Digestion [Tony Stark]

La limousine file à travers les rues de New-York en direction de la tour Stark, peu de temps après avoir déposé Dane Whitman et sa fille au manoir Garrett, faisant suite à une soirée fort agréable. Heureusement que les vitres sont teintées, évitant que le regard des curieux ne scrute l'intérieur de l'habitacle, car un certain désordre règne à l'arrière, l'espionne s'étant mise en devoir de quitter ses vêtements civiles pour retrouver sa tenue sombre d'Avenger. On la dirait prête à partir en mission, ce qui n'est en définitive pas du tout le cas.

- Je ne te demanderai même pas si tu l'as fait exprès. Lance-t-elle un sourire en coin, alors que l'hologramme de Tony apparait sur l'un des sièges qui lui fait face, pile alors qu'elle est à moitié nue.

Continuant d'enfiler sa tenue tandis qu'il parle, une expression amusée flotte rapidement sur son visage.

- Espionner ? Toi...? Ce n'est tellement pas ton genre. Lâche-t-elle d'un air pointant vers une ironie clairement affichée, en appuyant à outrance sur son "tellement pas".

- Ne joue pas les surpris, je t'ai dit que je passerai après. Rappelle t'elle en lui adressant un clin d'oeil.

L'hologramme disparait alors qu'il ne reste plus que quelques minutes avant qu'ils n'arrivent à la Tour.
Lorsque la limousine s'arrête aux pieds de l'imposant bâtiment, Natasha a déjà quitté le véhicule avant même que le chauffeur n'aie eu le temps de lui ouvrir la porte.
L'homme l'observe d'un air pantois, alors qu'elle bifurque vers la paroi de verre sans se diriger vers l'entrée.

- Mademoiselle, votre accès permanent vous permet de pénétrer dans la Tour même si les bureaux sont fermés...

- Je sais. répond elle d'une voix distraite, alors quelle vérifie ses prises.

- Vous êtes sûre de ne pas vouloir prendre...

Natasha exécute un bond aussi léger que vif, s'accrochant à la paroi de la Tour sans grande difficulté.

- ...l'ascenseur...

- J'ai besoin de faire de l'exercice. Vous devriez essayer aussi Jack ! Lance t'elle alors qu'elle commence à gravir la tour.

Quelques minutes plus tard, après une légère poussée sur ses bras et un bond de cabri, la jeune femme se retrouve sur la terrasse du Penthouse bercée par la douce lumière de la Lune et celles, nettement plus criardes, de la ville.

Bon sang que ça fait du bien !
BALERINA et War Widow sont littéralement fantastiques, elle ne prônera jamais le contraire. Mais il ne s'agit pas non plus de s'encroûter et de perdre ou affaiblir les capacités qu'elle a acquises avec force, violence et surtout souffrance... durant des années. La Red Room lui en a tellement fait baver, qu'il n'est pas question que ce soit pour rien. Autant qu'il y ait au moins un avantage à ce qu'elle a vécu.

Le salon est plongé dans une semi pénombre que n'éclairent que quelques lampes tamisées dispersées de-ci de-là. FRIDAY informe Natasha que le génie se trouve dans son atelier. Après avoir déposé ses armes sur une table basse, Natasha se dirige donc vers le dit atelier.

- Tu veux que je te laisse bosser tranquille ? Lance t'elle alors que son visage apparait dans l'embrasure de la porte.

Un sourire étire la commissures des lèvres de l'espionne, alors que la voix de l'être aimé se distingue derrière tout un fatras de pièce métalliques, de machines diverses, dans ce qu'il convient de qualifier de monstrueux bordel ambiant.
Les paroles s'écoulent en flot discontinu des lèvres du créateur de génie, alors que sa compagne se tient nonchalamment bras croisés dans l'embrasure de la porte. Tony le beau parleur, le playboy de ces dames (avant, quoi qu'il en soit, car aujourd'hui nous déconseillons, cela va sans dire), le charmeur des médias, le spécialiste du discours enflammé. Tony Stark à la langue toujours bien pendue. C'est aussi sa marque de fabrique.

- Il faut bien que je garde la forme. Sinon mon mec va finir par me plaquer. Répond elle, un sourire un coin.

Il apparait enfin.
Si la technologie qui les entoure n'était pas ce qu'elle est. Si le lieu n'était pas celui-ci. On aurait sans mal pu le confondre avec le garagiste du coin. Tant en termes de tenue, que de saleté et... d'odeur.

- La grande espionne disposant d'un accès permanent que le grand Stark lui a accordé, la façon de faire serait toute trouvée en effet. Même pas besoin de se casser la tête pour une fois.

Elle s'amuse. Il l'amuse.
Natasha s'approche de lui à pas lents, auréolée de son éternelle démarche de félin prêt à bondir sur sa proie, et enroule ses bras autour de ses épaules une fois arrivée à sa hauteur.

- C'était délicieux, merci. Tu aurais vu la tête de Dane quand le gâteau à étage arc en ciel est arrivé sur la table... J'aurais vraiment du prendre une photo, la faire agrandir, encadrer et l'accrocher dans l'entrée du manoir des Avengers. Lance t'elle en déposant un baiser sur ses lèvres.

Car, évidemment, elle n'a pas pu régler l'addition, comme elle s'y attendait. Monsieur je dois tout contrôler avait... tout contrôlé. C'est un trait de sa personnalité qu'elle apprécie autant qu'il l'a rend folle. Tout dépend de la situation à vrai dire. Mais dans cette circonstance précise... il fallait reconnaitre que le geste était adorable.

- Tu fais une pause et tu me racontes cette histoire avec le SHIELD ?

Question rhétorique, dans la mesure où il a déjà posé tous ses outils pour lui consacrer le temps qu'ils avaient décidé de passer ensemble un peu plus tôt. Cela aussi... elle apprécie.
Car elle le connait bien l'animal. Et quand Tony est en processus de création, il est pour ainsi dire impossible de lui extirper la tête de son atelier tant qu'il n'est pas allé au bout de son idée. Et là, en l'occurrence... il est évident qu'il n'a pas fini. Pourtant il s'arrête. Sans qu'elle le lui demande, ce qu'elle n'aurait par ailleurs pas fait.

- Par contre... tu vas me faire le plaisir d'aller laver tout ça d'abord hein. Parce que tu sens le bouc mon amoureux. Lance t'elle d'un air amusé.

Ce qui ne l'empêche cependant pas de saisir ses lèvres une nouvelle fois.
Natasha redécouvre cette sensation qu'elle pensait ne jamais plus éprouver. Qu'elle pensait ne jamais plus ressentir... Ce manque. Ce creux, ce vide, qui enserre la poitrine lorsque "l'autre" n'est pas présent, pas à ses côtés. Pourtant... ils ne s'étaient pas quittés bien longtemps.

Un constat qui la rend perplexe. C'est agréable autant qu'inquiétant, en définitive. Car lorsque quelqu'un vous manque à ce point, en aussi peu de temps... dans les "métiers" qui sont les leurs... cela n'engage généralement rien de bon. Car la nouvelle va filtrer très rapidement. Surtout dans la mesure où Tony n'est pas vraiment du genre discret. Fort heureusement, il n'est pas faible. Il est tout... sauf cela.
Il est parfaitement capable de se défendre seul, même d'avantage. Cependant... si on venait à s'en prendre à lui pour l'atteindre... ou inversement...

Natasha éclate littéralement de rire devant l'air outré de Tony qui répète le mot "bouc" d'un ton parfaitement incrédule.

- Oui, oui. Le BOUC ! A poils, avec des cornes, tout ça tout ça. Lance t'elle entre deux éclats de rire, limite la larme à l'oeil.

Elle le dévisage alors qu'il part dans une tirade toute Starkienne. Le genre de monologue dont lui seul est capable. Dans un sens, Natasha est assez admirative face à cette capacité hors norme qui est la sienne. A bien le regarder, à surtout bien l'écouter, pondre un tel discours comme ça, sur une impulsion, sans préparation aucune, ça demande quand même un paquet d'imagination. Et cet homme-là... en a clairement à revendre.

Alors admire t'elle le style, les mots, le concept T4S qui provoque chez elle un nouvel éclat de rire.

- Pense à le faire breveter, celui-là aussi. Et laisse les clichés, ça vaudra mieux. Conseille t'elle d'un air amusé.

Elle le dévisage, un sourire en coin.

- Je vous trouve bien sûr de vous... monsieur Stark. Répond t'elle dans une moue faussement dubitative alors qu'il annonce fièrement qu'il fera d'elle une femme comblée.

Elle le suit jusque dans la salle de bain et s'adosse contre le large lavabo tandis que la cabine de douche se laisse rapidement envahir d'une opaque vapeur d'eau brûlante.
Une idée traverse brièvement son esprit, alors qu'il s'adresse à elle depuis les effluves de savon qui se distinguent derrière les épaisses parois de verre. Manquerait plus qu'elle soit en train de se brosser les dents en même temps, et on dirait un vieux couple.
Natasha se demande si c'est une bonne ou une... mauvaise chose à vrai dire. Cela ne fait que quelques semaines qu'ils ont décidé de sauter le pas, et les voilà déjà en train de papoter dans la salle de bain comme le ferait n'importe quel couple qui habiterait ensemble depuis des lustres.
Mais tout est tellement... naturel entre eux, que c'en est parfois édifiant.

Attentive, sans l'interrompre, Natasha écoute le récit de ses aventures avec le SHIELD et ne retient pas une légèrement grimace lorsqu'il évoque Steve. Non mais qu'est-ce qu'il a foutu celui-ci...

- Je sais. C'est moi qui lui ai demandé de venir te voir. Mais à la base, c'était pour te calmer concernant la chatte de gouttière, pas lancer une vendetta contre le SHIELD, même si c'était plutôt bien joué au final. Répond t'elle rapidement quand il évoque la visite de Captain.

Va falloir qu'elle lui touche deux mots à celui-ci... Enfin passons pour l'heure.

- Tu sais que je ne porte pas particulièrement le fils Fury dans mon coeur, mais on connait assez Magneto et les Maîtres du mal pour savoir qu'il n'a pas du passer un joyeux moment. Ce genre de choses traumatiseraient même le plus fort des hommes. Alors Fury... Et voilà comment on pond un joli fanatique radical anti-mutants. Lâche t'elle dans un soupir.

Les prunelles claires de l'espionne le suivent alors qu'il sort de la douche, s'enveloppe d'un peignoir et se tourne vers elle en lui adressant quelques mots supplémentaires.
Natasha reste appuyée contre le lavabo tandis que ses iris d'émeraude le dévisagent longuement. Ce regard perçant, pénétrant, comme elle sait si bien le faire. Ce même regard qui le dérangeait tant il y a quelques semaines, mais qu'il doit peut-être mieux appréhender depuis, même si ce qu'il reflète n'a pour autant pas changé.

Il attend d'elle un avis. Il attend d'elle une... validation ?
Elle l'observe encore. Sans mot dire, toujours. La situation est complexe. Vraiment complexe.

- Allons dans le salon. Dit-elle pour toute réponse alors qu'elle tourne les talons.

Pour toute réponse, pour l'instant du moins.

Alors qu'ils ont rejoint le vaste salon à peine bercé par la lumière de quelques lampes à la lueur mordorée, Natasha prend place sur le canapé, cale deux-trois coussins sous son dos pour ne pas être complètement allongée, et étend ses jambes sur celles de Tony près d'elle.
Quitte à jouer au petit couple modèle, autant y aller jusqu'au bout, hein.

- Pour répondre à ta question... Je suis mitigée.

Dans le vif du sujet et sans préambule. Natasha quoi.
Elle ne lui dira rien qu'elle ne pense pas. Pas même pour le rassurer ou lui faire plaisir. L'espionne lui dira ce qu'elle pense foncièrement, réellement au fond d'elle. Ce n'est pas le genre de la maison de présenter une jolie façade brillante qui ne reflèterait pas vraiment le fond de sa pensée.

- On sait que te mêler des affaires du SHIELD n'a jamais été couronné de succès jusqu'à présent. Mais le passé doit rester où il est. Je ne connais pas Câble, mais Jennifer oui par contre. C'est bien qu'elle soit là. Donc contrairement à avant, tu es dans une équipe. Ce qui est une bonne chose. Maintenant...

Elle plonge son regard dans celui de Tony.

- ...on sait tous les deux que le travail d'équipe c'est pas ta tasse de thé. Je ne dis pas, tu as fait des efforts, c'est indéniable. Mais il va te falloir faire encore de gros efforts dans ce sens Tony. A la tête du SHIELD, vous ne pouvez pas vous permettre d'agir en électrons libres. Pas avec cette organisation là, ce qu'elle représente et ce dont elle est capable.
Alors la question c'est surtout celle-ci et il n'y a que toi qui puisses y répondre. Tu crois que ça ira ?

- Une entreprise couronnée de succès. D'ailleurs, il faudra que tu me dises aussi où on en est avec elle. Le coupe t'elle rapidement en arquant un sourcil, glissant ce léger commentaire entre deux de ses phrases.

Car non, très clairement... plus jamais elle n'enverra Steve faire le médiateur pour quoi que ce soit. Il a bien des qualités, dont celle indéniable d'être un fantastique meneur. Mais quand il s'agit d'être pragmatique et de privilégier la raison, il est dans le même sac que Tony. Les deux sont d'incommensurables têtes de mule... Mais c'est aussi pour ce trait de caractère qu'elle les apprécie.

Natasha le dévisage alors qu'il poursuit sur le cas Fury Junior.

- Je suis désolée Tony, mais je ne peux pas être d'accord avec toi sur ce coup là.

Sa voix ne reflète aucune animosité ni froideur quelconque. Elle énonce juste un fait. Pragmatique, comme toujours. Et pour appuyer le fait que leur désaccord n'est pas un problème, dans ce cas précis du moins, elle saisit sa main et l'attire à elle. Distraitement, elle joue avec les doigts du génie, sans réellement prendre garde à ses gestes, comme elle l'avait fait ce jour là, sur la plage.

- Encore une fois, je ne tiens pas à tout prix à défendre Fury. Je n'aurais pas démissionné si j'avais une quelconque estime pour lui ou si je lui prêtais de réelles compétences. Cependant... sur ce coup là je sais de quoi je parle pour avoir été à sa place un demi million de fois. Je sais que tu as eu de mauvaises expériences aussi Tony. Dit-elle d'un ton compatissant, alors qu'elle serre sa main dans la sienne.

- Mais les choses peuvent s'avérer bien plus complexes et ne peuvent être résumées à un "il a choisi de ne pas s'empêcher de le devenir". Car si c'était aussi simple...

Elle laisse planer un léger silence, alors que son visage se tourne vers la large baie vitrée et que son regard se perd quelques instants sur les lumières diffuses de la ville.

- Je n'aurais pas le passé qui est le mien et je n'aurais pas commis toutes les horreurs que j'ai commises. La manipulation mentale... qu'elle soit sous forme de torture ou d'autre chose, peut parfois être bien plus compliquée que ça à annihiler. Elle laisse des traces, et parfois celles-ci sont durables... trop présentes... trop ancrées... Fury a beau avoir été entraîné, il est faible. Il l'a toujours été... Conclut elle d'une voix légèrement lasse.

Lorsqu'il reprend la parole, le regard brillant de la rousse se détourne de la baie vitrée pour se reposer sur son compagnon. Elle le dévisage avec autant d'attention qu'il le fait, alors qu'il dévoile le fond de sa pensée. Alors... un large sourire étire la commissure de ses lèvres, illuminant son visage.
C'est ce qu'elle voulait entendre.

- Alors tout ira bien. Dit-elle d'un air plus rassurant, alors que sa main libre s'élève vers lui pour se poser tendrement sur sa joue.

Il a peur. Il appréhende. Et c'est une bonne chose. Car cela démontre qu'il a conscience de l'ampleur de la tache qui est la sienne. Qu'il sait qu'il ne peut pas, qu'il n'a pas le droit de faire l'égoïste, de mener la danse comme il a l'habitude de le faire lorsqu'il est seul à la barre.
Alors oui... tout ira bien. Parce que cette prise de conscience change tout.

Elle se redresse, passe ses bras autour de ses épaules et dépose un tendre baiser sur ses lèvres.

- J'ai confiance en toi. Je sais que tu y arriveras.

Natasha ne sait trop comment interpréter ses "hum", "je...", "Mmh" divers et variés qui passent la barrière de ses lèvres alors, sans pour autant en faire abstraction, elle poursuit son raisonnement, sa logique, son expérience, son point de vue, qu'elle partage avec lui.
Ce n'est que lorsqu'il change légèrement de position, coudes ancrés sur ses genoux, menton appuyé sur son poing refermé et qu'il la regarde avec grande attention, qu'elle croit cerner la signification de ces fameuses syllabes. Un délicat sourire amusé filtre sur son visage, sans qu'elle ne s'interrompe pour autant.

- Attends... quoi...

Elle redresse son dos et le dévisage comme s'il tombait de la lune, avec une grosse pointe de théâtralité tout de même.

- Comment ça "okay" ? Pas de "Tu te trompes Romanov !", "Fury est un guignol Romanov !" ?

Elle pose la main sur son front comme pour jauger de sa température corporelle, puis éclate de rire et l'embrasse. Comme ça, pour rien. Voilà tout.

L'espionne n'est pas certaine que Fury Junior accueille Tony à bras ouverts après le putsch qu'il a enclenché avec l'aide de Steve... Le contraire serait même plutôt fort à parier. Mais dans la mesure où Natasha est l'héroïne des secondes chances, elle ne peut que saluer l'effort qu'il déploie et la bonne volonté qu'il y met. Tout ça... parce qu'il a prêté attention à ce qu'elle lui a dit. Et cela aussi... est vraiment appréciable.

Lorsqu'il aborde le sujet de Nick, Natasha se radosse contre les épais coussins et le fixe en arquant légèrement un sourcil. Elle ne veut pas lui mentir, mais elle ne lui dira pas non plus où il est. Donc autant ne rien dire. Il comprendra parfaitement le message ainsi.

- J'ai trouvé une petite ferme dans le Larzac en France et un troupeau de chèvres pas cher. Répond elle avec un sérieux à toute épreuve lorsqu'il lui demande ce qu'elle envisage de faire maintenant qu'elle a démissionné du SHIELD.

Elle hausse les épaules dans un sourire malicieux, puis ajoute.

- Je compte me consacrer à temps plein aux Avengers. Donc je verrai avec Dane s'il a des missions à me confier, pour lesquelles mes compétences pourraient lui être utiles.

Un nouveau sourire illumine brièvement ses traits alors qu'une moue dubitative s'affiche sur son visage.

- Laisse tomber le rouge et or. Tranche t'elle d'une voix aussi amusée que l'est l'expression qui pare son visage.

- Ah... oui... Poursuit elle d'un air vague alors que ses souvenirs se glissent vers l'héliporter dont il fait mention.

Difficile de l'oublier celui là... Un mélange d'avion et de sapin de noël. Manquait plus que les guirlandes.
Son regard se pose sur lui quand il reprend la parole, Natasha étant à deux doigts de lui dire que personne, mais strictement personne au monde ne peut décemment aimer cette horreur volante, mais ses lèvres se figent et aucune parole n'en sort autre qu'un profond et tellement spontané :

- Sérieusement...

Ce n'est pas pire que la manière dont il lui a présenté les choses par sms, mais franchement niveau virage à 90 degrés on est bien là.
Elle se redresse d'un bond sec, croise les jambes en tailleur et approche son visage si près du sien que leurs nez se frôlent. Son regard profond le fixe avec tellement d'intensité que même avec la relation qu'ils entretiennent aujourd'hui, cela pourrait le mettre mal à l'aise.

- Dis le.

Deux petits mots, mais balancés d'un air on ne peut plus convaincu.
Vas-y, assume et dis le. Pose la question. Dis lui ce que tu veux vraiment.

Natalia...
S'y ferait-elle un jour ? Probablement. Mais pour l'heure... à chaque fois qu'il prononce ce nom, elle n'arrive pas à définir si cela lui plaît ou si elle l'exècre. Il est le seul à l'appeler ainsi. Un prénom lourd de sens, lourd de souvenirs enfouis, dont certains ont été oubliés. Peut être est-ce par rapport à ce passé, qu'elle n'arrive pas à définir si elle aime s'entendre appeler de la sorte ou non.
Une chose est cependant certaine... il est le seul qu'elle autorise à l'employer.

Elle manque de l'interrompre quand il débute en lui disant qu'il n'est pas normal non plus.
Elle voit où il veut en venir... mais... certes il est différent, lui aussi. Mais lui... n'essaie pas de tuer sa famille, ses amis, les gens qui lui sont chers, par la simple évocation d'une liste de mots. Oui Tony Stark est loin d'être comme tout le monde. Mais Tony Stark n'est pas manipulable comme elle l'est. Et ça... ça fait toute la différence.

Sa main trône avec douceur sur son torse et elle l'écoute, sans mot dire.
Natasha est stupéfaite. Il parle, mais il se confesse surtout. Il lui avoue certaines des craintes qu'il a, certaines des terreurs qui le hantent toujours et se sont transformées en phobies. Et de ces craintes... elle ignorait tout jusqu'à présent. Et alors elle se rend compte. Elle frôle du doigt tous les efforts qu'il a faits, depuis qu'ils sont ensemble, mais qui remontent également à bien plus loin que cela.

Son aversion des armes à feu... Natasha n'est jamais désarmée. Jamais.
Même ici, même maintenant, alors qu'elle sort d'un dîner en compagnie de son ami et de sa fille, un pistolet est soigneusement fixé contre une cheville, tandis que l'autre accueille un cran d'arrêt. Tony le sait. Tony ne peut... que le savoir. Car si lui ne peut plus supporter la présence d'une arme, Natasha ne peut tolérer leur absence.
Et combien de fois s'est elle présentée à lui armée jusqu'aux dents... Et pourtant, il n'a jamais laissé transparaitre quoi que ce soit du mal aise qui devait être le sien à ces instants.

Et le sable...
Lui revient immédiatement en mémoire l'île perdue en plein océan indien. Ce moment qui a tout changé entre eux. Et dire qu'il y avait du sable... est un doux euphémisme dans la mesure où ils ont passé près de 24h sur une plage sans en bouger. Là encore... il n'a rien dit. Il a pris sur lui et... il n'a rien dit.

Un sourire un peu contrit mais surtout très tendre se dessine sur son visage, alors que sa main délaisse le trou qui orne sa poitrine et revient se poser délicatement sur sa joue.

La machine Stark se met en branle. Plus personne ne pourra l'arrêter désormais. Il analyse, étudie, imagine déjà mille et une possibilités, mille et un scénarii contre lesquels il devrait, devra se protéger.
Il élabore déjà des plans, des solutions, de nouvelles technologies, juste pour le protéger.
Le protéger... d'elle.

Le coeur de Natasha se serre.
Elle est touchée par son attention. Touchée par cette fougue qui envahit soudainement l'espace. Un problème ? Tony Stark a la solution. Tony Stark a toujours la solution.
Mais d'un autre côté... ses lèvres se pincent très légèrement. Oui... d'un autre côté... tout ça pour se protéger d'elle... c'est...

Ses mains encadrent ses joues, son regard azuré plongeant dans celui d'un vert profond qui lui fait face.
Il rassure. Il assure. Tout ira bien, il fera ce qu'il faut.
Natasha a envie de le croire. Elle en a tellement envie. Mais...

- Bien alors...

Elle hésite un moment. Le silence succède à ces quelques mots. A ces deux petits mots. Puis finalement...

- Réfléchis y, prépare ton plan infaillible et puis... reparlons en d'accord. Si tu arrives à me présenter quelque chose qui m'assure que jamais je ne pourrai m'en prendre à toi, quelle que soit la situation, alors dans ce cas... il faudra que tu fasses du vide dans ton armoire.

Elle ponctue ses mots d'un sourire amusé. Elle fait bonne figure, très bonne figure même.
Elle le défie. Et ça va faire mouche. Ce genre de choses... tape toujours juste avec Tony, qui ne peut s'empêcher de relever les défis qu'on lui présente.

Mais elle ne fait que gagner du temps, que repousser l'inexorable. Car, en définitive... elle n'y croit pas. Natasha a trop peur, redoute bien trop de lui faire du mal, malgré tout ce qui pourrait s'extraire de ce brillant cerveau, pour accepter de vivre avec lui.