Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Burning Bridges [Rogue - Cyclope] Sam 18 Juin - 21:43
En traversant le portail, Cyclope n'est pas sans se dire que c'est peut-être Rogue et Gambit -Monsieur et Madame X - qui l'ont eux-mêmes installés. Après tout, la Nouvelle-Orléans n'est pas connue pour avoir une population mutante particulièrement importante qui justifierait d'y avoir un accès direct, et ils sont, à sa connaissance, les seuls à avoir un pied-à-terre dans les parages. Sans doute n'avaient-ils pas prévu qu'on doive s'en servir pour leur rendre visite à titre officiel.
Car qu'elle le veuille ou non, si bonnes qu'aient été ses intentions, Rogue a commis une faute, un crime envers Krakoa. Elle a divulgué ses secrets au monde extérieur. Et pas à n'importe qui, de surcroît : de tous ceux qui auraient pu être mis dans la confidence, Tony Stark est sans doute l'un des pires candidats. Et si Scott s'est lui-même assuré qu'il ne puisse utiliser ces information dans l'immédiat, aussi peu fier qu'il soit de la méthode employée, ça ne pourra pas durer. Viendra un moment où le milliardaire va faire - mauvais - usage de ce qu'on lui a appris. C'est ce que font les gens comme lui. En somme, même si la fuite est provisoirement sous contrôle, c'est à la source qu'il lui faut la colmater - d'où sa présence ici.
Ça ne lui fait pas plaisir.
Sans en être une membre fondatrice, Rogue est parmi les plus anciens membres des X-Men encore en activité - la plupart étant soit morts, soit à la retraite. Bien sûr, le groupe n'existe plus désormais, Krakoa n'ayant pas besoin d'une telle équipe, mais ça n'en est pas pour autant dénué de valeur à ses yeux. Ils se connaissent depuis le lycée, ont pratiquement grandi ensemble. La trahison n'en est que plus douloureuse. Car que cela lui plaise ou non, Scott s'est voué tout entier à Krakoa. Il ne bouge, ne vit, ne pense, ne respire que pour permettre à ce projet insensé d'exister, à la nation mutante de prendre toute son ampleur. C'est la sa meilleure chance de se repentir ; de laisser derrière lui les erreurs du passé, le mal qu'il a causé et dont personne ne peut plus se rappeler. Personne à part lui. Il a un temps songé à utiliser les pouvoirs du Phénix pour exciser cette partie de sa mémoire. Pour faire disparaître une fois pour toutes ces souvenirs pénibles qui n'ont plus de raison d'exister ; qui n'ont pas leur place dans cette nouvelle réalité. À quoi bon se rappeler de choses qui ne se sont jamais produites ? Pourquoi continuer à s'en souvenir - à se les infliger ? Parce que ce serait trop facile. Il n'a rien fait pour mériter un tel raccourci - pour avoir le droit d'échapper à cette punition. Que plus personne ne puisse le lui reprocher ne l'empêchera pas de se blâmer lui-même, aussi longtemps qu'il le faudra. Que plus personne ne le traite de monstre, de meurtrier ne le dispensera pas d'en voir un dans le miroir.
Il regarde sa montre ; dix minutes se sont écoulées, le temps pour lui de rejoindre la plage, de se changer et d'emprunter le passage l'ayant fait venir jusqu'ici.
▬ Rogue. l'appelle-t-il par voie télépathique.
D'après ses calculs, Tony Stark a dû avoir le temps de réaliser ce qu'il s'est passé et de prévenir sa « complice » qu'il était au courant ; il ne sert donc plus à rien de se cacher. De cacher ce qu'il a été chercher en plein cœur de cette base en Alaska, comme un indice de ce qui s'était joué autrefois - comme un rappel qu'il ne devait surtout pas oublier d'où il venait et tout le mal qu'il y avait fait.
▬ Je t'attends sur le toit. fait-il ensuite retentir dans son esprit.
Attendre n'est toutefois pas le meilleur mot, puisqu'elle peut aussitôt sentir une impulsion mentale qui lui dicte de s'y rendre immédiatement. Il n'a pas de temps à perdre et préfère régler cette affaire rapidement - aussi houleuse qu'elle s'annonce. Aussi s'assure-t-il d'insuffler au mieux de ses capacités un caractère péremptoire à sa pensée lorsque, refoulant une dernière hésitation, il ajoute :
▬ Viens seule.
Il sait de quoi ça a l'air - mais continue de penser que c'est préférable, malgré tout. Remy serait sans doute enclin à défendre sa femme. C'est tout à son honneur, mais il y a déjà assez de tension au programme sans ajouter des participants superflus à cet échange. Scott aimerait ne pas avoir à l'incapaciter, mais s'y résoudra si nécessaire - et il la sait plus que capable de faire en sorte qu'il ne se doute de rien. Si tant est bien sûr qu'il ne soit pas déjà dans la confidence.
Au moment de le rejoindre, peut-être pourra-t-elle s'étonner de le trouver en tenue civile décontractée - jean, tee-shirt et veste en cuir -, assis sur la rambarde, plutôt qu'affublé d'un quelconque attirail pouvant suggérer des intentions hostiles. Il n'est pas venu chercher des crosses. Ce n'est pas ce qu'il veut, pas comme ça qu'il aimerait que ça se termine. Pas s'il peut encore l'éviter. Mais ça ne dépend pas que de lui. Son expression, par contre, est résolument fermée, indéchiffrable : compte tenu des circonstances, c'est le mieux qu'il puisse proposer.
▬ Hey. lui lance-t-il sans enthousiasme, choisissant de ne pas se lever dans un premier temps. De la laisser venir - faire un pas vers lui ; au propre comme au figuré, avec un peu de chance. J'espère ne pas te déranger au milieu du dessert.
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Rogue attrapa une serviette pour s'essuyer les lèvres et s'excusa, sans donner plus d'explications à ses hôtes, ou à son mari, qui ne s'attendaient certainement pas à la gravité de la situation à venir.
Elle se présenta seule, donc.
" Non Scott, pas un mot. N'essaye même pas de faire de l'humour. "
Rogue est directe, cassante. La colère est présente derrière chacune de ses syllabes ; froide et maîtrisée, mais indéniablement perceptible. Ceux qui la connaissent savent que c'est mauvais signe, car d'ordinaire, les coups arrivent avant et clôturent la discussion avant même qu'elle n'ait lieue.
Toutes les fois où le combat n'avait pas eu lieu, les conséquences avaient été dramatiques : pour Gambit, pour Mystique ... et pour Rogue, au moins autant.
A chaque fois, quelque chose s'était brisé.
" J'avais le pressentiment que ce moment allait arriver un jour ou l'autre mais ... Le Phénix, Scott, sérieusement ? Tu sais ce que ça signifie ? "
De l'extérieur, la conversation pouvait paraître civile, tout au plus animée. Un aparté vivace sur un toit fleuri du vieux Carré Français de la Nouvelle Orléans. Rogue n'était pas en tenue, elle non plus. Elle était sortie de l'accès au toit dans ses habits du dimanche, beaucoup trop couverte pour le climat local, un jean et des tennis vertes, qui complétaient une chemise couleur menthe ouverte sur son décolleté et l'écharpe blanche qui ne semblait plus la quitter depuis qu'elle avait remisé son manteau de cuir au placard.
Et puis il y avait les gants blancs, également, qui n'avaient plus lieu d'être depuis que la Sudiste maîtrisait ses pouvoirs, mais qui restaient là par la force de l'habitude. L'un d'eux couvrait un index accusateur pointé directement sur le chef des X-Men. Ou de ce qui restait de la formation.
Une idée.
Tout au plus un idéal.
Rien de plus, il s'en était assuré.
" Tu nous condamnes tous ! "
Elle s'était avancé et lui avait planté l'index en pleine poitrine, comme pour mieux souligner la gravité de la situation, comme si le vrombissement de l'air aux alentours ou l'odeur d'ozone ne suffisait pas à l'indiquer seuls. Des réactions physiologiques normales pour des individus dont le génome même défiait les règles de la logique.
" J'espère sincèrement que ce n'est pas toi. " soupira-t-elle, en refermant l'index sur son poing, collé mollement contre la poitrine de son ancien capitaine, de celui qui avait été son ami, alors qu'elle détournait le regard, " Que c'est encore un coup de ce foutu piaf. Que c'est lui qui parle à travers toi, qu'il a le contrôle sur tes actions. Que c'est lui qui nous précipite dans l'abîme ... Ça simplifierait tellement de choses ... "
Elle se retourne, met de l'espace entre elle et lui. Elle est lasse.
Lasse des années passées à se battre pour permettre aux Humains et aux Mutants de vivre enfin ensemble, paisiblement, jetées à bas par les actions d'une poignée d'individus ivres de pouvoir.
Une fois de plus, oui, mais une fois de trop, car cette fois-ci, ils ne semblent que trop conscients des horreurs qu'ils commettent au nom d'une justice et d'une liberté fantasmée.
Le Phénix simplifierait tout, oui, si seulement il était le marionnettiste et non pas une arme de plus dans l'arsenal de ces fous.
" ... Mais ça ne changera rien, après tout. Dis-moi, est-ce que le reste du Conseil est au courant, au moins ? "
De par son expérience personnelle, tout d'abord, même si l'empreinte qu'elle a laissé sur le monde n'est - heureusement - pas aussi dramatique que dans ses propres souvenirs. Mais aussi et surtout à travers celle de Jean ; celles, même, puisque cet oiseau de malheur n'a eu de cesse de revenir vers elle au cours des dernières années. Mais pas cette fois. Pas cette fois, non, puisqu'il avait pris les devants en allant le chercher - le cueillir dans son nid avant qu'il puisse éclore et déployer ses ailes incandescentes. Et s'il pouvait le sentir chauffer contre lui, approcher lentement mais sûrement de son inévitable venue au monde, il entendait ne le laisser sortir de sa coquille que selon ses propres termes. Mais bien sûr, elle ne pouvait pas comprendre ça.
Être pointé du doigt ne l'empêcha pas de se lever, sans encore s'approcher. Malgré les raisons de sa visite, il n'était pas venu ici pour se battre, quand bien même les réticences affirmées de Rogue envers Krakoa et son nouveau régime les poussaient de plus en plus vers une inéluctable confrontation. Elle avait franchi une limite, et il devait s'assurer que ça n'arrive plus ; il espérait juste ne pas devoir employer des moyens radicaux pour y arriver. Mais si c'était ce qu'il fallait pour assurer la pérennité de leur nation, de leur nouveau mode de vie, quel autre choix avait-il ?
Il la laissa venir à lui, repartir, parler - dire ce qu'elle avait sur le cœur. Quand les choses étaient-elles devenues si compliquées entre eux ? Alors qu'ils se connaissaient depuis l'adolescence, quand avaient-ils emprunté des chemins si différents ? Bien sûr, ils n'étaient pas sans se douter, au moment de l'ériger, que Krakoa ne plairait pas à tout le monde, mais il ne s'était pas attendu à ce que l'ennemi vienne de l'intérieur - bien qu'il se refuse encore à la considérer comme tel. Au moins jusqu'à ce qu'elle ne lui laisse pas d'autre choix.
▬ Tu veux vraiment qu'on parle de ce qu'on risque en laissant Stark mettre le nez dans nos affaires ? Pour quelqu'un qui prétend donner une leçon d'histoire, tu oublies un peu vite les squelettes qu'il a dans son placard...
Plongeant la main dans une poche de sa veste en cuir, il en extirpa un œuf luminescent, dont elle pouvait sentir la chaleur irradier malgré les quelques mètres qui les séparaient encore. L'une des forces primaires de l'univers était ici entre ses doigts, contenue en intégralité dans ce minuscule récipient. Bien sûr, il s'assura qu'elle soit assez éloignée pour ne pas pouvoir y toucher - ce ne serait bon pour personne.
▬ Le Phénix est encore endormi. Je ne fais qu'utiliser une infime partie de ses pouvoirs. Je n'ai pas l'intention de le faire sortir, à moins d'y être obligé. Il remit l'objet à sa place, portant sur elle un regard perçant malgré ses lunettes teintées. En l'intéressant à nous plus qu'il ne l'est déjà, tu ne me rends pas service. Et non, le Conseil n'est pas au courant. Il ne le sera que si des mesures extrêmes deviennent nécessaires. Nous n'en sommes pas encore là.
Mais ça pourrait venir. En particulier si elle s'obstinait à leur envoyer les personnalités les plus susceptibles de leur mettre des bâtons dans les roues. Il espérait qu'elle en prenne conscience - mais n'était pas sans savoir qu'elle pouvait être excessivement butée quand quelque chose lui tenait à cœur. Cependant, si tout ce qui avait pu être dit jusqu'alors n'avait pas suffi à la convaincre, que pouvait-il bien ajouter qui ferait la différence ?...
▬ ...Mais en attendant, reprit-il, je ne peux pas te laisser révéler nos secrets à qui que ce soit d'autre. On ne peut pas perdre ce que nous avons construit ici comme nous avons perdu tout le reste. Il y a trop de choses en jeu. La main encore dans sa veste, il serra un peu plus les doigts sur la coque brûlante. Il n'en avait pas besoin pour établir la connexion, mais cela lui donnait l'impression d'avoir une meilleure emprise sur la puissance qu'il en retirait - sûrement à tort. Dis-moi que tu comprends.
Je t'en prie, dis-moi que tu comprends. Avant que je fasse quelque chose que je regrette.
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" Scott, pour l'amour de ... Est-ce que tu t'entends ? "
Elle comprenait, oui.
La difficulté n'était pas tant de comprendre, que de cerner ce qu'il fallait comprendre. Etait-ce de Krakoa dont il voulait parler ? Etait-ce du Conseil Silencieux ? De sa place de Héros dans cette nation encore naissante ? Etait-ce de son orgueil ? Etait-ce des pouvoirs que lui conférait cette soit-disante "force primordiale" qui jamais ne cessait de revenir hanter tout le genre mutant ..?
S'il y avait bien une personne qui pouvait savoir à quel point tout le potentiel de l'univers entre ses paumes pouvait être grisant, c'était bien Rogue ... qui plus d'une fois s'en était retrouvée la dépositaire, presque autant de fois comme sauveuse que comme bourreau. Elle en avait même été l'impuissante focale.
On comparait trop aisément les êtres dotés de pouvoirs à des dieux parmi les hommes : c'était ce qui alimentait la peur des humains à l'égard des mutants ... Quand une poignée d'entre eux seulement étaient capables de causer d'irréparables dégâts, et que moins encore étaient de véritables dangers. Elle connaissait ce sentiment d'injustice que chacun de ses congénères alimentait, au fond de lui : l'injustice contre le monde, contre l'humanité, contre son propre être ... contre les autres mutants ; ceux qui pouvaient se fondre dans la masse, ceux qui n'avaient pas l'air d'avoir subi une punition divine, ceux qui avaient un don vraiment utile ...
Et elle les connaissaient, les Magneto et les Apocalypse, les héroïques unificateurs pensant pouvoir abolir la psyché mutante autant que la race humaine ... La reformer en un moule uniforme et sans défauts.
Ceux qui, parce qu'ils avaient plus de pouvoirs que les autres, plus d'influence, étaient forcément les meilleurs d'entre eux. Elle les connaissaient, oui, pour les avoir suivi ; pour avoir été leur porte-flingue.
Elle en était revenue, car pour tout mutants qu'ils étaient, le pouvoir les corrompaient tout aussi facilement que les humains.
Les humains, oui. Un épouvantail aussi commode que les mutants pouvaient l'être pour eux. Tony Stark, les Avengers, le SHIELD, les Etats-Unis, le Parti Républicain ou le Parti Démocrate ... N'importe quoi, pourvu que ça soit suffisamment vague et suffisamment large pour ne pas avoir à réfléchir trop longtemps pour les imaginer avec des cornes et une fourche !
" J'ai travaillé avec Stark, je sais comment il fonctionne, je l'ai eu dans la tête ... Il a changé ! " plaida la vengeuse à mèches blanches, " Il voulait aider ... Il voulait aider le peuple de Krakoa, les mutants. Les millions des nôtres qui ne bénéficient pas d'avoir un pied-à-terre à la con en orbite ! Qu'est-ce que la Lune va faire pour nous, hein ? Des ressources, de l'espace vital ?.. Des choses que l'on ne peut pas avoir avec Krakoa ? "
Son regard alla trouver la poche d'où irradiait toutes les ondes de cette folie, et toutes les tragédies les plus aberrantes que n'ont jamais connu sa famille d'adoption, les X-Men. Un historique si lourd qu'elle n'avait presque pas besoin de la vision énergétique conférée par Simon Williams pour le voir. Presque, car les maigres couches de vêtements de Cyclope ne suffiraient jamais à camoufler ce qui n'était finalement pour ses yeux peut-être trop sagaces, qu'un putain de second soleil n'attendant que d'engloutir toute la planète.
Et, fort de cette constatation, son regard ne laissa échapper plus que du mépris.
" ... Il voulait aider, Scott. Et toi, tu as réveillé la Bête. Tu lui a déclaré la guerre... Tu lui as déclaré la guerre comme Krakoa a déclaré la guerre à toute l'Humanité avec cette putain de démonstration de cour de récréation !.. Juste parce que tu le pouvais... "
Elle laissa tomber ses bras le long de son corps, par consternation. Par abandon.
" Je ne "te rend pas service" ... " souffla-t-elle, " Est-ce que tu t'écoutes ?.. Désolé, sugah, je ne savais pas que je n'avais pas le devoir de me conformer à tes désirs. Je pensais qu'il y avait quelque chose avec notre glorieux leadership et notre conseil éminent qui ressemblait plutôt à l'inverse. Les dirigeants qui servent le peuple, pas l'inverse. "
L'ancienne X-Men soupira un bon coup en venant poser la main droite sur sa hanche.
" C'était probablement la pauvre cruche Américaine en moi qui devait m'imaginer des trucs. La succession de l'Humanité, transcender leurs idées autant que leur génome. Une utopie créée par des êtres capables de l'appliquer. Leur montrer l'avenir par l'exemple et la compassion plutôt que la Force ...
Qu'est-ce que j'ai été conne, dis-donc !
On vit sur une planète où les nations humaines les plus avancées sont dirigées par une boîte de conserve en cape verte et un roi choisi par combat à mort au nom d'une putain de déesse chatte. Une planète où nous, mutants, on a une vraie occasion de montrer à tous que l'on peut encore être optimiste ... Et on fait quoi ?
Le foutu Quatrième Reich ! Avec toute l'opacité et le manque de discernement que ça sous-entend ! "
Elle leva les bras comme pour se dédouaner, en ne parvenant pas à cacher un rictus d'amusement.
Oui, pour elle, tout cela n'était qu'une vaste blague... Et une très mauvaise.
" ... et nos secrets. "nos" secrets ... Ils ont bon dos ! Tous les secrets intéressants, on me les cache ! Précisément parce que je dois être la dernière personne à essayer de trouver un sens à ce qui prend des airs de refuge de secte flottant !
Et de quels secrets tu veux parler ... De la Latvérie ?.. Du Conseil Silencieux ? Oh ... On peut en parler ! Pourquoi ça devrait être un secret ? Parce que l'oubli de son existence est primordial, ou parce qu'on se fouterait de la gueule de Krakoa si je révélais la supercherie ?
Rien que moi, j'ai ma mère, mon frère, une de mes meilleures amies et un ex au Conseil ... Et j'ai même pas le record, puisque non content d'y avoir ta femme, tu es sorti ou tu t'es tapé virtuellement toutes les femmes qui siègent dans cette instance.
Oh, mais vas-y, Berlusconi, fais-moi des leçons de morale et d'intégrité ! De respectabilité ! De Grandeur de la Nation ! "
Le rire, c'était Rogue qui l'avait, maintenant, et il était gêné.
" Oui. Je comprends. Ne t'inquiète pas. Ce que je ne comprends pas, c'est le cheminement. C'est le comment : Comment on en est arrivé à ce moment, où un ami qui m'était très cher, un frère d'arme que je considérais comme ma famille, en est venu à me menacer à un repas de famille avec une arme de destruction massive, en cachant son égo derrière toute notre Race.
Tu étais censé être le meilleur d'entre nous, Scott ... Et après tout ce que tu as fais, après tout ce que tu as subi ... Après tout ce que le Phénix t'as fait ...
Il s'entendait parfaitement. À vrai dire, il n'avait plus eu les idées aussi claires depuis longtemps - depuis qu'il s'était réveillé dans ce lit, réveillé dans ce monde, réveillé de la mort. Il n'ignorait bien sûr pas la propension du Phénix à déformer et distordre l'esprit de ses hôtes ; seulement, il n'en était pas un. Pas encore, pas cette fois. Et c'était une nuance d'importance. Il avait probablement eu plus de rencontres avec cette entité que quiconque encore en vie dans l'univers entier - quiconque qui puisse être considéré « vivant » au sens traditionnel du terme, tout du moins. Il savait précisément à quoi s'attendre ; les écueils à éviter, les erreurs à ne pas faire. Et s'il était conscient de marcher sur la corde raide, de pouvoir à tout moment basculer dans une mer de flammes, il estimait bien s'en sortir jusqu'alors. Bien sûr, ce n'était que son avis.
Évidemment, il avait tout autant conscience de ce dont ça avait l'air d'un œil extérieur. Il y avait une raison à ce qu'il n'en ait parlé à personne, pas même ses plus proches confidents - à supposer que qui que ce soit puisse encore être considéré comme tel à ce jour. Après tout, même Jean était tenue dans l'ignorance - de ce secret-ci plus encore que les autres, pour des raisons évidentes... Quand bien même apprendre ce qu'il lui cachait depuis le premier jour - depuis à présent des mois - ne ferait aucun bien à leur relation. Et... À qui d'autre pourrait-il s'ouvrir de tout ce qui hantait son esprit ? De ses rêves de flammes et de cendres ?
▬ Les gens comme lui ne changent jamais. déclara-t-il, intraitable, alors que Rogue tentait désespérément de prendre la défense du milliardaire égocentrique. Je les connais depuis que je suis enfant. La façon de faire est toujours la même. Soit tu leur donnes ce qu'ils veulent, soit ils viennent le prendre. Pas cette fois.
Tony Stark ne leur prendrait rien. Ni Krakoa, ni leurs remèdes-miracles, ni quoi que ce soit d'autre. Et s'il ne pouvait pas supporter qu'on lui dise « non », il avait des problèmes autrement plus graves que ce qui n'était rien d'autre qu'un coup de semonce, aussi rude qu'il ait pu être. On leur avait suffisamment pris pour qu'ils ne cèdent pas davantage, pas s'ils avaient le choix. Ces médicaments étaient leur monnaie d'échange contre un ticket d'entrée dans la communauté internationale - la cour des grands ; ils n'allaient certainement pas les brader, encore moins à quelqu'un qui les détournerait de leur usage à la première occasion.
Il survivra à n'avoir pas sa tête en couverture du Times pendant une semaine, je peux te l'assurer. renchérit-il. Nous n'avons pas besoin de lui. Nous n'avons besoin de personne. C'est le but de toute cette opération. Pouvoir nous passer de ce monde qui n'a jamais voulu de nous. Il pointa du doigt une direction aléatoire ; présumément celle où le « philanthrope » en question devait être en train de prendre du bon temps avec l'une ou l'autre supermodel tirée de son carnet d'adresses - voire deux - pour oublier tous ses tracas. Ce n'est pas en laissant des gens comme lui mettre leurs sales pattes sur ce qu'on fait qu'on va y arriver !
Il reprit son calme, conscient que ces effusions pourraient déclencher une éclosion prématurée de l'œuf qu'il gardait dans sa poche. Le Phénix était peut-être encore loin du terme, mais il savait d'expérience que ses poussées de croissance pouvaient être expéditives dans les bonnes - ou mauvaises - circonstances ; mieux valait ne pas en prendre le risque. Par chance, lorsqu'il le vérifia en renfonçant les mains dans les poches de sa veste, sa coquille était intacte ; pas un éclat ne fragilisait sa surface.
Ça fait des années, plus de dix ans qu'on se bat pour être acceptés. Pour être traités comme des êtres humains. Et tout ça pour quoi ? Ça ne nous a menés nulle part ! Pour chaque pas en avant, on fait dix pas en arrière. Tu es bien placée pour le savoir, au moins autant que moi. C'est systématiquement la même chose. Il écarta les bras. Ce n'est peut-être pas ce qu'on voulait, mais sommes enfin arrivés à quelque chose. À ce que tous les mutants - que chacun d'entre nous - travaille de concert pour construire ensemble leur avenir. Le seul qu'ils auront si les choses continuent comme ça. La cohabitation n'est peut-être pas facile, mais tous ceux qui ont mis un pied sur cette fichue île ont compris que c'était une question de survie. Il braqua l'index dans sa direction. Tout le monde à part toi.
Il laissa cette phrase résonner quelques instants, s'efforçant là encore de garder son sang-froid, de ne pas laisser la discussion s'envenimer plus qu'elle ne l'avait déjà fait malgré des sujets de plus en plus délicats. Ce n'était pas évident.
J'ai toujours fait ce qui devait être fait. Pour nous protéger, nous permettre de grandir. D'avoir une chance de vivre normalement. Au sens littéral du terme, tout cela ayant commencé alors qu'ils n'étaient qu'à peine plus que des enfants, elle comme lui. Et si aujourd'hui ça signifie endosser ce fardeau, je le ferai sans hésiter. Nous n'en sommes pas là, et j'espère sincèrement ne pas avoir à le faire, mais si on ne me laisse pas le choix...
Il ne prit pas la peine de conclure, son silence en disant plus long que tout ce qu'il pourrait avoir à rajouter. Non, bien sûr qu'il n'avait pas envie d'être - de devenir - le Phénix, pas encore ; mais si la pérennité de Krakoa devait en passer par là, alors il ferait ce sacrifice pour que quelqu'un d'autre n'ait pas à le faire. Mais encore une fois, malgré les propos acerbes échangés, il ne put que regretter qu'ils se soient éloignés à ce point, aient ainsi cessé de se comprendre alors qu'il était une époque où ils étaient pratiquement seuls au monde - unis, réunis par leur malédiction, celle de pouvoirs sur lesquels ils n'avaient aucun contrôle. Dans cette infirmité - cette différence au sein-même de la différence -, ils avaient tissé des liens profonds ; de ceux qui, à l'époque, auraient pu paraître indestructibles. Qu'étaient-ils devenus ? Quand, au juste, avaient-ils laissé l'écart se creuser ? Pris par la nostalgie, Scott eut la mauvaise surprise d'être frappé de violents maux de tête - juste avant de se rendre compte que le monde tournoyait autour de lui. Que le décor était en train de changer ; de s'ajuster pour suivre le fil de sa pensée. En l'espace d'une seconde, ils n'étaient plus sur le toit, pas plus qu'à la Nouvelle-Orléans. Ils étaient de retour à l'institut - celui-là même qui n'était plus désormais qu'un tas de ruines - et, à en juger par les décorations, ce devait être un soir de Noël, ou peu s'en faut.
▬ Qu'est-ce que... ?
La vision troublée par cette migraine fulgurante, le premier des X-Men mit un moment à trouver ses repères dans ce nouvel environnement, quoique l'on ne puisse véritablement le qualifier de nouveau. Il souleva ses lunettes aux verres de quartz-rubis - un vieux modèle également ; le sens du détail était de mise - pour se frotter les yeux, tâchant de remettre de l'ordre dans ses idées.
Il n'était pas seul dans le grand salon ; il pouvait apercevoir au loin le professeur, Hank, Bobby... Comme de coutume pour ce genre d'occasion, tout le monde était convié, du moins ceux ne passant pas les fêtes en famille. Pour sa part, il croyait encore la sienne morte à l'époque, sans frère ni parents avec qui partager ces célébrations. Et il se souvenait avoir peine à ne pas ressentir un zeste de solitude dans ces conditions, même aussi entouré. Cette réflexion lui rappela ce qu'il était en train de faire avant de succomber à cette réminiscence dans laquelle il n'avait apparemmen t aucun contrôle.
▬ Rogue ? appela-t-il en regardant autour de lui, à la recherche de son interlocutrice.
Après tout, leur discussion n'était pas terminée - même s'il ne s'attendait certainement pas à devoir la finir avec douze années de moins ; non que ce soit la chose la plus étrange qui leur soit arrivée. Mais pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Peut-être en saurait-elle plus que lui - si tant était qu'il arrive à la retrouver. Et qu'ils ne doivent pas faire face à un autre danger - comme le grog de Kurt, dont la seule évocation lui soulevait encore le cœur après toutes ces années...
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" Krakoa était notre utopie, Scott ! " plaida Rogue en balayant cet index pointé vers d'un revers de la main, " Notre rêve ! Un endroit où tous les mutants seraient à l'abri du besoin et des conflits. Un endroit où les X-Men n'auraient plus besoin d'exister !
Krakoa devait être une terre où vivre, pas survivre ! "
Si on ne lui laissait pas le choix... C'était le genre de phrases que la sudiste avait entendu beaucoup trop souvent. Par Magneto, par Mystique ... par elle-même.
Ce genre de phrases qui ne signifiaient réellement qu'une chose, ne suggéraient qu'une seule issue.
Krakoa, la réponse de tout un peuple - de toute une race ! - à une lutte longue et acharnée contre la nature humaine, contre la folie paranoïaque de l'homo sapiens. Leur tentative ultime. Leur bastion. Leur arche. Leur survie faite manifeste. Une colonie d'aberrations nichées sur le dos d'une aberration plus grande encore, parasites trop fiers de la relation symbiotique qu'un seul des leurs avait suffi à négocier. Hérauts d'un futur incertain où chacun pouvait exprimer son individualité par ses "dons", par ce que la nature avait jugé bon de lui offrir. Un Laisser-Faire totale, rêve malade d'une minorité privilégiée, pour qui Survie rimait avec Force et Grandeur avec Menace.
Krakoa, où la peuple maudit s'était exilé pour survivre, pour s'abriter de la tyrannie de l'Homme ... En prenant soin de tenter de l'asservir par ses plantes et d'attiser son désir avec ses promesses paradisiaques d'égalité parfaite et de justice pour tous.
Krakoa, l'utopie rêvée pour servir l'ego de douze fous tout-puissants ...
Et bientôt peut-être, d'un seul.
Rogue n'était pas dupe. Elle voyait les mouvements de Cyclope. Elle comprenait ses manigances, pour l'avoir trop longtemps pratiqué, aux entraînement comme au combat ; en frère d'armes comme en adversaire.
" Et tu n'auras même pas à penser à ce fardeau, Scott ... " Elle leva la main, entraînant un pan de son écharpe dans sa posture combattante et volontaire, " ... Pas si je peux l'éviter ... "
Les mèches de la mutante se mirent à voleter alors qu'elle entendait son aura, son pouvoir, son "don" vers celui qui lui avait tant appris et tant apporter. Une embrassade surnaturelle en forme d'adieu au langage. Une fin définitive au dialogue.
Elle voulut pousser la psyché du Cyclope, mais ne trouva rien de ce qu'elle escompta dans ce contact inopiné.
** *
" ♫ Rogue and Cyclops, sitting in a tree, K-I-S-S-I-N-G ... ♫ "
Rogue dut s'appuyer contre un mur de pierres massives pour reprendre son souffle. Face à elle, deux gamines hilares. Familières et pourtant méconnaissables. Une petite blonde et une asiatique avec d'énormes boucles d'oreilles.
Jubilee et Husk ?
" ... Qu'est-ce que ? "
Les deux gamines rirent aux éclats, et s'en allèrent en cavalant dans les jardins de l'institut. L'institut, ruiné par l'attaque de Cassandra Nova, il y avait des mois de cela ... Avant Krakoa. Avant son désamour pour la "Cause".
A ses oreilles, deux bouts de plastique gueulant en allemand lui rappelant une époque lointaine d'insouciance, dont une rapide inspection de l'iPod clipsé à une ceinture de cuir ceinte de chaînes métalliques confirma les soupçons d'Anna-Marie.
" Oh Lawd in Heaven ... "
A travers la fenêtre, une fête. Un réveillon de Noël. Une scène de liesse, d’allégresse. Un professeur Xavier souriant, un Logan gaillard et même souriant, et puis Ororo, Kurt avec son bonnet de père noël et son tonnelet de grog artisanal à la main, Kitty, Jean, tous les enfants ...
Et puis, à lui retourner son sombre regard, dans le carreau, Rogue.
Rogue l'anticonformiste, l'antisociale, la renégate, l'ancienne terroriste pour laquelle le pardon semblait ne devoir jamais se profiler.
Rogue, qui avait placé sur le rebord de la fenêtre un arsenal de cosmétiques noirs et mauves comme autant de cartouches réunies avant un assaut, avec à leur côté un paquet vert orné d'un élégant ruban couleur rubis.
Ce n'était pas "un" Noël. C'était le Noël. L'un de ces moments pivots qu'elle avait mis des années à oublier ; qu'elle avait mis beaucoup trop de temps à surmonter.
Et Scott était là, comme il l'avait été, à côté de l'âtre.
Quelques minutes à peine avant qu'elle ne prenne son courage à deux mains pour affronter bien pire qu'Apocalypse, qu'Exodus ou que Mr. Sinister : ses hormones.
Pas de grande répétition cette fois-ci ; la déclaration mielleuse, elle l'avait oublié. Elle n'avait jamais eu l'occasion de la dégainer, de toutes façons.
Dans quelques secondes, Rogue la littéraire, que son amour des bouquins à l'eau de rose catapultera professeure de littérature à l'institut plusieurs années plus tard, se fera coiffer au poteau par Jean Grey. Jean Grey, l'une de ses meilleures amies.
La rivale d'alors, bientôt en route pour rejoindre un Cyclope à l'air aussi perdu qu'elle.
Cela n'allait pas se reproduire ... Pour un motif précis : elle n'avait plus de temps à perdre avec ces gamineries.
Elle agrippa le paquet, marcha vers la porte, et plongea dans l'arène !
" Tiens, Joyeux Noël, Scott. " pérora la belle gothique du sud en venant lui planter le paquet cadeau dans les bras, grillant la priorité à Jean Grey ... et en bonne route pour provoquer un paradoxe temporel, " Bless your heart, tu vas être content, c'est le cachemire que j'ai fini par offrir à Gambit. "
Volcanique, perdue, hors d'elle ... Rogue ne s'arrêta pas en si bon chemin.
" Tu as gagné le droit de t'expliquer sur ce cattywampus... "
Cyke
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Re: Burning Bridges [Rogue - Cyclope] Sam 8 Oct - 7:23
Comme à son habitude en entrant dans une pièce - quoi qu'il y fut cette fois téléporté plus qu'autre chose -, Cyclope analysa son environnement. Et rien de ce qu'il y trouva ne faisait sens. Il n'était pas seulement à l'institut ; il était dans un institut - l'une des multiples précédentes itérations du bâtiment, maintes fois reconstruit, maintes fois déplacé. Il n'aurait même pas su dire combien de fois il avait dû être entièrement refait depuis ce jour, quelles qu'en soient les raisons. Au moins celui-ci avait-il le mérite de se trouver à Westchester - il le savait pour être allé au lycée à Bayville, ce qui n'était déjà pas la porte à côté. Tous les matins, il devait prendre la voiture et...
Il se pinça l'arête du nez et fit un effort de concentration. Se rappeler tout ça ne servait strictement à rien. S'il avait du temps à perdre en réminiscence, il aurait mieux fait de chercher à comprendre comment il avait pu atterrir ici. Ni lui ni les X-Men n'étaient étrangers au voyage dans le temps, ou même entre les dimensions. Il ne comptait plus le nombre de versions alternatives de ses proches - ou même d'enfants qu'il n'avait jamais eus - il avait pu rencontrer au gré de leurs aventures. Mais ça, c'était encore autre chose.
Il n'était passé par aucun portail - n'avait été la cible d'aucun pouvoir. Il s'en serait rendu compte. Il avait bien senti Rogue essayer quelque chose, juste avant d'être emmené ici, mais avec le Phénix de son côté, comment aurait-il... Le Phénix. Est-ce que malgré le fait qu'il soit encore dormant, au chaud dans son œuf, l'oiseau de feu pourrait être derrière cette mise en scène ? Ce n'était pas une simple vision ; ce qu'il avait autour de lui aurait aussi bien pu être réel. S'il passait le bras derrière la cheminée, il était à peu près sûr que -
Surgie de nulle part, Rogue lui colla un paquet dans les bras. Il en fut si étonné qu'il ne songea même pas à se mettre sur la défensive. Remettre, si ce qu'ils avaient vécu sur ce toit - si les mots terribles qu'ils s'étaient jetés au visage - était vraiment arrivé ; il commençait à s'en douter. À la manière qu'elle avait de lui parler, il était cependant clair qu'en dépit de son apparence, « cette » Anna-Marie provenait du même endroit que lui ; qu'ils étaient arrivés ensemble dans cette nouvelle situation, quoi qu'elle puisse être, et qu'elle n'avait rien oublié de leurs différends. Tout cela était de plus en plus étrange. Plus intriguants encore étaient les quelques mots dont elle accompagna ce cadeau, apparemment prévu de longue date - mais dont il n'avait pourtant jamais vu la couleur. Ou plutôt si, mais pas sur lui. Pourquoi lui donner quelque chose qu'elle aurait voulu offrir à Gambit ?
▬ Je... Merci, je suppose. finit-il par balbutier, sans trop savoir quoi faire de ces nouvelles informations. Après avoir remonté ses lunettes sur son nez - mieux valait ne pas parier sur le contrôle qu'il pouvait avoir de ses pouvoirs -, il tâcha néanmoins de fournir un semblant d'explication, bien que ce ne soient pour l'heure que des suppositions de sa part. Je ne sais pas exactement où nous sommes. Ou plutôt, je sais où nous sommes, mais pas comment nous y sommes arrivés. De sa main libre - l'autre tenant le colis qu'elle lui avait donné -, il retourna sa poche pour révéler... Que rien ne s'y trouvait ; ni œuf, ni quoi que ce soit d'autre. Pas même ses clefs, sans doute restées à l'étage, quelque part sur son bureau. Tout au plus y restait-il une diffuse sensation de chaleur, qui aurait aussi bien pu venir du feu de cheminée régulièrement alimenté. Mais je crois que le Phénix y est pour quelque chose.
Ce dont elle devait déjà se douter, mais au moins aurait-elle confirmation - pourvu qu'elle soit disposée à le croire - qu'il n'était pour rien dans le choix de la destination. Derrière ses verres rougeoyants, il prit le temps de l'examiner un peu plus en détails. Phénix ou qui que ce soit d'autre, la personne - la créature - derrière cette mise en scène avait fait les choses dans les moindres détails. Exception faite de l'expression furibonde qui s'était installée sur ses traits et dont il aurait peut-être dû un peu plus s'inquiéter, elle était exactement telle qu'il s'en rappelait à l'époque du lycée, fidèle dans les moindres détails. Certains la trouvaient lugubres, avec ses tenues sombres et son maquillage excessif, mais ça ne l'avait jamais dérangé. Il avait eu la chance relative de se voir offrir une identité - celle du « leader », du chef de groupe - de par son rôle au sein de l'institut, mais n'était pas sans comprendre qu'il pouvait être difficile de s'en fabriquer une... Surtout quand l'on s'habitue malgré soi à emprunter celle des autres. Avec mille précautions, il ôta brièvement ses verres de quartz-rubis pour se frotter les yeux. Il ne savait pas à quel point les autres personnes présentes étaient susceptibles de réagir s'ils essayaient d'interagir avec eux, mais si c'étai le cas, il préférait ne pas le découvrir en creusant un cratère au milieu du salon.
▬ Je... Je me souviens m'être dit que c'était plus facile avant, finit-il par dire alors qu'i mettait de l'ordre dans ses idées. Qu'on se comprenait mieux quand on était plus jeune, qu'on vivait encore sous le même toît. S'il n'en aurait jamais la parfaite compréhension - pas plus qu'il n'en avait le désir -, il avait suffisamment côtoyé l'entité cosmique pour avoir une idée approximative de sa façon de fonctionner. De la perception tronquée qu'elle pouvait avoir de l'être humain et de leur volonté, plus encore alors qu'elle était elle-même dans une forme aussi primitive. Pour peu que tu aies pensé la même chose, j'imagine qu'il... A voulu nous donner ce qu'on voulait, d'une certaine manière. Était-ce présomptueux de sa part de croire que cela avait pu lui passer par la tête ? Peut-être, mais il ne pensait pas l'avoir souhaité assez fort à lui seul pour produire un tel résultat. Soit ça, soit c'est sa manière de nous dire qu'on fait trop de bruit et de régler nos comptes là où on ne le dérangera pas pendant sa sieste.
Sans doute n'était-ce pas le moment de plaisanter, mais son humour singulier - et pince-sans-rire - était de ceux faisant peu de cas d'un tel paramètre. Après tout, ils n'étaient pas en danger pour autant qu'il puisse en juger, à moins de faire une allergie à la l'un des ingrédients contenus dans la bûche de Noël. Le pire qu'ils risquaient était... De passer une bonne soirée ? Tout cela remontait à si loin qu'il pouvait avoir oublié une partie des événements, mais il croyait devoir en garder un assez bon souvenir. De son point de vue, toute fête de fin d'année qui n'était pas troublée par une attaque de Sentinelles ou l'irruption de Magneto était bonne par définition.
▬ Je pense qu'il ne nous laissera pas sortir d'ici tant que nous n'aurons pas fait les choses comme il l'a décidé. Mais si tu préfères qu'on échange les cadeaux...
Dans une piètre tentative de la ramener à de meilleurs sentiments, il tendit le bras vers le manteau de cheminée - la partie de celui-ci disparaissant dans le renfoncement d'un mur - et en extirpa son propre présent, manifestement placé là au préalable et non sous le sapin avec les autres. Fin et robuste, celui-ci était de forme rectangulaire ; un livre, de toute évidence. En l'occurrence, the Complete Works of William Shakespeare comme publié par Barnes & Noble un peu plus tôt cette année-là, comme elle le découvrirait une fois que ses ongles auraient fait un sort à l'emballage. De nombreuses pièces parmi lesquelles Henry V, celle sur laquelle ils avaient été tenus de travailler ensemble en cours de théâtre - qui les avait poussés à passer du temps ensemble pour la première fois.
▬ Je crois que je n'avais jamais eu l'occasion de te l'offrir. Que je n'avais pas réussi à te trouver ce soir-là, et... Il fronça subtilement les sourcils, tâchant de s'y retrouver dans ces évocations vieilles de plus de dix ans - sans oublier que ses souvenirs n'étaient pas forcément conformes à ceux de cette réalité. Néanmoins, il était à peu près sûr que la raison la plus probable à ce qu'il n'ait jamais trouvé son chemin jusqu'à elle était commune à toutes les versions de leur histoire. Et j'imagine qu'il a fini sous les gravats. Désolé. Il croisa les bras sur sa poitrine, le pull encore à la main. Je ne sais pas si tu vas pouvoir le ramener, mais je suppose que c'est l'intention qui compte...
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Burning Bridges [Rogue - Cyclope]
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