Les liens du coeur, à défaut de ceux du sang [Jimmy]

- Hey.

Ainsi est accueillie Natasha au milieu de Hell's Kitchen, par le maître des lieux. Le rideau métallique devant lequel il se tient est à moitié ouvert, comme s'il venait à peine de se rabattre. Comme l'espionne pouvait s'en douter, des sens autrement supérieurs aux siens avaient perçu son arrivée, malgré les multiples émanations de la Cuisine du Diable. Jimmy Hudson, très sobrement vêtu, salue son invitée d'un bref geste de la main. Une invitée qui serait, selon ce qu'il a pu comprendre, presque une sœur. Ou, en tous cas, presque la fille du vieux griffu.


Une dureté inhabituelle se dégage de ses yeux bleus, mais pas de colère, de reproche ou de violence. Non, c'est comme si quelque chose le peinait, et qu'il devait serrer les dents pour garder bonne tenue. Epaulé à la tôle, il prend le temps d'observer. Sa démarche discrète. Sa tenue passe-partout. Son air effacé. Tout ce qui lui permet de se dissimuler en pareil lieu, dans le quartier le plus malfamé de New-York.

- Natasha.

D'une certaine manière, il s'agit de la première fois qu'il prononce ce nom. La première que son regard se pose sur l'espionne en civil. S'il ne devait se fier qu'à son cerveau couvert de tissus mentaux scarifiés, il affirmerait mordicus ne l'avoir jamais rencontré de sa vie. Pourtant, quelque chose en lequel il a une confiance absolue ne le trompe pas: son odorat. Cette signature olfactive n'est pas nouvelle. Il l'a connue par le passé, et bien connue même, ses narines en sont certaines.

D'une seule main il relève le rideau de métal. Les charnières couinent, le métal gronde, sans pour autant résister. Il pratique cette entrée depuis de longs mois désormais, elle n'a plus de secrets pour lui.

- Entre.

Peut-être encore plus que son père, Jimmy est ce qu'on appelle un expert du laconisme. Tant que le besoin ne s'en fait pas sentir, il se contentera du minimum de mots pour un maximum d'efficacité. Non pas qu'il soit limité, ou idiot; sa nature ombrageuse se plaît davantage dans le silence qu'ailleurs.

Un silence que reflète bien l'intérieur de ce garage réaménagé. Un peu poussiéreux mais somme toute confortable, Hudson en a complètement modifié l'agencement suite au départ de son grand ami Nathaniel Summers, on ne sait où. Le jeune mutant s'y attendait, pour tout dire: Cable doit vieillir dans le futur pour devenir l'homme qu'il a été/est/sera. La cohabitation n'était donc que temporaire, mais fort agréable. Un espace conséquent est dédié à une superbe Harley Davidson 1963 Panhead à la peinture complètement éraflée, et un autre sert de stockage réfrigéré pour la nourriture, avec plaques de cuisson. Le reste, minime, pourrait ressembler à un salon si Jimmy s'était embêté à le mettre en forme pour.

Aujourd'hui, il ne peut plus compter que sur la solitude, malheureusement.
Alors il compose avec, sans regretter ce qu'il a perdu.


La solitude et un nouvel arrivant qui a de quoi attirer l'attention. Posé sur l'accoudoir d'un canapé défoncé par le passage de trop de paires de fesses, un faucon attend, l'air très intéressé. Pour un oiseau. L'animal garde un calme olympien, et ne tressaille à aucun moment. Mais ses yeux balaient la scène, comme deux caméras avides d'informations, de nouvelles.


Sans y jeter plus qu'un coup d'oeil, Jimmy secoue la main en direction du rapace, comme pour signifier qu'il ne faut pas trop s'intéresser à ce tas de plumes. S'il le pouvait, le jeune homme le mettrait sous clef le temps de ce rendez-vous, maiiiiiiiis... ce n'est pas possible. Alors à défaut de se morfondre, on s'adapte !

- Fais pas gaffe, c'est... c'est rien.

A pas lents, le regard fixé sur Natasha, il se dirige vers le coin cuisine, et les fameux restes évoqués par SMS. Encore mal à l'aise, et intrigué par la suite de cette première/énième rencontre, Hudson tâtonne un bref instant pour trouver l'ouverture de la grande porte blanche, occupé qu'il est.

- Je te sers un truc ?

Cela fait près de trois mille ans que les humains ont cessé de vénérer l'Héliopolis Céleste. Divinités et monstres égyptiens se sont effacés au profit de la modernité, des monothéismes, de la science, préférant observer qu'agir, préférant l'ombre à la lumière. Un état de fait qui a toujours frustré le dieu-pharaon, proche des hommes, mais soumis à la volonté des siens. Une volonté que le retour de Chton a fait voler en éclats. Tous les compliments sont donc bons à prendre, ici, dans cette ville de béton étouffante, même ceux d'une inconnue à la chevelure de feu.

Mais Jimmy s'en fiche. Il n'écoute pas ce fichu piaf qui lui parle à tort et à travers. Bien autre chose mobilise l'entièreté de son attention, et ce n'est pas le mini-réfrigérateur ouvert devant lequel il se tient, sans bouger, sans rien faire. Les phalanges de ses doigts blanchissent, tant il serre le battant fort. Les lames dans ses avant-bras frémissent, comme impatientes de sortir alors que pourtant rien ne les menace.

Brute de décoffrage quand elle a quelque chose en tête, la Veuve Noire a tapé dans le mille, à peine entrée. C'est surprenant. C'est logique. C'est normal. C'est désagréable.

En une phrase, elle vient de crisper son interlocuteur, de le renvoyer dans les cordes.
On l'aurait frappé plusieurs fois au foie qu'il supporterait mieux la suite de la conversation.

Troublé, le souffle court, Jimmy Hudson ferme les yeux un instant pour reprendre contenance.
Pour répondre sans aucune haine ni aucune violence.
Des émotions qu'il n'aime guère ressentir.

- La vérité ?

Ces deux mots peinent déjà à sortir sans ressembler à une agression.
La suite n'est pas bien meilleure.

- La vérité, c'est que j'ai aucune idée de qui tu es. Ca te va ?

Quelques flashs le gagnent, lorsqu'il laisse son regard détailler la silhouette de son invitée. Des images, des odeurs encore, des sons aussi. Des lambeaux enfouis dans les profondeurs de son esprit mine de rien en bonne santé parce qu'amnésique. Beaucoup de choses ont été perdues, comme le nom de ses parents, ou la forme qu'avait sa maison dans le nord du pays. De la Terre-1610, il ne retient que les derniers moments, et ce que le jeune Câble a pu faire rejaillir lors de leur involontaire fusion dans la province de Manitoba, au Canada.

Pour cela, il lui en sera éternellement reconnaissant. Mais ce n'est pas assez pour aller bien. Ce n'est même pas assez pour aller mieux. Navré d'être un aussi gros con, Jimmy soupire en sortant du frigo la fameuse bière promise, une rareté dans cet appartement. Et elle n'est même pas éventée, c'est dire le cadeau !

- Tiens, ta bière.

Puis, attrapant un siège de bar, il s'installe à moitié de travers dessus, en opposant au regard désapprobateur du faucon une œillade furieuse, enfant de son état émotionnel actuel.

- Et lui, c'est qu'un con moralisateur.

La voix mystique résonne encore dans l'esprit du mutant, et uniquement pour lui. Une conséquence de leur lien d'âme désormais solide. L'élu et son dieu, le guerrier et son général. C'est ainsi qu'Horus aimerait que les choses soient. A la place, il doit se contenter d'un flot de colère intarissable.


Immédiatement, la réplique part:

- Oh ferme bien ton bec, toi.

Sèche, cassante, elle vient en effet faire taire l'oiseau. Mais elle a aussi été prononcée à voix haute. Dans le vide. En direction du volatile, oui, mais aussi de Natasha. S'il est évident que ce cri du cœur ne concerne en rien l'échange avec l'espionne, le mystère de son état mental reste entier...

Les choses ne se passent pas... comme Jimmy Hudson pouvait l'imaginer.
Lui qui pensait pouvoir conserver une certaine distance, confortable distance, le voilà épaule contre épaule avec cette inconnue pas si étrangère que ça. Le rouge monte à ses joues, ses muscles se contractent, il peine à savoir où poser son regard, à la fois pour se reconcentrer et pour ne pas donner l'air d'être obscène. Une panique peu habituelle le gagne, lui qui a combattu des dieux, lui qui a plongé dans les ténèbres du chaos, lui qui a survécu à l'affrontement avec un seigneur vampire. Alors, à défaut de prendre son courage à deux mains, il ferme les yeux, dans l'espoir de faire disparaître son trouble.

Il n'en est rien, bien sûr.

- ...

Mais dans le noir de ses pensées, il n'est pas seul. Il n'est plus seul. Une petite flamme, lumineuse, pulse près de son âme, amusée par toute cette situation. Jimmy le sait, Jimmy le sent. Avec Nathan Dayspring Summers et Marc Spector, il a surtout connu une camaraderie émotionnellement brutale. Et si une forme de douceur a pu exister avec le Croisé lunaire, cela ne ressemble en rien à ce qu'il ressent avec cette flamme.


Aux mots d'Horus, rien ne vient. Pas de réponse. Pas de réaction. Juste un mur, une muraille, une forteresse. Lâcher les émotions, c'est trop dur, trop douloureux. Jimmy ne veut pas, il en a marre de devoir aussi franchement souffrir. Il a trop perdu. Et s'attacher, c'est à nouveau prendre le risque de perdre. Donc d'avoir mal. Et pas une petite douleur physique vite raccommodée par un facteur régénérant fort pratique, non. Le genre de douleur qui te prend à l'âme pour ne plus jamais te lâcher ensuite.

- ...

Un silence, encore, qui chagrine le faucon.


Un nouveau silence suit ses mots. Un silence différent. Pas celui de quelqu'un qui se renferme, mais plutôt de celui qui cherche quoi dire, quoi répondre, quoi opposer. Mais rien ne vient jusqu'aux lèvres de Jimmy Hudson. Rien qui ne soit pas faux, ou hypocrite. Le griffu soupire alors, tant sur le plan physique que mental, avant de penser fort, très fort:



Le faucon bombe le torse, et se rengorge, rayonnant de fierté. Il a gagné, mais ce n'est pas ça qui le rend heureux: sa victoire est avant tout celle de son frère d'armes en pleine tourmente. Cela ne représente qu'un petit pas vers le mieux, certes. Pourtant, c'est déjà beaucoup.

Rouvrant les yeux, Jimmy plisse les lèvres, un peu perdu sur la marche à suivre. Que dire ? Que faire ? Par quoi commencer ? Alors, dans le doute, il reprend du début, quitte à dire des banalités, quitte à passer pour un idiot: à se taire comme il le fait, c'était plus ou moins son destin, déjà. Avec une douceur inattendue, il cherche puis croise le regard de son amie oubliée, afin d'établir enfin un véritable contact.

D'un bref mouvement de tête, il vient ensuite désigner l'oiseau merveilleux.

- Lui, c'est Horus. Il t'aime bien.

Son attention se tourne ensuite sur l'image du véritable Wolverine, le vrai de vrai, avec des santiags, des Stetson, des chemises en flanelle et des griffes chauffantes. Ce dernier point fait sourire Jimmy, car avec les quelques avantages conférés par son association récente avec l'Héliopolis antique viennent des griffes enflammées. Comme quoi, c'est un peu le destin.

- Je le connais, oui. C'est pas mon père. Je l'ai jamais rencontré, le vrai. Il est mort lors de la destruction de New-York. Et je me souviens plus de celui qui m'a adopté. Mais ça devait être sympa de faire semblant, quand on était tous les trois.

Des mots durs, mais empreints de vérité.
C'est mieux que le silence. C'est bien plus gratifiant en tous cas.
Mais la pesanteur du moment ne dure guère, lorsqu'arrive la photographie de la fameuse "beuverie". Encore un souvenir perdu, mais sa simple évocation fait réagir le mutant, positivement.

- C'est ça d'avoir un foie en constante régénération...

Le ton, amusé, s'accompagne d'un bref sourire en coin.
Un miracle !

Le regard de Jimmy glisse sur l'imperturbable faucon.
Horus, oui. Comme le dieu. Oiseau. Qui parle. Et a des pouvoirs. A croire qu'il y aurait un lien entre les deux. Si ça se trouve, la maladie de Marc Spector est contagieuse, et son esprit déjà fragile reproduit les frasques égyptiennes de son aîné. Si ça se trouve, tout ça n'est qu'un rêve éveillé, et il n'a jamais quitté le ventre du chaos. Une bien sombre pensée.

Ce genre de réflexion fugace glisse sur le jeune mutant, comme une goutte d'eau le long d'une vitre. Ce n'est pas son genre de s'apitoyer, ou d'émettre de telles hypothèses en espérant qu'elles ne soient qu'irréelles. Pour s'attacher à quelque chose, Jimmy a besoin de concret. Ici, c'est l'œillade pénétrante du faucon égyptien qui l'empêche de croire à une quelconque manipulation de son âme. Horus est réel. Horus assure ses arrières. Horus est un casse-pied. Mais maintenant, il est SON casse-pied.

Après quelques secondes, le jeune mutant pivote vers celle se disant son amie, pour lui répondre:

- En Egypte. Au retour d'une bataille contre les monstres du dieu Chthon, durant un affrontement contre Setesh.

Rien que ça.

Une journée normale dans la vie normale d'un Wolverine normal.

Du sang, des larmes, de la douleur, des morts, des traumatismes. Beaucoup de traumatismes. A croire que porter ce nom équivaut à endosser une malédiction, le genre qui ne mène que sur une voie de souffrance, peu importe les efforts développés.


Montrer des photos, rappeler des souvenirs, c'est une chose. Susciter des réactions biologiques en est une autre. Recréer un lien profond en est encore une autre, bien plus complexe, surtout pour quelqu'un qui écoute autant ses tripes et si peu son cœur. Moins instable mais plus crispé qu'au début, Hudson détaille l'espionne du regard, pour faire rejaillir... quelque chose. N'importe quoi qui puisse lui rappeler leur passé commun.

Mais il n'en a pas le temps.

Un craquement de bois le fait se tendre. Ses yeux s'écarquillent, et il veut hurler quelque chose à Natasha.
Pas assez vite; l'enfer s'abat sur lui avant.

Les vitres explosent, les portes volent en éclat. De ces nouvelles ouvertures est immédiatement vomi un flot de noir profond et d'acier brillant, de tissus discrets et d'étoiles meurtrières. Ils n'hésitent pas une seule seconde à se jeter sur le mutant, qui dégaine ses griffes à la vitesse de l'éclair pour les empaler avec. Certains se détachent du groupe pour venir contenir l'espionne; la majorité s'acharne sur le mutant.

Des ninjas.

Profitant de l'œil acéré de son allié à plumes délicatement déplacé hors de tout danger par la meilleure des hérétiques rousses et russes, Jimmy se penche juste à temps pour éviter une douloureuse lacération de l'arrière du crâne. La lame passe au-dessus de sa tête en sifflant; le mouvement du Wolverine, exceptionnel de rapidité, est surprenant, même selon ses performances habituelles. Mais il n'y prête guère attention. Se faire scalper ne figure pas dans ses projets immédiats. Scalper celui qui a tenté, en revanche...

Le jeune mutant n'oublie cependant pas d'envoyer une brève impulsion mentale, revêche mais reconnaissante. Horus ne s'en offusque pas; son élu est comme il est, et l'on pourrait presque dire que cela fait partie de son charme.


Posé sur sa poutre, Horus hoche son bec acéré, et regarde le combat se mener. Pieds et poings de la veuve noire écrasent, brisent, cassent, concassent à une vitesse ahurissante, alors que les lames d'adamantium découpent sans la moindre difficulté acier, tuniques, chairs et os, plus aisément encore que la plus acérée des épées. L'oiseau divin regrette cette violence; il n'est pas un sadique. Si les choses pouvaient se régler dans la parole et la paix, il préfèrerait. Mais ici, Jimmy Hudson n'est nullement agresseur, d'autant plus que le dernier des ninjas qu'il frappe chute au sol encore en vie, la jambe définitivement transpercée.

Le shinobi hurle, puis gémit, alors que le fracas du combat retombe doucement.
Pas assez doucement pour le mutant, qui saisit sans vergogne l'homme en noir pour le jeter contre le comptoir dans lequel est planté shurikens, katanas et tantos. Quel enfer cela sera de lui rendre un peu de lustre... Mais avant les travaux de menuiserie, l'interrogatoire. Et les réponses.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

A la question le fils des ombres ne lui renvoie qu'un regard de haine.
Sans même avoir à parler, Jimmy comprend qu'on lui en veut personnellement, d'une manière ou d'une autre.

- Anata wa itan-sha to shite shinudeshou !

Le jeune homme secoue la tête, passablement énervé.

- Tu captes ce qu'il baragouine, Natasha ?

- Watashi wa shippai shimashitaga, gin no samurai ga shōri shimasu, gaijin !
(J'ai échoué, mais le Samurai d'Argent triomphera, étrangère !)

Sur ces mots jetés au visage de Natasha, à la manière du venin d'un cobra royal, l'assassin venu du Japon se tait, semble réfléchir et... non, ce n'était pas de la réflexion. Il cherchait quelque chose au fond de sa bouche, sous sa dernière molaire, qui n'en est d'ailleurs pas une vraie. Avant que quiconque ne puisse réagir, ni l'espionne surentraînée bien plus habituée à cela qu'elle ne le voudrait ni le mutant capable de détecter les subtils changements hormonaux précédant l'acte, le ninja serre les mâchoire.

Et croque.

CRAC

L'effet est presque immédiat.
A une vitesse hallucinante, le poison se répand dans son organisme, oblitérant ses facultés motrices, mettant à mal les battements de son cœur au bout de quelques secondes, le souffle vital dans sa poitrine disparaît, et le voilà mort, terrassé par sa trop grande conviction.

D'un reniflement, Jimmy récupère de minuscules traces, d'infimes particules capables de le renseigner davantage. Inutile vu les circonstances, et la connaissance qu'ils ont tous deux de ce genre de fanatique, mais d'une certaine manière, il entend ne pas laisser Natasha seule avec ce cadavre sur les bras. Maintenant accroupi à côté d'elle, pour observer le macchabée sous toutes les coutures, il lâche:

- Cyanure.

Une réaction inattendue lui fait dresser l'oreille. Depuis les poutres du plafond, là d'où il a pu observer la violence de l'affrontement, Horus secoue sa petite tête de faucon.


Se battre et mourir au nom d'une cause est une chose que le dieu ne peut que respecter. Rares sont ceux prêts au sacrifice ultime pour protéger quelque chose qui les dépasse. Et si, par principe, l'égyptien ne pouvait être de son côté, il comprend un peu. Pour sauver le monde, il pourrait agir ainsi. Par besoin de justice. Pour sauver son élu, aussi.

Plus pragmatique, Jimmy hausse les épaules en se redressant, et se tourne assez vers l'oiseau de proie pour l'avoir bien en face. Ses lèvres s'ouvrent, et des mots à destination du volatile divin s'en échappent, portés par un flegme à toute épreuve.

- Toujours mieux lui que nous.

il se fige alors.

- ...

Vient-il de parler à voix haute, tourné vers le faucon au regard beaucoup trop expressif pour n'être que celui d'une bête ? S'est-il trahi tout seul, comme un grand, sans que personne ne l'y ait forcé ? Oui. Définitivement oui.

Face à cela, une seule technique à adopter: l'indifférence.

Toujours aussi incapable de comprendre le japonais, Jimmy se tourne donc vers Natasha, tentant bien que mal de contrôler les battements erratiques de son coeur. Qu'elle lui explique, qu'ils changent de sujet. Il en doute, vu le bestiau auquel il a affaire, mais peut-être que ça passera et qu'il n'aura pas à raconter à une encore presque inconnue ce qui lui est arrivé en Egypte ?

- Tu m'expliques pendant que je range ?

- Hrm...

Evidemment.
Elle a remarqué. Natalia Romanova, LA Black Widow, l'espionne ultime, ne pouvait pas rater ce lapsus. Et toute l'indifférence feinte du monde ne saura la convaincre d'une quelconque erreur. C'est peine perdue. Alors pendant qu'il pousse quelques corps dans l'espoir de trouver des tabourets encore en état, il soupire et commence la parlote. Impossible d'y échapper, de toutes façons. Et puis, elle vient d'apporter son aide, ainsi que la preuve qu'ils étaient proches, avant. Si quelqu'un mérite de savoir, c'est bien elle.

- Il y a quelques semaines, nous avons combattu les disciples de Chthon à Louxor. Lors de cette bataille, Horus m'a marqué de son symbole. Avant de rentrer au pays, j'ai voulu comprendre... et depuis, il me quitte plus d'une semelle.

Un premier siège en bon état est retrouvé ! Une petite victoire quand on regarde la scène dans son entièreté. Jimmy ne s'arrête pas là; il continue de fouiller, un peu plus silencieusement après avoir autant causé. Lui en demander plus, là, ne serait que la porte ouverte à plus de grognements. Mais c'était sans compter sur la curiosité de son compagnon à plumes, au vif intérêt quand il s'agit de la vie privée du jeune Hudson.


Réponse nette et rapide, aussi incisive que les griffes métalliques de celui qui la lance.


Un battement d'ailes déçu résonne dans l'esprit mutant.



S'il était évident que Natasha n'allait pas passer à côté de révélations sur la vie de son presque frère, il l'était tout autant que Jimmy soit le plus taiseux possible, encore un peu. Il lui faut du temps pour assimiler. L'affectif, ce n'est pas quelque chose avec lequel il est habitué à jongler. Et qu'il le veuille ou non, le lien avec le dieu céleste s'en rapproche. Alors que les ninjas tueurs, eux, sont davantage dans ses cordes, ce pourquoi il n'hésite pas un instant à rediriger son attention vers ce sujet.

- Mais je ne sais pas trop ce que vient faire cette attaque dans tout ça.

Il secoue la tête, à la fois bien embêté par les tenants et aboutissants de cette attaque surprise et par la quantité de travail que va demander la remise en état de son lieu de vie. Mais réparer peut attendre, pas les vagues d'assassins fanatiques.

- Et donc, il a dit quoi avant de passer l'arme à gauche ?

Point de baguette magique pour les seigneurs de l'Heliopolis Céleste, non. Il leur arrive bien de manipuler des objets de pouvoir, mais ceux-ci s'entourent toujours d'un symbolisme à nul autre pareil, propre à chaque divinité. Sceptre royal, balance de jugement, armes de punition... des outils dédiés à des missions spécifiques, toutes importantes dans l'équilibre de l'univers selon les cultes d'alors, aujourd'hui disparus. Disparus mais pas mourants, comme en témoigne la vive intelligence du protecteur des pharaons, bien que coincé sous forme animale. Le degré de puissance nécessaire au soin de la mémoire est encore trop grand, et surtout dépendant des attributs d'autres entités. Horus n'est pas le genre de dieu à réparer les esprits... même si pour son élu, il pourrait faire une exception. Un jour. Peut-être.

- Pas de restauration de mémoire, non.


Il pourrait faire, car tenter n'est pas réussir. On fait ou on ne fait pas. Il n'y a pas d'entre deux.

Dans les tréfonds de son esprit endormi, Jimmy l'entend parfois murmurer des rituels et convoquer la magie qui est d'ordinaire sienne, en vain. Une situation déstabilisante quand on essaie de slalomer entre les cauchemars pour passer une nuit paisible. Surtout quand les cauchemars en question sont avant tout des souvenirs persistants.

- Hrm.

Le sujet se doit d'être changé.
Découvrir la toile d'araignée au centre de laquelle ils se trouvent revêt soudain beaucoup plus d'intérêt. Pour ce faire, il convient d'abord d'entendre les hypothèses de l'espionne russe, qui en connaît un paquet sur les fous furieux abrités dans l'ombre de ce monde.

Horus et la guerre des dieux, peut-être la raison de cette attaque ? Un assaut préventif pour se débarrasser de l'égyptien avant qu'il ne regagne sa toute puissance serait un motif valable, surtout aux yeux des isolationnistes du Japon... en espérant qu'ils n'aient toujours pas pris parti pour conserver leur petit bout de terre libre. Jimmy en doute.

- Va falloir un interprète. Un qui sait se battre. Si tu as envie de venir, tu es la bienvenue.

Elle, et tout un tas de matos qu'il entend emporter avec lui. A grands pas, il avance vers une malle dans laquelle il se met à allègrement fouiller. Des armes, des pistolets lasers, des explosifs, des plans, des schémas en sont sortis sans ménagement, dans un grand bazar qui n'a rien à envier à celui causé par les ninjas. Faut dire que Nate (le jeune mutant, pas le diminutif pas ouf de Natasha) s'est jamais gêné pour stocker des trucs sympas ici. Des trucs qu'il ne pensait pas utiliser un jour. Comme quoi, entasser ça a du bon parfois.

- Cable a laissé du matos avant de disparaître. En mauvais état. Ce téléporteur nous garantit qu'un aller-retour. On va faire gaffe. T'es prête ? Alors c'est parti.

Il suffit d'un bref "zap", et les voilà arrivés au cœur de la capitale nippone. Agité par le voyage instantané, le faucon prend immédiatement son envol, découvrant d'en haut le mégalopole hautement technologique, une forêt d'arbres de béton, de lianes électriques et de prédateurs mécaniques au ventre rugissant.

Ce premier jour, le trio ne manque pas de provoquer un sacré remue-ménage dans les quartiers malfamés, en quête d'informations. Le mot passe vite dans les sphères obscures: la Veuve Noire et le Kuzuri cherchent le Samurai d'Argent pour lui faire sa fête.

Le deuxième jour, la piste se réchauffe encore.
Un indic terrifié a osé cracher un mot: Sōkutsu. La Tanière. La planque de la proie du moment. Un indice enthousiasmant, si peu de temps après leur arrivée en terre japonaise. Mais cela ne reste qu'un nom, et transformer en victoire une si maigre piste risque de demander encore beaucoup de travail.

La fin du troisième jour se solde par une intense frustration.
En sus de n'obtenir aucune information supplémentaire, plusieurs embuscades de ninjas les ciblent, comme pour les narguer. Fatigué, hérissé, poussé à bout, Jimmy Hudson se déchaîne comme jamais, au grand dam de son veilleur divin.

Enfin, la traque s'achève à l'aube du quatrième jour.
Peut-être un peu trop facilement, mais ce n'est que l'opinion d'Horus, sage depuis son perchoir céleste. Le jeune Wolverine est concentré sur une toute autre tâche: trouver l'entrée précise de cette fichue tanière, là, dans les égouts. Un lieu étonnant quand on connaît la noblesse que Keniuchio Harada a toujours essayé d'impulser à son clan criminel. Un lieu... qui ne colle pas, même si tout conduit vers lui.

- Hum je vois... Dit-elle d'un air pensif avant d'ajouter. Et Strange ?

Si la magie d'un dieu a ses limites, et contre toute attente, il semblerait que celle des Sorciers Suprêmes soit beaucoup plus libre. Du moins... pour ce qu'elle en sait et ce à quoi elle a pu assister jusqu'à présent. Le Docteur Strange est extrêmement puissant, à tout point de vue. Il est capable de bien des choses et il n'est plus à démontrer les prodiges qu'il sème dans son sillage, parfois avec une déconcertante facilité. Alors pourquoi pas, finalement.

Natasha note comment il détourne le sujet Chthon d'une manière si peu discrète que c'en est presque risible. Ou aberrant, c'est au choix. Gonflé, ça fonctionne aussi en y pensant.
Elle ne lui fait cependant pas remarquer. La journée commence à être longue pour ce pauvre Jim'. D'abord les trous de mémoire qui reviennent sur le devant de la scène, empêchant celui qu'elle considère comme un frère de coeur -et il est bien le seul, veuillez saisir toute l'importance de la chose- de se souvenir d'elle, l'attaque des kamikaze, la confidence qu'un Dieu l'accompagne. Cela fait beaucoup en l'espace de quelques heures. Le laisse t'elle donc tranquille pour le moment. Mais le sujet reviendra sur le tapis, il peut en être certain.

- Attends quoi ?! Non pas la téléportation, on peut y aller en...

POUF

Pas le temps de finir sa phrase que le bidule de l'enfer est actionné par Jimmy. Natasha n'a que peu eu affaire à la téléportation, mais une chose est certaine : elle déteste cordialement cela.
Et cette fois là ne dément pas les précédentes. La tête légèrement tournante, retenant de justesse un juron bien senti, la rouquine respire à plein poumons quelques secondes pour faire passer cette dérangeante sensation de mal aise.

Le bal commence et il a un goût de déjà vu. Traque, indices qui ne mènent nulle part, altercations, affrontements violents. Pas de place pour le tourisme pendant les quatre jours où ils sillonnent la capitale nippone de long en large.

- Y a que moi qui trouve que cette histoire pue le piège à plein nez ou bien...

Aux aguets, la russe marche à pas mesurés à la suite du mutant, dans le long tunnel des égouts qui sent le rat mort et peut-être aussi vivant. L'information qu'ils ont obtenue l'a été un peu trop facilement à son regard. Natasha pratique les japonais depuis suffisamment longtemps pour savoir que lâcher le morceau aussi vite n'est pas dans leurs habitudes.
Quelque chose cloche et ils vont fort probablement le découvrir à leur dépend.

Nat' Romanoff n'est pas la seule à détester la téléportation.
Jimmy hait ça de la plante de ses pieds à la pointe de ses griffes. Ses sens extraordinaires subissent à chaque fois un choc terrible, celui de devoir s'habituer à un changement total d'environnement en moins d'une seule seconde. D'autant plus que les machineries spatio-temporelles du jeune Nathan Summers n'ont rien de stable. Elles secouent, remuent, perturbent quiconque les emprunte, même leur propriétaire lorsqu'il s'en servait encore. L'assurance d'un mauvais moment à passer.

Mais le jeune mutant sait une chose, qui prime sur le reste: quand une piste est fraîche, on ne lui laisse pas l'occasion de s'estomper. Plusieurs jours sont sûrement déjà passés depuis l'envoi de ces tueurs à Manhattan, hors de question de perdre plus de temps, donc.

- Au bout d'un moment, on fait plus attention aux pièges. On encaisse.

Une philosophie dangereuse quand on ne possède pas un facteur régénérant à toute épreuve. Sans ce don extraordinaire, nul doute que Jimmy aurait succombé depuis longtemps aux menaces dont il a triomphé. Dracula, Kid Cable, Cassandra Nova, Mysterio, Seth... humains, mutants, monstres et dieux ne lui ont laissé aucune chance, et pourtant le voilà, encore debout, prêt à affronter un nouvel adversaire.

Une situation qui ne saurait davantage tarder; après une étude approfondie d'un pan de mur près d'une sortie d'eau, le jeune homme décale la paroi, révélant un long couloir. Le béton disparaît peu à peu pour laisser place à du mortier et des pierres brutes couvertes de mousse. Au bout du chemin, une nouvelle pièce se dévoile, une grande citerne baignée d'une lueur verdâtre.


Au centre patiente un homme en armure. En armure d'argent. Katana rangé mais prêt à être dégainé, posture paisible, regard déterminé sous le masque, le guerrier fait montre d'une confiance absolue en ses capacités. Même lorsqu'il voit émerger le duo quasi-fraternel, son souffle ne tressaille pas, ni ses doigts autour de la poignée de son sabre. A ses yeux, il maîtrise la situation, sans aucun doute.

- Saigo ni anata wa koko ni imasu, Kuzuri.
(Enfin te voilà, Wolverine.)

Les dents de son somen dessinent une expression rageuse, en total contraste avec le ton de la voix qui en sort. Une voix déformée par le bruit d'eau, et le métal sur lequel elle se répercute. Une voix peut-être différente de celle que connaît la Black Widow, mais définitivement adepte du japonais.


Si Jimmy avait pris le temps d'ouvrir ses sens, s'il ne comptait pas trop sur la présence de son alliée, si Horus avait été là et ne survolait pas anxieusement les cieux tokyoïtes, sans doute aurait-il perçu ces odeurs familières, ou la vitesse de réaction bien trop grande du samouraï. Emporté par la fougue animale, il n'en fait rien, et s'élance bille en tête, toutes griffes dehors.

- Graaah !

En face, aucune inquiétude ne se fait ressentir.

Les bottes de Jimmy claquent sur la pierre humide.

La lame jaillit de son fourreau. Elle rencontre l'adamantium dans un crissement d'enfer.

Deux bruits de chair tranchée résonnent dans le silence qui s'ensuit. Jimmy ralentit sa course, le souffle coupé.


- ...

Deux brûlures, une au visage et une dans son dos, le lancent soudain terriblement... le sang coule, goutte après goutte le long du katana et en filets réguliers sous la tenue du blessé. Mais ce qui le choque, le fait vaciller, ce n'est pas d'être victime de la première touche, non.

Les coups d'épée sur son visage et dans son dos ne guérissent pas... elles continuent même de saigner avec une funeste insistance.

Dans le creux de son estomac tombe une pierre, fruit d'une sensation qu'il n'a pas ressenti depuis longtemps.

La peur.

Natasha suit son jeune frère à la mémoire morcelée dans le labyrinthe de couloirs qui s'étend sous les rues japonaises. Plus ils avancent, et plus un mauvais pressentiment enserre sa poitrine.
C'est trop calme. Beaucoup trop calme. Aucun comité d'accueil, pas l'ombre d'un ennemi. Pour un peu, on dirait presque qu'on leur a fléché le chemin qu'ils doivent parcourir jusqu'à atteindre leur objectif.
C'est trop simple.

Alors les sens de l'espionne s'aiguisent. A chaque mètre, on dirait que ses pas se font plus légers, plus discrets, plus attentifs. Comme si elle se tenait prête à voir un diable s'extraire d'un couloir sur leurs abords sans crier gare d'une seconde à l'autre.
On ne lui enlèvera pas de l'esprit que quelque chose ne tourne pas rond, et la maxime de Jim' qui semble bien décidé à foncer tête baissée et qui vivra verra, n'est pas sans lui causer une inquiétude supplémentaire.

Hélas, ça ne rate pas. Car alors qu'ils débouchent sur une salle bien plus vaste, le Samurai d'Argent les attend. Posté au centre de la pièce, il est prêt. Il les attendait, plus exactement.
Ses mots ne laissent aucune place au doute par ailleurs. Jimmy est sa cible. Natasha y a longuement réfléchi ces derniers jours. Et malgré toute la réflexion qu'a entraîné ce constat, elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Elle ne comprend pas ce que le guerrier japonais veut à son ami et pourquoi il s'acharne sur lui de la sorte.

Jimmy s'élance et sa rapidité est telle que la rousse n'a pas le temps de tendre la main pour le retenir et l'empêcher de foncer tête baissée.

- Jim' attends !! Je ne t'ai pas briefé sur ses...

...capacités.
Trop tard. Le katana recouvert de son champ de tachyons frappe, blesse et meurtrit les chairs du fils de Logan qui n'avait visiblement pas connaissance de cette anomalie dont le Samurai d'Argent est capable.

Natasha n'a pas bougé d'un centimètre et elle a observé la scène tout du long. Son regard d'émeraude lacère de son analyse le japonais alors qu'un étrange sentiment envahit sa poitrine. Etonnant... il a fait comme si elle n'existait pas depuis leur arrivée. Non pas qu'elle soit particulièrement fana de lui ou qu'elle attende qu'il le soit d'elle, mais avec la déculottée dans les règles que Spider-man et elle lui ont infligé il y a quelques années, il aurait été logique qu'il l'alpague au moins verbalement d'une manière ou d'une autre.
Et par ailleurs... quelque chose dans son comportement cloche. Elle ne saurait dire quoi à cette minute, leur combat remontant à pas mal d'années et même si Black Widow a généralement une bonne mémoire, mais il semble légèrement... différent.

- Ca va aller. On est ensemble. Il est capable de recouvrir son arme de tachyons et de trancher n'importe quoi. N'importe quoi sauf... ton adamanthium. Alors il va falloir que tu mises tout sur tes armes et que tu l'esquives à la perfection. Son armure est optimisée mais elle est aussi basée sur les armures samurai traditionnelles, elle possède donc les mêmes failles aux jointures : genoux, coudes, épaules, cou. C'est là qu'il faut frapper. La moindre erreur peut être fatale, alors tache de ne pas foncer tête baissée comme un taureau enragé veux-tu.

Elle lui murmure ces quelques mots alors qu'elle s'est glissée juste derrière lui, posant sa paume sur le sommet de son épaule tout en lui adressant un sourire engageant. Il a peut-être oublié qui il est, mais ça n'est pas son cas et elle voit bien le trouble que le japonais à instillé en lui.

Sans crier gare, elle lui enfonce une aiguille directement dans la plaie béante de son dos et lui injecte un produit. Pas dit que sa faculté de régénération n'entrave pas son contenu, mais ça a le mérite d'être testé tout de même.

- Un anti-coagulant. Explique t'elle brièvement. Avec un peu de chance, ça va ralentir le saignement.

Quand on est espionne, on travaille seule la plupart du temps. Natasha est donc équipée pour parer à toutes les situations d'urgence, ou presque.

- Oi... Omae...
Hey... toi... (le "toi" n'est pas exprimé dans une forme polie)

Natasha se redresse et darde un regard plat sur l'homme en armure d'argent.

- Mô wasureta-ka...
Tu as déjà oublié...?

Dommage qu'elle n'ait pas eu le temps de contacter Spider-Man avant leur départ. Il aurait sans doute apprécié de remettre les pendules à l'heure de ce charmant japonais et toutes les possibilités de jouer au trapèze qu'offre cet endroit.

- ...anata no haiboku.
...ta défaite.

Elle repose les yeux sur Jimmy à qui elle adresse un nouveau sourire.

- Je vais te créer une ouverture, tache d'en faire bon usage.

Et sans lui laisser le temps de réagir, la jeune femme s'élance sur leur ennemi commun. L'une des spécialités de Natasha est indéniablement le mouvement fluide, les reflexes, l'esquive. Cela aussi, est une question de survie quand on travaille seul. Si elle accapare assez longtemps son attention, Jimmy pourra sans doute en profiter. Seul problème dans l'équation, elle ne doit se faire toucher par les tachyons à aucun moment. Car à en juger par la façon dont le corps de Jimmy réagit, et n'ayant pas sa faculté de régénération, une blessure mal placée pourrait purement et simplement signer son arrêt de mort.

Le saignement ralentit... comme celui d'un humain.
Les blessures ne se referment pas. Ce n'est pas normal, même avec un champ tachyonique.
Jimmy Hudson sent les bords de ses plaies complètement morts, privés de toute réaction par la lame du yakuza.

La danse du guerrier japonais et de l’espionne russe est d’une fluidité terrible. Chaque mouvement a le potentiel d’être le dernier. C’est… étonnant, venant de la part du Samouraï d’Argent. Bien que combattant exemplaire, il n’est pas censé être au niveau de Natasha Romanoff. Pourtant, ici, il l’égale, voire la dépasse par moment. Chaque coup est bloqué, paré, contré, parfois avec difficulté, mais bien mieux que ce dont est capable Keniuchio Harada.

Jimmy, de son côté, ne parvient pas à sortir de son état de choc.
Il regarde autour de lui, secoué, inspire, expire, serre les pans de sa tenue, et n’arrive à se reprendre qu'une fois en phase avec tous ses sens. D’un effort de pure volonté, il écarte la douleur, et avec elle la peur, pour comprendre ce qui se passe au fond et autour de lui. Mais avant même de pouvoir pratiquer cette rapide méditation interne, son odorat lui fait comprendre la situation.

La mauvaise nouvelle s’impose à lui.
Mauvaise, et sinistre.

Au même moment, Natasha parvient à endommager le casque brillant, s'octroyant une merveilleuse opportunité de frapper son adversaire au foie. Malgré sa vision obstruée, le Samouraï réagit à temps pour arrêter net le bras de la Veuve Noire... avec trois griffes d'os surgies d'entre les jointures du gant. Deux au-dessus du poing, et une en-dessous. Elles s’enfoncent dans la chair de son ennemie, faisant couler un sang dont le rouge aurait fait la fierté de la Red Room.

Jimmy n'a pas besoin d'attendre que leur ennemi retire le casque brisé pour faire le lien entre tous les éléments: sous l’armure argentée se trouve en fait Daken. Fils de Wolverine, lui aussi. Plus vieux. Plus expérimenté. Plus vicieux. Une véritable menace pour eux.


Son apparente jeunesse est trompeuse: ses premiers cris ont déchiré l’air en 1946, et sa vie entière a tourné autour de l’élimination de son père biologique. Il est l’un des guerriers les plus redoutables à avoir parcouru ce monde, sans même parler de son facteur régénérant, de ses capacités physiques augmentées et de ses griffes d’os.

- Hé bien petit frère, il t'en a fallu du temps, pour comprendre.

Un sinistre sourire étire les lèvres du séduisant métisse.
Qui change, lorsqu’il dévore du regard la Black Widow.

- Romanoff, votre présence me réjouit. Quelle vigueur, quel style, quelle chevelure !

Plein de charme, il active un autre de ses pouvoirs, partagé par aucun autre des Wolverines de la famille : la manipulation de ses phéromones, pour déconcentrer, apeurer ou… devenir objet de désir. Jimmy secoue la tête, pour chasser l’entêtant parfum de son nez.

- Si tu cessais de me faire perdre mon temps et que tu venais t'empaler tout seul, hum ? On sait tous les deux comment ça va finir. La Lame de Muramasa demande du sang, ton sang. Elle a bien aimé le petit avant-goût que tu lui as donné, hé !

Muramasa. Ca y est, le jeune survivant de Terre-1610 comprend. Ce forgeron japonais, légendaire, a forgé plusieurs lames mythiques, toutes capables de mettre à mal les facteurs régénérants de ceux qui en sont dotés.

Un cauchemar pour Jimmy, qui repose beaucoup, trop sûrement, sur ses pouvoirs. Cela va changer, doit changer. Il regarde ses griffes, puis son presque demi-frère, sans que ne le quitte la piqûre de ses plaies ouvertes. La peur ne disparaît pas, non. Mais peut-être, peut-être qu'elle va l'aider à s'en sortir ici. Moins d'imprudence, moins de pouvoirs. Plus de maîtrise. Alors, avec une grande inspiration, Wolverine se met en position de combat, bouche cousue mais avec regard qui en dit long.

Le problème des pertes subites et répétées de mémoire, est qu'il faut constamment se réinventer.
Retrouver qui l'on est.
Récupérer ce qui fait de nous ce que l'on est.
Se souvenir de ceux qui ont contribué à bâtir celui ou celle que l'on est.
Ramasser à la petite cuillère des pans entiers d'existence qui donnent l'impression d'appartenir à quelqu'un d'autre.

Tout cela elle le sait... elle ne le sait que trop bien.
Alors n'est elle pas surprise de ressentir la peur dans le coeur de Jimmy, jusqu'au léger sursaut de ses mains qu'elle seule sera sans doute capable de discerner tant il est faible, bien que présent.
Le Jimmy qu'elle connait n'aurait pas froid aux yeux dans de pareilles circonstances. Mais le Jimmy qu'elle accompagne présentement... n'est pas tout à fait complet. Il manque certaines choses.

Ses plaies qui ne se referment pas en sont probablement la cause.
Cela aussi... sa mémoire l'a égaré. Car ce n'est pas la première fois, ni sans doute la dernière, qu'il se retrouve face à un adversaire qui est parvenu à contourner cette étonnante faculté que lui a conféré le gêne X.
Ils sont rares à trouver la parade, mais ce n'est pas une nouveauté.
Se garde t'elle cependant de le lui faire remarquer. Cela n'apporterait rien de bon dans la situation présente.

Il n'a pas réagi malgré l'ouverture qu'elle est parvenue à saisir. La courte, toute petite faille qui a dévoilé un morceau de choix, l'espace d'une brève seconde. De son côté, Natasha n'a pas été assez rapide et son adversaire a pris l'avantage.
Quelle n'est cependant pas sa surprise lorsque trois griffes saillantes s'extraient des phalanges de sa main pour se plonger férocement dans la sienne. Extirpant un râle de douleur, l'espionne esquisse un ample salto vers l'arrière et se retrouve de nouveau non loin de Jimmy.

Elle réalise alors le problème auquel ils sont confrontés. Les problèmes, plus exactement.
Car non seulement sa plaie se met à saigner à flots alors qu'elle ne devrait pas, mais de surcroit elle réalise que leur hôte n'est pas du tout le vieille ennemi qu'elle présumait pouvoir vaincre sans trop de difficultés.
Natasha s'injecte le même coagulant que Jimmy. Sachant que sa faculté de régénération est bien en deçà de la sienne et que c'était la dernières seringue, il va falloir sévèrement se magner désormais.

- Je me disais aussi... que l'accent japonais laissait vraiment à désirer. Raille t'elle entre ses dents en lui offrant cependant son plus beau sourire.

Faux. L'accent était parfait. C'est notamment pour cela qu'elle n'y a vu que du feu.
Mais elle ne lui fera clairement pas le plaisir de le lui dire.
Daken. La surprise est de taille et on ne peut pas dire qu'elle soit bonne par ailleurs. Surtout pour Jimmy.

- Okay... alors... vais-je devoir appeler ton papa pour qu'il vienne te mettre une déculottée...

Contre toute attente, ces quelques mots ne s'adressent pas à Daken mais bien à Jimmy, le regard de Natasha déviant vers lui à la toute fin de sa phrase.

- ...ou est-ce que tu vas enfin bouger ton adorable cul, Jim' ?

Il a repris un peu le dessus. Mais ce n'est pas suffisant. Çà ne sera pas suffisant face à son frère.
Il lui en voudra, très certainement... mais lui agiter Logan sous le nez devrait faire son petit effet. Du moins... c'est à espérer sinon ils ne sont pas sortis de l'auberge.

Les griffes de Daken sont un réel problème. Alors dans ces conditions...
Natasha s'élance telle la panthère qui fond sur sa proie. Mais elle change sans cesse de direction pour le désorienter. Car il doit non seulement suivre ses mouvements à elle, mais garder également un oeil sur son frère qui s'est redressé, relevé, et qui devrait être prêt à en découdre lui aussi.
Alors elle zigzague, saute, recule, avance, bondit, s'élance. Elle n'attaque à aucun instant, elle ne fait qu'esquiver très largement loin de lui. Jusqu'au moment où ses bras se séparent sèchement de son corps et qu'il le voit... ce fil de métal pour ainsi dire invisible à l'oeil nu qui s'est lié autour de ses poignées.

- Essaie de découper ça pour voir. Dit-elle alors qu'elle tire franchement de part et d'autres en sautant bien au-dessus de son visage, atterrissant dans son dos, les bras du mutant n'ayant d'autres choix que de suivre le mouvement.

Daken contemple avec une satisfaction ô combien malsaine la peur qu'il a instillé dans le cœur de son petit frère. Ce poison corrompt le coeur du guerrier, et remonte, remonte jusqu'au lien partagé avec la divinité égyptienne. Il le sent. Bientôt, ce sera fini. Bientôt sa mission sera accomplie, et l'Amatsu-Kami le laissera en paix.

Agile malgré l'armure dont il se pare, le mutant suit tout entier le mouvement initié par la Veuve Noire. Il bondit en arrière, prend appui sur ses mains, et vient frapper la mâchoire de l'espionne rousse de la pointe du pied. Peu de dégâts en soi, mais source d'une douleur infâme. De retour dans une posture plus stable, son poing gauche se crispe afin de faire jaillir les piques d'os hérités d'un père qu'il n'a jamais connu. Pour menacer son adversaire avec... ou la séduire, difficile à dire quand on l'entend causer.

- Bien tenté, Romanoff. Joli jeu de jambes. Et jolies jambes, aussi. J'ai presque failli me faire av... AAAAAH !

La raison de ce hurlement mêlant souffrance et surprise ? Un sauvetage, ou pour Daken une aide inattendue. Trois griffes de métal indestructible viennent de tailler à travers sa chair, ses tendons et ses os... sectionnant d'un coup d'un seul la main. Une blessure terrible, lourde... mais pas mortelle pour qui partage pareil facteur régénérant. Ce sera désagréable, douloureux et long de faire repousser autant de viande: James Hudson le sait. Ce n'est clairement pas pour lui déplaire.

- Joli jeu de poignet, mon frère.

Le visage tordu par la rage, mais toujours moins que les muscles de son bras en train de convulser d'agonie, Daken se tourne vers son assaillant, prêt à lui faire payer chaque seconde sans son membre. Le jeune Wolverine n'en a cure, et bondit, prêt à taillader plus encore ce frère honni.


Mais Akihiro est un tueur fort de décennies d'expérience, qu'aucune de ses blessures n'a jamais arrêté. La perte de sa main, temporaire, ne fera pas exception à la règle. Alors lorsque son agresseur s'abat sur lui, il joue de la lame Muramasa pour transpercer. Ses doigts, habiles en toutes choses, font pivoter l'épée et...

- ARGH !

Plus guttural que celui de son demi-frère, le cri de Jimmy témoigne tout de même de la douleur infernale qu'il ressent. Une bonne part du métal maudit ressort de l'autre côté de l'épaule... mais se trouve coincé entre deux os d'adamantium. La blessure mettra du temps à guérir, le sang corrompt de rouge les deux combattants, mais c'est un avantage certain que prend Jimmy, alors qu'il inflige un monumental coup de tête métallique avant de s'écarter brusquement, arrachant le katana de la paume de son porteur.

- Shinu yarō !
(Meurs bâtard !)

Un crachat sanguinolent accompagne l'insulte.

Plusieurs grimaces traversent le visage du plus jeune des deux combattants; Muramasa a fait de ses oeuvres des outils de torture, et la retirer s'avère plus ardu qu'initialement pensé. Mais avec un sursaut de volonté, Jimmy arrache à sa chair ce pansement métallique. Le voilà armé, et prêt à en finir avec cet affrontement.

Le vent a tourné.

Un bref sourire étire la commissure des lèvres de l'espionne, qui ne se retient nullement de lancer d'un air narquois :

- Tu disais...?

Tout ne s'est pas du tout passé comme prévu, mais le résultat est le même, c'est tout ce qui compte.
Jimmy a saisi la balle au bon, que la pique paternelle aie atteint ou non son but importe peu. Il l'a fait. Il est sorti de sa léthargie, il a pris les choses en main et il s'est enfin dressé contre son frère.
C'était moins une il faut dire...

La suite pourrait paraitre hautement improbable à la majorité de ceux qui assisterait à cette scène. Cependant... Natasha, les bras croisés sur la poitrine, assiste au spectacle comme si elle était au théâtre. Ou aux jeux du cirque, en l'occurrence.
Tel père, tel fils il parait... Et en l'occurrence, Jimmy ne fait pas mentir l'éternel adage.

Le voilà qui se précipite en mode sacrificiel droit sur Daken et peu importe les dommages collatéraux que pourrait subir son corps. Il compte probablement sur son facteur de guérison génétique, mais pas uniquement le soupçonne t'elle.
L'épée transperce sans ménagement. Elle se coince, Jimmy prend l'avantage et le frère se retrouve désarmé.
Echec et mat.

C'est à cet instant que Natasha s'interpose.
A cet instant qu'elle consent enfin à bouger le petit doigt, après une altercation fraternelle que l'on pourra sans mal qualifier d'épique.
Alors elle s'interpose entre un Jimmy fou de rage, souffrant presque l'écume aux lèvres, armé d'un katana et prêt à faire sauter la tête de son amical frangin.
Est-ce vraiment la réalité ? Peu importe. Car Natasha sait ce que c'est, l'adversité dans une fratrie. Yelena a essayé de la tuer par trop de fois pour qu'elle ne sache pas précisément ce qu'il se passe à cette minute. Et il est hors de question... qu'elle laisse Jimmy commettre l'irréparable.
Car si pour l'instant certains de ses souvenirs lui font défaut, ils reviendront, fort probablement. Et lorsque ce sera le cas... il le regrettera amèrement.

Alors elle s'interpose et, d'un coup sec, enfonce profondément une fine aiguille dans la peau tendre du cou d'un Daken à genoux, vociférant, blessé.
Le produit agit en une fraction de secondes. Il a été créé pour cela et il remplit parfaitement son job.
Daken tombe comme une masse et se met à ronfler si bruyamment que la scène serait presque comique en d'autres circonstances.

- Okay alors... on la ramène à la planque et on l'exfiltre. Tu décideras ce qu'on en fait une fois que tu te seras un peu reposé. Tu peux le porter ou dois-je appeler des renforts ? Lance t'elle en jetant un bref regard vers le corps étalé de tout son long sur le sol humide.

Le combat s'arrête, presque aussi subitement qu'il a commencé.
Les deux frères, ô combien mal en point, sont stoppés net par l'intervention de Natasha, intervention nécessaire sans quoi les mutants auraient finis par s'étriper. Au-delà de ce qu'ils peuvent encaisser. Estropié, malmené, Daken s'effondre pitoyablement à l'instant où le produit injecté dans son corps commence à faire effet; cela ne durera pas, le facteur régénérant transmis par Logan est trop puissant. Mais la reconstruction entière de la main du métisse mobilise beaucoup d’énergie, assez pour permettre à James Hudson et sa sœur de cœur d’agir.

Ou presque.

- Je... hrm... pffff...

Bloqué devant le corps anesthésié d’Akihiro, Jimmy peine à reprendre ses esprits. Et son souffle. Et le contrôle de son corps. L’arrêt brutal de l’affrontement l’a quelque peu court-circuité, redémarrer va demander un tout petit peu de temps. Une minute ou deux à haleter, à inspirer la lourdeur de l’air, comme s’il découvrait la respiration pour la première fois.

Enfin, il cligne deux fois des yeux, et pivote douloureusement pour avoir Nat’ dans son champ de vision.

- Ouais, on va... le ramener.

L’attacher, le mettre aux fers, le contrôler, lui faire cracher le pourquoi du comment, pour comprendre les intentions derrière les actes. Attaquer son demi-frère à ce moment précis, alors qu’un dieu égyptien l’accompagne, ce n’est pas anodin. C’est même hautement suspect. Et cela demandera de longs moments d’interrogation et de recoupement des informations pour gagner en clarté.

Cela prendra du temps, oui.

Du temps, plus tard.

Du temps, avec des renforts.

Ce qu’ils n’ont clairement pas ici, maintenant.

- Mais là, j'ai besoin... je crois que j'ai besoin de m'assoir.

Un tintement de métal se fait entendre. La lame Muramasa, jusque alors fermement tenue par Jimmy, vient de heurter le sol. La main du jeune homme s’est ouverte, presque dans un spasme involontaire, laissant tomber son arme. A pas lents, moins maîtrisés que tendus par la douleur, il se déplace vers un rebord de pierre manifestement inconfortable. Pour s’y installer. Pour s’y affaler. Pour empêcher sa tête de tourner et ses yeux de papillonner.

- Juste un peu. Pas longtemps.

Couvert de sang, le sien et celui de Daken, il replie les bras sur sa poitrine et ses plaies maudites par le sabre japonais, à la manière d’un cocon protecteur. Sa tête tangue un instant, avant de s’immobiliser doucement. Yeux fermés, corps avachi, bouche légèrement entrouverte, il commence à émettre un léger sifflement, qui trahit immédiatement son état de santé.

- Zzzzzzzzz...

Jimmy Hudson vient de s’endormir, comme un loir qui viendrait de triompher d’un loup.

Natasha hausse un sourcil, puis le second vient rapidement le rejoindre. Elle extirpe un soupir. Il roupille comme un bébé... Non mais sérieusement...
Alors qu'elle lève les yeux à la recherche d'Horus, elle se rappelle assez vite qu'il est resté dehors lorsqu'elle ne le trouve pas perché dans les hauteurs du souterrain.

Génial... Manquait plus que ça tiens.
Super femme peut-être, mais certainement pas Miss Hulk. En traîner un jusqu'à la sortie, passe encore, mais les deux... c'est peine perdue. Ces deux là mangent beaucoup trop bien à la cantine.

Bon...

Le regard de Natasha balaye les lieux, comme si elle s'attendait à voir poper une solution miracle. Ce qui n'est bien évidemment pas le cas. Dans ces conditions... elle n'a plus qu'une seule alternative.

- Agent Romanov au rapport. Demande d'assistance immédiate en code rouge. Deux blessés.
Identification : Jimmy Hudson, Mutant, facteur de régénération accrue, présence d'adamantium dans le corps. Blessures par arme blanche dans le dos, sur le visage et à l'épaule. Présence d'un composant inconnu aggravant les blessures.
Identification : Akihiro connu sous le nom de Daken, Mutant, facteur de régénération probable mais non déterminé, griffes en os rétractables sur au moins l'une de ses mains. Main sectionnée, actuellement sous sédatif mais celui-ci ne durera sans doute que peu de temps.
Jimmy Hudson est un allié, Daken un ennemi dangereux qui doit être placé sous bonne garde.
Aucune menace imminente à signaler.

Sur ce rapport précis et concis, Natasha transmet rapidement leurs coordonnées au S.H.I.E.L.D et la réponse ne traîne pas lorsqu'une voix ferme s'exprime à travers le bracelet de force qu'elle ne quitte jamais.

- Bien reçu Agent Romanov, on vous envoie une équipe. Ils seront là dans cinq minutes.

- Bien reçu. Terminé.

Le moins que l'on puisse dire avec le S.H.I.E.L.D, c'est qu'ils ne font que rarement les choses à moitié. Natasha les entend avant même de les voir. Elle identifie au moins quatre hélicos qui se posent dans un boucan infernal à l'extérieur. Au moins, avec un peu de chance cela attirera l'attention d'Horus.

- Analysez ça. Dit-elle en tendant le sabre à l'équipe scientifique qui a débarqué en même temps que les autres, nettement plus armées.

Alors qu'elle s'extirpe des profondeurs de la terre en compagnie de l'armada envoyée par l'organisation et qu'elle se retrouve enfin à l'air libre, Natasha perçoit le cri d'un faucon qui plane au-dessus d'eux.
Levant les yeux, l'espionne finit par tendre le bras dans sa direction en espérant ne pas commettre le énième blasphème de la journée et qu'il comprendra son intention.

- Cet oiseau est l'animal de compagnie de Jimmy Hudson. Veillez à ce qu'il reste avec lui tout le temps.

Déposant délicatement le faucon divin sur la jambe de Jimmy étendu sur la civière, à la stupeur générale des hommes qui l'entourent et qui, sur un bref malentendu, ont tout d'abord cru qu'elle plaisantait, elle pose le regard sur le docteur en chef de l'équipe.

- Jimmy n'est pas notre ennemi, il est libre de partir quand il se réveillera. Et s'il veut voir le prisonnier, autorisez le à le faire.

Un homme armé d'une lourde mitraillette s'approche alors du trio, quatuor si l'on compte l'égyptien à plumes, l'air un peu gêné, voire carrément embêté.

- C'est que... il nous faut l'accord du Boss pour ça...

Fury. Evidemment.

- Vous l'aurez. Tranche t'elle d'une voix qui ne souffrira d'aucune réplique.

Haussant les épaules, le militaire s'éloigne tout comme le reste des équipes du S.H.I.E.L.D, Natasha leur emboitant le pas en montant dans le même hélicoptère que celui où repose Jimmy.

- La prochaine fois... une bière suffira hein. Dit-elle, alors qu'un léger sourire flotte sur ses lèvres, sa main se refermant sur celle de son jeune frère qui ronfle comme un bienheureux.