Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange]
Black Widow
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Situation : Super Espionne, Super Héroïne, Super compagne de Tony Stark
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Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange] Mar 6 Sep - 2:21
Après s'être rendue sur Krakoa et avoir pu échanger avec Logan sur différentes sujets, dont l'affaire qui la touchait de près en ce moment à cause de la fuite de données du SHIELD, mais aussi la situation de la communauté Mutante sur l'île, Natasha était passée rapidement à l'une de ses planques.
C'est tout le problème avec elle : on ne sait jamais où la trouver. L'espionne possède plusieurs planques, que l'on peut difficilement qualifier autrement tellement elles ressemblent à tout sauf des appartements. Elle sont plus de l'ordre de la pièce unique ou du petit loft tout au plus. Natasha ne possède aucun appartement et toutes ses caches sont sous de fausses identités, toutes différentes bien entendu. Le seul moyen de parvenir à la joindre reste son portable. Pour peu qu'on ait le numéro, évidemment.
Elle était restée assez longtemps sous une douche si brulante qu'elle en était ressortie la peau rouge vif. Il lui fallait bien ça pour détendre ses muscles et surtout son esprit, agité par tant d'idées, de plans et d'informations, que c'en était de la folie furieuse. Elle prit également le temps de dormir quelques heures, étant donné qu'elle n'avait pas pu fermer l'oeil depuis sa mission en Symkarie en compagnie de Nadia et Bucky. Et dans la mesure où les évènements allaient s'enchaîner sans discontinuer, elle avait bien besoin d'un peu de repos. A son réveil... elle irait trouver Stephen Strange, puis Tony et enfin... retrouverait Clint et Logan direction l'Est. Pour son plus grand plaisir, évidemment.
Le lendemain, se retrouve-t-elle donc plantée devant la porte du 177A Bleecker Street à Manhattan.
Natasha déteste cordialement passer par la porte. Ce n'est ni dans ses habitudes, ni dans sa façon d'opérer, même chez ses alliés et même chez ses amis. En dehors des invitations à déjeuner de Rogue, il est plutôt rare de la voir sonner à une porte. Stark vous en dira quelque chose. Mais dans ce cas précis, elle fait un effort. D'une part par respect. Elle ne connait pas bien Strange et dans la mesure où elle vient pour lui demander un énorme service, alors qu'il ne lui doit absolument rien, un impair d'entrée de jeu serait plutôt inapproprié. En suivant, on pourrait également convenir que pénétrer dans le logement d'un magicien de haut vol, n'est pas forcément l'idée du siècle non plus.
A-t-elle du user de nombreuses supercheries et détours pour parvenir jusqu'à sa porte. Car vêtue comme elle l'est et surtout armée jusqu'aux dents, sa silhouette ne passe clairement pas inaperçue dans les rues de New-York. Et ne parlons même pas de sa soudaine popularité des dernières années, qui n'est pas du tout pour lui convenir. L'essence d'une espionne est de rester dans l'ombre, pas d'être en plein phare des projecteurs. Ca c'est pour Tony.
Et en parlant d'impair... Son regard fixe le bégonia qui trône près de la porte. C'est donc lui... le fameux bégonia. Natasha ne réussit toujours pas à savoir si c'est de l'humour façon Strange, ou si la dite plantuche a réellement si mauvais caractère que ça. A-t-on déjà vu une plante avoir un caractère par ailleurs ? En dehors de celles de Krakoa, bien entendu. Enfin... quoi qu'il en soit, chez un magicien tout est toujours possible. Alors deux précautions valent mieux qu'une.
- Salut mon grand. Lance-t-elle au bégonia, tout en jetant des coups d'oeil à droite et à gauche pour vérifier que personne ne remarque qu'elle est en train de parler à une plante. Ne t'énerves pas, je viens en paix. Dit-elle dans un sourire alors que sa main s'élève doucement au-dessus de la tête du dit bégonia et que son index presse la sonnette.
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Re: Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange] Jeu 8 Sep - 19:37
Lorsque l’espionne tendit le bras au-dessus, le bégonia frémit doucement. Avec un léger temps de retard, une brise passa dans la rue et le bruissement des arbres firent écho à ceux de la plante en pot. Pour autant, il ne se passa rien d’autre : Natasha appuya sur le petit bouton métallique et la sonnette lâcha trois notes.
La première était sourde, étouffée par les murs de pierre et la porte de bois. La deuxième commença pareil, mais changea en plein milieu – c’était comme écouter de la musique et avoir soudainement les oreilles qui se débouchent. La troisième sonna clairement, comme si on l’avait branché à l’extérieur. Le bruissement des arbres se tut soudainement.
- Il a été nourri et arrosé ce matin. C’est généralement suffisant pour le mettre en bonnes dispositions avec nos visiteurs.
La voix venait de derrière l’espionne. Si elle se retournait, la rue avait disparu. Les hauts arbres et le bitume avaient laissé la place à du parquet et des tapis à motifs. Des murs avaient pris la place des immeubles, et les fenêtres avaient été changées en livres – une tapisserie de cuir et de lettres dorées, composite tant en taille qu’en âge. Stephen Strange se tenait debout sur une petite estrade. Sa cape flottait, suspendue dans le vide, un coin de la pièce ; lui portait sa tunique bleue et des bottes, comme s'il venait seulement de rentrer. Derrière lui, une énorme fenêtre ronde, marquée de quatre traits, laissait apercevoir un bout de ciel bleu et de la rue. Ils étaient au deuxième étage du brownhouse.
Le sorcier descendit deux marches. Divers objets étaient posés ça et là – des statues au style antique mais qui semblaient neuves, des coffres, des lames, des jarres et des fleurs sous cloches de verre. Deux fauteuils avaient été posés au milieu de la pièce, autour d’un petit guéridon. Dessus, deux tasses attendaient devant une théière fumante. La pièce sentait le thé noir, l’encens et le vieux papier, mais pas de manière agressive. Il y faisait aussi étonnamment frais, malgré le brasier qui rougeoyait tranquillement dans un coin.
- Bienvenue, Agent Romanov.
Sa voix était tranquille. Ses phrases étaient précise et son attitude rodée par une forme d’habitude, mais il n’était pas à proprement parlé impérieux. Il y avait une forme de confort dans sa courtoisie, qui compensait le manque de chaleur apparente de ses gestes. Ça, et la boisson chaude promise.
- C’est une période compliquée pour se faire des ennemis à New York. Vos messages sont aussi curieux d’inquiétants. Expliquez moi tout, en détail – la situation avec Taskmaster, et la façon dont vous envisagez mon aide. Je ferai au mieux. Je vous en prie, asseyez-vous.
Au fur et à mesure qu'il parlait, la théière s’anima d’elle-même. Portée par des mains invisibles, elle remplit les deux tasses tandis qu’un sucrier et un petit pot de miel, chacun avec leur cuillère, s’approchaient timidement de l’espionne. Il lui laissa faire le choix du fauteuil, puis pris l’autre. Strange prit sa tasse. Sa main tremblait légèrement, comme d’ordinaire, mais ne l’empêchait pas de boire. Il lui fallut la porter à ses lèvres pour qu’il s’arrête, comme frappé par une idée soudaine.
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Re: Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange] Lun 12 Sep - 15:16
Etrange sonnette que voici. Étrange...? Vraiment... Ne se trouve-t-elle pas aux portes de la demeure de monsieur "Strange" en personne et à bien des titres ? Pourquoi s'en étonner dans ce cas... surtout qu'il est plus que probable qu'elle ne soit pas au bout de ses surprises, loin s'en faut.
- Je vous suis grée d'avoir fait en sorte qu'elle le soit... Lance-t-elle dans un sourire amusé en se tournant vers l'origine de la voix.
Sourire qui se dissipe presque brutalement lorsque ses iris d'émeraude balayent le nouveau paysage qui se dessine sous ses yeux. La magie...
- Je crois que je ne m'y habituerai jamais vraiment... Dit-elle d'une voix songeuse.
Son regard détaille avec grande attention ce qui l'entoure. Espionne oblige, c'est une déformation professionnelle à laquelle elle ne peut déroger. Il faut toujours qu'elle analyse son environnement, retienne sa structure, sa constitution, prenne garde aux plus infimes détails. Cela lui a bien souvent sauvé la vie. Et si aujourd'hui sa vie n'est pas menacée, du moins à cet instant a priori, l'habitude est bien trop ancrée.
Après que ses iris aient absorbé les moindres recoins du lieu où elle se trouve, Natasha ferme brièvement les paupières pour se concentrer sur les odeurs qui l'entourent. Un bref sourire, mais cependant bien explicite, étire la commissure de ses lèvres. Elle n'aurait pas imaginé se sentir bien dans un endroit comme celui-ci. Ou plutôt... chez un personnage comme celui à qui elle rend visite aujourd'hui. Mais force est de constater que l'environnement lui plaît beaucoup. On se sent... bien chez Strange.
Ses paupières se rouvrent lorsqu'il lui adresse quelques mots supplémentaires, lui souhaitant la bienvenue.
- J'imagine que vous n'avez pas que ça à faire, alors j'apprécie vraiment que vous preniez un peu de temps pour me recevoir. Lui répond-elle dans un nouveau sourire courtois, alors qu'elle prend place sur l'un des fauteuils.
Alors qu'il parle, et lui demande de lui expliquer toute la funeste histoire qui l'amène vers lui, les prunelles claires de l'espionne se fixent sur la théière qui... bouge toute seule. Ses paupières se plissent alors qu'elle avance le visage vers le petit sucrier qui vient à sa rencontre. Délicatement son index tapote le flanc de porcelaine, qui se rétracte brièvement à son contact, comme s'il était... chatouilleux ? Non... vraiment... elle ne s'y habituera jamais.
- Je... Elle papillonne plusieurs fois des cils, comme pour se remettre en tête les mots de son hôte au lieu d'être focalisée sur le petit sucrier trop mignon. Oui, je vais tout vous expliquer bien sûr. Finit-elle par dire avec une assurance renouvelée.
Mais avant cela... Un sourcil se hausse alors qu'elle le dévisage à la mode Natasha. Soit, sans la moindre pudeur et en le fixant assez longtemps pour que ça puisse être limite dérangeant. Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres pendant ce lapse de temps. Il a des côtés... touchants, en quelques sortes.
- Docteur Strange. Je viens à votre rencontre parce que vous pouvez peut-être m'aider. J'ai une requête, quand vous n'avez rien demandé. Vous prenez du temps pour moi, quand vous avez sans doute bien autre chose à faire. Alors... nous prendrons le temps dont vous avez besoin et le temps que vous souhaiterez m'accorder.
Reportant brièvement son attention sur le sucrier, elle finit par secouer très légèrement le visage de droite à gauche en un mouvement vif. Comme pour se sortir de sa léthargie.
- Sachez une chose... ce que je vais vous révéler est strictement confidentiel. Je vous remercie donc par avance si cette discussion pouvait rester entre nous. Juste vous et moi. Lance-t-elle dans un premier temps, alors que son regard se fait plus sérieux, presque sévère.
En temps normal... jamais elle n'irait dévoiler ce qu'elle s'apprête à lui raconter, avec aussi peu de contacts qu'ils en ont eus. Cependant... et aussi étonnant cela puisse paraître, Natasha n'a aucune inquiétude sur son hôte quand à ce point.
- Le SHIELD a amassé beaucoup de données me concernant au fil du temps et des missions que j'ai réalisées pour eux. Sur mon passé, sur la Chambre Rouge, que vous devez connaitre de nom je suppose... mais si ce n'est pas le cas je me ferai un plaisir d'éclairer votre lanterne... ; sur mes actes, mes compétences, mais aussi... sur les différents moyens qui permettent de jouer avec mon cerveau.
Extirpant un soupir, elle lui raconte alors brièvement, et dans les grandes lignes, l'entraînement très sévère auquel elle a été soumise dans sa jeunesse, et comment certaines personnes malveillantes étaient parvenues à la conditionner psychologiquement. Comment ils avaient été capables, et étaient encore capables pour certains, d'enclencher chez elle de nouvelles personnalités, un caractère tout neuf, une nouvelle identité, des objectifs... auxquels elle croyait elle-même dur comme fer. Les lavages de cerveau... encore et encore... les trous de mémoire, la mémoire modifiée... Elle évitera cependant de donner des exemples, notamment des fois où l'on avait retourné son esprit pour qu'elle s'en prenne à ses alliés et amis.
- Je n'ai jamais eu accès à ce dossier, et je n'ai aucune certitude sur la totalité de ce qu'il contient. Je n'ai eu qu'assez récemment connaissance de certains de ses chapitres. Mais il est visiblement un peu trop complet, s'il venait à tomber entre de mauvaises mains. Et c'est ce qui arrive en ce moment. Le SHIELD m'a contactée en faisant état d'un vol dans leur base de données, qui concerne un certain nombre de dossiers, dont le mien. Une voleuse du nom de Black Cat, en est la responsable.
Tout comme avec Logan, se garde-t-elle bien d'indiquer à qui l'on doit ce fabuleux résultat.
- Lorsque Tony Stark l'a appris, il a déchaîné les flammes de l'enfer à sa poursuite... si vous regardez un peu les infos, vous serez difficilement passé à côté... Malheureusement, en l'acculant de la sorte, elle n'a trouvé qu'une porte de sortie : vendre mon dossier à un mercenaire, contre sa protection. Car, comme souvent, Tony n'a vraiment pas fait les choses à moitié.
Elle extirpe un léger soupire, puis boit une gorgée de thé tout en jetant un bref coup d'oeil vers le petit sucrier qui lui tend timidement sa cuillère débordante de sucre roux, au cas où. Il lui en faut vraiment un comme ça... Un sourire éclaire brièvement son visage, alors qu'elle profite de cette courte pause pour féliciter son hôte sur la qualité de son thé.
- Taskmaster m'a contactée hier. Il souhaite me "parler" a-t-il dit... Mais l'endroit qu'il a choisi est bien loin d'incarner la neutralité qu'est censée revêtir une simple discussion. Dit-elle alors que ses mâchoires se crispent presque imperceptiblement. Je dois le rejoindre demain en Russie, sur l'ancien site de la Chambre rouge. Là où j'ai été endoctrinée, manipulée, conditionnée pendant des années, depuis ma plus tendre enfance. Là où... tout a commencé. Et dans la mesure où il ne pourrait pas choisir pire symbole, et tout ce qu'il peut incarner... je me demandais si...
Natasha pose un silence, interrompant sa phrase avant d'en avoir atteint la conclusion. Ce n'est vraiment pas le moment de douter... Elle est venue jusqu'ici, jusqu'à lui, dans un but bien précis. Peut-être qu'il ne voudra pas. Peut-être qu'il ne pourra pas. Peut être que ce sera tout simplement impossible. Mais maintenant qu'elle est ici... autant aller jusqu'au bout.
- ...je me demandais si vous auriez la possibilité de bloquer mon cerveau à toute tentative d'intrusion et de manipulation, au moins pour demain.
Penchant son buste vers l'avant, Natasha pose ses coudes sur ses genoux, entrelaçant les doigts de ses mains avant de plonger son regard dans celui de son hôte. Deux prunelles acérées, vives, mais surtout déterminées à cet instant.
- Docteur Strange, j'ai tué beaucoup de gens dans ma vie. J'ai fait souffrir, j'ai blessé... tellement de fois que j'en ai perdu le compte. Je ne veux plus que l'on me manipule, ni contre les miens, ni contre des innocents. Je ne veux plus être forcée d'aucune manière ni perdre mon libre arbitre. Mais... pour le moment, je n'ai trouvé aucune solution pérenne pour empêcher tout cela de se produire. Je n'attends pas de vous un miracle... Cependant... n'y connaissant rien à votre art, mais ayant conscience que la magie est capable de bien des prodiges, pour avoir assisté à certains d'entre eux... j'ai pensé que vous pourriez peut-être... m'aider.
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange] Ven 7 Oct - 14:41
Dans le bureau, l’ambiance était tranquille. Les bruits de la rue étaient étouffés par la vitre et les murs épais, mais ronronnaient doucement en fond. Divers objets flottaient dans la pièce selon un rythme et une trajectoire qui leur était propre – des lampes à huile sans odeur, des bougies sur leur soucoupe de métal, quelques pots de fleur. Strange, lui, était silencieux. Pas de manière réprobatrice : plus à la manière neutre d’un praticien qui écoute patiemment sa patiente. Il la laissait parler à son rythme, selon ses termes. Lorsqu’elle eut fini, il porta sa tasse à ses lèvres, songeur.
- Je vois.
Lorsqu’il la posa sur la petite table entre leurs fauteuils, elle claqua discrètement. Le sucrier porta sa cuillère à son couvercle à la manière d’un salut, puis s’éloigna en compagnie du pot de miel. Le magicien prit un moment pour rassembler ses pensées, dans le bruit silencieux de son bureau.
- Ce que vous demandez est... complexe. Je peux offrir une protection contre une forme d’intrusion ou de manipulation télépathique, à condition d’être activement en train de défendre votre esprit. Je connais quelques outils qui permettraient de renforcer des dons mentaux latents, pour se protéger d’une agression. Ce qui n’est pas le cas ce que vous demandez.
Il parlait doucement, le regard planté dans celui de l’agent Romanov, à la façon de ceux qui expose point par point un état de fait.
- Vous cherchez à vous protégez contre votre conditionnement, si je comprends bien.
En vérité, le sucrier n’était pas parti bien loin. Il avait effectué un virage serré sur la droite dès la première statue, s’éloignant en un clin d’oeil de la trajectoire (et du champs de perception) du pot de miel. Il était allé se cacher derrière une pile de livres, juste au coin de l’oeil du docteur et de son invitée, et y laissait traîner son oreille de porcelaine. Elle avait été gentille, et ça l’avait rendu curieux.
- Je n’ai rien contre ça. Pas d’artefact, ni de potions, ni d’envoûtement.
Frémissement de porcelaine, en réponse. Strange lui lança un bref regard, réaussé d’une pointe de quelque chose qu’il n’identifiait pas vraiment, puis reprit la parole.
- Vous, en revanche, avez déjà les protections nécessaires.
Le couvercle du sucrier claqua une fois, d’un air vaguement agacé. De la moquerie. C’était de la moquerie qu’il avait perçu dans le regard du magicien. Légère, mélangée à de l’amusement, mais présente quand même. Strange réajusta sa position dans son fauteuil, l’ombre d’un sourire sur les lèvres.
- Vous cherchez à vous protéger de vous-même. Je peux vous faire un prendre un... raccourci, faute de meilleur terme. Une formation de télépathe en accéléré, de quoi lutter contre celle qu’on vous a forcé à être.
Une volute de fumée dansa entre eux, tissée à partir de leurs deux tasses et de la théière. Au loin, dans les tréfonds de la maison, une horloge sonna doucement la demi-heure.
- J’aimerai vous proposer un voyage dans votre esprit. L’objectif est d’explorer qui vous êtes, d’en concrétiser la définition. Lorsque vous serez exposée aux mots déclencheurs de votre conditionnement, accrochez-vous à ce rappel : ce devrait être suffisant pour que vous puissiez rester maîtresse de vous-même.
Le ton du sorcier n’était ni impérieux, ni pressant. Il savait que le processus n’avait rien de bien attrayant – peu de gens étaient motivés à l’idée d’explorer leur propre tête, à fortiori en compagnie de quelqu’un d’autre.
- Nous voyagerons astralement. Le mécanisme est simple : je poserai trois questions, et nous soutirerons des réponses concrètes à votre psyché.
Il prit une autre gorgée de thé, le temps de la laisser encaisser l’information.
- Ce ne sera pas un processus plaisant. Vous vous retrouverez face à vous-même, à votre esprit étendu nu : tout le monde n’aime pas forcément ce qu’on voit derrière notre reflet.
La tasse claqua doucement, à nouveau.
- Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Sinon, j’en ai une pour vous.
Sa voix sonna un peu différente – plus lointaine, entendue à travers une paroi. Le pouvoir du sorcier se glissa entre ses mots, et les ombres s’accentuèrent aux quatre coins de la pièce. Ou peut-être était-ce la vue de l’espionne, qui défaillait un peu. C’était à peine discernable. Peut-être était-ce seulement un nuage, qui passait devant le soleil, au-dehors où le monde avançait toujours ?
- Dîtes-moi, Natasha Romanov : qui étiez-vous, avant ?[/color]
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Re: Le bégonia du 177A Bleecker Street [Stephen Strange] Sam 8 Oct - 18:42
Natasha extirpe un soupir alors que son hôte énumère et analyse point par point la situation. Tout d’abord pour bien en cernes tous les aspects, puis pour résumer ce qu’il est à même de faire pour elle. Et dans un premier temps, à en juger par ses mots, la réponse semble être… rien. La déception se lit sur le visage de l’espionne, bien qu’elle aurait préféré ne pas la laisser filtrer. Mais alors qu’il poursuit, son visage se redresse d’un coup et elle plonge son regard dans le sien, une vive lueur d’espoir vibrant au travers de ses prunelles d’émeraude.
Un claquement attire son attention, alors qu’il lui annonce qu’elle a déjà les cartes en main pour assurer sa propre protection. Penchant légèrement la tête de biais, elle aperçoit le petit sucrier qui s’est planqué derrière une pile de gros livres.
- Fais attention, à claquer ta porcelaine comme ça tu vas finir par t’abîmer. Et ça serait dommage. Glisse-t-elle à son attention dans un chuchotement, en lui adressant un clin d’œil.
Trop…mi…gon… BREF.
Reportant son attention sur le sorcier, Natasha lève cependant un sourcil d’étonnement. Elle ne semble vraiment pas comprendre où il veut en venir. Mais il s’en explique bientôt, ne laissant guère planer le suspense. Une formation de télépathe accélérée. Oui, bonne idée !
Le regard de Natasha s’écarquille d’un coup. Attendez… quoi ?! Une formation accélérée de quoi ???
Un petit tour dans sa tête. Evidemment… elle aurait dû s’en douter. Et si elle ferme brièvement les paupières, comme si cette annonce était la pire de la journée, il en est tout autre, en définitive. Car il s’y est déjà préparé. Lorsqu’elle a décidé de venir le trouver. Dès qu’elle a choisi de le contacter pour lui demander cette faveur, elle s’était faite à l’idée qu’il était fort probable qu’il faille en passer par là.
- C’est d’accord. Extirpe-t-elle d’un coup, comme l’on arrache un pansement.
Ni plus ni moins. C’est ok. Parce qu’elle ne s’attendait pas vraiment à autre chose, au final… parce qu’il n’était que trop probable que ça finisse comme ça… Même si elle aurait clairement préféré repartir avec un grigri à plume magique, ou un mini sucrier protecteur, sur un malentendu… ça peut peut-être marcher. Quoi qu’il en soit, si elle est là c’est qu’elle a confiance en lui. Alors… partant de ce principe, s’il préconise une méthode, c’est lui l’expert.
Sur le moment… elle ne perçoit pas la différence dans sa voix. Pourtant… sa question résonne, semble se répercuter contre les murs du salon qui disparait peu à peu, sans que cela ne lui paraisse véritablement étrange. Alors que ça devrait pourtant être le cas.
Le noir se fait. Le noir total. Un noir de four.
Les paupières de l’agent se plissent, alors qu’elle tente de discerner ce qui l’entoure, sans succès. Jusqu’à ce qu’une silhouette apparaisse, doucement, délicatement, tel un halo légèrement lumineux venant dissiper un peu la pénombre environnante. Quelqu’un est de dos, accroupi sur le sol, en train de faire on ne sait quoi. De petite taille, il ressemble presque à un… enfant ?
- Hey toi… Dit-elle d’un ton légèrement hésitant, alors que sa main se rapproche de la petite épaule.
L’enfant se retourne d’un mouvement sec, et Natasha recule de plusieurs pas, les traits figés sur la petite fille qui n’est autre… qu’elle, a peut-être quatre ou cinq ans. Esquissant un doux sourire, fripon et amusé, la petite Natasha se redresse et part en courant. Romanov la suit des yeux alors que la noirceur qui l’environnait jusqu’alors disparait, pour laisser la place à un grand jardin à l’herbe verte. Une maison à un étage, aux lattes de bois blanc, se distingue dans le fond, à quelques dizaines de mètres. Deux petites filles jouent sur une balançoire. La plus jeune, une petite blonde aux grands yeux rieurs, se laisse pousser dans le dos par la plus grande, une rousse d’environ une dizaine d’années, tout en éclatant de rire.
Le regard de Natasha se voile face à cette scène et son cœur se serre. Puis elle secoue brièvement la tête. Non… ce n’est pas… ce n’est pas la vérité. Ceci n’est pas un véritable souvenir. Elle le sait. Elle l’a appris il y a quelques années et elle ne peut plus en douter ou remettre cela en question aujourd’hui. Ce qui implique… que leur petite balade dans sa tête va aussi se solder par la rencontre de souvenirs faussés, troublés, pervertis… qui n’ont rien et n’ont jamais rien eu de réel. Aucun pied ancré dans la réalité. Et ce que le Sorcier Suprême de la Terre attend d’elle… c’est précisément qu’elle trouve des points d’ancrage dans une réalité tangible qui ne soit pas une chimère.
Alors… dans ce cas…
Les paupières de Natasha se ferment, alors que son visage s’affaisse quelque peu. Elle cherche… qui peut-elle bien être vraiment… qui est-elle. C’est ce qu’il a demandé. C’est ce qu’il veut qu’elle découvre, qu’elle trouve et qu’elle affirme.
Différentes scènes se succèdent les unes après les autres, dont l’espionne n’aura conscience à aucun moment, et pour cause, sous toute forme astrale qu’elle se trouve, elle a occulté sa vision de son propre chef pour se concentrer sur son subconscient. Et si elle discerne de manière très limpide toutes les scènes de vie qui s’enchaînent les unes aux autres, n’imagine-t-elle pas qu’elles prennent également corps autour d’elle et que son hôte d’esprit pourra lui aussi en bénéficier. Nul doute qu’elle ne serait pas très à l’aise si elle venait à réaliser que Stephen est également en train de contempler les pires actes de son existence.
Les expériences biologiques. La drogue, le poison. Les conditionnements psychologiques. Une salle de classe, un cours de danse. Les ordres. Une cible, un assassinat, un espionnage. La douleur. Les blessures, les tortures, la cruauté.
Les balles fusent. Percutant des membres, perçant un front. Les lames pleuvent. Coupant des doigts, des têtes, plongeant dans un cœur. Les coups s’abattent. Brisant des os, déboitant des cervicales.
Les scènes sont toutes d’une intense et rare violence. Et se soldent globalement toutes de la même manière, par la même issue : la mort. La mort de tout ce qui l’entoure. De tous ceux qui l’entourent. Ses paupières se froissent, alors qu’elle rouvre les yeux d’un air morne.
- Avant j’étais… une meurtrière. Extirpe-t-elle à voix basse.
La question restant en suspens… est-ce que cela a véritablement changé aujourd’hui ?