Partager la même vision [Vision]

J'ai beau avoir accès à une somme de connaissance telle que l'esprit humain ne pourrait l'emmagasiner, je suis toujours en quête de nouvelles choses à expérimenter, à découvrir. C'est pourquoi je voyage beaucoup et me mêle le plus souvent possible au reste de la population.

Cela me permet de voir de nouvelles postures, de nouveaux tics de langage ou corporels. Le genre de chose que je souhaite intégrer à mon programme afin de me comporter le plus "normalement" possible aux yeux des gens que je côtoie. Cela ne veut pas dire que cela fonctionnera, mais je ne veux pas avoir de regrets.

Ah. C'est l'heure. Non, je ne porte pas de montre à mon poignet. Je ... Je le sais, c'est tout. Prenant en compte la distance que je dois parcourir pour me rendre au Manoir, je dois partir ... Maintenant !

Me levant d'un bon, je quitte le Starbuck en traversant le plafond, me rendant intangible afin de ne rien abimer. Temps de vol estimé ? 4 minutes. Et c'est précisément avec dix secondes d'avance sur ce temps indiqué que je me pose devant la bâtisse qui sert aujourd'hui de Q.G aux Avengers.


C'est d'un pas lent mais assuré que je pénètre dans l'enceinte.


Jarvis vient à ma rencontre. Nous échangeons des banalités, puis il me conduit à celui qui m'a demandé de venir. Qui souhaitait ma venue, bien que cela puisse le mettre dans une situation délicate. Enfin, j'imagine.

Me tenant droit devant le Chevalier Noir, j'ai ... des flashs. Je revois les derniers instants de ma précédentes vie, ce qui est assez perturbant, je dois bien l'admettre. Je chasse rapidement cela de mon esprit, pour finalement prononcer quelques mots.

- Dane. C'est un plaisir de te revoir.

Je vis parmi les humains depuis un certain temps maintenant. J'ai appris qu'une formule de politesse un peu passe-partout était la meilleure chose à faire pour induire une conversation tout en laissant à son interlocuteur la possibilité de l'orienter comme il le souhaite.

Même un ordinateur vivant comme moi peut comprendre le malaise que doit ressentir le Chevalier Noir. La situation est quelque peu ... cocasse, on va dire.

Pour autant, Dane ne se démonte pas, et c'est lui qui prend les devants. Qui fait le choix d'aborder cette discussion, après avoir balbutié quelques mots.

- S'il y avait eu une autre solution, nous l'aurions trouvé.

Les Avengers ne font pas ce genre de choses, ne prennent pas ce genre de décisions à la légère. Sacrifier une vie ? Oh que oui, s'il y avait eu une autre solution, ils l'auraient trouvé.

- Tu as fait ce qui devait être fait. Et je te remercie d'avoir eu le courage de m'arrêter avant que des choses plus graves ne se produisent. Puis ... Je marque une pause. Peut-on tuer quelque chose qui n'est pas vraiment vivant ?

Je me pose la question tous les jours depuis mon retour. Suis-je vivant ? Ne l'ai-je jamais été ? Si je peux revenir de l'au-delà, est-ce parce que je ne peux pas mourrir, car je ne suis pas vivant ? Le but de ma question est ici de faire stopper le sentiment de culpabilité du Chevalier Noir. Il n'a pas à s'en vouloir d'avoir sauvé des vies.

J'admire les lieux, guidé par les mots que prononce Black Knight. Quand il évoque mes projets, j'ai un simple haussement des épaules.

- Réintégrer l'équipe dès que possible me semble être l'option la plus ... agréable.

Vient ensuite Wanda. C'est pour moi un sujet plus houleux que le fait que l'épée d'ébène m'ait transpercé pour me mettre hors d'état de nuire. J'esquisse un sourire en coin. Plus factice que d'habitude, c'est ici un véritable élément de façade.

- Je ... souhaite la revoir. Vraiment. Mais ... Un long soupire s'échappe de ... Curieux, comment puis-je soupirer, en fait ? Je ne sais pas si j'en ai le droit. Elle a suffisamment souffert comme ça. C'est de réconfort dont elle a besoin. Pas qu'on lui rappelle le mal qu'elle a pu faire.

Je ne parle pas des garçons. C'est une notion trop abstraite pour moi. Plus que Nadia et Viv'.

- On peut dire que j'ai de la chance dans mon malheur, non ? J'ajoute cela avec une pointe d'humour - forcé à nouveau. Puis je redeviens ... Normal.

- Quelles sont les prochaines missions, pour l'équipe ?

Oui, le travail, toujours le travail !

Presque sans que je ne m'en rende compte, nous nous déplaçons. D'un pas lent, qui n'altère en rien la qualité de notre échange. C'est lorsque nous rentrons dans une splendide salle de réunion flambant neuve que je réalise que nous ne sommes plus dans les couloirs quelque peu tristounets du manoir.

Cela m'en ferait presque oublier les mots que vient de me souffler Dane. Presque le mot est important - je ne suis pas du genre à passer du coq à l'âne sans garder une trace de la discussion en cours, évidemment. Son point de vue est intéressant sur ce que je suis. Ou peut-être devrais-je dire "qui" je suis. Il me voit et me définis réellement comme une personne, vraie, vivante. Avec ses choix, ses envies, et donc potentiellement ses erreurs. Ce qui serait magnifique, en fait.

Après m'avoir parlé de la place que je peux occuper dans l'équipe, vient un sujet bien plus épineux. La "famille". PAs celle que l'on choisit de se créer, mais celle qui a justement choisi de "nous" créer. Et le verbe "créer" revêt ici un sens particulièrement à propos.

Il est question de Hank Pym. Mais pas seulement. Ultron est aussi de la partie.

Mon visage se crispe. Mes sourcils se froncent. Et c'est avec une attention particulière que j'écoute le Chevalier Noir m'exposer les événements passés qui ne laissent rien augurer de bon pour l'avenir.

Quand il me demande si je veux en être, je lève mes yeux et plonge mon regard dans le sien.

- Vraisemblablement, je ne vais pas avoir le temps de me prélasser en peignoir dans le salon du Manoir, en sirotant un thé bien chaud tout en lisant le journal ... Evidemment, j'en suis !


Et si je pensais que nous avions abordé un point particulièrement compliqué, le fait qu'il me parle de Wanda me démontre combien j'ai pu me tromper. Malgré les défauts que peut avoir Black Knight, il n'en reste pas moins quelqu'un d'humain. Avec ses failles. Mais aussi son regard, son recul, sur des situations qui dépassent de loin les programmes implantés en moi. Les pensées qui me bouleversent. Les ... "rêves" que je peux faire.


- Je ... Je ne sais pas quoi dire, donc je vais utiliser l'une de ces formules passe-partout que les gens aiment bien dans ce genre de situation. Je prends bonne note de tout cela, oui.

Elle aurait donc encore des sentiments pour moi. Il faut que je la rencontre. Que l'on prenne le temps de se parler, de poser les choses. Comme nous sommes actuellement en train de le faire Dane et moi. Alors que j'opine de la tête, comme si je tentais d'intégrer ces informations nouvelles qu'il vient de me donner, je finis par me figer, et reviens sur le sujet précédent.

- Faudra-t-il éliminer Hank ? Ultron ? Les deux ?

Je dis cela d'un thon monocorde, comme si arrêter Hank ne me posait pas problème, ce qui est loin d'être le cas. C'est juste plus facile de donner l'impression que l'on n'est pas atteint par ce genre de choix que nous pouvons être amenés à faire, quand les choses se compliquent.