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Bas les masques [Cyclope] | Bas les masques [Cyclope] Lun 5 Sep - 23:04 | |
| Krakoa est vaste. Très vaste. Plus vaste que l'on pourrait l'imaginer, si l'on se hasarde à la survoler, quel que soit le moyen de transport et du moment qu'on en a obtenu l'autorisation, bien sûr. Près de 1800km² de terre vivante, désormais refuge de la communauté Mutante. Dans ce cadre et même si de plus en plus de Mutants les rejoignent au fil des semaines qui défilent, Krakoa est loin d'être habitée sur toute sa surface. Le périmètre de sécurité couvert par son esprit environne les trois kilomètres alentours. Certains penseront que c'est exagéré. Ceux qui ignorent, ceux qui sous-estiment. Quand à ceux qui savent... peut-être estimeront-ils que c'est encore un peu léger. Mais elle sait ce qu'elle fait. Ni trop, ni pas assez. Pour ce qu'elle a à faire, c'est suffisant. Trois kilomètres, pas âme qui vive dans ce périmètre, exceptés quelques animaux et Krakoa, bien entendu. Mais Krakoa accepte. Krakoa comprend. Krakoa observe. Elles partagent des points communs... dans un sens. Les entraînements de Jean sont dangereux, surtout ces derniers temps. Dangereux pour les autres, cela va sans dire. Depuis que Phénix l'a ressuscitée et que ses compagnons l'ont délivrée de la réalité alternative dans laquelle elle était retenue à son corps défendant, elle s'impose très régulièrement un entraînement tout particulier. Depuis que le gêne Mutant s'est éveillé en elle, Jean a très souvent été privée de ses pouvoirs télépathiques. Volontairement, par des barrières, mais la plupart du temps elle ne l'a pas choisi. Combats particulièrement compliqués, adversaires redoutables, traumatismes... sont autant de raisons qui ont régulièrement occasionné la perte de ce pouvoir, quant il a été bien plus rare qu'elle perde ses capacités de télékinésie et de lévitation. Avant qu'elle ne meurt, il restait finalement assez épisodique qu'elle ait les trois à sa disposition en même temps. Fait qui a changé depuis que Phénix l'a ramenée d'entre les morts. Depuis ce moment, elle n'a jamais perdu aucun des trois, n'a jamais bridé aucun des trois. Depuis ce jour, s'impose-t-elle donc régulièrement un entraînement tout particulier, qui mêle lévitation, maîtrise de la télékinésie et capacités télépathiques. Oh... elle est capable de maîtriser les trois et d'alterner entre les trois sans véritable difficulté. Mais ça ne suffit pas. Ca n'est pas assez. Elle est morte. Oui. Morte. Elle a été possédée par Phénix, plusieurs fois. Tout cela... ne doit plus arriver. Jamais. Elle doit donc devenir plus forte... encore plus forte... Sa longue chevelure rousse tranche violemment dans le paysage, alors que sa combinaison, confectionnée à partir d'un métal spécial qui la moule comme une seconde peau, se fond presque harmonieusement dans le paysage vert qui l'entoure. A quelques mètres au-dessus du sol, ses paupières sont closes, son corps est droit mais souple, comme si ses talons étaient tout de même ancrés dans une terre quelconque. La pulpe de ses doigts frôle ses tempes. Ca s'agite beaucoup autour d'elle. Un bal incessant. Des roches de toutes les tailles s'élèvent les unes après les autres, filant à toute vitesse bien loin d'elle, pour finalement revenir en boomerang comme si ses propres alliés se retournaient finalement contre elle. Mais avant qu'elles ne la percutent de plein fouet, elles se brisent en poussière quand elles se heurtent au bouclier de force érigé autour d'elle. Dans un même temps, dès qu'elle perçoit le moindre animal pénétrer dans le périmètre de sécurité, elle l'engage à faire demi-tour par télépathie, si le niveau d'éveil de l'animal le permet, ou alors elle prend directement le contrôle de son cerveau pour lui faire faire demi tour. Normalement, aucun Mutant ne devrait entrer dans la zone. Mais si d'aventure c'était le cas, il serait immédiatement averti, ou contraint, de faire demi tour et de sortir de la zone de danger. Cela doit faire environ 1h qu'elle s'entraîne à ce rythme, et elle aurait sans doute continué ; si seulement... Un flash. C'est violent. C'est soudain. Le feu. La fournaise. La colère. La rage. Un souvenir. Un traumatisme. Un calvaire. Un pan irrémédiablement brisé de sa vie. Le contrôle. Son contrôle. Son énergie. Mais pas que la sienne. Ses paupières se froissent avant de s'ouvrir en grand. Ses pupilles se dilatent sèchement, tandis que ses yeux s'écarquillent. Ses pouvoirs se déstabilisent d'eux-mêmes. Comme une interférence. Elle manque de s'écraser au sol, sa lévitation brisée sous le choc, et de se faire percuter par quelles lourdes pierres au passage. Mais elle se rattrape in-extremis et atterrit en douceur sur l'herbe. La roche, privée de contrôle, privée de téléguidage, tombe tout autour d'elle en une pluie dangereusement battante. Puis le calme. Le silence. Brisé uniquement de temps à autre par le pépiement d'un oiseau ou le froissement des feuilles dans les branches qui la surplombent. Jean est debout, les bras le longs du corps, les poings serrés, ses paupières sont à nouveau étroitement closes. Ses traits sont fermés et l'inquiétude se lit sur son visage comme dans un livre ouvert. *Scott. Je t'attends à la maison.* Nul besoin d'en dire d'avantage. Nul besoin de pénétrer plus avant dans son esprit. Il risque déjà sans doute de ne pas vraiment apprécier cette incursion. Oh il la laisse faire... c'est bien pour cela qu'elle n'a toujours pas identifié très clairement qu'il y a un problème, et qu'il est sévère. Il agit avec parcimonie. Et c'est précisément ce point qui a déclenché ses soupçons depuis plusieurs semaines.
Il la laisse pénétrer son esprit, avec parcimonie. Il est froid, distant, avec parcimonie. Il est souriant, aimable, avec parcimonie. Il est tendre, avec parcimonie. Il la rejette, avec parcimonie. Il l'aime, avec parcimonie.
Rien de tout cela n'est normal. Rien de tout cela ne s'explique. Elle lui a laissé du temps. Beaucoup de temps. Elle lui a tendu la main. Pour qu'il s'explique, pour qu'il se confie à elle. Au lieu de cela il se retranche derrière ses barrières. Avec parcimonie, donc. Pour qu'elle ne se rende compte de rien. Mais aussi doué soit-il... ils se connaissent depuis 17 ans. Cela fait plus de 12 ans qu'ils sont ensemble. Il ne peut pas sérieusement envisager que ce qu'il lui cache va pouvoir rester enfoui encore longtemps.
Plus maintenant. Plus avec "ça". Plus avec cette sensation.
Elle a du mal à y croire. Elle a du mal à l'envisager. Comment est-ce possible... Ses sens l'auraient-ils trompée ? Peu probable mais pas impossible. Pourtant... oui, pourtant... cette énergie si caractéristique, qui a si souvent transformé sa vie en Enfer. Cette énergie puissante, cette signature si tangible, si particulière... Mais ce n'est pas le pire. Non, pas le pire. Car à la sienne se mêle une autre. Plus fine, plus discrète, qui se fond presque dans la masse de la monstruosité qu'est le Cosmique. La sienne.
Scott... qu'as-tu fait... |
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Re: Bas les masques [Cyclope] Jeu 15 Sep - 3:38 | |
| Scott traversa le portail en sens inverse. Combien de temps était-il parti, au juste ? Une heure ? Deux, peut-être ? Le décalage horaire rendait difficile de mesurer le temps passé lors de ces déplacements, surtout compte tenu de l'instantanéité des transports. En tout cas le soleil n'avait-il pas encore eu le temps de se coucher, malgré un après-midi déjà bien avancé lorsqu'il s'était absenté. Il s'en fallait de peu que leurs téléporteurs se retrouvent au chômage technique - et il n'était pas sans penser qu'il faudrait trouver à Kurt de quoi s'occuper, pour éviter qu'il n'emploie ce nouveau temps libre à quelque facétie. S'agissant d'Ilyana... Elle avait assez à faire pour ne pas être mécontente de ne plus devoir leur servir de taxi, si souvent qu'il ait pu recourir à ses services par le passé. Dès son retour sur l'île, le premier des X-Men regretta immédiatement ses choix vestimentaires. Ils avaient peut-être judicieusement placé Krakoa sur la carte du monde pour s'éviter des climats trop peu cléments - qu'ils pouvaient de toute façon réguler à l'envi, pourvu qu'Ororo soit dans les parages -, mais les températures insulaires ne seyaient pas vraiment à une veste en cuir. Il retira donc rapidement la sienne avant de rôtir à l'intérieur et prit la direction de chez lui, les pieds dans le sable. La « Maison Summers » - comme on avait pris l'habitude de l'appeler - était située quelque peu à l'écart des autres habitations. Avec les années, leur arbre généalogique était devenu plus conséquent qu'ils ne l'auraient souhaité, ses branches s'étendant à travers le temps et les autres dimensions... Et il leur fallait pouvoir accueillir tout ce petit monde, dans l'éventualité où ils leur rendraient visite en même temps sans se concerter. De plus, un simple séjour des Starjammers demandait de pouvoir accueillir l'entièreté de l'équipage paternel pour ne pas les forcer à dormir dans leur vaisseau - ce n'aurait pas été correct, en plus de ne pouvoir assurer leur protection, aucun d'entre eux n'étant porteur du gêne mutant. Autant dire que les faire « dormir dehors » s'avérerait rapidement pénible pour tout le monde, en plus de risquer de nuire à leurs bonnes relations. Ces jours-ci, cependant, la large demeure qu'ils s'étaient construit n'appartenait qu'à eux ; même Cable - même Nathan, plutôt, s'efforçait-il de faire la distinction - n'avait plus occupé ses quartiers depuis quelques semaines désormais. Pour la première fois depuis longtemps - depuis qu'ils avaient investi l'île, en vérité -, ils avaient droit à un peu d'intimité. Ce qui n'arrangeait pas ses affaires. S'il s'était fait à l'idée que « cette » Jean était aussi la sienne, en dépit du hasard cosmique qui avait mené à cette improbable situation, il n'en était pas pour autant enclin à lui confier tous ses secrets. À elle moins encore qu'aux autres, en vérité, non pas malgré mais à cause de leurs liens. Si désagréable qu'ait été l'expérience, il avait déjà encaissé les regards accusateurs du reste de l'équipe quand il avait dévié du droit chemin. Il y avait survécu. En revanche, s'il devait avoir droit au même traitement de la part de celle qu'il aimait, il n'était pas sûr de la façon dont il réagirait. Et il marchait déjà suffisamment sur la corde de raide pour ne pas en prendre le risque. C'était une autre vie, oui, mais c'était la sienne. Celle qu'il avait vécu jusqu'à en mourir. Ces événements, il les avait vécus ; ces choix, il les avait faits. Et si tout n'était pas intentionnel, il n'en était pas moins responsable, et ne voulait pas savoir comment elle y réagirait si elle venait à apprendre. C'était peut-être pour la meilleure des causes, mais ça n'enlevait rien à la gravité de ses actes. Arrivé à proximité de sa zone d'habitation, il vit la porte s'ouvrir pour le laisser rentrer après l'avoir reconnu - l'une des nombreuses facilités rendues possibles par la technologies conçues à partir de Krakoa, grâce aux esprits les plus brillants ayant pris leurs quartiers sur l'île. De la même manière n'eut-il rien à faire pour que l'éclairage se répande dans la pièce dès qu'il y eut mis les pieds, des globes luminescents incrustés dans le plafond s'en chargeant sans qu'il ait à le leur demander. C'avait demandé un temps d'adaptation, et ce malgré le niveau d'équipement déjà avancé disponible à l'institut ; s'agissant de ce plafonnier « naturel », il s'estima encore une fois heureux d'avoir ses lunettes pour le protéger de son éclat. La veste qu'il gardait sous le bras fut promptement pendue à un porte-manteau avant qu'il progresse plus loin à l'intérieur, sondant la maison à la recherche d'une présence - celle qui l'avait réclamé. ▬ Jean ? Qu'y a-t-il ? Un problème avec le Conseil ?C'était, après tout, le principal sujet de leurs échanges ces derniers temps - Krakoa, son conseil, ses règles et ce qui devait encore être fait. Il ne laissait que peu de place au reste, et c'était à son avantage. C'était aussi le seul qui, à son sens, puisse légitimer qu'elle « l'appelle » sans pouvoir attendre qu'il rentre, d'autant qu'il ne s'absentait que rarement ; longtemps encore moins. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pendant ces quelques dizaines de minutes pour qu'elle le sollicite de cette manière ? C'était d'autant plus étrange que d'ordinaire, c'était Charles qui, présidant audit Conseil, se chargeait de prévenir les différents intervenants lorsqu'une réunion était de rigueur. Tous ensemble. Pas un par un, pas personnellement. Alors quoi ? _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. » |
| | Re: Bas les masques [Cyclope] Jeu 15 Sep - 9:51 | |
| Encore. Toujours la même chose. Depuis des mois et des mois. Cette froideur. Cette distance. Cette... échappatoire omniprésente. Se seraient-ils déjà engagés sur la voie de la monotonie ? De ces relations qui se transforment peu à peu en collocation, puis une vague amitié, jusqu'au jour... où l'on n'a plus rien à se dire. Où le quotidien est devenu tellement habituel, tellement... fade, qu'il n'a plus d'attrait pour aucun des deux... Elle refuse d'y croire. Elle refuse de céder à cette inquiétude. Elle l'aime, profondément, sincèrement, plus que tout au monde. Cela fait des années que ça dure et ça ne changera pas.
- Le conseil... hein... Murmure-t-elle dans un souffle alors qu'elle lui tourne le dos, ses prunelles claires fixant le paysage verdoyant qui s'épanouit au travers de la large fenêtre de leur bureau commun.
Elle a retiré la tenue spéciale qu'elle revêt lorsqu'elle s'entraîne, ou qu'elle est officiellement -ou non- en mission pour la communauté, et arbore les mêmes vêtements que ceux qu'elle portait durant son entrevue avec Tony Stark. Pantalon et légère chemise de lin pâle, cheveux détachés tombant lourdement sur ses épaules.
- Rassure-toi, il n'y a aucun problème avec le Conseil. Finit-elle par ajouter dans un soupir.
Jean se tourne et s'adosse quelques minutes contre le montant de la fenêtre fermée. Et si son visage conserve sa douceur naturelle, elle semble néanmoins tendue, alors qu'elle le dévisage longuement sans mot dire.
- Scott.
Le silence est brisé, la position statique tout autant. Cinq lettres, un mot, rien de plus. Et pourtant... ce simple nom enclenche l'introduction d'un échange qui risque d'être long, pénible, voir peut-être houleux. Jean s'approche. A pas lents, presque mesurés. Mais elle se rapproche, sans faillir et sans hésitation. Elle brise la distance et ne s'arrête que lorsqu'ils sont nez à nez.
- J'ai fait preuve de patience. Je t'ai laissé du temps, beaucoup de temps. Je t'ai ouvert la voie, plusieurs fois. Pour que tu me parles, pour que tu te confies à moi.
Les mots sont prononcés d'une voix douce, mais non sans une pointe de déception.
- Cela fait plus de quinze ans que nous sommes ensemble. Tu ne peux décemment pas imaginer que je ne me sois rendue compte de rien...
De la peine. Oui. Elle a de la peine. Sa main s'élève dans les airs, s'élève vers son visage. Oh pas pour lire dans ses pensées, pas pour pénétrer son esprit, rien de tout cela. Juste un geste de tendresse, d'une épouse envers son mari. Mais l'interprètera-t-il ainsi... rien n'est moins sûr.
- Quand as-tu décidé de ne plus rien me dire... A partir de quand... pourquoi... suis-je devenue une étrangère à tes yeux. Dis moi...
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Re: Bas les masques [Cyclope] Dim 25 Sep - 15:00 | |
| ▬ Bon. Tant mieux.
Les derniers mois n'avaient pas été simples. Sans surprise, l'émergence de Krakoa - la place qu'elle avait pris de force sur la scène internationale - a créé quelques vagues. Et si bon nombre en étaient restés sans voix au début, les réactions avaient bien fini par venir, et toutes n'étaient pas positives. C'était prévu ; attendu, même - mais néanmoins éreintant à gérer. Le Conseil avait fort à faire pour que leur entrée aux Nations Unies se fasse en douceur autant que possible. Scott en était venu à penser que certains ne quittaient jamais leur siège - le Professeur le premier, si las qu'il doive être de passer sa vie assis - tant une affaire ne se réglait que pour céder sa place à une autre. Et si toute n'avaient de toute évidence pas le même rayonnement, ils ne pouvaient se permettre d'en négliger aucune s'ils voulaient être crédibles aux yeux du monde.
En tant qu'homme de terrain, le premier des X-Men n'occupait sa propre place à la grande table que quand il en avait le loisir, votant par voie psychique ou par procuration le reste du temps, et estimait que c'était déjà beaucoup ; il n'osait imaginer ce que les autres devaient endurer, et n'était pas sans se douter que cela seyait tout aussi peu à certains des élus. Quand avaient-ils dormi pour la dernière fois ? C'était une chance que Krakoa produise un café à peu près potable : ils allaient en avoir besoin.
Il soupira, s'étira ; la journée avait été longue, pour cette raison et pour d'autres.
▬ Oui ?
Il n'eut pas le temps de progresser plus loin qu'elle vint vers lui - et s'il lui arrivait d'être quelque peu maladroit quant aux repères sociaux, dans le cas de Jean, il la connaissait assez pour savoir que ce n'était pas à une tendre étreinte qu'il devait se préparer. Il tâcha néanmoins de ne pas se raidir : de quoi qu'il puisse s'agir, ce n'était pas comme si elle allait s'en prendre à lui. Il n'avait aucune raison de s'en faire. Enfin... Presque. Et s'il aurait voulu croire encore un instant que ce n'était pas de ça qu'il s'agissait, la direction que prenaient progressivement ses reproches - car c'en étaient, malgré tous ses efforts pour en arrondir les angles - laissait peu de place au doute. À tout le moins, les inquiétudes qu'elle manifestait en étaient la directe conséquence, même s'il n'en connaissait pas la source. Or, là encore, il avait la certitude qu'elle ne l'aurait pas confronté de la sorte si elle n'avait pas déjà sa petite idée sur la question.
Il avait essayé de la tromper, de la tenir occupée, de brouiller les pistes - mais au final, ils se connaissaient trop, trop bien pour que cela dure plus qu'un temps déterminé. Et manifestement, ce trop court délai arrivait à son terme. Que faire alors ? Que dire ?... Ce n'était pas comme s'il n'y avait pas déjà réfléchi, n'avait pas envisagé le pire, mais sa conclusion était systématiquement la même : il ne voyait pas quel alibi il pourrait trouver, quelle histoire pourrait le sortir de là. Il ne se réjouissait déjà pas d'avoir dû lui mentir - ne fut-ce que par omission - depuis qu'il avait pris conscience de son « ancienne vie », ou qu'importe la manière dont il devrait décrire ce procédé. Et il avait depuis un autre secret à garder, un qui pourrait bien les détruire ; elle, lui, tout le monde. Non, il ne pouvais pas lui mentir ; néanmoins, il se devait d'essayer - car la vérité pourrait être plus destructrice encore.
▬ Je.. Je suis juste fatigué, Jean. Il leva la main pour la poser sur la sienne, acceptant ouvertement ce contact qu'il désirait autant qu'il pouvait le fuir - qu'il avait cru perdu à jamais. Le seul dont il avait besoin et qu'il n'était plus en droit d'avoir. Il y a tellement de choses à faire, tellement de choses à penser, ça n'en finit plus. Toute notre vie a été une fuite en avant, mais ces deux dernières années... J'ai l'impression que quoi qu'on fasse, les choses ne font qu'empirer. J'espère sincèrement que Krakoa sera notre planche de salut, et je ferai tout pour qu'elle le soit, mais... Si ça ne suffisait pas ? Ses doigts se serrèrent un peu plus sur les siens. C'est peut-être ridicule de penser ça alors que nous sommes des dizaines de milliers sur cette île, que nous comptons parmi nous certains des êtres les plus puissants de cette planète, mais... J'ai été tellement habitué à voir s'effondrer tout ce que nous essayons de construire que je n'arrive pas à ne pas me demander ce qui pourrait mal tourner. Je veux juste... Mettre toutes les chances de notre côté. _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. » |
| | Re: Bas les masques [Cyclope] Lun 26 Sep - 1:50 | |
| Il ne la rejette pas. Ne refuse pas le contact, s'y raccroche même. Et ce geste lui inspire un certain soulagement, alors elle relâche un tendre sourire. Il est léger, fugace, comme un songe qui s'évanouit bien vite dès que le réveil sonne. Mais il était là et bien là. Il est rare qu'il accepte ce genre d'intentions de sa part désormais, et depuis bien des mois à vrai dire... Alors... ne peut-elle qu'en éprouver une profonde joie, même si le sujet qui les amène à se parler aujourd'hui en réduit drastiquement la saveur.
Juste... fatigué. Elle veut bien le croire. Elle ne demande qu'à croire tout ce qu'il lui dit, tout ce qu'il s'apprête peut-être à lui dire. Il est fatigué, et cela se comprend. Krakoa est toute jeune, du moins en tant que nation. C'est un travail de longue haleine, lourd, éreintant, et il faut bien admettre que les difficultés ne cessent de se dresser sur un chemin déjà laborieux par essence. Des obstacles qui proviennent tout autant de l'intérieur que de l'extérieur, par ailleurs...
Cependant.
Jean l'écoute. Avec attention, sans l'interrompre, sans retirer la main qu'il serre. Pour une fois, depuis bien longtemps, comme si... il avait enfin besoin d'elle, quand il ne résidait chez lui qu'une fuite en avant depuis ces derniers mois. Est-il donc bien placé... quand il en parle, finalement. Même si il place ces quelques mots dans un tout autre contexte.
Elle comprend ce qu'il ressent... bien entendu qu'elle comprend. Elle ne l'entend que trop bien pour passer son temps à être aux premières loges, comme il l'est. Alors la fatigue oui, elle la ressent, elle la perçoit et elle la partage.
Cependant.
La fuite en avant se poursuit et elle extirpe un bref soupir. Déception, lassitude, compassion ou amertume... peut être les quatre conjointement quelque part. Car s'il dévoile un peu plus ses pensées, ses émotions, sa... lassitude, à lui aussi, cela reste un détour. Il n'emprunte pas le chemin qui le mènerait directement là où elle veut qu'il aille. Sans doute en a t'il conscience. Sans doute, repousse t'il le moment où ils devront faire face. Car il ne sera pas le seul à cet instant.
- Jusqu'à avoir recours à Phénix, Scott ? Il n'est pas une chance. Il va provoquer le chaos et la destruction, tu es mieux placé que quiconque pour le savoir.
Et l'instant semble arrivé.
A t'il déjà oublié tout ce qu'ils ont enduré à cause du Cosmique ? Tout ce qu'elle a enduré par sa faute ? Et bien qu'elle soit en vie aujourd'hui grâce à lui, c'est bien la seule chose positive que l'on peut mettre au crédit de l'entité. Bien que, là aussi, les tenants de ses actes restent on ne peut plus discutables dans la mesure où il l'avait enfermée dans une dimension parallèle et que ses compagnons ont du l'en extraire.
Les prunelles de Jean le dévisagent avec autant de douceur qu'auparavant. Les mots n'ont plus la même teneur, ni la même saveur. Ils sont ce qu'ils paraissent être, et là est bien tout le problème. Mais... elle y croit. Elle espère encore qu'il va réaliser que la route qu'il emprunte n'est en aucun cas la bonne. Il faut... qu'il le réalise. Il doit... se souvenir. Se rappeler ce qu'est Phénix, ce qu'il engendre, ce qu'il... détruit. En lui même, en premier lieu.
- Je reviens de chez Tony Stark.
Il serait presque inutile de poursuivre, tant la suite lui semblera évidente. Et pourtant... Jean délaisse sa joue, mais conserve sa main qu'elle couve entre les siennes. Il ne doit pas penser qu'elle le rejette pour ce qu'il a fait. Elle est de son côté, elle l'a toujours été et le sera toujours. Mais là... il doit comprendre. Il le doit.
- J'ai du retirer trois résidus cosmiques qui gangrénaient son esprit. Scott... il a été le premier à reconnaitre qu'il avait fait preuve d'arrogance et d'indélicatesse pendant votre entretien. Et si je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre vous... tu sais aussi bien que moi que c'était extrême... Phénix est déjà compliqué à gérer pour un mutant, alors pour un humain... Mais.... plus important encore...
Ses mains se crispent un peu sur la sienne alors qu'elle extirpe un soupir.
- ...comment... es-tu entrée en possession de Phénix et sous quelle forme est-il...? Tu sais ce qu'il va arriver si tu le gardes avec toi, n'est-ce pas...
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Re: Bas les masques [Cyclope] Mar 18 Oct - 15:42 | |
| Elle savait. Bien sûr qu'elle savait. Il avait botté en touche tant qu'il pouvait, évité la confrontation... Mais dès lors qu'elle l'avait mis dos au mur, il savait que la mèche - ou plutôt la plume - était vendue. Il ne servait plus à rien de se cacher. Quelque part, c'était un soulagement ; tout excellent stratège qu'il soit, les subterfuges n'avaient jamais été son fort, en tout cas pas dans le domaine du privé. Devoir garder cela pour lui l'avait mis sur des charbons ardents, au propre comme au figuré. Bien sûr, il allait à présent devoir se dépêtrer des conséquences de cette discutable décision, et la discussion à suivre promettait d'être houleuse - mais au moins pouvait-il jouer cartes sur table. Au moins sur ce sujet. Et non content d'être une créature de feu, le Phénix serait aussi un excellent écran de fumée pour le reste de ses secrets, espérait-il.
▬ S'il le faut.
Et il le fallait. Car Krakoa comptait peut-être des centaines de milliers de mutants parmi sa population, mais tous n'étaient pas taillés pour le combat, par choix ou par manque d'entraînement. Car Krakoa comptait peut-être certains des meilleurs guerriers, des plus puissants pouvoirs que la Terre ait compté, mais qu'ils devaient justement être prêts à faire au monde entier. Parer à toute éventualité, c'était le mot d'ordre ; surtout maintenant alors que, comme ils l'avaient prévu, tous les regardaient avec méfiance, attendant leur prochain mouvement. Toutes les nations les observaient au microscope, ils ne pouvaient pas se permettre le moindre faux pas. Et si d'aventure on devait considérer qu'ils étaient encore une menace, qu'on venait une fois de plus s'en prendre à eux... Ils devront être prêt. Il le serait pour eux, si besoin est.
▬ Et toi, tu devrais être bien placée pour savoir que Phénix n'est pas qu'une malédiction. répondit-il le plus calmement du monde, bien conscient qu'ils avançaient à présent sur un terrain miné. Son but n'était pas de rouvrir de vieilles blessures - mais compte tenu du sujet, il voyait mal comment il pourrait ne pas le faire. Je sais ce qu'il t'a fait. Je ne risque pas de l'oublier. Mais toi, tu sembles en revanche oublier qu'avant de se retourner contre toi, il t'a aussi permis de faire des choses exceptionnelles. Je ne cherche pas à dire que le bon contrebalance le mauvais, mais... Il ne faut pas non plus en faire abstraction.
C'était une autre raison pour laquelle il avait tant repoussé l'échéance ; aussi sensés que soient ses arguments, il ne pourrait pas lui faire entendre raison. Pas après ce qu'elle avait vécu sous l'influence de l'oiseau de feu, pas avec le mal qu'il lui avait fait - et, peut-être plus encore, celui qu'il lui avait fait faire. C'était peine perdue, mais cela ne l'empêcherait pas d'essayer. Que pouvait-il faire d'autre, de toute manière ?
Précautionneusement, il glissa sa main libre dans sa poche et en extirpa le fameux brandon de discorde, veillant à garder entre elle et lui une distance de sécurité. Jean ne l'avait, pour autant qu'il sache, jamais vu sous cette forme - celle d'un œuf doré luminescent dont émanait une chaleur apaisante - mais elle ne manquerait pas de le reconnaître ; après tout, il avait fait partie d'elle, à moins que ce ne soit l'inverse. Le simple fait de le mettre à l'air libre suffit à hausser la température de la pièce de quelques degrés.
▬ Je t'accorde volontiers que nos dernières rencontres avec lui n'ont pas été des plus heureuses, mais... Le Phénix n'est pas mauvais par essence. Ce sont les émotions qui lui font perdre le contrôle, il n'a jamais été conçu pour en avoir. Tant que nous l'utilisons avec précaution, il peut être notre plus grand allié.
Il rechignait à parler de l'utiliser comme si c'était une arme ou un outil quelconque et non un être pensant, mais c'était encore la meilleure manière de le dire. Il s'agissait moins de collaborer avec le Phénix que de l'employer à leurs fins - les siennes, en l'occurrence, et donc celles de Krakoa également. Tout ce qu'il faisait était dans leur intérêt, que cela transparaisse ou non.
▬ Je n'ai pas l'intention de le laisser s'emparer de moi. Pas encore, corrigea-t-il intérieurement. Ou de qui que ce soit d'autre. Ni de le laisser éclore, si je peux l'éviter. C'est juste un moyen de dissuasion. Et aussi dangereux soit-il, je pense qu'il vaut mieux ça que de doter Krakoa de têtes nucléaires.
Certes, tous les missiles jamais construits par l'homme faisaient bien pâle figure comparé au potentiel de destruction du Phénix - coupable de milliards de morts à travers les galaxies -, mais force était de constater qu'il serait plus facile à cacher. À garder au chaud dans l'espoir qu'ils ne doivent jamais faire appel à lui. Et si c'était le cas, s'ils en arrivaient à de telles extrémités, qu'auraient-ils encore à perdre ? L'entité cosmique avait été la source de bien des maux, pour eux et pour tant d'autres, mais ils avaient tiré des leçons de ces échecs successifs - des tragédies survenues à chacune de ses apparitions. Ils pouvaient le contrôler, cette fois. Il remit l'œuf dans sa poche, hors de vue.
▬ Quant à Stark, il a eu ce qu'il méritait. Ce n'était bien sûr pas à elle qu'était destinée la froideur dans sa voix. Si tu as été dans sa tête, tu sais pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait. Je n'ai pas besoin de l'influence de qui que ce soit pour ne pas apprécier qu'on essaie de m'intimider. Ça m'a semblé préférable que de couler son bateau. dit-il en effleurant ses lunettes.
Oui de lui faire un trou dans le torse, s'abstint-il d'ajouter ; le moment était mal choisi pour ce genre d'humour, alors qu'elle devait être en train de passer au crible chacun de ses mots - s'assurer qu'ils soient bien les siens et pas ceux d'une force primordiale s'exprimant par sa bouche. Mais Scott Summers était effectivement sain de corps et d'esprit ; à elle de juger si c'était oui ou non une bonne chose dans cette situation. _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. » |
| | Re: Bas les masques [Cyclope] Lun 24 Oct - 22:48 | |
| Ses yeux se plissent brièvement. S'il le faut ? Ou bien... il le faut, Scott. Car l'un ou l'autre est on ne peut plus différent.
Il le dit. Il ose le dire. Phénix... n'est pas qu'une malédiction. Non... effectivement. Il n'est pas qu'une malédiction. Mais il en est une tout de même. Et aucune malédiction, quelle qu'elle soit, quelle que soit sa nature, ne devrait être sous estimée, ne devrait être oubliée. L'essence profonde de Phénix n'est bonne pour personne. Et surtout pas pour lui.
Ses mains le relâchent lorsqu'il prononce ces mots. Lorsqu'il reprend la parole. Elles ne le quittent ni brutalement, ni sèchement. Mais elles le délaissent malgré tout. Ce qui est un message suffisamment fort à cet instant. Reflet de l'âme. Reflet de ce qui tourmente l'esprit de Jean à ses mots.
- Par des choses exceptionnelles, tu entends toute la souffrance que j'ai causée autour de moi ? Par des choses exceptionnelles, tu veux dire me retenir prisonnière pendant des mois et des mois, me privant de ma vie et de mes proches, pendant que mon propre époux se laissait berner par lui et coulait des jours heureux en compagnie d'une fausse Jean ? Oh sois rassuré, je ne l'ai pas oublié, Scott.
Elle prononce ces quelques phrases d'une voix plus sèche qu'elle ne l'aurait souhaité. Car en définitive... elle ne lui en a jamais réellement voulu pour cela. Celui à qui elle en veut... c'est Phénix. C'est lui qui lui a volé sa vie. Et si les Avengers n'étaient pas tombés sur sa prison de fortune par hasard... dieu ou quelle qu'autre entité suprême, pour peu qu'elle existe vraiment, sait combien de temps cela aurait pu durer. Jusqu'à sa mort, peut être bien...
Son regard d'émeraude dérive vers la poche dans laquelle plonge sa main, avant d'en ressortir un oeuf. Les mâchoires de Jean se contractent dans la seconde, alors que ses sourcils se froncent d'un air réprobateur. Elle ignorait totalement que Phénix était capable d'arborer cette forme, d'être presque à l'état... larvaire. Et en l'occurrence, c'est plutôt une bonne chose. Tout peut encore être arrêté. Un éclair d'or zèbre brièvement ses prunelles tandis que ses poings se referment sèchement.
Ce oeuf... ne doit jamais éclore. Jamais.
Ses lèvres s'entrouvrent sous le coup de la surprise, alors que son époux lui adresse quelques mots qui prouvent... qui renforcent... toutes ses craintes. Absolument toutes.
- Notre plus grand allié ? Scott... non mais tu t'entends parler...?
Quelqu'un d'autre ne t'a t'il pas dit la même chose, il y a peu de temps...? Réfléchis y, Scott. Et réfléchis y bien. Et pourtant... il y a fort longtemps que les deux amies ne se sont pas vues. Elles n'ont donc pas eu besoin de se concerter pour aborder la situation de la même manière. Car la considérer ainsi... est juste du bon sens. Un bon sens qui semble totalement échapper à son compagnon aujourd'hui.
- Mais tu n'auras pas le choix Scott ! IL ne te laissera pas le choix ! Tu crois que tu peux le maîtriser ? N'as-tu donc aucune mémoire du passé ? N'as-tu donc tiré aucune expérience des déboires que nous avons rencontrés, que nous avons du affronter à cause de lui ?
Sa voix s'élève plus fort, plus vibrante, alors que les murs tremblent très légèrement autour d'eux dans un grondement tout aussi sinistre que l'est, que ne le devient... l'humeur de la mutante. Il ne peut pas avoir perdu l'esprit à ce point... Il ne peut pas imaginer, envisager sérieusement qu'il pourra contenir la puissance de Phénix si celui-ci arrive à pleine maturité. Elle le soupçonne déjà de ne pas être à même de le contrôler totalement, alors qu'il n'est que sous la forme d'un oeuf. Alors... s'il venait à évoluer... et prendre totalement le contrôle de Scott... avec les pouvoirs et capacités qui sont les siens... Ce serait une véritable catastrophe.
Il justifie ses actes envers Tony Stark et Jean extirpe un sourire contrit à ses paroles. Elle a été à sa place jadis... bien pire, bien plus longtemps, bien plus sous l'emprise de Phénix que lui. Pense-t-il sincèrement qu'elle n'a jamais employé les mêmes excuses que celles qu'il lui sort en ce moment même... quand elle laissait Phénix prendre le contrôle, qu'elle commettait des actes plus ou moins innommables en justifiant qu'elle était dans son bon droit, quand... pas du tout.
- Ne...
Ses poings se serrent. Son visage s'affaisse vers le sol. Son regard s'embue.
- ...te moque pas...
Ses mâchoires se crispent sèchement. Sa tenue civile disparait au profit de sa tenue or et émeraude d'X-Men. Tous les volets de métal de la maison se ferment dans un claquement sec, les plongeant dans une semi pénombre alors que les lumières vacillent.
- ...de moi...
Une pression semble soudainement opprimer la maison. De lourdes, épaisses et sinueuses lianes végétales entourent l'extérieur. Un dense dôme de végétation a bientôt recouvert la petite maison où ils logeaient. Où ils logeaient paisiblement. Du moins se berçait-elle à le croire. Depuis tout ce temps. Alors qu'en définitive...
- Tu dis que tu n'as pas l'intention de le laisser s'emparer de toi... Mais c'est déjà fait.
Elle relève lentement le visage vers lui, alors qu'un regard assez indéfinissable se pose sur son époux. Il semblerait qu'elle cherche encore à comprendre. Qu'elle cherche encore une solution pour faire marche arrière.
- J'étais là, Scott. Sur l'île. Quand Tony Stark est venu à ta rencontre. J'ai perçu le pouvoir de Phénix. Pensais-tu réellement que je ne me rendrais compte de rien... Je suis sa première et plus ancienne victime, ne l'oublie pas. Tu l'as laissé prendre le contrôle. Et ça... c'est déjà lui avoir cédé du terrain. Tu as de la chance qu'il ne soit que sous cette forme pour l'instant. Tu serais déjà perdu sinon.
Sa main s'élève dans les airs, alors que sa paume se tend dans sa direction. Elle ne s'approche pas. Ne fait aucun pas dans sa direction. Ses iris brillants le dévisagent avec attention.
- Phénix est mon fardeau. Il l'a toujours été. Je ne le laisserai pas te corrompre. Donne le moi, qu'on en finisse avec lui et qu'il reparte d'où il vient. Tu peux encore tout arrêter. Alors... je t'en prie... sois raisonnable...
Ce oeuf... ne doit jamais éclore. Jamais.
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Re: Bas les masques [Cyclope] Mar 25 Oct - 12:38 | |
| Il la laissa dire ce qu'elle avait à dire, exprimer ce qu'elle avait sur le cœur. Il était à prévoir que Jean ne voie pas les choses du même œil que lui à ce sujet - qu'elle avait trop souffert de ses manigances pour admettre que cette créature était aussi capable de positif. Scott la laissa parler sans l'interrompre, sans la contrarier plus que ce n'était déjà fait, et ce même lorsque son état de nerfs finit par affecter leur environnement. Mieux valait la laisser se défouler, attendre qu'elle revienne à de meilleurs sentiments - autant que faire se peut - qu'insister alors qu'elle était dans cet état. Tout au plus prit-il le temps d'observer que rien ne menaçait de s'effondrer sur eux - sur elle, en particulier, craignant qu'elle n'ait pas le réflexe de se protéger en cas de chute de mobilier tant tout cela mobilisait son entière et indivisible attention.
Pour sa part, il ne broncha pas. Non pas parce qu'il n'en avait que faire, mais parce qu'il savait que cette colère n'était pas dirigée directement contre lui - du moins pas dans son entièreté. Contre le Phénix pour être revenu dans leurs vies, contre cette situation pour s'être produite... S'il était coupable de quelque chose, c'était d'avoir laissé ça arriver - pire ; d'y avoir aidé. Qui sait combien de temps cet œuf aurait pu rester enfoui s'il n'était pas allé le chercher ? Et en même temps... Aurait-il vraiment pu faire autrement ? Au vu de son emplacement, c'était comme s'il l'attendait - comme s'il pouvait n'être trouvé que par lui. Là encore, c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas partager. De toute façon, s'il ne s'en était pas chargé, la Phoenix Force aurait trouvé un autre moyen de remonter jusqu'à eux tôt ou tard - fut-ce uniquement après être revenue au monde. Ce n'était qu'une question de temps.
▬ Tu... As été absente un long moment, Jean. Tu ne sais pas tout ce qu'il s'est passé. Et ce qu'il ne s'est pas passé non plus. Et elle ne le saura pas. Elle ne l'admettrait pas, malgré tous les trésors de compréhension dont il la sait capable. Elle n'avait pas besoin de cela en plus, et lui non plus. Tu as peut-être été sa première victime sur Terre, mais il y en a eu d'autres. Avant et... Après toi. Nous avons eu plusieurs fois l'occasion de l'observer, de comprendre comment il fonctionne. Mais nous ne pouvons pas utiliser ce que nous avons appris si nous avons peur de nous en approcher.
De la même manière que les premiers hommes avaient dû apprendre à maîtriser le feu, ils devaient apprendre à dompter le Phénix - à ne plus le laisser n'en faire qu'à sa guise. D'un pas placide, il se dirigea vers un vase renversé par la colère de la maîtresse de maison et le remit à sa place malgré la légère fissure qui décorait désormais son embouchure. Un geste d'une telle rationalité que c'en était presque désarmant - ramasser ce qu'on fait tomber, crise maritale ou pas - et qui, en cela, lui ressemblait bien.
▬ Je l'ai utilisé. Pas l'inverse. Il n'est pas capable de « contrôler » quoi que ce soit dans l'état où il est. Libre à toi de ne pas aimer ce que tu as pu voir, mais je peux te garantir que c'était juste moi. Les quelques fleurs fraîchement coupées remises à leur place - gracieuseté de Krakoa pour décorer leur intérieur ; il convenait de les traiter avec respect -, il se tourna pour lui faire face, la mine encore neutre. Nous ne sommes plus des enfants, Jean. Nous pouvons admettre qu'il y a des parties de l'autre que nous n'apprécions pas sans que cela remette en cause notre relation.
Même s'il n'en trouvait aucune qui ne lui plaise pas chez elle. Elle avait toujours été parfaite, tout du moins à ses yeux.
▬ Cette colère fait aussi partie de moi. Cette colère, c'est le fruit de quinze années à devoir subir tout ce que le monde nous a jeté au visage. Quinze années à ce qu'on veuille soit nous exterminer, soit se servir de nous. À être traités comme des curiosités et des monstres de foire. Tony Stark n'est que le dernier à se le permettre, à essayer de se faire de l'argent sur notre dos alors que l'on essaie désespérément de se créer une place dans ce monde. Tu penses vraiment que c'est notre bien-être qu'il avait à cœur ?
Il n'avait peut-être pas sa finesse d'analyse, mais elle n'était plus la seule à pouvoir lire dans les esprits.
▬ Je ne lui en veux même pas plus que ça personnellement. C'est ce qu'il fait, il n'est pas arrivé là où il en est par hasard. Ce n'est que le premier vautour à être venu rôder autour de l'île. Je n'attendais pas mieux de sa part. Mais maintenant, nous avons enfin les moyens de riposter. Et moi non plus, je ne vais plus me laisser faire. Il est temps que le monde apprenne que nous ne sommes pas là pour nous laisser piétiner.
Quant à lui céder comme elle le proposait... Pensait-elle vraiment que ça allait marcher ? S'il y avait quelqu'un qui ne devait jamais toucher à cet œuf, c'était bien elle. Si elle avait coupé tout lien avec l'entité, il y avait néanmoins fort à parier que celle-ci saisirait la première occasion de revenir vers elle si elle donnait le moindre signe de vouloir de sa compagnie à nouveau. Le manipuler était déjà jouer avec le feu ; le lui donner serait y jeter de l'essence.
▬ Il n'en est pas question. C'est moi qui ai été le chercher. J'en prends la responsabilité. Il ajusta sa tenue de manière à ce que la bosse formée par l'œuf ne soit plus apparente à qui ne serait pas déjà au courant. Ça n'a pas posé problème jusque là. Il n'y a pas de raison que ça en pose davantage.
Car oui : elle n'avait aucune idée du temps depuis lequel il avait déjà cet objet sur lui, cet embryon qui ne demandait qu'à être porté à terme. Est-ce que qui que ce soit s'en était rendu compte, avant qu'il daigne s'en servir ouvertement ? Non. N'était-ce pas la preuve que les choses étaient - au moins pour l'heure - encore sous son contrôle ? Le feu n'avait pas encore pris, et avec un peu de chance, il ne se déclarerait jamais. Mais cela introduisait aussi la notion glaçante que cet œuf avait été près d'elle pendant des semaines - peut-être des mois - sans qu'elle n'en sache rien. Et si elle pouvait légitimement s'étonner, voire s'inquiéter de ne pas l'avoir perçu, même avec un Scott aussi souvent absent que faire se peut, il y avait sans doute plus agréable que d'apprendre que l'on dormait sous le même toit qu'une arme de destruction massive.
▬ J'ai été raisonnable toute ma vie, Jean. Je le suis encore aujourd'hui. Parfois même à l'excès ; on lui avait souvent reproché - elle y compris - d'être trop froid, trop pragmatique, là où elle avait plus tendance à être au contact de ses émotions. C'était en quelque sorte l'équilibre qu'ils avaient trouvé pour faire fonctionner leur relation, se contrebalançant l'un l'autre pour éviter de tomber dans les extrêmes. Seulement voilà : comme il le disait, elle l'avait délaissé pendant longtemps - certes contre son gré -, et il avait dû se débrouiller seul avec sa logique implacable. Pour le meilleur comme pour le pire. D'un geste simple, comme si ça n'avait pour lui pas toujours été un traumatisme et une peur permanente, il porta la main à son visage et retira ses lunettes ; la laissa voir ses yeux sans qu'un faisceau destructeur ne l'emporte, elle et leur foyer tout entier. Avec un peu de chance, peut-être verrait-elle dans son regard la sincérité dont il faisait preuve ici.
▬ Ce n'est pas dans mes habitudes de prendre des risques inconsidérés. Je sais que ce n'est pas facile pour toi d'accepter ça, ce n'est pas simple pour moi non plus. Mais je te demande de me croire quand je dis que je sais ce que je fais. Je ne peux rien dire de plus.
Peut-être même un peu trop. Mais là encore, c'était encore lui et sa conscience - laquelle n'avait, elle non plus, pas les meilleures prévisions sur la manière dont se finirait toute cette histoire. Mais il était trop tard pour changer de cap, pour revenir sur des positions qu'il avait déjà du mal à assumer, ne serait-ce que pour les vieilles blessures qu'elles allaient rouvrir. Il devait aller jusqu'au bout, quoi qu'il en coûte. Dût-il s'y brûler les ailes - si les ailes ne le brûlaient pas en premier. _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. » |
| | Re: Bas les masques [Cyclope] Jeu 27 Oct - 0:00 | |
| Elle n'en revient pas. Jean a beau l'écouter, essayer de comprendre comment il peut en arriver à un tel cheminement de pensées, il semble que sa façon de voir les choses soit bien en dehors de sa portée. Depuis quand... est-il devenu aussi extrême. Où est passé le Scott mesuré qui réfléchissait si judicieusement avant d'agir ? Qu'est-il devenu ? Elle aurait du prendre les choses en main avant... Agatha avait raison. Elle ne s'en rend que trop compte aujourd'hui. Elle aurait du... oui. Elle aurait du.
Mais elle n'a rien fait.
- Nous parlons d'une entité capable d'anéantir des planètes entières Scott. Et toi tu la qualifies comme s'il s'agissait d'un banal outil dont il suffit simplement d'avoir le mode d'emploi. Phénix n'a, que je sache, jamais été fourni avec une notice.
Si Jean est peu friande d'ironie en temps normal, il semble qu'aujourd'hui elle fasse une exception. Une exception qui démontre à quel point elle est troublée. A quel point son attitude la trouble. Et les choses ne vont clairement pas en s'arrangeant quand il annonce carrément qu'il a utilisé sciemment Phénix. Les lèvres de Jean s'entrouvrent sous le coup de la surprise, de la stupéfaction totale qui manque presque de lui faire rater un battement de coeur.
Ses sourcils se froncent alors qu'il aborde un sujet, sous couvert de reproches par-dessus le marché, qu'il aurait mieux valu qu'il garde pour lui.
- Quand ai-je remis en question notre relation ? Pardon Scott, mais j'ai du rater ce moment. Il n'est question ici ni de notre relation, ni d'un trait de caractère que je n'apprécierais pas ou plus chez toi. Il est question d'une puissance qui te dépasse, que tu crois maîtriser et qui va tous nous conduire à notre perte si tu ne te réveilles pas bien vite. Si tu ne te réveilles pas... avant qu'il ne soit trop tard.
Elle est à deux doigts de lui lancer que celui qui ne cesse de remettre leur relation en question depuis des mois, depuis ce fameux jour où il s'est éveillé après un cauchemar un peu trop vivace, c'est lui et certainement pas elle. Jean a développé des trésors de patience dont sans doute peu de femmes serait capables, même par amour. Ce qui transparait dans son attitude tout autant que dans ses intentions depuis ce jour là... c'est ça... ça... qui les éloigne, petit à petit, lentement mais sûrement.
Mais elle s'abstient, car elle n'ira pas sur ce terrain là. Pas aujourd'hui, pas maintenant du moins. Car le sujet du jour n'est pas leur relation de couple. Mais bien la puissance qu'il se trimballe depuis... depuis combien de temps au juste...
- Je me fiche éperdument de ce que Tony Stark avait en tête quand il est venu te voir. C'est un opportuniste, il est resté fidèle à ce qu'il est. Tu le connais bien mieux que moi, ça ne devrait pas t'étonner. Mais tu n'avais pas besoin, il n'était pas utile de lui faire subir ce que tu lui as fait. Je te l'ai dit, c'était cruel et inutile. Un "non" à sa proposition aurait suffit. Nous sommes nombreux à être en colère. Nous sommes nombreux à en avoir marre d'être traités de la sorte. Mais bon sang Scott... utiliser Phénix... espérer le dompter... c'est une utopie.
Alors qu'il lui lance qu'ils ont enfin les moyens de riposter, qu'il ne se laissera plus faire, qu'il est "temps" d'apprendre au monde que les mutants ne sont pas là pour se laisser piétiner, sous entendant, ou plutôt revendiquant clairement, dans la mesure où il l'a dit il y a peu, que tous les moyens sont bons... le regard de Jean se voile un instant, tandis qu'elle plante son regard dans celui qui se tient caché derrière ses lunettes.
- Tu parles comme Magneto.
Et autant dire que dans la bouche de celle qu'il a assassinée, c'est tout sauf un compliment. Et pourtant... si elle se déteste pour cela, c'est vraiment le sentiment qu'il lui donne à cet instant. Car tout ce qu'il dit... c'est le discours promulgué par les Mutants qui ont un jour ou l'autre provoqué d'irrémédiables catastrophes en franchissant la ligne rouge. Tous les moyens sont bons... entrer dans l'esprit d'un humain en se fichant éperdument des dégâts causés sur son passage... juste parce que celui-ci l'aura contrarié... oui... c'est un discours et une attitude de despote. Ce qui la trouble encore d'avantage, pour peu que ce soit possible. Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'il en arrive là. Elle a raté quelque chose... elle a forcément raté quelque chose... Mais quoi.
- Tu ne me dis pas tout.
Purement rhétorique qui n'est même plus de l'ordre de la question à ce stade. C'est une affirmation.
- Il s'est passé quelque chose. Un évènement que j'ignore. Comment veux tu que je te comprenne si tu me caches encore des choses... Lance-t-elle d'un ton empli de regrets.
Elle ne peut pas l'obliger à lui révéler ce qu'il refuse de lui dire. Vu les circonstances, elle aurait sans doute fait une entorse à la règle et elle ne lui aurait pas demandé son autorisation pour aller chercher l'information vitale qui semble lui manquer. Mais là... il a Phénix. Cette possibilité est donc totalement exclue.
Il range l'oeuf et refuse de céder à sa demande. Elle s'en afflige. Réellement. Mais vu la teneur de ses propos depuis le début de leur conversation... elle n'est malheureusement pas surprise. Là encore... elle avait osé y croire. Et c'est comme si... depuis qu'il était rentré, il s'évertuait à abattre un à un les espoirs qu'elle nourrissait encore en lui. A force... elle va finir par croire qu'il le fait exprès. Qu'il n'attend qu'une chose... qu'elle le rejette.
- Tu prendras la responsabilité du prochain Genosha humain également Scott ? Et puis quoi ? C'est tout. Tout ira bien dans le meilleur des mondes. Tu vas gérer sous prétexte que tu as contrôlé jusqu'à maintenant. Alors qu'il n'est que sous la forme d'un oeuf... un oeuf qui évoluera sans le moindre doute à un moment ou à un autre...
Un profond soupir s'extirpe de sa poitrine alors qu'elle ferme brièvement les paupières. Lorsqu'elle les rouvre, elle constate qu'il a retiré ses lunettes et qu'il a planté son regard dans le sien. Son visage ne semble pas y réagir. Alors qu'au fond d'elle... il lui brise un peu plus le coeur. Evidemment... c'est ce moment là qu'il choisit pour faire ça...
Non Scott. Non. Tu n'es plus raisonnable. Tu as délaissé ce trait de caractère à la minute où tu as décidé d'utiliser Phénix contre les humains. Dès ce moment là... tu n'étais plus celui qu'elle a toujours connu.
- Comme quoi, tout le monde peut radicalement changer...
Elle murmure à peine ces mots. Comme s'ils étaient prononcés plus à son attention qu'à celle de son époux. Et lorsque le dernier franchit la barrière de ses lèvres, toutes les lianes végétales qui encerclaient la maison se rétractent pour retourner dans les profondeurs de l'île, alors que les volets métalliques se rouvrent aussi sèchement que lorsqu'ils s'étaient fermés.
Il ne peut rien dire de plus ? Soit. Alors Jean se tourne. Se détourne. Se détourne de lui, sans lui adresser un regard.
- Tu n'as pas à décider de cela tout seul. Les conséquences pourraient être bien trop dramatiques, autant pour les humains, que pour nous, que pour cette planète dans son intégralité. Dès que tu as décidé d'utiliser la puissance d'un Cosmique, cela ne te regarde plus uniquement. Je ne te laisserai pas faire. Je ne te laisserai pas te perdre dans cette folie. Tu peux bien dire ce que tu veux, le Conseil décidera de la suite. C'est pour cela que nous l'avons créé, tu es bien placé pour le savoir puisque tu en es membre. Mais dans la mesure où tu as décidé d'agir seul dans le dos de tout le monde, ce point se prête également à discussion. Et je ne pense pas que Charles va apprécier de savoir Phénix sur l'île qu'il essaie de protéger. Dans notre pays Scott. Car ce n'est pas seulement toi que ça concerne. Tu nous mets tous en danger.
A ces mots elle avance vers la porte d'entrée de la maison, contactant déjà chacun des membres du Conseil Silencieux par télépathie, afin qu'une session extraordinaire soit organisée dans les minutes à venir. Le Conseil tranchera. Ce sera sans doute serré, car peut être que Magneto et Mystique se rallieront du côté de Scott. Mais les autres... cela est déjà nettement moins sûr, Charles-Xavier et elle en tête de liste.
Elle se remémore avec amertume les paroles d'Agatha.
Vous ne devez pas aussi oublier que vos rôles se mélangent. L'Épouse et Dirigeante de Krakoa. Je ne me mêlerai jamais des affaires de votre nation, ne vous inquiétez pas. Mais je tiens à pointer que ces deux rôles peuvent, parfois, se dévorer mutuellement …
Il semble que ce soit maintenant... à cet instant précis, et peut-être ceux à venir très prochainement... que cette réflexion va découvrir sa conclusion. En souhaitant qu'elle soit heureuse pour tout le monde, eux en particulier. |
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Re: Bas les masques [Cyclope] Sam 29 Oct - 3:29 | |
| ▬ Cette entité t'a aussi sauvé la vie, Jean.Pour finalement la lui coûter lorsqu'elle avait choisi de se sacrifier - de donner sa vie de peur de ce que cette puissance incontrôlable pourrait faire avec son corps comme vaisseau -, mais elle n'en avait pas moins été préservée en partie grâce à lui avant ce tragique événement. Grâce à qui, sinon la Force Phénix, avait-elle survécu à cette tempête solaire ? D'aucuns avanceraient que le sort qu'elle avait dû subir - cloîtrée dans ce cocon, laissée en léthargie pendant qu'une « autre Jean » faite d'étoiles et de feu vivait parmi eux - était peut-être pire encore que si elle avait péri dans le vide spatial, mais Scott n'était pas de cet avis. Si l'on pouvait déplorer que les choses aient ensuite si mal tourné - et plus d'une fois -, il ne fallait pas oublier que leur premier contact avait été un sauvetage. Pas sans conséquences, pas sans attendre quelque chose en retour - mais le Phénix lui était venu en aide quand personne d'autre ne le pouvait. Et depuis lors, ils n'étaient pas sans savoir ce qui l'avait poussé à venir vers elle à ce moment-là, dans ce qu'elle pensait être ses derniers instants. Mais cela, elle semblait l'avoir oublié - ou, tout du moins, ne pas vouloir y penser. Il le déplorait amèrement. ▬ Comme je le disais... Tu es partie trop longtemps, Jean. soupira-t-il. Bien sûr, elle n'y pouvait rien, et son but n'était pas de lui reprocher - mais elle devait comprendre qu'en l'espace des quelques années où elle avait reposé en paix, tout ce qui faisait leur quotidien avait considérablement empiré. Nous t'avons montré ce que tu avais manqué, mais ce n'était pas la même chose que de le vivre, et je suis à peu près sûr que personne n'a voulu te laisser le ressentir. Si important que soit le fait de l'aider à se remettre à la page - à réintégrer le monde des vivants -, il n'aurait pas pu leur pardonner de la lui infliger. Cette douleur, cette détresse, il ne s'en souvenait que trop bien ; elle n'avait jamais cessé de vivre en lui. Tu n'étais plus là quand l'immense majorité d'entre nous s'est volatilisée en quelques syllabes. Et... Tu étais déjà partie quand ils ont voulu nous enfermer dans une réserve et nous faire garder par des Sentinelles. Nous étions un peuple entier. Nous sommes devenus une espèce protégée... Pour ne pas dire en voie d'extinction. La mine contrite, les lunettes encore à la main, il releva les yeux vers elle - des yeux dans lesquels ne brillait qu'un infime point rouge, qu'une discrète lumière là où il ne pouvait d'ordinaire s'empêcher de déverser des torrents d'énergie dévastatrice. Loin de l'encourager à se déchaîner, le Phénix, même encore endormi, le dotait d'une retenue qu'il n'aurait jamais pu avoir en temps normal. Dont il aurait été physiquement incapable. Certes, elle était encore des leurs lorsque Genosha et tous ses habitants avaient été rayés de la carte, mais même ça n'était rien en comparaison de ce que la Sorcière Rouge leur avait infligé. Un mal qui ne saurait jamais être défait, peu importe combien elle prétendait vouloir se repentir désormais. Il n'y avait pas de pardon pour ceux qui commettaient de telles horreurs ; il était bien placé pour le savoir. ▬ Quand est-ce que dire « non » a jamais suffi à nous défendre de quoi que ce soit ? Quand est-ce qu'un simple refus a pu inciter qui que ce soit à nous épargner ? Je vais te le dire : jamais. Il faut nous montrer dissuasifs, ou nous serons à jamais les victimes de ceux qui se croient meilleurs que nous. Peut-être y aurait-il eu d'autres manières de faire passer le message, mais au moins était-il sûr que Tony Stark y réfléchirait désormais à deux fois avant d'attiser sa colère. Avant de chercher à nuire à Krakoa, que ce soit par ses malversations financières ou un quelconque autre moyen. Peut-être était-il sincèrement persuadé d'être animé des meilleures intentions - Scott le pensait trop intelligent pour se leurrer de la sorte, mais on ne sait jamais -, mais il devait savoir au fond de lui qu'un tel accord ne leur aurait profité en rien, ou que trop peu. Qu'il n'aurait réussi qu'à les écraser pour faire du profit, même si cela n'avait pas été son but initial. Alors qu'il ne vienne pas se plaindre d'avoir été débouté comme il le méritait. Ils ne seraient jamais plus les perdants de l'histoire, plus jamais de vulgaires dommages collatéraux. Ce temps-là était derrière eux, et tant pis pour les illusions qu'il emportait avec lui. Y compris celles de Jean, apparemment. ▬ Une utopie ? Je crois pourtant me rappeler n'être pas le premier à avoir essayé. Sa compagne n'avait certes pas choisi d'être l'élue de cette créature venue des profondeurs du cosmos à l'origine... Mais elle avait plus d'une fois choisi d'arborer ses couleurs de son plein gré au travers de ses différents costumes, de son pseudonyme, même alors qu'elle en était provisoirement débarrassée. Que ce soit en son honneur ou en hommage à leur fille, Jean avait été plus longtemps « Phoenix » qu'elle n'avait été « Marvel Girl » - même alors qu'elle n'avait aucune raison de l'être. Et lorsqu'effectivement l'entité était à nouveau venue trouver refuge en elle - faire son nid au creux de sa personne -, si elle n'en avait pas été ravie, elle avait néanmoins choisi de l'arborer là encore avec fierté. L'on pouvait certes y voir une forme de résignation, une tentative de faire autant de bien qu'elle le pouvait à son aide tant qu'à être forcée de l'héberger, mais... Quelles qu'en soient les raisons, que faisait-elle alors, sinon tenter elle aussi de le tenir en cage ? Il se passa une main dans les cheveux. ▬ Tu m'as fait confiance lorsqu'Apocalypse a fusionné avec moi. Assez pour parcourir la Terre entière à ma recherche, parce que tu étais persuadée que je finirais par avoir le dessus. Que même quelque chose comme lui serait incapable de m'écraser, d'avoir raison de ma volonté. C'était il y a des années, c'est vrai, mais... Dis-moi, Jean, qu'est-ce qui a changé depuis ?Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle veuille mêler le Conseil à tout cela - pas si vite, en tout cas. C'était dire si elle devait se sentir désemparée. Il aurait pu l'en empêcher ; essayer de la raisonner, ou… Au pire des cas, employer d'autres moyens. Il rechignait à utiliser une quelconque forme de contrainte à son encontre - précisément parce que ce ne serait pas sans rappeler une sombre époque de leur histoire, intimement liée à l'oiseau de feu -, mais si c'avait été nécessaire, peut-être aurait-il dû s'y résoudre. Mais nécessaire, ça ne l'était pas. Car à bien y réfléchir... Il n'avait jamais eu l'intention de le cacher. Pas longtemps, pas sur la durée. Si ce n'était évidemment pas le genre de chose à crier sur tous les toits, il ne comptait pas non plus dissimuler éternellement sa présence - ne l'aurait pas pu, de toute manière. Avec le nombre de puissants télépathes hébergés sur Krakoa, même si tous n'étaient fort heureusement pas liés à l'entité cosmique, sa présence se serait fait sentir dans la seconde où il aurait fait mine de quitter son cocon. Alors oui. Sans doute serait-il mieux pour tout le monde de savoir dès maintenant si ce qu'il faisait était oui ou non en phase avec les principes de leur nation autant qu'il avait pu le croire - et continuait de le faire jusqu'à preuve du contraire. Si vraiment le pouvoir du Phénix avait commencé à lui faire tourner la tête avant même son éclosion, c'était l'occasion ou jamais de le vérifier. Il remit en place ses lunettes - ce mur, cette barrière de quartz-rubis derrière laquelle il était perpétuellement enfermé. Qu'il avait tenté d'abattre devant elle - une occasion qu'il n'avait que trop rarement, généralement grâce à ce « fléau » qu'elle mettait tant d'énergie à rejeter. Malgré toute la portée que ce geste pouvait avoir pour lui, pour eux, elle n'en avait eu que faire ; une autre preuve de son aveuglement, de la peur qui embrouillait son esprit et l'empêchait de penser clairement. Bien sûr, ses craintes étaient légitimes, mais est-ce que ses propres biais ne troublaient pas quelque peu son jugement ? ▬ Vas-y, Il croisa les bras ; si tout ce qu'il disait ne pouvait l'atteindre, peut-être les autres auraient-ils plus de chance. Appelle-les. Nous allons voir ce qu'ils en pensent.Et s'il n'en dit mot pour ne pas la blesser plus que c'était déjà fait, il n'était pas sans penser que le résultat pourrait la surprendre. S'il était inévitable qu'une partie d'entre eux - la « bonne » partie, n'avait-il pas peur de dire, ou tout du moins de penser ; leurs amis et leurs proches - se rangerait de son côté… Ce ne serait pas le cas de tout le monde. La composition du Conseil - qui, déjà devait avoir commencé à se rassembler - n'était pas anodine : le but était aussi d'avoir des avis à même de contrebalancer les leurs, au point d'en être parfois les extrêmes opposés. Et même comme cela... Il pouvait aussi y avoir quelques surprises. Mauvaises, sans doute, mais nécessaires néanmoins pour qu'elle prenne conscience du monde dans lequel ils vivaient désormais. Ainsi qu'il l'expliquait encore à Rogue une heure plus tôt, les X-Men n'existaient plus. Leurs méthodes avaient échoué. C'était une vérité qu'il avait lui-même essayé de nier à l'occasion de cette seconde chance, mais l'attaque des Sentinelles l'avait durement rappelé à la réalité. Il ne ferait pas deux fois cette erreur. Dans cette vie comme dans l'autre, les temps avaient changé, et ils devaient s'adapter s'ils voulaient pouvoir survivre. Évoluer - n'était-ce pas ce que les mutants étaient censés faire de mieux ? _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. »
Dernière édition par Cyclope le Dim 30 Oct - 6:35, édité 1 fois |
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Re: Bas les masques [Cyclope] Sam 29 Oct - 15:02 | |
| Le conseil a été convoqué par Jean Gray l’une de ses membres qui l’a mis au courant de la situation. Son mari avait en sa possession l’œuf de phénix et un tel danger cosmique ne pouvait être abrité sur Krakoa par un seul mutant sans que les autres en soient avertis. Ils se sont donc réunis et ont attendu Cyclope et Marvel Girl deux de ses membres dont on connaissait déjà logiquement la teneur du vote. Scott voudra le garder, Jean qu’on lui retire. Ce serait donc au Conseil de se prononcer pour savoir si oui ou non Cyclope devait être remis à sa place voir même, méritait un bannissement temporaire dans les entrailles de l’île. “Jean vous a tous expliqué la situation. Vous avez donc toutes les cartes en main pour vous prononcer maintenant. Devons nous laisser Scott conserver l’œuf de Phoenix qu’il nous a caché?” Les sièges du printemps eurent à se prononcer. Monet St Croix fut la première.“C’est non. Une arme de dissuasion n’a d’utilité que si tout le monde sait que vous l’avez en votre possession, et le phénix avec la peur qu’il inspire ce serait trés mauvais pour nos affaires.”Ce fut ensuite au tour d’Emma Frost la Reine Blanche.“J’ai mal pour toi Scott, poignardé par sa propre moitié ce doit être encore plus douloureux…Tu as tout mon soutien, tu sais que je serais toujours là pour toi.” Puis Sébastien Shaw le Roi Noir.“Non.”Un vote pour et deux votes contre pour le printemps. Sur les trois membres des sièges de l’été Marvel Girl et Cyclope s’étaient déja prononcé par leurs actes et il ne restait plus que Kurt Wagner.“La force Phoenix n’est pas que puissante elle est aussi incontrôlable et corruptrice. Je comprends la tentation qu’il y a a vouloir l’utiliser mais il ne faut pas y céder. Posons nous la question: En faisant la somme de toutes les fois où le Phénix est intervenu et avec une vue d’ensemble, vous en gardez un bilan positif ou négatif? Pour moi c’est un non catégorique. Parce que c'est grave. Il doit lui être retiré et bien caché, quelque part loin de ce monde.”Les sièges de l’été s’étant prononcés a un pour et deux contre. Ce fut ensuite aux sièges de l’Hiver de donner leurs votes Mr Sinistre en premier. “Le phénix entre les mains de ce type ?!? Mais c’est trop drôle hahaha! J’adore!” Puis de Exodus.“J’ai déjà été l’hôte du phénix et c’est faisable de le contrôler. Si tu as besoin que je t’épaule Cyclope n’hésite pas à me le demander.”Et enfin Mystique.“Il y a 14 000 têtes nucléaires dans le monde et quelques êtres non légitimes pour déclencher un holocauste. L’Humanité a de quoi détruire plusieurs fois la Terre et nous n’aurions alors rien a dire, de quel droit elle nous interdirait d'avoir nous aussi la capacité de détruire notre maison? J’ai beau y réfléchir je n’ai pas le sentiment qu’avoir le Phénix fasse de nous des gens moins irresponsable qu’eux. On se fiche des critiques car elles seront formulées par des hypocrites qui gardent de quoi nous détruire sans vouloir qu’on puisse riposter.”Trois votes pour conserver l’œuf de l’Hiver. On demanda ensuite l’avis à Krakoa elle même, par l’intermédiaire de Cypher son interprète.
“Krakoa me dit qu’il savait déjà que l’œuf était là et qu’il n’avait rien dit pour voir comment nous réagirons à cette annonce. Il ne comprend pas tout de cette présence mais la ressent comme hostile et s’inquiète de ce que je lui apprends. C’est non pour Krakoa même si elle se pliera à la volonté du Conseil et tolérera l’œuf si nous en décidons ainsi.” On passa enfin à l’automne alors que les votes étaient au coude à coude et qu’il ne restait plus que deux votants, Erik et Charles.“La peur doit changer de camp.” A six votes pour et cinq contre le vote de Charles Xavier serait décisif pour faire égalité et bloquer la situation. Celui ci regarda son premier X-Men et échangea avec lui par la pensée, comprenant ce qu’il se passerait s’il gardait l’œuf avec lui. Puis il regarda Jean, ressentant toute l’inquiétude qu’elle avait.“...Je vote pour aussi.” A sept voix contre cinq le Conseil Silencieux avait adopté que Cyclope conserve l’œuf du phénix comme force de dissuasion. Les membres se levèrent alors chacun repartant de son côté, certains plus pressé que d’autres. D’autres digérant très mal ce qu’ils venaient de vivre.“C’est désagréable, je sais. Cette affaire de diriger une Nation.” Des mots adressé à Jean et Nightcrawler surtout. Ses X-men. Ses enfants, qui vont le détester pour çà. |
| | Re: Bas les masques [Cyclope] Sam 29 Oct - 15:48 | |
| - Je suis au courant, Scott. Répond elle dans un premier temps avant de reprendre. Mais il ne l'a pas fait par bonté d'âme. Si il m'a sauvé, c'était pour mieux me manipuler par la suite. Ce qui est autrement différent.
Bien sûr qu'elle n'était pas là. Et sur ce point... elle n'a rien à lui répondre. Ils ont déjà abordé le sujet plusieurs fois. Il sait parfaitement qu'elle a conscience de tout cela, qu'elle sait bien qu'elle ne peut se mettre à leur place, n'ayant pas vécu certains des drames qui se sont déroulés alors qu'elle était... morte. Disons le. Mais tout ceci n'empêche rien. Tout ceci n'excuse en rien... d'imaginer utiliser Phénix comme force de dissuasion.
Lorsqu'il parle d'utopie et mentionne ne pas être le premier à vouloir s'y essayer, un sourire contrit naît sur son visage.
- Tu n'as pas souhaité fusionner avec Apocalypse de ton plein gré pour abattre quiconque se dresserait sur ta route, et la situation était autrement plus différente. Aujourd'hui tu as cherché Phénix et tu comptes l'utiliser contre le monde sur lequel nous vivons si nécessaire. Les situations sont radicalement opposées, Scott. Voilà ce qui a changé.
Mais la discussion tourne court quand le Conseil se rassemble, répondant à l'appel de l'un de ses membres.
Elle s'est assise à la table du Conseil. En silence. Elle a écouté chacun d'entre eux. En silence. Elle a entendu les réactions, les arguments. En silence. Chaque saison a pris la parole. Chaque faction du Conseil. La décision a été rendue, sous le verdict final de Charles-Xavier. Un vote... tout s'est joué pour un seul malheureux vote... Et malgré que leur terre, leur île, Krakoa elle-même, qui a accepté de les accueillir en son sein, réprouve la présence de Phénix, le Conseil accorde à son époux le "privilège" de le conserver avec lui.
Et durant tout ce temps... Jean n'aura jamais aussi bien représentée le nom choisi pour incarner cette assemblée : le Conseil Silencieux.
Elle repousse la chaise sur laquelle elle était assise. En silence. Elle se lève, lentement, le visage fermé. En silence. Elle se détourne et n'adresse pas le moindre regard, à personne, son mari compris. Ce n'est qu'avant qu'elle ne pousse la large porte qui la sépare du monde extérieur, de l'île, de leur patrie, que quelques mots passent la barrière de ses lèvres. A peine murmurés, ils s'adressent directement au Professeur.
- Non Charles. Il ne s'agit plus ici de diriger une Nation, mais de l'empêcher désormais de sombrer dans le néant. J'espère... que vous n'aurez pas à le regretter. Car dans le cas contraire... vous aurez à porter ce fardeau jusqu'à la fin de votre existence.
Sa seule consolation, bien maigre cependant, si les évènements venaient à dégénérer, c'est qu'elle n'aura au moins pas cautionné une telle chose et de telles méthodes. La porte claque derrière elle, sans qu'elle n'adresse le plus petit mot ou geste en direction de quiconque. |
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Re: Bas les masques [Cyclope] Sam 29 Oct - 21:35 | |
| Le conseil avait été réuni dans l'urgence. Au vu de la gravité des faits évoqués - de l'importance de ce qui allait être discuté -, il n'y avait pas de surprise à cela. Il s'agissait après tout d'accueillir une entité cosmique, une littérale force de la nature sous leur toit, en leur demeure à tous ; là où, pas à pas, un jour après l'autre, ils essayaient laborieusement d'instaurer un équilibre. De construire une nation où tous les mutants pourraient vivre. Le simple fait de n'avoir pas su plus tôt, qu'il ne leur ait pas fait assez confiance pour leur dire allait retourner certains d'entre eux contre lui ; Scott n'était pas sans le savoir, mais il était trop tard pour y changer quoi que ce soit. Quelques-uns avaient été dérangés en plein sommeil ou autre méditation. D'aucuns extirpés d'un diner mondain, d'un quelconque gala. D'autres encore interrompus en pleine messe ou durant une expérience dont il valait mieux ne pas connaître les détails. Mais tous avaient répondu présents - étaient venus toutes affaires cessantes, sans se poser de questions. Ils auraient tout aussi bien pu ne pas se déplacer ; se contenter d'attribuer une procuration - pour ceux d'entre eux qui faisaient assez confiance à qui que ce soit pour transmettre leur voix -, ou même voter par la pensée sans prendre la peine de venir en personne. Et pourtant, tous sans exceptions avaient fait le déplacement. C'était après tout un grand événement. Ce n'était pas tous les jours que l'on avait l'occasion d'assister au procès du premier des X-Men. Scott se tint au centre de l'assemblée, laissant chacun prendre place à la grande table disposée en cercle tout autour de lui. Évidemment, compte tenu de la teneur du débat, il n'occuperait pas sa propre place, pas plus que Jean ne le ferait ; leurs votes respectifs s'annuleraient de toute façon. L'avantage à avoir parmi eux autant de psychistes était que l'information circulait en un rien de temps. Il ne fallut qu'une seconde pour qu'ils soient tous au courant de ce qui était en jeu ici - pour qu'il voie leurs réactions gravées sur leur visage, que ce soit parce qu'ils n'avaient pas cherché à le cacher ou parce qu'ils voulaient qu'il sache. Qu'importe. Il avait déjà trahi la foi de quelqu'un d'autre, aujourd'hui - de la personne qui comptait le plus pour lui ; ce n'était pas à ça près. Il ne prit pas la peine de plaider sa cause. Pour un meneur-né, il n'avait jamais eu la fibre des grands discours. Ils avaient déjà toutes les cartes en main pour jauger de la validité de ses actes ; il ne voyait pas l'intérêt de prolonger cette séance exceptionnelle plus qu'elle n'avait besoin de l'être. Quoi que l'on en pense, ni lui, ni le Phénix n'était une attraction destinée à divertir les plus pervers d'entre eux, ne leur en déplaise. Les avis tombèrent un par un. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, le Conseil était d'ordinaire plutôt uni dans ses décisions ; la plupart avaient su mettre leurs différends de côté pour penser dans l'intérêt de leur nouveau pays. S'ils n'étaient que rarement unanimes - certains se plaisaient à voter à contre-sens par simple esprit de contradiction -, la plupart des propositions soumises à leur jugement obtenaient une réponse ferme, quelle qu'en soit la nature. Mais pas cette fois. Non, cette fois ils étaient divisés comme ils ne l'avaient été que très peu - pour ne pas dire jamais. Et s'il était profondément inconfortable d'être celui à les mettre dans cette situation de franche opposition pour la toute première fois... Il fallait croire que ça devait être fait. Mutique et immobile tout au long de la procédure, tout au plus adressa-t-il un signe de tête à l'île - ou plutôt à l'arbre qui la représentait auprès d'eux, lui donnait un « visage » - en guise d'excuse. S'il n'était pas surpris d'apprendre qu'elle avait déjà repéré la présence de la créature, étant elle-même télépathe, et avait pris cela pour un assentiment muet de sa part - ou au moins une forme de tolérance -, il avait semble-t-il mal interprété sa passivité à cet égard. Sans doute n'avait-elle que faire de ses excuses, mais respecter la terre de Krakoa qui daignait les accueillir faisait partie de leurs trois grands principes, et il craignait d'être passé trop près d'enfreindre celui-ci. De même Magneto bénéficia-t-il d'une légère inclinaison de sa part, bien moins marquée et témoignant ici plutôt d'une forme de reconnaissance. Jean n'avait pas tort de dire qu'il parlait comme lui ; c'était, là encore, quelque chose qu'elle ne pouvait comprendre. Si le Maître du Magnétisme avait longtemps été leur plus grand ennemi, il était, au cours des dernières années - de celles qu'elle avait manqué - devenu un puissant allié, et Scott en particulier avait appris que certains de ses préceptes n'étaient pas dénué de sens. S'il ne souscrirait jamais intégralement à la philosophie qui avait été la sienne, ils n'en avaient pas moins trouvé un terrain d'entente - assez pour pouvoir travailler main dans la main. Et enfin, ce fut au tour de Charles Xavier de se prononcer. De trancher, puisque son vote serait apparemment celui à faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Et même si le casque psychique qu'il portait en permanence dissimulait une partie de ses traits, Scott pouvait sentir le tourment dans lequel le plongeait cette situation. C'était normal, après tout. Avant d'être mariés, Jean et lui avaient été ses élèves ; étaient pour lui comme ses propres enfants, peut-être plus que ceux nés de son sang. Devoir régler un litige entre eux le mettait dans une position délicate, d'autant qu'il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise réponse, de meilleure manière de régler ce conflit. Tout reposait sur ses épaules - au même titre que le devenir de leur société elle-même. Car l'ambiguïté morale inhérente à ce choix cornélien définirait aussi la manière dont Krakoa allait se comporter et serait perçue par le reste du monde, comme ils avaient été plusieurs à le souligner. Et sans qu'il ait besoin de faire appel aux pouvoirs du Phénix, Scott savait avec certitude qu'il se demandait, en son for intérieur, ce qui avait pu le pousser à prendre un tel risque. Qu'il guettait un signe, une explication, un indice - n'importe quoi qui lui aurait échappé, qui l'aiderait à faire lumière sur cette périlleuse situation. Alors il choisit de le laisser savoir. De lui ouvrir les portes de son esprit - de lui laisser voir ce qu'il avait enfoui au fond de lui, là où personne ne pourrait le trouver sans son accord. Une fois encore, par voie psychique, tout ça ne demanda qu'une seconde. Une seconde pour lui confier une vie entière - pour lui avouer ce qu'il projetait de faire. Pour tout cela et plus encore, et nul n'en saurait jamais rien ; personne à part eux. Qu'il en fasse ce que bon lui semblait, mais Cyclope avait joué son va-tout. La suite était entre ses mains. Et comme à son habitude... Charles Xavier prit la bonne décision. Jean fut la première à partir, ouvertement déçue d'avoir été refoulée de la sorte. Il était difficile de lui reprocher. Scott préféra la laisser s'en aller sans dire un mot, étant de toute façon la pire personne pour la réconforter à cet instant. Si douloureux que ce soit, il pensait nécessaire qu'elle réalise qu'ils ne vivaient plus dans le même monde que par le passé ; qu'ils avaient trop souffert pour être encore aussi naïfs et n'avaient plus le luxe d'être des anges de vertu, à supposer qu'ils l'aient jamais été. Avant que les autres ne s'échappent à leur tour, il lâcha finalement quelques mots : ▬ ...Je vous remercie pour votre confiance. Je prendrai bien évidemment toutes les précautions nécessaires pour m'acquitter au mieux de la mission que vous avez accepté de me confier. Néanmoins, Krakoa ne se sentant pas en sécurité en présence de l'œuf, je veillerai donc à ne pas la lui imposer - ce qui, par conséquent, vaut aussi pour moi. Bien sûr, cela ne change rien à mon investissement et je reste disponible par les moyens de liaison habituels, mais si vous estimez que ne plus vivre sur l'île ou mon nouveau statut remettent en cause ma place au sein du Conseil, je vous laisse libres d'en discuter ultérieurement.C'était sans doute une maigre consolation, mais si cela pouvait les aider à réaliser qu'il n'avait pas complètement perdu la tête, ce serait toujours ça de pris. Pour l'heure, mieux valait les laisser digérer l'information et ne pas trop insister. Alors que chacun s'éloignait, Mister Sinistre - toujours hilare - vint lui taper sur l'épaule dans un geste qu'il imaginait très certainement paternel. ▬ Ah ! Que de drame ! Que d'émotion ! Tu ne manques jamais une occasion de me divertir, mon garçon ! De sa main gantée de cuir, il écrasa une larme de rire. Continue comme ça !Scott se raidit et fit la grimace, mais ne dit rien ; cela n'en valait pas la peine. De manière générale, Nathaniel Essex était de ces personnes que l'on gagnait à ignorer tant qu'on le pouvait ; lui accorder de attention, c'était déjà l'encourager. Ce fut ensuite au tour d'une Emma triomphale de venir à sa rencontre - le contraire l'aurait étonné. Avant même d'engager la conversation, celle-ci posa sur son torse une main compatissante. ▬ Mon pauvre Scott... Il y a de l'orage dans l'air, on dirait... Si tu as besoin d'un endroit où loger pendant quelques jours, n'hésite pas à me demander, je suis sûr qu'on doit pouvoir s'arranger... fit-elle en lui adressant un clin d'œil. La Reine Blanche n'avait jamais été femme à laisser passer une belle occasion. ▬ Merci, Emma, mais... Précautionneusement, il saisit son poignet et l'obligea à enlever sa main, d'un geste lent mais ferme. ...Je devrais pouvoir me débrouiller.▬ Hmm, bon. Comme tu voudras. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver.Là encore, il n'ajouta rien, la laissant quitter les lieux à son tour. Il ne resta bientôt plus que lui et Charles, qui était spécifiquement resté après que tout le monde soit parti. L'un face à l'autre, ils ne dirent mot un long moment ; si le Professeur avait dû agir sur le moment lorsqu'il lui avait transmis ses plus noirs secrets, sans doute était-il encore en train de décortiquer toutes leurs implications. Ça ne se ferait pas en une soirée, ni en un jour ; pas même en une semaine. Combien de temps cela prendrait-il, d'absorber toute une vie ? ▬ Merci. finit-il par dire le premier. Pas besoin de s'étendre davantage. ▬ Je t'en prie, Scott. J'espère juste que... Que cela se finira mieux pour moi que la dernière fois. Il s'efforça d'esquisser un sourire, mais le cœur n'y était pas. Je ne vais pas te retenir plus longtemps, je... Je suppose que tu as des choses à régler de ton côté. Mais avant que tu t'en ailles, j'aurais une question à te poser.▬ J'écoute.▬ Si j'avais... Si le Conseil avait choisi de voter contre, qu'aurais-tu fait ?Le silence s'installa une nouvelle fois tandis qu'il réfléchissait à la réponse. ▬ Et bien... Heureusement, nous n'aurons pas à le découvrir.▬ C'est ce que je pensais, opina Charles Xavier, compatissant. Si tu le souhaites, nous aurons l'occasion d'en reparler... Dans un cadre, je l'espère, un peu plus apaisé.▬ Bonne nuit, professeur. fit-il, omettant volontairement de répondre ; ils savaient tous les deux pourquoi. ▬ Bonne nuit, Scott.Et, tandis que son premier et meilleur élève s'en allait à son tour, Charles Xavier se retourna et poussa un soupir. Chaque jour passant semblait être fait de nouveaux dilemmes, de nouvelles complications. Celle-ci n'en était qu'une de plus sur la liste, au fond, même s'il n'aurait jamais pu prévoir qu'elle prendrait une telle ampleur - pas même lorsqu'il avait été mis au courant de la cause du problème. Toutefois, c'était aussi ainsi qu'ils iraient de l'avant, qu'ils se déferaient de leurs faiblesses. Il ne pouvait plus en montrer. Heureusement, plus personne, sauf peut-être Krakoa elle-même, n'était là pour voir cette unique larme rouler sur sa joue. Un secret de plus qu'elle enterrerait dans ses profondeurs, à n'en point douter. _________________ « The only thing worse than being blind is having sight and no vision. » |
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