qu’il y a une partie de moi qui est ravie de ces oublis. Qui estime que c’est bien mieux comme ça, et que peut-être ce que j’ai oublié n’aurait jamais dû se passer. »
Elle reposa sa main sur sa cuisse.
« Tu me dis que je suis Captain Marvel et… Je sens que oui. Je te crois, et je te fais confiance. Mais je crois aussi que peut-être… peut-être je ne devrais pas. Ou que peut-être… Peut-être que Captain Marvel ne devrait pas être Carol Danvers. »
Elle devina à la façon dont son cœur s’emballa qu’elle venait de toucher le cœur du problème, et avec cette réalisation, une vague de flashs lui traversa l’esprit. La poussière qui tombait autour d’elle, l’invasion de Thanos, ses regrets. La violence avec laquelle elle avait combattu Iron Man, armée de ses certitudes et de sa colère. Rhodey. Jess’, aussi.
« Mmmh. Je crois aux secondes chances, vois-tu. » Elle adressa un léger sourire à cet ami à qui elle avait tout fait subir. « Mais je pense qu’au bout de la quinzième, de la trentième, il faut peut-être se rendre à l’évidence : ça ne marche pas. »
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Jeu 3 Fév - 13:48
Il la fixe.
Il sait qu’il ne devrait pas – mais il le fait. Quand même. Evidemment.
Il la fixe. Avec son poing refermé, collé à ses lèvres. Vieux réflexe de réflexion. Vieux, vieux réflexe de concentration. Il déteste cela. Il déteste les réflexes. Mais c’est ainsi. Il la fixe.
Pendant qu’elle réfléchit. Pendant qu’elle cherche, quoi manger ; ce dont elle a envie. Il la fixe. Crispé. Plus qu’il ne le veut. Plus qu’il ne le doit. Il a… peur.
Tony Stark a peur, oui.
De ce qu’elle va dire. De ce qu’elle va aimer. De ce qui a pu changer. De ce qui change. De ce qu…
« HA ! »
Il ne peut retenir cette expression forte, qui s’accompagne d’un sourire immense. Qu’il aimerait aussi cacher ; mais bon. Ce n’est pas un domaine dans lequel il excelle. L’un des seuls, oui.
« C’est… bien. C’est très bien. C’est très, très bien. »
C’est ce à quoi il avait pensé. C’est ce que C… aptain Marvel prend, toujours ; prenait. Peu importe. C’est la même chose. Et ça lui fait très, très plaisir.
« Je commande ! »
Elle réplique, immédiatement. Elle veut payer. Il fronce les sourcils ; il ne veut pas. Il n’est pas d’accord. Elle n’a pas l’argent ; oui, il a accès à ses comptes. Il sait. Elle ne peut pas. Elle… Il ne dit rien.
« Okay. »
Il prend sur lui. Il manipule l’hologramme, sur le mur, transfère la commande à FRIDAY ; qui l’envoie au restaurant, et prépare le livreur. Tout est bon.
« Mais… hem. »
Tony souffle, secoue la tête et tourne le regard. Il soupire, encore. Il manipule son bracelet, et l’hologramme s’évapore ; le gant, aussi.
« Il ne faut pas. »
Il ramène lentement son regard vers elle. Il l’entend. Il l’écoute. Son visage se fige ; se ferme.
Il ne dit plus rien. Il la laisse parler.
Dieu que c’est difficile, pour lui. Dieu que ce n’est pas dans ses habitudes. Dieu qu’il le faut, ici.
Elle parle. Elle s’ouvre. Elle s’exprime. Elle s’explique.
Tony sent l’émotion poindre en lui ; il la contrôle. Autant qu’il le peut. Mais… ça se voit. Ça se voit, qu’il est touché – atteint. Pris, par le moment.
Elle parle. Elle le remercie. Elle aime l’appartement. Elle y est chez elle ; et c’est quelque chose, pour elle. Oui. Elle enchaîne. Elle n’aime pas le surnom, Miss Danvers ; il acquiesce, et forme un léger sourire, pour confirmer. Elle se souvient, aussi. Un peu. Du début. L’armée, oui. La NASA, oui. Mar-Vell, oui ; évidemment. Les blondes avec les blondes, hé ; bref. Et le reste…
Le reste ne le surprend pas ; mais l’attriste. Parce qu’il sait.
Tony Stark sait très bien quels démons rôdent dans l’esprit et l’âme de Carol Danvers ; et Captain Marvel. Le manque de confiance. La certitude de ne pas mériter. Le complexe de l’imposteur. Une quête perpétuelle pour être digne des attentes impossibles de pères nocifs, violents ; toxiques. Une vie entière de réussites, qui ne sont jamais suffisantes face aux ombres de ces paternels absents, et brutaux.
Ouais. Tony est attristé d’entendre ce qu’elle dit ; car il sait. Il sait ce qu’elle vit. Et, dieu lui pardonne… lui aussi n’aimerait ne pas se rappeler. A sa place.
« Je… »
Elle s’est arrêtée. Il s’est senti obligé de parler, mais s’interrompt. Incapable de trouver quoi dire. Lui ! Tony Stark. Le monde court à sa perte, clairement.
« Pardon. »
Un sourire doux accompagne ce mot, si rare dans sa bouche ; si précieux.
« Je… vois. »
Lentement, il s’approche d’une chaise ; non, un pouf, abandonné là. Il s’y assoit. Et pose un regard sérieux et ému, sur elle.
« C’est… un débat, en fait. Je dois bien l’admettre – c’est un débat public. J’ai mon avis dessus ; et il est positif. Mais oui, c’est un débat public : Carol Danvers doit-elle être Captain Marvel ? Des gens disent que non. Des gens sont nostalgiques de Mar-Vell ; voire même de Monica. Monica Rambeau. Bref. Des gens considèrent que t… que Carol Danvers ne devrait pas être Captain Marvel, oui. Et même si t… même si Carol Danvers a toujours dit que ça ne la touchait pas – je sais bien que c’est faux. Je l’ai toujours su. »
Il souffle, et hausse légèrement les épaules.
« Car… j’ai toujours eu l’impression que ceux disant qu’un inventeur et marchand d’armes ne devrait pas être dans les Avengers – ben, j’ai toujours eu une petite voix, aussi, me disant qu’ils avaient raison. »
Un sourire usé accompagne ses mots.
« Mais… pardon, je ne sais pas quoi dire. Je crois… je crois qu’il y a plusieurs choses, ici. A observer. A analyser. A traiter. Promis, je ferais un tarif d’ami. »
Il livre un petit clin d’œil complice, puis reprend un air sérieux en retrouvant, aussi, une posture de réflexion ; de concentration.
« Tu… te souviens. Okay. Tu te souviens être Carol Danvers – ce qui est déjà super ; ce qui est grand. Je prends. Ça, je prends. Maintenant… maintenant, il faut savoir d’où vient ce blocage, en fait. Psychologique ? Emotionnel ? Autre ? »
Il souffle, et une ombre passe sur son visage.
« Est-ce que… Est-ce que le nom Thanos réveille quelque chose… ? »
C’est ambitieux. C’est audacieux. C’est dangereux. C’est beaucoup. Pour elle. Pour eux.
Car Thanos n’est pas uniquement celui qui a tué la moitié de l’Univers – jadis, et récemment. Ce n’est pas uniquement celui qu’ils ont affronté, et vaincu si difficilement. Thanos est aussi… Thanos a aussi…
Thanos a tué Rhodey, en pleine mission. Une mission dirigée par Carol ; alors qu’ils étaient en couple.
Jim est revenu, oui. Tony aussi, via une longue histoire. Mais… quand même. Thanos.
Thanos est un marqueur. Et même s’il le regrette… Tony est curieux de savoir ce que cela peut déclencher, chez elle !
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Ven 4 Fév - 17:45
L’hilarité soudaine qu’elle avait ressenti face à la réaction de Tony Stark quant au sandwich qu’elle avait commandé (un sandwich tout de même ! rire pour ça !) se diffusa rapidement quand il reprit la parole. Oh, elle aurait aimé continuer le jeu des questions, car même s’il ne le lui avait pas dit, elle l’avait compris, c’était à ça qu’ils jouaient. Elle aurait préféré parler de sa couleur préférée, ou de son pull préféré, sa chanson préférée… C’était un test qu’elle sentait pouvoir remporter haut la main, et si au passage elle faisait sourire Tony, c’était du tout bénéf, car elle avait l’impression que le faire rire honnêtement n’était pas donné à tous. Et Carol aimait gagner.
Mais cette sensation de toute puissance s’évapora quand il mentionna les débats, les gens qui jugeaient et qui estimaient, et qui affirmaient haut et fort des sentences qu’ils ne comprenaient pas. Carol ramena ses jambes sur le canapé et les maintint contre sa poitrine en nouant ses bras autour de ses genoux. Ouais, l’autre jeu aurait été bien plus marrant. Ceci dit, elle apprécia qu’il lui parle aussi franchement. Mieux, même : qu’il tire un parallèle entre ce qu’elle ressentait et ce qu’il vivait. Il lui semblait incongru d’imaginer que Tony Stark ne soit pas Iron Man et elle aimait penser que c’était là un autre souvenir refoulé d’une vie dont elle ne voulait plus – mais son avis n’était pas universel, malheureusement.
« Et tu as certainement sauvé la vie d’au moins la moitié de ces gens, » répliqua-t-elle, avec une véhémence qui la pris par surprise. Elle présenta ses deux paumes devant elle en imitant ainsi une balance. « Alors tu vois, il y a ce que les gens disent, et ce que l’on peut prouver, » conclut-elle.
Elle lui sourit et replaça ses bras autour de ses jambes. Sourire qui s’évapora quand il mentionna le nom de Thanos.
En réalité, il ne se passait pas une journée quand qu’elle n’entende son nom d’une façon ou d’une autre. A la télé, dans la rue, parfois, elle le lisait sur Internet. Le monde tentait tant bien que mal d’avancer après cet acte impensable que le Titan avait commis contre l’univers, mais il faudrait bien plus de temps avant que tout ça soit vraiment derrière eux.
« Je sais qui il est, » acquiesça-t-elle, le visage fermé. « Evidemment. Ce qu’il a fait est impardonnable. »
Elle repensa à un reportage qu’elle avait vu quelques jours plus tôt. Elle était tombée dessus au hasard en faisant défiler les chaînes TV et elle n’avait jamais réussi à s’en détourner, pas tant qu’il n’était pas fini. Elle l’avait regardé avec la même appréhension et horreur qui nous saisit le cœur quand on regarde un film d’horreur et qu’on attend que le monstre se révèle.
« Quand je pense à lui, je suis furieuse, » ajouta-t-elle, copiant le ton et les mots d'une des personnes interviewée dans ce reportage. Mes enfants sont trop jeunes, ils ne comprennent pas ce qu’il leur est arrivé. Et ma fille a perdu toute sa famille pendant quelques semaines ! Je suis furieuse !
Carol se leva brusquement.
« Je ne t’ai pas proposé de café. Je vais en faire tout de suite ! »
Elle s’éloigna du canapé à grand pas – mais surtout, elle s’éloigna de lui et de son air songeur, de cette posture presque caricaturale d’un penseur plongé dans ses réflexions, parce qu’elle savait, au fond d’elle, qu’il verrait clair dans son jeu. Le hic, c’était qu’elle n’était même pas sûre elle-même de savoir à quel jeu exactement elle jouait.
Elle s’immobilisa près de l’entrée de sa cuisine et baissa la tête vers ses mains dont les doigts tremblaient légèrement.
Tony Stark savait ce qu’elle aimait manger au petit déjeuner. Il savait qu’elle ne devait pas boire – et c’était quelque chose qu’ils partageaient, vraisemblablement. Il savait pour le foutoir de son appartement. Il sembla alors à Carol qu’il devait savoir pour le reste, aussi. Ou alors, ces bribes d’informations finiraient par ne plus compter du tout.
« En fait… j’ai peur. Quand j’entends son nom, je suis terrifiée, » avoua-t-elle à demi-mots. Elle se retourna vers Tony et le dévisagea. « J’ai peur et j’ai honte, aussi. Je sais que je n'ai pas été assez forte. Je sais qu’il a fait beaucoup de mal. Je sais que c’était en partie à cause de moi. »
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Ven 4 Fév - 21:42
Il est surpris. Vraiment.
Ça le surprend, en fait. D'être surpris. Lui. Avec elle. Parce que bon... autant le dire, hé. Le penser, plutôt.
Tony Stark connaît Carol Danvers. A mort, si l'on peut dire. Même si plus personne ne dit cela ; ce serait un langage de vieux. Peuh ! Le vieux est vintage. Le vieux est cool. Il n'est pas vieux ; jamais vieux. Futuriste !
Mais... oui. Il est surpris ; d'être surpris. Et touché, surtout.
« Ah. »
Un sourire doux, gêné, timide mais, aussi, absolument séduisant et charmant glisse sur son visage.
« Merci. »
Il ne sait pas vraiment quoi dire ; cela le surprend, aussi. Il... ne sait plus, en fait. Il ne sait plus quoi penser. Il ne sait plus... ce qu'elle pense.
Et ça le trouble.
Parce qu'ils se connaissent. Parce qu'il la connaît. L'a connue. Ouais. Pff, pense-t-il. Qu'importe.
Elle lui a dit quelque chose de gentil, et ça le touche. Restons-en là. Contentons-nous-en. Ouais. Comme si Tony Stark pouvait se contenter quelque chose. Hé.
« Mais... mais... maiiiiiis... Mais, très chère – et tu notes que je n'utilise plus Miss Danvers, hé ; j'tiens à mes fesses – complètement craquantes, je sais. Bref. Mais. Très chère. Si. S'il y a ce que les gens disent. Et s'il y a ce que l'on peut prouver. Très chère. Donc. Que dirions-nous. De Captain Marvel ? »
Il sait. Il sait que c'est ambitieux. Il sait que c'est audacieux. Il sait qu'il va loin. Un peu. Comme d'habitude. Mais... il le fait. Il le doit.
Pour elle. Il le lui doit ; à elle. Celle qu'elle est, autant amnésique soit-elle. Celle qu'elle a été, et qu'elle redeviendra peut-être. Celle qu'elle demeure.
Son amie. Qu'elle le veuille – qu'elle le sache. Ou non.
« Mmh. »
Un léger souffle s'échappe de ses lèvres, alors qu'il la fixe ; et l'écoute. Et la regarde.
Son visage, à lui, se referme quelque peu, tandis que Carol se lance – vraiment.
Cela le touche.
Cela le touche, qu'elle fasse cela. Cela le touche, qu'elle s'ouvre ainsi. Cela le touche... qu'elle se lance.
Elle se lance. Sur ce qu'elle vit. Sur ce dont elle se souvient. Sur ce qu'elle ressent. Mais...
Mais c'est difficile. Mais c'est rude. Mais c'est triste. Mais c'est déchirant.
« Carol. »
Il la voit. Il la fixe. Il se fixe, aussi. Et son regard...
Son regard ne fait que confirmer les troubles, qu'il ressent.
Elle est furieuse, hein ? Evidemment. Evidemment qu'elle est furieuse ! Thanos lui a tout. Thanos a si souvent tenté de tuer Mar-Vell, amour de jeunesse et mentor à distance ; ombre constante, à laquelle elle se mesure à jamais. Thanos a menacé et brisé l'Univers, plusieurs fois. Alors qu'elle se considère, depuis toujours, obligée de protéger le plus grand nombre, pour prouver sa valeur. Thanos a réussi, et supprimé la moitié des êtres vivants. Et oui...
Thanos a pris Rhodey. Ce... ce fils de... ouais. Il a pris Rhodey. Il le lui a pris. Il le... leur a pris.
« Carol. »
Tony se répète. Tony se lève. Tony s'approche. Rapidement. Doucement. Efficacement.
« Hey. »
Il est à ses côtés. Il est à quelques centimètres. Si près. Très près. Trop près ? Peut-être. Non. Non. Il lève sa main, tremblante. Et la pose sur son épaule. Sans hésiter, là.
« Oui. »
Sa voix est un souffle, un murmure. Si douce. Si rare. Si sincère.
« Oui. Ouais. Il est impardonnable. Il est... injustifiable. Il... rend fou ; de colère. De rage. De douleur. Et... moi aussi, ouais. Je... j'ai. Ouais. J'ai peur. Carol. J'ai peur. En pensant à lui. En pensant à ce qu'il a fait. En pensant à ce qu'il veut faire. En pensant à ce qu'il peut faire, quand il reviendra – car il reviendra. Et ça me terrifie. Ouais. Je... je suis terrifié, Carol. Mais... mais si tu penses que... c'est de ta faute, je... »
Tony souffle, lourdement. Un soupir si long, si terrible que sa mélancolie est presque palpable, alors qu'il détourne lentement les yeux. Par honte. Oui.
« Pourquoi ? Je... ne veux pas contester, par principe. Je ne veux pas te dire non, non, tu as tort!. Enfin, tu as p'têt tort. Mais pas forcément. Je... ne veux pas te forcer. Je veux juste... comprendre ? Savoir ? C'est mon truc, hé. La connaissance. Chercher la connaissance. Mon truc, voilà. Alors juste... pourquoi ? Je... ne veux pas juger. Juste comprendre. Pourquoi, Carol ? Pourquoi penses-tu que c'est en partie... à cause de toi ? »
Alors que c'est faux. Il ne le dit pas ; mais il le sait. Tellement. Tellement.
Tout ceci – la folie de Thanos, ses actes ; surtout. Ses actes. Ses horreurs. Ses massacres. Ses abus. Ses abominations. Thanos. Ce qu'a fait Thanos. Ce n'est pas de la faute de Carol Danvers ; ni de Captain Marvel. Bah oui. Il le sait bien.
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Mer 9 Fév - 18:19
Carol n’aurait jamais dû ouvrir la porte. Elle aurait dû… Ouais, elle aurait dû se lever avec le soleil, boire son café et partir faire sa course matinale. Et après ça, elle se serait arrêté dans un petit café qui ne paie pas de mine, aurait acheté un bagel (ou deux) et elle se serait assise avec un autre café pour lire le journal du jour. Qu’as fait Spider-Man récemment ? Où en est le monde ? Qu’est-ce qu’on dit de plus sur les mutants ? Et son horoscope, tiens, il raconte quoi ?
Ouais. Carol aurait dû se lever aux aurores, comme d’habitude et ignorer le reste du monde, comme d’habitude. Au lieu de ça, elle se retrouvait face à un homme qu’elle n’avait aucun souvenir d’avoir rencontré et qui pourtant lui était terriblement familier. Un homme dont la soudaine proximité physique aurait dû la déranger, et qui pourtant… la rassurait presque ? Elle pouvait concevoir faire tous les efforts possibles pour retrouver cette amitié entre eux qu’elle sentait spéciale. Ca, oui, elle pouvait le faire. Mais ce qu’il lui demandait ? Bon sang, elle en avait des sueurs froides. Son cœur battait la chamade et sa respiration s’accélérait.
Elle paniquait. La main de Tony sur son épaule était … elle était chaude et familière. Mais son regard, la profondeur dans ses yeux… Putain.
Elle leva la main brusquement pour aller la poser sur celle de Tony. Son égo aurait voulu que son geste apparaisse comme étant une simple réaction au contact – une réponse physique, un tu me touches, je te touche, on s’accepte. Mais elle savait qu’il ne fallait pas se leurrer : elle s’agrippait à sa main. Elle s’accrochait comme si le sol sous ses pieds allait s’ouvrir pour l’avaler. Comme si elle était au milieu de l’océan et lui était le seul moyen de rester à la surface.
Elle détourna les yeux, d’abord honteuse de cette marque de faiblesse, puis honteuse d’être honteuse, et le tout se transforma en cycle sans fin qui lui donna l’envie terrible de lâcher un petit rire jaune. Elle passerait pour une folle, et ça son égo ne le permettrait certainement pas.
« Je ne suis pas à la hauteur, » parvint-elle à lâcher. Elle resserra ses doigts autour de la main de Tony et reporta son regard sur lui. « Le fait que j’en sois là, avec la moitié de mes souvenirs bloqués à vivre une vie banale et simplette alors que… alors que Captain Marvel pourrait faire la différence… ça devrait être une preuve suffisante pour toi. »
Elle enfonça son regard dans le sien alors que l’amertume, la peur et la rage remontaient dans le fond de sa gorge. Elle ne pensait qu’une seule chose, ceci dit. Ne me lâche pas. Ne me lâche pas, s’il te plaît. S’il te plaît.
« Il est arrivé quelque chose à Thor, n’est-ce pas ? Tu sais ce que je faisais, moi ? Je parcourais les petites annonces, certainement. Ou je regardais la télé. Ou je me promenais. Je faisais rien. Tu as ramené tous ces gens et tu continues de te battre, de faire face. Vous continuez tous. Tous les jours, tu te lèves et tu fais ce choix. Tu choisis d’être Iron Man, d’utiliser ton cerveau, tes capacités, pour le bien commun. Tu ne le vois pas, n’est-ce pas ? » Incapable de le retenir plus longtemps, elle laissa sortir ce petit éclat de rire sans joie qui lui brûlait le fond de la gorge. « Je me rappelle de ça. De toi. Il n’y a jamais eu que les Alcooliques Anonymes entre nous. Je sais que tu as tendance à… à penser que tes épaules sont assez larges pour porter le poids du monde et que le moindre fléchissement est personnel, que c’est une preuve de plus de la personne oh si horrible que tu es. »
Ne me lâche pas, s’il te plaît.
« Mais, Tony. Tu es un scientifique. Ne tire pas de conclusions hâtives. Regarde les preuves, regarde les faits. »
Elle desserra juste assez ses doigts pour pouvoir tapoter avec le bout de son index le bracelet si spécial qu’il portait au poignet.
« Tu as ça, et bien plus encore. Et demain, ce sera une autre version, encore plus forte, encore plus efficace. » Elle jeta un bref regard autour d’elle. « Combien de jours depuis que je suis revenue, Tony ? Combien de crimes aurais-je pu éviter ? Les faits sont là. Je ne suis pas assez forte. Captain Marvel a toujours été… »
Elle s’interrompit un bref instant tandis que les images s’enchaînaient dans son esprit, la forçant à esquisser un doux sourire. Mar-Vell qui la faisait tourner en rond à l’époque, cherchant à cacher son identité de la curiosité de Carol. Mar-Vell qui jamais ne manquait à l’appel. Même avec son cancer, même… même après son retour… Il s’était sacrifié, encore. Jamais il n'aurait dû mourir.
« Captain Marvel n’a toujours été qu’un idéal, » finit-elle par dire. « Je ne serai jamais à la hauteur. C’est trop… C’est trop grand, et je ne suis que moi. »
Ses yeux se remplirent de larmes, ce qui provoqua une nouvelle vague de honte. Elle s’éclaircit la gorge.
« Je suis désolée, Tony. J’ai échoué. J’ai échoué face à Thanos, je n’ai pas pu sauver l’univers, je n’ai pas… Même avant, je… j’ai essayé, tu sais. J’ai vraiment essayé. Mais … »
Elle se mordit les lèvres et finit par fermer les yeux, incapable de continuer. Elle bascula sa tête en avant et posa son front contre la clavicule de Tony, ses doigts toujours agrippés à la main de ce dernier.
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Back In Black (& Stars & Stripes) [Carol Danvers] Sam 12 Fév - 15:33
Tony Stark est figé. Littéralement.
Il ne fait rien. Il ne dit rien. Il ne dit rien, surtout. Oh, il aimerait pourtant – il brûle, de dire des choses.
Il brûle de lui répondre.
Il brûle de lui répondre, point par point. Argument par argument. Etape par étape.
Carol n'est pas à la hauteur ? Ah. Bon. Pas à la hauteur de quoi, de qui ? De Mar-Vell ? Ouais. C'est vrai. Mais... qu'elle essaye d'être à la hauteur d'Howard Star, hé. L'influence amicale est bien en-deçà de l'influence paternelle ; surtout adoptive.
Et bon... Lui est un scientifique ? Oui. Lui va toujours de l'avant ? Oui. Mais lui... Lui ne réussit rien, en fait.
Carol n'a plus tous ses souvenirs ? Lui les a. Et ça change tout. Il se souvient de tout ; et tous. Il se souvient de ce qu'il a fait. Quand Thor est mort ? Il glandait, chez lui. Il n'a pas été assez vif pour aider son ami ; alors même qu'il aurait pu. Et le reste...
Carol n'a pas pu stopper Thanos ? Ouais. Lui non plus. Mais surtout...
Surtout, Tony Stark a littéralement eu le pouvoir divin dans la main ; sur la main. Et il l'a utilisé. Et maintenant...
Et maintenant, il sait. Il sait que tout ce qu'il y a de mal – tout ce qu'il y a de mauvais. Tout ce qui ne se passe pas bien. Tout ce qui tourne vilain. Tout ce qui dysfonctionne. Tout ce qui pose des soucis. Tous ceux qui font le mal, aussi.
C'est. Sa. Faute.
Il les a ramenés. Il les a ramenés ainsi. Amputés. Différents. Ou similaires.
Il aurait pu faire autrement. Il aurait dû faire autrement. Il n'a pas réussi.
Il a échoué.
Oh, il a fait quelque chose – le minimum. Le minimum syndical. Lui ! L'inventeur. Le milliardaire. Minimum syndical ; super. Ouais. Pas assez. Jamais assez.
Howard le disait bien. Pas mal ; mais pas assez. Jamais assez, ouais.
Alors il ne dit rien, non. Il fixe Carol. Il tient ses doigts, contre les siens – car si elle est accrochée à elle, la jeune femme peut se rendre compte que c'est partagé. Il s'accroche à elle, aussi.
Les secondes passent. Le silence se solidifie. Il aimerait. Il aimerait tant la rassurer. Il aimerait tant bien faire – juste une fois. Juste une vraie fois.
Être comme Cap'. Être comme Reed. Être bien. Être... ouais.
Être. Un autre. Une fois. Juste une fois.
Être un homme de bien. Et pas juste... Tony Stark.
« Ouais. »
Un sourire triste passe sur son visage, alors qu'il reprend difficilement la parole.
« Tu... as échoué. »
Ses mots sont durs. Il ne sait pas s'ils sont bons – il ne sait pas s'ils sont les bons. Mais ce sont les seuls qui lui viennent.
Carol mérite quelqu'un de mieux, pour ça ; quelqu'un de bien. Cap'. Il faut Cap'... pour Cap'. Mais Steve n'est pas là.
Il n'y a que lui. Hélas.
« Mais... et alors ? »
Tony hausse les épaules.
« Tu l'as dit : je suis... un scientifique. Un mécano, plutôt. Je... je peux me la raconter, hé. Je peux tâter de tous les domaines ; et y réussir. Mais je dois être honnête. Avant tout. A jamais. Pour toujours. Je suis un mécano. C'est... Reed, le scientifique absolu ; suprême, hé ! Ou Hank, même. Moi... je suis un ingénieur. Un bidouilleur. Un mécano. Et... je sais, alors. Je sais qu'on peut échouer ; je sais qu'on peut foirer. Je sais qu'on peut se planter. C'est... le job. Le truc. On essaye quelque chose. On foire. On recommence. On refoire. Et on continue. Jusqu'à ce que ça fonctionne. Jusqu'à ce que ce foutu machin marche. Jusqu'à ce que la machine s'allume. Je... je sais. Je sais que la vie... c'est pas aussi facile que ça. C'est pas juste des heures perdues, après un essai échoué ; mais des vies. Des vies d'autrui. Ouais. Mais... mais c'est ainsi. Les vies qu'on perd en essayant – elles ne seront jamais compensées par celles qu'on sauve, quand on réussit. Ouais. Mais. Si on n'essaye pas. Si on ne recommence pas, après avoir foiré. Si on ne se relance pas. Si on ne serre pas les dents. Bordel, Carol... si on ne le fait pas, nous. Qui le fera ? »
Il souffle. Touché et ému par ce qu'il dit ; ce qu'il vit, là.
« C'est... moche. C'est pas juste. C'est comme ça. Ouais, Captain Marvel est un idéal – comme Iron Man, qui est un rôle. Tout ça est faux. Tout ça n'a aucun sens. Ouais. Pour nous. Pas... pour eux. Pas pour les gens. Pas pour ceux qui attendent, qui espèrent. Ils en ont besoin. De nous. Ils ont besoin de croire. Et... ouais. Ils ne devraient pas croire en nous ; ouais. Mais ils le font. Alors... okay. Okay, quoi. Recommençons. Reprenons ce foutu essai. Relançons le truc. Ça finira par fonctionner. Ça finira par aller. Et... et si on ne le fait pas... bon sang, qui le fera ? Tu ne vas quand même pas demander à Monica de rempiler ! Ou surtout pas ce sale gamin qui préfère se regarder dans la glace, quand même... »
Il glousse. Un peu d'humour. Un peu d'humour pour alléger un discours, intime et puissant. Pour lui, au moins. Et pour elle un peu ; espère-t-il. Vraiment.
Pourvu que ça prenne, se dit-il. Pourvu qu'il n'ait pas échoué. Avec elle. Une fois de plus.