Au sein d'une grande famille (pv Gwenpool)

Une belle nuit s’annonçait, avec ce ciel dégagé qui laissait entrevoir les quelques étoiles perlant le ciel. La lune éclairait les alentours de l’Institut, que je regardais avec un œil plus contemplatif qu'habituellement. J'avais une vue parfaite sur l'imposante fontaine qui trônait fièrement au milieu du parc, un endroit propice aux discussions bercées par l'écoulement de l'eau. La journée avait été calme et c’était à tête reposée que je pouvais m’évader dans les pensées qui avaient commencé à m’assaillir, depuis cet instant où mon téléphone m’annonça un message. Je l’avais lu en plein cours, chose que je ne faisais pas de prime abord mais cette fois-ci le destinataire m’avait interloqué. J’avais été beaucoup trop curieuse des raisons de ce texto que pour attendre une heure complète en trépignant d’impatience. Le message évoquait T’Challa, que je n’avais plus revu depuis un bon bout de temps et avec qui les conversations s’étaient espacées jusqu’à disparaître complètement. Lorsque j’avais quitté l’Afrique, cette terre chaude et accueillante dans laquelle je m’étais épanouie, c’était à la fois à contre cœur, malgré tout ce qu’il avait pu penser à l’époque. Il était évident que je l’avais blessé, et encore aujourd’hui la scène de notre séparation forcée se jouait en boucle dans mon esprit. Quand mes barricades se fragilisaient, je n’y pouvais plus rien ; son beau visage hantait mon sommeil, ses yeux me toisant perçaient mon esprit à vif. Accoudée à ma fenêtre, je laissais s’échapper d’entre mes lèvres un long soupir empli de questionnement, de quelques regrets sur la façon dont s’étaient déroulés les évènements. Peut-être qu’un jour… nos chemins allaient se croiser à nouveau. Et que ce jour-là, ce serait le moment opportun. Un rapide coup d’œil à l’heure m’avertissait que ma ronde approchait. Certains élèves se plaisaient à vagabonder de nuit, qu’ils soient pris d’une insomnie ou pour vivre une amourette dans l’obscurité rassurante de ces murs. Quelque soit leur raison, il y avait un règlement et il était le même pour chacun. J'étais connue pour être intransigeante à certains niveaux, mais toujours avec douceur. Je me redressais alors pour quitter ma chambre et prendre la direction du rez-de-chaussée. Je longeais silencieusement les murs, un petit sourire narquois sur les lèvres car je savais que je n’étais pas seule. Les bras croisés, j’attendais à l’intersection d’un couloir avant de tomber nez à nez avec une adolescente qui traversa le mur contre lequel je patientais. Je pouffais de rire devant son visage qui se décomposait, bien qu’elle tenta un sourire coupable. Au lit, miss ! Son assiette à la main me fit comprendre que ce fut la cuisine qui avait été victime de ses gourmandises. La fine silhouette de la jeune fille se frayait un passage vers l’escalier. Avant qu’elle ne disparaisse, je rajoutais d’une voix douce et taquine quelques mots à son égard. Sois moins brusque la prochaine fois que tu décideras à traverser le mobilier… tu fais tout trembler sur ton passage. Mon large sourire accompagna le sien, après quoi mes pas continuaient la vadrouille nocturne. J’étais éprise du désir soudain de me promener à l’extérieur, j’avais besoin de sentir la brise contre ma peau, l’air frais de la nuit pénétrer mes poumons. Une fois la dernière tâche de ma longue liste journalière effectuée, je n’y manquerai pas. J’allais vers le salon, où il me sembla distinguer une faible source de lumière. Tandis que je passais une partie de ma tête par l’embrasure de la porte, je distinguais une autre étudiante qui s’était postée dans un coin de la pièce, semblant particulièrement songeuse. Avec chaque étudiant, j’adoptais une autre façon de faire car tous étaient différents et tous ne demandaient pas les mêmes attentions. Pour Gwendolyn, cela sera une bonne grosse vague de compréhension et d’écoute. Elle était intrépide et imprévisible, l’une de nos dernières recrues encore sauvageonne qui avait du mal à s’acclimater à l’ambiance générale de l’Institut. J’étais certaine qu’elle se doutait d’une présence. Peut-être pas de la mienne, bien que vu l’heure elle devait s’en douter. Loin de moi l’envie de la sermonner, je ressentais le malaise qui la rongeait. Ma sensibilité à la nature me rendait particulièrement réceptive aux états d’âme de chacun, c’était pour moi une bénédiction en tant qu’enseignante. Je pouvais aller au-delà d’une simple relation de professeur à élève. Bonsoir Gwen chuchotais-je en prenant place sur le canapé face à elle. J’ai eu comme toi cette envie de me balader, de me laisser porter par mes pensées. Je tente de les mettre en place, en vain. J’espère que tu y arrives mieux que moi ! Le petit rire que j'avais émis cherchait à l’adoucir, pour pouvoir nous fondre dans une discussion qui j’espérais lui ferait du bien.