Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
La matinée est belle, dans la banlieue de New York City. Au-delà des grands arrondissements, des zones densément peuplées, des lieux de vie où rien ne dort jamais réellement, une sorte de campagne s’est organisée. Certes, la vie y est particulièrement dynamique – la proximité de la Grosse Pomme rend le quotidien extrêmement vif, voire même nerveux. Notamment parce que ceux qui vivent ici travaillent généralement dans New York, ou doivent s’y rendre régulièrement. Cependant, il y a bien une banlieue autour de New York… avec même un peu de verdure, de nature ; de grands espaces. Pas tant que ça, mais suffisamment pour quelques distances entre les villes… les lieux-dits. Ceux-ci sont essentiellement des propriétés, souvent immenses et mystérieuses, car cachées aux yeux de tous.
C’est notamment le cas dans un endroit particulier de la banlieue de New York, où quelques voix se font entendre par les fenêtres ouvertes. La chaleur de cette matinée de début septembre est en effet particulièrement intense, même pour l’époque… et même pour un château médiéval.
Un château, oui. Le Château Garrett, pour être précis. Une demeure vieille de plus de dix siècles, établie à la base… en Scandinavie, bien que la région s’appelait la Scandie alors. Le château est construit par un seigneur local, qui envoie alors son fils et héritier à la cour du plus grand Roi de son époque – Arthur Pendragon. Le jeune Percy est ainsi admis à la Table Ronde de Camelot… mais son destin ne brillera pas dans les écritures, de Chrétien de Troyes et d’autres. Son action a compté, formidablement, mais demeure discrète, secrète ; sauf pour les rares qui connaissent les dessous d’un mythe soudain moins pur et innocent qu’on ne le pense.
Percy est en effet choisi par Merlin pour forger et porter l’Epée d’Ebène. Une lame mystérieuse, créée peu après qu’Arthur se soit emparé d’Excalibur dans le rocher. Excalibur est la lame parfaite, idéale ; pure et bonne, elle guide son porteur vers le meilleur. L’Epée d’Ebène est… son inverse. Obscure, brutale, elle pousse son porteur vers le pire, la violence, et le sang versé.
Percy la porte pour incarner en secret le Chevalier Noir – le ténébreux protecteur de Camelot. La lame est transmise à ses héritiers, après sa mort pleine de remords et de violence. Chaque héritier la confie au sien, après des vies à tenter d’apurer l’épée ; en vain.
Jusqu’à maintenant. Jusqu’à… Dane Whitman, le porteur contemporain de l’Epée d’Ebène. Qui, par deux fois, a pu la voir stoppée – d’abord en la faisant purger, par l’âme de Percy ; ensuite, plus récemment, en figeant l’Epée d’Ebène dans la pierre. Il a depuis obtenu Excalibur, se révélant digne de la porter. Il en est fier… mais reste méfiant envers sa lame ancienne qui, il le sait, brûle de sortir et de s’emparer d’une nouvelle âme. Et pas n’importe laquelle.
« Okay, Dane, j’ai compris ! J’m’en vais ! Mais y a intérêt que l’université à New York, ça soit aussi cool que tu l’dis… sinon, ça va barder, bordel ! »
Une jeune femme hurle pour se faire entendre, tandis qu’elle descend les vieilles marches en pierre – en souriant. Elle râle, mais pour le principe.
Jackie Chopra, dite Jacqs, est heureuse. Heureuse d’aller tester l’Université de Columbia, et notamment les formations spécialisées dans l’Art et l’Histoire médiévale… son cheval de bataille. Elle vient d’être informé qu’elle a été inscrite alors que les listes étaient closes, et elle a même un logement sur le campus, avec tout déjà réglé pour elle. C’est formidable. C’est beau. C’est une belle opportunité. C’est… un cadeau ; du maître des lieux. Du Chevalier Noir actuel. De Dane Whitman.
Son père.
« Hey… y a intérêt que ça barde, Jacqs ! Allez, mets-leur le feu, à ces Amerloques ! »
Le trentenaire la suit du regard un moment, puis forme un sourire doux en soupirant. Satisfait et soulagé.
Satisfait que cela se passe ainsi entre eux – alors que ça a si mal commencé. Ils ne se sont pas connus, en fait.
Jackie a dix-huit ans, mais Dane n’a appris son existence que l’an dernier. Lorsque, par une crise d’existence, il a voulu retrouver Ashima, sa petite-amie quand il avait lui aussi dix-huit ans. Ils s’aimaient, s’adoraient, mais… Ashima est tombée malade ; gravement. Ses parents ont décidé de l’amener à Londres, pour voir des spécialistes – et Dane a promis de venir la voir, évidemment. Il le voulait, vraiment. Il avait son billet, sa place, mais… il n’y est pas allé. Il a paniqué. Il a peur. Il a appréhendé de la voir, de devoir l’aider face à la maladie, et… ce gamin de dix-huit ans est resté figé, à l’aéroport. Puis s’est perdu, dans le début de la vie étudiante. Qui l’a mené à quelques études de science, dans le domaine de la physique – avant que son oncle, Nathan Garrett, le fasse venir ici, dans ce château qu’il a fait déplacer et où il a révélé son statut de super-vilain, puis son envie que son neveu lave l’héritage familial. Le reste appartient à l’Histoire.
Dane, ainsi, a voulu retrouver Ashima… mais a découvert son décès, un an après son départ ; mais aussi son accouchement, juste avant. De Jackie ; à qui elle n’a jamais révélé l’identité de son père. Whitman a fait venir Jackie, passionnée de l’Histoire de Camelot, pour un faux motif, et… il a pu tout lui dire, face à une crise les menant contre Mordred, le bâtard d’Arthur.
Désormais, Jackie est avec lui – et ça se passe bien. Et ça lui fait du bien. Même si…
« Peut-être auriez-vous dû lui dire, Monsieur. »
Même si résonne la voix étrange de Phillip, son non moins étrange majordome, et vient briser ce soulagement pourtant bienvenu.
« Commençant à connaître Mademoiselle, je crains qu’elle apprécie guère l’objet réel de votre souhait de la localiser sur le campus. »
Phillip, oui. Un majordome, formé à l’école anglaise, formidablement bien élevé, un peu taquin, un peu piquant… à moitié bouc, oui. Un héritage des expériences obscures de Tonton Garrett, qui a créé bien des hybrides et des créatures. Et vive la science, hein.
« Oui… sûrement. Mais je… ne veux pas lui imposer ça. Je ne veux pas… la tenter. »
Dane soupire, et baisse les yeux. Rongé par le doute et la culpabilité.
Il n’aime pas ça. Il n’aime plus ça. Manipuler. Mentir. Tromper. Orienter ses proches, dans les directions qui lui conviennent. Il l’a fait souvent, mais… il ne veut plus. Plus depuis qu’il a quitté l’influence de l’Epée d’Ebène. Hélas…
Hélas, comme il le sait, comme il le sent en descendant les marches menant à une salle obscure du Château Garrett, certaines choses sont plus fortes que ses belles idées. Certaines situations demandent certains sacrifices. Et…
Et l’Epée d’Ebène tente de sortir. Il sent son influence – ses perches, tendues. Ses tentatives, pour contrôler et corrompre tous ceux qui sont dans sa zone.
L’Epée d’Ebène tente de sortir… et lui impose des flashs, des visions. Des images terribles et terrifiantes, dont certaines l’interrogent fondamentalement. Il ne veut pas risquer de voir Jackie prise sous l’influence de la lame, alors. Mais surtout… il ne veut pas risquer d’y céder, encore. Et il sait qu’il ne peut pas gérer ça seul. Il sait qu’il ne peut pas tout faire seul.
Dane souffle, puis recule – et s’empare de son smartphone. Il se lance, alors. Il ose. Il essaye. De changer. De changer ses habitudes. De ne pas tout faire seul…
L’écran, toujours allumé, attrapa quelque chose. Un reflet, rendu difficilement discernable par la lumière de l’application et du téléphone. Le reflet de quelque chose de rapide et de rouge.
Il se passa la même chose sur les clous de métal du fauteuil, sur le laiton du lustre et le verre des fenêtres. Comme une ombre carmine traversant les quatre coins de la pièce, que seuls les reflets pouvaient voir, cherchant quelque chose – un passage assez grand, une porte suffisante pour passer. Elle s’arrêta au niveau d’un haut bouclier, posé au-dessus d’une cheminée, et sembla le trouver à son goût. La surface se fractura d’un coup sec. Puis, impossiblement, la brisure s’étendit au-delà de la surface de métal, comme si le monde n’était que le dessin d’un miroir brisé en son centre. La pierre éclata en une myriade de réflexion, de la pièce, de Dane, de Philip. Les fractales frémirent puis leur centre sembla s'effondrer sur lui-même et quelqu’un s’avança dans le monde réel. Il y eut le plus bref des éclats rouges, réfléchit sur l’auréole de morceaux du monde, comme si le nouveau venu était venu drapé de sa cape : elle s’était volatilisée quand il s’avança dans le Château Garrett. L’homme portait des vêtements confortables, normaux – au mieux portait-il un minuscule pin’s rouge et or, épinglé sur le revers de sa veste. A peine eut-il pris pied que la fracture, derrière lui, se referma d’un coup sec et sans laisser de traces. Il fit craquer sa nuque, croisa le regard du chevalier noir et s’inclina doucement.
- Dane. Heureux de te revoir.
Il prit un bref moment pour observer son environnement – et le très-difficile-à-manquer majordome à tête de bouc. A son crédit, s’il fut surpris, le magicien n’en montra rien et s’inclina de nouveau.
- Je ne crois pas que nous ayons eut le plaisir. Stephen Strange. Enchanté.
Le regard bleu glace du magicien revint sur l’hôte des lieux. Le docteur semblait en meilleur forme que la dernière fois que leurs chemins s’étaient croisés, sur le champs de bataille de Karnak. On devinait encore l’ombre de la fatigue, quelque part dans l’ombre sous ses yeux. Ce n’était que ça, bien sûr, une ombre, mais tout de même.
- J’ai toujours du temps pour un ami dans le besoin. A fortiori si c’est un ami à qui je dois autant.
Son visage était sérieux, comme d’ordinaire – détachement calme et professionnalisme courtois, son masque de docteur en consultation. Stephen parlait rarement fort, mais sa voix portait clairement, tranquillement. Pourtant, un sourire dansait quelque part dans ses iris bleus et entre ses mots.
- Je pensais l’Épée hors d’état de nuire. J’espérais, du moins. Assez pour qu’elle ne puisse pas m’empêcher de rencontrer ta fille, au minimum.
Il y avait une question, quelque part, sous la conversation badine. Dane avait dit « on en reparlera », et Strange ne comptait pas mener l’enquête plus loin, mais l’occasion était trop belle pour ignorer complètement le sujet. Le professionnalisme avait du bon, notamment parce qu'il avait ses limites.
En toute honnêteté, il savait peu de choses sur l’Épée d’Ébène. Il savait ce qu’il avait appris de Dane – qu’il s’agissait d’un artefact lié à l’ancienne Avalon, à Camelot et à Merlin, que son pouvoir était corrupteur, destructeur. Il s’avait qu’il y avait de puissants liens entre la lame et son porteur, et il savait qu’elle avait été emprisonnée dans la pierre. Le Chevalier Noir maniait Excalibur et des épées de lumière, désormais, et le docteur en était resté là. Il avait, bien sûr, de quoi obtenir plus de réponses. Des livres, des récits, des études sur les arts de Merlin et des druides de l’ancien temps, mais aussi des outils pour étudier le présent et le passé. Pour le moment, pourtant, l’Épée était resté relativement bas sur la liste de ses priorités : elle était entre des mains compétentes.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
L’appel est lancé. La demande est formulée. La requête est déposée. Et il y répond ; à sa manière. Pleine de fougue. Pleine d’intensité. Pleine de mystère… et d’étrangeté, évidemment. Stephen Strange demeure un médecin dans l’âme, un être acharné à résoudre les problèmes qui l’entourent, à soigner les maux qu’il découvre et qui affectent ceux qui vivent. Le serment d’Hippocrate reste chevillé à son esprit et son cœur, mais… oui, définitivement.
Définitivement, Stephen Strange est un homme… de spectacle. Il aime cela. Il aime les effets. Il aime la théâtralité. Il aime les entrées remarquées. Il aime être remarqué. Il adore cela ; et dieu que cela se voit.
« AH ! »
Et cela interpelle, et trouble, et surprend, et marque tous ceux qui y assistent. Certains peuvent tenter de s’y habituer… mais ils demeurent happés, affectés. Dane Whitman en fait partie. Il entrevoit, sur l’écran de son téléphone, quelque chose – mais son esprit n’a guère le temps de le capter, de le comprendre. La suite s’enclenche ; bien vite, bien efficace. Bien grandiloquente. Pour permettre à Stephen d’arriver… et à Phillip de sursauter sur place, ses jambes finissant en sabot claquant durement sur le sol en pierre. Sacré bruit.
« Par Saint-Georges… quelle stupeur ! Monsieur, vraiment ! Je… ah ! Par mon sang, je ne saurais m’y habituer ! »
L’accent faussement britannique, le ton surjoué, tout cela pourrait prêter à sourire – mais Phillip est réellement troublé. Il se reprend cependant et, très digne, forme une révérence noble, avant de se redresser, pour répondre d’une voix plus assurée ; et d’un meilleur standing, aussi.
« Monsieur… Docteur, je crois ? Fort bien. Enchanté, Docteur. Je suis Phillip, et j’occupe la fonction de majordome du Château Garrett. Je suis ravi de vous accueillir… bien que le ravissement aurait été complet, si j’avais pu vous ouvrir la porte principale. Qui mérite le coup d’œil, je vous assure. »
Son cœur méritait aussi qu’ils passent par là, assurément.
« Docteur, Monsieur… permettez-moi de me retirer, pour préparer et server le thé pour Monsieur et le Docteur. »
Phillip n’attend guère de confirmation, et se retire. Il abandonne ainsi Stephen Strange ici – dans cette pièce presque en sous-sol, plutôt entre le rez-de-chaussée et les souterrains. Un secret. Un élément mystérieux, discret. Une belle salle, en pierres, avec des décorations, des tapisseries – des tableaux, des boucliers, des armes. Des symboles du passé, ainsi qu’une cheminée, un fauteuil, une table, des chaises… une épée dans la pierre.
Oui. Dane Whitman y a placé l’Epée d’Ebène, figée dans le rocher avec l’aide du fameux Docteur Strange. Un événement terrible, difficile ; puissant. Dont il est fier. Dont il est ravi. Même si… Oui. Même si rien ne dure jamais, hé.
« Stephen. »
La voix douce de Dane résonne, après le départ discret de Phillip. Un sourire tendre accompagne ses mots, tandis que le soulagement réel se lit sur son visage.
« J’ai… plutôt l’impression que je te dois plus que l’inverse, mais… ah. Je ne vais pas faire la fine bouche, si le Sorcier Suprême considère être mon débiteur. »
Il hausse les épaules, et glousse quelque peu en s’approchant du fameux médecin ; des corps, jadis, et des âmes, désormais.
« Mais… merci d’être là. Ça… ça compte, beaucoup. »
Il soupire, et pose une main maladroite mais sincèrement amicale sur l’avant-bras du Maître des Arts Mystiques. Il la maintient quelques instants, puis la retire ; gêné. La gêne demeure, quand Stephen évoque Jackie – au point qu’une petite grimace s’installe dans le creux des joues du maître des lieux.
« Ouais… je la cache. Ce… n’est pas beau à dire, mais… je la cache. »
Dane baisse les yeux. Pas timide, mais un peu coupable. Il reprend d’une voix calme, mais lasse.
« Elle… a dix-huit ans, Stephen. Elle a passé l’essentiel de sa vie sans me connaître – et moi de même. Je ne savais rien d’elle… car je n’ai pas respecté mon engagement envers sa mère. Je n’ai jamais su sa grossesse, et j’ai… été un pauvre gamin, paumé et apeuré. Je… l’on ne peut revenir sur le passé, hein, mais je sais que je n’ai pas été présent pour elle, durant toute sa vie. Sa mère est morte un an après sa naissance, elle a été élevée par ses grands-parents, puis s’est retrouvée… seule. Elle s’est bâtie seule, elle a dû se protéger seule – et elle a assuré. Mais là, face aux menaces de mon monde… je veux la protéger. Je veux la préserver ; et empêcher qu’elle subisse l’influence de… ça. »
Il désigne de la main l’Epée d’Ebène, figée dans la roche. Il grimace ; de dégoût.
« Je l’ai éloignée. Elle m’en voudra, mais… j’assume. Je… j’ai senti des choses, Stephen. On s’en doutait, enfin je pense que tu t’en doutais comme moi : l’Epée d’Ebène ne va pas s’avouer vaincue aussi facilement que cela. Elle a été soumise, mais elle va… elle veut se libérer. Hé, elle a passé plus de dix siècles aux mains de mes ancêtres, à verser le sang pour sa gloire et sa violence. Elle en a vu d’autres. »
Dane se détourne du rocher, et s’avance vers un coin obscur de la pièce. Il soulève une tapisserie, et révèle… quelque chose. Un siège. Un siège en métal. Grossier, déformé… troublant. Puissant. Dangereux.
« C’est… le Siège d’Ebène. Je l’ai forgé en détruisant la Couronne d’Ebène – un artefact créé par Mordred, le bâtard d’Arthur Pendragon, qui avait fusionné divers éléments. On l’ignore, mais… l’Epée d’Ebène n’a pas été la seule chose créée à partir de la Starstone, par Merlin. Il y a eu la Dague d’Ebène, le Bouclier d’Ebène et le Calice d’Ebène. Mordred les a fusionnés, et a tenté de corrompre le monde avec. Ma fille et moi, avec Elsa Bloodstone, on… l’a arrêté. »
Il en sourit, ému. Ce fut dur… terrible ; mais tellement réjouissant, de réussir quelque chose. En famille.
« J’ai transformé la Couronne en Siège… pour profiter des visions données par le Calice, boostées par les autres artefacts. Mais… je m’y place rarement. Je… je crains cette chose, Stephen. J’ai… peur de m’en approcher. »
Dane soupire. Il n’a aucune honte à admettre sa peur – mais se sent écrasé par les impératifs.
« Mais… je l’ai fait, et… l’influence de l’Epée d’Ebène s’est modulée. J’ai eu… des visions, Stephen. Et je… je crois qu’elles… Je crois qu’elles peuvent… te parler. Tu pourras y voir ce que moi, en les ressentant, j’y cherche. »
Des réponses ; pour se débarrasser pleinement de l’Epée d’Ebène.
Ainsi, mû par une envie d’en finir et de réussir, mais aussi hanté par son refus de voir sa fille subir son sort, Dane trouve de la fougue, de la vaillance… et un peu trop de bravoure. Il s’assoit, en effet. Sans attendre le retour de Stephen. Sans avoir son avis.
Il s’assoit, et…
« AAAAAAAAAAAAAAAAH !! »
Il hurle. Dane se fait happer par le Siège d’Ebène – mais aussi une vision, qui s’empare de lui. Pas uniquement de lui, cependant. Une puissante énergie obscure se dégage du Siège d’Ebène, se déploie… et se projette partout dans la pièce. Notamment vers Stephen.
Le Sorcier Suprême peut potentiellement connaître cette énergie – en ressentir les effets. Ce n’est pas une énergie temporelle. Ce n’est pas un vortex de téléportation. C’est… une plongée. Une percée ; dans le Temps.
Dans le passé.
Stephen et Dane sont happés, et propulsés au cœur de temps anciens… pour découvrir des images ; des secrets. Des moments oubliés, disparus, cachés. Pour arriver, revenir, découvrir…
Stephen Strange pencha légèrement la tête sur le côté, les yeux rivés sur le Siège d’Ébène. Ce n’était pas tant la forme de l’objet, tordue, obtenue en battant des larges morceaux de métaux fondus jusqu’à ce qu’ils se soumettent, qui arrêtait son attention. Il était difficile de définir, d’ailleurs, ce qui attirait précisément son attention. La façon dont l’air frémissait autour de l’artefact, peut-être. La manière dont les reflets flous qui bougeaient occasionnellement à sa surface n’avaient rien à voir avec la pièce dans laquelle ils se tenaient, peut-être. Il entendait les murmures de l’artefact, forgé avec des fragments tombés du ciel, et les promesses qu’ils jetaient dans le silence du Château Garett. C’était perturbant. Et, à égale mesure, c’était fascinant.
- J’ai entendu parler de cette histoire.
Impossible de savoir où. Peut-être Elsa, lors d’une de ses rares incursions dans le Bar sans Portes, avait-elle lâché la rumeur entre deux chopes de liquide ambré. Peut-être que ses propres alarmes avaient détecté l’ancienne magie que Mordred avait tissé à l’aide de ses artefacts. Le Sorcier Suprême ne pouvait pas être partout, pas plus qu’il n’était le seul protecteur de la planète, mais il tentait de se tenir au courant des dangers qui émergeaient de par le monde – à fortiori s’il n’était pas celui qui les repoussait dans les ombres d’où ils étaient sortis. Il poussa doucement ses perceptions vers le Siège. Sa magie avait goût de fer brûlé et la consistance de la fumée d’un feu de forêt – épaisse, massive et sombre. Si, si sombre.
- Je comprends mieux pourquoi l’héritière Whitman n’est pas là, murmura-t-il d’un air absent.
Il reporta son attention vers Dane, le vit s’approcher du siège mais ne fit rien pour l’empêcher de s’asseoir. Au mieux, il écarquilla les yeux lorsque le pouvoir du Siège enfla brutalement, comme une vague émergeant de la mer et se précipitant, grondante, vers la rive. Le fer brûlé envahit sa gorge ; la fumée grandit, gonfla, entoura sa langue et lui coupa brièvement la respiration. Elle emplit l’espace, avalant le temps, la pierre, les meubles de bois et l’épée d’ébène. Strange se tendit par réflexe, ses protections se déployant pour le protéger, pour protéger Dane. Pourtant, ce n’était pas une magie agressive. Elle était vieille, étrange, brutale sans aucun doute, mais pas agressive. « Regarde », disait-elle d’une voix de cendre, qui n’avait jamais connu la chaleur du soleil et des étoiles. Alors Strange regarda.
Le monde se stabilisa autour d’eux, traçant de hauts murs de pierre marqués de torches brûlantes, des fenêtres étroites, des tapisseries et des bannières. L’air était différent, le monde plus jeune. Quand le magicien émergea, une lueur brillait dans ses yeux – deux minuscules étoiles d’un blanc froid, au coeur de ses pupilles. Elles faisaient écho à celle de son amulette, entrouverte, scrutant le monde autour d’eux de son regard blanchâtre. Il avait laissé faire, mais il n’en n’était pas moins sur ses gardes : son pouvoir frémissait sous sa peau, prêt à bondir, goûtant l’air et la pierre et le monde dans lequel ils avaient été jetés.
- Dane ? Tout va bien ?
De ce qu’il pouvait définir, le Chevalier était en un morceau. Quoiqu’à bien le regarder, la tournure de phrase était légèrement abusive : le Siège les avait arraché à leur temps autant qu’à leurs corps. Le Siège les avait jeté dans une vision, comme une vague jette les rejets de la mer sur le sable. Il les reprendrait bientôt, lors de la prochaine marée, mais il ne les avait pas pris entiers : seuls leurs esprits avaient voyagé dans le temps. Strange sonda le château, ses banderoles, ses hautes tours et ses boyaux de pierre et de bois. Il fit un pas en direction du Chevalier Noir – pour se tenir prêt à ce qui viendrait, pour lui apporter son aide au mieux si cela s’avérait nécessaire.
- Camelot.
Le nom sonna étrangement, comme si les couloirs en reconnaissait le son, comme s’ils répondaient à leur propre prénom. Le docteur avait parlé d’un ton neutre, factuel, comme s’il saluait l’endroit plus qu’il n’énonçait une déduction.
- C’est ce que tu as vu ? C’est… toujours comme ça ? Tes visions ? Toujours aussi intense ?
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Les mots de Stephen Strange s’élèvent… et s’évaporent, dans le tumulte du moment ; dans la puissance de l’instant. Dans la grâce de la vision.
Le Maître des Arts Mystiques se retrouve happé, contre son gré, bien qu’un être comme lui puisse se libérer de tout, certes avec une implication qu’il ne souhaite peut-être pas sacrifier ici, dans un irréel éthéré. Dans une échappée totale, dans une projection d’un passé mystérieux et troublant, oublié de tous ; abandonné aux affres d’une Histoire complexe, et constamment réécrite par les vainqueurs successifs.
Les corps de l’ancien chirurgien et de Dane Whitman demeurent dans le Château Garrett, au sein de la banlieue de New York. Mais leurs esprits… Leurs esprits sont ailleurs ; plus loin. Plus profondément dans le Temps. A Camelot – et, plus précisément, en un lieu précis de Camelot.
La cellule de Merlin. Ou Merlyn. Les écritures divergentes – les versions aussi. Les êtres également. De fils du diable, à sorcier, à créature du Multivers… qui peut savoir ? Qui veut vraiment savoir ? Qu’importe. Merlin, donc, a bénéficié durant tout le règne d’Arthur Pendragon d’une aile, d’un donjon, d’un repaire grand et intense pour ses études et ses manigances… mais ils n’y sont pas encore. Mais il n’y est pas encore.
Stephen et Dane apprennent, par le biais d’une connaissance qui s’impose à eux, que Merlin n’a encore qu’une cellule. Une pièce. Une piécette. Un petit local ; dont il va cependant partir bien vite… car une épée a été retirée d’un rocher, la veille, et le responsable va voir sa vie changer. Pour changer le monde. Il n’en sait rien encore. Il a peur – et cela s’intensifie, alors que Merlin lui parle de ses découvertes ; de ses propres frayeurs.
« Oh, mon suzerain… quel imbécile j’ai été… Je pensais que la lame possède le pouvoir véritable. Je pensais Excalibur l’incarnation d’un pouvoir capable de convoquer et d’animer une époque de valeurs, de justice… et je voyais ce rocher comme une simple prison de sa grâce. »
Merlin parle. D’une voix lente. D’une voix calme. D’une voix entraînante. Mais… Mais la peur domine, chez le jeune homme à proximité. Qui répond au nom d’Arthur ; et se remet à peine de ces heures terribles, qui l’amènent vers un destin millénaire.
« Je me trompais, hélas. »
Le visage de Merlin se ferme, alors qu’il serre plus le manche de la lame ; pour cacher le tremblement de ses doigts.
« Nos troubles de la matinée l’ont confirmé. »
Il inspire, et ses mots amènent de nouvelles images à Stephen et Dane – des projections. Des précisions. Des explications.
« Les mondes démoniaques de malheur et de maléfices… ils nous entourent, comme des navires acharnés nous piégeant dans une mer d’huile. La pierre noire dans laquelle Excalibur a été figée… oh, ce mal ancien et cosmique… je comprends que c’est la marée qui amène ces menaces vers nos cotes. Tel un chant de sirène terrifiante, listant les horreurs à subir, les abominations permises par cette forme d’agonie. Aussi longtemps que la pure Excalibur était figée dans ce rocher maléfique, neutralisant cette piste de noirceur et d’horreur, la marée était bloquée ; repoussée. Les domaines obscurs étaient rejetés. Mais maintenant qu’elle est sortie… »
Merlin détourne les yeux vers la fenêtre, et fige son regard sur des formes ; des monstres, dont les corps encore chauds sont passés de vie à trépas uniquement par le sacrifice de quelques chevaliers. Et de nombreux sortilèges qui sont siens.
« Désormais que vous avez retiré Excalibur, ô Roi Arthur, je crains que la marée de monstres ne s’abatte sur nous. »
Un jugement terrible – qui crispe le jeune Arthur, qui recule ; de terreur. C’est le moment où la vision devient plus floue, moins claire. Elle se module, elle change. L’Histoire évolue. Et Dane Whitman… répond enfin à Stephen Strange.
« Oui. »
Stephen ne voit pas tout le corps de Dane – seul son visage se révèle.
« Des flashs… des moments ; des scènes volées. Je dois les interpréter, et… faire avec ce qu’on me donne. »
Il grimace ; gêné et troublé. Cela ne fait cependant que commencer. La voix de Merlin reprend… ailleurs. Non plus dans sa cellule. Et non plus avec le jeune Arthur.
« Excalibur doit réunir les cœurs nobles, pour mener une lutte afin de protéger l’âme du monde. Sa pureté donnera un espoir, un idéal. Elle ne peut être salie par les horreurs que les mondes obscurs nous adressent. »
« Oui. »
Une voix froide et lente s’élève, alors que les mots résonnent – dans une grotte. Dans un souterrain. Sous Camelot. Dans les profondeurs… obscures, elles aussi.
« Il faut une autre, pour stopper les monstres. Il faut… mon sortilège ; mon engagement. Ma promesse. Ma profession de foi, que ceux et celles qui me suivront dans mon rôle de protecteur mystique de ce monde devront poursuivre. Mais aussi… une autre lame. Car notre temps est celui de l’épée, et c’est par elle que nous devons le défendre. »
L’image se précise, alors que des bruits métalliques se font entendre – comme dans une forge. Comme une forge.
« La Pierre des Etoiles… le nom donné à cette roche, où Excalibur fut figée et qui bloqua les mondes obscurs. La Pierre des Etoiles, oui… utilisons-la. Prenons-la. Que le Mal qu’elle incarne s’oppose au Mal qu’elle appelle. Utilisons l’ombre qu’elle portera sur le monde… pour en protéger la Lumière. »
La gorge de Dane Whitman se serre, alors que Stephen et lui reconnaissent le forgeron – Percy. Son ancêtre. Le premier Chevalier Noir. Le premier à avoir su maîtriser l’Epée d’Ebène, surtout. Cette même Epée d’Ebène ainsi forgée… sur la base d’un rocher maléfique, qui appelle les monstres sur Terre !
Les événements s’évaporent, cependant. L’image cesse. La vision s’achève. Stephen et Dane, eux… Ils changent. Ils se troublent. Ils sont… libérés ; renvoyés.
Ils retournent en leur époque… avec des informations maigres, mais fondamentales – autant sur les Chevaliers Noirs que les Sorciers Suprêmes, car Merlin en a été un bien avant Stephen !
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Ven 13 Oct - 12:35
Strange tituba légèrement en reprenant pieds dans sa réalité. Il balaya la pièce du regard, l’air légèrement perdu pour quelques secondes, avant de se fixer sur Dane. Le Siège. L’Épée. Le Siège. L’Épée. Il prit une brève inspiration, puis s’approcha doucement.
- Nous avons une quantité impressionnante de sortilèges de protections, pour une seule planète. Des envoûtements tissés dans les airs et les eaux et la pierre.
Sa main gauche traça quelque chose dans les airs. L’amulette, à son cou, ouvrit doucement sa paupière de bronze. Le magicien observait l’épée, ses pouvoirs, la façon dont elle influençait le monde autour d’elle. Et surtout, surtout, les similitudes qu’il n’avait jamais vu avec un des sortilèges dont il avait la garde.
- Certains datent de Merlin. Beaucoup datent de Merlin. D’autres sont venus après. Je n’aurais jamais cru…
Maintenant qu’il savait, les points communs étaient difficiles à ignorer. La façon dont l’épée était connectée à un monde précis, particulier, un monde d’ombre et de faim insatiable, se retrouvait dans les mots de tonnerres et de feu que l’Archidruide avait écrit dans les cieux. C’était… intéressant.
- Je vois.
L’oeil métallique se referma, et le docteur se tourna vers le Siège et son chevalier. Un léger sourire vint étirer ses lèvres.
- Les artefacts d’Ébène sont connectés aux Sorciers Suprêmes. Heureux de nous trouver d’autres points communs, Dane. J’ai une question, cependant : c’est instructif, mais pourquoi le Siège prendrait-il la peine de nous montrer cette vision ?
Plus loin, dans les rues de New York et les méandres de Greenwhich Village, dans une vieille bâtisse de briques et de tuiles, une petite fiole fit sauter son bouchon métallique. Un tourbillon de fumée jaune s’en extirpa, glissa hors de la boîte dans laquelle elle était rangée, serpenta vers la fenêtre la plus proche et s’élança vers le ciel. Quand il dépassa le toit de la maison, il avait pris l’apparence d’un poisson couleur pissenlit, invisible pour la grande majorité de la populace. La première théorie qui venait à l’esprit était celle d’un danger imminent. Si l’épée d’Ébène s’agitait et que le Siège trouvait important de leur apprendre les liens entre la pierre des étoiles et une des barrières terrestres mystiques, c’était probablement parce que la barrière était ou serait en danger.
- J’ai envoyé quelqu’un vérifier l’enchantement. Nous en saurons plus dans quelques minutes. Est-ce… est-ce une vision que tu as déjà eu, ou était-ce de nouvelles informations ?
Il y avait peu de documentation sur les choses dont la barrière et la pierre des étoiles protégeaient le monde. Les seuls écrits qui en parlaient n’étaient pas beaucoup plus clairs que la vision du Siège – des mondes démoniaques de malheur et de maléfices. Pire que ça, il était difficile de se renseigner plus précisément sur quelque chose sans aucune expérience concrète : la barrière datait de Merlin, et elle avait tenu depuis. Strange n’avait pas la moindre idée de ce qui les attendait derrière. La meilleur approximation qu’il pouvait faire était fichée dans une pierre, juste derrière lui.
- La pierre des étoiles et les artefacts d’Ébène après elle fonctionnent par mimétisme. De la magie sympathique. Ils attirent le danger, quoi qu’il soit, vers nous. Et si l’Epée s’agite même dans son sommeil…
Strange ne voyait pas que le monde physique. Auprès de l’Ancien, il avait appris à discerner les fils invisibles de la magie, les empreintes des envoûtements et des incantations. Il avait appris à lire les émotions qui marquent le monde, les énergies qui y évoluent. Et quand il regardait l’épée, il ne sentait qu’une faim dévorante. Un besoin de consumer, de détruire, de plonger dans l’ombre et le sang et la rouille. C’était quelque chose qu’il avait plus ou moins attribué à l’histoire sanglante de la lame, jusque là – c’était une arme millénaire, après tout, et il était difficile de garder quelqu’un pur tout en le gorgeant perpétuellement de sang. Maintenant, qu’ils savaient que c’était un fragment de ce qui se pressait aux portes de leur monde, et ça n’était pas spécialement rassurant.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Ven 13 Oct - 16:39
C’est terminé. L’étonnant voyage dans le Passé, en tout cas dans des visions de l’Histoire Secrète de Camelot, est terminé. Le Siège d’Ebène relâche, enfin, ses deux voyageurs ; qui ne souhaitaient pas partir ainsi, mais ont suivi quand même. Ils sont revenus. Stephen Strange et Dane Whitman sont revenus – et le Maître des Arts Mystiques reprend la main.
Le Docteur Strange a conscience de ce qu’ils viennent de voir… de vivre. De comprendre. Il lance une requête magique, évidemment acceptée au vu de son poids et de son expérience, et vérifie ainsi que le fameux bouclier formé par Merlin demeure. Avec le sincère espoir d’éviter une difficulté, mais l’habitude aigre d’être déçu dans de tels cas.
Il interroge ensuite son hôte, son allié, son ami… qui se remet un rien moins vite, cependant.
« Hughn. »
Un grognement de douleur s’échappe des lèvres de Dane, alors qu’il se masse l’os supérieur du nez – une zone qui accueille régulièrement le foyer de nombreuses migraines. Ça le soulage un peu, ça. Un peu seulement.
« C’est… pardon. Pardon, Stephen, je… ah. Ah bon sang ! Je… je suis en lien direct avec… le Siège d’Ebène, et… bordel ! Je… j’prends l’essentiel du contrecoup, là. C’est… comme une… giga gueule de bois, d’un coup. Ça… ça devrait… ça va passer. »
Vite. Espère-t-il. Whitman titube quelques instants dans cette salle quasi secrète, en tout cas discrète, et forme plusieurs exercices de respiration. Il a l’habitude, oui. Il a l’habitude de ces ressentis. Il a l’habitude de ces contrecoups. Il a l’habitude de la douleur.
« Mmmh… ça va. »
Il inspire, et se redresse. Un peu soulagé. Un peu, encore.
« Je… bon. C’est… super que tu ais envoyé quelqu’un vérifier le sortilège de Merlin, là, parce que… oui. Je te suis, Stephen. Je te suis, et je me permets de poursuivre ton hypothèse. Si l’Epée d’Ebène attire les dangers, les monstres, et si elle s’agite d’elle-même… cela peut vouloir évoquer une défaillance du bouclier formé par Merlin pour compenser la séparation d’Excalibur, incarnation de la Puissance Positive, et de la Pierre des Etoiles devenue les Artefacts d’Ebène, incarnations de la Puissance Maléfique. C’est… oui. »
Dane souffre encore – mais il réfléchit. Il réfléchit et parle. Il fait fi de la douleur, parce que le moment le demande ; l’exige. Il se sacrifie. Encore. Vieille mauvaise habitude, cependant bien pratique dans certains moments.
« Le Siège d’Ebène n’est pas maléfique en soi, et dépend aussi de son lien avec… son porteur ? Hôte ? Qu’importe. L’Epée d’Ebène m’a toujours poussé à tuer, mais… mon lien avec elle m’a permis de l’orienter, jadis, vers des cibles négatives ; criminelles. Peut-être que mon… expérience a permis au Siège d’Ebène de s’orienter vers du… positif ? Notamment parce que je tiens Excalibur, et ça peut l’influencer. Peut-être. »
Whitman a joint ses mains devant sa bouche, pour simplifier sa réflexion ; vieille habitude. Toutes ne sont pas mauvaises, tiens.
« Alors… peut-être que le Siège d’Ebène a ici voulu nous… avertir ? De quelque chose qui peut arriver ? Qui va arriver ? D’un danger à ven… »
« Je crains que le danger soit déjà bien installé, Monsieur. »
Une voix interrompt Dane – celle de Phillip, son majordome. Qui se tient à la porte, avec un visage encore plus fermé que précédemment.
« Les journaux en parlent, et… je crains que cette bonne vieille ville du Grand Brouillard soit atteinte par ce Mal primaire. Messieurs. »
Phillip a à la fois tout et rien d’un Anglais. Il n’est, par principe, pas né sur le sol de l’île, mais… toute son éducation, tout son mode de vie le tournent vers l’Angleterre. Son évocation, à la voix troublante, du surnom de Londres marque son émoi, et inquiète Dane.
« Oh. Voyons cela. »
Sans attendre, Dane se tourne vers un mur, le manipule à l’aveugle apparemment – et active en vérité un écran technologique discret, et imposant. Il recule, et sourit en se tournant vers Stephen.
« Je… me devais bien de mettre ma touche ici, hé. »
Son sourire s’évapore cependant bien vite, quand toutes les chaînes d’information confirment les mots de Phillip. Londres… a un problème.
Un problème magique, assurément.
« Bordel. »
Dane se crispe, et souffle. Lourdement.
« Ce… n’est pas une coïncidence. Londres n’est pas Camelot, mais demeure l’âme de l’Angleterre – le bastion de Merlin, et le foyer du sortilège qui a repoussé la vague maléfique de monstres. Le Siège d’Ebène nous a averti… un peu trop tard. Il faut agir. »
Il acquiesce gravement, et s’avance d’un pas décidé en serrant les poings.
« Stephen ? Je suppose que… je peux compter sur toi, pour un trip nostalgique à Londres ? Autant pour creuser encore plus les formidables liens qui unissent nos lignées, de Chevalier Noir et de Sorcier Suprême, que pour chasser des foutus monstres anciens… voire même pour un p’tit passage sur la tombe de la mère de ma fille ? »
Autant rendre le voyage définitivement difficile, hein !
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Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Sam 14 Oct - 14:28
- Beau tour de passe-passe, fit le docteur avec un léger sourire.
Quelque soit l’humour courtois qui flottait dans l’air, il s’effaça presque aussitôt face aux images de l’écran. Les images étaient retransmises en direct par un hélicoptère qui s’efforçait tant bien que mal de capter un maximum d’image sans trop s’approcher du phénomène en cours. Une ombre gigantesque s’était abattue sur Londres. Elle s’étendait de la Tour jusqu’à Westminster, comme une gigantesque colonne de fumée. La lumière lointaine d’éclairs, grondant dans ses profondeurs, était visible sur les images instables de l’écran. Quelque chose tira sur l’attention du docteur, comme une petite main sur sa cape, cherchant à lui montrer quelque chose. Il détourna le regard et écarquilla les yeux.
- Douce Oshtur.
En un battement de coeur, Strange ne regardait plus la surface de la Terre, mais le ciel. L’homoncule qu’il avait envoyé loin, loin dans l’atmosphère en avait appelé à son bon jugement et lui avait prêté ses yeux. Il voyait là où le ciel cesse d’être bleu pour devenir noir et piqué de lumières froides et distantes. Il voyait là où les sorciers de âges passés avaient écrit des mots de pouvoir pour protéger la planète. Une partie d’entre eux avait été éventrée. Le sortilège n’avait pas totalement disparu, mais il évoquait les restes craquelés d’une porte enfoncée, tenant à grand peine sur ses gonds. Rien qui ne soit pas réparable, mais rien qui ne puisse être réparé tant que les ombres maintenaient la brèche ouverte et s’essayaient à dévorer Londres. En un battement de cil, Strange était de retour à New York, dans le château Garett.
- La barrière n’a pas tenu. Quoi que ce soit, ça a perforé le sortilège de Merlin. Je ne pense pas pouvoir le remettre en place avant que nous n’ayons repoussé ce qui se terre à Londres.
Il leva la main droite. L’air se déforma légèrement, s’enfonçant ici, se renforçant par là, prenant la consistance du bois et du métal. En quelques secondes, une porte se tenait au milieu de la pièce, dressée au milieu de rien, menant n’importe où. Strange baissa la main, et la poignée cliqueta en réponse. Le battant pivota : derrière, le maelström d’ombre et de foudre qui avait pris la tête de l’Angleterre en otage.
- Tu peux toujours compter sur moi, Dane. Par ici.
L’air autour de Londres était froid, sans être glacial. La colonne d’ombre, à vrai dire, n’évoquait que très vaguement une tempête : vue de près, ses tumultes semblaient ralentis, lointain. Les éclairs qui grondaient à l’intérieur leur parvenaient étouffés, et le vent qui soufflait autour d’eux était agité sans être spécifiquement violent. Ils n’étaient pas directement dans la tempête, seulement sur son seuil. Le monde entier, ici, semblait retenir son souffle. Sûrement, les ombres allaient bientôt attaquer. Sûrement, elles allaient s’étendre. Bientôt. Quand elles auront fini de se repaître de Londres. Strange se tenait immobile sur le bord de la Tamise. Son amulette était grande ouverte et son regard blanc et froid semblait percer les ombres pour en décortiquer le coeur. Les yeux du magicien, d’ordinaire bleus, brillaient de la même lueur glacial.
- Je n’ai pas pu nous approcher plus. C’est… ça a faim. De chair, de sang, de pensées, de vie. De pierre. De bois. D’air, d’eau, de feu, d’acier. C’est… c’est un monde entier, Dane. Un monde étrange et mort qui est en train de dévorer le nôtre.
La barrière n’avait pas été franchie depuis le temps de Merlin, aussi y avait-il peu d’informations sur l’ennemi qu’elle avait été construite pour repousser. Maintenant, il se tenait droit devant eux, et Strange étudiait chacune des multiples énergies qui l’entourait, à la recherche d’informations à glaner, de quoi que ce soit qui leur soit utile pour sauver la ville. Il y avait, bien sûr, un moyen bien plus efficace d’obtenir des informations.
- Once more unto the breach, j’imagine.
Il traça quelque chose devant lui, et pendant un bref instant l’air crépita tout autour de lui. La trame de l’envoûtement était relativement facile à reproduire, comme un filet qui rendait l’air vicié pour les ténèbres, à fleur de peau. C’est une version à plus petite échelle de la protection placée très haut entre eux et les étoiles, et ce serait suffisant pour le protéger du monde qui avait pris d’assaut le leur.
- Excalibur devrait te protéger. Je ne serai pas loin pour te protéger à sa place, si besoin.
La lame, après tout, avait été forgée pour repousser les ombres – ces ombres-ci, spécifiquement. Strange était prêt à poser le même enchantement que celui qu’il portait sur Dane, si ça ne s’avérait pas suffisant, mais il espérait ne pas en arriver là. Si c’était le cas, alors la seule arme qu’ils savaient de source sûre efficace contre cette… terre affamée s’avèrerait n’être rien de plus qu’un joli cure-dent magique.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
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- épée photonique 2.0
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Londres… a changé. Drastiquement. La fameuse capitale de l’Angleterre, du Royaume-Uni et, jadis, de l’Empire Britannique a fait sa renommée par sa puissance économique, financière, politique, culturelle – mais aussi pour l’épais brouillard qui ne cesse de l’entourer. Désormais intensifiée par la pollution, cette nappe de plomb a des aspects un peu folkloriques, mais donne une formidable ambiance à la cité, amenant vers des relents fantasmatiques troublants et inspirants.
Le brouillard peut être dangereux, aussi. Notamment ici. Notamment maintenant. Notamment… quand il est désormais récupéré par une Magie Obscure, particulièrement menaçante et installée ici.
Une atmosphère de soufre s’impose ici. Londres est possédée. La Magie Obscure règne désormais, pour une raison bien identifiée par le Docteur Strange alors que le Maître des Arts Mystiques pénètre au cœur de la ville. Son transfert fonctionne complètement, malgré la petite résistance qu’il peut sentir : la Réalité se plie à sa demande, mais Londres… a renâclé à le laisser venir, à le laisser ouvrir une porte menant ici.
Troublant. Surprenant. Gênant.
Moins, cependant, que les découvertes de Stephen – qui évoque à haute voix la raison de tout ceci. La barrière est percée. Pas pleinement. Pas complètement. Pas de manière permanente ; mais quand même. La barrière de protection est percée, et… des créatures en ont profité. Déjà.
« Merci pour le monde… je crois qu’il va en avoir besoin. »
Dane Whitman rejoint Stephen, et apprécie sa réaction : reformer la barrière ici, pour stopper l’invasion en ces lieux. Il grimace cependant, en écoutant et comprenant ce qu’il se passe. La barrière est percée. Bordel.
« Bon sang… ça va vite, quand même. Tu dis que… ça dévore ? Que ça a faim ? C’est… ça me… dit quelque chose… »
Un souvenir ; ancien et difficile. Une quête passée. Une épreuve antérieure. Une douleur qui revient. Tandis que, devant eux, des formes émergent des ombres – attirées par leur présence ; guidées par leur odeur. Par leurs vies. Par ce qu’ils peuvent en faire.
Des Démons. Beaucoup de Démons. De sacrés Démons, surtout.
« Ah… formidable. Déjà des fans. Je pensais que le flegme britannique nous laisserait un peu tranquilles, au moins pour nos débuts. »
Dane inspire – et retire entièrement Excalibur de son fourreau. Il la sort. Il la dégaine, presque. Et il sent l’énergie glisser sur lui.
Elle le parcourt. Elle l’entoure. Elle le transforme. Elle est reconnue, aussi, par les créatures – qui grognent. Qui jappent. Qui s’emballent. Qui enragent.
« Ils sentent l’épée. Ils sentent… qu’elle les a repoussés, jadis. Elle les sent aussi – elle veut en découdre. »
La transformation se poursuit. Elle peut être rapide. Elle peut être instantanée. Elle ne l’est pas. Dane prend son temps ; pour l’effet. Pour faire effet. Pour le style.
Hé, Stephen n’est pas le seul à pouvoir éblouir, quand même.
« A nous ! A nous les intrus ! A nous leurs cœurs ! A nous leurs corps ! A nous leurs âmes ! A nous ! »
Des Démons s’emballent, et viennent haranguer la troupe – d’une vingtaine d’entre eux. C’est beaucoup. En principe.
Ils chargent. La vingtaine de Démons charge vers Stephen et Dane – dont la transformation est complète. Et qui fixe, d’un air théâtralement blasé, cette menace. Terrible. En principe. Terrible, oui ; sauf pour eux. Quand même.
« Mmh… Necromon ? Bon sang, Stephen… je crois que je sais qui attaque ; et ce n’est pas du tout rassurant. Je t’avais parlé de ma quête en Outremonde pour sauver Arthur ? Avec Brian Braddock ? C’est… ça a été dur. Et… j’ai recroisé les sbires de Necromon récemment, avant que je prenne Excalibur. Ce sont des sbires… de Chthon, évidemment. »
La menace absolue, qui pèse sur tout ce qui vit dans toute Réalité. Stephen et Dane luttent actuellement pour essayer de le repousser, au sein de la God Squad. Il semble que le combat se prolonge ; même ici.
« Bon… on évacue ces sbires-là, et on retourne jusqu’à la brèche, pour la refermer ? En la comblant de leurs corps déformés… et non pas de cadavres humains, anglais ou non !! »
Dane hurle ces derniers mots, suivant la légitime référence de son ami pour l’étendre ; pour s’en inspirer. Il prend ensuite une grande respiration – et lève Excalibur. Il charge, alors. Il charge. Et ça va ne pas faire du bien à ces Démons, qui osent les affronter…
Chthon. Le monstre qui les traquait, la marée contre laquelle ils essayaient, désespérément, de lutter. L’esprit dément qui avait écrit un grimoire capable de tordre la lumière et d’éteindre le soleil, la chose endormie dans l’Abysse contre laquelle ils s’étaient battue dans ce monde et dans d’autres. L’Autre. Lui qui Dort. Lui qui tient la Nuit, et qui l’étrangle. Chthon.
- Oui, j’imagine que quelque part, ça ne pouvait être que lui, laissa échapper Strange.
Des plis de sa cape, le magicien avait tiré un long ruban rouge. Avec le calme et la précision de quelqu’un qui n’est pas face à une horde de démon, il avait commencé à le nouer. Son regard d’ivoire était toujours rivé sur les ombres, comme s’il pouvait y lire quelque chose.
- Il y a une ancre. Quelque chose a traversé la barrière et a traîné cette Terre à sa suite. Elle n’a pas de nom, mais l’air lui-même lui est lié. Si on la trouve, si on la repousse, je peux refermer l’envoûtement de Merlin.
Un nœud. Deux nœuds. Trois nœuds. - Par les bandes Cramoisies de Cyttorak.
Les trois nœuds se défirent et bondirent en avant. Là où il n’y avait qu’un morceau de ruban, dans dizaines s’échappèrent des doigts du docteur, prenant les démons à la gorge, immobilisant leurs armes, bloquant leur charge. Le sortilège ne prit qu’une petite partie de la horde, mais c’était bien assez. A ses côtés, le Chevalier Noir était entré en action. L’air brûlait, fumait au contact d’Excalibur. Ils étaient dans un monde étranger, parasite, mais l’épée en était son ennemi. Le tissu même de la Terre Affamée souffrait de sa présence. Les démons tombèrent progressivement, et Strange lâcha un sourire.
- Nous devrions affronter des démons côte à côte plus souvent. Tout paraît plus simple avec un preux chevalier à ses côtés.
Le ciel était étrange, depuis la Londres prise d’assaut. L’horizon était rouge, rouge sang, comme prit par un incendie. Pourtant, juste au-dessus d’eux, tout était noir. Noir. Calme. Froid. Et affamé.
- Il nous faut nous rapprocher du centre. C’est…
Un grimace, un froncement de sourcils. L’oeil d’Agamotto s’illumina soudainement, comme en réponse à quelque chose.
- Il sait que je regarde, et il veut bloquer ma vue. Je ne sais pas quelle ancre nous cherchons, exactement. Peut-être est-ce Nécromon lui-même. Peut-être n’a-t-il fait que suivre autre chose. Il ne veut pas que je sache, en tous cas. Nous allons devoir nous rapprocher.
La cape du magicien se détacha, se déployant devant eux comme un tapis volant. Elle semblait plus grande, ainsi – et nulle part on ne voyait le col que le docteur portait pourtant quelques instants plutôt. Strange grimpa et tendit la main à Dane avec un sourire.
- Elle ne te laissera pas tomber, promis.
La Tamise semblait différente, elle aussi. Plus sombre. Plus épaisse. Comme un fleuve de goudron, à la surface duquel se reflétait une ville en flammes qui n’était pas Londres. Étonnamment, ici, le vent était plus calme. C’était l’oeil de la tempête et le ventre de la bête.
- Je ne parviens pas à le trouver, mais quelque chose à dû amener cette Terre ici. La Barrière n’a pas juste pu se briser comme ça. Un culte de Chthon, peut-être ? L’Épée ?
La question était aussi implicite que claire. Les sens de Strange étaient émoussés, ici, en constante opposition avec l’entité qui gouvernait le royaume. Il percevait des choses, mais trop peu. Peut-être que Dane aurait de meilleurs résultats.
- Rappelle moi, Nécromon. Avez-vous découvert certaines de ses faiblesses ? Un moyen de le repousser ?
C’était un dieu. Un dieu mort, éviscéré de son nom avant de s’en voir offert un nouveau. Nécromon était une ombre en recherche de sens et de corps, un souvenir du passé avide de présent. Il avait faim. Terriblement faim. Strange n’avait pas besoin de l’avoir lu dans un grimoire – il le lisait dans l’eau et dans la pierre. Ce qu’il n’y lisait pas, c’était une solution concrète et facile à leur problème.
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Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Mer 18 Oct - 13:50
La lutte est acharnée – mais rapide. Expéditive, même. Plusieurs Démons entendent en effet stopper l’avancée de deux intrus, au cœur de cette ville de Londres désormais sous l’influence, la corruption de cette fameuse Terre Affamée. La patrie de Necromon entend en effet envahir la Terre et son plan d’existence, sous la commande de Chthon ; définitivement acharné à prendre pied ici.
Mais… mais. Mais les Démons ont vu trop gros. Mais les Démons se sont vus trop beaux ; ou ont mal vu ceux qu’ils affrontaient.
Stephen Strange. Le Maître des Arts Mystiques. Le Sorcier Suprême de la Réalité. Dont le sortilège bandé rappelle à l’ordre ces Démons inconscients.
Dane Whitman. L’héritier des Chevaliers Noirs. Le porteur d’Excalibur. Moins distingué que son allié, mais…
« RAH ! »
… efficace, malgré tout. Les Démons s’embrasent au contact de sa lame, quand leurs membres et têtes ne sont pas tranchés et fauchés. Pas de pitié. Pas par cruauté ou démence… mais par besoin. Pas de pitié, pour survivre. Pas de pitié, pour avancer. Pas de pitié… pour bien faire.
L’opposition s’évapore, s’affaisse – et le Chevalier Noir l’achève définitivement, par une ultime attaque.
Qui abat les Démons les plus proches, et couche les autres au sol. Emballé, c’est pesé, comme on dit !
« Ah. »
Dane se redresse, en manipulant Excalibur encore chaude et intense, puis se tourne vers Stephen, qui glisse un mot sympathique sur l’alliance. Il acquiesce, en souriant.
« C’est… une proposition ? J’ai fait partie de tes Defenders, mon ami… et je ne rechigne jamais à ta présence. J’ai fait quelques parties de Donjons & Dragons – je sais l’avantage d’avoir un Mage à mes côtés ! »
Il glousse quelque peu, mais l’expression positive s’évapore de son visage. Car Stephen fronce les sourcils. Ce n’est jamais bon. Ce n’est jamais bien. Ce n’est jamais rassurant.
Strange s’explique, se confie et révèle la situation : quelqu’un les fixe, les suit ; les observe. Se prépare à eux. Le Docteur enchaîne, réagit et monte sur… sa cape, devenue désormais tapis volant. Il propose à Dane de le suivre, et ce dernier sourit lentement.
« Bon sang… je sens que… je commets autant un crise de lèse-majesté, là, que le fantasme de plusieurs fans. Tu savais que Ms. Marvel, la p’tite jeune, est particulièrement fan, d’ailleurs ? Je suis sûr qu’elle meurt d’envie de te demander un autographe ! »
Depuis la découverte de l’existence de Jackie, sa fille, Whitman s’intéresse plus aux jeunes super-héros ; et notamment celles et ceux qui pourraient l’aider. Les bons exemples. Il monte ensuite sur la cape devenue tapis, grimace – mais tient. Il tient le coup.
Ils avancent, alors. Ils avancent au cœur de cette Londres transformée, chamboulée… et notamment au-dessus de la Tamise.
Dane en frissonne. Il est souvent venu ici, enfant, pour retrouver des proches ; désormais disparus. Voir ainsi la Tamise, c’est… quelque chose. Désagréable. Très. Il profite alors des mots de Stephen, pour occuper son esprit à lui répondre.
« Oui : quelque chose a provoqué tout ceci. La rupture de la Barrière n’est pas anodine. Il est probable que les nombreuses actions de Chthon aient formé un… travail de sape, afin d’amoindrir le sortilège de Merlin. Mais… comme pour tout, il faut un coup final. Il faut un acte final. Et… ça doit venir de quelqu’un d’ici. »
Son visage se ferme, gravement.
« Quelqu’un… de la Terre a fait venir la Terre Affamée ; et les troupes de Necromon, donc. Je… ah. Pour te répondre, je doute… que Necromon lui-même soit ici. Je l’avais croisé en Outremonde, quand Merlin m’avait mis sur une quête. Afin de retrouver Brian Braddock, alors Captain Britain dépressif, et ramener Excalibur à Arthur. Mon Epée d’Ebène avait été brisée, et… ah. J’avais déjà utilisé Excalibur, jadis. Arthur avait repoussé Necromon à Avalon – et voilà ! Mais, plus récemment, Necromon a agi en Outremonde ; encore. J’y avais été avec Moon Knight, parce que… parce que ma fille, Jackie, avait été enlevée. Un… moment difficile, Stephen. J’ai découvert que l’Epée d’Ebène était pour les âmes… mauvaises, les êtres violents ; non pas ceux capables de tenir face à sa tentation, mais ceux qui y cèdent. Tout était venu de mon ancêtre, Percy – qui s’illusionnait, aussi. Je… je l’ai repoussé, vaincu – et j’ai aussi soumis Mordred, responsable de l’enlèvement de Jackie. J’ai… j’ai alors épousé pleinement Excalibur, et… Bon, Necromon a été repoussé, comme les Ténèbres. Pour de bon, j’espérais. Il… doit encore pencher ses plaies, mais… »
Dane s’interrompt. Il a parlé beaucoup. Il s’est surpris à parler beaucoup – mais il apprécie cela. Il apprécie de se confier à Stephen. Un proche, même s’ils se voient peu. Un ami, même s’ils se confient peu. Un frère d’armes.
Son cœur est un instant plus léger alors… mais la sensation s’évapore. Quand ses yeux se posent au-delà de la Tamise.
Les Démons… les Démons sont partout. Londres est sous emprise.
« Mais… lui… »
Dane lève sa main gantée et, d’un index tremblant, désigne une forme dans la masse – un être. Un homme.
Un homme qu’il reconnaît… mais pensait, espérait ne plus jamais voir.
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Jeu 19 Oct - 15:00
- Je suis un excellent exemple de la terrible écriture manuscrite des médecins, mais je verrai ce que je peux faire. Noël approche, après tout.
Strange écouta silencieusement les paroles du Chevalier noir, balayant du regard les rues sombres en contrebat. A l’occasion, pourtant, il relevait les yeux pour dévisager Dane.
- Hmm. Il est toujours présent dans l’air, et dans les démons, mais je vois. Quelqu'un joue avec ses armes et ses armées.
C’était subtile. Le docteur n’aurait probablement pas perçu la différence sans le porteur d’Excalibur : quelqu’un d’autre était aux commandes de l’invasion de Londres. Quelqu’un qui possédait du pouvoir, mais qui se cachait derrière l’aura d’un dieu pour se rendre plus important. Hmm. Il releva les yeux, et posa une main sur l’épaule du chevalier.
- Tous les chemins que nous arpentons ne sont pas agréables ou faciles, et certains sont plus chargés d’ombre que d’autres. J’aurais tendance à souligner, cela dit, que l’Épée d’Ébène et Excalibur sont deux opposés, une arme pour la nuit, l’autre pour le jour. Percy était dédié à sa lame obscure, et je serai mal placé pour définir avec exactitude que tu ne portes aucune ombre avec toi. Mais tu as su prendre les deux lames, manier la nuit et le jour à portion égale. Que l’Épée d’Ébène soit pour les âmes mauvaises en dit plus long sur tes prouesses que tes défauts, mon ami.
Leurs vies étaient étranges et leur amitié faite de choses simples. Au milieu des affrontements et des hordes de démons, les brefs éclats de fraternité et de confiance étaient aussi précieux qu’un phare au coeur d’une tempête. L’attention du docteur fut tirée vers le bas, vers une silhouette drapée d’une longue robe à capuche. Son amulette laissa échapper un bref éclat, froid comme la glace.
- Cormac ?
Les noms étaient des choses de pouvoir et de connaissance, a fortiori celui-ci, a fortiori ici. Le monde entier semblait tendre légèrement vers cet homme – les pierres, la brume, le métal et le bitume. Les hordes de démons qui marchaient dans les rues bougeaient autour de lui, avec lui, dans une chorégraphie instinctive. La magie dans l’air répondait à son nom, racontant son histoire. Comment il fut humain, jusqu’à ne plus l’être. Comment il trouva la gloire aux côtés de Nécromon. Comment il marcha dans l’ombre, jusqu’à ce que son maître soit battu et repoussé. Comment il prit le sceptre tombé à côté du trône, et murmura les noms bannis du Dormeur, et lui jura allégeance.
Strange serait bien incapable de savoir si Cormac avait trahi Nécromon ou s’il lui servait de substitut, le temps que le dieu mort se remette de ses blessures. Le fait est que c’était lui, la clef de voûte de l’invasion de Londres. Lui qui tentait de repousser son regard. Lui qui, bientôt, les verrait dans les airs. La cape de lévitation entama sa descente vers un toit dont les tuiles ne semblaient pas trop glissantes.
- Oui. Il est un des rouages de cette invasion. Si nous le… vainquons, ou bannissons, une partie du monde devrait partir avec lui. Je pourrai refermer la brèche à ce moment.
Le magicien ne connaissait pas Cormac. Il avait senti ses pouvoirs et appris ses connexions dans la brume et la pierre, mais c’était tout. Il y avait visiblement une histoire avec Dane, dont il n’était pas au courant. Alors qu’ils touchaient terre, des volutes de brume vinrent les envelopper. Elles les cacheraient temporairement aux démons et à l’occultiste, le temps qu’ils mettent au point un plan d’attaque.
- Excalibur sera probablement plus efficace pour le repousser. Je peux me charger des démons et m’assurer que votre duel ne sera pas interrompu. Si nous sommes chanceux, j’aurais l’occasion de te prêter main forte, mais je ne peux rien promettre.
Le docteur observait les murs autour d’eux comme s’il pouvait voir à travers, comme s’il pouvait juger les démons qui les attendaient dès qu’ils quitteraient la protection de leur point surélevé ou de leurs brumes.
- Cela dit, je ne le connais pas. Vous avez visiblement du vécu. Si l’affronter seul, ou l’affronter tout court, est trop dur, je serai à tes côtés. J’ai simplement peur que nous soyons légèrement pris par le temps.
Du menton, il pointa un coin de ciel visible à l’horizon. Des éclairs lézardaient les nuages sombres, et un grondement lointain s’éleva. Puis, de nouveaux immeubles apparurent dans cette Londres distordue, très lentement, centimètres par centimètres. L’invasion s’étendait, lentement mais sûrement.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Ven 20 Oct - 10:34
Londres est corrompue.
La fameuse capitale britannique est la première à chuter sous l’attaque, l’invasion, l’influence de la Terre Affamée – la dimension contrôlée, formée et enfantée par Necromon. L’un des lieutenants de Chthon, l’Ancien Dieu. Les habitants ont fui… ou sont perdus ; corrompus, aussi, ou pire. Par les hordes de Démons qui rôdent, s’avancent et ravagent les âmes qui ont le malheur de les croiser.
Les Démons se multiplient. Ils sont plus nombreux. Ils sont plus actifs. Ils sont plus menaçants. Il faut agir – et ceux qui peuvent vont agir.
« Ah… merci. »
Dane Whitman sourit avec gêne et timidité, après les réactions et mots de Stephen Strange. La plaisanterie douce sur Noël est agréable, et amène un gloussement bienvenu, mais ce sont bien les paroles évoquant la dualité entre l’Epée d’Ebène et Excalibur, et ce qu’être digne de porter et contrôler les deux veut dire de lui. Ça le touche ; beaucoup.
« C’est… bon. Je… ah. Je… ne sais pas quoi dire, mais… j’ai fait ce que j’ai pu. Et… au fond… »
Il grimace, et tourne un visage sincèrement ému vers Stephen.
« J’ai… réussi, oui. Ça… fait bizarre, mais… oui. Et j’en suis fier. »
Il avance. Il évolue. C’est bien. Même s’il évoque bien vite ces arguments pour anéantir son manque de confiance en lui, alors que les événements se précisent. Cormac est bien identifié, mais Stephen n’en sait pas grand-chose ; hormis qu’il le relie clairement à tout ceci.
La suite est alors claire.
« Il est à moi. »
Ni le ton, ni le contenu ne souffrent d’une quelconque réplique ou contestation.
« J’ai affronté Cormac en Outremonde – je lui ai tranché la main. C’est d’ailleurs pour cela qu’il… oui. Regarde. Son bras droit est magique. »
La cape de lévitation, en vérité le tapis volant, descend, et Dane désigne de sa main gantée Cormac, qui avance au sein d’un Londres toujours plus sombre.
Chaque pas qu’il fait intensifie les ombres, les ténèbres. Il les apporte. Il les amène. Il les provoque. Il est la cause et l’origine de la corruption.
« L’affronter sera une épreuve – il est fort. Il est dur. Il est un formidable Mage, même corrompu, et… il est encore meilleur épéiste. Il est un adversaire extraordinaire, et il est l’un des meilleurs qui existent, une lame à la main. Mais… »
Dane se tourne vers Stephen, et forme un sourire plein de morgue et de fougue.
« Il n’est pas moi. »
Arrogance ? Oui, mais pas imméritée. Le Chevalier Noir est considéré comme l’un des deux meilleurs épéistes, sur Terre et en Outremonde. L’autre est Dracula ; et la revanche doit toujours se faire.
« Je perce tout ceci… je te laisse gérer les remous. »
Il acquiesce – puis bondit, en dehors de la cape de lévitation. Il se jette dans le vide.
Il tombe.
En maîtrisant cependant sa chute. Autant par sa cape, qu’il manie habilement, que par Excalibur – dont l’énergie ralentit l’effet de la gravité, mais qui surtout le protègera de tout choc.
Il file, ainsi. Et laisse à Stephen les Démons… qui ne sont plus uniquement au sol. Ils volent, aussi.
Une escouade de Démons Volants fonce vers le Docteur Strange. Pauvres imbéciles.
A proximité, Dane oriente sa chute vers Cormac – et choisit de refuser de bénéficier de tout effet de surprise.
« CORMAC ! CETTE FOLIE DOIT CESSER ! TOUT DE SUITE !! »
Il hurle, et attire l’attention… en fondant sur Cormac, comme un aigle vengeur venu des cieux.
L’effet est saisissant… et la suite va faire mal, assurément !
(HJ/ Et voilà, mon dernier post ici avant ma semaine de congés ! Je ne suis pas sûr de répondre à cette occasion, mais sait-on jamais ! /HJ)
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Sam 21 Oct - 16:06
Stephen Strange hocha la tête. Ses doigts s’étaient mis en mouvement, et la flamme d’un sortilège dansait dans ses yeux.
- Je ne serai pas loin, si besoin.
Le chevalier noir sauta, vers la rue et son duel. Quelque part au-dessus d’eux, une créature poussa un cri strident, repris pas d’autres monstres volants. L’un d’eux piqua, droit vers le magicien, pour le projeter contre le toit d’ardoise. La manœuvre ne demandait pas de précision, seulement de la force brute : percuter la cible, la jeter contre la surface la plus proche et la déchiqueter jusqu’à ce que mort s’en suive. Une tactique qui laissait à désirer, si on était honnête.
La cape du magicien se replia autour de lui et il disparut. Le démon s’écrasa, perforant la toiture, roulant sur le sol de l’étage. Il y eut un bruit, un éclair argenté, puis la créature fut projeté à travers la fenêtre et réduite en cendres avant de toucher le sol. D’autres monstres volants poussèrent un cri et se jetèrent en avant, griffes brillants dans l’ombre.
- Par les Vapeurs de Valtorr.
Un gigantesque nuage d’une noir de suie jaillit de la fenêtre éventrée, cueillant les démons des airs avant de descendre vers le sol. Les cris de rage et de sang furent étouffés et le nuage se déploya en partie sur le bitume, avalant une partie de la rue. A l’intérieur, les monstres se retournaient les uns contre les autres, attaquant à l’aveugle. Certains se laissaient prendre par la magie de la fumée et se mettaient à tituber, une fatigue de plomb se glissant dans leurs os. Une poignée s’écroula, épuisée, endormie. Tous cherchaient le docteur, qui était déjà parti.
Le docteur refit surface quelques rues plus loin. Les monstres étaient présents ici aussi, rampant sur les murs, rôdant sur les trottoirs. Ses mains bougèrent à nouveau, et quand il parla, un nuage blanc s’échappa de ses lèvres.
- Par l’étreinte glaciale d’Ikthalon.
Le sol et l’air devinrent givre et glace, surgissant en pic devant lui, prenant lames et membres dans leur étreinte. Les créatures laissèrent échapper un glapissement de surprise, immobilisés dans leur charge. Ils se libéreraient assez vite, une fois la surprise initiale passée. Ça importait peu. Le magicien murmura quelque chose, traça un symbole dans les airs, puis disparu à nouveau.
Ici, il apparu entouré de lumière, aveuglant ceux qui le regardaient comme s’il était venu paré de soleils. Là bas, un halo de lumière vint repousser les démons. Ailleurs, il vint six fois, six docteurs présents dans la même rue, se volatilisant au moindre coup – assez de doubles illusoires pour lui laisser le temps de prononcer un mot, de tracer un symbole et de disparaître à nouveau. Plus loin encore, il marcha entouré d’un vent terrible qui mourut à l’instant où il parti.
Stephen Strange, dans l’âme, était un duelliste. Ses pouvoirs étaient plus efficaces pour affronter une seule personne, un seul grand monstre ou sorcier. La bataille qu’il menait à la manière d’une guérilla n’était pas vraiment contre la horde de démons, mais bien contre Cormac. En restant constamment en mouvement, il espérait mobiliser suffisamment l’attention de l’armée pour l’empêcher de venir au secours de son seigneur. Évidemment, il préférait ne pas laisser cette tactique au hasard : aussi, à chacune de ses apparitions lançait-il un sort. Un sort de confusion et d’oubli, un sort tissé de brume et de nuit. Lentement, très lentement, des brumes se levèrent autour du Chevalier Noir et de sa proie. Les brumes de Munnopor étoufferaient les bruits du combat et les cris de Cormac, émousserait ses ordres, effacerait son souvenir.
Malheureusement, cela ne venait pas sans danger.
- Te voilà, magicien.
Quelque chose attrapa sa cape, le tirant à la gorge, et le jeta à travers la rue. Le mur de briques le frappa douloureusement à l’arrière du crâne et un voile passa sur son champs de vision. Sa tête sifflait et pulsait de douleur, malgré les protections qu’il portait. Étouffant un grognement, Strange releva la tête. Son adversaire était un peu plus grand que le reste de la horde. Plus maigre, aussi, quoi que ça ne le rende pas moins impressionnant : ses os semblaient tranchants, découpant sa silhouette tout en angles et en griffes. Quelqu’un avait dessiné quelque chose sur son torse avec une peinture noire et poisseuse. Un général.
Strange fit un geste pour partir. La chose claqua de la langue, et l’air crépita autour de lui. Le docteur retint une injure et le monstre laissa échapper un sourire.
- Je vois.
Le docteur se mit debout et le ciel, au-dessus d’eux, gronda. Le général, lui, fit cliqueter ses griffes. Sa peau était pale, grise. A la place de ses yeux, deux cornes noires se courbaient autour de son crâne. L’une d’entre elle était décorée de petites amulette. Il en toucha une, sans cesser de sourire, et y donna une pichenette. Une étincelle s’en échappa, devenant flamme, devenant brasier, devenant flèche. Il y eut un craquement déchirant en réponse et la foudre tomba sur la rue.
Le regard de l’armée était tournée vers son général et sa proie, complètement oublieuse de ce qui se passait dans les brumes.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
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Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Mar 31 Oct - 15:31
Londres est sous influence. Pire encore : elle est corrompue. Elle est troublée. Elle est transformée. Elle est assombrie. Elle est… salie.
Une véritable chape de plomb s’est imposée sur la capitale britannique, emportant tout sur son passage. Les habitants ont déjà vécu des moments difficiles, et des crises surhumaines et surnaturelles, bien que le reste du monde l’ignore. Les problèmes sont évoqués et gérés uniquement en famille, au sein de la Perfide Albion ; l’étranger n’a pas à le savoir. Les locaux savent donc gérer, et ont fui. Ceux qui n’ont pas réussi se terrent, et tentent d’échapper à la corruption – à cette influence perfide et mauvaise, venue directement d’un endroit différent. D’un autre monde.
La Terre Affamée.
La dimension forgée et dirigée par Necromon, abominable suppôt de Chthon qui a déjà tenté de posséder l’Outremonde, l’incarnation de l’imaginaire chevaleresque ; et britannique. Necromon a été vaincu, récemment, et s’en remet à peine. Mais ses troupes demeurent – et la Terre Affamée tente une percée, via Londres.
Les Démons s’avancent, et ravagent les lieux.
Londres souffre. Les bâtiments s’effritent. Les rues se soulèvent. Les ponts s’effondrent. La ville peine. La ville s’érode. La ville tient ; encore un peu. Notamment parce que certains se battent pour elle.
Les habitants ont en effet le soulagement de voir que l’essentiel des Démons bouge, pour se concentrer sur une zone – un espace. Une opposition. Celle incarnée par le Docteur Strange… et le Chevalier Noir.
Ces derniers sont venus pour stopper cette invasion, née du perçage du bouclier mystique jadis créé par Merlin, afin de compenser la séparation du rocher et d’Excalibur. Ledit rocher, formé en Pierre des Etoiles, devenue ensuite l’Epée d’Ebène, appelle en effet les forces obscures ; dont la Terre Affamée. L’invasion suit ainsi cette ouverture… formée par celui que Dane Whitman affronte, directement.
Hélas, le Chevalier Noir peine.
Ce dernier s’est jeté de la cape de lévitation du Maître des Arts Mystiques, devenue tapis volant, pour se précipiter vers sa cible. Cormac. Un ancien Marcheur, ces hommes choisis pour faire le lien entre la Terre et l’Outremonde. Ces hommes de bien, qui devaient favoriser la Nature et la concilier avec l’Humanité. Cormac a failli, jadis… cédé. Aux ténèbres. A Necromon. A la Terre Affamée.
Jadis, Dane l’a affronté en Outremonde – et l’a vaincu. Difficilement. Arrachant, au passage, sa main. Cormac ne l’a pas oublié, et entend le faire payer à Whitman. Ce dernier subit un ouragan d’attaques magiques, qu’Excalibur bloque ; à peine.
En l’état, le Chevalier Noir ne peut que subir… et Cormac s’acharne.
Sans un mot. Sans une insulte. Sans une provocation. Sans un discours.
Cormac attaque. Cormac réplique. Cormac appuie là où ça fait mal. Cormac est en mission… et entend la réussir ; enfin. Cormac entend rayer Dane Whitman de la surface de la Terre. Et vite.
« Hughn. »
L’intéressé grogne… et souffre. Il peine. Il recule. Il s’épuise.
Et il en a conscience.
« S… Ste… phen… »
Il souffle. Il murmure. Il appelle à l’aide. En vain, hélas. Même si le Docteur Strange est capable d’entendre le battement d’ailes d’un papillon songeant à lui, ou troquant son âme pour une heure de reproduction en plus, l’ancien chirurgien est hélas bien… occupé, aussi.
Les Démons Volants fondent sur lui. Surtout un. Surtout l’un d’entre eux. Surtout celui qui défie directement Stephen.
Un général. Qui inspire le respect. Qui provoque la peur. Qui irrigue les forces et la motivation des siens. Qui arrache la détermination. Qui prône l’anéantissement de l’ennemi ; toujours.
« Quelle puissance – et quelle cécité. Vous voyez l’invasion, vous croisez Cormac, et vous considérez qu’il est celui responsable de l’ouverture de ce bouclier pathétique. Vous vous persuadez que la Terre Affamée veut conquérir ce monde… alors qu’elle ne vient chercher que son dû. L’enfant. »
Le général parle. D’une voix froide. D’une voix terrible.
« J’espérais mieux de toi… magicien. Petit magicien, finalement. Je sous-estimais ta faiblesse ; encore. »
Le général se redresse – et change. Son allure change. Son corps se transforme. Son essence… se modifie ; et ne peut que crisper Stephen, en voyant ce qu’il devient. Et ce qu’il tient, dans une sphère magique.
« Bonjour, Stephen. Vas-tu enfin… reconnaître ta patte, dans tout ceci ? »
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Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Mer 8 Nov - 22:28
La chose était massive, presque bulbeuse. Sa peau était pâle, ses yeux couleur de cendre. Elle s’accrochait à la façade d’un immeuble, ses griffes massives faisant ployer le ciment et les briques. Ce n’était pas la seule, évidemment – d’autres approchaient depuis les toits, ou les trottoirs ou les lampadaires. C’était, cela dit, le danger le plus immédiat. La chose déboîta sa mâchoire. Une odeur de métal emplit l’air, puis elle vomit un torrent de flammes sur le bitume en contrebas.
- Par le bouclier de Balthakk.
Balthakk était le Prince des étincelles, le seigneur de la tempête et des flammes. Son pouvoir était celui de l’énergie – celle que les mages invoquaient contre leurs ennemis, comme celle que leurs ennemis invoquaient contre eux. Son nom contrôlait les énergies pures et en faisait ce que bon lui semblait. Les flammes sifflèrent et devinrent fleurs, pétales et pistils. Elles étaient de formes différentes, mais toutes blanches à cœur jaune. Au milieu de la rue, le magicien se tenait jambes fléchies, mains levées, pouces et annulaires joints. Il toucha ses paumes et parla à nouveau.
- Par les fauconniers de Farallah.
Les fleurs, qui s’éparpillaient dans la brise froide, s’assombrirent. Leurs pétales devinrent gris, puis bruns, puis plumes. Leurs coeurs jaunes se firent brillants et vifs, et leurs pistils devinrent des serres et des becs d’acier. Farallah, lui, était un chasseur. Ses chiens étaient nombreux, et ses oiseaux de proie tout autant. La nuée de faucons prit son essor dans une multitude de cris perçants, se jetant sur les monstres alentours, criant au sang et à la souffrance. Les démons sifflèrent et jurèrent, mais reculèrent un temps. La chose agrippée au mur glapit, perdit l’équilibre, et tomba sur une carcasse de voiture. Strange, lui, dirigea son attention vers la vraie menace de la rue.
- Je me rappelle de ces tours de passe-passe.
Le goudron prit vie soudainement vie, se fracturant en une multitude de mains rudimentairement sculptées. Elles se jetèrent sur le docteur, cherchant sa cape, sa gorge, ses yeux : sur leurs doigts et leur paume, des bouches difformes aux crocs de barbelés claquaient dans le vide. Strange bougea, et des étincelles crépitèrent le long de ses cicatrices. Ce ne fut pas assez. S’il en détruisit plusieurs, les mains monstrueuses réussirent à l’empoigner et à le jeter contre un lampadaire proche. Le pilier de métal se plia en deux à l’impact et le magicien laissa échapper un cri de douleur.
- C’est rafraîchissant, de voir que tu y as toujours recours.
Son coeur battait à tout rompre dans ses tempes et ses oreilles, pulsant comme si son sang voulait fuir ses veines, gicler sur les murs et serpenter le plus loin possible de leur adversaire. Le docteur avait mal. Il avait peur, et il peinait à défendre sa position. Il aurait probablement été plus courtois de demander à qui il avait à faire, mais c’était une question inutile pour l’un comme pour l’autre. Strange savait. Il le voyait dans les traits ravagés de l’homme qui lui faisait face, dans le ton âpre de sa voix. Il l’entendait dans le battement de leurs coeurs, qui battaient parfaitement à l’unisson. Il le sentait dans l’air, dans la façon dont ses propres sortilèges dardaient un œil curieux vers le général, dans la légère hésitation qui les prenaient, comme s’ils n’étaient pas sûrs auquel des deux ils devaient obéir. Il y a longtemps, Strange avait prit part à une guerre, au nom des Principautés qui l’avaient fait Sorcier Suprême. Il avait combattu des années durant, hors du temps, hors du monde. Quand il en était revenu, Oshtur lui avait prit ses souvenirs, Hoggoth ses blessures, et Agamotto l’avait ramené à son domicile. Ce qu’il était devenu sur ces champs de bataille, lui avaient-ils dit, n’aurait jamais dû voir le monde. Ce qu’il était devenu sur ces champs de bataille, aujourd’hui, se tenait devant lui. Ce général était un Stephen Strange, un morceau de sa vie si terrible qu’il avait été pris et enfermé loin du monde.
Avec une grimace, le docteur essuya le filet de sang au coin de ses lèvres et se remit péniblement debout. Contre sa gorge, l’oeil d’Agamotto était ouvert. Son regard blanc, livide, était rivé sur le général où qu’il se tienne. Ses murmures lui en apprenaient un peu plus chaque seconde – que la magie qui brûlait dans son orbite vide était celle d’une guerre longue et sanglante, qu’il avait porté l’étendard des Vishanti contre la Trinité des Cendres, qu’il avait vu tellement, tellement de gens mourir – et qu’il avait tué tant, tant de personnes, quand -
- Je pense que c’est assez.
Le général sourit, de son sourire gris et acéré. Comme en réponse, l’oeil d’Agamotto ferma docilement sa paupière de cuivre. Strange baissa un regard incrédule vers l’amulette, et seul le rire de son adversaire lui fit relever la tête.
- La magie des Vishanti ne peut rien contre moi. Je suis leur chien de guerre, après tout. Leur Général. Te souviens-tu de moi, Stephen ?
- La dernière fois que je t’ai vu, tu étais prisonnier d’un cristal, sous bonne garde dans le Sanctum. Même la croisade de l'Empirikul n’a pas réussi à te libérer.
- Le Dormeur a une façon bien à lui de se glisser derrière les verrous les plus solides, oui.
Le métal du lampadaire gémit lorsqu’il se tordit à nouveau, sifflant autour du magicien comme un serpent aux anneaux de fer forgé et torturé. Du coin de l’œil, Strange perçut l’éclat d’une pupille fendue et une mâchoire de feu. Il murmura quelque chose : contre ses lèvres, le mot devint fumée, obscurité, rouille puis érosion. Un tourbillon noir enveloppa le docteur et le lampadaire-serpent. Lorsqu’il se dissipa un battement de cil plus tard, des morceaux de métal rouillés et brisés tombèrent tout autour du mage, indemne.
- Tout ça pour un enfant ?
- Oh, Stephen. Ne valent-ils pas tout cela, et plus encore ?
Des rubans jaillirent de sous la cape du docteur, bondissant à travers l’espace pour immobiliser le général et tenter de lui reprendre l’enfant qui flottait au-dessus de sa main. Ils n’allèrent jamais jusque là – le tissu noirci et prit feu, et les lanières embrasées fouettèrent l’air pour lacérer le visage de Strange. Il murmura un nom de glace et de froid, et les flammes moururent.
Dans le même temps, sa voix se détourna vers quelqu’un d’autre.
Ailleurs, plus loin, Dane Whitman était en mauvaise posture. L’air empestait de la magie agressive de Cormac, et la main du démoniste était devenue tour à tour une griffe, un serpent et un fouet de ronces qui bougeait par lui-même. La place sur laquelle avait lieu leur duel était déserte, étrangement silencieuse. La pierre et l’air se brisait sous la volonté du Marcheur, mais le Chevalier tenait encore bon. Du moins, il tenait encore debout.
- Dane.
La voix de Strange était distante, avec un léger écho. C’était une communication faite dans la précipitation, au milieu d’un duel qui lui demandait une quantité considérable d’attention. Ses mots parvenaient entiers, mais certains et plus facile à entendre que d’autre.
- Marche jusque dans la brume. Elle te cachera à Cormac et te guidera jusqu’à moi. J’ai besoin de ton aide, de toute urgence.
Des volutes de brumes dansaient à la lisière de la place. Elles étaient discrètes, mais bien présentes. C’était cette même brume que Strange avait disposé tout autour des duellistes, pour s’assurer que l’armée de la Terre Affamée resterait hors de leurs affaires. Dans l’immédiat, elle pouvait leur servir autrement. De plus, les réserves de sortilèges de Strange diminuaient à grande vitesse, et la brume avait l’avantage d’être déjà déployée.
- Ils sont ici pour une enfant, Dane. Je… j’ignore ce qu’ils vont en faire.
- Nécromon est un dieu mort. De quoi sa Terre pourrait-elle bien être affamée, sinon d’une vie à lui rendre ?
La voix du général était rauque, jaillissant du néant, s’invitant dans l’échange télépathique. Un sourire pouvait s’entendre sur ses lèvres gercées. Il y eut un bruit, comme le crissement du métal, Stephen poussa un cri, puis la communication se coupa sèchement.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
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- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Ven 10 Nov - 12:10
Stephen Strange passe définitivement de surprise en surprise. Sollicité par son vieil ami, Dane Whitman, afin de lever le voile sur de mystérieux événements touchant l’Epée d’Ebène, lame maudite mais figée par eux deux récemment, le Maître des Arts Mystiques a été amené dans des flashs du Passé, à Camelot. Il a pu découvrir que Merlin, son prédécesseur comme Sorcier Suprême, a protégé la Terre via un sortilège général… qui est cependant maltraité et percé, depuis peu.
La Terre Affamée, dimension maléfique sous contrôle de Nécromon, en profite. Les Démons attaquent ; Londres.
Le duo de héros s’est déplacé pour combattre – mais l’ancien chirurgien découvre de nouveaux rebondissements, particulièrement troublants… et douloureux. A cause du Général Strange.
Une version de lui-même qui a passé un millénaire à combattre une guerre magique ; brutale et apocalyptique. Un être marqué, troublé, corrompu, dont l’essence a été enfermée, mais… il est libéré. Il est libre. Et il s’en prend à lui.
Alors que, plus loin, le Chevalier Noir affronte Cormac, un vieil ennemi… qui ne lui fait pas de cadeau, non plus.
« Hughn. »
Un grognement de douleur s’échappe en effet de ses lèvres, alors qu’il se redresse – alors qu’il se relève.
« Sa… lopard. »
Dane essuie un mince filet de sang qui s’échappe de ses lèvres ; après qu’il se soit mordu les joues. Parce que Cormac lui a envoyé un sortilège, une attaque brutale – qu’Excalibur a pu bloquer, mais l’impact est tel que Whitman l’a senti. Et ça fait mal. Et ça l’énerve.
« C’est… tout ? Même pas un mot ? Entre vieilles connaissances, comme nous ? »
Il essaye de provoquer – de faire parler Cormac. De le pousser à la faute. En vain. L’ancien Marcheur reste silencieux, stoïque ; figé et déterminé. Préparant la suite. Préparant une nouvelle attaque.
Elle va faire mal celle-là, aussi, il le sent bien. Mais, alors que Cormac avance dans son cheminement, tandis que Dane se prépare à contre-attaquer… quelque chose se passe. Quelque chose arrive. Whitman… entend quelque chose ; quelqu’un.
« Co… comment ?! »
Dans sa tête. Une voix distante, éloignée ; presque étouffée. Qu’il reconnaît, et le trouble.
« Stephen… ? »
Le Docteur Strange le contacte, en effet, et évoque un besoin – un besoin d’aide. Immédiat. Urgent. Au point qu’il déclenche son savoir magique… pour intensifier un phénomène bien londonien.
Le smog.
Le brouillard déjà naturellement épais et dense de la ville se raffermit, devient pire encore – coupe la vue, plonge tout le monde dans le trouble et la gêne. Même les Démons, qui ne savent plus où aller ; qui frapper.
A proximité, Cormac jure car il ne voit plus Dane… mais ce dernier ne peut s’en réjouir.
« Stephen ?! »
Sa voix se déchire dans l’inquiétude, alors que la communication se rompt – juste après qu’une autre voix ait participé à l’échange.
« Bon sang de bordel… STEPHEN ?? »
Le Chevalier Noir hurle – mais il sent bien, il sait bien qu’il n’aura pas de réponse. Son ami ne peut plus répondre. Il est… touché, blessé ; marqué. Attaqué… et Dane s’en sent responsable. Stephen est ici sur sa demande, sa sollicitation – et Strange est mort, il y a quelques mois ; devant lui.
« Oh non… pas ça. Pas ça une fois de plus ! »
Pas sous sa garde, en tout cas. Sans attendre, Dane se projette dans la brume…
… et passe au cœur des ombres, des volutes de fumée, des illusions. Des monstres. Il débarque ainsi, comme l’a voulu Stephen, au plus près de Strange – des Stranges, même, bien que Whitman l’ignore encore.
« CE MAGICIEN M’ACCOMPAGNE ! QU’AUCUN MAL NE LUI SOIT FAIT !! »
Le Chevalier Noir hurle et se projette.
Index pointé vers le responsable ; vers le Général Strange. Excalibur levée, aussi. Prêt à tout… pour aider son ami. Pour sauver son ami.
Tandis que, à proximité, l’étonnant enfant évoqué par Stephen lui-même bouge dans l’étrange boule d’énergie.
Dans cette rue, la plupart des bâtiments étaient de briques. Un des murs, construit au demeurant comme les autres, présentaient une particularité notable : une partie de sa surface était réfléchissante, comme si quelqu’un avait rapidement peint un miroir d’un coup de pinceau latéral. La rue qui s’y reflétait était plongée dans l’ombre. Les immeubles étaient plus biscornus qu’ils ne l’étaient sous la brume, le bitume y était irrégulier, presque mouvant. Et dans ce miroir au reflet étrange se tenait Stephen Strange.
- Dane !
Sa voix était étouffée mais audible. Le magicien semblait essoufflé, et du sang coulait sur son visage, imbibant sa cape. Pour autant, il était toujours debout, et les traces de ces sortilèges flottaient toujours dans l’air autour de lui, symboles brisés et lumières mourantes. Il essayait depuis plusieurs minutes de briser le miroir dans lequel il avait été enfermé, sans succès.
- Ah, Whitman. Cela fait longtemps. Heureux de voir que tu te portes bien.
Il n’y avait aucune chaleur dans la voix du général, au mieux une étincelle d’amusement due à ses fausses politesses. Il flottait au-dessus de la rue, une main levée vers la sphère qui gardait l’enfant prisonnier. Sans plus de politesse, il souffla : une bourrasque de vent glacial vint couvrir le trottoir de gel, puis monta brutalement pour tenter d’emprisonner le Chevalier Noir dans un pic de glace. Strange lança de nouvelles salves de sortilèges contre sa prison, qui n’eurent pas plus d’effet. Dans sa sphère, le bébé bougea, captant immédiatement l’attention des deux magiciens.
- Des enfants comme arme de guerre, Stephen ? Sommes nous tombés si bas ?
- Nous sommes tombés bas, oui. Plus bas que tu ne pourrais l’imaginer, murmura l’autre en réponse. Mais as-tu vu notre monde, Stephen ?
Il y eut du bruit, dans la brume. Une poignée de démons passa, leurs griffes cliquetant sur la pierre, leurs têtes renversées pour humer l’air. Elles hésitèrent, puis replongèrent dans les volutes pâles – elles ne les avaient pas trouvés. Le général ne sembla pas le remarquer.
- Vous avez tous les deux affronté des monstres. Des vampires, des loup-garous, des dragons. Vous avez croisé le chemin de personnes qui seraient prêtes à sacrifier leur famille entière pour de l’argent ou du pouvoir. Avez-vous vu les gouvernements de votre monde ? Les forces qui dirigent vos états, qui ont réduit les mutants à la misère depuis des années, qui n’ont jamais résolu les corruptions de leurs propres systèmes ? Dites moi. Avez-vous vu les guerres qui éventrent votre monde ?
Une montagne pointant vers le bas, en flammes. Un océan si teinté par le sang versé que son sable en était devenu carmin. Des escouades entières d’ensorceleurs écrasé par une vague de roche et d'acier. Strange ne se souvenait pas de tout ce qu’avait vécu le général – ses souvenirs lui avaient été pris, après tout. Même ces flashs, ces visions qui lui venaient n’était pas des souvenirs : c’était un saignement mnémotique, au mieux. Le général et le docteur étaient une même personne, séparés par magie. Leur simple proximité rendait leurs mémoires poreuses, et certains souvenirs interchangeables.
- Quoi que vous fassiez, les horreurs que vous affrontez reviennent, inlassablement. Vous vivez sur un champs de bataille à peine moins cruel que le miens, sans réaliser que vous n’êtes que les proies d’une machine infernale qui vous broiera dans ses engrenages. Tu es père, Whitman, d’après ce que me murmurent les ombres. Dis moi, quel genre de monstre laisserait des enfants naître dans un monde pareil ?
L’enfant bougea à nouveau, et le général baissa la main. La sphère qui la protégeait changea, s’allongea. De translucide, elle devint opaque, sombre, métallique. De sphérique, elle devint ovale, cylindrique, humanoïde. En quelques secondes, l’enfant avait disparu au cœur d’une silhouette aux membres allongés et acérés. La chose sourit, et grandit un peu plus. Le monde frémit autour d’eux, et le général fit un geste, éventrant la brume. Elle recula, rideau éthéré, dévoilant les ombres frémissantes des armées de démons. Leurs nombres avaient été sensiblement réduits par leurs affrontements successifs avec les deux héros, mais il en restait assez. Cormac, toujours silencieux, approchait aussi. Leur attention était rivée sur ce qui avait été un enfant, et sur la créature qui l’enveloppait maintenant.
- Nécromon a besoin d’un nouvel hôte. Et quand Chthon aura rasé ce monde, et le suivant, et le suivant, quand l’univers sera redevenu poussière et rêves, alors seulement sera-t-il lavé de l'horreur qui l'imprègne. Alors, seulement, pourra-t-on donner la vie à nouveau.
Strange jura, et frappa de nouveau contre son miroir, toujours sans succès. La silhouette métallique, elle, se fendit d’un sourire un peu plus grand encore, et grandit à nouveau. Cormac était toujours leur cible – tant que Nécromon n’aurait pas prit tout à fait possession de son hôte, c’était toujours le Marcheur qui servait d’ancre à la Terre Affamée. Maintenant, le chevalier et le magicien devaient aussi sauver une enfant des griffes d’un dieu mort.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Mer 15 Nov - 13:13
Le Chevalier Noir arrive.
Il plonge au cœur de l’écran de fumée provoqué par Stephen Strange, pour le faire venir, et qui s’empare désormais de toute la ville. Un épais brouillard règne ainsi sur Londres, et l’oppresse ; l’étouffe, complètement.
Dane Whitman n’en a cure. Son allié, son ami a besoin de lui… et il fonce. Il se projette. Il court. Il charge. Il arrive. … mais il arrête bien vite sa course, en découvrant la situation qui l’attend.
« Oh. »
La surprise se lit sur son visage, tandis qu’il cesse doucement sa cavalcade. Ses yeux, troublés, vont et viennent entre plusieurs éléments, plusieurs images qui vont le marquer longtemps.
« Mais… quoi ? Qu’est-ce… que… »
Stephen Strange. Son ami. Son camarade. Son allié. Enfermé. Emprisonné. Incapable de sortir d’une prison en miroir.
Son ennemi. Son geôlier. Son adversaire. … lui-même ? L’homme, l’être plutôt a des allures troublantes, humanoïdes plutôt qu’humaines ; mais l’instinct de Dane lui crie une familiarité que son esprit refuse. Pourtant, les mots, tournures de phrase et une certaine arrogance lui rappellent… Stephen. Whitman en frissonne.
Une réaction qui se prolonge, quand il fixe… l’autre. La sphère. La bulle. L’être dedans. Un enfant.
Qui change. Qui se transforme. Qui est transformé. L’ennemi parle, encore et encore – et explique. Et s’explique, aussi. Une grimace de dégoût et de colère glisse sur le visage de Dane, qui répond d’une voix froide.
« J’allais dire que tu as le discours habituel du terroriste, qui donne des leçons à un monde qu’il veut changer pour correspondre à ses besoins – en cachant ça sous un vernis intellectuel pompeux. Heureusement, tu m’évites ça en révélant la vérité, à la fin. Super, ça m’arrange. Tu es donc… un fieffé salopard, prêt à libérer sur la Terre Nécromon – une saloperie abominable, un véritable Suppôt du Mal. C’est top. Ça m’arrange, je le dis. Je peux me… contenter de te casser la tronche, sans devoir former un duel d’idées avec toi. »
Un sourire mauvais glisse sur son visage, plein de provocation. Il lève Excalibur, qu’il exhibe ; sans montrer qu’il serre si fort le manche de l’épée, que ses doigts en viennent à rougir. De crispation. De peur, aussi.
« Je ne sais pas qui tu es… enfin, je ne veux pas le savoir. Je vois bien les signes, j’entends tes mots – et j’identifie les liens, oui. Mais je n’y crois pas. Tu n’es pas… ou plus… en tout cas, jamais tu ne seras Stephen Strange. Jamais tu ne seras le Maître des Arts Mystiques. Jamais tu ne seras l’homme bon, fort, fier, certes abusivement fier, que j’ai le plaisir de compter parmi mes amis. Jamais tu ne seras l’être en qui tant de gens confient leurs vies – à dessein, et à raison. Jadis, la Terre a perdu un grand chirurgien par sa faute, et des dizaines de vies ont perdu l’espoir d’une existence meilleure sans ses mains. Mais cet accident a provoqué le changement pour lui – un changement qui lui a permis de sauver des millions, des milliards d’âmes durant toute son histoire ! Et celle-ci n’est pas terminée ! Et ce n’est pas un petit minable comme toi qui changera cela… ni toi, Nécromon ! Car je te vois aussi, salopard !! »
Sa voix est animée, intense. Dane ne hurle pas – mais tous se tournent vers lui. Tous l’entendent. Tous l’écoutent. Il y croit. Il se donne. Il donne tout. Il pense ce qu’il dit… et il se projette, dans ce qu’il dit. Pour Stephen. Pour son ami. Pour le monde. Pour ne plus perdre quelqu’un.
A proximité, la transformation continue… et l’enfant change. Hélas.
Ce qui accentue encore la juste colère du Chevalier Noir.
« Comme d’habitude, tu agis et tu œuvres dans l’Ombre… espérant ainsi échapper à la Lumière. Mais ce brouillard ne te cachera pas d’elle ! Il ne te protègera pas ! Pas de moi ! ET SURTOUT PAS D’ELLE ! »
Elle… la lumière ; mais pas que. Excalibur. Sans attendre, Dane lève la lame sacrée – et l’envoie.
Whitman envoie l’épée légendaire vers la sphère où Nécromon s’empare de l’enfant – afin que la pureté, la puissance et l’énergie d’Excalibur brisent la bulle. Et le processus, surtout.
Bien que, malheureusement, cela laisse Dane Whitman sans arme… en apparence.
« Quant à nous… »
Le Chevalier Noir se retourne vers le Général Strange, et fige un regard plein de détermination sur lui. En levant les poings fermés et prêts ; comme Cap’ le lui a appris, jadis.
« Quel genre de monstre laisse naître des enfants dans ce monde, hé ? J’sais pas. Je connais assez de divinités pour ne pas renier l’idée de Dieu. Je peux cependant te dire… quel genre de père ce monde demande, je pense ; pour guider les enfants qui y naissent. Des pères prêts à s’ouvrir. Des pères prêts à se confier. Des pères prêts à prouver, encore et encore, qu’ils aiment – et pardonnent, et acceptent, et soutiennent. De vrais pères… prêts, aussi, à jouer des coudes pour leurs proches. Des pères, enfin, capables de tracer un chemin dans l’Ombre – même avec leurs poings ! Alors viens tâter des miens, vieux salopard !! »
Et il fonce. A mains nues. Contre le Général Strange. Pure folie, il le sait. Mais… il sait aussi que l’idée est plutôt d’occuper l’esprit de l’ennemi, le temps qu’Excalibur stoppe Nécromon – et que Stephen se libère. D’ailleurs, si ce dernier pouvait faire vite…
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Mer 22 Nov - 22:36
- Oh, Dane.
Le général devint fumée et devint nuit, juste assez pour que les premiers coups du Chevalier lui passe à travers. Il reprit forme dans le dos de son adversaire, et le béton de bougea avec lui. Le sol se souleva, se fracturant en plusieurs pics prêts à broyer Whitman, sans pour autant réussir à le toucher.
- Je pense Stephen faible, et tu entends une insulte. C’est un constat, mon ami. Un constat qui me brise sincèrement le coeur.
Il corrigea ses appuis et bondit en avant. Le goudron acéré s’écarta pour le laisser passer, et son armure accrocha une lumière de la rue quand il frappa à son tour.
- J’ai été cet homme. J’ai connu ses amis, et soigné, réparé des vies, jour par jour. J’ai travaillé à rendre le monde meilleur. Même lors de mes premiers siècles sur le champs de bataille, j’ai tenté d’être ce que j’avais fait le vœux de devenir : un docteur, pas un guerrier. J’étais aux premières loges pour constater que ce n’est pas assez.
Sa voix était stable, neutre. A vrai dire, il ne semblait pas s’essouffler. Ses coups étaient précis et rapides, visant la carotide, les yeux, cherchant à briser des os. Strange était un combattant au corps à corps crédible. Le Général en était un dangereux.
- Je connais ses tours, et son coeur et ses sentiments. Et je sais qu’il existe certaines horreurs que le docteur ne peut soigner, et qu’il ne pourra pas soigner. Il existe des ténèbres trop sombres pour allumer un feu, et des plaies trop profondes pour empêcher le sang de couler. Je suis en deuil perpétuel, Dane, de ce que j’aurais voulu que le monde soit, et de ce que j’ai dû devenir pour y survivre. Personne d’autre ne devrait avoir à vivre ainsi. Pas sous ma garde.
Derrière eux, la silhouette de l’avatar de Nécromon se tenait prostrée, à genoux, à demi-formée et blessée mortellement avant d’être née. L’emprise du démon ne s’était pas évaporée, seulement fracturée : ses longues ailes penchaient vers le sol et sa tête était courbée, cachant son visage. Excalibur s’était planté sous sa clavicule droite, presque jusqu’à la garde. La peau d’ombre s’était fendue, tombant au sol en fragment. Par la brèche, on apercevait l’enfant. Elle dormait, la pointe de l’épée à quelques centimètres à peine de son front.
- Je vais te tuer, et je n’y prends aucun plaisir. Puis je tuerai Strange, puis j’arracherai Excalibur et l'incarnation reprendra. Puis nous briserons le monde, et nous en construirons un meilleur.
Un nouveau coup, et la brève pause qui vient ponctuer les échanges violents de corps à corps. Cormac se tenait près de l’enfant-monstre, maintenant. Il avait levée sa fausse main, devenue d’argent ciselé de symboles magiques, et retissait les ombres qui avait fendu la coquille de Nécromon.
- Tu es un homme bon, Dane Whitman. Et tu as le courage et la force d’être un bon père. Ta fille est chanceuse de t’avoir.
Puis le Général attaqua de nouveau.
Stephen Strange posa une main à plat contre la surface de sa prison. Il avait abandonné l’idée de défoncer la paroi, mais il fallait qu’il sorte. Dane avait besoin de lui. Le monde avait besoin d’eux. Pire encore, une enfant avait besoin d’eux. Il ferma les yeux, cherchant à analyser le sortilège qui le gardait hors de combat. C’était un mur froid, féroce, qui menaça de mordre quand il étendit ses sens vers lui. Il ne retira pas sa main pour autant. Il fallait qu’il sorte. Il avait tenté de détruire le miroir qui le tenait, sans succès. Il pouvait tenter de le convaincre, pouvait tenter de marchander. Il fallait qu’il sorte. Mais, à bien y réfléchir, il était déjà dehors, non ?
Son cœur battait à une étrange unisson. Périodiquement, des flashs prenaient d’assaut sa mémoire – un gigantesque cratère, sur les parois duquel quelqu’un avait construit une forteresse ; un océan de ciel, à la surface d’un désert ; des rivières de sang, dans une forêt qui n’avait jamais connu la pluie – souvenirs ayant mélangé les hommes auxquels ils étaient destinés. Dehors, quelqu’un d’autre parlait avec sa voix – rauque et déformée, mais sa voix néanmoins. Stephen Strange était prisonnier, et Stephen Strange était libre. Stephen Strange était docteur, et il était général.
Il poussa un petit peu, et soudainement le monde n’était plus le même. Soudainement le vent de la rue lui fouettait le visage et le monde avait retrouvé ses couleurs et le Général qu’il n’avait jamais voulu être le regardait d’un regard embrasé de colère depuis un miroir, lacéré dans un mur de brique. Le magicien eut tout juste le temps d’éviter un coup de Dane, pris dans la danse mortelle de l’affrontement au corps à corps.
- Tu y es allé à main nue. Intéressante tactique de survie, Chevalier.
Le docteur sourit. Derrière le miroir, des flammes s’étaient mises à danser tout autour du Général. Les traits de son visage disparaissaient progressivement dans le mouvement du feu : ses yeux, en revanche, étaient rivés sur Strange.
- Le miroir à l’air de tenir, pour le moment. Prends l’épée. Banni Nécromon et sa Terre Affamée, et sauve l’enfant. Je m’occupe de Cormac.
Strange sourit, et serra brièvement l’épaule de Dane. Ils étaient blessés et usés par la bataille, mais pas encore vaincus. A une ou deux actions héroïques près, peut-être, mais c’était suffisant.
- C’était quoi, ta formulation ? Tracer un chemin dans l’Ombre, même avec nos poings ?
Il prit son envol. Cormac leva la tête, mais trop tard. La voix du magicien le cueillit là où il se tenait, raisonnant étrangement dans la ruelle comme un écho qui tournerait sur lui-même, bourrasque de tempête pour arracher le Marcheur de son maître.
- Par les Vents de Watoomb. Par les Averses de Raggador.
La formule devint brise, qui devint souffle, qui devint bourrasque. Cormac fut arraché au sol par un tourbillon d’un vent impossible qui le propulsa dans les airs, loin de la rue et de l’enfant, là où les deux magiciens pourraient se battre sans être dérangés. Plus tôt, le Général avait écarté la brume qui tapissait les rues, mais elle n’avait pas été complètement dissoute. Les lambeaux qui traînaient encore prirent soudainement leur envol, venant se concentrer dans le ciel, cachant son obscurité sans fin. Blancs, ils devinrent gris. Puis une goutte tomba sur le bitume, et une deuxième, et d’autres encore. Si elles laissaient Whitman indemne, chaque goutte qui entrait en contact avec l’avatar de Nécromon crépitait et s’évaporait. Il en fut de même avec les démons, qui laissèrent échapper des sifflements de douleur. La pluie leur était acide, brûlante. Cormac leva sa main, redevenue griffe, et un éclair déchira le ciel. Strange répondit, et leur duel commença loin du sol, du Chevalier, de son épée et de l’enfant.
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Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Jeu 23 Nov - 14:14
Dane Whitman… essaye. Il a bien conscience qu’affronter le Général Strange est une folie – bon, il a l’habitude de tels moments de démence, certes. Mais, d’habitude, il se lance contre des adversaires surpuissants, expérimentés et en plus proches, avec ici une sorte de double plus vieux et vicieux de son ami… avec une arme. Avec une épée, au moins. Ce n’est pas le cas, ici.
Le Chevalier Noir a envoyé Excalibur pour stopper la transformation, la corruption de l’enfant par Nécromon – et il ne regrette rien, oh non. Mais… il en souffre. Il souffre, oui. Le Général Strange le combat, et… non, en fait. Ce n’est pas un combat.
C’est une bastonnade.
« Hughn ! »
Dane grogne, geint… peine. Il ne s’en sort pas. Il essaye, oh oui. Il tente. Il lance ses coups, il retrouve les réflexes d’apprentissage acquis lors des entraînements avec Cap’, mais… mais ce n’est pas assez.
Le Général Strange est meilleur. Il tape plus vite, plus fort, plus juste… mieux. Dane continue de s’acharner, mais… ça fait mal. Ça le touche, ça le heurte. Des plaies s’ouvrent par dizaines. Ses organes sont marqués. Il souffre. Il… essaye, encore ; toujours. Mais un moment…
Un moment, Dane cède.
« Hurmf. »
Il souffle ; de douleur, d’usure. De rage, aussi. De frustration. Il s’en veut. Il s’en veut d’être pris, ainsi. Il s’en veut être ainsi maltraité. Il s’en veut de céder… et de laisser cet enfoiré prendre la main.
Un enfoiré, oui. Dane l’a d’abord traité de salopard – mais une nouvelle insulte arrive, et elle est bien justifiée. Un sale enfoiré, qui s’amuse d’écouter sa propre voix, promet le pire, la mort, et… et… Il va trop loin.
« Hrm. »
Un grognement s’échappe de ses lèvres blessées, ouvertes. Un grognement de rage. Jackie. Cet enfoiré… ce fils de chien… a parlé de Jackie. Sa Jackie. Sa fille. Sa fille unique, dont il ne savait rien et dont il a découvert l’existence récemment.
Les yeux de Dane se rouvrent, animés d’une fureur et d’une haine qui repoussent les limites des blessures et de la fatigue. Jackie ! Cet enfoiré parle de Jackie !!
« RAAAAAAAAAAAAAAH !! »
Un hurlement animal accompagne des gestes vifs – alors que Dane se relève, et bondit. Le costume, le casque, le corps ensanglantés ; et le cœur animé d’une colère absolue, qui nourrit une combativité totale.
Il se projette, mais… mais. Mais. Mais quelque chose se passe. Mais quelque chose change. Mais le Général… et Stephen, ils…
« Euh… quoi ? »
Dane fronce les sourcils, et titube alors que le véritable Stephen… est là ? A la place du Général ? Qui est… où ? Dans le miroir ? Comment ? Whitman ne sait pas, mais… mais…
« … okay, d’accord. »
Il fait avec. Ça sera une explication d’un autre moment. Whitman inspire, nettoie un peu de sang sur son corps – puis se crispe, en voyant Cormac s’approcher de l’enfant, dont la corruption est ralentie.
« Bon sang… je l’avais oublié, lui. Tu… t’occupes de Cormac ? Okay, super. C’est ta journe je m’occupe des Magiciens tarés, c’est ça ? Ça me va ! »
Il forme un sourire crispé, puis inspire ; en sentant la douleur dans ses membres, en forçant ses forces. Rien n’est encore terminé.
« Et… ah. Ma… formulation ? Ouais, c’est… ça. Mais… après ce que je viens de prendre, et… tout ça… J’ai plus envie de dire… Kill ‘Em All, comme chantait Metallica. »
Dane esquisse un sourire, malgré la douleur – et lève la main. Une demande silencieuse est formulée. … et une réponse arrive, avec un sifflement aigu et puissant.
Excalibur revient ; lui revient. Et Dane ne fait pas que prendre l’épée, arrachée de Nécromon… il s’y plonge. Il aspire l’énergie. Il la récupère. Il l’absorbe… et se renforce, avec.
« Nécromon… je ne t’ai pas oublié. Tu es… à moi. »
« Oh… vraiment ? Quel… plaisir. »
Nécromon fixe le Chevalier Noir. Il flotte, au-dessus du sol ; auréolé de noirceur, de pourriture… de ténèbres. Avec l’enfant, entre ses mains.
« Tu viens… pour ça… n’est-ce pas ? Oh… oui. Tu viens… pour sauver… l’enfant. Pour m’empêcher… de le prendre. Mais… tu ignores son essence, non ? Ah ! Tu ignores… pourquoi je… l’ai choisi ? C’est… bon. C’est si bon que… le porteur d’Excalibur… ne reconnaisse pas… l’être destiné à être… la réincarnation… d’Arthur… »
Le cœur de Dane s’emballe, alors. Son esprit s’échauffe. Il se crispe. Il fixe l’enfant. Il s’emporte. Il enrage… et se prépare au pire, car Nécromon mérite le pire !!
Cormac se stabilisa par lui-même, ses propres pouvoirs le libérant de la bourrasque qui l’avait arraché au sol. Il flottait dans les airs, éloigné du Chevalier Noir sans l’avoir pour autant perdu de vue. Pourtant, sous sa capuche, il ne dirigeait pas son attention vers Dane : il scannait l’espace tout autour de lui, prêt à une nouvelle attaque à tout moment.
- J’ai entendu parler des Marcheurs, cela dit.
Stephen Strange n’était visible nulle part. Puis, soudainement, il se tenait là, dans sa cape couleur de sang, l’air étonnamment calme. Il ne semblait pas gêné par la pluie qui tombait – en vérité, il semblait à peine mouillé. Cormac agit le premier. Sa fausse main semblait faite d’argent, et des symboles avaient été ciselé sur ses phalanges. Les symboles s’embrasèrent de bleu et d’argent, et le druide lança une lance de foudre droit vers le Sorcier Suprême. Strange leva la main. L’éclair éclata juste devant lui, scindé en une myriade de minuscules décharges électriques qui se répandirent entre les gouttes de pluie tout autour de lui, l’évitant complètement. L’averse elle-même avait dispersé l’attaque. C’était, après tout, un sortilège de protection qu’il avait déployé sur la rue entière.
- J’ai entendu parler de ceux qui sont tombés. Je m’attendais à… mieux.
Sa fausse main était brumeuse, maintenant, comme un nuage plein de tonnerre et de colère, prêt à cracher sa foudre. Cormac disparut dans les plis de sa cape. Strange murmura quelque chose, et l’oeil d’Agamotto, ouvert sur son torse, dirigea son regard dans son dos.
- Par les Icônes d’Ikonn.
Cormac réapparut juste derrière le docteur. A la place de sa fausse main droite, une longue lame noire et luisante jaillissait de sa manche, comme un pic d’obsidienne. Dans la gauche, il tenait une épée de nuage et d’éclairs. Il frappa au niveau des homoplates, et la forme de Strange explosa, se multiplia. Huit doubles illusoires du magicien se déployèrent dans les airs, observant le Marcheur déchu, l’encerclant, le dévisageant. Quand ils parlèrent, se fut d’une seule voix.
- Tu t’es laissé convaincre par les murmures d’un dieu mort. Quand tes maîtres t’ont envoyé pour conquérir Londres, ils m’ont envoyé aussi. Ils ont envoyé un fragment de ma vie passée pour s’assurer que tu n’échoue pas misérablement, pour te tenir la main. Est-ce vraiment une surprise que je n’ai jamais entendu parlé de toi ?
Les huit doubles penchèrent la tête sur le côté, d’un air légèrement perplexe. Leur voix était froide, pragmatique, et leurs regards intenses.
- Dis moi, Cormac. Pense-tu vraiment pouvoir gagner ?
Les illusions se jetèrent en avant. Le Marcheur les passa rapidement en revue. Il connaissait ce sortilège : Strange se cachait parmi des reflets pas plus dangereux qu’une bouffée de fumée. S’il parvenait à trouver l’original avant qu’ils ne soient sur lui, il pourrait… Quelque chose, à quelques centimètres de son oreille, murmura.
- Par les Hordes d’Hoggoth.
Les doubles du Sorcier Suprême changèrent. A leur place se dressèrent des hautes silhouettes en armure, protégé et armé dans un métal sombre. Les symboles qui ornaient leur cuirasse avaient perdu leur sens dans les méandres du temps et des mondes, et leurs lances étaient difficiles à regarder, comme si elles avaient plus d’angles ou de dimension qu’elles n’auraient du. Cormac écarquilla les yeux, et ses lames se mirent en mouvement. Les soldats n’avaient pas de visage, mais ils bougeaient vite, et avec une coordination effroyable. Cormac aperçut un éclat de rouge, derrière leurs silhouettes, et redoubla d’ardeur. C’était un épéiste remarquable, et pendant un bref instant, il tint tête à la horde. Puis deux lances sifflèrent au-dessus de sa tête, et les spectres d’Hoggoth poignardèrent le sortilège qui le maintenait dans les airs.
Le Marcheur chuta
Sa main-épée devint glace, une glace épaisse et sombre qui se répandit sur son bras, tout autour de lui. Il tissait un cocon pour se protéger de l’impact, à défaut de pouvoir arrêter sa chute. Il n’eut que le temps d’apercevoir Strange, un bref instant, flottant à quelques mètres à peine, observant sa chute avec un air détaché.
- Par les chaînes de Krakkan.
Les chevaliers d’Hoggoth s’évaporèrent, et le métal de leur armure fondit. Il devint maillon, formant de lourdes chaînes qui vinrent enserrer le druide déchu et son cocon. L’ensemble s’écrasa au sol avec un grand bruit. Cormac était indemne, mais prisonnier. Strange descendit doucement, sans tout à fait toucher le sol. Son attention s’était reporté sur Nécromon, mais quand il parla, ce fut à l’attention du Marcheur et de sa tombe de cristal.
- Pour être honnête, je me moque bien de savoir si vous convoitez le bébé qui deviendra le prochain Thor. C’est une enfant, et vous ne toucherez pas à un cheveux sur sa tête.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
Un cri silencieux s’échappe de la gorge de Cormac. Aucun son ne vient, cependant. Enfin… Aucun son ne s’échappe de la bulle magique, dans laquelle le Sorcier Suprême de la Terre l’a enfermé. Ce dernier est parvenu aisément à soumettre un Marcheur corrompu, certes puissant et habile – mais bien, bien loin des standards du Docteur Stephen Strange.
Celui-ci vient déjà de vaincre un reflet déformé de lui-même, étonnamment allié à Nécromon, qui tente de reprendre pied et surtout corps au sein de cette Réalité. Le phénomène demeure en cours, même s’il est arrêté ; stoppé, au moins pour le moment.
Le fameux maître de la dimension de la Terre Affamée vient de livrer une révélation terrible au Chevalier Noir, l’allié et ami de l’ancien chirurgien, qui a bloqué l’avancée de la transformation d’un enfant innocent. Nécromon veut prendre le corps de celui-ci… car ce bébé doit devenir la nouvelle incarnation d’Arthur Pendragon, en ce siècle. Nécromon entend ainsi profiter de la puissance de ce nouvel Avatar d’Avalon pour servir encore plus, encore mieux Chthon, mais…
Ni Dane, ni Stephen ne sont d’accords. Bien que Nécromon semble se moquer de leur avis – et d’eux, en flottant dans une forme éthérée, tout en tenant le corps figé de l’enfant.
« Oooooh… le bon Sorcier Suprême vient se mêler à la danse ? Formidable. J’ai régulièrement échangé avec Dormammu, qui se gausse de bénéficier avec vous, Strange, du plus grand opposant de cette planète. J’ai hâte de pouvoir lui rabattre le caquet, en exhibant votre corps encore chaud, après la mise à mort que je vous réserve. »
Un sourire cruel glisse sur le visage démoniaque.
« D’autant… que le Général Strange m’a parlé de vous, et nous avons abordé la possibilité qu’il puisse être… indisposé, par votre présence. Il m’a… comment dites-vous ? Ah, oui… il m’a briefé. Je sais beaucoup de vous, Strange. Je sais vos secrets. Je sais vos atouts, je sais vos failles. Je sais comment vous vaincre, vous anéantir, vous bris… »
« La ferme. »
Dane Whitman interrompt Nécromon – avec une voix plus forte, plus terrible, plus intense. Transfigurée… par l’énergie d’Excalibur, qui s’est pleinement développée sur lui. Par la colère, aussi. Froide et juste ; mais puissante, surtout.
« Tu peux avoir été briefé comme tu veux, Nécromon… Stephen finira par te battre, parce qu’il est comme ça. Il gagne toujours, et souvent avec classe. Mais… tu m’oublies. Ce sera ta perte. Tu te projettes sur le Sorcier Suprême, tu rêves déjà de parader devant Dormammu – mais tu m’oublies. Tu oublies celui qui t’a déjà vaincu… et va terminer le travail. »
« Oh ? Vraiment ?! »
Une grimace de colère et d’indignation passe sur le visage de Nécromon.
« Et comment penses-tu réuss… »
« Comme la dernière fois, salopard. En te prouvant que… je suis meilleur que toi. Bien meilleur que le petit démon, le vague sbire de Chthon qui a des rêves de grandeur alors qu’il est source de rires moqueurs chez tous ses camarades. »
« Comment oses-tu ?! »
Nécromon s’emporte, et s’avance vers le Chevalier Noir… en laissant le bébé de côté, dans une sphère toujours figée. Dane ne recule pas, et fait aussi un pas en avant.
Prêt au défi. Prêt au combat. Prêt, surtout, à occuper Nécromon… le temps que Stephen récupère et sauve l’enfant ! Enfin, si leur bonne vieille entente tacite fonctionne toujours…
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Sword & Sorcery [Stephen Strange] Ven 5 Jan - 18:07
C’était comme affronter de la fumée. Ou du goudron, peut-être, ou de la suie, ou les trois à la fois. Le corps de Nécromon, séparé de l’enfant autour duquel il s’était tissé, se faisait plus malléable. Sa forme changeait, devenant serpent, loup, nuage au tonnerre rugissant. Le dieu mort s’en moquait éperdument : il avait le temps, avant de se dissoudre dans le vent. Il avait le temps.
Le serpent siffla, le loup gronda, et des éclairs déchirèrent la rue. Parfois, la silhouette du monstre redevenait humanoïde, mais jamais longtemps. C’était une forme floue et folle, dont l’oeil peinait à arrêter les contours. Malgré tous ses efforts, pourtant, malgré sa fumée et son goudron et sa suie, elle ne parvenait pas à étouffer la lumière blanche d’Excalibur.
***
Stephen Strange tendit les mains vers l’enfant, qui flottait toujours là où le dieu mort l’avait laissé. Elle s’était rendormie, ignorant tout de la pluie et des ombres et des grondements furieux qui raisonnaient entre les hauts bâtiments de brique.
- Ce n’est pas fini, Stephen.
Le général était parfaitement immobile, toujours prisonnier de son miroir. Les flammes l’entouraient toujours, grondant, léchant la paroi qui le séparait de sa proie. Il semblait étrangement immobile, au milieu de son incendie, et ses pupilles n’étaient plus que deux minuscules étoiles orangées au milieu d’une tornade rouge. Il fixait le bon docteur comme s’il espérait lui percer le crâne.
- Ici, si. Il vous faudrait du temps pour défaire votre propre miroir, général, et c’est un temps que vous n’avez pas.
- Je ne parle pas d’ici, ni d’aujourd’hui.
- Je me doute.
Même lorsque Londres serait libre, le général trouverait un moyen de sortir du reflet. Ailleurs, et un autre jour, mais il trouverait un moyen néanmoins.
- Tout de même. Tant d’effort, tant de vies perdues pour si peu de choses, c’est presque du gâchis.
Avec Cormac hors d’état de nuire, la Terre Affamée perdait prise. Elle ne partirait pas juste comme ça, mais elle avait cessé son expansion – ses griffes, plantées dans la terre londonienne, étaient moins sûres. Elle serait bannie, et renvoyée par-delà les étoiles, et la Barrière serait réparée, et l’enfant serait sauvée.
- Tu n’es pas sauf pour autant, Sorcier Suprême. Tu ne m’as pas arrêté. Je te trouverai.
- « Sorcier Suprême ». Hmm. Vous ne vous en souvenez vraiment pas ?
- De quoi ?
- De ce que nous sommes ?
Son reflet, déformé par des flammes qui tournoyaient autour de deux étoiles au regard fixe, ne répondit pas.
- Dîtes-moi, général, de quoi vous souvenez-vous au sujet de l’office du Chevalier Noir ?
- C’est le guerrier de Merlin. Le porteur de l’épée d’Ébène, le jumeau obscur de celui qui porte Excalibur.
- Hmm. Merlin a fait forger cette épée pour la consigner à l’oubli – pour sculpter jusqu’à l’ombre d’Excalibur. Son porteur n’avait pas à être important, ni à être plus utile que pour effectuer les basses œuvres de l’épée d’Ébène. Dane n’aurait jamais dû quitter les ombres, et il y a grandit. Il y a grandit jusqu’à toucher la lumière du soleil, jusqu’à porter les deux épées. Merlin n’en n’imaginait pas tant, et vous non plus.
L’attention du docteur se décrocha doucement de l’enfant endormi qui flottait dans ses bras, pour se lever vers le bout de la rue. Entre les bâtiments, l’ombre de Nécromon avait enflé, tourbillonnant furieusement comme une tornade de sable noir. Pourtant, Excalibur était toujours clairement visible en son sein – et dans sa lumière, le dieu mort ressemblait de plus en plus à de misérables lambeaux de fumée.
- Vous étiez si pris par l’idée d’affronter le Sorcier Suprême que vous étiez sûr d'être que vous pensiez le Chevalier à peine plus qu'une ombre. Dane est l’un des plus grands héros de notre âge, en plus d’être un ami formidable et une source d’espoir sans commune mesure, et vous n’avez même pas dénié en imaginer tant.
Le magicien lança un regard à son double. Ce n’était pas un regard de reproche, ni même de colère. Il était un peu triste, vaguement déçu, et teinté de pitié.
- Vous ne m’affrontiez pas moi, Stephen. Je ne suis qu’accessoire. C’est notre fonction, et la leçon que nous avons appris année après année après année, et que vous avez oublié pendant la guerre. Nous aidons, et nous soignons, et c’est à peu près tout. Nos histoires ne sont pas des histoires de grandeur et de pouvoir : ce sont celles des blessures qui cicatrisent et des enfants dont on sèche les larmes.
Les flammes frémirent sous un vent invisible, mais l’autre ne bougea pas plus. Ses minuscules yeux, billes de feu presque jaune, ne clignaient pas.
- Je suis sincèrement désolé que nous l’ayons oublié, murmura le docteur.
Situation : Digne porteur d'Excalibur. Purgé de l'influence de l'Epée d'Ebène. Libre et fier.
Localisation : New York, notamment le Château Garrett.
Inventaire : - épée Excalibur
- combinaison Black Knight en Kevlar
- armure ou blouson Avengers
- épée photonique 2.0
- boîte/étui comprenant plusieurs combinaisons, armures, armes et engins sous format miniaturisé par les Particules Pym, pouvant être agrandis sur demande
La capitale britannique est sous la coupe d’un épais nuage sombre, dépassant les habitudes de riverains pourtant flegmatiques et qui subissent depuis des décennies un fameux brouillard. Les Ombres qui règnent aujourd’hui s’accompagnent de monstres, d’horreurs indicibles venues de la Terre Affamées, menées ici par un Marcheur dévoyé et une entité qui tente de retrouver grâce auprès de son maître, Chthon.
Nécromon. Le sbire de l’Ancien Dieu, défait par deux fois en Outremonde, tente une possession de Londres, avec l’aide de Cormac et d’un allié surprenant mais puissant. Le Général Strange. Ce double obscur, ce reflet oublié, cet écho vicié du Sorcier Suprême a causé bien du mal, et a enlevé le bébé destiné à devenir la nouvelle incarnation d’Arthur Pendragon en ce temps.
Certains s’y opposent, cependant. Certains luttent. Stephen Strange. Qui est parvenu à vaincre le Général Strange, à se jouer de lui et à le stopper. Qui a récupéré l’enfant. Qui veille, et donne une légitime leçon à son double. Dane Whitman, aussi. Qui entend au loin les mots de son ami… et esquisse un sourire, mais l’efface alors que son opposant se déploie pleinement.
Nécromon, oui. Bien en forme – et en chair.
« Et beh… que tu as de gros yeux, mère-grand ! »
« Silence ! Abominable crapaud ! Tu es indigne de mon attention ! »
« Oh… vraiment ? Alors… pourquoi tu fais de moi ton opposant principal, mmh ? Pourquoi est-ce que je suis toujours sur ta route ? Parce que… parce que c’est mon job. Et il est temps de le finir, pour aujourd’hui. »
Pour aujourd’hui, oui. Dane n’est pas assez… plus assez naïf pour espérer arrêter pleinement Nécromon. Il est… une facette du Mal ; et le Mal est éternel. Il revient. Il reviendra. Il revient toujours. Oui… et c’est à lui, à eux, de l’arrêter ; toujours.
Une attaque à la fois. Une crise à la fois. Un jour… un monstre. A la fois.
« Co… comment oses-tu ! COMMENT OSES-TU ?!! »
Nécromon hurle, ayant perdu de sa superbe – et plonge vers le Chevalier Noir. Qui ne recule pas.
Dane lève son épée, la puissante Excalibur qui brille entre ses mains. Nécromon fonce. Un voile d’ombre se projette sur tout Londres, alors que le maître de la Terre Affamée entend écraser Whitman, pour ensuite s’emparer de la cité en ravageant le Sorcier Suprême.
Belle idée. Ambitieuse idée. Audacieuse idée. Suicidaire idée.
Avant même d’espérer s’en prendre à Stephen Strange, il est sûr de soumettre le Chevalier Noir – qui n’est certain de rien, mais ose tout. Il frappe. Il frappe Nécromon avec Excalibur ; et sa foi. Et sa fougue. Et sa force. Et sa volonté.
Dane frappe. Et…
Une décharge d’énergie terrible se libère, au contact entre la lame pure et l’esprit maléfique. Le choc est rude. Une déflagration puissante touche toute la zone – le quartier, les Strange, l’enfant… Londres.
Londres tremble, sous l’événement. Londres tremble… Un temps. Un instant. Quelques secondes.
Ensuite, tout se calme. Ensuite, tout se pose ; tout se repose. Ensuite…
« Hughn. »
Un grognement de douleur et de fatigue s’échappe des lèvres de Dane Whitman, alors que l’horizon… a changé, autour de lui. La zone urbaine est ravagée. Le sol est retourné. Seules des branches obscures demeurent, abandonnées au sol. Et… Nécromon.
Nécromon est figé. Son corps est bloqué, transformé en statue. Devant lui, la frêle silhouette d’un Chevalier Noir usé mais souriant se tourne vers Stephen, en tenant encore Excalibur.
« Je… l’ai emprisonné… là. Ça… durera ce que ça durera mais… ah. Ça nous laisse le temps… d’un… d’un p’tit thé, nan ? Avec… un peu de rhum dedans… pour moi. Hein. »
Il ne faut pas oublier les bonnes mauvaises habitudes de la God Squad !