L'une des questions qui revient très souvent sur MC Earth et DC Earth, j'ai l'impression, c'est l'éternel "Je connais pas assez l'univers, par où je commence ?". C'est une question qui ne trouvera probablement jamais de réponse définitive, puisqu'elle est ancrée en chacun de nous, et qu'elle ne se limite d'ailleurs pas aux comics (Même si c'est elle qui intimide beaucoup trop souvent les joueurs potentiels, ici et sur DCE).
Je ne pensais pas l'adresser ici, mais j'ai récemment lu l'arc Extremis d'
Iron Man, scénarisé par
Warren Ellis et illustré par
Adi Granov.
Et je trouve que cet arc illustre parfaitement l'une des pistes vers lesquelles beaucoup des joueurs ici tentent d'orienter les nouveaux venus : Ce sont les bases et les idées qui comptent, avant la connaissance pure.
(Crédit : Adi Granov/Marvel) Venons-en cependant aux faits :
Extremis, qu'est-ce que c'est ?
Et bien, c'est une histoire qui suit en parallèle Mallen, un "terroriste domestique", et Tony Stark, qui n'a pas encore publiquement révélé son identité d'Iron Man, en continuant de faire croire que l'homme de fer est son garde du corps.
Un jour, une compagnie pharmaceutique texane du nom de Futurepharm se retrouve en plein effervescence après le vol d'Extremis, un projet militaire top secret, et le suicide du Dr. Aldrich Killian. On apprend très vite que c'est un groupe terroriste local d'extrême-droite qui a mis la main sur Extremis, et que celui est un "virus" nanotechnologique destiné à transformer n'importe qui en super-soldat. Original, n'est-ce pas ?
Dans le même temps, Tony Stark est en proie au doute : il a du mal à se regarder dans le miroir, se fait démolir en interview en se faisant confronter à son passé de marchand d'armes, doit composer avec un conseil de direction qui veut mettre un PDG plus ouvert aux contrats d'armement à sa place ... Bref, l'heure n'est pas à la fête.
Et pourtant, Stark Industries a eu l'idée révolutionnaire d'un téléphone qui se connecte par FireWire ! Jusqu'où le progrès ira-t-il ? (Crédit : Adi Granov/Marvel) Consciente du danger que représente Extremis, le Dr. Maya Hansen de FuturePharm, qui connaît personnellement Stark, l'appelle pour le convaincre de mettre Iron Man sur la piste d'Extremis, avant qu'il n'arrive quelque chose d'horrible.
La suite est assez prévisible, comme l'issue de l'histoire, en fait, même s'il y a quelques rebondissements intéressants, à défaut d'être parfaitement inattendus.
Un tuner TV sur un téléphone à boutons ! Le futur de 2005 n'attend personne ! Non, je ne m'arrêterais pas, le proto-smartphone Stark est probablement au panthéon des inventions de comic book qui ont le plus mal vieilli... (Crédit : Adi Granov/Marvel) Ainsi,
Extremis est une bonne histoire, qui peut se lire indépendamment du reste et constitue une introduction extrêmement pertinente au personnage d'Iron Man. En effet, un nombre incroyable d'idées présentes dans cette seule histoire influenceront durablement tant la version comics que la version MCU de Tony Stark : on y retrouve le futuriste sûr de lui mais perdu dans sa quête de rédemption ; on découvre son origine contemporaine dans les montagnes afghanes ; on y retrouve même quelques piques bien senties qui présagent déjà l'interprétation de Robert Downey Jr. 3 ans plus tard au cinéma.
L'arc Extremis, lui-même, sera d'ailleurs très librement adapté dans le 3ème volet cinématographique des aventures d'Iron Man, rebattant les cartes avec plus ou moins d'intelligence.
L'écriture de
Warren Ellis fait très bien son office, tandis que les illustrations d'
Adi Granov, qui fait son propre encrage et ses couleurs, a un style extrêmement intéressant qui sait accrocher l’œil (mais qui pourra peut-être ne pas plaire à tout le monde : Il a cette patte artificielle propre au milieu des années 2000, qui donne l'impression de voir un benchmark pour logiciels de graphismes.). Il sait insuffler la vie et les émotions aux personnages, tout en dessinant des scènes d'action impressionnantes par leur dynamisme et leur recherche de réalisme. Chez
Granov, les onomatopées sont rares, ce qui n'empêche pourtant pas les coups de porter plus sévèrement que dans bien d'autres comics, bien au contraire.
Ici, on se focalise sur l'impact direct aux protagonistes et sur leur environnement. Ici, chaque coup laisse des traces, et le visage des combattants est déformé par la douleur.
L'époque où Iron Man utilisait beaucoup plus de solutions balistiques à ses problèmes ... (Crédit : Adi Granov/Marvel) Extremis mérite donc sa place de pilier dans la mythologie d'
Iron Man ... Même si, on ne se voilera pas la face, il n'a pas l'étoffe des "grands comics". Outre pas mal de ses points de ses références qui ne redeviendront "cools" que quand une nouvelle génération se prendra de folie pour les années 2000 comme on a vu les années 80 revenir à la mode, cet arc manque de profondeur. La fin qui justifie ou non les moyens, le "futurisme" ou les "terroristes domestiques" (qui paraissent étrangement vraisemblables après l'attaque du Capitole en janvier 2021) sont autant de problématiques qui sont jetées là sans presque jamais être poussées au-delà du superficiel, à part lors d'une longue discussion un brin poussive dans la deuxième partie entre Sal (l'un des mentors de Stark), Tony et Maya Hansen. C'est un peu faible.
Assurément, c'est une histoire divertissante tenue de bout en bout par la maîtrise d'un
Warren Ellis qui ne trahit pas son talent...
En 6 numéros, il réinvente et bâtit sur l'idée même de ce que représente Tony Stark, en s'inspirant de ses origines, de ses motivations, de ses forces et de ses faiblesses pour le ramener dans son présent : un exemple qui mérite d'être lu par ceux qui doutent de la possibilité de prendre et d'adapter un personnage pour le jouer ici, ou même simplement pour lui imaginer de nouvelles aventures !
Néanmoins, de la part de celui qui nous aura livré
Planetary, c'est un peu décevant, et le lecteur exigeant pourra ressortir sur sa faim.
En conclusion, donc,
Extremis est une lecture intéressante : même si ce n'est pas un chef d’œuvre absolu, son impact sur le personnage d'Iron Man tant en comics qu'au cinéma est indéniable ... Et le cynique pourra même y voir là une œuvre préfigurant le MCU : une série efficace et calibrée par une équipe très talentueuse qui en met plein les mirettes, fait rêver ... mais qui ne révolutionnera pas votre approche du comic book.