New Blood, Old Stones [Fallen Angels]

New-York est connue pour sa criminalité galopante et colorée, pleine de super-vilains chez qui le bon goût ne semble pas toujours être inné. En pleine lumière, dans les rues et sur les toits, ils sont de vraies menaces pour la sécurité des citoyens, causant chaque semaine destructions et morts insensées, dans un conflit sans fin entre le bien et le mal. Mais de nuit, ou dans les profondeurs inexplorées de la ville, d'autres dangers guettent; des plus sombres, des plus terrifiants. Monstres et démons se côtoient fréquemment sous les mètres et mètres d'asphalte, en une cohabitation... qui pose plus de questions qu'elle n'en résout.

Parmi ces créatures, une en particulier continue d'arpenter les trottoirs et ruelles de la surface, guidée par la faim et d'ô combien glorieux desseins: le vampire. Soumis au contrôle rigide de ses pairs civilisés, il se fait toujours discret quand il rôde seul, ou en petites bandes, comme les rats des souterrains qu'il ne fréquente que trop.

Une hiérarchie sociale complexe régit leur société; des clans supérieurs mènent les communautés d'un territoire donné, au sommet desquels trône des chefs de famille, eux-même dominés par le Roi des Vampires, le très tristement célèbre comte Vlad Dracula de Transylvanie. Depuis des siècles, le Dragon oeuvre dans l'ombre, armé de sa volonté, de ses grands pouvoirs et de ses fidèles. Son objectif: établir une nation vampirique à même de concurrencer les autres puissances de la planète. Et, bien sûr, de siéger à sa tête. Mais si ses plans ont fortement progressé en ce début de XXIème siècle, beaucoup des siens continuent à opérer depuis de piètres égouts et canalisations, tunnels et souterrains.

Acceptable, tant que cela sert la cause.

Ces dernières semaines, justement, l'activité nocturne s'est renforcée, conduisant à de véritables rafles parmi les sans-abris des quartiers les plus précaires de New-York; cela fait bon nombre de nouveaux serviteurs, ou des nouveaux-nés chair à canon pour les missions les plus compliquées. Et quand les enlèvements ne peuvent aboutir, ce sont des massacres sanguinolents qui viennent terrifier les squats défavorisés.

Mais depuis quelques jours, plus rien. Le calme plat, après la disparition d'une dizaine de personnes d'un coup, avalées par les ténèbres même. Certains optimistes viennent à espérer l'action de héros anonymes, de chasseurs de vampires, tels que Blade ou Elsa Bloodstone. Les réalistes, tous les autres ou presque, savent que ce n'est plus qu'une question de temps avant le retour des monstres de la nuit. Le mal ne reste que rarement tapi au fond de sa tanière.

Et ils ont raison.

Car ce soir là, un petit van circule dans les rues de la Cuisine du Diable. Plaque arrachée, marques de griffes sur les portières, traces de sang à peine dissimulées sur le siège conducteur, tout indique le vol et le meurtre, avec supplément malédiction éternelle par dessus le marché. A l'avant, deux silhouettes aux longs crocs épient les trottoirs, les ruelles et les zones d'ombre en quête de quelque chose... de quelqu'un.


A l'arrière, quatre silhouettes aux yeux intenses comme des braises attendent, crocs dégainés, petits soldats tous neufs emmenés se battre pour des objectifs aux ramifications qu'ils ne peuvent encore parfaitement appréhender: rester discret et enlever le petit Wolverine blond. Capturer une cible, facile. Le plus grand des demeurés est capable d'une telle tâche. Capturer CETTE cible, beaucoup moins. Pour des raisons évidentes de régénération cellulaire et de griffes en adamantium. Alors avant de lancer la chasse, ils tournent dans le quartier de leur cible, prêts à bondir au moindre signe.


Des ombres, le Wolverine attend, le Wolverine observe.
C'est lui le prédateur, la bête, la créature la plus dangereuse de la jungle urbaine; hors de question de se faire prendre au piège par des dents longues un peu trop ambitieuses.
Sans avoir bien conscience de ce qu'ils sont, l'odorat de Jimmy détecte d'étranges nuances, un mélange de sang et de mort, qui se balade dans la brise comme celui d'un pur être vivant. Dérangeant, épouvantable, presque vomitif.

Alors pour garder une longueur d'avance sur ces choses et venger les pauvres sans-abris massacrés ces dernières semaines, le mutant d'ailleurs suit les monstres qui lui en veulent, également prêt à leur porter un coup si la situation venait à dégénérer. Sa chair ne laissera pas le vampirisme triompher, et ses griffes ses adversaires s'enfuir. Mais sans réelle connaissance des extraordinaires capacités de ses ennemis, peut-il vraiment lutter ?

Un duel de regards s'engage alors entre le conducteur du van et l'étrange inconnu, apparu comme par magie. Les yeux rouges du vampire pourraient clairement tuer, s'ils étaient équipés de revolvers. Ses crocs l'ont déjà fait ce soir, en tous cas. Après tout, quand on a soif, il serait idiot de se priver, n'est-ce pas ?

Mais, s'il a le ventre bien rempli, ce vampire n'est pas de ceux qui peuvent se satisfaire de si peu: le pauvre idiot en robe de chambre rouge manque de lui faire perdre la face devant les nouveaux chiens de fosse mis à sa disposition. S'il veut aller plus loin encore dans la hiérarchie de sa cabale, il ne peut laisser passer pareil affront. Inacceptable.

Alors, avec toute la hargne que peuvent lui octroyer sa colère et sa soif de sang naturelle, il enclenche la première vitesse, et vient illico écraser la pédale de l'accélérateur. Son objectif est simple: faire ravaler son arrogance à ce probable héros, et prouver au monde de la nuit que désormais, ce sont les buveurs de sang qui règnent en maître. Les pneus crissent, hurlent, et d'eux émanent une fumée blanche étouffante et une horrible odeur de caoutchouc brûlé.

Mais, concentré qu'il est sur sa victime, le conducteur néglige ce qui se passe autour de lui; il ne peut voir ce qui vient de jaillir d'une ruelle à sa gauche, définitivement plus rapide que ce que l'œil vampirique est capable de traiter. L'éclat lumineux d'un réverbère sur six longues lames acérées attire finalement son regard, bien trop tard pour réagir. Une seconde suffit pour que la silhouette vêtue de noir atteigne le flanc du van, en un éclair. Une autre, ensuite, pour qu'elle le traverse d'un bond, ou presque. Une autre passe enfin, avant que des hurlements de peur et de douleur ne se fassent entendre. Plusieurs voix, plusieurs cris, venant tous de l'intérieur du véhicule. Les deux plus expérimentés n'ont pas le temps de détacher leur ceinture qu'ils se retrouvent happés dans l'ombre du compartiment arrière. Un grand jet rouge vient recouvrir le pare-brise de l'intérieur, avant que trois marques parallèles ne l'ouvre en grand.

Du trou percé jaillit une des nouvelles recrues, affolée, couverte d'un sang qui n'est pas le sien... apparemment, ce qui est en train de massacrer ses collègues lui a fait assez peur pour rompre les rangs, pour fuir, pour courir... droit vers l'inconnu drapé de rouge... un potentiel otage, une potentielle friandise pour reprendre courage.

- Logan ?

Le Sorcier Suprême connaît le Wolverine. Et la voix qui sort de la camionnette n'est pas celle de l'omniprésent mutant griffu. Certaines intonations y ressemblent toutefois, comme si quelqu'un l'avait prise, débitée et remontée avec d'autres morceaux venus d'ailleurs. Après tout, n'est-ce pas à peu près ça l'histoire du jeune homme ensanglanté qui émerge du van, un corps de vampire sauvagement décapité à la main. James Howlett, mixé avec un produit mutagène extrême et avec la mère de la Sorcière Rouge et de Vif-Argent. Un cocktail détonnant, capable de survivre à la destruction d'un univers. Capable de s'en prendre à des vampires, et de les anéantir purement et simplement.

- Non. Pas Logan.

Beaucoup de points communs les rapprochent, pourtant. La pilosité, la coiffure, le style vestimentaire, les pouvoirs, les griffes. Mais dans le regard, beaucoup de douceur derrière la douleur, et une évidente blondeur caractéristique.

Une ou deux blessures au visage se referment encore, alors que le jeune homme lâche le cadavre à quelques mètres de son interlocuteur. Quelques brèves plissures du nez indiquent à l'oeil averti que le chasseur de vampires du jour, ou plutôt du soir, cherche à comprendre la situation au travers des signaux émis par Stephen Strange. Odeur, posture, battements de cœur, micro-expressions, tant de détails invisibles pour le commun des gens, mais pas pour lui.


Un peu plus détendu malgré la présence du vampire congelé, encore vivant, le mutant fait quelques pas vers le Sorcier, avant de s'arrêter, hésitant sur la marche à suivre. Mal à l'aise, maladroit socialement, il regarde ses mains couvertes de sang, ses pieds sur le point de franchir les quelques mètres le séparant du plus grand mage de la planète, et soupire.

- James. Hudson.

Oui. James "Jimmy" Hudson. Le "faux" Wolverine, compagnon de galère de Nathan Summers et de Moon Knight. Ils se sont déjà croisés il y a peu, tous les deux, lors d'une rencontre tendue entre les Fallen Angels et les Defenders au sortir d'une boîte de nuit huppée. Cette histoire a bien sûr failli mal tourner, mais quelques mots bien placés et la menace commune d'un démon supérieur, ça a tendance à amener les gens à s'unir.

Comme ce soir, avec cette traque de vampires qui pourrait peut-être cacher bien plus que le simple anéantissement de ces sangsues magiques ?

Wolverine émerge bien de cette camionnette, désormais sanguinolente et qui correspond à un antre du désespoir et de la violence.

Mais… ce n’est pas le Wolverine auquel Stephen Strange s’attendait.

« … ah. »

Et il cache fort mal sa surprise, mais aussi l’aspect désagréable de cette dernière, au jeune homme qui sort du véhicule, pour découvrir un Sorcier Suprême en habits civils.

Et fort distingués, il faut bien l’avouer.

« Je vois. »

Il détaille en hauteur et largeur le jeune Mutant, et acquiesce lentement alors que les indications physiques viennent corroborer les souvenirs, qui s’activent devant une telle vision.

Un jeune homme. Blond. Aux airs de Logan.
Avec des griffes.
Et un pouvoir auto-guérisseur ; ainsi que d’autres atouts.

« Humf. »

Aucun effort n’est réalisé pour retenir un soupir, un rien suffisant.

« Je connais… votre père. C’est bien votre père, c’est cela ?
Ou approchant.
Bref. J’ai entendu des rumeurs sur vous – et je vous rencontre, donc. Soit.
Le Multivers. Hé. »

L’ancien chirurgien hausse les épaules.
Ce n’est pas la première anomalie dimensionnelle qu’il croise… et, bon, un fils de Logan ? On a vu pire.
Notamment chez Spider-Man.

« Je note que vous partagez le goût pour des solutions… expéditives. »

Il glisse un œil vers l’intérieur de la camionnette ; et le regrette, rapidement.

« La présence de ces vampires est une anomalie. J’ignore vos projets pour la soirée, mais… poursuivre cette piste, en ma compagnie, est-ce que cela vous conviendrait ? »

A sa grande surprise, Stephen a envie de collaborer avec ce Wolverine jeune et blond.
Déjà, rien que pour pouvoir le raconter à Jericho.
Mais aussi pour pouvoir râler auprès d’Adam, car ses Ultimates devraient gérer ce genre de cas.

« Attention les yeux. »

Le Docteur Strange n’attend pas de réponse de Jimmy – et murmure un sortilège, qui s’active immédiatement.

La concentration s’empare de lui… alors qu’il s’entoure d’une aura d’énergie.
Il cherche.

Il cherche des vampires, à proximité !

(HJ/ Je me permets de répondre, car j’avais envie de glisser ces quelques mots dans la bouche de Stephen dès maintenant. Résumé rapide :
- Stephen ne cache pas sa surprise, un peu désagréable, de découvrir Jimmy ;
- Stephen réagit avec flegme ;
- Stephen propose quand même à Jimmy qu’il l’accompagne, mais surtout pour en parler à ses proches ;
- Stephen lance un sortilège pour identifier des vampires à proximité. /HJ)

De vampires, nul autre aux alentours.
Mais un autre élément peut être repéré, ici même sur le théâtre de l'opération stoppée par les deux héros.

Sur le corps de ceux responsables de cette sortie qui visait spécifiquement le fils de James Howlett, des tatouages assortis, tous en lettres gothiques, tous épelant : Inferno42.

Une référence obscure, au sens où peut savent à quoi elle fait référence.
Une référence sombre oui, qu'un New-Yorkais de longue date œuvrant contre les forces du Mal ne peut que connaître.
Une référence à la bombe créée par T.H.E.M. et qui visait justement Manhattan, pour la détruire, en 1942.

T.H.E.M., oui.
Eux.
La branche de l'Hydra qui a régi longtemps l'Empire Secret et l'A.I.M.
La branche fondée par un père porté disparu depuis plusieurs années.
Leur père... à eux.


Par quelques moyens que soit remontée la mince piste par les deux héros, il s'avère que les jumeaux mutants Von Strucker sont en effet particulièrement actifs ces temps-ci. Actifs et présents sur une certaine scène mondiale, un peu plus occulte que la normale, et un peu moins magique que celle usitée par Stephen Strange.


En effet, la jumelle Andrea et co-héritière d'une partie d'Hydra, a été vue passant une barrière mystique en Angleterre, celle du Manoir Bloodstone originel - une copie existant dans le Massachussetts.

Stephen Strange a lancé un sortilège.

Un sortilège de détection.

Il cherche, en fait.
Il cherche les vampires. Il cherche les cibles. Il cherche les monstres.
Il cherche les morts-vivants.

… mais ne trouve rien.

« Hrmf. »

Un grognement en forme de soupir conclue son sortilège. Il grimace.
Il n’aime pas ça.

« Et bien. Quelle désagréable surprise. »

Il jette un coup d’œil rapide vers Jimmy, et hoche lentement la tête.

« Je ne détecte aucun autre vampire, mais… ah. »

Ses yeux se plissent, alors qu’il sent quelque chose.
Une sensation magique émerge.

« Reculez, je vous prie. »

En lévitant encore, le Sorcier Suprême s’avance vers le véhicule, où le jeune Wolverine a réalisé un terrible carnage.
De nouveaux mots murmurés s’échappent de ses lèvres.

Les cadavres des vampires sont alors soulevés, et amenés à lui. La Magie les lave, aussi, et retire les vêtements et éléments inutiles.

Son visage se ferme, alors qu’il découvre des tatouages.

« Ah. »

Un souffle lourd accompagne ce mot, sec.

« J’ignore si vous bénéficiez de l’habitude paternelle de vivre longtemps, d’assister à quantité d’événements – et à les oublier, à la moindre expérience secrète venue.
Bref.
Voyez ceci.
Inferno42.
L’on pourrait croire à une lubie de jeunesse, et les Vishantis savent que je ne comprends pas l’actuelle ; mais non.
Déjà, nous trouvons l’anomalie que ces vampires ne disparaissent pas ; et ce tatouage, donc.
Inferno42.
Une référence à un événement ancien – une bombe, en fait. Une bombe dite infernale, et constituée en 1942 par T.H.E.M.
Une organisation obscure, secrète ; concurrente du Projet Manhattan. Une structure voulue pour anéantir l’Humanité, et sa liberté.
L’Hydra. »

L’ancien chirurgien hausse les épaules, puis claque des doigts.
Les cadavres tombent, sans ménagement.

« L’Hydra, donc.
Je laisserais vos proches vous faire un apprentissage, si besoin – car nous devons partir.
Maintenant. »

Sans attendre, le Maître des Arts Mystiques murmure d’autres mots, et lance un nouveau sort.
De départ.

Une incantation de téléportation.

Celle-ci englobe Stephen et Jimmy… pour les faire partir.

Ils quittent ainsi cette zone de New York, et arrivent ailleurs.
Bien loin.
Bien loin de la Grosse Pomme… et du Continent.

Le transport ne dure qu’un instant, et cesse. Le jeune Wolverine peut alors sentir bien des différences, dans ses sens, alors qu’ils sont devant un manoir ancien.
Et qui exsude le danger et le vice.

« L’Hydra dispose de bien des têtes.
Je bénéficie de plusieurs liens – plusieurs sortilèges, constamment lancés afin de connecter la Magie à la Science actuelle.
Pour être compréhensible, clairement, je dispose d’un accès direct aux bases de données du SHIELD.
Or, l’un des têtes de l’Hydra a été vue récemment ici, au sein de ce manoir. »

Stephen prend une grande inspiration, et mobilise ses forces magiques ; au cas où.


« Bien.
Est-ce que vous… sentez quelque chose ? »

Est-ce que Jimmy peut être utile, un peu ?
Voilà plutôt le cœur de la question de Stephen, qui se garde bien de la formuler ainsi… pour le moment !

(HJ/ Merci de la relance ! Résumé rapide :
- Le sortilège de détection de Stephen échoue, ce qu’il apprécie peu ;
- Stephen entrevoit quelque chose et visualise les cadavres vampires ;
- Stephen explique les éléments à Jimmy ;
- Sans attendre, Stephen les téléporte en Angleterre, devant le manoir ;
- Stephen prépare ses forces et demande à Jimmy ce qu’il sent. /HJ)

Il ne l'aime pas.
Oh ça non, Jimmy Hudson n'aime pas ce Dr. Strange, au ton méprisant et à l'air supérieur. Depuis leur première rencontre, depuis le tout début, même s'il s'est révélé bon allié de poids contre le démon de la corruption. S'il le pouvait, là, il lui mettrait deux baffes pour le faire redescendre sur terre. Mais cela s'avèrerait hautement contreproductif: l'aventure dans laquelle ils semblent s'être engagés tous les deux demande coopération et entente. Un minimum.

Bras croisés, tant pour marquer l'attente que l'exaspération, et le doute, le jeune homme fixe la magie accomplir les œuvres du Sorcier Suprême, alors que les carcasses sont sorties de la camionnette pour être manipulées sans la moindre once d'humanité par un esprit scientifique, ou occulte, bien loin des simples considérations de paix post-mortem.

Avec un grondement confinant au reniflement, Jimmy secoue la tête, et lâche dans sa barbe:

- Vos méthodes ne sont pas beaucoup plus respectueuses que les miennes.

Le bon docteur se met alors à expliquer ses découvertes. Un historique complet n'est pas de trop pour l'exilé temporel qu'il a en face de lui. Wolverine ne sait rien de l'histoire secrète de ce monde. Cet HYDRA, ces vampires, ces projets mystérieux... peut-être qu'avec un peu de temps, il aurait pu remonter la piste de cet INFERNO42, mais pour cela encore aurait-il fallu qu'il fasse un lien.

- Ok. Je vois.

Oui, il voit un peu mieux la situation, désormais.
Il voit aussi quel type de personne est Strange. Le genre sauveur de l'univers avec une grande bouche. Un type assez répandu, apparemment: Nate en est un autre exemple probant, et Jimmy est sûr qu'en posant la question aux Fallen Angels, on lui en trouvera pléthore d'autres.

L'orgueilleux parle, donc, et agit. Sans attendre, ni le lever du jour, ni l'accord de son "allié" griffu. Emporté sans s'y attendre dans un tourbillon arcanique doré, Hudson confirme ce sur quoi il avait déjà pu mettre le doigt avec la technologie de Cable: il déteste les transports instantanés. Ses sens surpuissants subissent le changement d'un coup, celui du passage de la ville la plus peuplée du pays... à un environnement différent, très différent. Chargé d'histoire. De nature. De noblesse. Et d'autres choses sombres, très sombres.

- Hrm !

Un petit haut-le-cœur le secoue, très vite maîtrisé.

Tant mieux, parce que Strange semble pressé, et déjà embarrassé par le poids mutant qu'il pense traîner avec lui. Un Wolverine de seconde zone, une figure de l'ombre qui n'en sortira jamais, un remplaçant pas à la hauteur, ou tout juste cantonné à faire la même chose, sans plus.

Ce qui n'empêche pas ce poids de sentir, oui.

SNFF SNFF

De plisser le nez, avec l'ombre d'un sourire aux lèvres...

- Vous avez abusé de l'eau de Cologne.

... et de redevenir sérieux l'instant d'après, pour expliquer ce que ses merveilleux sens ont pu capter.

- La même puanteur que dans le van. En pire. D'autres fumets, inconnus, extrêmement particuliers. Des humains, pas que. Une excitation générale. Et l'odeur de la poudre qui...

Un sifflement l'interrompt, puissant, même à bonne distance du Manoir Bloodstone. Une gerbe lumineuse grimpe droit dans le ciel, suivie d'une autre, puis d'une autre, puis encore d'une autre. Rouge, jaune, bleu, orange, rose, ça fuse et ça éclate.


Un feu d'artifice.
Avec un soupir en comprenant la situation, Jimmy termine sa phrase entre deux explosions de couleurs dans le ciel nocturne d'Angleterre.

- ... s'enflamme. Une sauterie. Génial.

Qui dit fête privée de riche en campagne anglaise avec des vampires, des magiciens, et peut-être d'autres monstres de foire pour les accompagner dit aussi sécurité... oui, mais pas tant que ça, étonnamment. Ou alors cela signifie qu'ils n'ont pas besoin d'être protégés. Une idée qui n'aurait pas de quoi ravir les deux américains.

- Deux gardes à l'entrée. Entre trois et cinq dans les bâtiments. Protection basse. Ces gus ont pris la confiance.

Entrer en douce, oui, très bien.
Ne pas se faire mordre, découper, dévorer, incinérer, momifier, frankeinsteiniser, d'accord.
Supporter le mépris d'un sorcier qui accorde plus d'importance à son apparence qu'autre chose, c'est dur mais allez.
Mais pourquoi ? INFERNO42 mène ici, oui, mais Jimmy n'a toujours pas en vue la finalité de cette mission.

Et il compte bien l'obtenir.

- On cherche qui ?

Si Stephen et James s'avancent vers le portail principal, les gardes s'écartent, effrayés.
D'abord, par les deux hommes dangereux qui viennent d'apparaître comme par magie.
Puis, par l'arrivée de l'une des maîtresses de maison, dont ils ont appris à s'éloigner assez vite par instinct de préservation, en dépit de sa mignardise extérieure.


La jeune femme court, ignorant les obstacles comme une jeune fille entêtée, jusqu'à rejoindre en gloussant la zone d'approche du dernier Wolverine et de l'actuel Sorcier Suprême.


Comme les super-sens et l’œil avisé de chacun pourront leur permettre de le constater, si leur bon sens ne suffisait pas à en faire déduction, il est aisément perceptible à des êtres tels qu'eux-mêmes que cette jeune fille n'a de jeune que l'allure, et n'est d'ici que par une récente fortune et une destinée contraire bien antérieure à leur propre naissance.


Initialement loin de la méfiance supposément donnée par les années, Lyra Bloodstone se jette quasiment dans leurs bras, affectueusement comme un nobliau anglais prendrait une nouvelle portée de chiots pour ses prochaines années de courre.
Mais soudain une aura réagit vivement à la présence de Stephen, qui agite l'atmosphère et peut-être même davantage, tout autour de la première-née du clan Bloodstone.


Le déploiement de pouvoirs de la nullgem portée par Lyra ne s'étend pas de l'intérieur vers l'extérieur comme un attaque énergétique ordinaire.
Mais bel et bien de l'extérieur vers l'épicentre du phénomène, représenté par sa personne.
Bien des mages et gardiens de trésors occultes se laisseraient surprendre et dominer par cet effet ; un Suprême de la trempe de Strange pourrait bien avoir les connaissances autant que l'expérience nécessaires s'il s'agissait de résister à la voracité de la nullgem.

Ce qui n'empêche pas la jeune femme de voir son sourire se tordre à l'envers, fixant soudainement Stephen avec dégoût, mâtiné de pitié pour son jeune compagnon hirsute.


Les mots sortent bizarrement de sa bouche, qu'il s'agisse de l'anglais courant et plus particulièrement les jurons.
Il est évident que la jeune femme - jeune seulement en apparence - s'acclimate à la vie au deuxième millénaire de notre ère avec un certain enthousiasme, quand celui-ci n'est pas contrarié par sa hantise : un magicien.

Ce volte-face comportemental est aussi soudain que sans appel.
Une voix pourtant en appelle à ce qu'il connaît seul de plus proche de la notion de clémence.
Une grande lignée ne se construit jamais avec de bons sentiments, et rarement sans décorum.


Un très jeune homme blond aux cheveux coupés courts et coiffés à la cire juché sur un cheval d'un blanc immaculé s'adresse en ces termes, venant au secours des manières étonnantes de sa demie-sœur.
Si Lyra est pour autant qu'on sache l'aînée du guerrier immortel Ulysses Bloodstone, celui-ci est pour ainsi dire l'avorton de la portée en apparence, ce qu'il compense largement par une tenue impeccable et une arrogance plus crasse que celle d'un guerrier barbare.


Un imperceptible frisson parcourt l'échine de leur tout jeune hôte, auquel réagit sa monture en exhalant des flammes par les yeux et les naseaux.
Définitivement, ce lieu recèle plus d'horreurs que celles représentées par l'héritage vivant de Bloodstone.



D'un geste du bras il les invite à se frayer un passage à pied entre le crottin de quadrupède et les rebords de sentier marqués de petits arcs-de-cercle métalliques presque cocasses dans la maison de semblables phénomènes.
L'angle de son poignet indique non pas le manoir principal, mais un pavillon plus petit devant lequel se tient un garde, un autre vigile décoratif sans doute vu la puissance de feu de l'héritage du sang des Bloodstone.

Le dédain de sa grande sœur aux cheveux bruns ne la quitte pas envers Stephen Strange, en revanche elle ne manquera pas si possible l'opportunité de s'éloigner avec James pour lui demander s'il est là de son plein gré, ou forcé par cet odieux personnage.

Evidemment, une grande fête domaniale.
Avec des gens riches, vêtus comme plus personne ne l'est depuis deux bons siècles, gavés de mignardises, de petits canapés et de flûtes de champagne Goût de Diamant. Le genre d'univers que le jeune James Hudson n'a jamais côtoyé, ni appris à apprécier. Ses dernières années se sont résumées à la fuite, à la lutte, aux pertes et au sang versé. Le seul sang ici répandu est celui des raisins, mûri en fûts de chênes centenaires.

Malgré la brève sympathie qu'a pu lui inspirer la jeune Lyra Bloodstone, il lève tout simplement les yeux au ciel en rêvant presque debout aux nombreux parfums de cambouis, de vodka pas chère et de plats réchauffés qui embaument régulièrement la planque de son frère d'armes Cable, dûment squattée depuis plusieurs mois déjà. Tout, mais pas des queue-de-pie, et les regards condescendants qui vont avec.

- Pourquoi faut-il que ce soit encore une soirée huppée ?

Le pompon reste l'arrivée théâtrale du chef de famille autoproclamé, perché sur un canasson exhalant flammes et soufre de ses yeux et naseaux. Nul doute que le clampin classique en soit impressionné. Le Sorcier Suprême et le Wolverine d'une autre terre en ont vu d'autres, et des pires. Même si les propos nauséabonds du blondinet tiré à quatre épingles ont de quoi largement hérisser le poil.

Avec un regard sombre qui en dit long, très long, Jimmy gronde, prouvant de fait qu'il tient davantage du roquet canadien que de la fouine nippone, tant au niveau caractère que morale et loyauté. Se retenant fort d'envoyer balader l'aristocrate, il se contente donc de soutenir les propos de son allié bien plus mesuré.

- Pas de chasse. Vous le regretteriez amèrement.

Et non. James Hudson n'est pas habitué aux discussions télépathiques. Ou en tous cas, il ne l'est plus. A la manière de son père, une couche de tissus cicatriciels mentaux ont rendu son esprit difficilement perméable, ce qu'une fusion naturelle de ses os crâniens avec de l'adamantium est venu renforcer. Mais si les pouvoirs mutants peinent à passer ces barrières, la magie du Dr. Strange y parvient.

Ce qui crispe un instant le jeune homme, qui doit retenir ses griffes de sortir, par pur réflexe.

** Ungh, c'est... désagréable, ça. Mais avec ce que je vois, Doc, nous pouvons nous entendre sur... ces Bloodstone.**

Sur ce, il retourne à son mutisme habituel, et laisse le plus bavard entre eux deux gérer la parlote. Il en vient même à ostensiblement ignorer toute remarque de Cullen et Lyra Bloodstone, pour se concentrer sur ce qu'il peut ressentir autour de lui. Odeurs spécifiques, mots intéressants, symboles associés proches de ceux transférés dans son esprit par le geste du Sorcier Suprême, tout est bon à prendre, tout vaut le coup, surtout après s'être jetés dans la gueule du loup.

Les réactions de Strange et Wolverine font grincer des dents à leur hôte impromptu.
Son visage se remet d'aplomb tandis qu'il devise une manière de rétro-pédaler sur la menace un peu trop perceptible pour les deux trouble-fête.


Le très jeune homme se lèche littéralement les babines, renvoyé des jours en arrière par son propre récit d'événements qui resteront mystérieux à ses interlocuteurs.

Cependant, James sent la présence de la grande sœur encore immature, qui tourne autour de lui, tendue, visiblement inquiète pour lui et remontée contre la nature même de Strange son acolyte.


On aurait pu jurer la voir cracher comme un chat face à une chose détestée, ce qui n'était pas loin de la vérité concernant l'attitude de la doyenne de la fratrie Bloodstone.


Elle n'était pas vraiment joyeuse, mais semble quand même bizarrement satisfaite de s'entourer d'un tas de gens malgré ses airs de ne pas savoir vraiment se mêler à ses semblables.


Conduisant ses "invités" jusqu'à l'intérieur du pavillon où était installée une longue table tachée par les vestiges d'un repas royal, Cullen ricanait d'un enthousiasme dont il était difficile de définir s'il était entièrement feint.
Cependant, sa sœur alla s'installer dans un coin et jouer près de ce qui ressemblait à une gamelle près d'une chaîne sans doute avec un animal au bout, impossible à discerner depuis l'entrée.


L'audace de cette demande de la part de l'hôte de maison est d'autant plus importante étant donné l'identité des convives assemblés, rien moins qu'une assemblée d'infâmes personnages drapés d'une superbe mal acquise.

La première, celle qu'on ne pouvait pas rater, se fit entendre encore plus vite que son allure ne pût attirer l'attention des deux hommes.



Ses insultantes simagrées trahissaient un accent de la Nouvelle-Angleterre, aussi facilement que sa tenue provocante dévoilait chaque détail de sa renversante anatomie.


Laissant tout juste le temps au malaise de s'installer, une seconde membre de l'assemblée ne se cacha pas d'en savourer chaque micro-seconde.
Elle était gracile, sardonique et aussi froide que permis par le système phonatoire humaine.


Une figure d'une certaine autorité se lève d'un somptueux fauteuil en bout de table après avoir prononcé ces paroles.
Une femme, en apparence frêle et surtout d'une tenue bien plus couvrante que celle de la princesse des royaumes inférieurs, en l'occurrence de la soie ornée de pierres précieuses et de fourrure véritable.


Le port noble et la beauté quasi juvénile dissimulent avec soin la force de cet être aux personnes ordinaires, pour peu que de telles gens fussent autorisées à poser les yeux sur l'élite qu'elle représente.


La femme de blanc vêtu lève un verre, dont on n'a pas servi les deux derniers-venus, rapidement secondée dans son geste par des mines pincées et des gestes forcés autour de la table.
Puis, elle approche sans vergogne le bras du Doctor Strange afin de le soumettre aux caprices familiers de la société mondaine, ô combien pénibles et irritants pour quiconque les subit sous la contrainte.


Quiconque ne la connaîtrait pas déduirait habilement qu'elle avait un coup dans le nez... un esprit plus affûté s'interrogerait plutôt sur le but de telles manœuvres de la part de...


Aux côtés de la mondaine - ou plus précisément le double astral infiltré sur ce plan dimensionnel depuis des années, au su d'un Captain Britain impuissant à mettre un terme à ses manigances - une femme plus sculpturale (d'aucuns diraient : plus vulgaire) arborant une combinaison verte en lieu et place de toute tenue de gala.


Visiblement elle appréciait infiniment d'être admise dans cet étonnant cercle de pairs, mais plus encore la présence des deux héros américains lui inspira un plaisir mesquin qu'elle ne sut - ou ne désirât - dissimuler.


Lorsqu'on parlait de la relève de l'Hydra, les jumeaux Von Strucker pistés par James et Stephen n'étaient pas les seuls sur la liste. L'on pouvait songer à Synthia Schmidt fille du Crâne Rouge, ou pour un équivalent de l'ambition de celui-ci à gravir les échelons, il y avait surtout...


Plusieurs des convives affectent un regard de menace après ses mots, plus ou moins furtifs mais, sans s'être concertés ils attirent plus l'attention sur ces paroles qu'autre chose.
La femme semble s'en moquer, puisqu'elle réagit avec un sourire mesquin de ses lèvres pulpeuses peintes en vertes.

A ses pieds, une pauvre créature qui a dû paraître autrefois humaine trépigne servilement au bout de lourdes chaînes reliant chacun de ses membres.
Une entrave surtout maintenue badinement par l'une des mains gantées de la membre d'élite de l'Hydra et femme de confiance de la Reine Blanche britannique.


Comme s'il était besoin de les décrypter, ses pensées sont si brutes et basiques que la télépathie de Doctor Strange ou l'empathie bestiale de Wolverine ne peuvent en ignorer la teneur.


La bave aux lèvres de la pauvre créature blonde est sans équivoque : il voit instinctivement, plus particulièrement en ce jeune Wolverine une menace envers sa maîtresse et le foyer où on l'accueille.
Devant lui, une assiette en porcelaine absente de devant une place vide a été déposée.
Qu'il ait été invité pour l'en-cas partagé par tous ou qu'on lui ait donné la part d'un retardataire, son repas a été méticuleusement nettoyé si ce n'est des traces de salive qui la rendent plus brillante qu'un sou neuf.
Cet être primal littéralement à la botte de Viper est connu de certains Mutants, en particulier les Canadiens, en tant qu'ancien membre du Projet Arme-X et sous le nom de...


Comme pour moquer les sentiments de son chien d'arrêt humain, Viper siffle entre ses dents.


C'est, ou cela pourrait être, une question, si Viper avait ne serait-ce que la décence de s'adresser directement à Jimmy ; elle n'en fait rien, préférant une distance raisonnable assurée par son toutou enchaîné.

Sur ces entrefaites, un domestique qui devait terminer seul de débarrasser la tablée finit par revenir avec une bouilloire remplie dans une main et une serviette posée sur l'autre.
Or, le tout se voit renversé rapidement, à l'arrivée empestant le soufre d'un autre mauvais larron de convive.


Téléporté au milieu de la partie du pavillon où se trouvait la table des festivités dans un nuage de fumée couleur de sang, l'homme au visage de démon écarte ses bras comme un magicien en pleine représentation ou un dieu prêt à être vénéré.
Sa voix nasillarde dénote un peu de l'impression de puissance qu'il imagine délivrer, mais ses paroles n'en sont pas moins empruntes de mégalomanie.


Le ton accusateur passe complètement au-dessus de la notion que ses comparses aient pu autoriser telle venue sans s'être donné la peine de le prévenir, encore moins de le consulter.
Des pas sonores approchent pourtant jusqu'à lui pour le remettre à sa place ; les jambes interminables de Satana chaloupent jusqu'au dernier arrivé afin de lui donner une gifle aussi spectaculaire que son arrivée.


Déposant un baiser mutin sur l'autre joue, la réputée Fille de Satan donne une seconde claque sur le postérieur de l'elfe rouge en costume impeccable.
Impeccable, sauf une tache rouge au col.


Impeccable, sauf que la moitié de sa tenue est désormais trempée d'eau bouillante.
Le domestique se protège de son plateau vide pour éviter un coup de poing colérique, perdant sa serviette aux mains de l'impertinent dernier arrivé...


Celui-ci profite justement que le torchon de service échappe à la vigilance du serveur pour s'en saisir et nettoyer quelque chose par-derrière lui... au geste comme à l'odeur de métal et de sang, une lame qui a dû très récemment servir à faire ce pourquoi la manient les faquins de son espèce.

Le domestique humilié prendra la peine, s'ils ne s'en étaient déjà chargés, d'asseoir Wolverine et le Docteur à des places non réclamées, pourtant parmi celles qu'il avait eu à débarrasser avant ; les convives ayant sans doute faussé compagnie avant l'arrivée du duo d'américains.

Sans tout-à-fait s'excuser, Cullen Bloodstone reprend la parole et tant soit peu le contrôle de sa petite sauterie.



Dans les secondes qui suivent, Viper qui semble s'être éclipsée depuis quelques minutes au profit de la confusion revient vêtue de ce qui paraît plus seyant pour une partie de campagne, quoiqu'adapté à la mode de l'Hydra et de leurs collaborateurs réguliers l'AIM.



Quelle qu'ait été la manière de gérer cette situation sociale par le duo de héros reliés par télépathie, il semble que certains dans l'assemblée continuent de croire que leur programme pourra continuer de se dérouler comme prévu...