Ceci est une republication d'un billet rédigé sur DC-Earth à l'origine.
Bonne lecture à ceux qui ne l'auraient pas déjà lu et prendront la peine de le découvrir ici !
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L'adaptation en série (
Marvel's Runaways chez Hulu) venant de boucler sa première saison sur les chapeaux de roues et une seconde ayant déjà été commandée à l'heure où j'écris ces lignes, je me suis dit que c'était peut-être le moment de vous parler d'une de mes séries préférées de la Maison des Idées, à savoir...
RUNAWAYS
« Try not to die ! »
Les Fugitifs étant donc la traduction choisie pour la publication française officielle (mais en bon snob pseudo-bilingue, je préfère bien entendu le titre original).
Je souhaite commencer en disant que je n'aime d'ordinaire pas les lectures mettant en scène des héros
trop jeunes : par exemple je n'aime pas du tout la « nouvelle vague » de héros Marvel qui consiste à remplacer des vétérans par des adolescents (Nova, Iron-Man etcaetera).
La première raison à cela est que le choix d'utiliser cette tranche d'âge se fait souvent pour cibler un lectorat qui s'en rapproche plus que parce qu'on a des choses à dire avec. Ce qui est à mon sens une grave erreur, car l'adolescence est un âge très difficile à écrire : il est facile de rendre son personnage soit trop adulte, soit trop enfantin, sans réussir à trouver de juste milieu.
À mon sens, Runaways est l'une des rares séries qui parvient à nous présenter non pas un mais
plusieurs adolescents, et à le faire bien. J'irais même jusqu'à dire que quiconque a traversé cet âge si complexe dans les années 90 ou 2000 aura du mal à ne pas s'y retrouver ne serait-ce qu'un petit peu. Si la série n'est tout de même plus si récente (les premiers tomes étant sortis en 2003), c'est juste assez pour lui conférer un certain charme nostalgique.
Un autre de ses attraits est qu'elle se déroule « en marge » de l'univers Marvel : ça apporte à la série une relative simplicité qui n'est pas permise à des titres de premier plan. S'il arrive bien sûr aux Runaways de croiser des autres personnages où équipes, ceux-ci seront le plus souvent secondaires (Cloak & Dagger, ou encore les Young Avengers pendant Civil War) tandis que les plus grands se réduiront à des rapides mentions ou à des caméos.
Ainsi, la lecture peut se faire indépendamment du reste, ou presque ; c'est - je pense - une bonne chose quand on se met tout juste aux comics et qu'on ne veut pas aller se perdre dans les ramifications et autres connexions entre les séries comme c'était mon cas à l'époque.
Et donc, de quoi est-ce que ça parle ?Runaways, c'est, à la base, l'histoire de six adolescents de 12 à 17 ans (Alex Wilder, Nico Minoru, Karolina Dean, Chase Stein, Gertrude Yorks et Molly Hayes) qui se connaissent depuis l'enfance. Tous les ans, leurs parents - tous assez aisés - se réunissent chez l'un d'entre eux pour organiser une collecte de fonds : les enfants se retrouvent donc entre eux pendant qu'ils s'occupent de leurs affaires.
Ceux-ci ne sont d'ailleurs pas forcément ravis de se retrouver coincés les uns avec les autres, si bien qu'ils s'ennuient ferme - et décident, d'un commun accord, d'aller jeter un oeil à ce que font les adultes pour passer le temps.
Quelle n'est donc pas leur surprise quand leur petite séance d'espionnage les amène à découvrir leurs parents en costume ; et s'ils pensent tout d'abord avec enthousiasme que ceux-ci sont des héros, ils déchantent rapidement en les voyant procéder au sacrifice rituel d'une victime d'à peu près leur âge.
Bien évidemment choqués par cette découverte, les membres de leur petit groupe vont alors fuir leurs domiciles respectifs. Car si l'incrédulité est de mise, ils n'en comprennent pas moins que leurs parents représentent un danger et doivent être arrêtés.
Hélas, ils sont les seuls à savoir - et qui irait croire une bande de gamins prétendant que leurs parents sont des super-vilains sans preuve à l'appui ? Livrés à eux-mêmes, ils n'ont alors d'autre choix que de prendre personnellement les choses en main.
Et pour avoir le moindre espoir de réussite, encore leur faut-il trouver un moyen de se défendre - ce qui sera l'occasion pour eux d'apprendre qu'ils ne sont pas aussi
normaux qu'ils pourraient le croire...
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Vous l'aurez compris, le début de la série se concentre sur l'opposition parents-enfants, ce qui la rend un peu manichéenne de prime abord mais n'est pas forcément dérangeant : une vision du monde en noir et blanc est au final assez raccord avec l'âge des protagonistes.
(J'en profite d'ailleurs pour souligner la qualité de la série, qui - à ma grande surprise - a su apporter de grosses nuances à ce niveau-là, entre autres retouches, sans pour autant dénaturer l'esprit du comics : ça mérite qu'on en parle.)
Néanmoins, le ton, l'atmosphère propre à la série demeurera le même dans les séries suivantes (la dernière en date étant encore en cours, commencée il y a tout juste quelques mois). Les Runaways ne sont pas des héros : c'est une bande d'ados paumés (et plus tard jeunes adultes tout aussi paumés) qui se retrouvent « sans rien » après s'être rebellés contre leurs parents et ne peuvent compter que les uns sur les autres pour survivre (tout en faisant un peu d'héroïsme par-ci par-là).
Sans costumes ni noms de codes (du moins les délaisseront-ils très vite), ils se trouvent, comme je l'expliquais plus tôt, dans une position très « extérieure » au noyau de l'univers Marvel : ils se considèrent eux-mêmes comme des touristes et ne souhaitent en aucun cas prendre part à des conflits dont l'ampleur les dépasse (notamment Civil War, quelques chapitres d'une de leurs séries y étant d'ailleurs consacrés).
Le jeune âge des protagonistes (et les problèmes qui vont avec) remet sans cesse en avant leur humanité, avec toutes les peurs et les doutes qui la composent ; malgré les capacités qu'ils possèdent, (qui sont d'ailleurs très diversifiées) ils restent au fond des adolescents lambdas, témoins plus qu'acteurs de tout ce qu'il se passe autour d'eux - même si ça ne les empêche bien sûr pas de vivre leurs propres aventures à un niveau plus modeste (quoique), bien loin des enjeux cosmiques de celles de leurs ainés.
C'est par ailleurs la seule série où vous pourrez voir le Punisher se faire étaler par une gamine de douze ans : que demander de plus ?
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