A la découverte du paradis [Flash Thompson]

Les portails qui mènent vers Krakoa sont toujours assez impressionnants. Tant par leur taille, que par leur constitution. Imaginez-vous une arche gigantesque composée d'arbres, de lianes grimpantes, de fleurs aux couleurs si chatoyantes que vous n'en aurez jamais vu de semblables. De larges feuilles allant d'un vert profond à une tendre couleur amande s'épanouissent de part et d'autre de la porte, telles des décorations invitant quiconque le souhaiterait à s'en approcher.

S'en approcher... pourquoi pas. Mais de là à envisager pouvoir la traverser sans encombre, c'est une autre histoire. Car seuls les Mutants, ou les personnes accompagnées par un Mutant, sont reconnus dignes de franchir la porte menant vers Krakoa.
Qui oserait s'y aventurer sans y avoir été invité risquerait fort de le regretter. Au mieux, sera-t-il rejeté sans ménagement par l'esprit de l'île. Au pire... enfin passons.

Appuyée contre le tronc moussu de l'un des arbres constituant le portail de New-York, Jean semble en parfaite osmose avec la végétation, si l'on en juge par les pétales qui s'ouvrent à son contact, et les amples feuilles qui s'orientent dans sa direction, tel le chat en manque de caresses.

Arrivée sur les lieux un peu en avance, elle attend que son invité du jour apparaisse. Jean n'a pas cru utile de prévenir le Conseil Silencieux dans son intégralité. Seul Charles Xavier a été tenu informé des contacts qu'elle a tissés jusqu'à présent et des différents rendez-vous qu'elle a pu obtenir pour l'Institut.
Le philanthrope de génie Tony Stark, l'une des plus grandes sorcières de cette époque Agatha Harkness et le spécialiste des symbiotes, son invité du jour, Flash Thompson.

- Bonjour monsieur Thompson. Dit-elle très poliment dans un chaleureux sourire, alors qu'il se dirige vers elle.

- Si vous voulez bien vous donner la peine... Poursuit-elle en lui tendant la main, seul moyen pour lui d'être autorisé à pénétrer sur Krakoa. Je vous conduis chez moi, nous serons plus tranquilles et à l'aise pour discuter.

Mais levée dans sa direction, Jean attend qu'il s'en saisisse pour l'entraîner à travers le portail menant vers l'île des Mutants.

OST:

A la découverte du paradis [Flash Thompson] Taox

D'aussi loin qu'il se souvienne, Flash avait admiré beaucoup de monde. Jeune, il avait toujours défendu Spider-Man, son super-héros favori. Alors qu'envers et contre tout, Jameson ne cessait de fustiger le héros, Flash disait à qui voulait l'entendre qu'il était le plus grand des héros, et avait même monté tout un fan club. Aujourd'hui, le voilà à se balader dans New York, créant des toiles avec son symbiote pour imiter celui qu'il avait toujours voulu être, celui qui l'avait permis d'évoluer, de devenir meilleur, de l'influencer du mieux possible. Il n'aurait jamais cru que celui qu'il adulait était en réalité celui qu'il martyrisait à l'école. Enfin, si vous lui demandez, martyriser était un bien grand mot. A sa manière, il vous dirait qu'il ne faisait que l'endurcir, et il ne verrait pas véritablement le mal. Et bien avant de connaître l'identité de Spider-Man ... Il avait finit par s'entendre et devenir bon ami avec l'homme en dessous.

Aujourd'hui, il avait presque l'impression de le comprendre mieux que personne. Filant vers son rendez-vous qui l'excitait à un point inimaginable, il courut sur les murs, tira sur sa toile, passa entre un immeuble et son escalier de secours, fit un salto avant de viser in extremis un building avant que ses pieds ne touchent le sol. Le sentiment de liberté était des plus intenses, surtout pour un type qui était resté cloué sur une chaise roulante, alors qu'il se pensait handicapé à vie, s'évadant dans l'alcoolisme plutôt que dans les pirouettes à sensation fortes.

Tout ça pour dire qu'il avait admiré énormément de monde, toute sa vie. Spider-Man, Iron Man, le Captain, Black Widow, numéro un du SHIELD, même le général Ross, une légende de l'armée, pourtant pas si apprécié chez les héros. Mais les mutants, il faut dire qu'il n'y avait jamais vraiment songé. Ils en avaient bien bavés, et il les estimait beaucoup pour avoir autant enduré autant. Krakoa lui semblait être une bonne idée, bien qu'une idée triste. Le fait que les mutants aient perdus foi en l'humain et se sentent contraint de fuir la terre des hommes, d'être reclus sur une île, de s'exiler sur MARS. M.A.R.S. Pour se sentir protégés et en sûreté ... C'était vraiment à vomir, et à avoir honte de l'homme. Alors quand Jean Grey l'avait appelé pour lui faire part d'un projet dans lequel il pourrait aider la cause mutante, Flash n'avait pas hésité une seule seconde. Honoré par le fait d'avoir été reconnu et consulté par une grande figure des X-Men, il avait seulement peur de ne pas être à la hauteur de la tâche confiée, parce que même s'il était enthousiaste, il s'aventurait en plein dans l'inconnu.

Il arriva finalement au point de rendez-vous, devant un portail de Krakoa. Il ne s'était jamais vraiment attardé dessus, mais maintenant qu'il allait passer au travers, il regarda la construction avec fascination, fascination retranscrite sur son symbiote par les yeux écarquillés et l'absence de bouche. Enfin, il n'avait pas de bouche, en Agent Anti-Venom, mais les plis vers son menton montrait que le symbiote s'étirait.

"Enorme"

Il s'imaginait déjà une île magnifique, derrière le portail, en adéquation avec la végétation majestueuse de la porte. Mais la personne face à lui éclipsait tout le reste, il fallait le dire. Elle transpirait la douceur, le calme, mais surtout, la prestance. Ce n'était pas le genre de chose qui se sentait pas téléphone, mais il faut dire que maintenant qu'elle était en face de lui, l'Agent se sentait presque quelque peu intimidé.

"Madame Grey-Summers. Enchanté. Honoré de vous rencontrer enfin."

Elle lui tendit la main qu'il saisit lentement, trahissant une certaine hésitation.

"Ah ... Euh ... Oui, bien sûr. Pas l'habitude de ces trucs. Je suppose que personne ne l'a, si je suis l'un des premiers à entrer chez vous."

Il lui sourit alors, ce qu'elle pu remarquer avec les yeux plissés du symbiote, et il s'avança, près à découvrir l'envers du décor

Percevoir des émotions à travers un symbiote est relativement déconcertant de prime abord. Mais cet homme là... est si... spontané, si... candide quelque part, qu'il est probable que ce soit plus facile de discerner ses expressions que dans un autre cas de figure, ou en compagnie d'une personne différente.
Elle lui adresse un franc sourire lorsqu'il la salue. Il est vraiment sympathique... ce Flash Thompson.

- Pas grand monde, en effet. Répond elle dans un premier temps, alors qu'il saisit sa main. Vous ne serez pas le premier humain à fouler le sol de Krakoa, mais vous avez été très peu nombreux jusqu'à présent, effectivement.

Avant qu'ils ne passent le portail, Jean fait une courte pause et se tourne vers lui pour ajouter quelque chose.

- Si vous n'avez pas l'habitude des téléportations, celle-ci étant un peu particulière pour les non mutants qui plus est, vous pouvez être pris de vertiges, voire de nausées à l'arrivée. Ca ne devrait pas aller plus loin que ça, mais je préfère vous prévenir, au cas où... Rien d'inquiétant, ce sont des sensations normales et elles devraient vite passer.

Elle ponctue ces quelques préventions d'un sourire aimable, comme pour renforcer l'idée que ce n'est rien et que tout ira bien pour lui. Elle y veillera, quoi qu'il en soit.
Ne s'attardant pas plus que nécessaire en terre des hommes, elle franchit le portail sans lâcher la main de son invité.

Le contraste qui frappera en premier sera sans conteste le changement de température. Comme s'ils venaient de passer d'un climat automnal à une fournaise de plein été, sans entre deux.
Le taux fort élevé d'hydrométrie fera sans doute penser aux climats tropicaux du sud des États Unis, voir à celui de l'asie. Et, bien évidemment, la végétation toute particulière de l'île semble s'épanouir à merveille dans cette atmosphère.

Lorsqu'ils franchissent le portail, Jean conserve la main de Flash quelques secondes dans la sienne, et l'observe avec attention, pour voir s'il va bien ou s'il subit le contre coup de la téléportation. Lui laissant le temps nécessaire si besoin, elle ne relâchera sa main que lorsqu'elle estimera que tout va bien pour lui.

- Restez près de moi tant que nous sommes à l'extérieur. Commence-t-elle à lui expliquer alors qu'ils marchent au coeur d'une épaisse jungle de verdure aux couleurs chatoyantes. Krakoa a sa propre conscience et ses propres pouvoirs, qui feraient passer les miens pour ceux d'un enfant. Tant que vous êtes avec moi, vous n'êtes pas perçu comme une menace.

Ce peut ne pas être très engageant comme avertissement, mais Jean s'est toujours targuée d'être aussi honnête que possible lorsque la situation le permet. Si Flash est amené à travailler avec les Mutants, et à apprendre à ses élèves, autant l'habituer dès que possible à en saisir le fonctionnement et les particularités, même s'il s'agit de Krakoa, en l'occurrence.

Après avoir marché une bonne quinzaine de minutes, laissant tout le loisir à l'Avenger de s'émerveiller de la nature florissante de l'île et de sa constitution si particulière, ils parviennent devant une immense maison semblant émerger de nulle part.

- Bienvenue chez moi. Dit-elle dans un sourire alors que la porte s'ouvre d'elle-même à leur approche.

L'intérieur ne diffère en rien de n'importe quelle maison de famille que l'on pourrait trouver sur terre. La décoration est sobre, Scott tout autant que Jean n'appréciant que peu les intérieurs bariolés ou trop chargés. La seule chose qui pourra éventuellement surprendre, c'est l'automatisation de toute la maison. Les lumières qui s'allument seules, la porte qui s'ouvre d'elle même, le café qui se mout sans qu'aucune instruction ne soit donnée, suivie de près par le bourdonnement de la machine à café qui se met en route.

- Je vous en prie, mettez-vous à l'aise. Lance-t-elle en balayant le salon de la main.

Canapé, fauteuils, chaise autour de la table ou haut tabouret près d'un comptoir de bois sombre, il a l'embarras du choix.

- Je vous sers quelque chose à boire ? Thé, café, jus de fruit ? Je dois sans doute avoir quelques bières aussi je pense.

Flash avait l'impression de parler à une dame bien plus "grande" que lui, dans le sens où elle avait une certaine classe incarnée, un calme divin, une compassion aimable et bienvenue ... Alors qu'il n'était qu'un nouveau héros qui s'étonnait de tout, qui pouvait perdre rapidement sa patience, qui pouvait paniquer ... Un mec normal, en gros. Mais Jean semblait débarquer d'ailleurs, d'un autre monde, que l'Agent n'allait pas tarder à découvrir, cela dit. Mais ce dernier ne pouvait se montrer qu'enthousiaste et enjoué face au explications de la mutante. Au final, il prit ce passage comme ... Un manège de parc d'attraction. Un peu de bon stress, et une sensation incroyable. Mais ce n'était pas vraiment ça.

Il ne savait pas comment on pouvait passer ce portail convenablement, parce que même avec un symbiote sur le dos, il eut l'impression que son estomac était resté à New York, quand son propre corps avait fait un bond jusqu'à l'île aux mutants. Bien évidemment, il n'en révéla rien, mais ne préféra pas parler tout de suite, ni répondre aux mots de Jean Grey, hochant simplement la tête. S'il avait pris en considération ses remarques, il ne s'était pas préparé convenablement. Mais soit, vu qu'il l'avait maintenant essayé une fois, il essaierai de mieux se conditionner pour la seconde. S'il y en avait une seconde. Et comme il n'était pas sûr de pouvoir revoir ce paysage une autre fois, il l'admira avec émerveillement.

"Whoa !"

C'était le mot. Des cascades à perte de vue, une jungle luxuriante, des champs verdoyants. Tel était le décor imposé par l'île mutante, qui semblait regorger d'espèces inconnues et de champignons surdimensionnés au milieu des arbres. On se croirait dans Morrowind. Un jeu joué par Harry. Enfin bon.

"Impressionnant, vraiment"

L'agent gardait la tête levée, et ne regardait plus tellement Jean alors qu'ils déambulaient sur le chemin jusqu'à chez elle. Il garda pourtant en tête ce qu'il avait promis : pas de vague, on se tient tranquille. Et regarder de manière un peu trop enthousiaste le paysage attirerait sans doute un peu l'attention, aussi, après quelques instants, se calma-t-il. Il nota d'ailleurs que, s'il n'avait rien dit, Jean eu la gentillesse de s'inquiéter de savoir s'il allait bien, vu comment elle le regardait avec attention.

Les décors qu'ils traversaient lui fit comprendre que la température devait être extrêmement agréable, mais le symbiote conservait une température normale. Aussi ne subit-il pas un contrecoup sur ce point. Il écouta attentivement les informations fournies par Jean concernant le pouvoir de l'île aux mutants.

"C'est une bonne chose. Vous ne risquez pas d'être attaqué, si l'île est aussi forte que ça. Vous méritez votre paix, après tant d'années d'harcèlement. Les pouvoirs de tout les mutants de l'île, couplée à Krakoa elle-même, doivent aujourd'hui faire pâlir Fatalis. "

Il entrèrent alors dans la maison de la mutante. A vrai dire, le fait qu'elle soit autonome ne surpris pas Flash tout de suite : il y avait des systèmes similaires dans les bases du SHIELD, et ce n'est pas vraiment ça qui l'impressionnerait. L'habitat des mutants s'était déjà chargé de cela.

"Je dirais pas non à une bière. Mais je suis surtout curieux de la véritable raison de ma venue. Je pensais vraiment pas que mes compétences serviraient un jour à la cause mutante, mais je m'en réjouis. Si je peux faire quelque chose pour vous aider, j'en serais honoré."

Un sourire étire brièvement les lèvres de Jean tandis qu'elle récupère une bière dans leur réfrigérateur. Difficile de présumer de ce à quoi pense quelqu'un comme Fatalis et comment il pourrait considérer tout autant l'île que leur communauté, mais s'ils pouvaient éviter de s'en faire un ennemi, ça serait déjà ça de gagné. Et, surtout, ça en ferait un de moins. Ce qui, par les temps qui courent, serait plutôt bienvenu à vrai dire.

- Tenez. Dit-elle en déposant près de lui un plateau portant un verre et une bouteille de bière fraîche.

Jean prend place sur l'un des imposants fauteuils qui trônent autour de la table basse et fixe son interlocuteur dans un sourire quelques secondes, avant de répondre à sa question.

- Comme vous l'avez peut-être entendu dire, nous reconstruisons actuellement le Manoir afin d'accueillir de nouveau les jeunes mutants du monde. L'objectif de ce lieu a toujours été de leur offrir un toit, la sécurité et de leur prodiguer un enseignement adéquat afin qu'ils puissent parvenir à maîtriser correctement les nouveaux pouvoirs qui s'éveillent en eux à l'adolescence. Pour ceux qui sont porteurs du gêne X, bien entendu...
Les jeunes mutants font partie des plus brimés d'entre nous. Non seulement ils doivent faire avec leurs nouvelles capacités, dont certaines se remarquent et d'autres sont vraiment problématiques, voire dangereuses. Mais en plus de cela, ils doivent subir le regard et les maltraitances, verbales ou physiques, parfois les deux, des êtres humains.
Ma génération en a beaucoup fait les frais et c'est ainsi que nous avons vu des Mystique, Magneto et autres mutants revanchards voir le jour.
Le Professeur Charles-Xavier, moi-même, et bien d'autres, ne souhaitons plus que cela se reproduise.

Elle fait une courte pause dans son explication, de manière à laisser un peu de temps à son invité pour intégrer toute l'importance de ce qu'elle vient de lui dire, et d'y réagir s'il le souhaite.
Puis elle poursuit.

- Les relations entre ma génération, celle qui lui a succédé, et les humains, sont très compliquées. Comme, je suppose, vous le savez. Beaucoup d'erreurs ont été commises, des deux côtés. Et nous ne souhaitons pas qu'il arrive la même chose aux jeunes générations actuelles, ni aux futures. Et c'est dans ce cadre que vous intervenez, vous, les super-héros et les civils de ce monde.

Un délicat sourire se dessine sur ses lèvres, alors qu'elle en vient enfin à la proposition qu'elle souhaitait lui faire et, de fait, à la raison de sa présence ici.

- Nous avons pour objectif de faire en sorte que nos étudiants côtoient le plus d'humains possibles. Afin qu'ils apprennent à les aimer, à leur faire confiance, à travailler avec eux, à les admirer également. Et dans ce cadre, j'ai sollicité un certain nombre de héros du monde, afin de leur proposer d'être intervenants extérieurs. Certains donneront une conférence, d'autres un ou plusieurs cours exceptionnels hors cadre de notre propre enseignement.
Actuellement, le Docteur Stephen Strange, Anthony Stark, l'Agent Romanov, Black Knight et Bruce Banner ont accepté ma proposition et je suis en contact avec d'autres personnes. Et j'apprécierais que vous en fassiez partie. J'avais pensé que vous pourriez expliquer à nos jeunes le principe des Symbiotes, qu'ils seront amenés à rencontrer tôt ou tard.

"Je n'avais rien entendu de tel, j'étais un peu mort ... Enfin dans le coma, le symbiote s'occupait de me réanimer pendant ma sieste. Le délire habituel. Je débarque un peu en touriste, pas qu'avec vous, d'ailleurs. Malgré les fréquentes résurrections chez les héros, les administrations ont quand même toujours du mal à nous relancer sur le chemin."

Saisissant la boisson qu'elle lui avait ramenée, Flash écouta attentivement les paroles de Jean, des mots qui commençaient à lui parler, bien plus qu'il ne l'aurait cru. Flash estimait avoir un talent, en plus de ses capacités de soldat : il avait une certaine proximité avec les jeunes, il les comprenait, les aidait et les coachait avec une certaine facilité : c'est pour cela qu'il avait pendant longtemps été prof de sport au lycée de Midtown. Aujourd'hui, il n'exerçait plus cette fonction, mais le type de service que lui proposait Jean pouvait très bien lui rendre ce côté enseignant qu'il avait perdu, au profit du soldat qui obéit aux ordres.

Lui-même avait eu une enfance difficile, qui l'avait conduit à être un véritable enfoiré avec les plus faibles que lui. Il en était conscient aujourd'hui, même s'il pense toujours qu'il n'a pas été si dur que ça avec Peter. On se rassure comme on peut. Mais pourquoi il pensait cela à ce moment précis : parce qu'il pensait pouvoir aider les adolescent en quête d'eux-mêmes, leur montrer comment faire face au monde qui les entourait, à sa manière. De ce point de vue, un cour sur les symbiotes pourrait être vraiment intéressant, dans le sens où le symbiote est une véritable seconde personne, dont la personnalité se calque sur l'hôte. Entre autre, on éduque le symbiote grâce à ce que l'on est vraiment. C'est un peu un type de relation maître-élève, même si dans la réalité, c'est une relation d'ami.

Mais malgré cette comparaison, le doute subsistait dans l'esprit de l'Agent ... Est-ce qu'il en était capable ? Est-ce qu'il serait assez impactant pour cette cause bien plus grand que lui ? Est-ce qu'il ne se ridiculiserait pas en essayant de comprendre des ados qui avaient tant endurés ? Il pensait que non, mais il n'en était pas convaincu. Il avait peur de devenir un pauvre naze comme son enflure de père. Il avait déjà cassé les burnes de Parker tout le long de sa scolarité, et en réalité, il avait peur de faire subir la même choses aux élèves de Jean Grey. Malgré tout, il était un héros, désormais, et il se devait encore plus de montrer l'exemple, d'ouvrir la voie aux nouvelles générations. Après avoir autant admirés d'héros, il devait en devenir un à son tour. Et cela devait sans doute passer par l'aide demandée par l'ancienne hôte du phénix.

Il décida d'entamer sa bière avant de répondre, puis se rendit compte qu'avec le symbiote, ça allait être compliqué. Mais il était censé être en privé avec Jean, qui connaissait son identité, comme la plupart de ses collègues. Il s'autorisa donc un petit écart.

"Ouais, c'est compliqué. Magneto est un terroriste, des types comme Mr Sinister existent, mais il ne sont qu'une infime minorité dans toute la majorité de mutant qui veulent vivre sereinement, comme certains politiciens qui mettent des idées à la con dans la tête des citoyens pour alimenter la haine, alors qu'elle ne doit pas avoir lieu d'être. C'est une super idée de réunir les deux communautés pour qu'elles s'entraident et évoluent ensemble."

Flash ne pouvait s'empêcher d'analyser la situation aussi bien humainement que tactiquement. Sur le long terme, cela pouvait solidifier une grande alliance entre humains et homo superior, ancrer les mutants dans un statu quo indélogeable, et les "réhabiliter" aux yeux du monde. Il y aura toujours du racisme comme il y aura toujours de l'homophobie, on y pouvait rien, mais au moins, il était possible qu'une telle entreprise pouvait leur donner la meilleure image auprès de l'opinion publique que les mutants aient eu dans l'histoire. Et même pour les jeunes qui étudieraient auprès des héros, cela pouvait leur permettre d'être meilleurs, de devenir eux-mêmes les héros de demain.

"Puisque vous connaissez mon identité, vous devez savoir que j'étais prof. Votre proposition, je ne peux pas la refuser, ou j'en serais un piètre"

Il sourit alors à son interlocutrice, comme pour lui signifier qu'il serait bien sûr de la partie.

"Vous croyez pas si bien dire, d'ailleurs, quand vous parlez d'expliquer le concept des symbiotes. En plus du symbiote en lui-même, je pourrais leur apprendre à opérer en équipe, à les aiguiller sur le type de comportement qu'ils devraient avoir, sur leur vision du monde ... Enfin, c'est ce que ça implique, d'être lié à un individu qui adopte petit à petit votre comportement et votre façon de penser. Le principe de la symbiose, et du chemin que l'on doit tracer pour qu'il devienne une bonne personne. Ouais, comme je vous le disais, je serais ravi d'aider. "

Un léger sourire anime le visage de Jean aux mots que lui adresse son invité. Il est certain que les "héros" et les mutants ont un rapport bien particulier avec la mort. Elle est plutôt bien placée pour en parler également. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose en soi dans un sens...
Car d'un côté, revoir les êtres aimés ou appréciés, et ne pas avoir à affronter leur perte de manière définitive est un soulagement. Mais d'un autre côté... le cycle naturel de la vie, de ce que devrait être une existence, est irrémédiablement brisé.
Elle a songé à cette question plusieurs fois, notamment lorsqu'elle a elle-même été ramenée par Phénix. Jean s'est souvent demandé s'il n'y aurait pas des conséquences à tout cela, un jour ou l'autre. Car... revenir à la vie, ça n'a strictement rien de naturel, quelle que soit la méthode employée.

- J'en suis navrée. Si je peux vous aider à y voir plus clair sur certaines choses, n'hésitez pas. Lui dit elle en hochant brièvement la tête, comme pour appuyer ses dires.

Lorsque le symbiote se rétracte un peu, laissant apparaître son visage pour qu'il puisse déguster sa bière, Jean esquisse un nouveau sourire.
Elle l'aurait plutôt imaginé brun. Allez savoir pourquoi...

- Je vous remercie. Ca me semble en effet une nécessité. Tant pour apaiser les relations, que par souci d'être plus efficace en cas de menace commune. Lui répond elle d'un air entendu alors que son coude se pose sur le fauteuil et que, bientôt, son menton se cale dans le creux de sa paume alors qu'il poursuit.

La Mutante a soudainement le sentiment que la personnalité de Flash est un tant soit peu différente, depuis qu'il s'est "séparé", si l'on peut dire cela comme ça, d'une partie de son symbiote. Il est plus sérieux, presque un peu sévère dans les propos qu'il tient. Mais, Jean n'étant pas particulièrement familière des symbiotes, peut-être ce changement de ton n'est-il du qu'au tournant que prend leur conversation.

- Ah non, je l'ignorais. Dit-elle en haussant légèrement un sourcil.

Qu'il ait déjà été professeur n'en est que mieux, à vrai dire. Il aura d'autant plus de facilité à aborder les jeunes.
Les traits de l'épouse Summers s'illuminent alors d'un grand sourire, quand il lui confirme qu'il accepte sa proposition. L'accueil que lui fait la majorité des super-héros est vraiment incroyable... car, à vrai dire, elle s'attendait vraiment à essuyer plus de refus qu'à recevoir d'accords. Comme quoi... ne jamais présumer de rien.

- Le travail d'équipe leur est inculqué à chaque cours. Ils apprennent qu'il est essentiel de coopérer et de ne pas foncer tête baissée, au risque de se mettre dans une situation complexe voire, de mettre toute son équipe en danger. La nature de chaque cours nous permet de les faire travailler avec les spécificités inculquées par leur professeur. Par exemple... avec moi ils apprennent à se coordonner selon le lien télépathique que j'établis entre eux, moi ou un autre télépathe par ailleurs. C'est un élément absolument essentiel de leur apprentissage, surtout dans la mesure où la majorité d'entre eux arrive à l'Institut après avoir vécu seul plus ou moins longtemps, et pour une partie, cette période de leur vie les fait souvent se replier sur eux-mêmes.
Alors... si en plus de leur expliquer le principe du symbiote, vous pouvez également leur inculquer cette manière si particulière de travailler en équipe, je ne vais certainement pas m'en plaindre.

Elle ponctue ses quelques mots par un sourire entendu.

- Je suis ravie que vous acceptiez notre proposition. Merci beaucoup. Pour nos jeunes... mais aussi pour nous.

"Parfois j'ai l'impression que c'est les autres qui mériteraient plus de clairvoyance."

Flash s'était réveillé dans un monde où une amie avait cru bon livrer les plus grands secrets du SHIELD à des super-vilains, où le Punisher traquait et défigurait des voleuses, où un Avenger amplifiait des conflits plutôt que de les régler ... Il avait l'impression d'essayer d'avancer dans un monde où tout le monde voulait reculer.

Mais ce n'était pas à Jean Grey d'entendre ce genre de choses. Finissant sa bière cul sec alors qu'il n'en restait qu'un quart, il laissa le symbiote se refermer sur son visage, reprenant son caractère jovial qu'il arborait auparavant avec Jean. Ouais, il n'avait pas le même caractère avec et sans, mais pouvait-on dire qu'il était spécial à cause de ça ? C'est un peu la même problématique avec tout les héros. Le costume est à la fois un moyen de cacher son identité, mais également une coquille derrière laquelle on peut se cacher ... Ou au contraire, exprimer le symbole que l'on décide d'être. Une fois le symbiote en place, Flash Thompson est toujours là, mais il peut se lâcher complètement. C'est d'ailleurs pour cela qu'on lui a donné le symbiote. Pour qu'il se lâche corps et âme dans sa tâche.

Flash aime tellement son pays qu'il a tout donné pour lui, dont ses deux jambes, et son corps entier au nom d'une expérience qui aurait pu ne pas marcher. Les Etats-Unis n'étaient pas sans défauts, mais désormais, avec son pouvoir d'influence en temps qu'Avenger, il pouvait l'aider à avancer dans le bon sens. Bien des mutants avaient été des citoyens des Etats-Unis, et ainsi, bien des mutants restaient, au fond d'eux, des fils de l'Amérique. Flash pouvait aujourd'hui s'assurer qu'ils iraient bien, et il pouvait se servir de son statut pour, une nouvelle fois, aider une cause plus grande que lui.

"C'est mon devoir" fit-il en se levant.

Parce qu'il n'y avait plus grand chose à dire. L'essentiel avait été révélé, et Flash avait accepté de bon coeur. Sauver le monde tout en guidant une nouvelle génération, il espérait pouvoir y parvenir.

"C'est à moi de vous remercier, de me faire confiance. Autant pour me montrer votre île que pour la proposition que vous m'avez faites."

Il ne devait pas décevoir. Autant ses nouveaux associés que lui-même : il plaçait beaucoup d'espoir dans la demande formulée par Jean. Autant pour se montrer à lui-même qu'il pouvait devenir un symbole plus qu'un outils destiné à tuer et exécuter des missions, que pour se persuader qu'il pouvait encore éduquer les jeunes.

Les quelques mots que lui adresse Flash Thompson sont lourds de sens, et surtout... lourds de sous entendus. Comme si celui qui accueille le Symbiote, et qui boit actuellement tranquillement sa bière dans son salon, était soudainement pris de regrets, d'une certaine forme d'amertume.
Peut-être dus à de récentes déconvenues ou expériences peu agréables.
Jean ne se permettra jamais d'entrée dans sa tête pour le vérifier. C'est son jardin secret, son esprit, et elle n'a pas à y commettre une intrusion, surtout pour ce genre de raison.
Alors se contente-t-elle de hocher simplement la tête d'un air entendu, validant silencieusement ses paroles.

Le Symbiote retrouve sa place, et avec lui sonne la fin de leur entretien.
La mutante se lève à sa suite, tout en lui adressant un sourire.

- Je ne doute pas que cette collaboration sera très enrichissante pour tout le monde. Assure-t-elle, alors qu'elle se dirige vers la porte qui mène à l'extérieur de la maison.

Jean ne suit pas le même chemin pour revenir vers le portail Krakoan qui mène vers New-York. Pour faire plaisir à son invité, elle emprunte une route différente, qui lui permettra d'admirer d'autres panoramas de l'île, notamment une vue vertigineuse sur l'océan depuis les hauteurs d'une abrupte falaise.
Alors qu'elle passe près d'une plante aux fleurs immenses, les doigts de Jean frôlent légèrement en pétale qui se transforme en... sandwich.
Elle le tend à Flash dans un sourire.

- Un petit souvenir comestible que vous pourrez déguster une fois rentré chez vous. Lui dit-elle d'un air amusé, la rassurant si besoin sur le fait qu'elle n'attend pas qu'il le mange tout de suite et ne révèle son identité, tout autant que son visage, alors qu'ils sont à l'extérieur.

Une fois arrivés au portail, Jean le traverse de nouveau avec lui. Comme à l'aller, elle attend un peu afin de s'assurer que le voyage retour s'est fait sans encombre pour lui, puis elle lève la main et lui adresse quelques mots avant de passer le portail dans l'autre sens.

- Ca a été un plaisir de vous rencontrer. Vous devriez recevoir l'invitation pour l'inauguration de l'Institut sous peu. Je serai ravie de vous y revoir. D'ici là, prenez bien soin de vous.