Fear in Moonlit [Dr Strange]

C’est un mardi. Ou peut-être bien un jeudi…
Les jours se confondent pour Marc Spector… Les heures s’allongent pour faire de ses nuits des journées beaucoup plus longues que la moyenne. La lueur de la Lune est pareille à celle du jour maintenant. Il se contente de peu d’heures de sommeil pour gagner en informations, qu’il récolte de ça et là. Depuis sa rencontre avec le Docteur Strange et le paranormal, un simple bruit de rideau frappant la fenêtre fait frissonner l’esprit déjà fragilisé du justicier de la nuit…
Mais il ne recule pas devant la difficulté. Telle est la mission qu’on lui a confiée : se battre contre les forces mauvaises qui s’en prennent aux voyageurs.

Pourtant, son enquête sur Chthon est peu fructueuse.

C’est donc un jeudi… Peut-être un vendredi finalement, que Marc découvre qu’il doit se rendre en Europe, sur les vastes terres de l’Angleterre, pour en apprendre davantage sur un ouvrage. Cette relique du passé serait un gros livre du genre poussiéreux, bien conservé au sein d’un musée dans une ville portuaire, au fin fond d’un endroit où personne n’a plus envie de s’y rendre. Ce livre aurait renfermé jadis des récits et parchemins en rapport avec un culte sur Chthon. Cette ville ? Marc en a oublié son nom, tellement il a lu des fables et des ragots, des rumeurs sur de nombreuses horreurs se passant sur place, où le nom divergeait…
Rien de bien insurmontable, sait-il surpris en train de penser.

Le voyage lui a paru bien court. Pourtant, il a fallu faire des papiers, les montrer, avoir l’autorisation de passer par-dessus l’océan. Les régions de l’Angleterre lui rappellent certains coins du côté de l’Amérique… Bien que tout lui paraisse beaucoup plus gris et vieillissant. Les plus anciennes routes qu’il emprunte sont faites de terre et de boue… Personne ne semble être venu couler du béton pour moderniser l’ensemble. Les maisons sont typiques de la région, leur donnant un certain charme. On peut voir le ciel étoilé ici… contrairement à New York où il faut monter en haut d’un gratte-ciel pour espérer les caresser du regard...

Depuis quand fait-il nuit, d’ailleurs ?

Marc arrive dans la ville tant redoutée par la presse et les riverains. Il laisse sa voiture blanche garée en contrebas et finit le chemin à pied. Il porte déjà la cape et la capuche, l’emblème du Moon Knight placardé sur le torse. S’il est très fatigué, au demeurant, il ne le laisse pas paraître dans sa démarche. Il reste en alerte, du mieux qu’il peut, alors qu’il passe en dessous d’un portique de pierre, où un vieil écriteau a indiqué fut un temps le nom de cette ville...

Lorsqu’il la traverse, Moon Knight serre les poings…
Une crainte étrange vient de saisir son cœur.
La nuit semble bien avancée, bien qu’il ne voit toujours pas la Lune dans le ciel. Il trouve étonnant d’avoir du brouillard le long du chemin alors qu’il ne fait pas si froid. Aucune maison n’est éclairée, il ne semble pas y avoir d'âmes qui vivent… Pourtant, du bruit du côté du port de la cité se répercute en écho, assurant qu’il se trouve au moins quelques travailleurs du soir.
Moon Knight se dirige vers la source du bruit et ne trouve personne… Plus aucun son n'est émis, laissant place à un silence lugubre. Ses oreilles le trompent-ils ou est-il tout simplement perdu ?

Dans la nuit presque noire… des pas sanglants se dessinent sur le sol.

Moon Knight les observe, au début surpris, puis intrigué. Il pousse un soupir las lorsqu’il se rend compte que ce sont des fantômes qui se déplacent, laissant des traces comme s’ils sèment des cailloux. Le Chevalier lunaire les suit en silence.

Est-ce que tout est réel… ? Cela fait bien longtemps qu’il ne se pose plus ce genre de questions.

Les pas s’arrêtent devant une bâtisse d’époque encore en bon état, souffrant de l’usure du temps par endroit. Il doit s’agir du musée de conservation dont parlaient les fiches d’enquêtes. Moon Knight pousse la porte, qui s’ouvre sans trop résister dans un grincement sinistre. Les fantômes, de femmes, d’hommes, même d’enfants, des jeunes comme des vieux, tous attendent, le regardent… Ils l’implorent du regard, l’invitant à entrer pour régler le problème de la ville… Certains ont même joint leurs mains dans des prières, tandis que d’autres viennent poser leurs mains sur lui, comme si… Comme s’ils étaient leur sauveur.
Marc n’a aucune idée de ce qu’il est, hormis un esprit qui déambule dans ce monde, sans savoir si toutes les choses qu'il voient sont bien réelles ou non.
Il se contente de repousser les fantômes et d’allumer une torche, via son bâton.

Il s’avance dans un endroit… qui le met mal à l’aise. Tout ici semble être laissé à l’abandon.

Le Chevalier de la nuit finit par tomber sur une porte bloquée, qu’il parvient à ouvrir. Derrière, une grande bibliothèque entoure de nombreuses expositions… Celle qu’il l’intéresse se trouve au centre de la pièce.
C’est.. troublant.
Rien n’est normal en ces lieux, son esprit le sait. Ses sens lui ordonnent de rebrousser chemin et d’abandonner l’idée d’approcher de ce livre exposé là, comme s’il s’agit d’une invitation à découvrir ses secrets.
Pourtant Marc Spector est déjà rendu juste en face de lui.
« … ! »

Il s’en rend compte et recule de plusieurs pas. Faisant volte-face après avoir entendu un bruit, il attrape un de ses croissants de Lune, son arme signature… Sa respiration est rapide et il commence seulement maintenant à craindre ce qu’ils vont découvrir dans cette cité perdue…
Ils ?
Oui.
Ils sont plusieurs.
Marc… Khonshu, qu’il sait non loin de lui, un regard toujours attentif à ce qu’il fait.
Mais aussi Stephen Strange… que Marc appelle, de manière silencieuse. Il l’appelle, en pensant au visage de cet homme qu’il imagine voir sous ce toit. Pour accompagner sa pensée et comme si cela pouvait l’aider, Marc fouille dans une poche et se saisit de la boussole que Strange lui avait confiée.

L’aiguille n’indique pas le nord… Elle ne fait que tourner en rond...
Qu’est-ce qui se passe ici ?

Marc Spector ferme les yeux… juste un léger instant… le temps de rassembler ses pensées et de les fixer sur une seule. Sans divagations, sans se laisser happer par les ombres de cet endroit et sans se laisser distraire par ses changements d’humeurs, de caractères… ses propres problèmes.

Il se concentre sur l’appel, continuant de serrer la boussole et son bâton lumineux. Il reste ainsi jusqu’à ce qu’il rouvre les yeux sur Stephen Strange, qui entre en scène par des paroles… La forme du Sorcier Suprême n’arrive qu’après ceux-ci.
La façon de procéder ne surprend pas le Chevalier Lunaire, pour avoir déjà eu affaire avec l’ami qui se tient désormais non loin de lui, en lévitation.
Mais pourtant, son cœur s’est mis à battre fort dans sa poitrine. Des percussions qui résonnent presque dans ses oreilles. Et cela se produit juste au moment où la magie dans l’air monte d’un cran et que le nom de Chthon est ainsi prononcé avec prudence par le Docteur Strange.
Chthon…

Moon Knight reste tendu, malgré l’approche du sorcier, qui offre par sa présence une protection contre les potentiels intrus. Potentiels … ? Non… Ils sont bien présents. Quelque chose attend le moment propice pour frapper. Stephen semble en être convaincu et il n’a qu’un hochement de la tête de la part du fidèle Poing de Khonshu.
C’est en posant enfin un regard sur lui qu’il remarque en effet cet… ce manteau.
« C’est baroque. »

Un style artistique bien différent du très minimaliste héros en plaque blanche frappé d’une Lune, couvrant une combinaison noire. Ceci dit, cet échange arrive à garder l’esprit tourmenté de Spector parmi eux…
« Le Darkhold… »

… Plus ou moins parmi eux…
Si son esprit semble encore présent et capable de raisonnement, tous ses sens sont en alerte. Depuis qu’il est entré dans cette maison, il a l’intime conviction qu’un piège se referme sur lui. L’idée le prend aux tripes. Et même s’il désire ardemment sortir de là, il se sent incapable de faire machine arrière.
« En principe oui… »

Marc baisse son bâton lumineux, afin de ne pas les aveugler. Les ombres dans les rayons de la bibliothèque tentent peu à peu de s’épaissir…
« Aux dernières nouvelles, il se trouve toujours au Vatican. J’ai enquêté jour et nuit… sans relâche… Courant sur des pistes qui ne menaient sur rien. Jusqu’à tout récemment...
Des rumeurs grandissantes parlent d’événements horribles, ici, dans cette ville… Le peu de témoignages que j’ai pu retrouver se contredisent tous… Il s’est passé quelque chose et personne ne veut en parler.
Je devais venir ici pour découvrir par moi-même ce qui a causé tous ces troubles. »

Contre l’avis du Docteur Strange et de Khonshu, Moon Knight s’est rendu dans un endroit qui pue la magie noire… La même signature qu’ils ont trouvé dans cette maison à New York. La même sensation d’être pris par la gorge par une chose ancienne…
L’inquiétude monte d’un cran alors que Marc pointe du doigt l’objet de sa venue dans cette sombre ville…
« Il est là, Stephen… Juste devant nous. »

Un livre est présenté sur une sorte de présentoire de pierre. Il semble tout à fait normal… D’ailleurs si l’envie les prend de le lire, l’ouvrage relate l’histoire de la ville. Mais au milieu de ces pages s’en trouve une qui… n’est pas banale.

Moon Knight a levé le bras pour mieux éclairer l’ouvrage… Mais la lumière du bâton ne semble pas atteindre certains coins de la bibliothèque. Comme si elle ne parvient pas à dessiner… ni le sol, ni le bois des étagères, ni le plafond…
Tout autour d’eux se rapproche… Les murs resserrent la pièce.
Le justicier en blanc recule.

« C’est quoi ça ?! »

Un bruit lointain d’eau profonde se fait entendre à travers toute la bâtisse. Et bientôt… des choses approchent.

Elles sortent des murs, du sol… alors qu’il n’y a pas d’eau. Pourquoi alors a-t-il l’impression de se noyer au milieu de ces monstres ?!
Moon Knight se reprend, ne cédant pas à l’angoisse.
Son bâton perd l’éclat de la torche et redevient une arme de combat.

« Carol Denvers est sans doute de meilleure compagnie que ces trucs... »

Marc reste crampé sur sa position, frappant un grand coup sur la première créature qui essaye de les atteindre...

La seconde créature que Marc frappe d’un coup sec fait un bruit d’eau marécageuse en s’effondrant. Deux monstres tués, trois autres les remplacent… Moon Knight reste tout proche de l’Arcaniste Suprême, afin de protéger ses arrières. Ce dernier peut donc entendre un souffle amusé, après ses premières remarques.
« Ah… Je m’améliore alors ? »
L’amusement est fugace… Elle ne peut rester qu’un bref instant alors que les Profonds s’amassent dans la pièce.
« Je tiens à dire, avant d’y laisser la vie, que le style S-M c’est ce qu’on aime. »
Oh mon… dieu…
C’était affligeant, Spector.
M’enfin, vaut mieux en rire qu’en pleurer...
C’est vraiment une phrase de lopette ça, Steven ! Je ne suis qu’avec des incapables ! Y a que Mr K qui vaut quelque chose ici !

Le combat mental est une rude épreuve. Mais la remarque de Jake est pertinente… Elle éveille une nouvelle crainte dans l’esprit de Marc. Au milieu des monstres, il cherche Khonshu. Mais rien ne passe, ni sa lumière, ni son aura… Les murs enferment les deux héros dans un piège de ténèbres. La sortie semble avoir disparue et le lieu commence à ressembler à un véritable marécage. En peu de temps, la bibliothèque est recouverte par de la verdure, de la mousse et de l’eau s’est infiltrée… Comment cela a pu se produire sans qu’il s’en rende compte ?!
Le livre. Le Darkhold.
Sa présence en ces lieux peut provoquer ce genre de phénomène paranormal. S’agit-il du livre lui-même ou d’une création née en partie de leurs esprits tourmentés ?

Docteur Strange ne se trompe pas et Marc se rend compte désormais à quel point un simple parchemin oublié peut créer des horreurs.
Il a été attiré dans cette ville pour le découvrir… qu’il le veuille ou non.

Le sol qui n’est pas devenu de la boue ou de l’eau tremble légèrement…
A l’extérieur, les rues sont agitées par la venue d’une horde. Les civils se relèvent, du moins ce qui en reste… Accompagnés des Profonds, ils se dirigent vers le monument où se trouvent Moon Knight et Docteur Strange. Ils peuvent entendre des complaintes surnaturelles, des sons étranges de chairs et d’eau bouillis. Certaines bêtes sont en train de traverser les murs pour les rejoindre…

Ils répondent à l’appel qui pulse du livre.
Marc le ressent jusqu’aux tripes…

Mais au moment où le sortilège est prononcé, la noirceur autour du pupitre tenant l’effroyable ouvrage diminue quelque peu… Stephen Strange vient de leur faire gagner du temps.
« Il faut se sortir de là avant que ce piège se referme sur nous ! »

La voix du Chevalier blanc n’est pas assuré. Ses coups sont précis mais font peu de dégâts… Les nouvelles créatures sont beaucoup plus solides que les précédentes. Il tremble… Il n’a jamais hésité avant cette nuit… Plus depuis si longtemps.
« Faites que vous puissiez tous me pardonner, l’ami… »

Paroles bien étranges, adressées à toutes les personnes qui sauront l’entendre. Marc pense à Stephen venu l’aider, aux citoyens de cette ville qui subissent peut-être les conséquences de la présence de ce fichu livre… et à bien d’autres qu’il ne pourra pas protéger. Car il va échouer.

Marc ?!
Hey déconne pas, Spector ! Bats-toi ! On est pas venu ici pour servir à bouffer à de la poiscaille maléfique !

Quelque chose s’agite au centre de la pièce. Le parchemin dans le bouquin murmure des mots dans une langue que le Chevalier Lunaire ne comprend pas. Les créatures se mettent à pousser des hurlements terribles et perçants…

Elles deviennent bien plus agressives et puissantes. Deux d’entre elles ont même doublé de taille et s’attaquent directement aux deux héros…
« Attention ! »



Moon Knight ne peut pas aider l’Arcaniste. Il est repoussé par son propre adversaire, l’éloignant de son allié de plusieurs mètres. Lacéré de toutes parts, il se défend comme un dément.

Ses lames lunaires ont su calmer bon nombre de Profonds mais le gros qui lui fait face se révèle être bien plus coriace… Dans son regard sans pupilles, des ombres épaisses tournoient, ressemblant à celles du livre. Le serviteur de Chthon est animé par sa volonté et compte asservir…
Spector peine à le repousser et à résister à l’envie de rejoindre le livre…
Il lutte pour sa vie et ne veut pas se laisser emporter par ces ombres enivrantes !

Ses supplications. Ses appels à l’aide. Et les quelques bribes de pensées pour la divinité lunaire sont entendues par le concerné.

L’enfant de Thèbes, Khonshu, s’est tenu à l’écart depuis le début du combat. La magie noire du Darkhold n’est pas à prendre à la légère… Et il s’est préparé à ce jour depuis qu’il a eu des visions sur Chthon. Un halo d’une lumière pâle encercle la bâtisse où se trouvent les deux mortels… Les créatures à l’extérieur se mettent à hurler, contrariées, en colère, certaines cherchant la source qui les empêche de passer.

Mon fils… Tu dois m’écouter. Ne lui cède pas de terrain !

Les mots de la déité égyptienne atteignent l’esprit enfiévré de Marc, mais il n’y réagit pas…
Il leur faut un peu de temps… encore un tout petit peu.
Et ils pourront être réunis …

Stephen Strange émet une hypothèse crédible : L’univers entier a vraiment envie de gâcher leur nuit. S’il avait eu le temps de répondre, Marc aurait spécifié une signature sur sa future épitaphe, un dernier souhait au milieu de toutes ses pensées brumeuses : ici gît un homme qui a fini par avoir des goûts douteux.

Marc entend encore des choses autour de lui et la douleur qu’il ressent est presque intenable. Il n’est donc pas encore mort. Les flammes émanant des mains du Sorcier Suprême carbonisent un bon nombre d’ennemis, rejetant dans l’air une odeur de poisson grillé. C'est affreux...
Les paroles, les incantations, les crissements et râles, tout commence à lui paraître bien lointain. Sa vision devient flou, alors qu’il se rend compte que le sang sur le sol n’est pas celui des créatures.

Ses pensées se bousculent. Il hésite entre l’envie de s’effondrer et celle de continuer à se battre, jusqu’au bout. Levant le regard sur le monstre qui lui fait face, son bras se dresse gauchement, signe qu’il compte continuer le combat malgré son état… Il est entré dans un automatisme, où seul son instinct de survie le maintient encore sur ses deux jambes.

Les Profonds sont repoussés par les Vents de Watoom et se préparent à une contre-attaque massive… Quant au gros et boursouflé adversaire du Moon Knight, il est prisonnier des Chaînes de Krakkan du Docteur Strange.
Le Chevalier Blanc a le temps de riposter, s'il en a les moyens. Mais son corps devient plus lourd… bien plus lourd…
Dehors, quelque chose se passe, qu'il n'entend pas.

Une pluie… ? Non, autre chose frappe à répétition sur ce lieu maudit. Ce sont comme des lances transperçant les horreurs, faisant s’effondrer une partie du toit. Une lumière passe, au début pâle et hésitante… Puis, elle s’intensifie de plus en plus, écartant progressivement les ombres venues dévorer les vivants. Cela ne va pas retenir longtemps les Profonds qui s’amassent autour des deux protagonistes… Surtout qu’ils sont renforcés par la présence du livre.

Ses pouvoirs agissent et entrent en conflit avec cette lueur… qui lui oppose une farouche résistance.
Bientôt, les éclats touchent Moon Knight, juste au moment où ce dernier tombe dans les vapes. Il s’est retenu au dernier moment afin d’éviter de rencontrer le sol. Quelques secondes de battement se passent où Marc ne bouge pas.

Marc ? Ou… Quelqu’un d’autre.

« Arrière »

Un geste de la main et les ombres du livre se sont écartés de lui. C’est temporaire, elles vont finir par revenir à la charge. Mais cette fois-ci, le Docteur Strange est accompagné de quelqu’un, qui a de quoi lutter plus efficacement contre cette présence ténébreuse.

« Ce n’est pas aujourd’hui que le Poing de Khonshu faillira ! »

Le bâton portant désormais le symbole lunaire frappe les immondices se présentant devant eux. Elles s’envolent toutes, repoussées par une force surhumaine. La lumière de la déité renforce les flammes du sortilège précédemment utilisé par Strange. Mais l’héliopolitain reste avec une expression fermé sous le masque du Moon Knight… Seuls ses yeux particulièrement brillants observent cet étrange endroit, qui ne lui plaît pas. Il est tout aussi gêné que Stephen Strange, par la vue de ce pouvoir grandissant sous leurs yeux… Par cette puissance qui augmente, au fur et à mesure que le créateur de ce livre et de ses trop nombreux parchemins avance sur ce monde. C’est ce qu’il craignait… C’est ce qui se réalise.
Même s'il sait aussi qu'une partie des manifestations se présentant devant eux ont un aspect et une signature qui le dérange...

« Ce ne sera pas une mission aisée, mais il faut l’atteindre. »

Les blessures du corps que Khonshu utilise commencent à se soigner d’elles-mêmes. Son regard s’est posé dans ceux du Sorcier Suprême.

« Le détruire ne fera que ralentir ce que je vous ai prédit … Mais nous sauverons Marc Spector. »

Jamais il n’avouera avoir senti un danger bien plus grand que lui… Et il avouera encore moins avoir besoin de l’aide d’un mortel aussi puissant soit-il. Il sait que s’il perd son Avatar, il ne pourra plus agir pour ce monde. Alors il utilise tout ce qu’il a en réserve pour s’attaquer à ces créatures...

… en utilisant la téléportation, un atout que son espèce utilise, très efficace pour passer dans leurs dos et les couper en deux. D’autres arrivent et ils sont repoussés par sa lumière.
Bientôt, un chemin vers le livre se dessine…
Et ils vont pouvoir agir, avant que cette magie dévastatrice ne prenne le dessus sur les corps des mortels...

Khonshu observe les événements se multiplier, à travers le regard de son Avatar. Stephen Strange pose ses questions et entend avoir des réponses grâce à l’intervention de la Lumière Absolue de l’Oeil d’Agamotto. La déité égyptienne fixe le pendentif, puis retrouve le regard inquisiteur de l’Arcaniste. En réponse, la neutralité du Moon Knight possédé n’a pas bougé d’un pouce.

Ce genre d'actes que l’enfant d’Amon Râ effectue ici est très peu toléré par ses nombreux confrères...
Cela fait bien longtemps qu’il n’en a cure des avertissements, s'étant retiré du cercle très fermé et des problèmes que peuvent avoir les autres Dieu entre eux afin de pouvoir agir au mieux sur ce monde, en prenant en main les choses lorsque le moment s’avère être critique.

« Vos interrogations connaîtront bientôt des réponses claires. »

Le Sorcier peut se rendre compte que la pâle divinité reste ouverte à sa magie. S’il était seulement possible de la bloquer, il semblerait que ça ne soit pas dans les intentions de Khonshu que de cacher quoi que ce soit au mortel. Il se révèle être beaucoup moins patient et passif face aux créatures qui tentent d’empêcher le bon déroulement de leurs discussions…
Il est nécessaire d’apporter des réponses pour éclaircir ce qu’il se passe ici… Mais l'œil divinatoire du lunatique héliopolitain n’a pas pu déceler certaines choses. La magie présente sur ce monde tente de dévorer toutes les autres et d’empêcher quoi que ce soit d’intervenir…
L’enfant de Thèbes de l’accepte pas. D’où les risques qu’il prend en passant d’un monde à l’autre, en traversant la porte et en enfermant son Élu ailleurs, le temps qu’il puisse agir ici.
Le temps qu’il puisse apporter ces fameuses réponses…

« Je peux déjà vous assurer qu’il ne s’agit pas du Darkhold… Pas dans son entièreté. »

Sur la question du timing très serré quant à son intervention, il était en effet prémédité… Agamotto en conclura ce qui lui semble être juste de dire à son précieux porteur. Il saura lui dire que le Dieu de la Lune n’a pas autant de pouvoirs qu’il lui en faudrait pour détruire la puissance incommensurable du Livre Maudit de Chthon.

« Ces créatures, ce lieu… Tout ce que vous voyez est issu de la magie de deux éléments importants ayant servis dans leur conception. »

Des croissants de Lune magiques dévastateurs parviennent à atteindre les dernières créatures leur bouchant la vue sur leur objectif, le livre… Mais le plus important : Ce qui s’y trouve à l'intérieur.

« Ce parchemin, qu’il nous faut en effet détruire et… Marc Spector.
Mon enfant est atteint d’un trouble que vous connaissez sous bien des définitions, en tant que docteur. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il est capable de concevoir certaines choses, qui lui paraitront tout à fait réelles. »

Beaucoup de choses ne sont pas réels dans cet endroit, d’où cette sensation perpétuelle et dérangeante que quelque chose ne va pas. Ils sont dans un délire, mais qui n’est pas complètement faux… Certains éléments n’ont pas été imaginés par Marc et ce sont justement ceux-là qui aident à concevoir ce puissant piège, se refermant sur eux au fur et à mesure qu’ils restent sur place. Ce piège est très réel...

La vérité est souvent difficile à voir… et pire à entendre.
Si beaucoup dans l’entourage du Moon Knight viennent à penser que la présence de Khonshu est une des raisons qui pousse Marc Spector à continuer dans la direction qui mène à la folie… Ils auront peut-être raison.
C’est souvent à cause d’une foi exacerbée qu’il fonce vers des dangers bien trop imposants pour lui, seul et sans repère… Car encore une fois, la magie noire du Darkhold, qu’il s’agisse d’une infime partie ou non, parvient toujours à couvrir les différentes voix qui habitent l'Élu de la Lune. Elle agit et trouble directement n’importe quelles sources d’énergies…

« L’énergie du parchemin est en mesure de le détruire lui-même. C’est dangereux, mais il faut saisir cette chance de s’en débarrasser, même temporairement.
Avons-nous d’autres choix que de l’attirer pour mieux le confronter ? »

La suggestion est lancée.
La créature parlante venue compléter le tableau de la situation la plus étrange qui s’offre à eux, n’arrange en rien les choses… Mais cela confirme les dires de Khonshu. Certaines choses leur sont dissimulées par le parchemin… Peut-être par Marc, de façon intentionnelle ou non.

La vérité est que Moon Knight n’a jamais voyagé aussi loin vers l’Europe. Ils se trouvent dans le Connecticut, bien au-delà du nord de New-York.
Le village qu’il a atteint comporte quelques éléments de vrais, mais pas tout.
Le livre est également une façade et ce dernier sait désormais qu’il doit se défendre contre des puissants s’il veut s’emparer de son dû…
Khonshu ne compte pas le laisser s'emparer ce qui lui est si précieux.

« C’est le moment. »

La téléportation lui permet de se dégager de tous les obstacles, alors qu’il s’approche des bras onduleux d’une magie bien plus vieille que la sienne… Mais il perçoit leurs arrivées, lui permettant d’esquiver au dernier moment. La combinaison de ses derniers pouvoirs disponibles avec ceux de l’Arcaniste et ami de Marc Spector peuvent peut-être toucher cette présence…

… et enfin détruire l’illusion en place.

Le prénom Gaël trouve son origine dans la culture celtique. Il signifie "seigneur généreux".

L’Arcaniste commence à comprendre ce qu’il se passe vraiment. Il analyse tout ce qu’il voit après avoir entendu les quelques vérités lâchées par Chons, fils d’Amon.
Peut-être remarque-t-il les ombres de ces lieux changer là où il pose son regard.
Les créatures se transforment et ne sont pas ce qu’elles paraissaient à première vue.
Les attaques se succèdent et c’est à peu près la seule chose qui peut impacter leur vie… Le reste est une grande illusion, toutefois capable de manipuler, tromper et de réduire peu à peu la lucidité des occultistes, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.

Le regard de la divinité lunaire explore le visage de Stephen Strange, ses émotions, ses faits et gestes et il entend parfaitement les mots et le ton employé par le maître de la magie. Un grand Maître, oui, capable de bien des miracles… Ce qui est une véritable gêne pour une être tel que lui, possédant une certaine puissance mais pas illimité. Et ce détail, Strange le sait pertinemment.
Ils se jaugent tandis que les événements autour d’eux évoluent vers une chute libre dans les ténèbres du Darkhold. L’on est loin d’imaginer qu’un simple parchemin, un simple morceau de ce Livre Maudit, puisse commettre autant de problèmes.

Pourtant, il agit, répondant aux puissantes menaces qui lui font face.

Strange parle et reproche beaucoup de choses à l’entité ayant pris place dans le corps de son Avatar. A tort ou à raison, selon les avis de chacun. Le Magicien tisse en même temps des sortilèges, créant ainsi des doubles pour occuper les ennemis. Ces derniers sont entourés par un halo blanchâtre, une protection pour les soutenir dans leur rôle de protecteur. Suite à cela, Khonshu se concentre pour créer autour de lui les boucliers adéquats pour se prémunir de ce qui va suivre…

La Sphère du Sorcier a déjà commencé à agir… Ce qui ne plaît guère au Pâle héliopolitain. Ce puissant sortilège va agir sur toutes les magies environnantes. Et si dans un premier temps, elle récoltera suffisamment de magie pour troubler la Magie Noire et renforcer celle du paladin blanc possédé, elle risque également de réduire son temps de passage sur ce monde, qui lui a été accordé.
Sous le masque du Moon Knight, le regard se plisse dans la direction du mortel. Le trop puissant et l’impudent Sorcier Suprême.

« Savez-vous vraiment ce qu’il lui faut pour l’aider, Docteur ? »

Le sort se lance.
Et d’un seul coup… Tout paraît plus lumineux.
Des sons étranges arrivent à leurs oreilles… Un mélange de voix gutturales et de crissements horribles. Leurs vues peuvent se troubler par moment, avant que Khonshu n’apporte la clarté de la Lune. En face de lui, le livre s’ouvre, les pages se tournent rapidement toutes seules… Elles dévoilent ce qu’ils sont venus détruire définitivement en combinant leurs forces : Le Parchemin noir tente une toute dernière offensive … en se modelant dans une forme, beaucoup plus dérangeante que tout ce qu’il a pu créer jusque-là.

Mais en vain, car l’Eclaireur et le Protecteur des voyageurs de la nuit ne lui laisse pas le temps d’esquisser le moindre geste. Il compte protéger les deux êtres touchés ici bas, dont son propre Avatar, et faire en sorte de les sortir de là !

« Ton temps ici est terminé ! »

Un trait de lumière. Fugace mais efficace. Il traverse le Parchemin, ainsi que son ultime création. Ils brûlent, emportant avec eux toutes les choses présentes. Les derniers hurlements leurs paraissent bien lointains. Le sortilège termine ce qu’il a commencé en ramenant la réalité à sa place…
… Et parmi toutes les choses qui semblent fondre avec le reste du décors, Khonshu se dissocie du justicier lunaire.

« N’oubliez pas une chose, dans votre analyse, Docteur et Arcaniste Suprême Stephen Strange … »

Même s’il commence à disparaître pour retourner à sa place et permettre à Marc de revenir, sa voix puissante fait encore trembler les barrières magiques.

« Marc Spector est venu mourir sous ma statue. Je suis responsable d’avoir réalisé son souhait : Vivre.
J’ai toujours été réel dans son esprit, aussi réel que vous. Je suis un phare qu’il suit pour traverser tous les chemins inimaginables. Il m’a intégré dans ses pensées, je suis le père qu'il n'a jamais eu.
Tant qu’il a foi en moi, je serais à ses côtés. »

Ses derniers mots sont emportés dans un vent surnaturel si glacial...

« Je suis son Seigneur et il est mon Chevalier. »

… pour finir sur un long silence.

Tout s’est évaporé.
Des bâtisses, à la terre jusqu’à la dernière créature…
Tout se calme et la magie ambiante a disparue avec le reste.

Moon Knight s’est effondré pendant plusieurs minutes alors que sa vision revient… La première chose qu’il voit est ce sol fait de béton. Il diffère totalement de ce qu’il a vu plus tôt en venant en Angleterre…
Au fur et à mesure que sa vision s'adapte, il se redresse et aperçoit le Docteur Strange, ami de longue date.
« Stephen ? »

Marc peine à se rappeler depuis combien de temps ils sont ici… Mais il est pourtant certain qu’ils ne se trouvaient pas dans cette rue, quelques minutes plus tôt. Ses souvenirs se bousculent, alors qu’il commence à se rappeler de certains éléments, de son enquête et de la raison de son voyage vers l’étranger.
« Le … Darkhold… Où est-ce qu’il… ? »

Un voyage ?
Mais que font-ils en plein milieu de cette rue ?!
Pourquoi ne sont-ils plus dans cet étrange ville ?

Il a beau chercher des réponses, il ne trouve rien d’autre que le silence de la nuit et aucune trace de ce qu’ils ont pu affronter… D’ailleurs, après vérification, il ne possède plus la blessure qui était censée lui être mortelle sur lui. Les monstres ont disparu... Le Livre Maudit également.
« Qu’est-ce qui … Comment… ?
Ne me dis pas… Non… Non, non… ! »

Aurait-il… tout imaginé ? Est-il définitivement en train de perdre les pédales ?!
« Stephen… »

Marc Spector reste à genoux, n’arrivant plus à distinguer le vrai du faux dans ce qu’ils viennent de vivre...

Pendant des heures, Marc a voulu croire qu’ils se trouvaient en Angleterre. Mais à force de regarder cette rue, ce sol de béton, ces immeubles pointant haut dans le ciel, la réalité lui attrape la gorge… Il se sent comme un pendu en marche pour la potence. Ils ont changé de lieu ou n’ont peut-être jamais bougé d’ici, mais les ombres sont toujours présentes. Massives et provoquant une forte insécurité.

Spector cherche des réponses, mais surtout du réconfort dans le regard du Docteur. Cependant, il n’a qu’un retour trop silencieux à son goût.
Le justicier nocturne se relève, alors qu’il souhaite à tout prix rester coucher dans un coin de la ruelle, pour se planquer. Pour y rester des heures. Pour passer la main à un autre et disparaître pendant des jours…
Il reste debout, alors qu’il veut s’enfuir loin de ces ténèbres qui s’épaississent, menaçant d’éteindre toutes les lumières du monde. Pour la première fois depuis longtemps, il craint le regard pâle de la Lune et bien moins celui aveuglant du Soleil…
Marc fixe le Sorcier Suprême longtemps, alors qu’il ne pense qu’à l’idée de les fermer pour plonger dans un sommeil sans rêves.

Un mot, cependant, change tout. L’ambiance effrayante est d’un seul coup balayée par une voix et une démarche amicales. Stephen Strange a enfin brisé ce silence si intenable. Il approche avec l’intention de le rassurer, comme le ferait un bon médecin avec son patient.
Marc n’est pas responsable et n’a pas créé ces illusions. C’était l'œuvre du Darkhold. Tout n’était donc pas complètement faux…
… Mais quelque chose ne va pas…

Spector a beau être très fatigué et être atteint d’un trouble dissociatif, il est certain d’avoir eu un long moment d’absence, entre l’instant où il s’est fait blesser et maintenant. Le fait que Stephen mentionne Khonshu lui fait lever un regard curieux…
« Bien plus impliqué… ? »
Ne l’écoute pas Spector ! Dis-lui, merci, au revoir, et barrons-nous de ce trou avant qu’il devienne ta tombe !
Elle craint cette histoire, non ? On devrait peut-être...
La dernière fois que ce Doc’ a fait un truc, on a disparu !
Je commence à flipper les gars… En plus il a l’air d’avoir un contentieux avec Khonshu.
Ouais, ça va mal finir...
« Il s’est passé quelque chose... »
... Je ne m’en souviens pas. Jake ?
Que dalle.
« Je crois… avoir compris ce qu’il a fait. »

Marc regarde également autour de lui. Le coin n’est pas sûr… Le Grand Magicien se prépare déjà au départ en bougeant ses mains, enclenchant l’un de ses sorts de téléportation probablement. Il ne lui manque que la destination...
« Mon foyer ? ... »
Un endroit qui manque d’une femme...
Un vrai trou à rats.
Tu te souviens de Marlene ?
Une tanière c’est le bon mot en faite...
Elle me manque...
Arrêtes Steven. Faut qu’il se concentre là… Sinon on va se retrouver chez elle et le Doc va pas trop aimé la scène de ménage !

Spector finit par fermer les yeux, en chassant toutes les pensées fugaces gênantes. Il parvient à visualiser l’hôtel abandonné où il a caché sa planque.

Les fantômes de ces lieux sont toujours présents, mais restent passifs. Ils se baladent dans les couloirs, principalement dans le gigantesque hall d’entrée. Marc Spector se déplace machinalement vers une pièce précise, invitant Strange à le suivre.

Une sorte de débarras, où se trouve beaucoup de babioles, d’affaires en tout genre venus d’Egypte, des objets rares et uniques, parfois des artefacts réputés qui ne semblent pas être de la contrefaçon. Le plus bel objet, parmi tous ceux rangés dans ces caisses, doit être l’Ankh, la croix de la vie égyptienne, posée sur une table, non loin de la grande statue représentant le Dieu de la Lune Khonshu.

Marc s’approche de la table pour y déposer sa cagoule, puis sa longue cape après l’avoir détachée de ses épaules. Il pose également son bâton, sur lequel il jette un long coup d'œil…
… Il ne comporte pas de trace de lutte...
« Khonshu a agi, n’est-ce pas ? »
C’est une question… mais formulée d’une telle façon qui suggère que Marc connaît déjà la réponse.
« S’il l’a fait, c’est que j’ai failli à ma tâche... »

Il retire son équipement non sans laisser échapper des grimaces. Marc se sent courbaturé, comme après une lutte urbaine… Pourtant, il ne possède aucune trace de combats, ni d'hématomes, ni de grande cicatrice qui aurait dû se trouver là. Après avoir reçu un coup pareil venant de pareille créature horrifique, il aurait même dû y perdre la vie.
Spector jette un coup d'œil vers la statue de marbre. Silencieuse...
« Tu semblais inquiet… Pourquoi ? Qu’est-ce qui s'est passé exactement ? »

Marc enfile une veste blanche avant de se tourner finalement vers Stephen.

« Pourquoi penses-tu qu’il est plus impliqué qu’on ne le pense … ? Par rapport à …
Tu penses qu’il est lié à… Chthon ?
C’est ce que tu essayes de me dire ? »

Il reboutonne la veste… davantage par réflexe que par bonne manière. Il est clairement nerveux et encore troublé par ce qui est arrivé... Et aussi à l'idée même qu'il puisse se tromper totalement sur ce en quoi il croit.

Marc observe silencieusement Stephen Strange, les sourcils arqués, tiraillé entre l’inquiétude et la prudence. Il met ses mains dans les poches et attend. Comme demandé, il patiente le moment qu’il faut à Strange de faire… Eh bien…
… Que vient-ils de dire ?
Il a bloqué … l’implication de Khonshu ?

Marc commence à changer de comportement. L’inquiétude développe bientôt une paranoïa. Il se sent en insécurité alors qu’il comprend que le Docteur a bloqué la voix de Khonshu, pour la seconde fois. Comment a-t-il fait ? A quel point cela affecte la divinité Lunaire ? Il ignore tout de ces aspects-là… Mais la première fois, Marc Spector s’était retrouvé seul. Terriblement… seul…
Mazette ...
Prends une arme, Spector. Assomme-le… ! Il va encore foutre le bordel !
« … »

Le Poing de Khonshu ne bouge pas d’un cil, alors, qu’en plus d’être hanté par la crainte, il est assailli par un flot d’informations, lâchées par Stephen. Ce qu’il dit ne manque pas de sens. Des mots issus d’une analyse très logique et étudiés avec soin, sans aucun doute. Ses paroles peuvent pourtant atteindre des oreilles indiscrètes d'entités que personne ne veut mettre en colère… Marc le premier. Il a combattu suffisamment de saloperie pour reconnaître que certaines choses doivent rester à leur place et non être réveillé par des forces largement supérieures à ses capacités de les combattre.
Il possède cette force grâce à la présence du lunatique Dieu des voyageurs de la nuit… Mais elle est loin d’être suffisante face aux horreurs de Chthon. Il le craint… et il en est terrifié.

Spector recule de plusieurs pas en arrière, jusqu’à ce qu’il percute la statue de marbre.
Khonshu le manipule. C’est déjà arrivé, oui. Khonshu peut créer des illusions pour intervenir dans son esprit, pour se confronter à sa folie. Il l’a fait plusieurs fois…
Mais Khonshu a déclaré la guerre à Chthon afin de pouvoir l'annihiler, c’est leur mission… De là à présumer que le Dieu pâle puisse vouloir le remplacer ?
Qu’est-ce que cela peut bien vouloir signifier …
« Il veut repousser Chthon sans… l’anéantir ? C’est… pas possible ! »

Marc peine à croire que Khonshu puisse convoiter le Darkhold. Il a l’impression de manquer d’éléments pour donner son approbation sur ces accusations, fondées ou non… La question demeure, les réponses sont nécessaires. Mais si la magie de Strange est réellement active, ils ne peuvent pas confronter Khonshu à la vérité !
« Attends, ne… Ne fais pas... »
Il a l’air sérieux, là … Qu’est-ce qu’on fait ?!

Que doit-il faire… ?
« Couper… la connexion ? »

Spector, il va nous buter si tu acceptes !
Est-ce qu’il va mourir ce soir ?

Marc ?
S’il parvient à le libérer, va-t-il s’effondrer comme il l’a fait en Egypte sous les coups de Bushman ?
Marc, fais quelque chose...

« Libéré… ? »

Si tu ne fais rien, je l’embarque avec nous dans la tombe. Tu es prévenu, Spector !
« N-non… Tu vas te mettre en danger, Stephen. Arrête ! »

Stephen, être en danger ? Ou est-ce que c'est "eux" qu'ils le seront ?

Quel est donc cet étrange pressentiment ?

C’est déjà arrivé… Marc vient d’avoir un sursaut d’illumination. Il acquiert lentement un aperçu d’une partie des pouvoirs de Khonshu qui lui étaient jusqu’à maintenant interdit… La divinité lui a révélé, quelques semaines plus tôt, que leur connexion se renforce en vue de le protéger… Si Khonshu fait à ce point des efforts pour préserver son Avatar, pourquoi l'utilise t-il pour se mettre en travers du chemin de ceux qui s’opposent à Chthon ? Prendre la place de ce dernier reviendrait à se mettre à dos tout le monde, Mortels et Divins... Non ?

Mais ce pressentiment ne porte pas sur ça…
Il se focalise sur un danger bien plus imminent … !
« Qu’est-ce que tu as fait ? »

Il pose la question machinalement, parce qu’il ne comprend pas lui-même ce qu’il se passe…

Il sait juste que l’Ankh sur la table ne se met à briller que pour annoncer l’arrivée d’une présence du domaine spirituel… !

***

Je viendrais dévorer ton esprit, Stephen Strange... 'Lentement'.

A peine plus tôt, alors que le sortilège de l'Arcaniste Suprême se met en place, la présence au côté de Marc Spector est devenue plus ténue…
Le combat mené au milieu des illusions et de la Magie Noire a amoindri les capacités du Dieu Lunaire. C’était prémédité, calculé… Et ce mortel ose le défier en profitant de ce léger lapse de temps pour isoler son précieux Avatar.

Khonshu ne peut donc pas agir, ni intervenir auprès de Marc pour l’aiguiller… Sa vision s’arrête aux frontières de cette magie étrangement puissante, bien trop pour rester entre les mains d’un mortel.
Mais bientôt, le fils d’Amon est rejoint par une autre présence, qui fût en son temps vénérée par bons nombres de personnes, à l’Antiquité.

Qui est l’impudent qui trouble le repos des morts ?

D’un seul, pour le moment.

Quel manque d’élégance de ta part, Chons...

Le Dieu funéraire, maître des nécropoles et protecteurs des embaumeurs, l’homme à tête de chacal et auteur d’expériences curieuses à ses heures perdues. Inpou, plus communément nommé Anubis, se montre, en arborant ses principaux traits qu’on lui connaît si bien.

Le Dieu du domaine des morts toise longuement son collègue pâle et sinistre. Il ne lui faut guère plus de temps pour comprendre ce qu’il se passe sous le toit de ce grand hôtel, qui se dresse en dessous de leur présence divine…

Ah…
Ce mortel est fort impressionnant, je dois bien l’admettre. Il sera intéressant de l'étudier, lorsque son heure viendra.

Un souffle étrange s’apparentant aux rires du chacal traverse la gorge d’Anubis, ne faisant pas réagir le Dieu Lunaire. Figé, aussi froid que l’astre tournant inlassablement autour du globe terrestre.

Tes actes commencent à éveiller les soupçons de nos frères et sœurs…

Je ne t’ai pas appelé pour entendre des remarques évidentes...

Tu me demandes d’interférer pour aider ton jouet, afin de t'éviter des efforts pour en trouver un autre ?

Aucune réponse ne vient de la part de Khonshu. Il confronte son regard vide à celui étrange du canidé.

Tu me dois un service, Anubis.

Ha ! Quelle audace…

L’homme-Chacal agite ses mains, incante quelque chose dans leur langue natale, tandis qu’il prend une forme qu’on lui connaît mieux parmi les vivants.

Mais puisque ta marionnette m’a beaucoup aidé, je peux vous accorder de mon temps.

Une fois sa magie en place, il cesse sa gestuelle et se tourne à nouveau vers l’Enfant de la Lune. Il le scrute davantage, comme pour percer une vérité qui lui est dissimulée.
Un nouveau rire traverse son museau canin.

Juste une question qui me taraude, Chons :
Qu’as-tu l’intention de faire avec ce que tu caches dans ton sceptre lunaire ?

La poigne sur ce dit sceptre se serre.
Anubis est satisfait d’avoir touché aussi juste.
Sa tête se penche lentement, d’un air curieux. L’énergie d’une des plus vieilles divinités du Panthéon égyptien devient presque carnassière...

Est-ce douloureux ?

Cela ne te regarde pas.

Ksss…
N’oublie pas une chose, Khonshu… Je t’évite ce soir un conflit direct, mais l’insulte ne sera pas permise une troisième fois. Les actions de ces mortels froissent les entités avec une facilité déroutante.
Certains Dieux sont réveillés et intéressés par ce qu’il se passe et tu le sais pertinemment.
S’ils s’intéressent aux mortels… Ils vont remonter bientôt jusqu’à toi. Toi et ton petit secret...

Anubis commence à s’éloigner, gardant un regard malicieux sur le Dieu pâle.

Quels que soient tes projets, ils seront ralentis. De nombreux ennemis s’opposeront à ta poupée.
Cette perspective est délicieuse !
J’attends avec impatience tous ces futurs défunts qui devront être jugés par mon regard.

Chons reste terriblement silencieux, tandis qu’il se retrouve seul. Il ne pouvait pas contredire le Juge des morts, sans apporter de fausses vérités. L’affliction magique qu’il subit est une réalité qu’il compte combattre jusqu’au bout.

***

Les deux héros, isolés dans une pièce, peuvent ressentir la fraîcheur des lieux et ont même la sensation que le danger se rapproche rapidement. De nombreux bruits de pas se multiplient, faisant le tour de la maison… Le contact sur le vieux bois s’intensifie, jusqu’à ce que les créatures arrivent devant eux …

Ceux-là ne sont ni des monstres, ni des fantômes traînant dans l’hôtel… Ces chiens sont des alliés, des messagers d’une présence que Marc a déjà pu rencontrer. En vrai ou dans ses rêves ? Peu importe. Il comprend vite que ces animaux ne sont pas venus jusque-là pour jouer. C'est un avertissement... La magie ambiante se confronte directement à celle de Strange comme pour l'inciter à ne pas aller plus loin dans son entreprise...

« Non ! »

Spector se met devant Stephen Strange… en travers du chemin des canidés revenus à l’état sauvage. Il sait qu’il s’oppose aux desseins d’une divinité… et peut-être qu’il devra même rendre des comptes. Il refuse juste qu’un nouveau carnage se produise sous son toit !
« Il ne me fera rien ! Entendez-moi et dites-le à vos maîtres ! »

Il parle de plusieurs entités… Marc espère capter l’attention de tous ceux qui regarderont cette scène de plus près. Dont, très probablement, celle de la divinité qui déclenche beaucoup de tensions, ces derniers temps.
« C’est… ça peut te paraître étrange mais je… Je te demande de cesser, Stephen ! »

Toute cette situation le dépasse.
Et malgré tout ceci, preuve évidente d’un courroux céleste ou d’un moyen de leur cacher des choses… Marc ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise face à l’idée de faire une erreur... une nouvelle fois...

Le Docteur Strange sait… Son regard le démontre. Quelque chose se produit dans les limbes où les mortels ne peuvent pas poser leurs yeux.
Marc Spector ne sait rien de tout ceci… Hormis ce qu’on veut bien lui montrer. Ou simplement ce qu’il ‘croit’ voir.
La croyance est un concept étonnant. Il permet de ne pas douter sur un événement lorsque ce dernier n’est pas explicable. Cela arrive parce que Dieu le veut, non ?
Mais quel dieu ? ...

Les murs ont légèrement tremblé, rien à l’extérieur n’ose bouger pendant qu’à l’intérieur de l’hôtel, les chiens s’amassent et se regroupent autour des deux hommes. Ces derniers se sont totalement figés, bien que l’hôte a eu le réflexe de se mettre sur le chemin… Marc est prêt à se battre s’il le faut. Mais que se passe-t-il lorsque l’on contrarie certains Dieux, qui ont déjà l’air en colère ?

Les canidés ont un regard étrange. Leurs ombres sur le mur semblent être déformées et s’apparentent beaucoup plus à celle d’un chacal… Le prêtre lunaire ne devrait sans doute pas se frotter aux serviteurs d’Anubis, s’ils sont bien envoyés par cette déité. Mais il n’écoute que l’idée de vouloir sincèrement protéger un ami de leurs courroux et de ses erreurs, à lui…
Cependant, Strange a fait un choix.

Après une analyse de cette situation assez surprenante, le Sorcier Suprême accorde le souhait du Chevalier. D’après ses mots, son lien mystique avec Khonshu reste intact et la connexion est refaite. Sur le coup, rien n’a changé… Aucune sensation particulière, hormis celle de se sentir menacée par les clébards.
Stephen profite de ce lapse de temps pour mettre en garde Spector. Ce dernier l’observe, comme si chaque mots prononcés par le Sorcier s'imbriquent, un par un, se logeant dans son esprit. Fracassé, malléable, certes… Attentif aux détails aussi.
A qui peut-il faire confiance ?
Et s’il en sort… Qu’est-ce qui va lui arriver ?

Marc lève une main vers Stephen Strange, alors qu’il s’apprête à répondre. Mais il s’arrête face à un ami subissant un contrecoup non-voulu. Le poids de la magie ? Une dette à payer ? Ou simplement la colère d’un autre ? Il ignore bien ce qui arrive à Strange, mais sa main continue son parcours jusqu’à attraper l’épaule du Maître Arcaniste.
Il n’arrive pas à prononcer un seul mot, incapable de réconforter, et encore moins pour poser ses innombrables questions…
Le temps va lui manquer…

Sans attendre, alors que l’ambiance change complètement, Marc recule précipitamment pour laisser la place à … quelque chose d’autre. Ils sont venus chercher Stephen. Du moins, c’est ce qu’il lui explique, troublé et gêné. Marc voit rarement le Docteur dans cet état d’esprit-là.
« Attends… Non ! »

“Attendez”, a-t-il failli hurler dans la pièce. Aurait-il été puni pour une telle insolence ?
« Je suis... - »

L’excuse n’a pas le temps d’atteindre Stephen Strange. Le mot non, l’intention peut-être que oui. Le mal être de Marc est palpable. L’impression que la plupart des personnes gravitant autour de lui payent toujours le prix fort l’accable beaucoup…
Il se retrouve désespérément seul. Isolé et avec tant de questions restées sans réponses…
Que doit-il faire, après avoir été témoin de tout ceci ?

Un craquement du vieux bois fait office de réponse. Marc fait volte-face, s’attendant à une nouvelle menace. Il ne trouve rien… Les chiens sont déjà partis. Il ne l’a même pas remarqué. Ils se sont éclipsés silencieusement, laissant à la place un lieu vide de toute vie. Ils ont abandonné le seul être encore debout mais ressemblant tout autant à un spectre parmi tant d’autres qui hantent l’hôtel…
Le seul son qui parvient aux oreilles de Marc est son propre cœur. Il exprime la peur...
« Qu’est-ce que j’ai fait… ? »

N’est-ce pas toute la vérité ? Il est après tout l’investigateur déclencheur de tous ces événements. L’engrenage les a amené aux portes de la folie et peut-être bien de la mort...
Que doit-il faire pour réparer ce qu’il a fait ? Quelle est la bonne voie à suivre ?
Doit-il faire confiance à…

Doutes-tu de moi ?

Le silence assourdissant jusqu’à est perturbé par la voix. La sienne. Celle que le Chevalier entend depuis qu’il a été sauvé. Khonshu n’a cependant pas daigné se montrer, parlant à travers la pierre sculptée, faite en son honneur, dans un temps que tout le monde a oublié…

Vas-tu l’écouter et te détourner de moi ? Toi, mon Chevalier, mon Prêtre, mon bras Vengeur. Celui que j’ai sauvé… pour la quatrième fois ?

« Tu tiens les comptes… ?! »

Je te rappelle que tu as plus besoin de moi que l’inverse, Marc Spector.

« C’est faux. »

Un silence glaçant.
Et cette fois-là, il n’est pas né de la colère ou de l’ignorance divine.
Ce qui effraie davantage le justicier nocturne… parce qu’il comprend en cet instant qu’il a peut-être raison.
Khonshu a besoin de lui.
A moins que ce soit ce que la déité égyptienne essaye de lui faire croire, ce qui donnerait totalement raison à Strange.

Marc est désemparé par ses propres pensées. Il ne bouge pas alors que sous ses yeux, une apparition prend forme au-dessus de la statue.

Il ne m’a pas laissé le choix, mon fils.
Nous avons fait beaucoup trop de chemin pour être arrêtés, si proche du but.

« Qu’est-ce que tu me caches ?! »

Rien.
Tu as vu de tes propres yeux ce que la magie de Chthon peut faire.
Tu en sauras davantage très bientôt…

« Comment ça ? »

La connexion Marc.
Tes pouvoirs lunaires.

Le regard de Marc s’agrandit. Cela signifie qu’il… ?

Je te les accorde de nouveau.
Tu verras par toi-même ce que j’ai vu.
Tu comprendras pourquoi nous nous préparons pour lutter contre l’auteur du Darkhold.

« Non, je n’en veux pas. Gardes-les ! »

Il pense que ses mots changeront quelque chose…
Qu’il a un poids dans cette histoire.
Qu’il peut réellement décider de ne pas participer à cette croisade et les laisser se démerder face à ces horreurs…

Mais Marc a beau fermer les yeux et mettre ses mains devant son visage, dès qu’il les baisse et qu’il les rouvre, son regard cherche toujours le même élément dans le décor pour trouver du réconfort. Son esprit ne pense qu’à suivre ce en quoi il croit pour ne pas se perdre.

Le regard et la lueur de la Lune.

***