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[Budapest] Eaux troubles PV | Messages : 76
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[Budapest] Eaux troubles PV Jeu 20 Oct - 16:14 | |
| La maggia était une organisation plus proche d'une confédération que d'une mafia classique. Elle tenait sur des valeurs communes, des intérêts partagés et surtout sur une hiérarchie familiale stricte. Les familles qui la composaient étaient chacune responsable d'un secteur dans lesquelles les autres familles devaient interférer un minimum ou jamais sans l'accord des gérants principaux. Tout était donc affaire de dialogue, de tractation et de diplomatie. La famille Silvermane par exemple, gérait le narcotrafic d'une main de maître ; les Costas préféraient les assassinats et marchandaient des êtres humains alors que les Nobili se penchaient sur l'influence et le monde cybernétique, alliant une expertise innée des réseaux financiers massifs et occultes. Enfin les Fortunato qui jadis s'opposaient à l'influence de Fisk avait laissé place aux Néfarias pour s'orienter vers le banditisme en col blanc et gérer des détournements massifs de fonds publics couplés aux flux de matière première dans les endroits du globe les plus fragiles. C'était donc un fou rassemblement qui fonctionnait grâce à une synchronisation régulière et une entraide émaillée de petites querelles que les intérêts étouffaient rapidement.
La Maggia brassait une telle fortune qu'elle pouvait rivaliser avec des pays entiers.
Le moindre vacillement pouvait donc se traduire par des pertes sèches considérables ; l'instabilité qui frappait la famille Néfaria n'était donc pas passée inaperçue. Bien des chefs de familles s'étaient inquiétés de voir le territoire des Etats-Unis échapper à l'influence de l'organisation, on n'abandonnait pas une telle plate-forme du crime. Certains voulurent prendre la "place du mort", d'autres attendirent de voir de quoi il en était et le retour de Madame Masque aux affaires avait achevé de tétanie les indécis, plongeant ses détracteur dans le choix cornélien de rester fidèles aux engagement pris en rejoignant cette mafia qui avait une loi stricte : la mort récompensait la trahison.
En Europe, les affaires étaient solides. Mosaïque de pays aux règles différentes, ce continent, grâce à une bonne dose de traditionnalisme mâtiné d'un capitalisme sauvage dans les anciens fiefs communistes et des administrations solidement établies offrait maintes portes vers le pouvoir. Les années 90 furent une bénédiction pour l'organisation qui se partagea un bon gâteau et se lovait dans les mutations de la fin de la guerre froide.
Madame Masque y avait ses entrée, ses habitudes, ses débiteurs et une belle influence dans plusieurs parlements, ce qui lui laissait une assise confortable, loin du tumulte américain où les choses nécessitaient des mesures plus drastiques. Vitali était un sérieux problème qu'elle comptait régler de façon expéditive, tout comme Fisk. Sa ferveur dans l'action rassurait ses partenaires. La cheffe paraissait tout à la fois aux affaires en réorganisant les cellules les plus déstabilisées ; dans des opérations punitives ou disciplinaires pour récupérer du crédit aux yeux des autres familles ; mais s'ouvraient à maintes nouvelles opportunités pour prospérer. Les Néfarias affichaient une nette progression dans l'estime générale. Avec le ménage qu'opérait Giulietta, des places étaient à pourvoir pour les ambitieux et de nombreux membres d'autres branches lorgnaient clairement dessus. Certains pensaient pouvoir y placer des pions, les déçus ou les jeunes loups entendaient progresser, autant dire que Madame Masque rebattait les cartes d'une association qui avait un temps vécu dans une certaine léthargie.
Les Costas étaient ceux qui s'étaient montrés enthousiastes lors de son retour, Whitney Frost était une bonne amie, elle tuait sans sourciller, elle parlait le langage de la violence et, tant qu'on évitait de parler des réseaux de prostitution, elle se montrait "raisonnable", comprendre qu'elle parlait argent avant de parler moral. Les Silvermane étaient plus froids, Giulietta n'était pas un modèle de stabilité, pas plus que son père et les Néfarias avaient toujours représenté un problème en taxant des flux de drogues dans leurs zones d'influence. Les Nobili et les Néfaria avaient toujours été proches sous l'ère "Whitney Frost" car l'héritière comprenait les enjeux technologiques qui les animaient tout en leur faisant profiter de ses forfaits. Les Fortunato se tenaient neutres dans l'affaire, ils étaient restés dans une réserve polie, saluant sans admettre ou réfuter le retour de leur "collègue". Bref, un beau panier de crabes.
Toutes ces affaires étaient en partie liées avec sa venue à Budapest.
Dans un hôtel particulier qui donnait sur la beauté de la vieille ville, elle avait rencontré un homme d'affaire parfaitement lié à sa famille dont la fille faisait de belles études dans une école prestigieuse et dont la femme avait une place de choix dans l'appareil d'Etat, autant de bénédictions dont il devait remercier les Néfarias. L'homme, charmant au demeurant, l'avait appelé par inquiétude face à des prises de contact de plus en plus fréquentes par des hommes de Vitali qui voulaint faire basculer certaines cellules de jeux clandestins et de ventes d'arme dans leur escarcelle.
L'impertinent Massimo s'amusait ainsi à marcher ouvertement sur les pieds de la mafieuse. Madame Masque, soucieuse de la propreté de ses bottes, avait pris un avion direction la fabuleuse ville d'europe centrale, histoire de donner quelques instructions à ses lieutenants sur place. On retrouverait bientôt dans Budapest et ses alentours des morceaux de mafieux un peu partout. Le message devait être spectaculaire et rapide, il fallait gérer ce genre de problème au plus près et au plus vite. Aucun problème ne se résolvait de lui-même.
Tout ceci n'était cependant qu'une virgule dans les raisons de sa venue; avant toute chose, elle attendait un rendez-vous des plus importants. Un rendez-vous qui lui fit passer rapidement les revues de troupe, les comptabilités et la gestion de quelques punitions. Le retour d'une Néfaria, allait avec un protocole qu'il fallait suivre quoi qu'il en coûte et Madame Masque revenait certes pour récupérer de l'argent, mais aussi pour discipliner ses agents, récompenser les fidèles, massacrer les traîtres et accorder son pardon au prix d'une allégeance contraignante. Giulietta venait pour être aimée, elle le serait quitte à ce que les gens en pleurent de terreur.
Et c'était ça là sa vraie raison : l'amour. Son amour, ce qu'elle définissait en tant que tel. Or, lorsque l'on parlait de son cœur, jamais bien loin se trouvait Tony Stark.
Tony... Après un rendez-vous distrayant mais qui n'avait pas donné les fruits escomptés, elle avait été contactée par un individu des plus intrigants, Arno Stark. L'homme connaissait suffisemment bien les travers de celui qui paraissait son frère pour oser s'approcher d'elle. Rendez-vous fut donc pris dans un salon des bains de Széchenyi, parmi les plus beaux d'Europe où elle pourrait à la fois profiter d'une pause et d'une rencontre, qu'elle espérait utile.
D'autant qu'avant de quitter les Etats-Unis un agent en filature lui avait remis une série de clichés et de notes pour le moins troublantes.
Madame Masque fut introduite par une entrée latérale dans les lieux, en tout discrétion. Enveloppée dans un ensemble de draps blancs amples et de tulle noire légère pour supporter l'ambiance humide des lieux, portant toujours son masque d'or et d'argent, elle fut installée par des gardes dans un salon privé où un paisible pédiluve et un bassin chaud avec sa propre fontaine de massage se faisaient face. Une table de fer et de verre, encadrées par deux chaises confortables supportait une coupe de fruits et des bouteilles soigneusement fermées. Une légère brume parfumée embaumait la pièce. Les faïences et mosaïques qui décoraient les murs à l'architecture caractéristiques donnaient au tout l'impression générale d'un écrin reposant. Les plantes qui agrémentaient les angles de la pièce ajoutaient à l'impression de volupté.
Giulietta se posa sur une chaise tandis que ses hommes se déployaient dans le reste de la pièce et ouvrit une sacoche dans laquelle se trouvait une enveloppe, dans cette enveloppe les photographies; ces photographies dont elle devait obtenir un degré de véracité...
Car elles la contrariaient beaucoup. Ce qui signifiait qu'il y aurait des larmes, du sang, des pertes et, au fond, une part de tragédie dans la suite des évènements... |
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Ven 21 Oct - 8:56 | |
| Budapest. Plus grande ville et capitale de la Hongrie. Positionnée en aval du Danube, entre le massif de Transdanubie et l’Alföld. Créée en 1873, après la fusion de Buda, de Pest et d’Obuda. Le lieu fut le premier point d’implantation des Magyars, et abrita l’une des forces vives de la Renaissance. Longtemps sous domination ottomane, elle mène les avancées hongroises et austro-hongroises au XIXe siècle, jusqu’aux ténèbres de la première moitié du XXe. Depuis, la cité évolue, grandit, et conserve un attrait historique ainsi qu’une forme d’exotisme, notamment sur les aspects illégaux.
Budapest. Et ses charmes. Et ses mystères. Et ses secrets. Et ses rendez-vous, également.
Notamment au sein des Thermes Séchenyi, situés dans le 14e arrondissement de Varosliget. L’édifice actuel a été ouvert au public en 1913, avec une allure néo-gothique qui demeure son charme. Imposant par son architecture, son ampleur mais aussi sa diversité, l’établissement est également un lieu social important. Un lieu d’échanges, de retrouvailles ; de rencontres. Surtout discrètes.
Notamment à l’intérieur, dans les salons privilégiés. Où se trouve… Whitney Frost. Giulietta Néfaria. Madame Masque.
Elle ; la femme fatale, absolue et terrible – attirée en ville par des engagements professionnels, généraux. Mais présente ici pour des impératifs plus… personnels. Qui vont se confirmer, alors qu’une porte centenaire s’ouvre, et révèle un domestique qui s’efface rapidement. Devant l’interlocuteur prévu pour elle, ce soir.
« Buona Serata, oh potente sovrano. »
Des mots italiens idéalement prononcés, bien qu’avec un accent mécanique, accompagnent l’apparition – la confirmation du rendez-vous. Lui.
Arno. Stark. Un petit mètre soixante-dix. Environ soixante-cinq kilogrammes. Peu de muscles développés. Peu de coffre. Une certaine allure dans des vêtements de luxe – mais une absence réelle de recherche de style, de grandeur, de fougue. Un calme certain, mais un visage concentré, sérieux ; discipliné. Sans folie, sans humour.
Un homme déterminé, mais froid. … si différent de Tony, assurément.
« Je vous remercie d’avoir accepté cette rencontre – et vous prie d’excuser cette entrée en matière légère. Il s’avère que de tels échanges débutent mieux avec des formes triviales, mais j’en resterais là. »
Sa voix est neutre, presque déshumanisée ; à raison. Arno a passé l’essentiel de sa vie sous respirateur artificiel, loin des autres, loin du monde. Ses émotions… sont compliquées.
« J’ai conscience que nos agendas sont remplis, et j’irai donc à l’essentiel. »
Malgré la présence des sbires de Madame Masque, Arno s’avance sans difficulté, et s’installe sur un fauteuil plusieurs fois centenaire. Il pose sa mallette, aux couleurs d’Iron Man, sur ses genoux – et, avant que les gorilles puissent réagir, l’ouvre. Mais n’en ressort ni arme, ni menace.
« Je nourris actuellement des sentiments compliqués envers Anthony, l’enfant adopté par mes parents pour me remplacer publiquement. Si j’ai été satisfait et voire même heureux d’obtenir une relation avec lui, notamment quand il m’a révélé que la menace qui a poussé Howard et Maria à me cacher était écartée, nos positions… sont désormais trop différentes, sur le monde. Malheureusement, Anthony incarne désormais pour moi un danger, un risque – ainsi que pour la planète, telle que je la conçois. Je ressors dès lors des alliés. Non pas pour l’anéantir, mais pour l’empêcher d’agir ; voire le ramener à une situation confortable, pour lui et nos intérêts. »
Arno acquiesce, sobrement. Puis sort une image, qu’il tend à Whitney. Différente des photographies dont elle dispose. Mais qui… risque de mettre définitivement le feu aux poudres.
« Cela a été pris hier, Madame. Une relation est née – et j’en suis fort inquiet, car je ne vois rien de positif à ce qu’une intrigante de ce type puisse bénéficier de la candeur d’Anthony. Ce dernier lui a déjà offert… une armure, similaire à la sienne, appelée War Widow. Quelle inspiration. Bref. J’ose… envisager que vous nourrissez également un quelconque rejet, sur la perspective d’une relation pérenne entre eux deux… »
Eux deux, oui. Tony Stark. Natasha Romanov. Au fond, Arno n’a cure des errances sentimentales de son frère adoptif – mais il sait que Madame Masque réagira autrement. Et il a besoin d’elle ; besoin de sa fureur. Besoin de sa violence. Besoin qu’elle s’en prenne à Anthony. Et l’occupe, longtemps… |
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Mer 2 Nov - 8:34 | |
| Arno Stark s'introduisit, froidement. Il y avait bien une tentative de diplomatie de sa part, quelques paroles italiennes bien maladroites tant dans la prononciation que dans leur choix. Elles étaient flatteuses, mais l'effet qu'elles auraient pu avoir fut rapidement désamorcé par une réplique des plus sèches.
L'homme n'avait rien de remarquable. Giulietta avait naturellement eu des attentes, son imagination se construisant autour des messages laconiques reçus et de l'absence assez remarquable d'information autour du personnage d'"Arno", un individu mental relativement fouillé qui ne correspondait en rien à ce book-maker vaguement habillé, ou même "fringué" vu l'absence de personnalité qu'il ressortait de son attirail de boursicoteur.
Il sortait de ce "premier de la classe" la détermination de ceux qui n'avaient qu'un talent caché pour surnager dans un monde où le charisme et la prestance jouaient pour une grande partie des qualités gagnantes. Madame Masque aimait le piquant de ces gens qui, mine de rien, avaient du potentiel, ils étaient comme un tableau dont il fallait suivre les coups de pinceaux pour trouver le sens, sentir la dynamique et en extirper la substantifique moelle.
Déçue aussi ? Elle l'était naturellement, elle invitait un homme dans des bains et le voilà en costume de tailleur. Elle voulait allier le plaisir au travail et l'homme ne connaissait visiblement rien du plaisir. Cela se voyait à l'absence de marques distinctives sur son visage. Pas de ride de sourire, une peau lisse de jeune premier qu'elle pourrait griffer sans même l'égratigner tellement elle paraissait encore élastique. A croire que sitôt son affaire menée il irait faire mourrir son peu de personnalité apparente dans un coin.
L'homme s'installa sans peine, provoquant un mouvement de crispation chez les gardes de la Maggia. Heureusement, leur cheffe restait tranquille. Elle ne doutait pas un instant qu'elle pourrait tuer ce jeune homme avec simplement une coupelle de fruits. Arno cherchant à aller à l'essentiel extirpa d'une mallette qui rappelait très distinctement son frère des documents mais enroba ses annonces d'effets de manche de de trous qui interdisaient dans un premier temps à Giulietta de se détacher de ce juvénile visage. Elle souleva la photographie qu'il lui avait fournie pour la porter à hauteur d'yeux.
Cette photographie confirmait toutes les autres qui se tenaient paisibles et en attente dans leur grande enveloppe. Tony avait choisi de jouer avec le feu. Une fois de plus.
Et avec une rousse.
Trait slaves, faciès poupins malgré certaines marques d'âge. Pas une femme, une gamine.
La mâchoire de Madame Masque se serra.
Lorsqu'il lui révèla que cette pimbêche avait en plus récupéré une armure, l'affaire monta d'un cran.
Autour d'eux, pendant quelques secondes, seule la fontaine bruissait de vie. Giulietta était figée dans sa froide colère, Whitney rêvait de hurler.
Le visage de cette femme à la chevelure de feu se gravait à l'eau forte dans son crâne. Elle pourrait la reconnaître dans une foule compacte, et même l'identifier une fois décapitée, écorchée, criblée de balle, en train de hurler pendant que des pelletée de terre venaient recouvrir son visage de sainte artificielle.
Une. Respiration. Une seule, pas plus.
Elle s'occuperait d'elle, de ses proches... Mais cette greluche était dotée d'une armure, Masque allait devoir jouer sans se précipiter. Ses yeux se portèrent de nouveau sur ce gamin qui venait lui claquer une telle vérité devant les yeux, sans gant, sans pincette, avec ses petits airs de jeune garnement. L'envie de lui faire payer cette révélation comme s'il en était coupable grandissait en elle.
Elle jeta la photographie sur la table et l'image parut, de cette position la narguer davantage. Elle, qui n'avait pour le moment rien dit et avait beaucoup écouté, fit un tri mental malheureux sous le coup de la colère. Ses sentiments bafoués appelèrent une réaction non moins sévère de la part de son esprit détraqué. Elle aussi avait des projets pour Tony et si le frère devenait encombrant, il irait rejoindre la catin qui se pendait au bras de son aimé. Elle devait rapidement voir s'il était une gêne.
- Avant de parler de moi, déclara-t-elle comme une maîtresse éconduite, crispée mais encore fière, évacuant la dernière interrogation d'Arno pour mieux la gérer en dernier ressort, je serais curieuse que vous développiez ce que vous entendez pas "nos intérêts".
Question aussi vague que la présentation du "vrai" Stark, portant assez de tiroirs pour que la paranoïa de la cheffe mafieuse puisse s'épanouir à son aise.
Il était à un claquement de doigt de la menace des armes, à une larme du déchaînement de Madame Masque qui finirait au choix par un étranglement, une noyade dans le bassin proche ou, tout simplement, lui défoncer le crâne avec le mobilier qui avait vu les évènements les plus terribles de ce dernier siècle.
A moins qu'il ne soit convainquant et se montre assez habile pour manipuler une femme blessée pour qui un amour toxique était le centre de son existence.
Cette première rencontre se passait, somme toute, très convenablement.
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Mer 2 Nov - 17:24 | |
| Elle le vit mal. Evidemment. Prévisible.
Arno Stark reste figé, entièrement, alors que son interlocutrice découvre la photographie qu'il lui propose – qu'il lui offre, même. Comme un tribut, envers une entité terrifiante, prête à dévorer quiconque oserait s'approcher d'elle ; et de ses petits. De son mignon ici, pour être précis.
Un autre que lui aurait souri, au moins intérieurement, en voyant l'ampleur de la froideur de Madame Masque – qui confirme un grand contrôle, et donc une fureur interne absolue. Mais non. Il ne fait rien. Il ne réagit pas. Il ne bouge pas.
Pas un muscle. Pas un cil. Pas un œil. Rien.
Rien de son corps, de son visage ne bouge, ne réagit. Il se contrôle. Il est en contrôle. Absolu.
Jusqu'à... Jusqu'à ce qu'elle l'interroge. Jusqu'à ce qu'elle reprenne. Jusqu'à ce qu'elle se reprenne. Pour comprendre. Pour avancer. Pour se préparer ; à la suite. Au pire.
« Je ne vais pas vous mentir – cela n'aurait aucun intérêt en soi, et cela demeurerait une insulte envers votre intelligence. Ce qui n'est en rien une flatterie, mais un fait. Vous êtes brillante. Vous ne seriez pas à ce poste sans cela, et je ne serais pas venu vous rencontrer sans cela. Bref. Quels sont nos intérêts, demandez-vous ? Ils sont simples. Bloquer Anthony Stark. »
Il soupire, légèrement ; s'essaye au théâtral si apprécié de son frère adoptif. Moui. Non. Inutile, définitivement.
« Vous souhaitez bloquer Anthony auprès de vous, afin de donner suite aux sentiments qui vous animent et qui devraient vous mener à un bonheur conjugal enfin abouti. J'entends. Par mon expérience personnelle, les sentiments n'ont guère d'intérêt, encore plus amoureux ; mais j'entends. Je n'ai aucun intérêt personnel au bonheur d'Anthony, encore plus conjugal. Cependant, je dispose d'un très grand intérêt pour... l'empêcher de poursuivre la gestion Stark Enterprises. »
Ses sourcils se froncent. Sa posture se tend. Son visage se ferme. Un peu. Un peu seulement ; mais quand même.
Pour un homme qui dit ne pas connaître les sentiments, Arno Stark semble en tout cas s'aveugler – et ne pas voir l'envie, l'avidité, la jalousie qui l'animent.
« Cette société est celle d'Howard Stark – mon père. Notre père, pourrait-on évoquer, ce qui est vrai légalement. Mais qu'importe. Anthony l'amène à la ruine. Le financement constant des Avengers est à perte, malgré les déductions fiscales apportées par la Fondation Maria Stark. Les divers projets trop souvent abandonnés par Anthony crispent la conduite de l'entreprise, qui ne tient qu'avec les inventions régulières et salutaires d'Anthony – mais c'est moins une stratégie qu'une suite de sauvetages miraculeux. Je ne supporte plus de voir l'héritage de mon père ainsi maltraité. D'autant qu'Anthony a eu la mauvaise idée de s'attirer l'inimité des Krakoans, et je refuse que Stark Enterprises soit associée à de telles postures. »
Au moins publiquement. En privé, Arno collabore volontairement avec Orchis, organisme humain formé pour stopper les Mutants. Discrètement. Secrètement. Anthony a eu la bêtise d'attaquer aux yeux de tous ; crétin arrogant.
« Nos intérêts convergent, ainsi. Je veux retirer Anthony de la vie publique, et de la gestion de Stark Enterprises. Vous voulez Anthony pour vous, à jamais. Soit. Collaborons. Retirons Anthony de ce monde où il s'abandonne à des... relations aussi basses que celle-ci. Retirons-le de son microcosme, de son environnement. Verrouillons-le auprès de vous. Sans qu'il puisse en sortir. Jusqu'à ce qu'il... comprenne, que c'est là son intérêt. »
Arno n'y croit guère. Pas parce qu'il pense que Tony ne serait pas heureux avec Madame Masque – mais parce qu'il n'arrive pas à comprendre le concept de bonheur conjugal, quel qu'il soit. Qu'importe, cependant, si cela lui permettre d'atteindre son but.
Reconquérir Stark Enterprises. En faire son atout pour préparer la Terre face à son plus grand défi. Ecarter Anthony. Sauver le monde.
… détruire ce nuisible qui ose ternir l'image et l'héritage de sa famille... |
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Lun 21 Nov - 11:20 | |
| La photographie présentée par Arno Stark formait comme un mur entre les deux interlocuteurs. Cette présence sur la surface de la table devint rapidement insupportable, d'autant plus couplée au trop fade Arno Stark. L'homme n'était qu'une ombre si elle le comparait à son "frère", il n'était qu'une pâle créature frêle en comparaison d'un Lucino Nefaria. Des hommes qu'elle croisait, il n'avait pas la superbe d'un Mysterio ou l'énigmatique colère d'une Rose. Pas vraiment homme, un garçonnet, une frêle chose qui cherchait encore sa forme mûre.
Pour mieux quitter l'inquisiteur cliché tout en écoutant son interlocuteur débiter ses vérités et étaler ses raisonnements, Giulietta se leva pour admirer une faïence proche. Les paroles prononcées par l'acharismatique se mélangeaient aux pensées de la mafieuse, aux cristallines résonances de la fontaine voisine qui se révélait indifférente aux deux criminels qui échafaudaient, chacun dans leur sapience secrète les projets les plus égoïstes et les plus vicieux.
L'homme parlait abruptement, d'une façon inconvenante, bousculant, par mépris ou par ignorance, le minimum diplomatique qu'aurait pu espérer la jeune femme. Giulietta était une femme d'affaire, elle savait être directe mais ne l'aimait pas, préférant se draper dans une aura plus mystérieuse, parlant à double sens, laissant angoisse et circonspection chez ses interlocuteurs plutôt que certitudes ou promesses. Un héritage de la famille Néfaria. Son père avait été un homme incisif, sans grande subtilité, une brute dans un monde de mâles dominants. Il était tombé comme il avait vécu. Sa fille entendait vivre et survivre dans ce monde. Or, dans celui-ci, l'avantage allait à celui ou celle qui maîtrisait le jeu, à celle qui pouvait, à tout instant, punir sans se compromettre.
Les termes d'Arno étaient violents à ses oreilles. "Bloquer Anthony" ; "Empêcher" ; "Retirer Anthony" ; "Verrouillons-le"... Il n'avait rien compris à son interlocutrice, mais c'était commun, elle ne s'en formalisa pas. Il s'ouvrait et c'était suffisant pour elle même s'il restait toujours cette rousse de feu à venir court-circuiter le train de ses pensées. Il y avait de quoi faire avec la charge émotionnelle qui affectait ce jeune cadavre en devenir qui se croyait de taille dans le grand jeu de la fourberie internationale mais il ne fallait jamais sous-estimer un franc-tireur motivé, encore moins lorsqu'il y avait de quoi en retirer. Whitney n'était hélas pas en mesure de parfaitement faire la part des choses.
D'un geste de chatte gracile, elle s'éloigna de sa chaise. Celle qui était encore tiraillée entre les propos de son interlocuteur et la photographie qui embrouillait son jugement, ôta les souliers qui enserraient ses pieds à la peau surprenamment fine et délicate lorsque l'on connaissait la vie de labeur qu'imposait son investissement criminel. Madame Masque restait attachée au perfectionnement de son corps. Ses blessures et ses cicatrices ne l'empêchaient pas de s'autoriser tous les traitements que pouvait lui offrir le raffinement de sa condition. Blessée, meurtrie, dévisagée, elle n'en restait pas moins vaniteuse, ce qui ne l'aidait certes pas à regagner en stabilité mentale.
Relevant les pans de sa robe bicolore, révélant des mollets que l'effort n'avaient fait que rendre plus ferme et désirables, Madame Masque vint profiter de la chaleur parfumée du pédiluve proche. Il y avait dans le contact de cette eau revigorante le souvenir de massages et de caresses intimes dont Tony avait eu jadis le secret.
N'y avait-il donc rien pour lui faire oublier...
Et cet imbécile prétentieux à la froideur toute mécanique qui venait lui proposer de contraindre Tony... Non, il n'avait rien compris, Madame Masque ne voulait pas l'enchainer à elle par la force, par la coercition ou la terreur, elle le voulait à lui parce que tel était son destin. Cela nécessitait parfois... souvent, l'appel à la force, mais jamais contre lui.
Elle avait parfaitement établi comment obtenir Tony à ses côtés, et cela passait par une grande période où il aurait inévitablement l'impression qu'elle était dans le camp adverse. Oui, elle allait devoir tuer, manipuler, contraindre, corrompre, elle allait devoir se créer des réseaux, neutraliser des concurrences. Il y aurait du sang mais pas sur ses mains à lui. Il y aurait des dégâts mais pas de son fait. Lui pourrait s'élever et elle n'aurait qu'à lui offrir un monde clef en main... Cette gamine dont il s'était entiché allait faire partie des fondations de ce "monde nouveau".
Hélas, il y avait toujours quelques spectres comme Arno pour venir mettre à mal ses projets. Restait à voir ce qu'elle pouvait en tirer.
Son pied droit joua un temps avec les légères ondulations provoquées par ses mouvements.
Lorsqu'Arno reparla de la photographie à demi-mot, de cette relation "aussi basses que celle-ci", Madame Masque eut un léger mouvement de gorge. Que pouvait donc connaitre ce gringalet aux affaires de cœur ?
- J'apprécie votre franchise, mentit-elle sans un regard vers cet individu. Tony n'est pas une cible facile, encore moins lorsqu'on lui arrache ses jouets.
Une fontaine coulait à proximité et elle étira sa jambe pour que l'eau vienne masser son tibia. De légers éclats vinrent consteller sa tenue. Cela lui évoqua... une réminiscence qui n'avait l'air d'un rien. Le meurtre de Roger Vane, l'homme qui le premier l'avait abandonnée. Son sang avait eu la chaleur de cette fontaine chauffée. Sa tenue de jadis aussi s'était faite recouvrir par les jaillissements artériels de sa fin de vie. A moins que ce ne soit sa femme... cette femme dont le souvenir de traits vieux encadrés de cheveux blond artificiel prenaient les teintes d'une rousseur photographique autour d'un visage d'une jeunesse insolente...
- Tony n'ira pas à moi, trancha-t-elle, pas aussi rapidement que vous pourriez l'espérer, mais il détournera assurément les yeux de sa petite entreprise. Juste assez...
C'était tout naturel, il n'aurait pas d'autre choix. Sa jeune prise allait tristement découvrir l'étendu de ce que l'expression "jalousie maladive" pouvait recouvrir et lui, en parodie de chevalier blanc, ferait ce qu'il savait faire de mieux : sauter à sa rescousse, essayer de limiter les dégâts.
Deuxième tibia...
Même sensation, mêmes souvenirs, sauf que les gants ensanglantés de son passé ne tenaient pas la tête de ce misérable Vane, mais celle, sans vie, de cette effroyable créature...
Arno pourrait alors certainement faire main-basse sur son "héritage"... mais il pourrait surtout se présenter en bourreau là où elle pourrait se positionner en sauveuse tout en se vengeant de cette entreprise qui avait par le passé détourné Tony d'elle. Cette monstruosité qui s'était interposée entre elle et lui... Comme cette femme qui s'interposait, comme cette chose qui le détournait d'elle. Il était assurément temps de rendre coup pour coup avec cet environnement délétère qui brouillait le jugement de son Tony.
- Je veux trente-pourcent des parts de Stark Entreprise lorsque vous en aurez pris le contrôle, lança-t-elle ensuite, sans nécessairement terminer sa précédente proposition, un modeste paiement pour les services de la Maggia.
Et surtout trente-pourcent qui lui permettraient de voir, connaître, espionner, mais aussi rançonner plus directement cette chose immonde.
L'idée même de pouvoir se venger d'une partie de son passé lui fit oublier un instant que son interlocuteur pourrait avoir son propre agenda dont elle ne représentait, au mieux, qu'une infime partie. Elle tendit alors ses mains vers la fontaine pour mieux en profiter. L'eau pourtant si claire et fluide était à se yeux et à ses mains nues aussi grumeleuse et épaisse que du sang. Petit virage de délire dans ses rêves terrifiants.
- Reste à savoir ce que vous entendiez faire pour... "verrouiller" votre frère auprès de moi, demanda-t-elle assez soudainement, paraissant une nouvelle fois changer de sujet, suivant ainsi l'étrange cheminement mental qui contournait, de temps en temps, les multiples scénarios qu'elle construisait et détruisait aussi rapidement qu'elle anticipait le goût des cruautés à venir.
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Lun 21 Nov - 15:27 | |
| Modifier l’équilibre du cours du blé. Réévaluer l’impact du diesel dans l’équilibre financier des transports. Solutionner la gêne au niveau de la botte arrière, dans la dernière version de la Sentinelle sur laquelle il travaille. Bénéficier d’un dégrèvement fiscal en choisissant quelques associations pour des dons, qu’il récupérera en apports dans le budget de ces mêmes associations.
Voici. Voici ce qu’Arno Stark pourrait faire, aurait pu faire… durant les deux premières minutes de l’attente que Whitney Frost lui impose, après son discours simple, sobre, direct et efficace.
Tout ça. Tout ceci. En deux minutes. En deux minutes seulement ! Et…
Et elle le fait patienter bien plus que deux minutes.
A de nombreuses reprises, le véritable fils d’Howard et Maria Stark a envie – non, il boue de réagir ; de dire quelque chose. D’exiger une réponse. Enfin, quand même !
Arno Stark lui fait l’honneur de se présenter à elle. Elle qui… Bref. Elle, oui. La mafieuse. La criminelle. La pauvre petite manipulatrice. La Dame, d’un monde en pleine agonie. La… oui, aussi.
La… catin d’Anthony.
Arno se surprend lui-même de formuler de tels mots dans son esprit – mais les manières de Whitney le lui font penser, clairement. Il se force, à ne pas grimacer. Devant ses manœuvres.
Ses gestes, savamment choisis, enclenchés… pour quoi ? Le charmer ? Pouah. Elle n’y sait rien. Elle n’y comprend rien. Ce… non.
Ce n’est pas possible.
Arno ne saurait se soumettre, s’abaisser ainsi. Non pas à formuler un désir et une envie envers celle tellement marquée, souillée par Anthony – non. Il hait son frère adoptif, mais ne nourrit pas de tels sentiments de dégoût. Envers lui. Mais… envers la chair…
Oui.
Arno Stark n’a guère de honte à l’admettre : la chair le révulse. Le contact physique le crispe. Il n’aime pas cela. Il n’en a aucun goût. Seul… le métal. L’ingénierie. La technologie. La Science oui. Quelle qu’elle soit. Jusqu’où elle aille ; toujours.
Arno Stark suit les mouvements de Whitney, mais ne réagit en rien aux tentations affichées par la jeune femme – qui présente ses pieds, ses mollets, ses tibias. Peuh. Il ne nourrit aucun fantasme… de ce genre. Assurément.
A plusieurs reprises, il semble sur le point de céder, d’exploser. Il n’en fait rien. Il vaut mieux que cela. Il est supérieur à cela. Il est…
Il est un Stark. Un vrai.
L’on se contrôle. L’on se maîtrise. Et… L’on contrôle. L’on maîtrise. Surtout.
« 30%... est trop élevé. »
Il soupire, en disant ces mots. Il pourrait en rire – mais ne nourrit aucun intérêt, pour l’humour. Arno sait qu’elle est sincère. Ridicule ; mais sincère.
Il parle, cependant. Tout heureux de pouvoir reprendre et, surtout, avancer. Pour cesser de perdre du temps.
« Je refuse, par principe. Mais aussi parce qu’une telle entrée dans le capital attirerait l’attention – et des soupçons. Et des risques financiers. Je refuse. 10%. Pas plus. Mais un accès privilégié aux… petits projets d’Anthony. Notamment ceux de sa période… guerrière. »
Des engins de fin du monde. Enfin. Ceux qu’un esprit aussi minuscule que le sien peut imaginer. Bon, ça peut occuper le monde quelques années, en effet.
« Si vous acceptez… nous aurons un accord. »
Il acquiesce. Froid et distant. Guère intéressé par le contrôle total de Stark Enterprises. Plus passionné par la maîtrise… absolue de son environnement. Du monde. En sous-main, surtout.
« Quant à vos autres retours… Oui, en effet, Anthony n’aime guère que l’on lui retire ses petits amusements du moment – mais vous savez qu’il en change, souvent. Surtout si l’on s’organise pour… qu’il considère qu’il n’en est plus digne, ou qu’il en est trahi. »
Un sourire mauvais et sans âme glisse sur son visage blême.
« Nous devons… enclencher ceci. Nous devons soit faire croire à Anthony qu’il est indigne de sa relation avec elle… soit nous organiser pour qu’il se sente trahi, par elle. Nous pouvons jouer sur des vols de données mais la ficelle a déjà été bien tirée. Non. Anthony semble vouloir jouer les chevaliers blancs, en ce moment. Briller de mille feux, aux yeux de tous. Incarner une morale et une vertu, pour le monde entier. Formidable. Mais… il se lie ici avec une femme qui incarne un opposé – la violence, le secret, le meurtre diplomatique. La brutalité et les ténèbres. Nous pouvons… nous devons la pousser à agir ; à retrouver ses réflexes. A agir, comme une espionne le ferait. Alors… nous pourrons l’exposer. Et Anthony devra choisir – entre elle, et cette image de lui-même qu’il aime tant. Je ne doute pas qu’elle aura une mauvaise surprise… »
Une expression fourbe passe sur son visage, alors qu’il acquiesce lentement.
« Est-ce que… cela vous convient ? »
Oui, espère-t-il. Oui ! Pour que cela avance. Pour qu’il puisse retourner à ses travaux. Ses très chers travaux…
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Mer 7 Déc - 8:15 | |
| Les mains de Madame Masque se fermèrent sur l'eau alors qu'Arno Stark répondait. Il commença par lui refuser son exigence de 30%. Par "Principe". Elle explosa de rire. Les "principes" oui... elle aussi en avait, de bien plus sanguinaires et expéditifs que lui très certainement. Elle ne commenta pas plus, juste un rire. Moqueur, sincère, méprisant, amusé mais avec une touche de complicité qui n'avait rien de réconfortante.
Elle n'était pas complice avec cette armure piégée dans de la chair humaine.
Il ouvrit certes sa propositin à des accès privilégiés à des projets d'Anthony. Elle n'y crut guère. Elle n'avait confiance qu'en ses réseaux, pour la moindre miette qu'il lui offrirait, quels seraient les secrets qu'il enterrerait en contre-partie ? Dix pourcent. "Pas plus". Elle récupèrerait les vingt autres pourcent ailleurs... Sur la peau de la bête...
Quelle que soit la bête.
N'ajoutant rien d'autre que ce rire alors que l'eau ruisselait sur ses bras, les enveloppant dans une chaleur réconfortante, elle le laissa continuer.
Il parla de sa façon de procéder. Une façon qu'il employait d'ailleurs très exactement en ce moment même. Manipuler son adversaire pour lui faire vouloir ce qu'il désirait lui. Ce vieux Sun Tzu avait bien des adeptes malgré son grand âge. Stark Le Fade - puisque tel serait son surnom désormais -, n'avait cependant pas tort dans toute son analyse et surtout la propension actuelle de Tony à jouer les "chevaliers blancs". Le plan était simple, pousser à un choix cornélien le preux chevalier et son armure. Et pour cela, jeter dans ses retranchements les plus vils une femme, cette femme à la chevelure rousse et aux airs de sainte nitouche.
Le rappel à la raison que provoquait l'évocation de ce cadavre en devenir parut l'électriser. D'un geste sec, elle fit ramener à elle une serviette chaude. Elle s'essuya les bras, prenant un malin plaisir à prendre le temps de répondre. Madame Masque faisait vivre le monde à son rythme et cela lui faisait plaisir. Les deux obsessionnels du contrôle n'étaient guère fait pour s'entendre, dans le fond, pour plus d'une affaire ; sitôt Stark Industries "tombée", elle le savait maintenant qu'elle voyait l'homme froid se révéler un manipulateur sans scrupule, ils devraient finir par s'éliminer.
Elle devrait prendre les devants. Dix pourcent... mais ce qu'elle voulait, quoi qu'elle ne lui en dise rien, n'était pas un accès aux services de recherche et développement mais aux ressources humaines. Lui ne voyait que chiffres et production, cela se sentait, elle ne voyait que l'être humain si fragile et faillible qui formait l'armature de toute l'entreprise. Avec dix pourcent, elle aurait un regard sur le Board, mais aussi et surtout de petites entrées pour souffler des noms et des réseaux à l'oreille des employeurs. Pas les hauts postes, c'était là chose trop visible, mais des assistants et assistantes de ci, de là, des manutentionnaires, des gestionnaires de paperasse... De quoi, lentement faire infuser un peu de Maggia dans l'immense machine de guerre des Stark.
Tandis que la serviette parcourait ses bras humides, la certitude absolue qu'elle finirait par le faire équarrir se gravait en elle. Sans lui accorder le moindre regard, elle déclara brièvement :
- Intéressant.
Un mot qui pouvait tout signifier.
- Nous avons donc un accord. Je m'occupe de leur "relation" tout en préparant psychologiquement votre frère à sa retraite et vous préparez votre O.P.A., résuma-t-elle finalement.
Et qui disait O.P.A., disait très certainement la possibilité d'ouvrir les cotations boursières à quelques spéculations bien calculées. Son masque se porta alors sur lui. Qu'il lui paraissait bien misérable sur sa chaise, délicieusement mortel, illusoirement vivant tant il détonnait dans le décors sublime des bains. C'était comme un croque-mort à un baptême, à la fois tragique et comique.
La corbeille de fruits trônait toujours sur la table, encore immaculée. La main de Madame Masque glissa sur une pêche dont la peau si douce parut extraordinaire tant leur discussion était devenue sèche et dépassionnée.
- Autre chose monsieur Stark ?
Une façon pour elle de l'inviter à libérer la place pour qu'elle profite des plaisirs des thermes avant que sa présence ne s'imprègne trop et en gâche le luxe.
L'idée d'un sac mortuaire qui se fermait sur ce faciès blafard l'amusa quelques secondes. Sa deuxième main vint se refermer sur la pêche qu'elle venait de saisir et elle la caressa comme si elle était la chose la plus précieuse du monde.
[HRP] Mes excuses pour le délais de réponse. [/HRP] |
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Jeu 8 Déc - 11:16 | |
| « Non. »
La réponse d’Arno Stark est immédiate, directe, franche ; sèche. Trop. Trop sèche. Trop franche. Trop directe. Trop immédiate, aussi.
Il s’en veut, il se rabroue lui-même… parce qu’il n’aurait pas dû ; il ne devrait pas. S’abaisser, ainsi. Se perdre, ainsi. Se… soumettre, ainsi.
Une lueur sombre glisse dans le regard d’Arno, alors qu’il se force à ne former aucune expression, aucune grimace sur son visage froid et fermé. Il sent. Il sait. … qu’elle sait.
Whitney Frost sait qu’il a commis une erreur, en répondant aussi vite – en prouvant ainsi son impatience, et son incapacité à se contenir. Il… le regrette. Il s’en veut. Mais… mais.
Ah !
Assez. Il en a assez. Il en a assez d’elle. Il en a assez de ses méthodes ; de ses pratiques. De sa lenteur ! De ses gestes, si posés et agaçants. De ses manières de parler, si ampoulées et inutiles.
Elle perd du temps. Surtout, elle lui fait perdre du temps. Il ne le supporte pas ; plus. Mais… il aurait dû se contrôler. Il doit se contrôler.
Vraiment. Vraiment. Vraiment.
« Les points… abordés sont ceux que je souhaitais conclure, avec vous. »
Sa voix demeure neutre, froide ; sans émotion. Il se contrôle. Il se maintient. Il se gère.
Arno a passé l’essentiel de son existence dans une machine, l’empêchant de sortir d’une pièce qui était tout son univers. Il y a survécu. Il en est sorti. … certes, grâce à Anthony. Il s’agit là d’un des rares éléments qu’il laisse au profit de ce frère adoptif – non, de cet étranger qui a pris ce qui lui revenait. Ce qui lui revient, toujours.
« Restons en contact. Ceci… aidera. »
Lentement, avec des gestes appliqués, sûrs et confiants, Arno rouvre sa mallette – et dépose un dispositif électronique, sur une petite table. Un téléphone. Un téléphone portable. … ancien.
Nokia 3310. Carrément.
« Un seul contact y est enregistré ; moi. Le téléphone n’est pas relié à Internet, la fonction a été retirée. Pas de hacking possible. Peu de possibilité d’y remonter. Une façon… sûre d’échanger. Même si je dispose d’éléments pour contrer les systèmes d’Anthony – prudence est mère de sûreté. Et… les vieux pots font les meilleures soupes. Proverbe paternel. Adapté. »
Forcément. Howard Stark n’a jamais tort, pour Arno. Jamais.
« Nous nous contacterons. Nous agirons. Nous réussirons. Nous aurons… ce que nous souhaitons. »
Enfin.
« Bien. Je vous remercie de votre… temps. »
Même si lui a perdu le sien.
Lentement, Arno se redresse, se relève – et s’avance, vers la sortie. A pas calmes, doux ; lents. Il attend, en fait. Il attend la confirmation qu’il peut… qu’elle l’autorise, à partir.
Il déteste cela, encore ; mais il le doit. Il est chez elle. Il doit… la respecter. Et subir. Sa lenteur. Ses manières. Il doit accepter de perdre du temps… pour espérer réussir, avec elle. Et, enfin, rattraper le temps perdu, en repoussant enfin Anthony loin de son héritage…(HJ/ Aucun problème ! C’est un plaisir de te lire et de te répondre, même si on file vers la fin ! /HJ) |
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Mer 25 Jan - 15:42 | |
| Les ongles de Madame Masque transpercèrent la peau si délicate de la pêche, faisant ruisseler un fin filet de jus sucré. La réaction d'Arno n'avait pas manqué d'égayer son attention. La belle armure du deuxième Stark avait au moins un petit défaut bien agréable à découvrir.
L'homme était impatient, assurément portait-il sur lui-même une haute estime comme tant d'hommes. Masque, elle, avait appris que l'impatience était l'un des défauts parmi les plus redoutables de l'existence. Élément fondateur de son organisation, la patience, le long et soigneux travail étalé sur des années, était seule clef de la victoire. Lui était du genre à chercher le profit immédiat, à réfléchir vite oui, mais pas assez loin dans le temps. Il tirerait sur une année, peut-être deux, d'excellents bilans, mais sur dix ans, il n'en resterait rien. Si tant est qu'elle lui laisse tout ce temps.
Elle tira soigneusement sur un morceau pelucheux du fruit sans quitter des yeux son interlocuteur qui se ressaisissait.
Distrayant.
Le notaire de province reprit le dessus, il parlait directement et cherchait à presser la fin de l'entretien, clairement. Jouerait-elle encore un peu avec lui ? Oh, elle aurait d'autres occasions de l'éprouver, sans doute n'était-ce ici ni le lieu ni le moment mais il y avait des plaisirs que l'on ne différait qu'avec difficulté. La chair à vif de la pêche luisait à la lumière des candélabres voisins.
Il tendit un téléphone portable avec un enchaînement d'assurances et d'arguments. "Les vieux pots font les meilleures soupes." charmant. Les proverbes paternels de Giulietta étaient d'avantage tirés de Sun Tzu, Machiavel ou encore Jules César, un sujet qu'il valait mieux éviter ; elle pourrait, à la rigueur, lui en glisser un sur les marches du Sénat, pendant qu'il jouirait de ses Ides de Mars...
- Une prévenance qui vous honore, répondit-elle en pianotant sur les touches mécaniques du téléphone.
Belle antiquité.
- J'ai toujours ce que je désire, répliqua-t-elle à la petite ritournelle de motivation et de persuasion qu'il infligea à cette conversation, je laisse le doute aux autres.
Il restait en suspend dans ses affirmations assez de quoi douter pour qu'Arno soit sur ses gardes.
Alors qu'il se levait en remerciant Madame Masque de son temps, elle le gratifia d'un léger signe de tête. Il se dirigeait vers la sortie et elle savoura avec une délectation cruelle le temps qu'elle lui consommait volontairement. L'homme était éduqué malgré sa froideur et il attendait quelque chose d'elle.
Elle compta trois secondes, une de plus que d'ordinaire et lui déclara.
- Ce fut un plaisir que j'ai hâte de renouveler, lança-t-elle en écorchant d'avantage son fruit. J'espère que vous profiterez un peu du charme de Budapest avant de retourner à vos affaires, c'est une cité pleine de surprises. Mais... prenez garde à ne pas vous faire berner par ses délices.
Et ainsi donna-t-elle sur une teinte concernée qui cachait superbement l'ironie de ses propos une conclusion à son goût pour cette entrevue passionnante malgré son trop fort relent d'amertume.
Ah... Arno... Arno... Arno...
Elle avait hâte d'étudier la chute de cet homme car elle n'en doutait pas, il était trop direct, sérieux, rebutant, fade et trop peu charismatique pour espérer percer dans le monde du crime. Les calculateurs faisaient de bons seconds, jamais de bons leader. Il espérait une place qu'il pourrait conquérir mais guère conserver. Il restait cependant à de plus habiles manœuvrières de profiter de l'Empire qu'il mettrait ainsi à nu.
Stark-Frost Industries, voilà qui sonnait plutôt bien...
D'un geste sec des mains, sa pêche s'ouvrir en deux, révélant un noyau grumeleux de pulpe et elle délaissa le fruit sur un coin d'assiette pour aller se rafraîchir.
Cette ambition lui donnait envie de se détendre un peu...
[HRP]Encore merci à toi pour ce formidable sujet ![/HRP]
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Re: [Budapest] Eaux troubles PV Jeu 26 Jan - 9:54 | |
| Il se fige.
Arno Stark n’est qu’à quelques centimètres de la porte, de la sortie ; de s’échapper, de ce moment bien trop long pour son impatience. Mais il se fige. Mais il se retourne, même. Pour répondre. Pour parler ; encore.
« Mon parcours ne m’a pas préparé aux surprises, que je ne goûte guère. »
Sa voix est froide, toujours ; tellement inhumaine. Comme son regard. Reflet de l’âme, en principe. Cela veut tant dire, ici.
« Quant aux délices… j’ai grandi en étant nourri par des machines, et j’ai compris l’intérêt de se détacher des impératifs de goût ou de sensations qui rallongent inutilement l’acte de se nourrir. Les délices culinaires ne m’intéressent guère. Quant à ceux du tourisme, ou de la chair… »
Il prend une grande inspiration, et forme une expression détachée qui acte clairement de son rejet de tels principes.
« … je fais comme vous. Je les laisse à d’autres. »
Il acquiesce, gravement.
« A très vite. Et bons… délices, vous concernant. »
Arno forme un sourire poli, puis sort. Enfin ! Il avale rapidement, très rapidement, la distance qui le sépare de l’extérieur. Il ne regarde en rien ce qui l’entoure, cet environnement luxueux, agréable, tentant. Ce n’est pas pour lui, définitivement.
A peine sorti, le véritable héritier Stark enclenche une commande mentale qui déclenche les nano-machines sur lui. Il part, ensuite. En armure.
Avec un design… léger ; basique. Utile, sans plus. Le style ne l’intéresse pas, et Arno cherche l’efficacité. Toujours.
Il file, ainsi. Il file, et laisse son esprit divaguer sur d’autres éléments – d’autres impératifs. D’autres tâches ; toujours, toujours, toujours.
Arno Stark est brillant… mais pas forcément autant qu’il le pense. En tout cas, il devrait être plus attentif – et couvrir plus fortement ses traces. « Et béh… j’savais que ma vie ressemblait souvent à une série TV, mais… j’pensais pas qu’on en viendrait au moment où mon ex sort avec mon frère… »Une voix métallique s’élève, tout bas, dans une ruelle à proximité du lieu d’entretien entre Whitney et Arno. Un être sort des ombres, discrètement. En armure, aussi ; Stealth.
Tony Stark. Indétectable, dans cette version de sa combinaison. Un peu perdu, aussi.
Il sait que Whitney et Arno se sont vus – mais il ne sait ni pourquoi, ni ce qui en est sorti. Il est arrivé quelques instants plus tôt, car son hacking des systèmes d’Arno a enfin permis de détecter ses trajets. L’inventeur est troublé, et grimace sous son casque.
Whitney et Arno ; bon sang. Whitney et Arno. Ça sonne comme une mauvaise sitcom. Mais ça risque de tourner en série d’horreur, il n’en doute pas…(HJ/ Merci pour ce bon RP, j’ai hâte des suites ! /HJ) |
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