The Mercenaries 2 : Prey today, Change tomorrow (Domino/Cable)

[Chronologie RP : ce sujet fait suite à : https://marvelcomicsearth.forumactif.com/t80-the-mercenaries-cable-domino et prend place dès le lendemain]

“ S'il est quelque joueur qui vive de son gain,
on en voit tous les jours mille mourir de faim ”

- Jean-François Regnard, dramaturge français (1965 - 1709)


Une planque aveugle sur la carte, établie autrefois par un vieil homme nommé Nathan Dayspring Summers - surnommé l'ancien par Nate, mais nul autre que l'homme qu'il deviendra à travers le temps.
Cable s'y sent suffisamment à l'aise, même si dans sa chronologie il n'y avait encore jamais mis les pieds, encore moins l'avait-il mise en place. Il deviendra l'homme qui le fera. Les germes de la façon de penser de celui qui installera tout ça sont déjà présents dans son esprit, et rendent tout le local extrêmement familier. Intuitif.

Cable et Domino se sont retrouvés (pour l'une, à nouveau, l'autre pour la première fois) en ce point du temps où sévissent l'adolescent et la jeune femme, tous deux engagés dans une carrière de mercenaire.
Tous deux envoyés en Oregon apparemment par la CIA.
Nate et Neena y ont ensemble risqué leur vie pour éteindre un vilain secret.
Ils y ont risqué leur vie.
Face à de terribles cyborgs traqueurs de Mutants, ils ont (re)formé un lien.
Partenaires, au combat.
Peut-être amis à la vie.
Certainement pas amants, comme Domino l'a vécu avec l'ancien et en fait part à son jeune allié de fortune.
Partenaires. Même le contrat rempli, leur mission n'était pas terminée.

Cable a laissé le lit-de-camp à Domino.
Après que celle-ci l'ait laissé seul avec cette bombe : il était l'image rajeunie de son ex.
C'était franchement perturbant pour le jeune Mutant.
Il avait senti les phéromones, la facilité de communiquer et d'agir de concert.
La confiance vite installée entre eux était frappante, et pour cause.
Un jour, ils seraient ensemble - ou l'avaient été - peut-être dans ce lit.
Ça avait quelque chose de... dégoûtant ? L'ancien, quoi !
Cela avait passé à Nathan l'envie, et la convenance, de regarder Domino dormir.

Après une nuit de recherches et de tentatives d'éliminer les fausses pistes (Dieu que les gens corrompus vont mouiller dans d'innombrables affaires sales) il a fini par recouper un nom, franchement loin d'un nom important, et deux endroits dont cette montagne qu'ils avaient fait sauter juste la veille.

"David Andrews. Né à Youngstown, Ohio et il a développé une sale habitude de se rallier à toutes sortes d'extrêmes parfois très différents, sur les réseaux sociaux. Et ce, jusqu'à grosso modo l'an dernier. D'après les miettes virtuelles, il aurait été déployé dans une base non documentée située dans le Sud du pays. Il aime le nutella, les filles aux yeux vairons et pour le reste, tout ce qu'on lui dit de porter aux nues. C'est un gamin dangereux comme on en trouve dans l'armée comme ailleurs, sauf que ses communications avec son frère l'ont grillé. Il est sur certains radars et très honnêtement, je me demande si on ne nous a pas laissés le trouver pour... les mêmes raisons que la montagne est devenue un tas de pierres chaudes."

Nate avait déversé son flot verbal aussitôt que la silhouette de Domino se dessina debout et hors de la pièce servant à prendre du temps de repos.
Sa voix était calme, mais il était clairement fatigué.
Il avait poussé ses hormones à le faire tenir debout la veille, avait dû supporter l'équivalent de la pire fièvre infectieuse grâce à ça, mais c'était passé et la rechute en terme d'énergie s'était faite pendant la nuit. Le garçon avait tenu uniquement à la lumière artificielle de l'holo-écran et au café soluble.

"Un café ?"

Un sourire sec mais sincère accompagna le fait de lui tendre sa tasse, après vérification que le virus t/o ne traînait pas sur le bord.

"Il reste une chance évidente que tout ça soit l'oeuvre d'un genre de lanceur d'alerte qui agit en souterrain. J'en sais rien... Mais sur cette autre base, si on ne casse pas tout, tout de suite, nous devrions pouvoir remonter plus haut."

S'il avait l'air perdu, c'est qu'il l'avait mentionné la veille : les intrigues de cabinet noir, ça ne lui était pas encore coutumier.
Tout du moins pensait-il savoir où aller.
Il savait qu'ils le devaient.
Parce qu'une fois qu'on pense avoir échappé à un piège, il faut pouvoir reprendre sa route l'esprit tranquille, et pas avant.

Aux questions de Domino, Cable sourit.
Il avait un plan.
Le genre de plans bien barré qu'on obtient avec pas mal de fatigue physique et de privation de sommeil.

"Nous le saurons bien assez tôt."

Domino accepta son café tendu par le jeune Summers, avant de renoncer à se faire bouillir les boyaux avec.
Elle lui indiqua être prête à lui laisser son tour de sommeil, ce à quoi le garçon déclina.

"Non, merci ça ira... Neena."

Il l'avait entendue se réclamer de ce prénom, la veille.
L'ombre d'un sourire timide semble planer un instant, avant de s'éteindre très vite.
Son visage parut alors fermé, aussi têtu que n'importe quel garçon souffrant avant de reconnaître ses limites.

"Ce ne serait pas du bon sommeil.
Avec toute la caféine et les données qui transitent dans mon système... une, surtout : je sais qu'on est dans la journée."

Têtu, même dans les mécanismes du cerveau à mieux dormir la nuit que le jour, incluant dans une pièce sans fenêtres.
Comme quand on est pressé pour surprendre l'adversaire, mais qu'on doit éliminer pas mal de toxines de son système.
Inclus la caféine, mais aussi la fatigue.

"En fait.
On a tout le temps du monde.
Personne ne viendra nous déranger ici.
Aujourd'hui ne va pas disparaître... On n'aura qu'à le retrouver plus tard."

L'expression chaque chose en son temps peut avoir des significations vraiment bizarres pour un voyageur temporel.
D'une voix posée, il enchaîna sans transition.

"Entraînons-nous."

Passant la main sous un établi, Nate en libère deux armes factices.
Des armes d'entraînement, imitant la forme et le poids des psimitar des Askani et du Clan Chosen.


Semblables à des javelots ou des armes de lancier, ces objets parfaitement équilibrés sont la signature des alliés futuristes de Dayspring. Ils n'étaient factices que dans la mesure où ils n'amplifiaient pas le potentiel psionique de leur porteur. Pour le reste, ces psimitars d'entraînement demeuraient tout à fait mortels et aiguisés.

"Ensuite, on va remonter le fil de ce gosse.
De toute sa vie s'il le faut.
Et nous reviendrons à ce moment précis, ce matin...
Quand nous nous serons préparés pour ce qui nous attend là-bas."

Est-ce que c'était un abus de la timeline ?
Eh bien...
Ce n'était certainement pas très juste envers ceux qui s'étaient bien fichés de leur trogne.
Mais Cable n'était-il pas venu à cette époque afin de corriger le tir - tous les tirs qu'il fallait - quel qu'en soit le prix.

Ils avaient eu de la chance de s'en tirer la première fois.
Comme si quelqu'un avait joué aux dés en pariant sur leur victoire - ou moins gros, sur leur défaite.

Nathan se mit en garde, portant son psimitar d'une façon qui saurait éveiller quelques réminiscences chez l'ex du vieil homme.


Il savait Domino joueuse, mais ignorait encore quel prix serait misé lors d'un tel match.

Ouvrant une trappe, il les envoya tous deux dans une salle d'entraînement située immédiatement en-dessous.
Espaliers, fonte, des caisses d'accessoires type corde et élastiques, et surtout : des tatami sur lesquels ils atterrirent.

Nate et Dom se réceptionnent tous deux sans difficultés sur le tatami.
À croire qu'ils sont nés pour ça.
Mais, non.
Ils ont été formés, forgés, pris à leurs familles pour cela.

Neena évoque de la nostalgie, au sujet du Psimitar.
Pour Nathan Summers, c'est encore tout récent.
Quelque part, c'est sa zone de confort, bien plus que les armes à feu à ce moment de sa vie.

Le psimitar a été la planche de salut de tout son peuple.
Le moyen de canaliser les ultimes énergies des siens pour mener leur dernier combat.
Pas sûr qu'il ait le dessus une nouvelle fois.
Domino est en veine, ici.
Elle a été entraînée à la dure.
La Mutante le reconnaît, on l'a obligée à bien connaître cette arme au cours de son entraînement.
Par le meilleur.

Il savait déjà ce qu'elle allait dire.
C'était flatteur, et pas très prometteur pour remporter le combat.
On avait là une femme qui se battait pour gagner sa vie, entraînée par un maître Askani.
Par Cable.

"Nnh. L'ancien..."

Nathan bloque le premier mouvement.
En opposant son Psimitar, fermement tenu de ses deux mains, à celui souple d'abord balancé par le côté.
Avec force.
Avec une stabilité et une rigidité...

... Qui sont au bénéfice de Domino, puisqu'elle enchaîne avec une frappe aussi agile que dangereuse.

"... t'a bien appris !"

Le coup tranche l'air lui-même dans un bruit caractéristique.
Cable sent la pointe aiguisée lacérer le col de son habit.
Il fend lui-même l'air de bas en haut, de toute sa masse, ayant déplié ses jambes avec vigueur.
Sa masse croise celle du psimitar adverse dans les airs dans une ascension rotative.

Utilisant le poids de son propre psimitar, tel un gouvernail, Summers s'abat au-devant de Domino, le bâton de son arme recouvrant la sienne flanquée de paille de riz éventrée.

Il regarde retomber lentement la peluche d'étoffe ciselée par sa partenaire, et l'attrape dans un geste rapide.

"Premier sang, bien joué !"

D'un geste sûr, il libère la main tenant son arme afin de projeter celle-ci dans la paume de l'autre, laissant le bout d'étoffe terminer sa descente.

Puis, il envoie un coup circulaire de sa lance, au niveau des pieds.
Une balayette.

Suivi d'un moulinet des deux mains annonciateur d'un coup d'estoc.
Avant d'espérer atteindre sa cible, le jeune Mutant redresse brutalement sa pique, certain de bloquer le bout avec l'extérieur de sa cheville droite et de coincer l'extrémité la plus menaçante près de la gorge de la mercenaire.

Si cela fonctionnait, une simple rotation donnée à son pied ferait basculer Neena lourdement sur le sol... Du moins c'est l'idée.

Lorsqu'une Domino pourtant en position agile de supériorité dépose son arme, Cable fonce les sourcils.
Interdit, confus devant le psimitar d'entraînement planté face lui, il tarde alors à réagir par la suite.
Domino change les règles.
Elle le désarçonne par son changement de médium et par ses paroles.

Déprécier l'adversaire est une tactique courante avant et pendant un combat, souvent utilisée pour que l'élève se dépasse.
Cela permet surtout de rentrer dans la tête de son rival et le conduire à faire des erreurs.
Nathan en apprendra sûrement ici la leçon.
Gonflé d'orgueil, le télépathe s'agace, dissimulé derrière un sourire de façade.

"Peur de me blesser ?... Lourde erreur !"

Dayspring attrape deux poids divorcés d'avec la barre de musculation maniée par Domino, et les jette tels des frisbees.
Les répliques cinglantes, une spécialité des héros de cette époque, sont un excellent conduit de la force morale.
Fort, il ne l'est pas.
Pas comparé au Cable vieil homme.
Canalisé, il l'est déjà, mais clairement Neena le mène par le bout du nez.
Cable se fatigue.
La caféine le pousse à bouger de façon brusque, mal dosée.
Il oscille entre perdre son agilité et son efficacité.
Bouger élimine les toxines et fait oublier la fatigue.
Mais pas assez vite pour s'assurer d'avoir le dessus, ici.

La respiration est lourde. Saccadée.
La sueur embrume déjà ses sourcils.
Ses paupières mobiles viennent faire exploser quelques gouttes salées.
Sa vue s'éclaircit, en une fraction de seconde - de trop.

Ses nerfs à vif lui font parer la prochaine attaque, plus que son esprit.
Il a déjà perdu, vu que ce n'est plus sa tête qui dirige la charge.
Il le sait, et il le doit à son éducation de le reconnaître.

"Hnngh...! Stop !!"

Dans les étincelles qui voient le tranchant de l'arme d'hast se frotter à la barre de fer, il pousse autant sur sa force que sa voix.
Sa position est arquée ; son corps tendu et crispé.
Nathan pousse en mode force brute pour être reconnu dans son abandon plutôt que dans la défaite.
Un but sans honneur, mais dont la valeur réside en la survie.
Se défoncer c'est bien, mais pas s'esquinter.
Pour autant, son corps caféiné pousse sur la lance.
Il ne veut pas céder. Il ne veut pas rompre.
Il veut être entendu, et que Domino accepte le forfait.

Sa sueur, sa salive et les copeaux de métal frotté maculent le tatami.
Il a proposé l'entraînement, sous ses conditions.
Domino a repris le dessus sur celui qui serait un jour son maître.
Comme un chien tenant son os, celui-ci attend sa claque pour reconnaître l'autorité de la Mutante, alors.

Spoiler:

Elle avait réveillé son orgeuil, c’était ce qu’elle avait voulu. Il puisait davantage dans sa force physique pour la vaincre et son arme si elle est équilibrée, n’en demeurait pas moins lourde. Nathan a déjà l’habitude de porter des armes d’un poids qui ferait tourner de l’oeil pas mal de jeunes garçons de son âge mais c’est différent. Il ne soutient pas une charge parfois aidé d’une lanière. Il fait des grands mouvements pour manier sa lance, l’envoyer rapidement d’un point A à un point B. C’est plus fatiguant et pourtant ce n’était pas cela qu’elle avait recherchée.

Elle ne l’avait pas provoqué Nathan pour qu’il se fatigue, n’en aurait pas espéré tant à vrai dire. En faisant cela elle avait cherchée à se rassurer elle surtout. Elle espère que celui qu’elle à connu est déjà en face d’elle, car elle aura besoin de lui. Comme tous les mutants sur cette terre, qu’ils l’acceptent plus ou moins bien. Il lui avait jeté des poids comme des frisbee et elle les avait esquivé, l’un d’eux ne passant pas très loin. Elle se fatigue elle aussi car la barre d’acier qu’elle porte est lourde et cela explique qu’elle ne tente que peu d’attaque avec elle. Neena pratiquait la course de fond régulièrement c’était grâce à cela qu’elle pouvait tenir longtemps sur des champs de bataille et solliciter ses muscles en permanence. Mais...ses pouvoirs de mutante s’arrêtent à sa chance. Physiquement elle a ses limites et ses bras lui font mal.

Domino triche un peu malgré elle. Sa chance lui a permise d’éviter la défaite un peu plus tôt et c’est un pouvoir qu’elle ne choisit jamais d'appeler, c’est bien cela le problème. Mais Nathan ne triche pas pour autant lui, il n’utilise pas ses dons psychiques pour prendre l’ascendant. Ce serait si facile pour lui, il n’y aurait même pas eu de combat. Pourtant il continue ce jeu truqué avec elle, ce combat de RPG sur table avec une joueuse au dès 20 pipé. Parce que c’est un survivant, qu’il ne lâche rien. Qu’il accepte la souffrance, la peine, l’adversité qui triche même, pourvu qu’il en tire quelque chose qui le fera grandir. Il s’épuise mais il est toujours là et il veux qu’elle abandonne. Elle le voudrait elle aussi car elle est fatiguée aussi mais se le refuse. Car elle veux lui apprendre cette petite leçon là.

Soudain elle s’approche de lui et esquive une attaque de la lance de Nathan, saute et utilise sa barre d’acier comme une courte perche pour se projeter en avant. Elle laisse cette "arme" qui n'en avait jamais été une à cette endroit et fait une roulade sur le sol, puis se redresse en posant une main sur le psimitar qui n’avait pas bougé de place depuis qu’elle l’avait posé là. Utilisant l’inertie elle tourne autour de la barre et atterrit sur le tatami en la décrochant pour le ramener devant elle et frapper.

“Hop!”

Elle donna un coup du plat de la lame sur le cul du garçon, avant de la lâcher sur le sol en écartant les bras. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres noires mais elle est bien fatiguée et transpirante elle aussi, pas besoin de lire dans son esprit pour le voir.

“D’accord...j’arrête.”

Quelle équipe de football n’accepterait pas d’arrêter le match une fois son but marqué. Elle garde bien les mains levées pour montrer qu’elle ne tentera rien de sournois.

“C’est quoi la leçon que tu tirerais de çà?”

Qu’il a perdu patience? Qu’il manque de muscle? D’endurance? Non. Non, non et non. Dans tous ces domaines il avait ce qu’il lui fallait pour la battre et mieux que cela...il était jeune et plus rapide que le Cable qu’elle avait connue. Cela faisait peu de temps qu’on lui avait appris à manier cette arme et son entrainement était encore très frais. Il aurait normalement eu tout pour gagner et elle le savait, sa chance ne la rendait pas imbattable. Il avait déjà le contrôle de soit. Il avait la force. Il avait la condition physique. Mais il y avait un moyen de perdre tout cela à la fois.

“Tu as négligé l’impact du manque de sommeil sur ton jugement, ton temps de réaction et ta tonicité. Ton esprit peut faire plein de choses et tu le sollicite même pendant ton sommeil Nathan, je le sais bien. mais tu as voulu repousser tes limites en refusant un repos réparateur et…”

Elle baisse ses bras et lui sourit.

“...Même toi tu as besoin de te reposer de temps en temps. Tu peux attendre beaucoup de ton mental mais n’oublie pas que ton corps ne pourra plus le suivre parfois. Alors...finalement...tu es sûr que tu ne veux pas aller dormir?”

Son sourire grandissait mais cela lui laissait un sentiment étrange de lui parler ainsi, et elle espérait qu’il ne penserait pas qu’elle se prend pour sa mère. Ce ne serait pas très sain à vrai dire. Elle n’avait pas non plus la prétention d’être son maître dans le maniement du Psimitar. Mais si au moins elle pouvait lui servir de garde-fou...alors elle endosserait ce rôle jusqu’à ce qu’il le soit moins.

La défaite est humiliante, mais méritée.
Recherchée, sur la fin, car jugée par Cable pour sa part inévitable.

Domino a utilisé les ressources qui se présentaient à elle, avec brio.
Nate est, faute d'un meilleur terme, soufflé.

Le souffle rauque, Nathan accepte de rendre les armes quand Domino concède à arrêter.
Celle-ci le questionne, à l'instar d'un maître.

"Une leçon...? C'était juste un entraînement."

Bien qu'ils aient utilisé les armes rituelles, ils n'étaient pas dans le contexte d'un apprentissage Askani.
Nathan n'avait pas cherché à apprendre.
Enfin, en partie.
Il avait voulu raffermir le fait que sur les terrains, les choses pouvaient sembler facile. Parce qu'on n'y avait pas le choix.
Il devait choisir de s'entraîner dur, tout le temps.
Domino aussi et comme il le découvrait, c'était le cas.
Avec un tel don mutant dans son camp, c'était facile de se rallier à des victoires par des coups de chance.
Il avait eu ni plus ni moins que la leçon d'humilité qu'il cherchait.

Le fils Summers acquiesça momentanément aux propos de Neena comme quoi l'esprit ne valait que si le corps pouvait suivre.
Il était d'accord sur ce point.
Il s'était malmené avec un abus de ses pouvoirs la veille, puis d'avoir veillé toute la nuit pour enchaîner la mission.

Cependant, lorsque Domino suggéra fortement qu'il devait se reposer maintenant contre son propre avis, son visage se ferma.

"Non."

Était-il encore un enfant, pour être bloqué au stade de la dénégation capricieuse ?
C'était à croire que oui.
Nathan secoua la tête.
Il était vraiment fatigué, et toujours énervé par la caféine.
Le jeune télépathe fit une sorte de signe de croix en diagonale, la marque du X chère à ceux qui vénèrent le rêve de Xavier.

"Xavier m'en préserve, je tiendrai jusqu'à ce soir."

Il venait de se prendre une gentille dérouillée de sa comparse plus expérimentée.
Une leçon de son expérience était passée, même si elle avait l'humilité de ne pas se l'attribuer - et la condescendance de le sermonner. Un soldat se devait de se montrer raisonnable, mais la situation ne l'exigeait pas à ses yeux. Alors, il tiendrait.

Nate tira un levier afin d'activer plusieurs mécanismes.
Le premier retira tous les tapis vers les côtés.
Un second déclencha un monte-charge qui les reconduisit à l'étage supérieur via la trappe.

Dès qu'ils furent à quai, il entreprit de tituber jusqu'à son frigidaire en évitant bien sûr le filin tendu.
Il envoya deux bouteilles d'eau fraîche à Domino et en prit deux pour lui.
Puis d'une commande mentale il déplaça par télékinésie deux serviettes de sport vers son alliée et lui-même.
Il s'essuya vivement le visage, le torse et les bras à travers ses vêtements.
Enfin, ses doigts métalliques se refermèrent sur une poignée de rations qu'il apporta sans encombre dessus une table de travail.

"Le frère se nomme Robert Andrews.
Un prénom tout aussi commun que David, mais en ayant leur ville natale c'est assez pour tirer le fil de leur vie jusqu'à notre point de chute, en fait."

Il mâche bruyamment plusieurs fois dans les barres nutritives.

"Évidemment, on a leur âge et les écoles fréquentées grâce aux réseaux sociaux.
Il serait intéressant de comprendre à qui nous avons à faire, déjà pour savoir si l'un des deux peut être notre taupe et ensuite, parce que les morts d'hier et probablement d'aujourd'hui seront peut-être à cause d'eux."

Bien sûr, il ne s'agissait pas dès maintenant de bondir dans l'action, même en visant la discrétion de la surveillance.
Il était obtus, mais pas stupide.
Comme ils l'avaient mentionné, ils avaient littéralement tout le temps du monde.
Il ne s'agissait simplement pas de le gaspiller.
L'exercice ravive l'esprit, et si bientôt la fatigue influera sur ses muscles, là ils sont en feu et son esprit surexcité aussi.
Ce qui augmente sa confiance en lui.
Trop, peut-être.
Mais là, le risque est minimal.
Ils n'essaient pas maintenant de changer le monde.
Il veut juste préparer étape après étape d'une intervention sensible et pratique.

"Ordinateur, cherche les morts récentes répertoriées par les services de renseignements et forces armées dans les dernières vingt-quatre heures...
Et tout signalement correspondant à Yuriko Oyama, nom de code : Lady Deathstrike."

Nate y va mollo avec la surcharge d'informations.
Il n'est pas en état d'en traiter des tonnes.
La surexcitation nerveuse pourrait éveiller son intérêt sur un détail apparemment plat, mais il ne cherche pas à l'amplifier.

En outre, son manque de concentration induit par les dernières vingt-quatre heures lui a permis de songer à Deathstrike.
Elle est sûrement là, quelque part, peut-être à suivre la même piste qu'eux - ou dans la rubrique nécrologique.

Il ne goûte pas vraiment la manière dont elle s’dresse à lui et il y a de quoi. Elle se pose alors cette question intérieurement: Est ce que s’il n’avait pas l’air d’un ados encore au lycée tu lui aurais parlé ainsi? Te serais tu adressée à lui avec le terme de “ Leçon”? Elle avait déjà la réponse. Aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre des années, et Nathan Dayspring Summers est une âme qui naîtra bien. Elle avait eu tord de lui parler ainsi.

Ils remontent à l’étage et il lui donne de l’eau comme des serviettes pour s’essuyer, ce qu’elle fait sans trop se faire prier. Il apportât enfin à manger et Domino lui piquait le siège dans lequel il avait passé la nuit ainsi que quelques rations qui n’étaient évidement pas tombées devant son nez par hasard. Ces instants de silence après leur entrainement sont nécessaires, tant pour reprendre son souffle et retrouver un peu de calme que pour digérer ce qu’ils ont pu se dire. Ils se font la gueule en somme, même si c’est parfaitement officieux et qu'elle le niera si il demandait. Ce serait mignon si ce n’était pas aussi tristement pathétique. Il brise finalement le silence pour parler de l’entourage de la cible. Les morts qui avaient eu lieu la veille à cause de ces gars là? Oui c’est plus agréable de se dire cela que de se rappeler que c’est elle qui appuie sur la détente. Elle acquiesce en hochant de la tête à la verticale entre deux bouchées de ration. Il questionnait ensuite son ordinateur et celui ci lui apportait des réponses.

Code:

-1 meurtre barbare de policier à Portland, un ou une mutante avec des armes blanches est suspecté et quelques groupuscules anti mutants en Oregon liés à l'extrême droite  s'échauffent.

-1 Incendie rapidement éteint dans les montagnes par un bombardier d’eau, l’Oregon est très sujet aux incendies de forêt mais ce n’était pas la saison et les fortes pluies ont empêchées que celui ci ne dégénère. Le FBI a déclaré la zone interdite.

Il était paradoxal de se dire que même si elle n'était pas née mutante Yuriko Oyama en était maintenant arrivée a être traitée comme eux, servant de cobaye pour des expériences et étant prise pour l'un des leurs là où elle passait. Ce qui ne faisait pas de bien à leur réputation déjà bien écornée il faut dire, mais est ce que ce n'était pas çà qu'on appelait le karma?

Lorsque l'ordinateur apporta les nouvelles pertinentes demandées, Nathan garda d'abord le silence.

Il ne réagit pas à la mention évidente de Lady Deathstrike, même si la mort d'un officier et ses conséquences n'avaient rien de léger. Des groupes de haine locaux se chargeraient d'amplifier la spirale anti-mutante. Cable en resta songeur, se demandant non pas si cela allait s'arrêter un jour - mais dans quel camp tomberait Yuriko.

Il fut davantage intéressé par l'établissement d'un périmètre et par l'autorité supposément en charge de le maintenir.
À tort ou à raison, cela lui parut louche.
Téléphoné, en fait.
Manifestement, des services de l'État allaient debrieffer l'événement.
Pour effacer les traces et distribuer les blâmes, sans doute.
Peut-être pour des raisons plus... intéressées.

Cable leva un index en l'air.

"On pourra passer voir les trombines de l'équipe de nettoyage... Et peut-être que cela éclaircira un point ou nous donnera une indication sur qui en a après qui dans tout ça."

Vu le froid qui s'était installé entre eux deux depuis leur combat d'entraînement, se mettre en colère ne serait pas du luxe.
Car, oui, c'était froid.
Leurs passes d'armes avaient causé un malaise entre Nate et Domino.
Leurs rapports étaient froids, si bien que le silence ne faisait que se briser par à-coups.

"Une courte visite, une simple projection de nos esprits, que je me chargerai de protéger."

Dayspring sait les réticences de sa partenaire de circonstances.
Il la sait mitigée face à l'exercice de ses capacités, après les épreuves de la veille.

Il ne tient pas à lui forcer la main, mais il espère ne pas avoir à le faire.

En finissant de chiffonner un emballage de rations, le jeune homme s'éclaircit la voix.
Un raclement, suivit d'une petite toux.
Et, enfin, il cherche à mettre la chappe de silence en pièces.
Sans cris ni violence, fût-elle symbolique.

"Bref, quoi qu'il en soit, hum..."

Nate cherche ses mots, et le ton juste, aussi.
Il insinue un lien encore ténu entre eux.

"J'voudrais dire un truc, en fait."

Le regard du Mutant se voile quelque peu.
Pas de larmes, mais du flou de ceux qui plongent dans leur expérience difficile et personnelle.

"Depuis tout bébé, j'ai été trimballé d'un champ de bataille à un autre. Et... C'est comme ca."

Le ressentiment n'est pas à l'ordre du jour.
Il ne lui serait pas destiné, de toutes façons.
Le ton est à la confidence, mais pas seulement.

"Mais... Si je suis dans ce temps, dans ce présent, c'est aussi pour choisir mes combats."

Il laisse un court silence.
Pas une hésitation.
Un temps de latence, pour laisser ses mots réchauffer son discours.

"... Mes partenaires, aussi."

Un sourire se glisse au coin de son visage.
Puis, un air expressif forme et déforme la face de bambin du fils Summers au gré des évocations.

"Si j'ai choisi de prendre la mission pour le gouvernement, c'est... parce qu'il l'aurait fait. Il s'avère que j'ai bien fait, peut-être pas pour les raisons qu'on croyait... mais... bon."

Il n'est pas non plus au temps des regrets.
Il enchaîne, après un nouveau silence.
L'hésitation dans les mots se fait sentir, à plusieurs reprises.

"Pour ma part, on ne se connaît pas... Pas vraiment... du tout, même. Même si j'ai compris que notre lien était plus que de simplement avoir chopé le même job, en Oregon."

Nathan jette un regard en coin, mi-troublé, mi-assertif, à l'attention de Domino.
Son sourire se fait timide, pour le vocable qui vient.

"Par contre... J'sais pas, j'ai l'impression que ton don mutant te permet d'être, comment dire... à ton aise, dans n'importe quelle situation, même sans préparation."

Il est plus assuré qu'il le croit dans ses déclarations.
Et, il prend confiance, en fait.
Sans pour autant aller à pécher par excès.

"Attention, j'dis pas que... Enfin, c'est clair que notre session en bas a démontré que c'était pas seulement de la chance. Tu travailles plein de talents, ça je l'ai compris, et des aptitudes aussi."

Une lueur d'admiration s'éveille dans l'oeil droit du garçon.
Il inspire profondément.

"Alors, ouais, j'ai été formé par les Askani... Mais je suis pas encore... Lui."

C'est dit.
Pas tout à fait pour la première fois, sans doute.
Mais cela devait être dit... Pour continuer.
Même si la comparaison le rend plus mal à l'aise dans son élocution.

"La... hum, méthode X-Force... débarquer et tout faire sauter... Elle est bien, mais... On sait très bien que c'est seulement le pic de l'iceberg. Hier, on a joué les bons soldats mais... L'entraînement, le travail de recherche et reconnaissance... sont importants. Si on ne veut pas juste être contents de s'en tirer avec nos membres intacts et ceux de l'ennemi inaptes à pointer les responsables."

En vérité, il songe en plus à Lady Deathstrike, dont il aurait peut-être préféré avoir plus de temps pour statuer sur son sort.
Mais ce qui est, est.
Inutile d'insister, pour le moment.

"En clair... Oui je veux châtier les gens sans procès, en une justice expéditive. Dès aujourd'hui. Mais, pour le citer, je veux aussi des réponses, et je les veux hier."

À la fin de sa tirade, il... est Cable. Il le sait. Il le sent.
Maintenant, à Domino d'être Domino, quoi que cela puisse signifier face à tous ses dires.

Il ignore quel miroir elle voudra lui renvoyer, mais ce qu'il voudrait, là, c'est un échange à coeur ouvert.
Pour avancer.
Pour évoluer, en fait. Vers un aujourd'hui meilleur, avant de penser à demain.

Ils étaient revenus d'une montagne qui avait tout d'un piège.
Ils s'étaient remis de leurs traumatisme chacun à sa façon, incomplète.
Ils s'étaient entraînés. Ce qui fut de courte durée.
Voilà que Cable et Neena échangeaient quelques mots, à la demande du premier.

La suite ressemblait presque à un test.
Une simple remarque de la Mutante, pourtant. Bienveillante, même.
Domino exprimait des réticences, non pas en son nom à elle, mais si lui voulait éviter d'agir, selon ses termes à elle, salement.
Il n'avait pas besoin de lire dans ses pensées pour comprendre ce qu'elle voulait dire.

"Ne pas..."

Il veut reformuler, mais bute sur les mots.
Pour une raison simple : l'incrédulité.

"Ha ! Ne pas tuer ? Quelle idée saugrenue."

Cable pouffe.
Il glousse, à un moment inattendu.
Comme confronté à une remarque un peu sotte.

Son visage redevient vite sérieux.
Presque professoral.

"Un chirurgien ne doit-il pas inciser pour pouvoir intervenir et sauver le patient ?"

Ces mots prononcés, Nate ne rajoute rien.
Il pourrait évoquer le dilemme du tramway ou d'autres expériences de pensée sur la responsabilité.
À dire vrai, il n'est pas un philosophe mais plutôt un soldat.
Tuer ou être tué, c'est la règle et ça l'emmène là où il doit aller.

D'ailleurs, il était temps.
Temps oui, pour un voyage toujours dans le présent, et pas tout à fait dans l'espace.

Les doigts de Nathan se glissent calmement mais avec fermeté autour des mains pâles de sa partenaire.

"Prête ? J'envoie nos esprits dans la zone sinistrée."

Cable ferme les yeux, laissant voilée par ses paupières mobile l'éclat de feu qui brûle dans ses yeux.

"Tu pourras observer et te déplacer dans ta forme astrale. Je serai là aussi, mais ma tâche principale sera de maintenir et sécuriser le lien."

Ils ne pourraient observer qu'une seule fois.
Envoyer une forme astrale depuis l'avenir alors qu'on en avait déjà une dans ce présent, serait trop risqué.
En ce sens, Domino avait une tâche importante de déceler tout indice éventuel sur place.

Cable était convaincu que le plus petit indice pouvait se glisser dans un retour sur la scène des faits.
Inconsciemment, sans doute voulait-il graver dans sa mémoire les conséquences de leur visite.
Pourquoi ?
Il l'ignorait encore, mais réaliser que de très jeunes gens d'une société favorisée pouvaient s'être trouvé là le gênait.

L'être conscient de Nate, lui, est concentré.
Relié par les mains à tout le système neural de Domino, il effectue une opération compliquée.
Un à un, il détache chez elle les ports de la conscience à l'araignée de ses nerfs sensoriels.
Chose qu'il a appris à faire naturellement sur lui-même.

Les extrémités de ses doigts s'électrisent durant le process.
Et cela fonctionne.
Alors, l'impossible se réalise.


De sa seule volonté, il tient en son emprise psychique tout le siège de la psyché de la jeune femme.
Il les libère, la Mutante chanceuse et lui-même, des limites de leurs enveloppes.
Leurs esprits effectuent un glissement le long du plan astral.

Nate agit sans précipitation.
Libéré des limites de la chair, il écume doucement le cosmos jusqu'à retrouver leur point d'ancrage.

La Terre, puis eux-mêmes. Qui peuvent se voir comme d'en-haut.
Enfin, le télépathe fixe la destination sur la carte : le site détruit en Oregon.
Semblables à des filaments de lumières invisibles, ils s'enfoncent de la planque jusqu'aux ruines de la montagne.

Leurs formes astrales se stabilisent, alors.
Celle de Nate semble plus âgée, plus forte surtout, que la représentation que peut donner son physique réel.


La forme d'énergie mentale du soldat Mutant fait signe à Domino qu'il reste là, ancré à leur point d'arrivée, tandis qu'elle, peut évoluer invisible parmi les décombres.

Le cordon de sécurité évoqué dans les news est effectivement présent, ainsi qu'une opération de sauvetage - ou de démolition, identifiée ni comme pompiers ni non plus entrepreneurs du bâtiment. Des militaires, évidemment.

En faisant avancer sa forme psychique sur le terrain accidenté, elle pourra distinguer un épais nuage de poussière.
Au-delà de l'écran de fumée, un vacarme assourdissant.
Et sous les chocs sonores, de puissantes ondes de choc, à peine absorbées par l'architecture ensevelie.

L'homme - car c'est un homme le responsable de ce capharnaum - respire fort.
Il s'agit d'un véritable colosse, dont les muscles massifs soulèvent son ubuesque outil de travail.


Une boule de démolition, accrochée à une chaîne et manipulée manuellement par le monstre de muscles métahumain.

Plusieurs hommes à l'écart l'observent travailler, certains en casque de chantier, d'autres en blouse blanche ou en uniforme.
Le geste sec de la tête et de la mâchoire à chaque coup indique qu'ils entendent tout directement, dans leurs oreillettes.
Le souffle grondant du titan à la peau brune doit résonner jusque dans leurs mâchoires.

Derrière eux, un caisson au nom de la véritable bête de somme qui fait trembler la montagne, entrouvert, tremble choc après choc.
Un énorme gant de chantier jaune posé dessus attirera probablement l'attention.

Partageant l'esprit de Domino, Cable voit les combats de la jeune femme. Ses ennuis. Ses amours, aussi.
Ses dilemmes, surtout.
Il comprend, mieux, ce qu'elle entendait, plus tôt.
Les choix d'argent.
Les choix du coeur.
Les demi-mesures et les actions radicales.

Il entrevoit des jeunes, avec des noms ; Sam, Tabitha, Kane.
Des sentiments associés. Variés.

Il traverse un brouillard de sentiments plus intenses, plus purs.
Nathan, James, Piotr.

Il aperçoit un deal, celui passé avec Magneto, une mission encore fraîche.
La capture de Fabian Cortez --
-- Pourquoi alors cela ressemble t-il à autre chose qu'une capture ?
L'esprit humain est compliqué.
Trop, pour y rester prisonnier et s'attacher à la façon dont il cristallise les choses.

Nate canalise le voyage intérieur pour que les wagons soient sur la bonne voie.
La destination désirée.
Même si la curiosité en aurait poussé d'autres à vouloir fouiller la locomotive.

Un instant ou une éternité plus tard, ils sont de nouveau en surface de la montagne qui a tenté de les avaler.
Ils y sont aujourd'hui, bien différent d'hier.
Car déjà, les services les plus taiseux de l'État sont ici.
Vu que désormais, les dominos sont tombés et ne se relèveront pas sur cet enfer-là.

Nate est là en pensée.
Sous sa forme astrale, il ne reçoit guère d'informations de son environnement.
Car il est ancré ici, en ce point.
Il sécurise le lien et le voyage.
S'il ne sent aucune résistance consciente - aucune contre-offensive psychique - les énergies résiduelles dans les ruines restent trop importantes pour que le voyage astral soit chose aisée. Leurs deux formes invisibles vacilleraient, si Dayspring ne compensait pas les fluctuations d'énergie fantôme.

Neena, elle, explore.
Elle suit la piste du costaud et de son cortège d'admirateurs.

Une secousse fait voler le gant de chantier.

Le couvercle branlant du caisson indique d'après une étiquette désormais visible : Dr. Eliot Franklin.

À côté, Domino peut observer une immense veste blanche de scientifique avec un badge d'accréditation indiquant le même nom ainsi qu'une photo du géant musculeux, un afro-américain manifestement.

À l'intérieur de la caisse, elle pourra remarquer un compteir Geiger ainsi que des boîtes de pastilles d'iode non ouvertes.

Une équipe de trois hommes - des enfants, pratiquement, de tous jeunes soldats avec des casques et micro qui leur donne l'air de gosses portant les affaires de leur papa - s'agitent devant un écran de caméra sous la tente.

Le visage apparait flou, mais la voix est féminine. Autoritaire, aussi.

« C'est bientôt fini ? Le sujet s'agite, il en a besoin, dépêchez-vous ! »

Après un sifflement dans les écouteurs, les trois opérateurs se crispent, se regardent, se plient en deux un instant.

Une image, un flash fugace, éclaire leurs écrans entre neige et les vagues d'ondes indistinctes.


Les pirates du plan psychique apparaissent une fraction de seconde à l'écran. Assez longtemps pour frapper la rétine, d'autant que cela se reproduit plusieurs fois par à-coups entre des tentatives de relancer la communication depuis l'autre bout du fil.

Leur formes psioniques étaient protégées par Nathan, oui.
Contre les humains les plus sensibles, les Mutants, les filets neuraux éventuels même.
Mais le réajustement constant face aux énergies résiduelles et présentes les font capter par un simple téléviseur.

Peut-être les officiers de communication ne l'ont-ils pas remarqué immédiatement, car un cri résonne et leur fait détourner la tête :

"J'EN AI UN ! AMENEZ-MOI LE KIT D'ANALYSE, A.S.A.P. !!"

C'est le costaud, qui a posé sa boule de démolition pour écarter des gravats à mains nues.
Un type se dépêche d'aller lui quérir ses gants jaune poussin proche de la malle.
D'autres fouillent d'autres bacs pour lui trouver ce qu'il demande.

Nate a pour sa part senti qu'une partie de leur aura psychique s'était faite capter, comme aspirée.
Il ne peut couper le lien tant que Dom ne le rejoint pas, mais ne peut rien dire - pas si cela signifie, trahir leurs identités.
Il n'a en rien sa pleine puissance psychique ici, et ne voit qu'une chose à faire : attendre le retrait stratégique de Domino.

L'immense main du Dr. Eliot Franklin atteint quelque chose, sous les gravats.
Une chose apparemment métallique.
Une chose incomplète.
Une chose détruite, qui a été écrasée, et qui porte les marques du passage de Lady Deathstrike.


Une Arme X, du moins en partie.
L'équipe à sa botte, les casques, les blouses et les uniformes, s'agitent pour répondre à sa question - à sa demande.

Un kit d'analyse ADN est tiré de la malle du Dr. Franklin.
Une aiguille en adamantium et plusieurs outils - perceuse, burin, masse - de même facture sont portées là par ses hommes.

Un travail d'identification commence, laborieux, visant d'abord à percer la coquille protectrice de la créature tombée.

À l'écran, la femme blonde continue de s'impatienter, et les techniciens de communication la tiennent au jus à chaque étape.
Puis, vient la confirmation.
Murmurée d'abord, puis relayée, criée, transmise.

« Alors, c'est bien lui ? Vous l'avez ? »

La question essentiellement rhétorique est relayée au grand homme Noir.

"C'EST LUI. CE QU'IL EN RESTE. PRÉPAREZ L'UNITÉ DE TRANSPORT, JE DÉCOLLE DANS T MOINS TROIS MINUTES !!"

S'ensuivit le déplacement d'un attirail spécifique pour le transport scellé et sécurisé du corps bionique de l'Arme.
Eliot Franklin se saisit d'une serviette tendue afin de s'essuyer le corps de la sueur et de la crasse.

Les agents de communication confirment alors, entre les parasites, il s'agit bien des restes de David Andrews.

« Je confirme le rapatriement de l'unité de recherche Gamma. Dr. Alba, terminé. »

La confirmation de l'ordre est répercutée à l'équipe du Dr. Franklin, qui se dirige avec celui-ci et leur charge vers un hélicoptère.

Un groupe d'ouvriers militarisé approche ses machines-outils afin de poursuivre sa part du déblaiement.

**Dom, je ne vais pas pouvoir maintenir la projection plus longtemps... Reviens vers le point d'ancrage.**

C'est la voix de Nathan, projetée dans l'esprit de Domino.
Le sentiment d'urgence est palpable.
Au même moment, des arcs d'énergie psioniques bleue traversent les systèmes de communication.

Ils sont à la planque.
Ils ne l'ont jamais quittée - pas leurs corps, du moins.
Après ce petit tour de piste sur le démontage du chapiteau, leurs consciences ont pu regagner leurs corps.

Tandis que Domino lui explique ce qu'elle a vu, Nathan se permet de matérialiser la mémoire immédiate de la jeune femme sous forme d'hologrammes psychiques afin de mieux se représenter ce qu'elle évoque. Ainsi, sa capacité d'écoute déclinante avec la fatigue est compensée par des images, des sensations - des souvenirs, du point de vue de Neena.

Puis, il déconnecte entièrement leurs esprits l'un de l'autre.

"Désolé... Je crois que la fatigue se fait sentir. Je... Oui, allons-y. Je vais suivre ton idée. En fait, si ça se trouve on y est déjà allé. Ce qui... expliquerait les parasites. On ira à cet endroit et ce moment... demain."

Nate sent ses yeux se fermer contre sa volonté.
Sa voix est hésitante, presque tremblante.
D'un geste maladroit, il repousse la chaise sous son séant, avant de traîner des pieds vers le lit de camp.

Alors qu'il s'est effondré sur le sommier spartiate, l'esprit de Nathan n'est pas encore complètement endormi.
Il fait voleter un stylo ainsi qu'un post-it sur la table.
Quelques mots sont griffonnés à distance : les codes de contrôle de la console holographique.

"Tu... Peux... T'en servir."

Pas de one-liner sarcastique.
Non, Cable est trop fatigué pour faire de l'esprit, là.
Doucement, sa conscience s'endort enfin.
Il prend alors ce repos réclamé par sa comparse, incapable de tenir sur ses nerfs plus longtemps.
Le lendemain, ils pourraient reprendre la chasse aux informations, pour continuer de prendre le temps de gérer ce jour d'aujourd'hui où tout devrait se régler. Avant que l'ennemi ait le temps de se retourner.

Nathan s'endort.
Dayspring Nate Summers sombre dans le sommeil, que ça lui plaise ou non.
Parce que tout soi-disant messie des Askani qu'il ait été proclamé, il a ses limites comme tout le monde.

Et durant son sommeil, son esprit...
Ne fait rien.
Rien de plus qu'un autre.
Sa conscience ne s'évade pas pour épier des problèmes ou les régler.
Il dort, comme une souche.

Il rêve, bien sûr.
Comme tout le monde. Comme n'importe quelle personne.
Il rêve d'un monde où les Mutants sont utilisés pour traquer les leurs.
Il fait ce rêve, celui aussi d'un monde où la technologie robotique sert à arrêter et exterminer son peuple.
Ce n'est pas son monde.
Ce n'est pas le rêve qu'il a pour ce monde.
Ce n'est pas le rêve de Xavier, mais c'est son cauchemar à lui.
Un monde qu'il n'a pas connu.
Un futur qui appartient, dans sa difficile expérience, à sa soeur a naître, Rachel Grey-Summers.
C'est parce que ce futur se réalisera qu'elle surmontera les traumatismes et la torture, le sang versé.
Son cauchemar lui dit que ce futur devait arriver pour que Rachel devienne Mère Askani et le recueille dans 2000 ans.
Mais ce futur est inacceptable. Douloureux. Contraire à ses propres espérances.
La souffrance qu'il a deviné chez la petite soeur qui l'a élevé, et les faits d'un monde qui empire pour 2000 ans, il les rejette.
Mais il en subit le spectre, dans ses cauchemars.

Les cycles de sommeil s'enchaînent et se ressemblent, un, deux, puis cinq.
Bien que les rêves n'en soient pas la seule composante.
Même si l'inconscient le rappelle à ses paradoxes, aux enjeux réveillés par cette mission.
D'autres processus psychiques se jouent, comme chez n'importe quel dormeur.

L'esprit, même lorsqu'il oeuvre à se torturer lui-même, traite certaines données durant le repos.
Il trie les noms, les données, les expériences de la journée.
Il tente de faire sens de ce que l'on aura encaissé durant le jour.
Les noms.
David Andrews, déniché sur les réseaux puis déterré dans la même journée. Un patient aurait besoin de lui.
Franklin Eliot, une véritable machine de démolition avec un doctorat. Expert... Mais en quoi. Mystère.
Le Docteur Alba. Qui était-elle ? Qui ? Expert, oui mais en quoi ? Responsable de quel mystérieux patient ?
Les faits.
On ignore si d'autres cobayes, Mutants ou non, ont sombré sous l'éboulement de ce complexe mortifère.
On sait que les cyborgs étaient des personnes.
On sait que Dave Andrews était leur première priorité au déblayage.
On sait que cela répondait à une urgence pour eux.
On peut en déduire qu'ils ont un problème à gérer en lien avec sa dépouille.
On peut supputer l'identité du patient et sa nature.
Robert Andrews, le frère de David Andrews, supposément leur cobaye aussi, alors.
L'expérience.
Un sentiment d'urgence et de confusion . Pour le subconscient de Nate, mais aussi pour l'adversaire.

Il avait voulu comprendre, pour que son esprit rationnel se débarasse de la confusion.
Cable avait entendu de suivre le fil de la vie des frères Andrews, pour vaincre et s'en relever en connaissance de cause.
L'esprit n'est pas que raison.
Son âme souffrira toujours, et le remède est l'action.
Le subconscient de Nathan voudrait lui dire d'arrêter de retarder la résolution.
Son être encore inconscient, nourri par le sommeil, veut qu'il agisse, pour ses blessures, pour son rêve à lui.
Pour sauver le futur. Aussi tôt que possible.

Nate Dayspring s'éveille, enfin.
Après près de huit heures de sommeil, le jeune Mutant s'extirpe du lit de camp énergiquement.

"Salut, Dom. Tu as besoin de finir ta nuit ?"

Pas de rideaux à tirer. Pas de volets à ouvrir non plus, et pas de soleil levé pour accueillir le matin.
Juste de vieux commutateurs à enclencher si les lumières n'étaient pas restées allumées.

Il ne jette même pas un oeil sur la cafetière.
Cela lui apparaît évident que ses jeunes réflexes Mutants ne requièrent pas cet artifice ce matin.

Nathan laisse à Domino le temps de lui répondre, puis s'adresse de but-en-blanc à la console murale.

"Ordinateur, cherche les recoupements pour un certain Eliot Franklin ou Franklin Eliot, avec un doctorat possiblement dans l'ingénierie structurelle, la génétique, la robotique ou la neurochirurgie."

À moins qu'une entreprise ait racheté ses données personnelles, ils avaient là un nom complet, un titre et un éventail de spécialités possibles.
C'était là une maigre piste, mais les doctorats étaient supposés être répertoriés et accessibles publiquement, ce qui donnait une chance de lever le voile sur l'une des nombreuses inconnues de leur équation.
Équation qu'ils devaient espérer résoudre vite, car faire du sur-place c'était donner raison à ses doutes et sa peur de l'erreur.

Code:

Résultat : pas de recoupement.

Il avait dû oublier quelque chose.
Mais quoi ?

Ou bien étaient-ils face à une adversité qui avait pu couvrir ses traces ? Nathan commença à le redouter.
Il tourna un regard anxieux vers Domino.
Si elle était encore aussi alerte que la veille, peut-être aurait-elle la solution. À moins que dame fortune en veuille autrement...

Domino s'est reposée, à l'instar de Nate, bien que ses conditions aient été moins favorables.
Quel qu'ait été l'inconfort de la nuit, elle en aura profité pour provoquer sa chance, comme il va vite le découvrir.

Mais d'abord, il se confronte à un retour négatif de sa recherche matinale.
Incapable de savoir comment il serait utile de persévérer, il se rabat sur l'avis de sa comparse.
Nathan ne peut que se contenter de l'interprétation donnée par Domino concernant cette impasse.
Il acquiesce, sans prétendre comprendre les rouages du système militaro-industriel.

"Oui, je veux bien te croire."

Puis, Domino confie à Nathan ses propres plans pour gérer les risques et les inconnues quant à leur opération.
Elle a contacté des héros. Des alliés. Des Mutants, que le jeune Nathan ne connaît pas encore.
La Mutante, qui les connaît, sait leurs précédentes participations à des équipes avec lui, dans son devenir.
Si ce jeune Cable ne les connaît pas personnellement, un nom attire plus particulièrement son attention.

"Le Docteur James Bradley ? La Némésis des salauds de nazis ? Waou. C'est... C'est dingue. Et tu dis qu'il me connaît personnellement ?! Tu le connais ?"

Mettant halte à sa propre surexcitation, Nathan fait signe à Neena de ne pas répondre.
Une main ouverte face à elle, une lente expiration de l'air dans ses poumons, il tient à reprendre seul son sérieux.

Il observe avec curiosité la technologie des carreaux qui aura, à l'heure qu'il est, déjà fait son oeuvre.

Quand soudain, l'électricité statique dans l'air se mue dans un déplacement d'énergie.

D'un coup, sans musique de combat ni écran de sélection, un mercenaire sauvage apparaît.
Un Mutant.
Un téléporteur, ce qui est évident par son mode d'arrivée.


L'agent freelance Solo.
Le mercenaire moins connu sous le nom de James Bourne, apparu de nulle part grâce à son don d'Homo Superior.
Le tueur au grand coeur d'artichaut, et au costume de couleur assortie.
Venu - ou plutôt apparu - seul comme son nom l'indique, mais pas désarmé.

"-ssayons encore... !! Oh, nom de...!"

Son langage corporel change.
Sa diction et le ton de sa voix se modifient.
Il passe d'un coup en mode action.
Comme un professionnel.
Ce qu'il est.

Il déploie ses muscles, alors.
Pour se projeter avec agilité.
Pour dégainer et tirer, presque instantanément.
Pour atteindre sans être atteint, dans un gun-fu acrobatique.



Une batterie de tirs de plasma traverse la salle d'atelier.
L'éclair de chaque détonation est aveuglant.
Les fusils à énergie, un brin trop familiers, fonctionnent sans aucun accroc.
La tactique comme la mécanique sont évidemment bien huilées.

Pris par surpise, Nathan ne trouve son salut que dans la familiarité des armes.
Dès leur apparition dans la pièce avec leur porteur, Cable les reconnaît. Car elles sont à lui. De son siècle.

Immédiatement, il lève le bouclier kinésique adéquat, d'une pensée.
Il bloque l'assaut de plasma plus vite qu'il ne détecte la conscience du Mutant qui l'a déclenché.

Mais Nathan agit par réflexe entraîné.
Il réagit de façon rapide, superficielle.

Son adversaire compte là-dessus pour l'enchaîner d'un coup de couteau.
En effet, son corps traverse sans effort la barrière érigée pour stopper des rafales énergétiques.
La lame descendue prestement de la manche dans sa main gantée rencontre rapidement l'étoffe.
Le vêtement de Nathan est sectionné, net, au niveau de la ceinture.
Un geste sûr. Précis. Répété.

"Trop lent, vieil ho-..."

Le coup suivant frappe à la tempe du jeune héros mentaliste.
Un coup de crosse sec et énergique.

"...-mme ?"

L'esprit bravache du mercenaire voltigeur manque un temps.
Il atterrit de travers, réalisant enfin l'évidence concernant Cable : son jeune âge, inhabituel pour lui.

Le tueur contre rémunération se retrouve privé d'équilibre, face à Domino.

Malgré la surprise, la perte de sa ceinture d'affaires et le mal de crâne qui lui ont été infligés, Nate sourit.

Faire une erreur tout en ayant Domino comme adversaire... est une lourde erreur.
Cela, Nathan le sait.
Il l'a lui-même expérimenté tout juste vingt-quatre heures plus tôt.
C'est pourquoi, à ce moment, il sourit - et observe la magie opérer.

Ce qui ne l'empêche pas de se poser une question.
Si Solo est avec eux, pourquoi attaque-t-il aujourd'hui ?
Ce qui revient à dire, demain, si le duo de mercenaires fait les choses comme elles doivent, pour eux, se dérouler.
Il doute que la réponse puisse prendre sens ici et maintenant.
Cable doute peu de la réussite de la mission, que ce soit à deux ou avec l'aide de leur backup contacté par Domino.
L'attaque de Solo le renforce même dans cette certitude, bien que son esprit interrogatif ne puisse tout-à-fait expliquer pourquoi.
Pourquoi les attaquer ?
Pourquoi maintenant ?
En quoi cette irruption qui confirme qu'ils sont une menace sérieuse pour quelqu'un peut garantir leur triomphe à moyen terme ?
Il doute que les réponses s'imposent avant que d'autres questions soient confrontées au cours de leur opération.

Une seule chose est sûre.
Ici et maintenant, à défaut d'autre chose.

"Dom', cette planque est compromise !"

Tout en observant comment Neena va canaliser la menace, il lui fait part de la seule analyse qui soit ici factuelle.
Son ton est net, franc et il sait que Domino saura l'entendre.
Même si une migraine le guette, il sait que lui aussi devra réagir à cette information.

Le poncif de narratologie, le fusil de Tchékhov, frappe.
Solo s'est pris tout seul les pieds dans le fil d'une histoire qui, quelque part, l'attendait au tournant.
James Bourne est projeté à la renverse.
Toujours humaine quoi qu'en disent les élites démagogues, Domino reste humaine, et s'enquiert de son état.
Elle l'appelle par son prénom.
Ce qui fait tiquer Kid Cable.
Ce qui, en fin de compte, trouve une réponse dans la voix claironnante du mercenaire téléporteur.

"Je vais bien, prêt à vous re-botter le... Arumph."

Jason Bourne fanfaronne, mais son corps est endolori.
Il se redresse sur les genoux, puis les pieds.
Alors qu'il est pratiquement debout et affecte un charme arrogant destiné à Domino, il s'interrompt.


Sous la menace d'une arme pour le moins superlative pointée par Nathan, il montre ses mains désarmées.
Il sourit encore, pourtant.
Il cherche à créer la confusion dans les rôles.
Du moins ne la réduit-il pas.

"Man, je croyais que vous étiez capturés ! C'est... P'tain, vous êtes votre propre renfort ?"

Il parle comme un vieil ami perdu de vue.
Il flatte, interroge.
Il charme, toujours.
Malgré sa propre circonspection.
Malgré le fait que sa technique, son attitude bon enfant, ne fonctionne pas sur le jeune Summers.
Cable ne le connaît pas, ou pas encore.
Ce qui pourrait désavantager le jeune homme, mais le maintient dans une saine méfiance.
Nate retire ostensiblement la sécurité de son fusil à plasma.

"Tout doux, p'tit Nathan. Vous m'avez eu. Je n'dirais pas non à une bière, ceci dit..."

Et ça continue.
Et il continue dans la confusion des rôles.
Ce qui irrite, bien sûr.
Ce qui trouble Dayspring, qui reste un jeune homme un peu perdu dans cette période temporelle.
Alors il continue, se persuade sans doute qu'il fera flancher l'adolescent manifestement nerveux.

"Toute cette histoire ça fait chier, les mecs ! Si seulement... Enfin bref je suis pas là pour faire de la politique."

Nate, qui demeure silencieux, laisse à Domino la prérogative de causer avec cette illustre inconnu.
Il ne relâche pas sa garde, mais pointe discrètement à celle-ci un collier métallique.
Elle reconnaîtra peut-être en celui-ci un inhibiteur de pouvoirs.
Une invention que Nathan déplore, mais que par la force des choses l'ancien a dans son arsenal.
Astucieusement posé entre des pots de peinture, l'objet, le piège, la négation de l'identité Mutante, est là.

"J'peux pas me permettre d'être en désaccord avec celui qui paie les chèques, moi..."

Cable reconnaît la dialectique du mercenaire.
Un langage qu'il maîtriserait bientôt, qu'il espérait employer en sens inverse, après les conclusions de leur mission d'hier.

Il ignore pourquoi l'autre ne fait pas usage de ses dons pour fuir.
Ce qu'il cherche à gagner ici.
Ou à éviter.

Sauf... Que le temps tourne.
Sauf que demain va finir par devoir s'appeler maintenant.
Sauf que la base est compromise, qu'ils ont des choses à faire hier, et à avoir faites au plus vite.
Sinon, quoi ? Il préfère ne pas le savoir.
À vrai dire, il doute d'être capable de se soustraire à ce qui doit - et est déjà - arrivé.
Sauf, de surcroît, que le Mutant de son propre aveu ne travaille pas de son propre chef, et a su localiser cette planque parmi d'autres.

Alors, Nathan envoie une onde psychique pour mettre le mercenaire adverse KO.
Il se tourne vers Domino, et ajoute enfin :

"Laissons-les le trouver. On a une mission, qu'importe le prix elle est sur les rails."

Il attend brièvement la réponse de sa partenaire et attrape les armes dont ils auront besoin.
Nate remonte sa ceinture à laquelle est accroché son téléporteur et l'attache avec un mousqueton.

Puis, il pose une main sur l'épaule de son alliée.

"Bodyslide plus timeslide, par deux !"

Protégés par un effet télépathiques, ils ne devraient pas être répérés, désormais sur le lieu de l'éboulement.
Pas même par leurs propres consciences astrales déplacées ici la veille.