[Las Vegas] La Chance Tourne (pv Domino)

Dans le reflet de son verre de whisky, Massimo Vitali paraissait toujours plus beau, plus svelte, plus sérieux. Surnommé "Le Trèfle" au sein de la Maggia, l'homme qui tirait sur la soixantaine ne comptait plus ses années au service de la famille des Nefaria. Le comte Luchino l'avait jadis tiré de sa Silice natale pour l'intégrer et lui faire gérer les flux logistiques des casinos clandestins. C'était un homme que d'aucun qualifiait de chanceux par nature. Tout lui souriait. D'autres prétendaient que c'était avant tout un travailleur qui ne comptait jamais ses heures, un homme souriant et rigolard à la main ferme qui tissait ses réseaux avec autant d'aisance que le patron d'une entreprise coté en bourse. Il avait un entourage de confiance et des lieutenants coriaces qui tenaient leurs "secteurs" dans une saine gestion que la Maggia considérait comme exemplaire. Bref, c'était un élément précieux qui avait, maintenant que son fils était en âge de se hisser dans la hiérarchie, montré des vélléité de reprendre des affaires que la famille Nefaria avait laissé vacante.

De la baie vitrée de son bureau située au sommet de son casino le plus rentable, l'italien qui n'avait jamais regretté les paysages de son pays natal observait Las Vegas. Ville par excellence du jeu, elle était devenue son domaine exclusif et il n'acceptait aucune ingérence de ses sous-fifres dans ce qu'il y faisait. Cette pépite rapportait gros, elle était un diamant qui irradiait le désert de sa magnificence, le lieu idéal pour qu'il y mette son trône. Il vida son verre d'alcool en habitué trop heureux de profiter de son petit plaisir.

La Maggia touchait toujours gros des affaires de ses affaires et l'état calamiteux des réseaux et des finances de l'organisation criminelle ne l'autorisait pas à se mettre à dos un si bon gestionnaire. La branche des Nefaria souffrait atrocement entre le père de famille qui se perdait dans une mégalomanie maladive et une héritière qui s'était détournée depuis trop longtemps des affaires courantes.

Mais alors que l'homme espérait sa consécration, une nouvelle avait bruissé dans les couloirs de l'organisation, trouvant un écho dans ses cellules, ses sections, ses réseaux : Madame Masque revenait aux affaires.

On ne sut jamais vraiment d'où partie cette rumeur, inconvénient des systèmes décentralisés en perte de leadership mais les différents gestionnaires s'étaient mis d'accord : pas question de tout risquer une nouvelle fois avec cette femme instable. Si elle voulait reprendre le contrôle de sa "Famille", elle avait devoir faire ses preuves. Cependant, Massimo avait bien senti que derrière des postures de principe, le nom des Nefaria restait encore attirant et certains gestionnaires iraient certainement prêter allégeance dans l'espoir de récupérer de l'influence en pariant sur un cheval plus vigoureux que lui.

Vitali avait été le plus critique. La jeune Giulietta avait pourtant un temps été son élève, il lui avait appris tout ses "trucs", lui avait ouvert les portes de ses méthodes et l'avait abreuvé en quête d'une reconnaissance qui n'était jamais venue. Revoir cette arrogante gamine ne l'enchantait pas et encore moins si c'était pour venir récupérer quelque chose qu'il estimait sien. Il avait déclaré ouvertement lors d'une réunion de l'organisation que si elle osait mettre le pied dans ses affaires il lui collerait le sien au derrière. Guère élégant mais clair.

Le message avait été bien reçu.

Madame Masque avait joué de ses relais les plus solides au sein de la famille pour diffuser informellement son retour et saisir les réactions, jauger les rapports de forces, bref, cartographier le terrain d'une guerre souterraine qu'elle comptait gagner.

Massimo était respecté, craint même, il représentait une entrée d'argent conséquente dont une bonne partie avait le mérite de respecter les lois - ce qui lui offrait de la stabilité. L'oeil attentif pouvait toutefois percevoir que ses dividendes baissaient lentement. Pas grand chose à chaque fois, un peu moins chaque année. Personne ne regardait, personne ne s'en souciait réellement pour être honnête, il y avait toujours assez à se répartir et Vitali s'engraissait ainsi toujours un peu plus que les autres.

Très naturellement l'ambitieux aux airs de Midas obtint la première place de la liste de Madame Masque. Il serait le premier à plier. Audacieux certes, mais pas impossible. Sa simple élimination serait dramatique car son contrôle quasi total sur les flux des casinos au travers de l'Amérique risquait d'échapper à la Maggia si ses lieutenants lui tournaient le dos. Si mort il devait y avoir, elle ne pourrait se faire que dans des conditions particulières. Conditions qui se présentaient en ce jour. Massimo réunissait en cas de crise tous ces lieutenants ensemble comme, par exemple, suite à l'annonce du retour de leur ancienne cheffe.

Les projets de l'héritière des Nefaria serait simple. La première étape était de mettre un terme à la mascarade de son retour et de se présenter à lui, de discuter des modalités de sa reddition, d'encaisser son refus et de l'éliminer méthodiquement "mais dans les règles" afin d'éviter de se trouver face à une coalition de parrains et de mafieux en colère. Être une Nefaria vous positionnait naturellement pour gérer la famille, le soutien des autres membres restait toutefois un prérequis indispensable pour tenir la Maggia.

Reposant son verre, massimo se dirigea vers le bureau de son second qui allait gérer "les urgences pour la soirée". Les affaires devaient continuer.

Le Soleil commençait à décroître dans le ciel. La nuit n'était qu'une nouvelle étape de splendeur pour Las Vegas. La ville s'illuminait alors, essayant de supplanter la radiance de l'astre solaire qui le jour durant l'avait harassé de sa chaleur étouffante. La ville paraissait reprendre un nouveau souffle tandis que ses enseignent se réveillaient, que les voitures reprenaient lentement possession d'une route désertée dans les heures les plus chaudes, que la population animait l'extérieur et que les portes des casinos jouaient leur concert d'ouverture et de fermeture.

La population invisible, elle, continuait inlassablement son mouvement pendulaire. Le personnel allait et venait dans l'indifférence. Femmes de ménages épuisées passaient le relais à d'autres désabusées ; des croupiers reposaient leur tenue, d'autres terminaient de se viser leur casquette sur la tête ; des gardiens se frottaient le visage pour avoir la force de prendre leur voiture après avoir déambulé des heures et des heures, d'autres plaisantaient avant de se séparer pour prendre leur poste ; les techniciens de maintenance soupiraient de fatigue en réponse aux grognements de ceux qui étaient frais.

Le monde continuait son mouvement d'horlogerie bien huilée.

Sur le tarmac d'un aéroport privé proche, un jet à la fausse immatriculation achevait de se poser dans un soulagement de réacteur trop heureux de s'arrêter. Une voiture s'approcha de l'appareil et un chauffeur se précipita alors que l'escalier automatique terminait de se déployer. Le pilote salua sa passagère qui lui offrit un remerciement d'une main désinvolte.

Du haut du promontoire, le profil de Las Vegas rappelait à Madame Masque ses années d'apprentissage, nostalgie mâtinée de regrets. Elle l'observa quelques minutes sans pouvoir sentir le vent qui soufflait dans cette zone désertique. Ses faux cheveux bougèrent bien, mais ni les gants de daim qu'elle portait, ni sa tenue de haute couture, ni son masque ne lui transmirent l'information. Carapacée hors de ce monde, Madame Masque se contentait de le penser dans le futur et de le contempler dans le passé. Las Vegas lui avait offert et lui offrirait encore beaucoup.

Son chauffeur s'inclina légèrement alors qu'elle touchait enfin le sol de ses bottines de luxe. Elle lui transmit une salutation du bout de ses lèvres abîmées.

- Votre premier invité est dans le coffre, lui indiqua-t-il en lui tenant la porte.

Elle fit un léger détour et le chauffeur vint ouvrir l'arrière du véhicule pour révéler une énorme valise. Diligent, il fit glisser la fermeture éclair et découvrit son contenu. Oeil au beurre noir, visage tuméfié, costume trois pièce onéreux mais déchiré, chaussures cirées recouvertes de poussière... Frank Vitali, fils de massimo Vitali n'avait rien d'aussi grandiose que les descriptions qu'on lui en avait faite laissaient présager. Il eut un sursaut et gémit un instant lorsqu'il croisa le masque d'or de sa geôlière.

Pas un mot.

Le masque inexpressif observait les traits de cet homme qui avait prétendu lors d'une de ses réunions qu'il "ferait couiner comme une truie cette Nefaria si elle venait lui chercher des noises". Elle observa son nez brusque et son menton volontaire que sa barbe de trois jours parfaitement entretenue camouflait au mieux. Ses joues droites lui donnaient des airs de militaires réformés. Son teint mat et son grain de peau invita Madame Masque à enlever un gant pour mieux la sentir. C'était une peau d'homme burinée, de ces hommes qui avaient vécus difficilement avant d'atteindre leur statut ; une peau marquée par les intempéries, les heures passée en voiture à l'extérieure pour faire les bases œuvres de chefs plus fortunés et mieux lotis. Et ses yeux noirs étaient gorgées de cette colère refoulée, de cette haine, de cette peur de retomber.

Et Madame Masque gloussa à entendre les gémissements incompréhensibles de l'homme alors que sa valise se refermait sur lui. Son premier invité était à elle.

Restait la deuxième.

Plus complexe à contacter, plus complexe à trouver. Seule, Madame Masque n'aurait pu espérer affronter une organisation aussi solide que celle de Massimo, mais toute entreprise avec un chef fort partageait les faiblesses de son leader. Massimo n'était pas un stratège militaire, ni un homme qui aimait la violence qui "ruinait le business", telle était sa première faiblesse. La deuxième et plus importante était son avarice qui n'avait pas fait que des heureux chez ses lieutenants. Le faire tomber ne serait pas aussi complexe qu'on avait bien voulu lui faire croire.

Surtout avec la personne qu'elle avait contactée.

Les derniers fidèles qu'elle avait dans l'organisation avaient été bien incapables de lui fournir la moindre information utile sur un mercenaire capable de l'aider. On lui avait déroulé des profils intéressant, jusqu'à ce qu'elle découvre le contact idéal pour son opération : une mercenaire du nom de Domino.

Mutante de son état, avec des états de service optimaux, elle ne manqua pas d'attirer Madame Masque.

Ses réseaux lui permirent au moins de faire acheminer une première invitation à la mercenaire sur laquelle elle avait jeté son dévolu. Avaient suivi des billets d'avions, un premier versement pour motiver la rencontre, des faux papiers et de quoi rejoindre une chambre d'hôtel dans le très côté Cesar Palace. Un concurrent de Vitali d'ailleurs, l'idée n'avait pas manqué d'amuser Madame Masque. Là, elle pourrait lui expliquer plus posément ce que le "contrat de garde du corps" proposé signifiait.

Et tandis que la voiture traversait le désert pour venir sillonner les rues animées de la ville, Madame Masque observait les gratte-ciel, les temples dressés en l'honneur du jeu et songeait à tout ce que l'on avait dit sur Domino. Ses états de Service remarquables, avec une sorte de positionnement politique ambigu qui piquait la curiosité de la cheffe de pègre. Elle n'avait jamais réellement songé au "péril" mutant comme certains journaux le prétendaient. Elle vendait naturellement des armes à des groupes paramilitaire de "défense de l'Humanité" ou autre idiotie de cette espèce mais uniquement par intérêt ; elle suivait assurément les progressions diplomatiques, mais pour mieux saisir l'opportunité d'ouvrir de nouveaux marchés pour ses drogues et autre marchandise qu'une jeune Nation en formation pourraient se révéler friande.

Domino serait certainement très intéressante, restait à espérer qu'elle lui soit utile.

Son véhicule se stationna dans le parking souterrain de l'hôtel. Madame Masque aimait l'immensité silencieuse de ces vastes espace de béton brut. Ils étaient laids, silencieux, à peine gênés par le bruit des pas. Combien de guet-apens et de meurtre elle avait fait dans ce genre d'endroits. Les cachettes étaient multiples et l'écho précieux pour brouiller votre fuite. Elle soupira d'aise en ajustant un foulard autour de son cou et un large chapeau avec voile pour mieux cacher son visage d'or.

Son chauffeur descendit ses bagages et l'accompagna jusqu'à sa chambre. Là il sortit un Frank peu coopératif pour le ligoter à une chaise face à une baignoire qu'il remplit d'eau, disposa sur une table proche la trousse de maquillage de son employeuse et accrocha plusieurs sacs à vêtements dans la penderie.

Une fois seule avec l'héritier des Vitali, Madame Masque s'assit sur le rebord de la baignoire et caressa une des rudes joues de son otage. Il eut un mouvement de recul.

- Calme-toi, lui déclara-t-elle d'une voix douce si atténuée par son masque qu'elle n'était plus qu'un murmure.

Elle enleva un gant et toucha l'eau, jouant un temps avec les rides de sa surface.

- Elle est un peu froide, fit-elle d'un ton rêveur en regardant la beauté italienne de cet homme dans la fleur de l'âge. J'aimerais sincèrement ne pas avoir à faire tout cela...

Il se mit à hurler mais son bâillon empêchait les bruits de sortir de sa gorge. Soudainement, il sentit sa tête contre la poitrine de Madame Masque. Elle lui caressa les cheveux comme une amante blessée, allant jusqu'à poser son masque contre sa tête.

- "Je la ferais couiner cette Nefaria", le cita-t-elle tandis qu'il se mettait à paniquer de plus belle. "Elle va regretter d'être revenue"... Oh Frank... Frank, Frank, Frank...

Elle s'éloigna, ses mains encadraient délicatement le visage de cet homme qui l'avait insultée, qui l'avait défiée, qui l'avait sous-estimée et qui maintenant secouait sa tête de droite à gauche comme pour la supplier.

- Tout ça, tu le sais, est entièrement de ta faute...

Et... rien.

Elle éteignit la lumière et ferma la porte, laissant cet homme en larme, seul avec son imagination.

Madame Masque s'allongea sur le lit, satisfaite de cette emprise qu'elle avait obtenue en quelques artifices sur ce misérable traître qui se prenait pour un roi. Bientôt le père la supplierait aussi, il ferait tout pour obtenir d'elle de la pitié. Restait à savoir si elle lui en ferait don...

Spoiler:

La dernière fois qu’elle était venue dans le Nevada c’était pour bosser pour un patron de casino. Celui ci s’était fait enlever sa fille et on avait demandé une rançon, Domino qui avait embauchée le Ghost Rider pour l'aider et pu goûter d'à quel point il était incontrôlable, tout le gang de biker qui gardait la gamine s’était fait massacrer. En fait la gamine avait juste fuguée avec son imbécile de petit copain bad boy, et ls avaient rien trouvé de mieux à faire que de tenter de faire raquer le padre. Le temps de s’en rendre compte le Ghost Rider les avait tous envoyé en enfer, moralité les enfants : N'essayez pas de piquer de la thune à vos parents en faisant croire que vous avez été kidnappé si vous savez que leur reflexe dans ce cas de figure est d’embaucher des professionnels avec des flingues.

On a voulu payer le voyage à la mutante, lui faciliter la tâche avec des faux papiers et lui refiler une avance. Neena a décliné point par point ce qu’on lui offrait car elle était une vraie professionnelle et disposait déjà de tout çà. N’importe où dans le monde avec n’importe quelle identité si vous avez besoin d’elle à une heure donnée elle y sera. Et ce sera efficace car elle est une des meilleurs mercenaires qui soit, petit bonus vous évitez les blagounettes de Deadpool et çà c'est non négligeable.

Seulement si elle est si compétente il faut dire que son niveau d’exigence pour passer un contrat est à la hauteur. Elle rencontre le client potentiel et une fois que tout est mis à plat signe ou non, d’où son refus d’une avance dans le cas présent. Car sur le papier Madame Masque n’est pas le genre de personne pour qui elle travaille mais plutot de ceux qu'elle se déplace pour leur trouer la peau.

Si elle vient c’est uniquement parce que le taf serait “garde du corps”, et si on embauche quelqu’un comme elle pour çà c’est que sa vie est en danger. Les gens bien laissent pas crever les autres pas vrai? Bon là elle se donne bonne conscience, l'argent aura certainement une odeur. Elle est intriguée qu’on face appel à elle dans ce genre de milieu mais c’est aussi pour çà qu’elle accepte la rencontre. La prise de risque est des deux côtés, du sien parce que ce peut être un piège bien sale et du leur parce que si elle les prend en grip ils pourraient perdre gros. C’est pour çà que le mieux demeure toujours un contrat clair sur qui fait quoi et quelles sont les limites, çà évite les mauvaises surprises pour tout le monde.


Elle était arrivée un jour plus tôt par le portail de Krakoa situé en Californie et avait faite la route en moto jusqu’à Vegas au César Palace lieu du rendez vous. Là elle avait rangée la Roadster Avinton puis était entrée dans le bâtiment pour rejoindre la chambre lieu du rendez vous. Aux aguets évidement. Elle bossait plus pour des agences gouvernementales type CIA-NSA que la mafia et si elle franchissait le pas c’était parce que depuis l’épisode Latverien elle avait suffisamment perdue en amour propre pour accepter de discuter avec les criminels. On avait bien laissé un dictateur s'emparer d'un pays entier et personne n'y trouvait rien à redire qu'on lui dise comment bien se comporter et çà chaufferait vite. Elle toqua à la porte de la chambre indiquée.

“C’est Domino.”


Hj:

Spoiler:

Le chauffeur s'en était reparti dans le véhicule pour l'attendre, laissant sa cheffe seule. Le plafond avait été soigneusement étudié par une Madame Masque allongée sur ce lit, ni confortable ni inconfortable. Elle avait déposé l'un de ses gants sur son ventre et sa main libre pouvait éprouver la texture des draps. Tissu sans grande finesse, mais facile à laver et entretenir. L'hôtel se gargarisait d'une excellente réputation du fait de sa position et de l'accès qu'il offrait à des salles de jeu mais l'on pouvait noter que certains traits ne le hissait guère au rang de somptuosité magnifique.

Enveloppé dans le ronronnement délicat de la climatisation, bercé par les gémissements étouffés de son otage, l'esprit de la criminel vagabondait. Elle avait connu des aménagements bien plus délicats dans ses vies passées, des hôtels réellement taillés dans le luxe. Les oreillers même paraissaient durs en comparaisons de ceux qu'elle avait déjà écarté lors d'élans passionnés avec Tony. Il y avait une rudesse dans l'apparente opulence de ces lieux qui ne lui donnait guère envie de s'y attarder et pourtant elle restait allongée. Un assoupissement délicat et subtile venait lentement la saisir. Certains plaisirs simples s'invitaient malgré nous.

Tout à coup sa tête se tourna vivement vers l'entrée de la suite. On frappait à la porte.

Lorsque le nom "Domino" fut prononcé, Madame Masque jeta ses jambes par dessus le lit, remit son gant et évacua l'étrange lassitude qui l'avait accablée.

Madame Masque n'avait pas encore revêtu sa tenue habituelle et se contentait pour l'heure d'une tenue de dilettante fortunée venue flamber dans des casinos, au masque près.

Elle ouvrit la porte pour découvrir grandeur nature celle dont on lui avait déjà présentée des photographies qui ne rendaient guère honneur. C'était une femme d'une insolente juvénilité qui insufflait à sa silhouette athlétique une énergie certaine. La tâche d'ébène qui tranchait sur sa peau d'albâtre ajoutait à cet étrange charme vulgaire qui se dégageait d'elle. Madame Masque la détesta, la trouva instinctivement intéressante, répugnante, l'adora, la méprisa, désira s'en faire aimer jusqu'à vouloir la défigurer.

La nature psychotique qui s'était développée chez la criminelle savait instinctivement séduire et se montrer charmante, même face à quelqu'un qu'elle avait viscéralement envie de serrer dans ses bras tant pour ressentir son contact que pour l'étouffer.

Elle s'écarta de l'entrée et traça dans les airs une courbe de sa main libre pour l'inviter à entrer.

- Je vous en prie, fit-elle d'une voix charmante parfaitement maitrisée. Faites comme chez vous.

Elle referma la porte avec délicatesse. Dans la salle de bain, Franck continuait sa litanie de plus en plus faible.

- Pardonnez le bruit, nous y reviendrons en temps utiles, commenta-t-elle simplement.

Madame Masque se dirigea vers le bar de la suite pour faire glisser ses portes, balayant de son masque les bouteilles qui lui renvoyèrent son reflet et, derrière elle, la silhouette de cette femme monstrueusement ravissante.

- Si vous avez besoin d'un rafraîchissement, fit-elle en hôtesse consciencieuse.

Avec des gestes de femme du monde, la mafieuse s'installa dans un fauteuil libre. Elle détailla quelques instants son "invitée". Elle avait refusé l'avance pour ce déplacement, elle avait refusé les papiers et avait refusé les billets. Trois refus. Plus que n'en pouvait supporter une femme qui aimait pouvoir contrôler le monde qui l'entourait. Domino aimait visiblement une certaine forme de liberté. Au grand dam de Madame Masque qui n'avait pas pu suivre ses déplacements ni s'assurer que le scenario se déroulait selon ses espérances.

- Je vous remercie d'avoir fait le déplacement à vos frais jusqu'ici, reprit-elle après deux secondes. Comme vous savez, l'on m'a effectivement mis en contact avec votre profil dans un but extrêmement simple : j'ai besoin d'une garde-du-corps. Mais la situation exige quelques petites précisions.

Le menton métallique de son masque vint se poser sur le revers de sa main droite tandis qu'elle continuait de décortiquer la mercenaire. Au fond d'elle-même et malgré une empathie détraquée, Madame Masque adorait les gens, leurs gestes, leurs manières, leurs habitudes, elle aimait à dévorer à sa manière leurs vies, les comprendre, les disséquer comme de vulgaires cobayes, les démonter pièce par pièce comme des automates. Sa compréhension maladive des gens lui donnait dans le fond l'impression d'être parfaitement normale. Après tout, une folle ne pourrait pas comprendre les autres aussi bien qu'elle.

- Je viens récupérer disons... des dettes. L'un de mes vieux amis, déclara-t-elle avec un ton légèrement mélancolique, se montre réticent à me rendre ce qui est mien. Aaussi dois-je entamer avec lui une petite discussion tout ce qu'il y a de plus convenable.

Elle marqua une petite pause pour détailler les yeux de son interlocutrice. Leur couleur se révélait trop impertinente au goût de Madame Masque. Elle n'en montra rien et d'un ton légèrement affecté, reprit :

- Le monde étant ce qu'il est, je crains de sa part une réaction déraisonnable et souhaiterais m'assurer que je puisse mener dans les meilleures conditions les tractations qui s'annoncent. C'est la raison de votre présence ici à Las Vegas.

De sa main libre elle fit un geste aérien de la main pour l'inviter à réagir, poser ses questions et offrir à celle qui voulait devenir temporairement son employeuse le son de sa voix, son état d'esprit, ses interrogations, lui donner le spectacle de sa personnalité, même camouflée dans le jeu de l'instant...

[HRP]
Comme discuté, le point des MoE n'est absolument pas rédhibitoire, j'ai modifié.

Si tu es toujours intéressé, on peut continuer dans la lancée prévue initialement.
[/HRP]

La femme qui lui ouvrit la porte était d’un autre monde. Celle qu’on appela le grand M lorsque son père Luchino Nefaria lui céda pour quelques temps sa place à contrecœur avait été élevée dans la haute société New Yorkaise. A la silhouette athlétique qu’elle partageait avec Domino s’ajoutait un charisme incomparable et ce malgré un masque doré recouvrant son visage. Malgré ou grâce? Bonne question, un grand mystère l’enveloppait c’était cependant une certitude.

Neena écoutât Giuletta Kristina sans dire un mot, posant ses mains sur ses hanches en se maintenant droite mais pas trop. Elle n’a pas de bons usages, le problème n’est pas tant qu’on l’aurait mal élevée mais qu’on ne l’a pas élevée. Avant d’être recueillie par le père Boschelli dans une église de Chicago elle avait été moins que rien quand Whitney Frost était tout.

D’un poli mouvement de la main Domino fit signe qu’elle n’avait pas besoin de boire, non pas qu’elle n’appréciait pas cela d’ordinaire mais il y avait un moment pour tout. D’autant que la mercenaire entendit des gémissements provenant de la salle de bain, Madame Masque lui indiqua qu’elle y reviendrait aussi la mercenaire ne dit elle rien. On y reviendra.

Si Nefaria est douée d’une grande empathie pour comprendre ceux qu’elle observe ce n’est pas le cas de Domino dont l’intelligence sociale est peu développée. Madame Masque est gracieuse et bien habillée, "classe". Tout crie qu’elle est au dessus de vous et Neena ne saurait pas expliquer précisément pourquoi mais elle a en revanche l’oeil pour reconnaitre une personne entrainée quand elle en voit une. Son employeuse l’est car elle n’est pas qu’une ponte héritière de la plus grosse famille de la mafia italienne, elle est aussi une tueuse accomplie. Autant qu’elle en réalité et si elle n’a pas ce pouvoir de mutant la vie s’était chargée de lui offrir une naissance un peu plus avantageuse dans une famille qui blanchissait l’argent du comte. La suite avait été moins gaie comme le masque pouvait en témoigner.

“Je comprends Madame, j’accepte d’assurer votre sécurité pendant votre séjour dans le Nevada.”

Et si Madame Masque qui est une tueuse redoutable a besoin de plus de sécurité que celle que ses hommes de main peuvent déjà lui offrir c’est qu’elle risque d’être franchement menacée. Domino ne précisa pas à son employeuse que si c’était les autorités ou des super héros qui lui tombaient dessus cela risquait de coincer vis à vis des limites de la sécurité qu’elle apporterait mais bon, il y a des choses qui n’ont pas besoin d’être dites pour se deviner.

“Voulez vous que nous établissions vos trajets sur un plan afin que j’étudie les zones à sécuriser avant vos passages ou souhaitez vous juste un accompagnement rapproché?”

Neena essaie de parler un peu plus professionnellement qu’elle ne le fait avec ses partenaires habituels car elle sait que les clients apprécient, on ne se conduit pas avec Madame Masque comme on se conduit avec Deadpool ou Cable. Autre standing.


Hj:

Spoiler:

Économe de ses paroles et de ses gestes, la mutante était bien plus révélatrice par sa tenue générale. Non pas que Madame Masque eut la moindre prétention à employer une femme de haute distinction, elle comprit qu'elle était face à une mercenaire à la vie somme toute classique, même si d'infimes variations devaient certainement influer sur son caractère. Elle ne doutait ni d'une naissance de basse extraction ni d'une éducation sociale faillible. Elle accusait une pointe de déception, elle qui s'était attendue à une personnalité plus savoureuse. Mais parfois les apparences avaient l'excitation de l'inconnu et du mystère.

La sordide obsession de Madame Masque en voulait donc plus. Ce n'était guère raisonnable, elle avait une mission et un objectif qui n'étaient en rien liés à cette jeune femme... pourtant il y avait un je-ne-sais-quoi qui méritait que l'on dévore d'avantage la surface rugueuse de la distante Domino pour y trouver un cœur bien plus délectable. Quelles étaient ses motivations ? Qu'est-ce qui la faisait vibrer ? Comment était-elle dans l'action ? Comment agirait-elle lorsque sa vie serait en jeu ? Que faisait-elle se son temps libre ? Elle était encore un tableau blanc que sa gestuelle distanciée et ses paroles rares ne coloraient qu'à peine.

Répliquant d'un léger signe approbateur de la tête à l'acceptation de la mercenaire, la cheffe de la pègre s'installa plus confortablement dans son fauteuil, dans une posture plus à l'aise, comme si elle n'aurait plus à se lever pour inviter son employée temporaire à quitter les lieux.

Domino agissait en professionnelle. Un excellent point. Il y avait toutefois une légère tension artificielle dans sa personne, au naturel elle devait être beaucoup moins "délicate". Madame Masque adorait sentir que l'on se comportait avec elle de manière différente, cela nourrissait sa rassurante paranoïa tout offrant du baume à son égo déréglé qui se pensait assez subtil pour sentir le mensonge.

- Mieux vaut se montrer prudente, acquiesça-t-elle. J'ai rendez-vous à 14h30 au Fenice Palazzio avec son tenancier. Je dispose d'une voiture avec chauffeur. Un homme de confiance.

Un mot qui voulait dire beaucoup provenant de la bouche d'une femme qui dispensait cette ressource rare et précieuse avec une intense parcimonie. Un nouveau gémissement provint de la salle de bain.

- Le tenancier en question est d'une nature organisée, il possède de bons contacts dans la police et dispose d'un réseau plutôt efficace d'informateurs. Il est fort probable que ma localisation ne soit pas une surprise pour lui.

Massimo Vitali termina à ce moment précis d'envoyer un SMS puis rangea son portable dans le costume rayé qui lui servait pour les grandes occasions. Il s'en alla ensuite rejoindre la grande salle de réunion où tous ses lieutenants attendaient. Dans quelques heures il userait de toute son influence pour obtenir le contrôle de la branche des Nefaria, voire la remplacer par celle de Vitali. Et tandis qu'il rêvait de grandeur, Madame Masque continuait d'expliquer de menus détails à sa garde du corps en regardant une montre hors de prix qu'elle portait au poignet gauche.

- Il est possible d'accéder au bureau où j'ai rendez-vous soit par l'arrière du bâtiment soit par l'entrée principale ou encore par une entrée pour le personnel. Je vous laisse toute latitude pour me proposer un itinéraire. Pour ma part je vais me changer pour une tenue plus fonctionnelle.

Elle regrettait de ne pas pouvoir observer son "employée" agir, cela eut été assurément fascinant, mais elle devait aussi penser à rester opérationnelle pour la suite des évènements et sa tenue, aussi chic et de qualité fut-elle, ne pouvait rivaliser avec son uniforme habituel.

Dans une chambre qui faisait face à la sienne, un homme réceptionna un SMS et acheva de se poster à sa fenêtre. Il avait une vue plongeante sur la fenêtre de Madame Masque. Cette arrogante Nefaria avait naturellement pris grand soin de tirer ses rideaux pour empêcher qu'on puisse la viser, mais depuis une caméra installée dans un tableau, le tireur avait une visualisation suffisante des lieux.

Hélas, pour finaliser son tir, il allait devoir activer une balise laser intégré dans sa caméra pour estimer l'impact de sa balle. Il entra les réglages de son fusil dans l'ordinateur portable qui se tenait près de lui. Sitôt la touche "Entrée" écrasée, sa balise s'allumerait et il n'aurait pas plus de deux secondes pour agir...

Madame Masque se leva de son fauteuil avec la légèreté d'une femme du monde.

Un pointeur laser rouge tremblotant apparut alors sur le bord de son masque.

[HRP]
Un grand merci, ta plume est aussi toujours un régal !
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La tablette continua sa course tandis que l'héritière des Nefarias plongeait au sol. Le projectile, certes, mais aussi l'ordre très soudain de Domino activa les réflexes qui lui avaient sauvé la vie plus d'une fois dans des opérations bien plus périlleuses que celle-ci.

Dans le fond, Madame Masque était une femme qui attendait des autres bien plus d'honorabilité qu'elle n'en avait. Massimo était de fait son subordonné et ses rebuffades méritaient correction, mais tout aurait dû se passer dans les règles de la Maggia. Les autres membres de l'organisation criminelle agissaient toujours selon certains codes et une déférence que leur imposait le contrat social de leur monde parallèle. Elle était à la fois choquée de ce manque d'égard et se flagellait d'avoir été assez bête pour croire que son adversaire serait "honorable". Alors que la vitre volait en éclat, que les rideaux se déchiraient légèrement sous la puissance du tir et que le mur se retrouvait décoré d'un impact de munition, elle sentait une colère humiliée monter en elle.

Elle sentit la main de Domino dans son dos. De l'enfumage... très probablement, mais la future cheffe de la Maggia n'entendait pas se faire avoir si facilement... Des sentiments contraire s'affrontaient en elle et la laissèrent en pilotage automatique, suivant les indications non verbales de sa protectrice... Sur le chemin du couloir, il y avait la fameuse salle de bain. Elle eut un affreux déclic.

- Je dois récupérer mon arme... déclara-t-elle les dents serrées.

Alors que jusqu'ici elle s'était tenue basse en suivant le chemin que lui indiquait les pressions de la main de sa garde du corps, elle se glissa avec une vivacité ophidienne vers la pièce où attendait un Franck Vitali surpris. L'homme tenta de remuer plus vivement de sa chaise, conscient que quelque chose n'allait pas.

Sur une table qui reposait tout près, Madame Masque récupéra sa trousse de maquillage d'où elle sortit un révolver doré, un silencieux et un jeu de couteaux enroulé dans une toile de qualité. Elle déposa le tout sur le rebord d'un lavabo de marbre avant de plaquer des mains fermes sur les épaules de Franck qui sursauta. Ses gestes étaient ceux d'une femme trahie encore et encore et encore, ceux d'une femme dopée par une adrénaline qui lui rappelait que le monde avait parfois besoin de quelques exemples pour lui rappeler de marcher droit, ceux d'une femme qui évaporait ses larmes de rancoeur dans un bouillonement féroce.

- Un désignateur laser... , répéta-t-elle pensive, la gorge serrée par la rage. Ton père a le sens de l'organisation.

Cette dernière phrase se terminait sur une touche de regrets. Ses mains se fermaient lentement mais fermement sur les épaulettes du costume. Elle approcha son masque de l'oreille de sa victime qui essaya de s’écarter légèrement.

- Il aurait mieux fait d'être patient...

Soudainement, avec force, elle souleva l'homme avec sa chaise, lui arrachant des gémissements désespérés que l'eau vint noyer. La baignoire pleine s'agita tandis que le visage de Franck s'écrasait contre le fond. Ainsi ficelé et positionné, il n'avait aucune chance d'en réchapper.

Tandis qu'il se débattait comme un beau diable, Madame Masque se tourna vers Domino, écartant une mèche de cheveux de son masque. Redevenue calme, elle vissa son silencieux d'un geste automatique et soupira comme si elle venait de perdre un proche.

- Je suis prête à partir, déclara-t-elle comme si on lui proposait une simple promenade à cheval.

Chez ses ennemis, le tireur démontait en toute hâte son matériel en jurant alors que dans le couloir, une femme de chambre quittait de sa main droite l'oreillette qui lui indiquait que la première tentative avait échoué. Elle roula un drap et glissa sa main dans son panier de linge sale, prête à agir.

L'on ne pouvait qu'admirer les réflexes et l'efficacité de Domino. Son style était très "chien fou", d'aucuns diraient vulgaire, mais doté de cette efficacité que l'on retrouvait dans les corps et les esprits burinés par une vie de difficultés et de débrouillardise. En tant qu'employeuse, Madame Masque reconnaissait volontiers les qualités intrinsèques d'une éducation brouillonne et d'un apprentissage autodidactique qu'offrait ce que l'on appelait communément la "rue". Ce milieu ne générait pour ainsi dire aucun cadre, ni aucune forme de disciplinée innée, mais générait assez de gros bras et d'exécutant pour qu'on lui pardonne ses lacunes.

Madame Masque se gardait bien pour l'heure de juger si sa garde-du-corps avait assez de ressources pour espérer une vie meilleure dans des sphères plus élevées tandis qu'elle neutralisait l'assassin qui s'était déguisée en femme de chambre. Assassin qui pouvait s'estimer heureuse de tomber sur une adversaire plutôt fair-play qui lui laissait la vie sauve. Point négatif. Forme d'honneur ? La Nefaria se contenta d'entourer son arme de son foulard de grand couturier pour la camoufler a minima tandis que Domino lui proposait un choix : ascenseur ou escalier.

- L'escalier, décida-t-elle en jetant un regard vers la cage de l'ascenseur.

Elle avait déjà dû se battre dans un ascenseur. Un moment d'une rare félicitée et d'osmose. Dans un espace aussi restreint, le couteau était un outil d'une redoutable efficacité face à des armes à feu qui devenaient hautement hasardeuses. Mais ce genre de combat était d'un salissant. Non, l'escalier serait parfait : beaux espaces, possibilité de fuites multiples, impossible à leur adversaire d'anticiper leurs mouvements. D'autant que se faire les mollets serait idéal pour l'échauffer un peu.

Elles rejoignirent donc une porte au dessus de laquelle brillait la signalisation d'un personnage qui montait un profil d'escalier grossièrement dessiné. Madame Masque fit un signe à Domino pour qu'elle ouvre au moment précis où coulissèrent les portes de l'ascenseur proche.

Dans l'escalier, deux policiers attendaient patiemment. Grassement payés par Massimo, il attendaient que quelqu'un les rejoigne. Décontractés, comme s'ils étaient là dans une situation habituelle, l'un d'eux s'était avachi sur la rambarde à regarder les étages tandis que l'autre, les pouces dans sa ceinture observait le plan d'évacuation d'urgence accroché à un mur.

De la cage sortirent trois hommes d'une équipe d'entretien suivis d'un couple qui gloussait. Le masque de la mafieuse se tourna vers eux. Un homme de l'équipe d'entretien eut un sursaut en le découvrant. Un autre, légèrement en retrait portait un grand drap et une toile cirée. Ah. L'équipe de "nettoyage".

L'un d'eux plongea pour se cacher tandis que Madame Masque fit jaillir son arme à feu. Trois tirs au son étouffé par le silencieux entrecoupèrent des jurons. L'homme le plus proche s'effondra d'une balle dans la tête. Une autre vint se ficher dans l'épaule de celui qui plongeait et la dernière transperça la jugulaire du troisième. Le couple qui convolait paniqua lorsque jaillit le sang. Sans aucune hésitation, deux nouveaux tirs firent taire les cris.

Il n'en restait plus qu'un, planqué dans un coin. Madame Masque jeta un rapide coup d'oeil vers sa garde-du-corps.

Dans le parking, le chauffeur de Madame Masque terminait de lire son journal adossé à sa voiture. Sa patronne ne devrait plus être trop longue maintenant. Arrivèrent alors trois véhicules aux vitres teintées. L'une d'elle se baissa et trois tirs silencieux vinrent le faucher. Les voitures s'arrêtèrent près des sorties de l'hôtel, prêtes à recevoir leur colis.

Le tireur d'élite qui avait fui sortit le premier et s'engouffra dans un véhicule qui partit immédiatement.

Les deux autres attendaient. Le service de nettoyage ne serait normalement pas très long...

[HRP]
- Madame Masque choisit l'escalier et engage d'un geste sobre Domino à ouvrir le chemin ;
- Dans l'escalier deux policiers attendent ;
- De l'ascenseur sortent trois hommes de Massimo sous les traits d'hommes d'entretien ainsi qu'un couple de civils ;
- Madame Masque tue deux hommes, blesse le troisième et tue les deux civils qui font trop de bruits ;
- Dans la parking le chauffeur de Madame Masque se fait tuer, trois voitures arrivent. Deux voitures de mafieux attendent de récupérer le cadavre de Madame Masque. La troisième part avec le tireur d'élite qui a échoué son tir.
[/HRP]

Ainsi il y avait des lignes rouges.

Pétrie dans une éducation de jeune fille à qui on ne refusait rien, Madame Masque se surprenait toujours à voir chez les autres surprise et dégoût face à son caractère volatile. Elle retint un soupir de dédain agacé pour lui préférer un petit rire de peste prise la main dans la bonbonnière.

- Allons bon, ricana-t-elle. Pour quatre cadavres ?

Son écœurante désinvolture était parfaitement révélatrice de la laideur qui se cachait bien au-delà du masque.

- Vous tourneriez le dos à un juteux contrat pour... ça ? ajouta-t-elle en balayant la scène de son arme.

Elle voyait bien dans la posture de sa future ex-garde-du-corps de la méfiance, de la défiance même. Elle en vint à se frotter le front de son masque avec sa main libre. Elle concevait difficilement que les autres puissent avoir une vision valable du monde. Son esprit détraqué se connecta immédiatement sur une attitude plus séductrice.

- Je reconnais un excès, embraya-t-elle d'une voix légèrement affectée. je vous ai employée comme garde-du-corps et en tant que tel j'ai remis ma vie entre vos mains expertes. J'ai outrepassé les règles tacites de notre contrat en prenant une triste initiative. Votre réaction est bien légitime...

Elle posa une main insolente sur l'une de ses hanches.

- ... mais admettez qu'elle n'est pas bien cohérente, asséna-t-elle comme un coup de fouet. Assassin, meurtrière, cheffe de pègre, j'ai un temps géré aussi bien des réseaux de drogues que de vente d'armes, des jeux clandestins qui brisent des vies et des réseaux de trafic d'êtres humains... et là vous me faites une crise pour... quoi... deux ennemis et deux dommages collatéraux trop bruyants ? Qu'est-ce qui vous rend soudainement plus sensible ?

Madame Masque prit son arme par son silencieux et ôta son index de la gâchette en signe de paix.

- Nous vivons dans un monde où chaque être, qu'importe ses actes peut-être vaporisé par une entité qui se prend pour un dieu... nous vivons dans un monde où l'illégalité se cache au grand jour sous couvert des lois, ce monde où vous et moi vivons... Alors qu'est-ce qui déclenche chez vous tant d'état d'âme ?

Elle haussa les épaules comme si elle expliquait l'évidence.

- Mon monde est violent, brusque, sauvage. Vous le disiez plus tôt à votre manière avec votre métaphore de l'épée non ? Ici on choisit la manière dont on va mourir. Il n'y a pas à se tourmenter, il y a même quelque chose d'extrêmement juste. La Maggia est peut-être cruelle, avec un honneur dévoyé et des méthodes expéditives, mais j'ai élevé dans ses rangs plus de roturiers que tous les systèmes scolaires de ce monde, j'ai donné du sens à ceux que la société bannissait, des emplois, de l'argent, un avenir...

" Alors oui, les choses sont parfois sales...

Son pouce voltigea pour montrer par dessus son épaule son massacre.

- ... mais le monde n'offre rien. Il ne donne que ce qu'on daigne bien lui prendre.

Elle tendit son arme, crosse vers Domino comme pour la lui donner.

- Je vois que vous n'étiez pas prête à le voir et je le regrette, fit-elle sincèrement navrée, comme si elle avait bigornée un objet de luxe dans une vitrine de l'une de ses propriétés privées.

Au fond d'elle Madame Masque sentait qu'elle n'était pas aimée de cette personne, elle sentait qu'elle avait coupé un lien dont elle ne voulait pas consciemment mais que son inconscient désirait ardemment. Elle voulait être aimée... Elle voulait lui faire comprendre l'étendu de ses actes. Elle voulait la tirer vers son monde et sa vision de la réalité.

- Je regrette d'avantage que les termes de notre contrat n'aient pas été plus explicites aussi suis-je prête à reprendre ce dernier dans des termes plus clairs : je vous confie ma vie pour cette opération et vous laisserais aux commandes pour m'amener jusqu'à mon rendez-vous.

Elle lâcha le tissu dans lequel se trouvaient son jeu de couteau. Le sol lui renvoya un son métallique étouffé. Elle agissait comme si tout ceci n'avait été qu'une bavure aprmi tant d'autres.

- La vraie question est : qu'êtes-vous prête à prendre de ce monde ?

Dans l’entrebâillement de la porte de l’escalier voisin Domino écoute l’argumentaire de Madame Masque, celui d’une freaking psycho pas vraiment intelligibles pour la mutante. Elle lui demande qu’elle continue à la couvrir jusqu’au bout de l’opération de reconquête de Vegas qu’elle s’est fixée, que sa garde du corps ne lui fasse pas faux bond quand elle est menacée de mort en somme.

“Je suis pas plus sensible qu’avant. Quand des types essaient de me tuer j’ai aucun problème à leur réserver ce sort, mais le couple là, c’est diffèrent. Ils ne vivaient pas par l’épée et n'acceptaient pas le risque de mourir par elle, les menacer aurait suffit à ne pas alerter la police. Au pire je leur aurait mis des mandales.”

Elle plaqua son dos sur la porte entrebâillée en la regardant dans les yeux. Quitter cet hôtel sera super simple, comme répondre au FBI ou à la CIA même, qui viendront l'interroger sur les circonstances des tueries locales. Elle avait bossée pour eux et le faisait encore des fois, çà aide pour se sortir de ce genre de situations.

“Vous saviez très bien ce que vous faisiez en tuant les deux désarmés. Je n’ai jamais bossée pour la mafia et vous protéger me semblait un bon deal. Qu’elle mal y a t’il a défendre les gens? Je me suis déplacée de mon île pour vous et n’a rien fait payer pour çà. Je vous ai sauvée la vie et si je ne l’avait pas fait ces deux là vivraient encore. La vérité? Vous avez été très chanceuse Masque. Adios”

Elle poussa la porte battante avec son dos pour passer derrière celle ci, quittant le couloir et le monde de Nefaria qui aurait pu être le sien une journée si celle ci n’avait pas sabotée cette tentative avec son incompétence. Est ce que c'était pas un peu de la chance aussi?

HJ-

Spoiler:

Elle... elle partait ?

Scandalisée, Madame Masque, celle à qui rien ne pouvait être refusé voyait cette créature irréaliste continuer de s'éloigner en lui renvoyant chacun de ses arguments dans une logique incompréhensible pour elle.

Le pire fut sans doute le moment où elle ponctua par ce simple mot "chanceuse" ce plaidoyer de sortie. Cette dernière tirade pleine d'une morgue acrimonieuse fouetta les sangs de Giulietta. Misérable gamine écervelée ! Infecte mercenaire de bas étage incapable de saisir une chance unique lorsqu'elle se présentait. Avait-on idée de s'encombrer de scrupules en de pareils instants ?!

La porte se referma sur une Madame Masque dont l'arme tremblait de rage froide.

- Je décide seule du moment où dire "Adieu", siffla-t-elle à l'adresse de cette porte de métal froid.

Reprenant sèchement son arme au poing, elle se retourna vers les corps étendus sur le sol. Son silencieux se braqua soudainement vers les traces de sang de l'homme blessé qui remontaient vers son ancienne chambre. Un témoin qui irait raconter à Massimo que les Nefarias revenaient sérieusement aux affaires. L'arme balaya les cadavres et s'arrêta notamment sur le visage de l'"innocente" prise entre deux feux.

La psychopathe déchaîna sa fureur, pinçant ses lèvres déchiquetées, jusqu'à ce que ce visage de jeune femme dans la fleur de l'âge devienne méconnaissable. D'un geste colérique elle ramassa sa coutellerie et les portes de l'ascenseur se fermèrent sur son arme fumante. Elle écrasa sans regarder le bouton du sous-sol du parking.

Domino... domino... domino...

Chanceuse émérite...

La porte s'ouvrit à un étage intermédiaire. Un homme entre deux âges voulut rentrer, observa le masque, l'arme, les giclées de sang sur le tailleur chic de cette femme qui se tenait dans une posture extrêmement agressive et se ravisa dans un hoquettement étranglé.

Elle aurait pu le tuer mais l'opération était maintenant rendue caduque. D'un autre coté, perdue pour perdue... Les portes de l'ascenseur se refermèrent heureusement pour lui... avant de se rouvrir un peu plus bas. A ce rythme elle n'atteindrait jamais le parking.

Le groupe de vieillards et vieillardes qui s'entassaient devant les portes eut un mouvement de recul face à la furie de cette femme qui les bouscula comme une femme du monde qui fendait une foule de paparazzi. L'irruption surréaliste de cette femme armée dans la salle provoqua une première tétanie qui lui permit d'atteindre une porte d'escalier. Elle aurait dû les prendre plus tôt mais elle n'était plus guère en état de différencier sa colère de la réflexion rationnelle.

Domino... chose abjecte, babiole moralisatrice.

Elle commençait à dévaler l'escalier, faisant claquer ses chaussures contre les marches de béton dont l'écho ne lui parvenait plus au travers du brouillard vexé qui l'enveloppait.

La retour à la réalité fut plutôt brutal.

Trois hommes de mains, hors de leur véhicule, attendaient que leurs collègues reviennent avec leur colis. A ce moment précis, un téléphone vibra. "Elle s'est enfuie." indiquait un téléphone. Les hommes s'agitèrent lorsque, juste sous une signalisation de sortie de secours, dans un bruit de barre violemment enfoncée une porte métallique de sécurité s'ouvrit sur le masque de leur cible. Son foulard hors de prix enroulé autour du cou formait comme une trainée spectrale.

Les mains glissèrent dans les vestes et les holsters. Madame Masque eut une légère seconde de décalage avec la scène et s'élança derrière un pilier en brandissant son arme. Une balle se ficha dans la porte, une autre fit voler en éclat la signalisation lumineuse verte et rouge.

Le groupe ennemi se déploya pour l'encercler.


Massimo, en larmes, observait le cadavre de son fils ramené par deux éclopés d'une journée qui aurait dû sacrer son règne. Noyé... l'une des morts les plus atroces lui avait un jour confié le comte Nefaria, une mort pendant laquelle le corps combat l'esprit. L'un veut respirer l'autre sait que la mort attend le moindre effort en ce sens. Mais l'impérieuse nécessité vous fait avaler goulument de l'eau, vous sentez lentement la conscience vous quitter et désespérément tout votre être s'abîme dans le suicide continuant toujours plus...

L'un de ses hommes avait un bras en écharpe, l'autre avait la mâchoire pulvérisée. Ils étaient les seuls survivants.

Il avait demandé ce qui s'était passé mais l'unique témoin de la fusillade du parking, privé de toute capacité à dire quoi que ce fut avait juste écrit sous les effets de ses calmants : "Elle a rien dit... Elle a rien dit.".


Alors que les balles fusaient, Madame Masque s'était lentement abaissée et avait déroulé son foulard pour gagner en flexibilité et discrétion. Une silhouette était apparue à sa droite. Son bras et sa main avaient agi par réflexe. Deux balles. Un genoux et une tempe. Le moment de se déplacer.

Temps mort chez ses adversaires. Voiture proche. Mouvement rapide. Une balle ricocha contre une portière, un rétroviseur vola en éclat. Pluie de miroir et de verre. Une vitre éclata dans un bruit étouffé. Masque se posta rapidement au sol. Deux pieds. Deux balles. Un homme à terre. Elle se releva, continuait de progresser contre les voitures qui la protègeaot et l'éloignait de ses ad... Une homme parut près d'elle. Coup du plat de la main pour dévier sont arme à feu, un tir en dessous de la mâchoire. L'homme s'effondra. Sa position était de nouveau repérée, nouvelles rafales mais moins nourries, le groupe ne s'attendait pas à une telle résistance.

Les ordres fusaient maintenant et ceux qui s'étaient crus en position de force s'étaient mis à couvert.

On pouvait entendre les sirènes de police envahir les rues. Des deux côtés on jurait intérieurement même si Massimo pourrait faire libérer ses hommes.

Mouvement chez ses ennemis. Masque tira. Un homme fut manqué de justesse. En réponse, deux tirs. Déplacements de chaque camp. Etrange balai. Un miroir de virage indiqua un mouvement à Madame Masque. Elle put anticiper le mouvement d'un adversaire. Une balle traversa la gorge de l'ennemi et son sang recouvrit les sièges d'une décapotable blanche sproche.

Ne restait plus qu'un homme. Les sirènes devenaient de plus en plus audibles. Il respirait bruyamment. Sa main était moite et il n'avait pas eu le temps de mettre ses gants. Il fit un léger mouvement de la main pour assurer la prise qu'il avait sur son arme. Un tir vint alors percuter le canon de son révolver et le fit voler au loin. Un coup de poing le mit à terre. Le silencieux doré de son adversaire vint se coller contre sa mâchoire.

Il voulut dire un "pitié" mais elle ne lui ne laissa pas le temps. Sans un mot elle pulvérisa d'un tir l'articulation de sa maxillaire.

Elle laissa ainsi le dernier homme à terre, gémissant de douleur avant de rejoindre sa voiture. Son chauffeur était mort. Elle soupira comme si quelqu'un avait cassé l'un des objets pour lequel elle avait une profonde affection et rentra dans son véhicule en enjambant le cadavre.

La légère tristesse laissa place à une profonde indifférence lorsqu'elle démarra et passa sur le corps du type qui avait les deux pieds troués. Elle quitta le parking précipitamment et évita de peu la police qui venait de débarquer dans l'hôtel.

Elle retournait à son avion. La Maggia allait rentrer dans une zone de turbulences entre Massimo qui avait outrepassé ses prérogatives, la mort de son fils et la déconfiture de Madame Masque qui devait "différer" sa reconquête.

L'héritière, pleine d'amertume, repartait avec une nouvelle ennemie dont elle désirait maintenant éprouver la "chance" et de nouveaux objectifs.

Dans ce contexte, elle n'allait pas pouvoir gagner seule, elle allait devoir trouver de nouveaux alliés.

Ainsi seulement tournait la chance.

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Merci à toi pour ce sujet d'introduction !

Je ne doute pas que l'on trouve d'autres occasions de revoir ce duo irréconciliable
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