Baba Yaga Saga [Yelena Belova]

Cela faisait maintenant quelques mois que je m'étais faite discrète au S.H.I.E.L.D, sans donner aucun signe de vie à Tony. J'ignorais ses sollicitations et refusais ses invitations. Par moments, j'avais besoin de solitude, un état naturel pour moi, un besoin vital pour me recentrer. Comme une vraie Widow, je disparaissais dans l'ombre.



Le premier mois, j'étais partie au Canada avec ma chienne, Fanny, dans les forêts reculées pour me ressourcer et profiter de la nature. Fanny a probablement passé les meilleures vacances de sa vie, et cette déconnexion totale m'a fait un bien fou. J'ai passé ce temps à réfléchir aux derniers événements, au S.H.I.E.L.D, à la Dynamo Pourpre... à papa... Notre dernière rencontre avait été rapide et peu agréable. Je me demandais parfois si ma place était réellement au S.H.I.E.L.D. Je savais que c'était temporaire, car j'y trouvais encore un certain intérêt...

Le deuxième mois, après avoir traversé une partie des forêts canadiennes, j'ai décidé de faire un peu de tourisme, de découvrir la vie locale. Après tant d'années passées dans la Chambre Rouge, le plaisir simple du tourisme était une nouveauté pour moi. Mode, gastronomie, culture, paysages... Des choses banales pour quelqu'un ayant grandi dans un monde normal, mais pour nous...

Paris, l'Espagne, l'Italie, l'Azerbaïdjan, la Turquie, jusqu'à Dubaï... On peut dire que j'avais consacré ces derniers mois à moi-même. Mais maintenant, j'étais prête à retourner aux États-Unis et à reprendre du service. J'avais passé une période de déni, ignorant délibérément les événements de New York et les récents drames.



Je balayais tout ça d'un revers de la main, comme d'habitude. J'étais un électron libre, faisant ce que je voulais, quand je le voulais, et personne ne pouvait m'enlever ce libre arbitre. J'active mon téléphone, inondé de notifications et de milliers de messages vocaux. Tss... Stark... tu m'aimes un peu trop...

Finalement, je ne consulte que les messages récents, et soudain, une mission spéciale tombe, juste après mon retour en service. Je grommelle en russe "Красный лес Чернобыля? Это шутка? Эта территория загрязнена радиоактивностью. Тупица..." Je ne suis pas contente. Cet endroit est trop dangereux pour des humains, les radiations pourraient nous tuer. Tchernobyl a une histoire particulière pour les Ukrainiens et les Russes, des souvenirs sombres. Encore aujourd'hui, c'est un sujet tabou. La zone est en guerre, ce qui ne fait qu'aggraver la situation. Il suffit de voir les soldats empoisonnés par la forêt rousse. Tony et son équipe devront m'équiper correctement. Je demande une combinaison spéciale du S.H.I.E.L.D pour me protéger des radiations, certaines zones contaminées atteignent des taux élevés de microsieverts. Je prendrai des pastilles d'iode au moment du déploiement.

Je ne peux pas refuser cette mission. Je suis Ukrainienne et Russe, ce qui fait de moi la personne la plus qualifiée pour aider Dane. Je connais la zone et son histoire. Mais surtout, je ne peux pas abandonner ces enfants aux griffes de cette vieille sorcière irradiée.

Je signale mon arrivée à Dane et me prépare à le rejoindre.

"Dane, encore une mission ensemble... Je vais finir par croire que tu cherches plus qu'une simple collaboration," lançai-je avec mon sarcasme habituel.

"J'ai reçu le briefing... Baba Yaga... Cette vieille légende existe vraiment... Les Russes et les Ukrainiens aiment faire peur à leurs enfants avec cette histoire pour les mettre en garde."

Sous mon casque de protection, j'examine le plan digital de la zone pour repérer les chemins.

"On va devoir être vigilants. Entre la forêt minée avec les vieux explosifs de l'URSS et ceux d'aujourd'hui, sans parler de la radioactivité, ça va être aussi amusant que Disneyland... Sauf qu'ici, Mickey a trois yeux et cinq pattes. HA!"

Retrouver Dane était devenu une formalité, c’était un visage familier ces derniers temps. J'avais l’impression de le voir plus souvent que ma propre famille.

Le vol se passe sans encombre jusqu’en Ukraine, une occasion idéale pour débriefer ensemble de la mission à venir. Comme à mon habitude, je ne peux m’empêcher de taquiner mes camarades. Telle une fable de La Fontaine, Dane entre dans mon jeu et me piège à son tour. Le titre, "Le chevalier et l’araignée".

« Hé hé, et tu n’as encore rien vu ! Une tenue high quality made in USA. L’ironie du sort : produire du russe chez les Ricains, t’y crois ça ? Certains portent du Chanel, moi je porte du Stark Factory, HA. »

Je l’avais cherché, et Dane commençait à me connaître à force de partager des missions ensemble. Il me provoque, il me rentre dedans, et j’avoue que sur le coup, je suis surprise. Je n’ai pas l’habitude que l’on me réponde, mais je souris, il est drôle.

« Oww, c’est tellement mignon, Dane. Je suis émue : notre premier date à Tchernobyl ! J’ai hâte que tu me prépares un joli pique-nique dans la forêt rousse ultra radioactive de Pripyat. On se roulera dans l’herbe entre les chiens à six pattes et les chats à deux queues… Oh oui, quel charmeur, ce Dane. »

J’entends déjà la voix de Natalia râler et me supplier d'arrêter mes bêtises.

Je m’installe dans un siège telle une ado enjouée, regardant les paysages défiler à travers les fenêtres. Retour à la maison. Il y avait toujours une petite nostalgie quand je revenais en Europe de l’Est. C’était bien plus confortable aux États-Unis, mais il y avait comme une sensation de retour au bercail. Dane m’explique la situation en Ukraine et les accords factices avec la Russie.

« Comme si ce cher Vladimir Vladimirovitch allait nous dérouler le tapis rouge. Un Russe ne demande jamais d’aide, même quand il en a besoin. Cette affaire doit même l’arranger, si tu veux mon avis. »

Nous allons évoluer dans un environnement très hostile : entre la guerre, les champs de mines, la radioactivité et les créatures, encore une aventure ressourçante.

En s’approchant de la zone, je prépare ma combinaison spéciale avec le gros logo du S.H.I.E.L.D., pendant que Dane prépare son épée légendaire.

« Ton épée sera très utile. J’ai toujours rêvé de jouer dans Game of Thrones. J’espère que tu ne rechigneras pas à lui couper la tête. »

Très vite, nous arrivons sur le terrain. La forêt est morose, rappelant la catastrophe de 1986.

« Et dire que la plupart des jeunes Russes ne connaissent même pas la catastrophe de Tchernobyl orchestrée par l’ex-URSS… C’est si calme… et angoissant à la fois. »

L’épée de Dane serait d’une grande aide pour traquer la vieille peau.

« Excellent, je ne savais pas que tu avais l’option GPS sur ton épée magique. Le roi Arthur était un visionnaire pour son époque… Par contre, quand tu utilises ton épée, le sol est couvert de radioactivité. En déplaçant la poussière, tu risques de nous empoisonner malgré notre équipement. Vise la tête, par pitié. »

Je n’avais pas prévu de revenir d’Ukraine avec un cancer, et le style de combat brut de Dane est très incompatible avec la zone actuelle. Mais bien sûr, c’était avant qu’il ne décide de planter son épée dans le sol. Je prends donc quelques mètres de distance pour éviter les poussières.

« Sans surprise, la zone a connu de nombreuses guerres lors de la guerre froide. Il reste des anciennes munitions, des grenades, des mines de l’ex-URSS. Et je suppose que la guerre actuelle a permis aux soldats de la piéger un peu plus avec des munitions plus modernes. »

J’active un détecteur de métaux du S.H.I.E.L.D. pour faciliter l’avancement dans la zone.

« Quant à la vieille Baba, c’est une légende urbaine. On s’en sert pour éduquer les enfants qui n’écoutent pas. On dit que c’est une vieille sorcière effrayante qui mange les enfants désobéissants. Elle aurait dévoré ses propres enfants… qu’elle utilise un bouclier de feu et qu’elle enflamme ses victimes… Dans la fable, une petite fille survit en réussissant les épreuves de la sorcière dans sa maison miteuse au milieu de la forêt… »

En attendant les indications d’Excalibur, j’avance dans la forêt en inspectant le sol.

« À ma connaissance, des vieilles dames vivent dans la forêt de Pripyat, des habitants qui n’ont jamais évacué ou abandonné leurs enfants. Nous pouvons les questionner. Elles doivent savoir ce qui se passe dans le coin. »

J'observe Dane qui s’arrête et plante Excalibur dans le sol. Il est concentré, trop sérieux à mon goût, mais c’est son truc. Je le vois se redresser, l’épée toujours en main, et je sens qu’il capte quelque chose que je ne perçois pas. La lame vibre, il grogne, et je lève un sourcil.

"J'ai envie de dire, dans quelle mission ça n'a pas été le bordel? même au bal d'halloween c'était le bazar"

Je hoche la tête, même si je ne vois rien de mystique. Juste une forêt sinistre et devastée par la catastrophe de la centrale nucléaire. L’air pue la radioactivité et le danger. Dane continue, il parle d’énergie, de Baba Yaga, de tout ce qu’Excalibur lui dit. Je l’écoute, mais je ne peux pas m’empêcher de sourire quand il me parle de ma tenue. Toujours avec ses références à GOT.

"Si le winter is coming, je suis prête à me faire des marcheurs blancs radioactifs, par contre je laisse les dragons, j'ai mes limites...mais plus sérieusement, plus on avnce et plus j'ai l'impression que c'est l’enfer qui nous attend.."

On avance, prudents mais déterminés. Le Quinjet est planqué derrière nous, et la forêt nous avale dans son ambiance oppressante...rouge... Dane se fige quand on tombe sur un petit ruisseau qui semble gorgé de sang. Charmant. J’ai vu pire, mais je ne peux pas m’empêcher de sentir un frisson.

"Si tu veux mon avis, je n'irai pas plonger mes doigts dedans, c'est quoi le pire, du sang ou de l'eau radioactive?"

Je m'approche du ruisseau, et je prends quelques photos et échantillons pour le S.H.I.E.L.D.

"Je laisse ça aux scientifiques du S.H.I.E.L.D, on...dirait bien du sang...mais pas que.." je réponds, les yeux fixés sur le cours d’eau rougeâtre.

Je rebondis sur sa remarque concernant les pauvres mamies de la zone d'exclusion qui vivent dans cette zone depuis la catastrophe, isolées de tout et qui ont refusé de quitter leur maison, faute de finir à la rue.

"Si tu veux mon avis, elles seront contentes d'avoir de la visite, malheureusement certaines risquent de souffrir de troubles psychologiques et physiques à cause des radiations et de l'isolement." Je lui lance un sourire "Par contre ton acoutrement risque de les effrayer Roi Arthur."

Je me redresse pour reprendre la route vers la zone d'exlusion de Prypiat, Puis, tout bascule. Dane se retourne, Excalibur levée, prêt à tout. Et là, un homme sort des ombres, s’assoit comme si de rien n’était, et nous parle en russe.

"Привет, не паникуй, скажи нам, кто ты и что ты здесь делаешь? Ты ранен?"
(Bonjour, pas de panique, dis-nous qui tu es et ce que tu fais ici. Es-tu blessé?)

Je le fixe, je suis méfiante, c'est un soldat russe et armé. Je lève les mains pour qu'il se rende compte que je ne suis pas un danger..

"Son accent est bien Russe, ce n'est pas un Ukrainien, c'est possible qu'il soit dans l'armée de la fédération de russie." je m'avance et je sors une barre de céréale et de l'eau. "Без резких движений"(Pas de mouvements brusques)

Je dépose ma gourde et ma barre de céréale au soldat pendant que je le questionne.

"Тебе следует быть осторожным, ты находишься в зоне радиоактивного загрязнения. Если ты снимешь маску, чтобы поесть или попить, ты можешь заразиться. Как ты себя чувствуешь?"
(attention, tu es dans une zone de contamination radioactive. Si tu retires ton masque pour manger ou boire, tu risques de te contaminer. Comment te sens-tu ?)

L'homme me répond difficilement, parfois avec des phrases incohérentes, son attitude n'est pas naturelle. J'essaye de traduire les informations à Dane qui reste très vigilant.

"Il a l’air complètement perdu, désorienté. La déshydratation n’arrange rien. C’est difficile de dire si ses délires sont liés à la déshydratation ou si la sorcière est derrière tout ça. Il me dit qu'il marche depuis plusieurs jours et que son escouade l’a perdu. Ces idiots creusaient des tranchées dans la zone d’exclusion... Ils doivent être irradiés. Quand je lui parle de Baba Yaga, il devient agité, perturbé. Il dit avoir entendu des voix dans sa tête, des cris d’enfants, des explosions, et une pluie rouge et chaude comme du sang épais, il avait la sensation de s'étouffer et il s'est mis à paniquer."

Quelque chose ne va pas, je prends un peu de recul tout en regardant aux alentours.

"Qu'est-ce qu'on fait de lui? on l'examine....le supprime...ou tu veux le laisser partir..j'ai un mauvais présentiment"


Dane reste sur ses gardes, mais je sens que ce gars-là a vu des choses qui l’ont complètement détaché de la réalité. Et pour un instant, toute la tension disparaît, remplacée par l’absurdité de la situation.

Dane a l’air coincé dans sa foutue armure aujourd'hui, quelque chose le tracasse, comme un chevalier prêt pour la guerre, alors qu’on n’est même pas encore sur le champ de bataille, même si la situation était loin d'être normale. Je lève les yeux au ciel. Toujours aussi dramatique, ce Dane.

Mon attention se tourne vers l’homme qui est apparu devant nous. Il a une tête qui ne m’inspire pas confiance. Sa voix… sa voix est comme un râle, un murmure sorti d’outre-tombe.

"Je sais où je suis, ma sœur. Je suis en enfer."

Super, un autre dépressif. Comme si on avait besoin de ça en ce moment, il continue de parler, chaque phrase résonnant comme un écho lugubre dans la forêt silencieuse.

« Je vis là. J’ai été abandonné là. »

Il tousse, une toux profonde et creuse, comme si ses poumons allaient se cracher sur le sol. L’image n’est pas belle à voir. Il a l’air mal en point, vraiment. Mais quelque chose en lui, quelque chose dans son attitude me dit qu’il ne ment pas. Qu’il n’exagère pas.

« Elle me laisse survivre, en fait. Elle me laisse survivre, si je l’aide. »

Ses mots me font froid dans le dos, j'ai juste envie de lui tirer une balle dans le crane et reprendre la route. Il parle donc de Baba Yaga. La vieille peau qui hante ces forêts, si les légendes disent vrai. Le truc, c’est que les légendes, ça ne me fait pas peur. Mais cet homme… cet homme me fout les jetons. Il se redresse, tremblant, prêt à s’effondrer. Je fais un pas en arrière, par précaution. Dane, lui, ne bouge pas. Il reste planté là, figé, sous son casque.

Il me demande ce que l'homme baragouine, la voix résonnant métallique, je le regarde, haussant un sourcil.

"Joyeux Hunger games...il semble sous l'emprise de la sorcière, si la légende dit vraie, il est à l'épreuve..j'ai hâte de botter le cul à cette veille peau, elle doit déjà savoir que nous sommes là pour elle vu son état"

Dane grimace, et je vois bien qu’il ne sait pas quoi faire. Il a envie d’aider ce type, parce que c’est ce que font les héros, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas idiot non plus. Il sait que ce gars est louche. Très louche.

Je hausse les épaules. " Ça, c’est pas mon problème. Je suis pas là pour jouer les assistantes sociales Danny, qui nous dit pas que la Baba ne lui a pas demandé de nous tuer ou nous piéger?"

À peine ai-je fini ma phrase que l’inconnu se remet à parler.

" La vieille vous attend... et elle a faim. Vous avez intérêt à faire vite."

C’est alors que ça arrive. Un truc que je ne peux pas expliquer. Une vague magique, une sorte de choc dans l’air, qui me donne des frissons. La forêt change, presque imperceptiblement d’abord, puis de plus en plus clairement. Un pont apparaît, serpentant entre les arbres, s’enfonçant dans l’obscurité de la forêt. Une invitation. Une voie à suivre. Et je sais très bien qui l’a fait venir à nous.

Je tourne la tête vers Dane. "J'aime pas me sentir le dos au mur, mais j'ai l'impression que c'est une invitation, chevalier on y va ?"

On n’a pas vraiment le choix. Alors, on suit le pont. Pas parce qu’on est des héros, mais parce qu’on est là pour ça. Parce que c’est ce qu’on fait. Et parce que, quelque part au fond de moi, je me dis que j’ai envie de voir ce qui nous attend de l’autre côté. Après tout, qu’est-ce qu’un petit tour en enfer, comparé à une soirée ennuyeuse avec le S.H.I.E.L.D. ? J'avance sur ce pont précaire, nous devons avancer avec minutie. Nous avons l'impression d'être dans cette forêt, isolée du monde, pas un son ne s'y dégage, du vent, mais sinon rien, tout semble irréel, on se croirait dans la 4ème dimension de silent hill.

"Ton épée sent quelque chose, elle va nous attendre au tournant avec des épreuves à la clef"

Un silence lourd s’abat sur nous, alors que je traduis les mots du pauvre type qui se tient devant nous. Un technicien de Tchernobyl, ou du moins, quelqu’un qui en a l’air. Il a la gueule d’un gars qui a vu l’enfer et qui en est revenu avec une corde autour du cou. Il a l’air foutu, abandonné, mais c’est pas ça qui me fait tiquer. Ce qui me gêne, c’est ce qu’il dit, qu’elle le laisse vivre, qu’elle le laisse survivre s’il l’aide. La vieille peau. La Baba Yaga.

Dane, lui, devient encore plus crispé à chaque mot que je lui balance. Je le connais assez pour voir qu’il est sur le fil. Le pont suspendu, cette aura magique autour de nous… tout ça ne l’aide pas. Ça pue la sorcellerie, et je sais à quel point il déteste ça. Mais je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, parce que, d’un coup, il passe à l’action. Je le vois sortir Excalibur avec une rapidité déconcertante. La lame scintille dans la lumière morose de la forêt, et avant que je puisse dire quoi que ce soit, il frappe. Sèchement. Brutalement. L’agressivité pure dans ses mouvements. Une colère froide, glaciale.
Le crâne du type prend le coup, mais heureusement pour lui, Dane utilise le plat de la lame. Le pauvre gars s’écroule, inconscient, vaincu. Bon, au moins, il respire encore. Ça me soulage presque. Je ne suis pas là pour ramasser les corps de victimes innocentes. Si on peut encore parler d'innocence dans cette histoire.

"Ouais, ouais, on n’est pas là pour jouer aux bons samaritains, je l'aurais flingué et on serait passé à autre chose Monsieur le chevalier Ha! " je marmonne, en me passant une main dans les cheveux, agacée. C’est dingue comme ce genre de situations te foutent les nerfs en pelote. Dane avance, plus sombre que jamais. Il a l’épée en main, l’allure d’un chevalier du Moyen Âge, mais il est loin de la noble figure qu’on imagine dans les contes. C’est un homme plein de rage, de colère contenue. Et moi, je suis là, à ses côtés, à essayer de ne pas me laisser bouffer par l’ambiance cauchemardesque qui nous entoure.

Je souris, un sourire sans joie, sans chaleur. "T’es pas le seul, mon pote. La magie, c’est pour les faibles. Ceux qui n’ont pas d’autre choix que de dealer avec des trucs qu’ils ne contrôlent pas..et nous..on est là..là pour gérer leurs merdes"

On continue d’avancer sur ce foutu pont. J’ai l’impression que le bois craque sous nos pieds, mais ça doit être dans ma tête. Parce que c’est ça que la magie fait, non ? Ça te fout la trouille, ça te grignote l’esprit, ça te pousse à te demander si t’es pas déjà mort sans t’en rendre compte.

Dane parle encore, mentionne Excalibur. Je l’entends à peine. Toute cette histoire sent mauvais. Vraiment mauvais. La Baba Yaga est proche, je le sens. Pas besoin d’une épée magique pour savoir que ce genre de sorcières, c’est pire que la peste. On se lance là-dedans en pensant qu’on va s’en sortir indemnes. Le pont finit par s’achever, et on se retrouve devant la fameuse maison de la Baba Yaga. Elle est là, devant nous, perchée sur ses foutues pattes de poulet, comme dans les contes. Une invitation ? Plutôt une provocation.

Je le regarde, et un sourire ironique étire mes lèvres. " Comment ça finit, tu demandes ? Pas bien, si tu veux mon avis. Tu sais ce qu’on dit des histoires russes. Elles sont rarement optimistes. Mais… " Je scrute la maison devant nous, cherchant une faille, une idée. "Dans la légende, la gamine s’en sort en étant plus maline que la sorcière. Elle la joue rusée. Tu sais ce que ça veut dire ?" 

Je me tourne vers lui, et je hausse les épaules. " On va devoir la battre à son propre jeu. Être plus malins, plus rapides, et ne pas laisser la magie nous bouffer".  Mon regard se fixe sur lui. "T’es prêt pour ça, chevalier ? Parce que moi, j’suis pas du genre à perdre.  Elle va vouloir nous contraindre et nous mettre à l'épreuve"

Sans attendre sa réponse, je commence à avancer vers la maison. Parce que c’est ce qu’on fait, non ? On fonce, on improvise, et on s’arrange pour que la Baba Yaga soit celle qui regrette de nous avoir invités.Sans attendre sa réponse, je commence à avancer vers la maison. Chaque pas que je fais, le bois craque sous mes bottes. L’air devient plus lourd, presque oppressant. La maison de la Baba Yaga semble me fixer, ses murs tordus par la magie, ses pattes de poulet immobiles mais prêtes à bondir. Un frisson me traverse, mais je l’ignore. J’ai vu bien pire. Enfin, je crois.

Je m’approche du seuil et scrute la porte. Pas de poignée, bien sûr. Ça aurait été trop facile. Je serre les dents, ma main effleure une des vieilles planches, et je sens une vibration étrange. Génial. La maison est vivante, évidemment. Je retiens un soupir. Bien sûr qu’elle l’est.

Je recule d’un pas, analysant. Pas question de foncer sans réfléchir. La magie, c’est toujours piégeur. Faut la jouer fine. Mon regard dérive vers les fenêtres, opaques, couvertes de poussière et de toiles d’araignées. Rien de clair. Pas de vue sur l’intérieur. Je pourrais essayer de forcer, mais si je connais les sorcières russes, tout est un test.Un bruit, un frottement léger sur le bois. Il y a forcément un truc que je rate. Un détail. Une faille. J’avance encore un peu, et un léger courant d’air me fait froncer les sourcils. Une odeur âcre, familière, m’agresse les narines. Cendres. Brûlé. La sorcière prépare son terrain.

Sans perdre plus de temps, je sors un de mes couteaux et je le glisse sous le seuil de la porte, cherchant un mécanisme, une réaction. Rien. Pas encore, du moins. La patience n’est pas mon fort, mais cette fois, je me retiens. Si cette maison veut jouer, on va jouer.

Je me relève plus vite que Dane, le souffle coupé mais intacte. Pas de temps pour m'attarder sur la douleur, pas maintenant. L’odeur de chair brûlée envahit mes narines et me ramène brutalement à la réalité. Ça pue la mort. Littéralement. Mes muscles se tendent, mon instinct me hurle de me préparer. Et puis, la voix,super c’est vraiment elle...la vieille Baba, la légende des comtes, jamais je n'aurais cru qu'elle serait vraiment vivante.

Mon regard glisse vers la forme qui émerge du couloir, tordue, grotesque, vieille et pourtant bien plus puissante que ce qu’elle devrait être. Baba Yaga. Ça me donne envie de rire nerveusement, mais je me retiens. Pas question de lui donner cette satisfaction. Elle se nourrit de peur, je le sens. Et moi, j’ai pas le temps d’avoir peur...c'est pas encore halloween.

"Suka...sérieusement, c’est tout ? Pas de bienvenue plus chaleureuse, pas un petit café, l'hospitalité Ukrainienne se perd par ici ma vieille"

Je crache ces mots, le regard rivé sur elle, mes doigts glissent vers mes armes par réflexe, comme si un pistolet pouvait faire la moindre différence ici. Mais ce n’est pas le moment de reculer. Baba Yaga est devant moi et elle veut jouer.

"Désolée babushka Yaga, t’as enlevé des gosses, et j’ai pas trop le sens de l’humour quand il s’agit de ça, rends-toi si tu ne veux pas souffrir inutilement"

Je m’avance, lentement. La tension monte dans mes épaules, chaque mouvement calculé. J’ai aucune idée de ce qui m’attend, mais ce que je sais, c’est qu’on va pas jouer son jeu. J’improvise..toujours..quitte à le regretter. Derrière moi, j’entends Dane se débattre, toujours cloué au sol. Super timing, mec. Mais je ne lui en veux pas. Pas son truc, la magie, et clairement pas son jour. Moi non plus, d’ailleurs.

Je continue d’avancer, mes yeux fixés sur Baba Yaga. Pas de plan. Pas encore. Mais je vais en trouver un. Parce que c’est ce que je fais. Je me débrouille. Et cette vieille peau va regretter de nous avoir invités.

"On peut faire ça de la manière facile, ou tu peux m’obliger à te casser la gueule, choisis bien.."

Si la légende dit vraie, elle va essayer de me mettre à l'épreuve pour s'allimenter de mon anxiété et de mon stress.

Discrètement, je glisse une main dans ma ceinture, prête à déclencher une grenade aveuglante.

Je serre les dents, les mots de Baba Yaga me glissent dessus, ses menaces ? cliché, franchement. Je sais qu’elle essaie de me faire flancher, de me plonger dans cette terreur que toutes ses victimes doivent ressentir en la voyant. Mais j’ai affronté pire. J’ai vu pire.

Ses paroles en russe me frappent comme une claque, pourtant. C’est toujours ça, avec les monstres. Ils pensent que la peur va nous faire plier. Elle me balance ses horreurs, parle de me dévorer les doigts, de me torturer devant ma propre mère, mais je reste là, immobile, les poings serrés. Si elle pense que ça va marcher sur moi… elle se trompe lourdement. Ouais elle est flippante, mais toujours moins flippante que les créatures de l'hydra ou encore de Tony Stark zombie..

Et puis cette odeur de brûlé. Mon estomac se retourne, mais je ne bouge pas. Mes yeux suivent son doigt jusqu'au four, cette foutue boîte qui pue la mort et le désespoir. L’odeur me rappelle trop de choses. Des souvenirs que j’ai enterrés, des horreurs que j’ai déjà vues… mais qui ne sont pas loin. Jamais loin..derrière moi, j’entends Dane lutter, se débattre pour se relever. Son cri me transperce, mais je ne tourne pas la tête. Pas le temps. Je garde mon attention sur Baba, sur son sourire tordu, ses yeux qui brillent de malice. Elle veut que j’ouvre ce four. Elle veut que je plonge dans cette nouvelle horreur. Je peux sentir sa satisfaction de loin, comme si elle savourait déjà ma défaite.

"Tss, c’est ça, ton test ? Un vieux four et des menaces à deux balles ?" Je ricane, un rire sec et sans joie. "J’espère que tu as mieux que ça en réserve, parce que là, c’est un peu décevant.."

Je m’approche du four sans hésiter. Parce que c’est ce qu’on fait, non ? On fonce, on improvise, on affronte les monstres de front. Pas de recul, pas de pause pour réfléchir à tout ce que ça implique. Juste avancer. Une main sur la poignée, mes muscles se tendent, et je tire d’un coup sec.

Le pire, c’est que je n’ai même pas peur de ce que je vais trouver dedans.Je sens la chaleur brûlante qui émane du four dès que j'attrape la poignée. Un souffle de chaleur m’engloutit, comme une vague invisible et étouffante. L'odeur de chair brûlée s'intensifie, plus forte, plus âcre, et je réprime un haut-le-cœur. Mais je ne montre rien. Baba est là, derrière, elle attend, elle observe, avide de voir une faiblesse. Mais elle n'en verra pas. Je tire la porte du four, la chaleur me brûle presque les doigts, mais je ne lâche pas. Dedans… je ne sais pas exactement à quoi je m’attendais, mais certainement pas à ça.

Un corps. Un corps humain, recroquevillé, calciné. Les chairs sont noircies, fondues par la chaleur. Le visage… ou ce qu’il en reste. Rien qu’un amas informe de chair et d’os. Pas reconnaissable. Pas identifiable. Je me fige un instant, juste un instant. Mes poings se serrent, et l’envie de tout casser, de détruire cette foutue maison, me traverse. Baba Yaga joue avec des vies. Elle se repaît de cette souffrance, de cette terreur qu’elle provoque. Je sens sa satisfaction dans l'air, cette perverse attente, prête à me voir flancher, mais je ne lui donne rien. Je me redresse, doucement, gardant le four ouvert derrière moi. Mon visage reste impassible. Je me retourne vers elle, mes yeux plantés dans les siens.

"C’est ça, ta grande épreuve ? De la chair brûlée, des restes ? T’as perdu ton inspiration, sorcière." Mon ton est sec, presque dédaigneux, comme si je venais de faire face à la plus banale des situations.

Je fais un pas vers elle, les muscles tendus, prêts à exploser à tout moment. "Tu crois que ça va me briser ? Que je vais me mettre à trembler et pleurer ? Je ne suis pas comme tes autres victimes, Baba Yaga."

Je laisse un court silence s’installer, pour qu'elle comprenne que je suis sérieuse, je pointe mon arme vers elle avec sans froid, je peux sentir la rage qui monte en moi, mais je la garde sous contrôle. Chaque fibre de mon être est prête à exploser, mais je reste calme, concentrée. Je ne vais pas jouer à son jeu. C’est elle qui va regretter de m’avoir amenée ici.

Et je tire....

Je retiens un soupir de frustration en la voyant se relever. Bien sûr que ça n'allait pas être aussi simple. Une balle en pleine tête n’est qu’une formalité pour une créature comme Baba Yaga. J’aurais dû le savoir. Tout ici est imprégné de sa magie, de son pouvoir, comme si chaque fibre de cette maison elle-même était une extension d'elle. Mais ça ne veut pas dire que je vais abandonner. En lui tirant dessus, j'avais espoir qu'elle relâche son contrôle magique sur Dane, malheureusement il semble toujours bloqué au sol.

"Allez mon vieux, tu vas pas rester là, à faire la sieste toute la soirée"

Je garde un oeil sur le sorcière, je l’observe, ses mouvements sont grotesques, presque théâtraux, comme si elle se délectait du spectacle qu’elle offre. Ses mots m’arrivent, tranchants, incompréhensibles au début, puis un semblant de sens émerge. Elle parle de courage, de force. Elle croit que c’est ce qui me définit ? Peut-être qu’elle a raison, en partie. Mais ce qu’elle ne comprend pas, c’est que ce n’est pas juste du courage. C’est du désespoir, de la colère, et cette détermination glaciale qui me pousse à continuer, quoi qu’il arrive.

Je reste impassible alors qu’elle fait apparaître cette table au centre de la pièce. Elle veut discuter ? Très bien. Si c’est ce qu’il faut pour la distraire, pour gagner du temps, alors je vais jouer le jeu..jouons au poker...

Je fais quelques pas vers la table, lentement, calculant chaque mouvement. Mes yeux ne quittent pas les siens. Je la fixe, sans détourner le regard. " Tu respectes la force, hein ? dis-nous ce que tu veux et ce que je dois faire pour que tu libères les enfants sorcières" Mon ton est sarcastique, presque moqueur. D'un coup la sorcière devient bavarde et révèle enfin son plan, nous sommes un pion sur son écherquier. Elle nous propose de libérer les enfants en échange d'un service "Je vois..j’imagine que c’est parce que t’as besoin de quelqu’un d’assez fou pour entrer dans cette foutue forêt et affronter le seigneur de la forêt rousse pour toi. Pourquoi tu ne l'affrontes pas toi-même? "

Je laisse un court silence, juste pour la provoquer. Pour lui montrer que je ne suis pas impressionnée par ses tours de passe-passe, ses menaces.

"Et tu penses vraiment que je vais t’aider ? Parce que tu vas me "libérer des enfants" que tu n’as pas encore bouffés ?" Je penche légèrement la tête, laissant un sourire narquois étirer mes lèvres. "Qu’est-ce que tu crois, que je suis aussi folle que toi ?"

Je croise les bras, gardant un air détaché, mais chaque muscle de mon corps est prêt à réagir. Baba Yaga joue avec le feu, mais elle ne sait pas que je suis prête à tout. Si elle pense me manipuler, elle se trompe lourdement.

"Voilà ce que je vais te dire, mamie, tu veux affronter ce seigneur de la forêt rousse ? Soit. Peut-être que je t’aiderai… mais uniquement si tu acceptes mes conditions" Mon regard se durcit. "Ensuite..tu crois un seul instant que je vais te laisser repartir libre après tout ça, tu rêves."

Je la fixe, le silence s’installe à nouveau. Mon cœur bat à un rythme maîtrisé, mais mon esprit est en ébullition. Je dois gagner du temps, trouver une faille, et surtout, m’assurer que Dane s’en sorte. Mais pour l’instant, je suis prête à jouer cette partie.

"Alors, on fait ce marché, Baba Yaga ? Ou tu préfères qu’on en finisse ici, tout de suite?"....je regarde Dane qui semble toujours autant en difficulté "Dans un premier temps tu vas libérer mon copain..maintenant...ensuite on discutera"

Tout autour de moi, la maison devient un cauchemar vivant. Les murs grincent, se tordent. Le sol, qui n’était déjà pas accueillant, se transforme en pierre froide, oppressante. Et Dane… Dane est maintenant enchaîné, la bave aux lèvres. Bordel. Mon cœur fait un bond, mais mon visage reste impassible. J’ai appris à ne jamais montrer ce que je ressens. Pas devant l’ennemi.

Baba Yaga, avec ses airs de vieille folle délirante, continue son petit show. Elle joue à la grande sorcière toute-puissante, prenant plaisir à faire de Dane une sorte de pantin malheureux. Et tout ça pour quoi ? Un accord ? Elle veut un marché. Elle veut que je tue… Vlad l’Empaleur ? Sérieusement ? Le mec dont toutes les histoires d’horreur s’inspirent ? J’aurais presque ri si la situation n’était pas aussi désespérée.

Mais je reste immobile, mes yeux plantés dans les siens. C’est toujours le même jeu avec ces créatures, le pouvoir, la domination, la terreur. Sauf que la peur, je l’ai déjà croisée des dizaines de fois, je l’ai regardée dans les yeux, et je l’ai envoyée balader. Elle peut me menacer autant qu’elle veut, me balancer ses insultes en russe ou me traiter de tous les noms, ça ne change rien. C’est une vieille méthode, jouer la carte de la terreur. Mais moi, je ne joue pas, je prends une grande inspiration, les mains relâchées le long de mes cuisses. Si elle pense que je vais paniquer ou flancher, elle n’a encore rien vu.

"Vlad l’Empaleur, hein ?" je lui retorque en Russe, ma voix est posée, presque dédaigneuse. "Tu veux que je le re-tue. D’accord. Et moi je suis censée te croire sur parole, c’est ça ? Je te fais le sale boulot et tu me rends Dane, tu libères les enfants… et tu te contentes de disparaître ?"

Je marque une pause, lui lançant un regard qui en dit long sur ce que je pense de ses promesses. Cette sorcière est un vrai monstre, et les monstres ne respectent jamais les accords. Elle ferait bien de le savoir, je ne suis pas née de la dernière pluie. "Tu m’insultes, tu me menaces, tu tortures mes amis… et tu penses que tu peux me manipuler en me faisant miroiter un accord ?"

Je m’approche d’elle, lentement, mon regard plus glacé que jamais. Chaque pas est mesuré, comme si je marchais sur du verre. La tension dans l’air est presque palpable. "Je vais te dire une chose, Baba Yaga. Je me fiche que tu sois une sorcière vieille de plusieurs siècles ou que tu aies des tonnes de magie à balancer. Si tu penses que tu peux me faire peur, tu te trompes lourdement. Si tu veux un marché…" Je la pointe du doigt, presque en la défiant. "tu vas devoir prouver que tu tiens parole."

Je me tourne brièvement vers Dane, suspendu, impuissant. Mon cœur se serre, mais je n’ai pas le luxe de céder à mes émotions. Je dois rester froide, calculatrice. Si je fais un faux pas, c’est fini pour nous deux. Je me retourne vers elle, les sourcils légèrement froncés. "Libère-le. Maintenant. Et après, on parlera de ton "marché"...sans lui, plan est voué à l'échec"

Je laisse la morue réfléchir, si elle est vraiment en position de négocier, elle prouvera qu’elle est sérieuse. Sinon… je trouverai un autre moyen..

Bon… il semblerait que j’ai réussi à faire plier la vieille sorcière. Victoire, non ? Pas vraiment. Il y a encore une sacrée dose de merde à gérer avant qu’on puisse ouvrir une bouteille de vodka. Baba se lance dans un monologue à rallonge, parce qu’évidemment, une créature maléfique centenaire n’a rien de mieux à faire que de s’écouter parler. Si j'avais une balle pour chaque discours prétentieux que j’ai dû écouter dans ma vie… eh bien, disons que je serais à court de munitions.

"Jouet sexuel", qu’elle dit l'autre, je me demande comment Dane perçoit ce surnom, elle est pas gonflée la vioque. Elle croit vraiment que ses petites piques me touchent ? C’est presque mignon. Et quand elle se met à parler de la "chauve-souris " alias Vlad l’Empaleur, je dois me mordre l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire. Sérieusement ? Le Dracula de service est son grand ennemi ? Voilà qui devient absurde… mais aussi intéressant. Une chauve-souris contre une vieille chouette ? Je paierais presque pour voir ça.

Alors ouais, elle me balance toute cette histoire de Vampyrsk, de science qui "salit" les terres, de vieilles querelles entre immortels… bla bla bla. Comme si ça allait me faire trembler. À la place, je me contente de lever un sourcil et de croiser les bras, l’air le plus blasé possible. Honnêtement, j’ai vu pire à une réunion de la Red Room. Mais je la laisse faire son numéro. Qu’elle se croit encore aux commandes.

Je sens Dane à mes côtés, tendu comme un arc. Le pauvre, il a dû bouffer des kilos de poussière pendant qu’il était cloué au sol. Mais au moins, il est debout, et il a retrouvé son précieux bout de ferraille. C’est toujours ça de gagné. Quant à moi, je joue le jeu, pour l’instant. Si la vieille bique veut qu’on déloge Vlad, très bien. Une promesse de jeûne en échange de quelques têtes de vampire, c’est un marché plutôt cool dans ce foutoir, on se croirait presque dans un remake de twilight ha!.

"Ah, Vlad l’Empaleur, Vampyrsk, Edward Cullen et tout ça… c’est super, une petite chasse aux monstres, j’adore.." Je souris, un sourire qui dit clairement "je m’en fous un peu, en fait, je veux juste te faire la peau vieille truie". "Mais soyons clairs, Baba, si on te débarrasse de ta chauve-souris préférée, tu tiens ta promesse..tu libères les gosses, tu laisses Dane tranquille, et tu te trouves un autre hobby que de terroriser les pauvres gens avec tes rituels de grand-mère démoniaque. Ça marche ? la contre partie, je te laisse faire tes saloperies de vieille sorcière avec les démons, méchants, tarés, criminel, des âmes corrompues..deal?"

Je marque une pause, le regard toujours planté dans ses yeux vides et terrifiants, et je continue sur un ton faussement léger. "Oh! et une autre chose, essaie encore une fois de m’insulter ou de t’en prendre à mon jouet, et je te garantis que tu finiras pas par jeûner… tu finiras au régime sec." Mon sourire s’élargit, un sourire parfaitement inoffensif. Enfin, presque..une menace signée Belova.

Voilà. Le message est passé. Maintenant, tout ce qu’il me reste à faire, c’est d’espérer que la vieille croûte tienne sa part du marché, et qu’on réussisse à mettre la main sur ce fichu Vlad. Un autre mardi, quoi. Je me tourne vers Dane pour l'aider.

"Alors mon sex toy tu t'es bien amusé par terre? allez je vais avoir besoin de toi pour la suite"