Visite de courtoisie ( Cyclope / Domino )

Scott grogne de douleur.
Son épaule le fait encore souffrir ; la brûlure commence tout juste à se résorber.

Elixir a bien tenté d'y jeter un œil, mais il l'en a dissuadé. Ses pouvoirs, si formidables soient-ils, ont une limite - celle de son énergie. Or, au vu de l'état dans lequel était Solar à leur arrivée, toutes ses forces ne seraient pas de trop pour s'assurer qu'il reste en vie.

Si pénible que ce soit, Scott en a vu d'autres : il s'en remettra bien assez vite.
Et entre le retour des Purificateurs, la mise en service de nouvelles Sentinelles et Cassandra Nova dans la nature... Il faut s'attendre à ce qu'ils aient d'autres blessés dans un avenir proche. Hélas, de cela aussi, il a l'habitude.

Ne serait-ce que par précaution, les X-Men ne peuvent pas se permettre d'épuiser leur meilleur soigneur à traiter les petits bobos de chacun. Encore moins quand celui-ci tombe dans le coma lorsqu'il en fait trop.
En outre, à trop en abuser, ils risqueraient surtout de révéler la présence - encore relativement méconnue - d'un tel atout au sein de l'institut, et donc d'en faire une cible prioritaire. Pour sa sécurité comme pour la leur, c'est un risque qu'ils ne peuvent pas courir.

Par chance, les jours ayant suivi les événements de Rio ont été relativement calmes, assez pour qu'il commence à récupérer. Son handicap actuel n'aurait pas suffi à ce qu'il reste en retrait s'il avait fallu agir, mais il se satisfait de ne pas avoir à le faire - même s'il lui faut s'empêcher de penser qu'il s'agit du calme avant la tempête.
Tempête qui, d'une certaine manière, a déjà commencé - même si elle n'est encore pour l'heure que médiatique. La presse n'a jamais été du côté des mutants, et s'empresse de le leur rappeler à chaque occasion ; celle-ci ne fait pas exception. Quand tout ce qui importe est de trouver un coupable, que valent les vies sauvées ?

Alors qu'il rumine tout cela face à l'une des nombreuses télévisions de l'institut et le journal télévisé brésilien qu'elle diffuse, la télécommande encore à la main, il surprend la conversation de deux élèves passant dans le couloir par la porte entrouverte. Une discussion où il est question d'une femme un peu trop pâle en combinaison moulante qu'ils auraient croisé dans le hall - en d'autres termes, qui lui fait comprendre qu'il a de la visite. Il s'y dirige sans attendre.

▬ Neena. Hey. lance-t-il pour la saluer après avoir enfin retrouvé sa trace.

Par chance, on la reconnait de loin, même au milieu d'une ribambelle d'adolescents arpentant les couloirs. Vu l'heure, les cours viennent de se terminer, et la plupart d'entre eux ne demandent pas mieux que de trouver un coin où flâner. Il l'approche alors, vêtu d'une tenue ordinaire, décontractée, qui dissimule ses bandages.

▬ Je ne t'attendais pas si vite. C'est le café qui t'a convaincue ? plaisanta-t-il, pince-sans-rire.

Quoiqu'en bons termes avec eux, Domino n'a jamais fait partie des X-Men ; pas vraiment. Tout au plus en a-t-elle été un satellite, l'un de ces alliés gravitant autour du groupe sans jamais se résoudre à l'intégrer. Ce qui peut se comprendre : mercenaire dans l'âme, sans doute pense-t-elle ne pas y avoir sa place, malgré les amitiés qu'elle a pu nouer avec eux.
Mais en ces temps troublés, il parait plus important que jamais de se rapprocher, de resserrer les liens - dans leur intérêt à tous. Bien sûr, en l'invitant, il ne s'attendait pas non plus à devoir escalader un Master Mold dans un avenir proche, et à en dégringoler encore moins. Les risques du métier, dira-t-on.
Aussi n'a-t-elle, malgré toute sa chance, pas choisi le meilleur moment pour débarquer, même s'il n'en dira rien : il se voit mal la congédier après l'avoir personnellement invitée... Et ça ne lui fera pas de mal de se changer les idées.

Scott ne dirait pas qu'il connait Domino personnellement. Outre ses choix de carrière rendant difficile toute forme de rapprochement, elle a toujours été plus proche de Cable, et ses propres rapports avec celui-ci ont toujours été compliqués - promettent de l'être plus encore après ce qu'il s'est passé à Rio.
Cela ne veut pas dire qu'ils sont en mauvais termes ; juste qu'elle demeure une énigme par certains côtés - et semble prendre plaisir à entretenir le mystère, toute extravertie qu'elle puisse paraître. À garder ses distances - pour se protéger, peut-être ? Prompt à se renfermer lorsque les choses tournent mal, c'est quelque chose qu'il peut comprendre.

Par conséquent, il n'avait pas grand espoir au moment de lancer son invitation, s'étant attendu à ce qu'elle tombe dans l'oubli. Il ne s'en serait pas offusqué, mais il lui avait paru important de l'adresser malgré tout - au cas où. Qu'elle ait daigné y répondre est donc une agréable surprise, même si ce n'est pas le meilleur moment - ou peut-être que, au contraire, cela n'aurait pu mieux tomber ; les mutants n'ont, après tout, jamais été plus soudés que dans l'adversité. L'assistance que leur avait offert un Magneto ayant pourtant juré de ne plus se battre à leurs côtés ne l'avait-elle pas déjà prouvé ?

▬ J'ai connu mieux, même si je ne suis pas le plus à plaindre. répond-t-il sans plus détailler, ses propres maux lui faisant l'effet d'égratignures en comparaison de ce que certains ont dû subir, Roberto le premier. Elle est de toute évidence déjà au courant de ce qu'il s'est passé, au moins dans les grandes lignes : il ne voit pas l'intérêt de tourner autour du pot. Je vois que les nouvelles vont vite, même si je ne devrais pas m'en étonner. Avec le nombre de journalistes qui ne doivent leur salaire qu'aux horreurs qu'ils peuvent nous attribuer...

Ce commentaire n'est pas particulièrement amer - il aimerait qu'il le soit ; que ce soit l'aigreur qui parle, qui le fasse exagérer. Mais non : c'est un constat. Rien d'autre que la triste réalité. Des années de lutte l'avaient amplement prouvé. Combien de ces intolérants pamphlétaires animés par la haine s'étaient jetés frénétiquement sur leurs claviers et stylos avant même que le calme soit retombé, s'imaginaient déjà faire les gros titres dès que le mot « mutant » avait été prononcé ? Beaucoup trop, la voilà la réponse. Ils le savent tout deux, et se voiler la face n'avancera à rien.

▬ Je n'ai pas vraiment eu le temps d'emporter un souvenir, malheureusement. dit-il en lui rendant un semblant de sourire. Mais il doit nous rester de celui qu'Ororo se fait livrer du Wakanda.

D'un signe de tête, il l'invite à le suivre dans les couloirs en direction de la cuisine. Sans être labyrinthique, l'institut est assez grand pour s'y perdre aisément, les innombrables travaux de reconstruction qu'il a connu au fil des années - plus souvent de force que de gré - n'aidant pas les visiteurs occasionnels à s'y retrouver.

▬ C'est Roberto qui nous a prévenu que des Sentinelles étaient en train d'attaquer Rio, reprend-t-il sur le chemin, faisant office de guide. Il était déjà là-bas lorsqu'elles sont apparues, elles et le Master Mold dont elles sortaient. Nous l'avons rejoint aussi vite que possible, mais le temps que nous arrivions, Magneto était sur place. Il n'en dit pas plus à ce sujet, ni ne pense en avoir besoin. Le nom du maître du magnétisme se suffit à lui-même, à donner un aperçu de ce qu'ils ont enduré. Lui et... Sa nouvelle Confrérie, je suppose. Il hésite, alors, n'étant pas sans savoir que Domino et son fils ont traversé ensemble bien des batailles - ont été plus que des compagnons d'armes. L'observant par-dessus son épaule, il se décide finalement : Dont Stryfe.