Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
New York, plus précisément Manhattan. Au coeur du quartier des affaires – et plus précisément dans la zone des gratte-ciels, ces immenses structures métalliques qui défient la gravité, les cieux et les dieux. Une concurrence terrible se joue entre ces formes superbes et extraordinaires… mais un immeuble ne cesse d’intéresser, d’intriguer et d’attirer l’attention. Que cela soit par ses destructions et reconstructions successives, mais aussi par ceux et celles qu’il a accueillis, et les événements qui y sont organisés, avec faste, luxe et originalité.
La Tour Stark.
Initialement un bâtiment de bureaux et de recherches, austère et froid, selon le souhait de son créateur, Howard Stark. Complètement révolutionnée par l’esprit de son successeur, Tony, qui y injecte son goût pour l’excentrisme et l’envie de se faire voir. La Tour Stark. Il s’y passe toujours quelque chose. Il y a toujours quelque chose. La Tour Stark. Qui, cependant, a vécu il y a quelques semaines des événements difficiles – une attaque informatique, avec des dégâts. Au point que plusieurs infrastructures et modalités ont été fermés, depuis.
La Tour Stark. Pleine de bureaux, de laboratoires, de salles de réunion… et avec un penthouse, aussi. Un logement. Son logement. Celui du maître des lieux – plein de luxe, plein de gadgets, plein d’éléments mécaniques, plein d’objets de bon goût. … et avec une pièce toute rose, aussi. Choix et initiative d’une jeune femme chère au cœur de Tony Stark, qui a vécu un temps ici… et n’y vit plus vraiment, depuis peu. Stark n’a rien changé, ni aux affaires laissées, ni à la pièce rose.
Par égards. Par respect. … par espoir, aussi. Espoir qu’elle revienne. Espoir qu’elle lui revienne. Et ce soir…
Ce soir, l’espoir s’intensifie, encore.
Ce soir, alors que les lueurs du jour s’évaporent, que seules les lumières du penthouse semblent créer cette ambiance de plein jour qu’il aime bien pour travailler, Tony Stark pénètre au cœur de la pièce principale de son logement. Crispé.
Il appréhende, en fait. Depuis ce fameux soir où Natasha et lui ont dû gérer l’attaque informatique orchestrée par Arno Stark, son pseudo frère adoptif et en vérité véritable enfant des Stark, qui l’ont adopté, il… ne l’a pas vue. Il n’a pas vu Natasha, depuis. Pendant… plusieurs jours ; et même semaines.
Ce soir-là, Tony a vrillé – il n’en est pas fier, mais ne peut revenir dessus. Et continue d’essayer de gérer la colère absolue qui lui dévore les tripes, concernant Arno… et Morgan, ce cousin envoyé ici pour lancer l’attaque informatique qui a causé d’immenses dégâts ici. FRIDAY est tombée, à cause de cela. L’intelligence artificielle, mais aussi assistante, conseillère et amie de Tony, a lutté contre un virus qui continue d’être mystérieux, pour Stark, et… elle est tombée. Elle a été brisée, fracturée, éclatée… abusée, entièrement. Tony a voulu châtier Morgan pour cela – et il a fallu que Natasha le pousse à bout, pour le ramener à la raison. Il a failli ne pas en revenir.
Depuis… ils ne se sont pas vus. Depuis, il s’est noyé dans le travail – que cela soit pour rétablir la sécurité de Stark Enterprises, ou préparer un lent procédé de reconstruction, de soins de FRIDAY. Mais, aussi, avec le S.H.I.E.L.D.
Arno est en effet arrêté, incarcéré par le S.H.I.E.L.D. – et Tony est soulagé. Un peu. Il n’arrive toujours pas à aller le voir, à lui rendre visite… et son cœur est lourd, en fait.
Il se sent seul. Il est seul. L’absence de Natasha… est difficile, douloureuse. Tout comme son incapacité, à lui, à prendre sur lui et à faire le premier pas. Il s’en veut, il en veut à son ego, et… et il stresse, là. Car ils doivent se revoir. Ce soir. Ici. Maintenant.
Il souffle, il fait des exercices de respiration alors qu’il s’installe dans un fauteuil. Pour l’attendre.
Une valise est prête, à côté. Il est prêt, aussi. Bien habillé. Distingué. Lavé. Parfumé. Manucuré. Bien coiffé. Il attend. Il l’attend ; impatient, angoissé, crispé.
Il… a peur. De la revoir. Que ça se passe mal. Que ça tourne mal. Qu’il casse tout. Qu’il brise tout. Il… s’en veut, de cette distance. Il s’en veut, d’avoir… il ne sait pas. Il ne cesse de penser à ce qui va arriver, à ce qu’elle va dire – à ce qu’elle pense, de ce qu’il fait faire à Yelena, de ce qu’il a fait à Arno, de ce qu…
Il s’arrête. Il souffle. Il ferme les yeux. Il respire. Il joue sur sa respiration. Il essaye de se calmer… et d’attendre. En priant pour qu’elle ne tarde plus…
Elle a tout préparé et cela n'a pas été une mince affaire. Çà lui a pris des jours, pour être tout à fait exacte. Le Tony a tout intérêt à ne pas être trop grognon vu les trésors d'efforts qu'elle a déployés... Enfin... il aurait quelques raisons de l'être, fatalement. Alors lui donnera t'elle dix minutes pour se plaindre, vociférer et faire du boudin, avant de passer à autre chose.
Cette pensée la fait sourire, alors que sa moto vrombit sur le bitume en direction de la tour la plus en vue de New-York, filant à une vitesse dépassant clairement les limites du code de la route. Son sourire n'est cependant que de façade. Une façade d'elle-même... envers elle-même... Car les choses sont loin d'être aussi simples que Tony Stark faisant du boudin pour la énième fois et pour une détail anodin.
Ce qu'il s'est passé ce soir là... était dur à tous niveaux. Physiquement, psychologiquement, sentimentalement. Elle a poussé, abusé, dépassé la plupart des limites qu'elle s'était pourtant imposées dès lors qu'il était concerné. Encore aujourd'hui, malgré les semaines qui se sont écoulées dans un silence de plomb, elle n'est toujours pas certaine d'avoir fait les bons choix ce soir là.
Mais ce qui est fait, est fait... comme dit l'adage. Elle a choisi. Elle a décidé. Pour lui, notamment. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose...? Probablement un savant mélange des deux. Mais, quoi qu'il en soit, elle ne peut rien changer au passé. Le présent est le seul qui compte. Et celui-ci va devoir être parfait pour que leur avenir à tous les deux ne s'en retrouve pas modifié d'une manière qui ne plaira ni à l'un, ni à l'autre.
Natasha a passé des heures dans le cambouis avec Johnny, le seul rescapé actuel des Quatre Fantastiques que tous les univers leur envient. Et il faut reconnaitre qu'ils ont fait du bon boulot. C'est sur cette pensée, et l'évocation de ce qu'elle va lui permettre de faire, que l'espionne stoppe l'imposante moto d'ébène à quelques mètres des grandes portes vitrées de la Tour Stark.
Seules quelques lueurs persistent à l'intérieur, la plupart des employés étant rentrés chez eux étant donné l'heure avancée de la soirée. Sans retirer son casque ni couper le moteur qui tourne en laissant filtrer un mince filet de fumée blanchâtre, les mâchoires de Natasha se serrent sous l'épaisse protection de plastique et de métal.
- Okay... ça va aller. Souffle t'elle pour elle même, tout en saisissant un second casque fixé à l'arrière de la bécane.
Pianotant rapidement sur son téléphone, elle le range aussi vite qu'elle l'a extirpé de la poche intérieure de sa veste de cuir, et fixe les portes étroitement closes, casque tendu vers celui qui ne devrait plus tarder à en franchir le seuil.
La nuit domine New York. Le jour s’est couché, et l’obscurité s’empare de la Grosse Pomme – enfin, l’obscurité essaye de s’en emparer. Le ballet incessant des New-Yorkais, la vie constante qui grouille ici amène une activité dense, avec des lumières artificielles quasiment généralisées, et étendues sur toute la ville. Notamment dans le quartier des affaires… notamment dans la zone des gratte-ciels, qui veulent se détacher des ombres et attirer l’œil.
La Tour Stark ne fait bien sûr pas exception.
Natasha Romanoff bénéficie ainsi de la luminosité du bâtiment – mais est aussi éclairée par les nombreux véhicules qui vont et viennent dans l’avenue qui jouxte l’immeuble. C’est dense, encore. Bien moins qu’en journée, mais la circulation est forte, et chaque passant risque sa vie à vouloir passer d’un trottoir à l’autre.
Aucun drame ne survient, cependant. L’avenue, la ville, la zone et le voisinage ne subissent aucune perte, aucun mauvais moment, pour l’instant. C’est bien… ça change.
En attendant ainsi devant la Tour Stark, Black Widow paraît en contrôle mais ceux qui la connaissent pourraient sûrement devenir un trouble, une appréhension. Néanmoins, aucun des employés qu’elle croise ne détectent cela. Ils la saluent, ils demandent des nouvelles polies, et disparaissent vite – soit pour rentrer chez eux, soit pour commencer leur service. Tous, quand même, se précipitent sur leurs smartphones, pour lancer l’annonce sur leurs groupes de discussion personnels et professionnels.
La Romanoff est de retour ! Le patron va la revoir… et ça risque de laisser des traces. L’impatience sur les avancées de la vie sentimentale de Tony Stark est totale chez ses employés – et certains peuvent en rajouter encore. Parce qu’ils le voient. Parce qu’ils le voient… descendre, et glisser dans le hall principal du bâtiment, et filer vers l’extérieur.
Avec… une certaine classe, il faut l’avouer.
Une classe naturelle, mais aussi savamment travaillée. Le maître des lieux glisse ainsi au cœur de sa propriété – salue tous ceux qu’il croise, serre des mains, demande des nouvelles d’une épouse ou d’un conjoint, rappelle qu’il a apprécié le stage de tel enfant… et sort.
Avec un déhanché parfait. Avec un style idéal. Avec une théâtralité totale. … et un stress certain, aussi.
Peu avant, il a reçu des SMS de Natasha – et a grimacé. Non pas de la perspective de la voir (quoique, il ne fait pas le fier, là), mais… parce qu’elle a vraiment prévu quelque chose. Ça le stresse. L’imprévu. La nouveauté. L’inconnu. Le manque de contrôle.
Ça l’oppresse, ça le trouble, ça… lui coupe les moyens. Il veut fuir. Il veut s’échapper. Il veut se réfugier chez lui, dans son foyer ; dans son château. Dans son armure.
Mais… il n’en fait rien.
Tony avance. Tony arrive. Tony sort. Tony déboule à l’extérieur, voit Nat’… et sa bouche s’assèche. Et sa langue devient pâteuse. Et son corps se fige. Et… il hésite.
Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait plus. Il stresse. Il… Il souffle. Il inspire. Il soupire. Il se reprend. Il… sourit, et lève les bras ; avec classe et autant de détachement que son jeu d’acteur lui donner.
Il ne le percevra pas, à moins que les lunettes perchées au bout de son nez en cette nuit sombre, ne soient encore équipées de l'une des technologies dont il a le secret ; mais le visage de l'espionne s'illumine d'un bref sourire, occulté derrière l'épais casque sombre à la visière rabattue, lorsqu'il s'extraie de la vaste tour de verre.
Cet instant fait partie de ceux qui lui indiquent, sans l'ombre d'un doute possible, à quel point ses sentiments ont évolué à son égard. Il y a un an tout au plus, elle aurait levé les yeux au ciel dans un sourire, en se faisant la remarque que cet homme là incarne vraiment le pacha à paillettes dans toute sa splendeur.
Mais aujourd'hui... ce n'est ni ce qu'elle voit ni ce qu'elle ressent.
Ce qu'elle a sous les yeux. Celui qu'elle a sous les yeux, est un homme qui surjoue en permanence, mais dont la prestance et le charme sont bel et bien réels. Un homme qu'elle avoue sans pudeur aujourd'hui trouver beau, charismatique. Un homme qu'elle admire malgré ses nombreuses failles. Un homme brillant, attentionné sous son épaisse armure. L'homme qu'elle aime, tout simplement.
- Ça s'appelle une moto. Fais un petit effort, je suis sûre que tu en as déjà vue avant. Lui répond t'elle d'une voix amusée, à demie étouffée sous son casque, en agitant le second sous son nez pour qu'il s'en saisisse.
- Je préconise de t'arrimer fermement.
Sa voix résonne désormais clairement dans le casque qu'il porte sur la tête, les micros liant le conducteur et le passager rendant la voix de Natasha aussi claire que si elle lui parlait en face, entourée d'un silence de plomb.
A peine enroule t'il ses bras autour de sa taille, que la moto démarre sans crier gare et file à grande vitesse sur le périphérique de New York. Bientôt, elle bifurque sur l'autoroute, alors qu'une musique résonne dans le casque de son passager. La playlist qu'il utilise lorsqu'il se plonge dans ses créations high-tech, et que FRIDAY lui avait transmise avant les sinistres évènements d'il y a quelques semaines. Elle n'était pas censée servir dans ces conditions, mais rien ne se passe jamais comme prévu entre eux... alors autant ne pas s'en étonner.
Etant donné la rapidité avec laquelle ils se retrouvent en rase campagne, on évitera de se demander à quelle vitesse roule l'espionne sur sa moto du diable fraîchement bidouillée par Johnny Storm et maintes fois optimisée par Barton et Logan. Cette moto a du être désossée et remontée plus de fois que toutes les bécanes de la terre réunies.
Au bout d'une petite heure de route, la moto déboule sur une air de terre battue et de poussière, paumée au milieu de nulle part, tel le tarmac sauvage qu'elle est si l'on en juge par l'avion qui s'élance sur la piste pour prendre son envol.
Sans ralentir un instant, il serait même plausible de considérer qu'elle accélère. Natasha fonce vers l'appareil dont le plateau arrière est ouvert, trainant sur le sol, menaçant assez sévèrement de se détacher de l'avion s'il continue à rouler à ce rythme.
- Accroche-toi.
Sa voix résonne brièvement dans le casque de Tony, alors que la moto réalise une embardée pour grimper la rampe qui mène à l'intérieur de l'appareil de métal. A peine y ont ils pénétré, que la rampe remonte lentement et que les roues de l'avion délaissent le sol.
- Si tu as envie de vomir, il y a des sachets en papier là-bas. Lance t'elle d'un air amusé sans imaginer le moins du monde que son pauvre chéri pourrait avoir mal au coeur après cette virée rocambolesque, car il en a vu bien d'autres.
Sans un mot de plus, Natasha accroche son casque au guidon de la moto, avant de se diriger vers le cockpit dans lequel ne siège... personne. Son ample chevelure, en bataille du fait du casque, flottant dans son dos et en tenue de cuir sombre des pieds à la tête comme s'ils partaient en mission.
L'avion en question est de type furtif. L'un des rares cadeaux utiles et sans contrepartie de Fury Sénior, du temps où elle était agent à sa solde. Il ne s'agit donc ni plus ni moins que de l'avion personnel de Natasha, dont peu de monde connait l'existence et qui s'avère être un petit bijou de technologie équipé d'un système d'autoguidage de pointe.
La rousse s'installe aux commandes et pousse les réacteurs sans prévenir Tony, qui risque de sérieusement valdinguer s'il n'a pas pris ses précautions par anticipation.
- Je sais que les longs voyages ça n'est pas ton fort, alors j'ai opté pour la méthode rapide. Explique t'elle brièvement tout en vérifiant le tableau de bord et sans prononcer un mot de plus de tout le trajet.
En effet, celui-ci sera dès plus court. Une heure, tout au plus, peut être un peu moins. Avec un appareil tel que celui-ci, difficile de présumer de la distance parcourue. Mais il serait vraisemblable d'imaginer qu'ils auront parcouru plusieurs milliers de kilomètres, au bas mot.
- On est presque arrivé. Estime t'elle alors qu'elle se lève du poste de pilotage et revient vers sa moto.
Elle récupère son casque et tend vers Tony une veste extrêmement légère, confectionnée dans un tissu pour le moindre étrange qu'il reconnaitra sans mal, car il s'agit d'une création que l'équipe de techniciens des Avengers ont fabriqué afin que les pauvres humains lambda qui composent l'organisation puissent supporter des températures extrêmes.
- Enfile ça. Lui dit-elle avant de lui tendre le casque, alors qu'ils sont encore en plein vol...
- Bon alors, tu viens ? Lâche t'elle en agitant le casque sous son nez d'un air impatient, comme elle l'avait fait aux pieds de la Tour Stark.
Enfourchant l'engin de métal, Natasha attend qu'un Tony sans doute dubitatif et plus que perplexe ne la rejoigne. Puis, ce qui commençait à être des plus prévisibles se précise : l'arrière de l'avion s'ouvre sur un vide sidéral peuplé d'épais nuages en contrebas, qui brouillent toute visibilité à moins d'un mètre.
Sans attendre la moindre protestation de son passager, la moto rugit comme une diablesse et s'élance dans le gouffre béant qui s'est ouvert au-dessous d'eux. Même avec les vestes conçues pour éviter de geler sur place, l'altitude à laquelle ils sont laisse filtrer un air glacial qui s'insinue jusque sur leurs épidermes. La descente étant prodigieusement vertigineuse, cette sensation ne durera fort heureusement qu'un temp.
Ils traversent les nuages à grande vitesse, la moto filant en pic vers le sol qui s'avère être une vaste étendue d'eau. Ils s'en approchent rapidement, avant que des réacteurs positionnés de chaque côté de la moto, ne se mettent en action, freinant leur chute et les faisant amerrir avec une délicatesse des plus surfaites cependant.
Durant la courte descente, la moto s'est imperceptiblement modifiée. Fruit de longues heures de travail en compagnie du quatrième des Fantastic, la bécane chérie de Black Widow a désormais tout du jet ski, alors qu'elle percute la surface aqueuse pour repartir aussitôt avec vivacité, comme s'ils avaient le diable aux trousses.
Les pourtours d'une île baignée dans la pénombre se distinguent bientôt à l'horizon. Difficile d'estimer si Tony comprendra immédiatement où ils se trouvent, mais il est certain que cette île, paumée au milieu de nulle part, n'est pas une destination hasardeuse choisie par sa compagne.
Cependant, le temps n'est clairement pas à la clémence. Natasha pousse un grognement de contrariété, qui résonne dans le casque de Tony dans la mesure où la liaison micro est toujours active. Perdu au beau milieu de l'océan indien, le climat reste bien souvent capricieux. Et si elle s'était pourtant assurée que la météo ne jouerait pas des siennes, il semble que celle-ci en ait décidé autrement, à en juger par la masse de nuages noir qui s'agglutine au-dessus de la petite surface arborée, et les éclairs qui zèbrent déjà le ciel.
Tant pis... elle fera avec.
Ils accostent sur une plage de sable fin, dont les grains s'éparpillent déjà sous l'influence des bourrasques qui les malmènent. Sans lui laisser le temps de réfléchir ou d'analyser quoi que ce soit, bien que Tony ait une faculté hors norme à pouvoir analyser n'importe quoi dans n'importe quelle situation, la main de Natasha saisit la sienne alors qu'elle l'entraîne un peu plus avant sur la plage, loin des vagues qui malmènent déjà une moto jet ski ballottée par les vagues, malgré la lourde ancre qui la maintient à flots par un miracle du Saint-Esprit.
Lorsqu'ils ont suffisamment parcouru de distance pour être à l'abri de l'eau furieuse, Natasha se tourne vers Tony, un léger sourire flottant sur son visage.
- BALERINA, tu sais ce que tu as à faire.
Tout de suite !
La voix de l'IA résonne faiblement depuis le bracelet que porte Natasha au poignet, avant que celui-ci ne se décompose en un millions de petites particules lumineuses, et ne crée un dôme d'une transparence parfaite tout autour du couple.
- Elle l'a gardé en mémoire. Précise Natasha dans un sourire, se doutant qu'il doit commencer à comprendre où ils se trouvent, si ça n'était pas déjà le cas avant.
La différence d'ambiance qui règne à l'intérieur du dôme contraste de manière flagrante avec ce qui les entoure. Là où les palmiers se déchaînent, les vagues roulent en un grondement, les éclairs, le tonnerre et même une lourde pluie martèlent l'extérieur, le dôme leur offre un cocon de sérénité et de quiétude relativement improbable au regard des éléments qui se déchaînent au dehors.
Et bien que la nuit soit aussi épaisse que l'obscurité d'un four, partiellement illuminée par les éclairs qui fustigent l'océan au dehors, une douce lumière et une chaleur agréable se diffusent des parois de la nanotechnologie de BALERINA, les enveloppant telle la bulle protectrice qu'elle sera jusqu'à ce qu'ils en décident autrement.
Dehors, c'est l'apocalypse. Dedans, un doux matin d'été.
L'île de leur premier baiser. L'endroit qui a soldé leur amitié et vu naître un amour qui, s'il est bien souvent compliqué, n'a jamais failli depuis. L'île de leurs premiers ébats. L'île qui a assisté à la décision sans doute la plus difficile de leur vie personnelle.
Natasha se place dans le dos de Tony, alors que ses bras passent de chaque côté de son buste, frôlant ses côtes. Ses mains s'ouvrent, laissant apparaître un coquillage trônant sur une paume à sa gauche, un petit crabe suspendu par une pince et qui s'agite comme une anguille, entre le pouce et l'index de son autre main, qu'elle découvre sur sa droite.
Coquillage et crustacé... tu te souviens...
Le front de Natasha chute soudainement contre la nuque de Tony contre laquelle il repose lourdement, alors que son ample chevelure de feu se répand de part et d'autres de son visage, se plaquant contre ses joues. Le coquillage et le crabe chutent lourdement sur le sable, glissant de ses mains. Le petit crabe, comme son homologue d'il y a quelques mois, ne se fait pas prier pour prendre la poudre d'escampette et s'extrait du dôme avec la bénédiction de BALERINA.
Ses bras se referment sur le torse de Tony alors qu'elle se serre contre lui, se presse tendrement tout contre son dos.
- Je te demande pardon. Souffle t'elle dans un murmure.
Ce n’est pas son habitude. Ce n’est pas son usage. Ce n’est pas son goût, non plus. Il a besoin de contrôler. De diriger, diraient certains, mais ce sont ceux qui le connaissent peu, ou mal. En vérité, Tony Stark n’apprécie pas plus que cela d’être le chef – même s’il pense souvent être le plus à même de prendre la décision finale. Mais… il a besoin de contrôler, de gérer ; d’être celui qui gère, qui impulse. Et là…
Là, il se laisse faire. Dieu que c’est dur. Dieu que ça le heurte. Dieu que ça le trouble. Mais… il le fait ; pour elle.
Oh, il réagit quand même, hé. Quand Natasha lui demande de monter sur la moto, de s’arrimer à elle, il… accepte ; mais avec ses conditions. Avec son style, glisse-t-il même avec un petit sourire – tandis que des nano-machines modifient son allure vestimentaire, pour évacuer le tissu de luxe… et faire apparaître quelque chose de plus adapté à la conduite évidemment sportive de Romanoff.
Une combinaison ; de pilote. A son nom, bien sûr. Quel frimeur, assurément. Il le dit, d’ailleurs. Il glisse quelques blagues, quelques piques, et… ça s’arrête, en fait. Ça s’arrête vite.
Quand elle démarre. Quand elle accélère. Quand elle file dans la circulation de New York. Il… se tait, alors. Tony se tait – et se force à se taire, en fait. Il ne crierait pas, non, quand même, mais… il aurait quelques grognements, quelques râles face à la conduite de Natasha – et à ce qu’il se passe, aussi. Ce qu’elle fait, surtout.
Il pousse un petit cri, il doit bien l’avouer, quand… la moto quitte le sol. Oui, oui. Natasha Romanoff, apparemment décidée à tester la résistance de l’estomac de Tony, fait littéralement s’envoler son véhicule – qui ne correspond guère aux éléments réglementaires de la circulation. Stark le comprend, le capte, s’intéresse, mais… même son esprit particulièrement curieux et capable de se projeter sur plusieurs éléments en même temps dit stop, ici.
Il souffle. Il crie, un peu. Il s’arrime, encore plus fort, à Natasha. Il ferme les yeux, même. Un peu. Une fois. Seulement, on va dire.
Il grogne, quand tout s’arrête. Il grimace, quand il rouvre enfin les paupières… et découvre un autre environnement. Un… vaisseau ? Non, un avion. Wow. Il avait bien vu qu’ils quittaient la circulation, et New York, mais… là ? Wow. Il ne sait pas. Il est perdu. Il ne contrôle rien. Il…
Il devrait détester cela. Et, au fond, il déteste bien cela. Mais… Bon, déjà, il se contrôle. Il grimace, fait une petite plaisanterie sur les sacs à vomi, et retient une remontée acide ; ouille, ça fait mal. Mais ça passe. La morale, ses vêtements et sa dignité sont saufs.
Cependant, il… parle moins, alors. Il glousse, fait quelques plaisanteries, mais ça… reste sage ; calme. Réservé. Son corps réagit quelque peu, et… il est perdu, encore. Il est troublé.
Il devrait détester cela, oui. Il parle moins. Mais… il… oui. Ça le surprend. Ça l’interpelle. Ça le trouble. Tout ça, tout ce qu’elle fait, ça… il…
Il aime ça.
Il en est le premier surpris, mais… oui. Tony apprécie ce qu’il se passe, apprécie d’être ainsi… guidé, dirigé. Mené par le bout du nez. Ça le surprend. Elle… le surprend. Oui. Hors de question de le lui dire, hein, mais… bon sang, pense-t-il. C’est bien. C’est bien d’être pris ainsi. C’est bien d’être perdu ainsi. C’est bien… c’est bien d’être à la merci de quelqu’un ; de quelqu’un en qui on a confiance. De quelqu’un… qu’on aime.
Tony est gêné, troublé ; et apprécie. Il ne dit presque rien, d’ailleurs, quand Natasha lui donne une veste – une autre allure, alors que l’avion furtif vole, et qu’il ne peut même pas se projeter où. Bon, il râle un peu, quand même… il ne faut pas oublier toutes les bonnes habitudes. Mais il suit la demande, il met l’équipement.
Il est prêt ; pour une suite inconnue.
Qui provoque d’autres troubles, encore.
Cette fois-ci, Tony râle un peu – refuse même, un peu, de suivre Natasha. Au début. Ça ne dure pas. Il hurle un peu, laisse sa voix filer dans quelques aigus… alors qu’ils quittent l’avion. Alors qu’ils en sortent. Alors qu’ils se projettent dans le vide – et filent dans les cieux.
Oh oui, il hurle encore, alors. La dignité est clairement oubliée, là… mais il essaye de prendre sur lui. Il essaye de ne pas s’humilier pleinement, mais… ah. Compliqué, quand même.
Ses yeux essayent de suivre la descente – son cœur et son ventre aussi. Ça fonctionne moyennement, mais il prend sur lui… et il y arrive. Ouf, pas de renvoi sur elle ; c’est déjà ça, il n’était pas prêt pour une telle pratique intime. Pas aussi vite, quand même, hé.
Son esprit évacue cependant ce trait d’humour, alors que le sol se rapproche… alors que la destination se précise. Une île. Une île perdue. Il maugréé, dit quelques mots transmis par micro, mais ses jambes tanguent un peu ; tremblent, surtout.
Il se laisse faire. Encore. Il arrive. Ils arrivent. Elle le guide. Elle l’amène, elle l’emmène. Il murmure quelques paroles, une vague blague… mais il cesse, très vite. Parce que la surprise est remplacée par la compréhension – la révélation, qui le prend au cœur encore.
Un dôme se constitue. BALERINA est sollicitée. L’extérieur se ferme à eux, ils sont dans la sphère – sous un dôme. Le dôme. Même heurté, troublé, transformé par ce voyage, il… suit. Il comprend. Il ressent, avant de comprendre.
L’île. Le dôme. La musique. Les… coquillages… et crustacés…
« Oh. »
Il souffle. Il arrête de respiration ; puis reprend. Et arrête, encore. Marqué. Choqué. Positivement. Et… et ensuite, elle… Natasha, elle…
Elle se jette sur lui. Elle se colle à lui. Elle se colle contre lui. Et elle murmure des mots, qui viennent le toucher – le marquer, au cœur. Il reste figé, d’abord. Interdit. Incapable de réagir, et… et ensuite…
Il souffle. Il soupire. Ses mains s’animent, enfin. Ses doigts bougent, viennent se coller sur elle ; sur ses cheveux, qui lui ont manqué. Sur sa peau, qui le fait frissonner en la touchant, tant le contact a aussi été d’une absence trop longue. Il tremble, sous cela… sous tout ceci. Il tremble, et… et elle parle, et lui… et il…
Il soupire. Puis… s’effondre.
Tony tombe ; à genoux. Devant elle. Sans se faire mal, sans se blesser. Mais en se plaçant pleinement à genoux, pour… non plus qu’elle se colle à lui. Mais pour que lui se réfugie, contre elle.
Ses larmes coulent. Sans qu’il les retienne. Sans qu’il puisse les retenir. Ses larmes coulent, il ferme ses yeux, et il… Et il parle.
« C’est… moi. C’est moi qui suis… je… pardon. J’ai… foiré. Encore. J’ai encore foiré… »
D’une voix douce, faible ; brisée.
« J’ai cru… t’avoir perdu. J’ai… je suis… j’ai foiré, j’ai… fait des bêtises, j’ai… j’ai cru t’avoir perdu, et je… je suis… »
Il grimace. Car tout sort. Car tout cède. Car tout s’échappe de lui.
« Je suis… perdu… sans toi. J’ai… »
Il soupire. Il s’arrête. Il hésite. Il hésite un instant, seulement. Les mots à venir comptent, n’ont quasiment jamais été sortis de lui ; mais ils sont justes, ici. Ils sont forts. Ils sont bons. Ils sont… vrais.
« J’ai… besoin de toi. Pour être… moi. Pour être… le meilleur de moi-même. Je suis… désolé. J’ai… besoin… de toi… »
Parce qu’il l’aime. Parce qu’il est touché, plus que tout, par tout ceci ; par ce qui est la plus belle preuve d’amour qu’il ait reçue, par le cadeau le plus fort qu’on lui ait offert. Tout ça. Organiser tout ça. Revenir à la base. Revenir au cœur. Revenir au début. Revenir… à eux.
Tony est touché. Tony est marqué. Tony… cède. Avec Natasha. Pour Natasha. … ensemble. Enfin. Encore.
La surprise est la première émotion qui se manifeste. Ses sourcils s'élèvent brièvement au-dessus de ses paupières, alors qu'il se tourne dans sa direction. Le mouvement est si soudain, si spontané et si rapide, qu'elle ne l'a prédit à aucun instant. Il s'agirait de quelqu'un d'autre, il aurait sans doute déjà une lame appuyée contre sa gorge.
Mais cet homme-là, n'est pas n'importe qui. Il s'agit de Tony. Tony Stark.
Un voile de tristesse passe brièvement sur le visage de l'espionne lorsqu'il tombe à genoux en enlaçant son bassin, plaquant sa joue contre elle en une détresse palpable.
Il ne simule pas. Il n'a jamais su faire. Il n'exagère pas non plus. Tony est un être tout ce qu'il y a de plus spontané, même s'il est parfois capable d'endosser un masque, et pas uniquement celui d'Iron Man.
Elle a commis une énorme erreur. Natasha s'est fourvoyée. Elle n'a... pas fait ce qu'il fallait. Elle s'en rend compte à cet instant précis. Elle avait cru... Elle avait imaginé... Pensé que...
- Tony...
Je te demande pardon. Ces quelques mots ont été prononcés il y a quelques secondes à peine. Pardon de t'avoir infligé cette scène il y a quelques semaines. Pardon d'avoir mutilé ton cousin sous tes yeux. Pardon de t'avoir poussé à réagir aussi abruptement.
Natasha chute à son tour dans le sable fin, alors que la tempête se fait plus forte autour d'eux, comme un écho à la détresse poignante de son compagnon.
Elle n'a pas demandé pardon pour les bonnes raisons. Natasha pensait, totalement à tort elle s'en rend désormais compte, que Tony avait été profondément marqué par ce qu'il s'était passé ce soir là. C'est sans doute vrai. Cela a laissé des traces. Cela l'a perturbé. Mais pas comme elle s'y attendait. Pas comme elle l'avait envisagé.
- Tony...
Elle répète doucement son prénom. Plusieurs fois, du bout des lèvres. Son bras s'enroule autour de lui, alors que sa main libre caresse l'épaisse chevelure sombre. Alors qu'il déverse son chagrin contre elle, blottit au creux de son ventre, le buste de Natasha se penche dans sa direction, le couve comme un second dôme qui viendrait renforcer celui dans lequel ils se trouvent déjà.
- Je suis là...
Il parle. Il se brise. Il...
La gorge de Natasha se serre au fur et à mesure que les mots s'échappent de ses lèvres presque tremblantes, presque suppliantes. Mal... tellement mal...
Comment. Comment a-t-elle pu lui faire tant de mal. Ce n'est pas ce qu'elle voulait. Ce n'est pas ce qu'elle avait imaginé. Ce n'est pas... non.
Ses lèvres se posent sur son front, plusieurs fois. Elle l'embrasse à de nombreuses reprises, parcourant délicatement la peau pâle, déposant un baiser sur sa tempe, entre ses sourcils, au sommet de son front.
- Tony...
Son étreinte se referme d'avantage sur lui, alors qu'elle se penche un peu plus pour le couver. De ses bras, de sa chevelure qui les protègent du reste du monde, de ses lèvres tendres qui lui indiquent que...
- Je suis là Tony... Je serai toujours là, je te l'ai promis.
Une promesse à laquelle elle a déjà failli pourtant. Ces derniers semaines... elle l'a abandonné. Mais... elle croyait... elle avait imaginé... qu'il lui en voulait à mort pour ce qu'elle avait fait. Il aurait eu toutes les raisons du monde d'être en colère même si, cette nuit là, elle pensait que c'était nécessaire.
Elle n'avait pas imaginé...
- Tu n'as rien à te faire pardonner... tu n'as aucune excuse à me faire. C'est moi qui ai merdé... Je pensais que tu aurais besoin de temps après ce qu'il s'est passé. Je pensais... que tu me verrais différemment après ça. J'avais cru... qu'il te faudrait du temps pour digérer... je n'avais pas imaginé... je ne pensais pas que tu...
...m'aimais autant.
Car est-ce bien là la vérité. La seule personne qui l'aie jamais aimée de manière inconditionnelle... c'est Yelena. Et encore, pas sans adversité, pas sans complexité ni épreuves à traverser. Oh... elle ne doute pas que Bucky l'aura vraiment aimée. Comme Barton sans doute. Cependant c'était... différent. Peut-être parce que Tony et Natasha peuvent difficilement être plus opposés. Peut être à cause de tout ce qu'ils ont traversé jusqu'à aujourd'hui. Peut-être pour d'autres raisons qui lui échappent à cet instant.
- Personne...
Ne m'a aimée comme tu m'aimes.
- Personne...
Ne m'a jamais dit qu'il avait besoin de moi.
- Personne...
Ne m'a jamais dit que je le rendais meilleur, qu'il était perdu sans moi.
Mais les mots peinent à s'extirper de sa poitrine, restant bloqués au fond de sa gorge par pudeur, parce qu'ils n'osent peut-être croire en eux-mêmes, croire en ce que tout cela incarne, ce que tout cela englobe. Que tout cela... les mettra probablement tous les deux en danger dans l'avenir.
Alors, à défaut de lui avouer vraiment ce qu'elle ressent... elle ponctue ses mots d'une nouvelle promesse qui, bien qu'elle aurait été formulée tôt ou tard, cache des sentiments bien plus profonds.
Il le fait instinctivement, directement ; sans réussir à s’en empêcher, sans le vouloir non plus. Il cède. Il s’effondre. Il s’écroule. Il s’ouvre.
Tony Stark s’abandonne complètement dans les bras de Natasha Romanoff – dans les bras, puis contre le ventre. A genoux. Agenouillé devant elle. Dans une posture non pas de soumission, mais de repli, de blessure ; de douleur, qu’il ne parvient pas à gérer, juguler. Il s’ouvre, en s’abandonnant devant elle.
Sans honte. Sans gêne. Sans regret. Sans remords, non plus. Sans… peur.
Durant toute sa vie, Tony a eu peur de s’ouvrir – de se livrer aux autres. Il a eu peur d’être jugé, rejeté, méprisé ; de ne pas correspondre aux attentes. Il a fait semblant, alors. Devant Howard, devant les camarades ; devant les filles. Il a fait semblant, pour répondre à ce que les autres voyaient en lui. Il a fait semblant, pour avancer, pour réussir comme Howard le souhaitait… pour survivre.
Il a fait semblant. Avec les proches, souvent. Quelques rares élus ont pu voir le vrai Tony Stark – pas toujours quand il le voulait, car l’alcool a fait voler ses défenses et rappelé à la surface le pire de lui-même. Les vieux démons demeurent et rôdent encore. James Rhodes a pu voir au-delà de l’apparence. Miss Arbogast aussi. Et… et les femmes…
Il a toujours fait semblant, avec les femmes. Même les plus proches. Même Whitney. Même Bethany. Même Rumiko. Même… Pepper.
Il a toujours fait semblant ; pour se protéger. Pour ne pas souffrir. Pour ne pas subir. Pour ne pas être peiné, encore. Pour ne pas être jugé, et rejeté. Il a toujours fait semblant. Il a fait du mal, alors. Il s’en est voulu, mais il a continué. Derrière une armure.
Jusque… là. Jusqu’à… elle. Elle. Qu’il connaissait déjà. Avec qui il avait déjà été ; dans une vie passée et éloignée, quand ils étaient deux personnes si différentes. Lui le jeune industriel sûr de lui, le super-héros arrogant, cachant la honte et la peur de la blessure derrière plusieurs couches d’armure, en refusant toute approche. Elle l’espionne acharnée, dévouée, surjouant sa loyauté pour tenter de trouver un but à sa vie erratique. Elle, oui. Natasha Romanoff. Une ex. Une coéquipière. Une alliée. Une camarade. Une… amie. Qui l’est toujours. Qui est plus, maintenant.
Il soupire, lourdement, alors qu’elle multiplie les baisers sur lui, sur son front. Chaque contact le fait frissonner. Chaque caresse le fait trembler. Chacun de ses mots le fait vibrer. Et sourire. Le visage demeure rongé par la peur, la douleur, l’appréhension, l’émotion… mais le sourire vient. Le sourire revient. Le sourire est ramené ; par elle.
Elle parle, encore. Elle se colle à lui, encore. Elle se rapproche. Elle le tient. Elle le retient. Elle le ramène. Il se laisse faire. Il se laisse emporter. Il se laisse prendre. Il s’abandonne ; encore.
Il devrait détester. Il adore.
Il redresse lentement la tête, et ouvre ses bras. L’étreinte se confirme. Le rapprochement se poursuit. Ils se collent, l’un à l’autre. Ils se tiennent, l’un à l’autre. Ils tiennent… à l’autre. Ils tiennent, l’un avec l’autre.
Il inspire. Il sourit. Il soupire. Il… se détend. Il s’abandonne. Il s’ouvre. Il baisse l’armure. Il a fait confiance, il a tout donné… et elle répond.
Elle ne le rejette pas. Elle ne se moque pas. Elle ne le juge pas. Elle… l’accepte. Comme il est. Comme il est vraiment. Elle s’explique, elle s’excuse – il relève les yeux. Il croise son regard. Il sourit. Il parle, d’une voix douce ; et tendre.
« Tu… n’as pas plus merdé que moi, Romanoff. »
Romanoff. Le surnom utilisé en mission, mais aussi pour piquer – pas méchamment, mais avec humour et douceur.
« J’avais… besoin de toi. Un peu pour… encaisser, le fait que tu as dû aller aussi loin pour me sortir de l’état dans lequel j’étais – et ouais, ça risque de te surprendre, mais j’ai un p’tit égo. »
Il sourit. Quelle audace.
« Mais… surtout pour encaisser… ce que j’avais fait. Je… me suis fait peur. Je suis… redevenu celui que j’ai été, que j’ai pu être… et je déteste ça. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas… être ça. Et… tu as dû me sortir, de là. Tu as dû me rappeler qui j’étais – et tu as réussi. Je… ouais, on a merdé tous les deux. Mais… tu as bien fait. Je… te remercie de m’avoir ramené… Natalia. »
Natalia. Le nom qu’il utilise dans les moments forts, intenses, personnels ; intimes. Ça compte. Beaucoup.
Il inspire, ensuite. Il inspire, écoute, frissonne même quand Natasha se répète et prépare une réponse qui le fait trembler. L’émotion passe dans son regard, et il ne le détourne pas. Il se rapproche, même. Il se rapproche encore plus – et ne fuit pas. Ne fuit plus.
Avec elle, il ne fuit plus. Avec elle… il se surprend même à formuler des mots auxquels il n’a pas pensés avant, qui le surprennent – mais qui paraissent soudain si justes, et vrais.
« C’est… une proposition ? Tu… as quasiment un genou à terre, après tout. Attention, c’est le genre de moment où tu pourrais… tout obtenir de moi… »
Y compris… une telle proposition. Il demeure troublé de dire cela, de ressentir cela – et attend beaucoup de la réaction de Natasha. Sans angoisser. Sans stresser. Sans craindre le pire. Parce qu’ils ont connu le pire ; chacun de leurs côtés, et ensemble. Ils ont connu le pire. Ils sont encore là. Ils se sont retrouvés. Ils ne se quitteront plus.
Situation : Super Espionne, Super Héroïne, Super compagne de Tony Stark
Localisation : Mobile (ou éventuellement New-York)
Inventaire : - Deux bâtons courts
- Trois pistolets automatiques
- War Widow (au poignet ou portée)
- Deux bracelets utilitaires
Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Dim 5 Mai - 22:20
L'apparence est le coeur du royaume de Tony Stark. Le Paraître avant l'Être. L'Irréel avant le Réel. Les gestes amples. Les grandiloquentes envolées lyriques. Les costumes sur-mesure. Les voitures clinquantes, les armures tout aussi tape à l'oeil. Et ne parlons pas des montres. Il convient de se donner un rôle. Il est publique, toujours, même dans la sphère privée. Il faut paraître, quel qu'en soit le prix, quel que soit le moment. Paraître fort, paraître gérer la situation. Tout le temps. Toujours.
Mais parfois... le vernis s'effrite. Une simple fracture, une toute petite surface lisse entachée d'une zébrure. Le vernis craque, puis finit par se dissoudre dans l'océan des regrets, de l'amertume, de la culpabilité. Un trop plein qu'il arrive parfois à laisser filer, qu'il arrive par moment à évacuer. Avec les bonnes personnes, à l'instant adéquat, au moment où il le peut. Ce n'est parfois pas plus compliqué que ça.
La façade d'apparences cède, en même temps qu'un Tony s'échoue contre elle, presque recroquevillé sur lui-même. Natasha le couve d'un regard compatissant, alors que ses bras s'enroulent autour de ses épaules. Tony est capable de prendre sur lui. Beaucoup plus que son caractère extraverti et ses frasques multi quotidiennes ne le laissent penser. Mais il a ses limites, comme tout le monde.
L'espionne a l'habitude de tout intérioriser. Ses craintes, ses doutes, ses conflits de conscience. Parfois elle partage, mais cela reste relativement rare. Non pas que ce soit une véritable volonté de sa part. Les Avengers lui ont enseigné ceci : s'ouvrir à ses compagnons d'arme, s'ouvrir à celles et ceux qui sont désormais devenus une famille. Mais le naturel, les habitudes et, sans doute le coeur névralgique de tout cela, les conditionnements et entraînements auxquels elle a été soumise durant tant d'années, n'aident pas beaucoup en cela.
Alors, dans un sens, elle l'admire. Elle admire cette capacité à craquer purement et simplement. Cette faculté a lâcher prise, à se laisser aller aux larmes, à exprimer tout ce qui a été jusqu'alors refoulé. La dernière fois qu'elle s'est laissé allée de la sorte, et encore ce n'était pas comparable, c'est le jour où elle a du appeler Strange et Banner en urgence. Ce jour maudit entre tous où elle a cru que Tony rendait son dernier souffle. Avant ce jour là... elle ne se souvient pas de la dernière fois qu'elle a véritablement ouvert les vannes.
Alors, dans un sens, se satisfait elle que Tony soit capable de le faire et, surtout, qu'il le fasse.
- Tu m'en diras tant. Lâche-t-elle dans un sourire en coin, alors qu'il avoue avoir son petit égo.
Natasha ne répond rien lorsqu'il affirme que c'était nécessaire. Que ce qu'elle a fait, la violence avec laquelle elle l'a fait, devaient être faits pour le ramener à la réalité. Pas sûr que celui à qui il manque plusieurs doigts soit de cet avis... mais l'ex agent du S.H.I.E.L.D préfère éviter de remettre le couvert sur le sujet. Ne fera t'elle donc aucun commentaire.
Il lui faut déployer un sang-froid et un self-control dont elle seule a le secret, pour parvenir à ne pas se décomposer face à ce qui suit. Il a vraiment un putain de don hors norme pour sortir des lapins de son chapeau aux pires instants. Piquée au vif, elle manque cependant de lui faire remarquer que c'est lui qui a les deux genoux rivés au sol à cette minute. Mais ça serait l'encourager dans son délire, alors autant éviter. Il serait fichu de prendre ça comme une invitation à poursuivre.
Le silence qui s'installe entre eux n'aura jamais été plus long ni plus pesant que celui qui s'instaure alors.
Comment peut-il envisager une telle chose... Elle qui a déjà toutes les peines du monde à passer plus de deux nuits par semaine chez lui, nonobstant les missions qui l'en empêchent de base, évidemment. Il lui aura fallu près de quatre mois pour laisser ne serait-ce qu'une brosse à dents dans sa salle de bain, et elle a du se faire violence.
Qu'imagine t'il... ou, plutôt, comment peut-il imaginer qu'ils seront capables, qu'ils seraient capables, de vivre la vie de monsieur et madame tout le monde. De se poser, de se... marier...? Avec tous les risques que ça implique, pour eux et pour leur entourage ? Etre en couple désormais officiellement est suffisamment dangereux comme cela. Sans compter que, rien que ce simple fait, c'est une première pour l'espionne. Parce que bonjour la discrétion lorsque l'on est officiellement engagée dans une relation avec Tony Stark. C'est limite s'il n'a pas fait un communiqué de presse sur le sujet. Ca se trouve... il l'a fait.
Et après quoi... on se marie, on habite ensemble, on achète un chien, un monospace et on s'installe dans un quartier tranquille, avec le jardin et les rosiers près de la boite aux lettres ? Puis il va vouloir un enfant ? On adopte, car il ne lui fera sans doute pas l'affront d'oublier que la Red Room s'est chargé de veiller à ce qu'elle n'en aie jamais, il y a fort longtemps...
A grand renfort d'images qui se superposent dans son esprit, une boule se forme dans la gorge de la rouquine. Si elle n'est clairement pas le genre de personne à être facilement sujette au stress, déformation professionnelle oblige, cette situation présente déclenche une bouffée d'angoisse qui n'est pas pour lui plaire et qui provoque, pour toute réponse, une phrase de quelques mots à peine, qu'elle lâche dans un souffle.
Il sourit. Il lui sourit, encore. Il lui sourit, toujours. Il affiche encore et toujours cette expression positive, cette ouverture de bouche qui révèle ses dents, et provoque le plaisir et la sympathie chez ceux qui le voient. Il sourit, pour elle. Il sourit, avec cette humeur charmante, ce côté séducteur et entreprenant qui lui convient bien, qui plaît tant ; qui lui plaît tant aussi, à elle, bien qu’elle refusera sûrement de l’admettre.
Il sourit, alors qu’elle répond. Il sourit, alors… alors qu’elle…
Il sourit, encore. Même si quelque chose se brise, en lui. Même si quelque chose craque.
Son cœur ? Non. Le cœur de Tony Stark ne saurait se briser, parce que Natasha Romanoff est honnête avec lui ; et lui demande d’être honnête en retour, avec elle et lui-même. Elle ne le rejette pas, elle le rappelle à l’ordre.
Son amour pour elle, leur relation ? Non. Ils sont adultes. Ils ont vécu, subi, souffert, perdu ; dans la vie, et en amour. Ils savent tous deux qu’une relation ne se forge pas dans la niaiserie et les accords communs constants. Un couple, c’est un combat ; contre les autres, contre l’autre, contre soi-même.
Son amour-propre, alors ? Non. Celui-ci a déjà bien souvent souffert et subi, et une telle rebuffade n’est pas du genre à l’anéantir. Bien qu’il doive admettre que cela pique, quand même, et qu’il envisageait une autre réponse.
Et… c’est ça qui se brise, en fait. L’illusion. Pas les illusions. Pas les rêves d’enfant. Pas les espoirs adolescents d’amours éternels. Non. L’illusion. L’illusion que cela existait, quand même ; tout ça. Les illusions, les rêves, les espoirs. L’illusion que tout finirait forcément bien. L’illusion que les contes de fée sont réels, et qu’ils allaient bien en vivre un.
L’illusion. Qu’ils étaient normaux. Qu’ils étaient comme les autres. Qu’ils étaient capables et compétents, pour mener une telle vie. Classique. Familiale. Métro, boulot, dodo ; sexe une fois par semaine, deux enfants, un chien, un pavillon. Sur la Lune, quand même, c’est Tony Stark.
L’illusion. Qu’ils puissent définitivement se détacher de leurs vies, de leurs passés ; de leurs failles, de leurs marques, de leurs douleurs, de leurs pertes. L’illusion. Oui. C’est ça qui se brise. C’est ça qui craque. C’est ça qui s’évapore.
Ce… n’est pas suffisant pour tout envoyer bouler ; pour tout détruire. Pour tout perdre. Pour la perdre. Ça n’aurait pas été le cas avant, mais… mais maintenant…
Il grandit. Il évolue. Il mûrit. Il comprend. Il accepte. Il vit ; avec. Et il vit tout court, aussi. Avec elle.
Comme elle est. Comme ils sont. Comme ils peuvent être.
« Ah… vraiment ? Mmh… dommage. Je vais… devoir forcer ma nature, donc, et être… définitivement la meilleure version de moi-même ? Un sacré défi, mais… mmh. J’crois bien que tu en vaux le coup, Natalia. »
Sa voix est douce. Sans aigreur. Sans crispation. Sans attaque. Sans rancune. Sans manque.
Il accepte. Il fait avec. Il vit avec. Elle. Par et pour elle.
Sans un mot, Tony lui vole un baiser, et se recolle à elle ; se reconnecte à elle. Se pose sur elle. Se calme. Avec et par elle.
« Mmmmmh… au fait… y a encore des surprises, ou… c’est fini ? »
Oui, il fait sentir presque une pointe de déception, malgré l’ampleur, la folie et la merveille des surprises réservées jusque-là. Oui, il provoque. Oui, il pique. Oui, il est chié. Mais… hé, c’est Tony Stark ; et elle vient de le calmer dans une demande en mariage. Il faut bien compenser un peu !
Ca fait beaucoup de sourires tout ça... Natasha dévisage Tony d'un air qui ne cache pas sa nature. Entre suspicion et perplexité, ses grands yeux verts le toisent avec une attention troublante. Comme si elle cherchait derrière le masque. Comme si elle analysait la plus petite mimique, la moindre parole, le timbre de sa voix, sa gestuelle... Comme si elle était en mission, quelque part.
- Ooookay. Là t'es flippant. Finit-elle par lâcher alors qu'il lui vole un baiser et se blottit à nouveau contre elle.
L'espionne ne s'attendait pas à ce qu'il se roule par terre, hurle à l'outrage et fasse un caca nerveux pour qu'ils se marient. Mais de là à assister à pareille scène... ça la rend plus que perplexe. Où est le Tony qui fulmine, qui grogne, qui veut tout, tout de suite. Où est le Stark et sa démesure, sa grandiloquence, ses "Moi je" et ses "Je veux ça"...
Qui est cet homme pondéré, qui mesure ses paroles, qui comprend, qui prend sur lui. Qui êtes-vous monsieur et qu'avez-vous fait de Tony Stark.
Elle ne saisit pas la balle au bond, ne lui permet pas d'assouvir sa curiosité quant à ce qui va suivre, et saisit son visage entre ses paumes. Doucement elle le relève vers elle et l'observe, comme si elle en redécouvrait chaque contour, chaque pourtour, chaque aspérité, défaut, qualité.
- Le mariage... c'est un bout de papier et un nom en commun, rien de plus Tony.
Son regard se fait plus insistant, mais ses paumes sur ses joues sont douces, tendres, enveloppantes, tout autant que l'est sa voix alors qu'elle poursuit.
- Je n'ai pas besoin de passer devant le maire pour t'aimer. Je n'ai pas besoin de signer un papier de dix pages pour m'autoriser à t'aimer. Je fais ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux.
Romanov un jour, Romanov toujours. C'est aussi pour cela qu'il l'aime. Il vaudrait mieux... car, sur ce point, elle n'est pas prête de changer.
L'une de ses mains se détache de sa peau pour parcourir quelques fines mèches noires qu'elle dégage distraitement vers l'arrière de sa tête en un geste doux. Elle le repousse, le fait basculer sur le dos, s'installe à califourchon sur ses cuisses, tout en se penchant au-dessus de lui. Sa longue chevelure de feu dégringole sur ses épaules, alors que le regard qu'elle pose sur le sien est aussi affectueux que brûlant.
- Ca ne sera pas toujours facile. Certaines choses prendront du temps. D'autres ne viendront peut-être jamais.
La pulpe de son index coure lentement le long de sa tempe, longe sa joue jusqu'à ses lèvres qu'elle effleure d'une caresse, sachant pertinemment que ce simple contact, cette "innocente" tendresse, va l'enflammer de la cave jusqu'au grenier. C'est le but, on ne va pas vous raconter d'histoires.
- Je t'aime Tony Stark. Et ce n'est pas l'absence ou la présence d'un bout de papier à la con qui changera ça. Ce n'est pas lui qui décidera de ce que nous voulons, de ce que nous faisons, ferons. C'est nous, et personne d'autre.
Un sourire étire le coin de ses lèvres. Elle s'apprête déjà à regretter amèrement ce qu'elle va lui dire. Mais... elle peut bien lui accorder ça. Elle peut bien... lui offrir ça. Elle sait déjà comment il va réagir. Elle sait déjà qu'il va s'éclater comme un enfant...
- Si tu veux... à défaut de se prendre la tête avec le maire, on peut toujours organiser une fête de mariage... sans mariage.
Avant que les chiens ne soient lâchés, qu'il parte dans tous les sens, imaginant déjà les lieux, le traiteur, les animations toutes plus hallucinantes les unes que les autres, et les communiqués pour informer la presse, Natasha retient son enthousiasme en levant un index qui se veut aussi rigide que dissuasif.
- Petit comité. Les proches uniquement. Pas de campagne de pub, de dirigeable dans le ciel de New-York. Je suis déjà beaucoup trop médiatisée depuis longtemps. Et la robe blanche, t'oublie. D'accord ?
Sa tête se penche légèrement de côté dans l'attente de sa réponse, ce qui lui donne un très faux air de jeune femme candide sur l'instant.
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Mar 21 Mai - 15:49
Wow.
Wow, oui. Wow. Telle est la pensée qui s’impose dans l’esprit de Tony Stark, qui explose même au cœur de son être après les mots… les paroles d’une Natasha Romanoff qui change de position contre lui, sur lui. Et qui l’impressionne. Et qui l’épate. Et qui le charme. Et qui le passionne. Et qui…
Elle le touche.
Elle fait ça pour lui, il le sait. Elle a senti son trouble, son émotion, comment sa réponse à elle l’a remué, lui. Elle a senti, elle a saisi, et elle… Elle veut corriger. Elle veut aider. Elle veut faire quelque chose, pour lui. Elle veut transiger, et lui donner quelque chose, pour compenser sa peine ; tout en respectant ses valeurs, à elle.
Tony entrouvre la bouche, en comprenant cela. Il l’écoute toujours. Il la sent toujours. Il… doit bien admettre que son corps réagit aux mouvements de Natasha, avec des éléments qui échappent à son contrôle – et qui le font rougir, tout en déclenchant des pulsions qu’il fait taire, pour l’instant.
Le moment n’est pas à cela. Le moment… demande plus ; exige plus. Sollicite plus.
Le moment vise l’amour. Le moment vise le lien réel, plus que physique, qui les unie – et qui s’amplifie, se solidifie, se renforce par ces instants, ces échanges entre eux.
Son cœur bat plus vite, ainsi. Ses mains, positionnées sur les hanches et le haut des fesses de Natasha, tremblent. L’émotion est palpable ; et visible, au moins dans le regard intense et riche qu’il fixe sur elle, sans jamais vouloir ni pouvoir le retirer.
Il souffle. Il respire, difficilement ; pas par douleur, mais par ce qu’il vit, ce qu’il ressent, oui. La bouche reste entrouverte. Et les lèvres… les lèvres forment finalement un sourire doux, et tendre, alors qu’un mince filet de voix s’échappe lentement de sa gorge.
« C’est… je sais. Je sais que… je sais que tu fais ça… pour moi. Je sais, oui, que rien ne peut t’être imposé – et que tu acceptes cela, aussi, en me le proposant. Mais je sais… oui, je sais que tu fais ça… pour moi. Pour nous, mais pour moi, en initiative. Et je… je… »
Il lève une main tremblante vers la nuque de Natasha, et forme une caresse tendre en se rapprochant d’elle.
« Les mots… ne suffisent pas… pour dire combien je suis… touché. »
Une pointe d’émotion terrible glisse dans son regard, dans son être.
« Je suis… vieux jeu. Malgré tout ce qu’on dit… ce que je dis… je suis vieux jeu. Je suis… de la vieille école. Je suis… j’ai été élevé… comme adepte du… mariage. Mais je… je sais que… ce n’est qu’un papier ; un écrin. Un bel écrin, parfois, pour de beaux amours. Un écrin… de prison, aussi… pour d’autres amours, plus répandus, hélas. Je sais que… ça… ça ne changera pas… ce qu’il y a entre nous. Mais j’admets que… oui, c’est… une pensée, que j’ai eue. Et là… et ça… ce que tu me dis, ce que tu me proposes… »
Il frissonne ; d’émotion.
« Je… ah. Que cela soit… inscrit dans le grand livre du destin, mais… ça devient régulier avec toi. Parce que… après ça, je… Je ne sais pas… quoi dire. »
Il forme un sourire ému, encore, et enchaîne.
« Mais je… ah, pour être honnête, je… ne sais pas. Je crois que… oui, je crois que, au fond, je préfère… pas vivre cachés, mais vivre ça… ensemble. Juste toi… et moi. J’ai… j’ai passé l’essentiel de ma vie à être… mis en avant ; à vivre publiquement, toute mon existence. Mes relations aussi. Je ne veux rien cacher, mais je veux… préserver ? Oui. Je veux… préserver, ça. Je veux… nous… préserver. Et surtout… »
Il se penche, glisse ses lèvres le long de l’épaule de Natasha, en remontant sur sa peau nue, vers son cou.
« Je te veux… juste… à moi. »
Il vole un baiser en dessous de son oreille, et se recule. Coquin, va. Il se doute de ce qu’il déclenche ; et il l’assume, dans ses réactions personnelles.
« Mais… une fête ? Une fête pour nous ? Une fête avec nos amis ? Une fête pour célébrer le fait d’être vivants, d’être heureux, d’être avec ceux qu’on aime ? Ouais ! Tellement, ouais ! Et bon… si ça me permet de sortir un costume superbe, élégant… pas noir, hein, mais une autre couleur… et si je peux te voir… aussi magnifique que tu l’es à chaque fois… Согласна, Наталья.. »
Son accent est abominable – mais le cœur y est, et c’est tout ce qui compte, non ? L’effort, et l’investissement dedans. Oh, et les baisers qu’il reprend, qu’il ramène à elle… qu’il dépose sur sa peau, en se rapprochant de sa bouche, pour signifier son émotion et son amour… aussi !
Elle ne se lassera jamais de ce spectacle. Un Tony abasourdi, ouvrant la bouche comme un poisson hors de l'eau, qui n'a... rien à dire. Cela n'arrive pas souvent, mais lorsque ça arrive et qu'elle en est la cause, elle ne peut retenir cette petite pointe de satisfaction amusée qui grimpe insidieusement dans sa poitrine.
Son émotion la touche. Elle adresse un beau sourire, doux et plein de tendresse, à celui qui restera à jamais un grand enfant. Old school, mais un grand enfant tout de même. Ils sont tellement différents... et pourtant ils y arrivent. Cela n'est pas toujours simple, pas toujours facile. Mais ils oeuvrent ensemble pour que ça fonctionne. Ce qu'ils entreprennent n'est pas si différent des autres couples finalement... Compromis, discussions, petites escarmouches qui se finissent invariablement sur l'oreiller. Ajoutons simplement à l'équation des sauvetages répétés du monde et le bottage de cul régulier de méchants, mais ils restent néanmoins un couple comme les autres.
Ou presque.
Un frisson coure délicieusement le long de son échine lorsque les lèvres de Tony parcourent sa peau de baisers.
- Hum okay... Lâche t'elle à demi mots, alors qu'il semble déjà plus qu'évident que son attention est tournée vers bien autre chose que la discussion.
Ses doigts s'enfouissent dans la chevelure brune, alors qu'elle est toujours au-dessus de lui, couché à même le sable fin de la plage, sur cette île parfaitement déserte, sous un dôme de nanotechnologies d'environ vingt mètres de diamètre... qui leur permet de profiter sans être vus... sans être entendus... et dont ils ne peuvent sortir qu'avec la bénédiction de...
- BALERINA...
Elle lui a promis une surprise. Et si la première était leur voyage impromptu, sans qu'il ne connaisse la destination où elle les amenait tous deux, la journée est loin d'être achevée...
Activation du protocole CM042... Code de contrôle 5734.59266.125141823... Protocole ACTIVE.
Les protocoles énoncés par la voix monocorde de l'intelligence artificielle ont de quoi surprendre. Par leurs lettres, en premier lieu. Un code très court que Tony ne connait pas puisqu'il n'en est pas le créateur. Puis ce code de contrôle... tellement plus long qu'à l'accoutumé, en séquence séparée par des points... qui n'a pas plus de raison d'être que les lettres qui amorcent le protocole natif.
Les doigts de Natasha enfouis dans la chevelure noire de Tony resserrent leur étreinte, alors que sa main libre glisse lentement le long de son cou, frôlant un pectoral, sa paume finissant sa course lancinante à plat sur l'abdomen du milliardaire.
Un sourire figé orne les traits de l'espionne, alors que son regard se voile, comme si elle ne distinguait plus celui qui se trouve pourtant au-dessous d'elle. Une lame s'extrait sèchement de l'intérieur de sa manche et pénètre profondément le ventre ainsi offert sous sa paume.
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Mar 11 Juin - 16:15
Il est bien. Avec elle. Grâce à elle. Il est en confiance. Pour l’une des premières fois de sa vie. Pour l’une des rares fois de son existence, constamment marquée par une prudence menant à la paranoïa. La faute à des pièges, des troubles, des drames qui ont émaillé ses années, son histoire globale. Mais également via les méthodes d’apprentissage, d’éducation d’Howard, qui pensait qu’il fallait, qu’il devait pousser Anthony aussi loin que possible, notamment en lui prouvant que rien n’est acquis ; et qu’il ne doit avoir foi en personne, hormis lui-même.
Tony a bien retenu la leçon, alors ; et longtemps. Il s’est replié sur lui-même, surtout après la mort d’Howard et Maria. Il s’est refermé, notamment quand il est devenu si jeune le président-directeur général de Stark Industries. Il s’est isolé, encore plus, lorsqu’il a été blessé, et est devenu Iron Man sans que personne le sache ; et pendant si longtemps.
Les femmes n’ont jamais réellement réussi à l’atteindre, ou si peu. Pepper, mais plus comme amie. Bethany, mais sans aboutir réellement. Rumiko, mais sur la base d’un mensonge. Et… et…
Et elle. Juste elle, en vérité.
Seule elle a réussi à percer l’armure ; car seule elle en a eu l’autorisation, au moins implicite. Il a accepté. Il a toléré. Il a voulu. Il a souhaité. Il s’en réjouit.
Alors que leurs corps se rapprochent, alors que les étreintes s’enflamment, Tony ne peut retenir un sourire. De plaisir, d’envie, oui ; mais aussi d’aise, de soulagement. De bonheur.
Mais… mais… Mais Tony Stark bénéficie d’un destin complexe, intense, prenant, exaltant ; mais difficile, douloureux. Dramatique.
« Hughn. »
Il grogne. Il grimace. Il souffre. Il peine. Il rouvre les yeux, quand il sent. Le contact ; froid, dur, direct. Gelé. Puissant. Brutal. Tranchant.
Il rouvre les yeux – mais les referme, aussitôt. Il tremble, alors. Il frissonne. Il peine. Il souffre, dans son corps mais surtout son cœur.
Pas ça, pense-t-il. Pas ça, non. Pas elle. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas… au moment où il s’ouvre à elle, à quelqu’un. Pas… quand il pense sincèrement pouvoir connaître et faire durer le bonheur. Pas… alors qu’il formule cet espoir réel, et vit le bonheur, et le partage, et en profite dans cette bulle de nano-machines, tous deux protégés de l’extérieur par ses inventions.
Ils sont protégés, oui ; mais pas lui, et uniquement de l’extérieur. Il est là, avec elle. Mais… mais elle… Elle agit. Elle attaque. Elle dit des mots, des phrases qu’il ne comprend pas – mais qu’il a laissés aller, qu’il a entendus sans écouter ; pour se plonger en elle, pour profiter du moment, pour s’oublier avec elle. Et là… là…
Là, elle le frappe. Là, elle le touche. Là, elle plante une arme dans son ventre – et Tony sent une douleur terrible, dans sa chair et son corps. Dans son cœur, surtout.
Il se sent happé, alors. Il se sent pris, par une vague de tristesse, de souffrance intime, de trouble personnel. Il a peur. Il est terrifié. Il est marqué. Il est déçu. Il est blessé ; physiquement, et moralement.
Et il se sent défaillir. Et il se sent disparaître. Et il se sent glisser. Et il se sent abandonn…
« NON !! »
Il hurle. Sans s’en rendre compte, sans le ressentir en avance. Il hurle d’instinct ; de rage, de rejet. De révolte. Il hurle, et la repousse – avec des mouvements fluides, avec une attaque basique mais directe ; et rendue efficace, parce qu’elle semble ailleurs, parce que ses yeux sont dans le vague (comment ? pourquoi ?). Parce qu’il a été entraîné, pour ça ; par elle.
« N… non… »
Il la repousse. Il recule. Il se tient ; le ventre, le corps. La plaie. Il se tient. Il souffre. Mais… son visage exprime moins la douleur, et plus la déception et l’incompréhension.
Pourquoi. Pourquoi, veut-il demander. Pourquoi, veut-il hurler. Pourquoi, veut-il lui arracher. Pourquoi ; mais il n’en fait rien.
Il recule. Il souffre. Il peine. Il se referme. Leur cocon est minuscule, et elle va revenir vite sur lui. Il doit agir, réagir ; et le fait, en se collant contre les nano-machines… qui répondent à elle, et pas à lui. Pas grave. Il n’oublie jamais de sortir couvert.
Sans un mot, il active un élément de sa montre – et les nano-machines se déploient. Des nano-machines moins fortes, moins puissantes ; plus rudimentaires. Mais elles vont faire ce qu’on attend d’elles. Elles se dispersent, elles se déploient.
Elles le protègent. Elles l’enferment, dans l’armure ; qui va le soigner, mais surtout le protéger. Le renfermer. L’éloigner. L’isoler.
Tony Stark a ouvert son cœur, et a été blessé pour cela. Il réagit d’instinct, alors. Il se replie, et se réfugie derrière son armure. Et ses armes, pour châtier ceux qui ont osé le toucher en plein cœur – avec un tir de répulso-rayon, qui file vers elle ; à puissance faible. Pour commencer…
Situation : Super Espionne, Super Héroïne, Super compagne de Tony Stark
Localisation : Mobile (ou éventuellement New-York)
Inventaire : - Deux bâtons courts
- Trois pistolets automatiques
- War Widow (au poignet ou portée)
- Deux bracelets utilitaires
Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Ven 14 Juin - 7:02
Les évènements prennent parfois une tournure inattendue. Ils devraient y être habitués. Car, quand on est un "super-héros" et que l'on passe son temps à combattre sans cesse, parfois contre des menaces dont on ne sait rien, voire carrément invisibles, on a conscience que tout peut basculer, d'une minute à l'autre, à n'importe quel moment. Les prévisions, les projections, sont parfois bien inutiles.
Comme aujourd'hui.
Qu'avaient-ils imaginé... Qu'ils auraient le loisir de passer un moment loin des conflits, à l'abri des menaces ? Que la vie leur permettrait, pour une fois, une rare fois, de profiter d'eux et simplement d'eux ? C'est ce qu'elle s'était plu à envisager, elle le reconnaitra sans doute plus tard. Si elle en a la capacité, l'opportunité.
Mais pour profiter d'une journée normale, d'un moment tranquille... autant aurait-il fallu se préoccuper des menaces qui pesaient sur leurs épaules. Ne pas les écarter d'un revers de main. Ne pas les oublier. Arrêter de remettre sans cesse au lendemain. D'imaginer que "pour l'instant ça tiendra". Car rien... ne tient bien longtemps quand il est question d'instabilité.
Natasha le toise d'un regard plat. Paré de son armure qui le recouvre comme une seconde peau, il n'est qu'à quelques mètres à peine, la bulle protectrice de BALERINA ne leur permettant guère de s'éloigner l'un de l'autre à une distance raisonnable, et de sécurité pour chacun d'eux.
Son visage est figé en un masque de concentration et de sévérité qui ne sera pas sans rappeler celui qu'elle arbore lors de certaines missions. Celles qui nécessitent un détachement total, une prise de recul immédiate. Celles qui impliquent de laisser ses sentiments, ses scrupules, ses états d'âme sur le bord de la route, bien loin derrière elle, comme elle est capable de le faire. Comme on lui a appris à le faire, comme on l'a conditionné à le faire, il y a bien des années.
Le tir fuse et percute son épaule. Parce qu'elle n'en aura pas eu le temps, peut-être parce qu'elle n'a même pas envisagé d'essayer, elle ne bouge pas, ne cille pas, n'essaie même pas d'esquiver, comme si elle se laissait blesser sciemment par le laser qui brûle le fin tissu de sa chemise, d'où s'écoule rapidement un filet de sang carmin qui tache la blancheur jusqu'alors immaculée de son haut.
- Anthony Stark. Enonce t'elle d'une voix où perce une froideur protocolaire qui contraste avec l'ambiance chaude et moite de la plage.
- De part les nombreuses exactions dont vous vous êtes rendu coupable sans que jamais justice ne soit rendue, vous êtes accusé de crime contre l'humanité.
Tout en disant ces mots, mais sans pour autant le quitter des yeux un instant, comme si elle édictait les règles d'un jeu simple et sans ambiguïté aucune, l'espionne détache les boutons qui enserrent ses poignets et retrousse méthodique chacune de ses manches jusqu'au coude, laissant apparaitre les bracelets de force que chaque personne qui a un jour combattu avec ou contre elle, aura vu au moins une fois dans sa vie.
Désactivation du protocole CM042... ERREUR SYSTEME. Désactivation du protocole CM042... ERREUR SYSTEME. Désactivation du protocole CM042... ERREUR SYSTEME.
Le dôme transparent qui les entoure, jusqu'alors perceptible uniquement via les quelques reflets irisés qui parcouraient sa surface par moment, se met à luire avec force alors que la voix plus robotisée que d'ordinaire de BALERINA résonne tout autour d'eux. Elle semble avoir perdu cette touche de sentiments que le génie insuffle toujours à ses intelligences artificielles. Pour les rendre plus vivantes... pour les rendre plus... humaines.
Quelque chose interfère, entre en conflit avec l'IA de Stark Industries pour essayer de lui faire rebrousser chemin. Pour tenter d'annuler un processus qui a été enclenché bien à son corps défendant.
Activation des protocoles d'urgence... ERREUR SYSTEME. Désactivation du dôme de protection... ERREUR SYSTEME.
Natasha fait un pas en direction de Tony, son regard voilé de nuit toujours aussi impénétrable posé sur lui. Sa main tient le manche d'ébène d'un couteau à la lame ensanglantée. Ce même métal qui se trouvait fiché dans l'abdomen du héros quelques minutes auparavant. Son autre main, poing serré, déplie lentement ses doigts et, d'un geste brusque sur le côté, fait apparaître un bâton de la longueur d'un avant-bras, qui se pare d'une électricité de mauvaise augure.
- La sentence décrétée est la mort et elle est immédiate.
Dans un bond d'une souplesse et d'une rapidité dont seuls les Mutants et les êtres génétiquement modifiés sont capables, le bâton électrifié s'abat sur la jointure du genou de l'armure d'Iron Man, faisant vibrer le métal et le parcourant d'éclairs qui s'insinuent dans les aspérités qu'ils pourront rencontrer sur leur chemin. S'accroupissant vivement pour éviter un éventuel coup, la jambe de Natasha pivote alors que son talon percute la menton d'acier. Si l'on en juge par la force de ses coups et la stratégie qu'elle a décidé d'employer, ne reste plus de doutes quant au fait qu'elle est sérieuse.
Le dôme luit fortement de plus belle, puis se met bientôt à clignoter comme le circuit électrique d'une ampoule détraqué par un violent orage.
Activation des protocoles d'urgence... ERREUR SYSTEME. Activation du protocole d'urgence protéger Anthony Stark... ERREUR SYSTEME. Activation du protocole d'urgence protéger Natasha Romanov... ERREUR SYSTEME.
Soudain, les nanotechnologies qui constituent l'essence et l'intégrité même du dôme explosent tout autour d'eux, à l'image d'un miroir qui se brise dans un bruit assourdissant de métal et de verre pilé. Les fines particules technologiques peinent à se rassembler, à se reconstituer. Elles tressautent tels des milliers d'insectes privés d'air, comme irrésistiblement attirées les unes vers les autres et finissent laborieusement par se reconstituer sous la forme d'un bracelet qui s'échoue, inerte, dans le sable fin.
Une voix résonne alors dans le casque Iron Man.
Protocole BACK DOOR FRIDAY enclenché... Transfert de propriété de l'IA BALERINA à Anthony Stark... ACTIVE.
Boss. Une anomalie a été détectée dans les systèmes WAR WIDOW.
Analyse incomplète... Résultats... Corruption de l'armure WAR WIDOW. Corruption opérationnelle de BALERINA quand elle est liée à WAR WIDOW. Protocoles WAR WIDOW hors services.
Causes potentielles détectées... Piratage des systèmes électroniques WAR WIDOW. Modifications de l'intégrité physique WAR WIDOW. Défaillance matérielle.
Solutions immédiates... Activation du protocole BACK DOOR FRIDAY. Transfert de la conscience BALERINA à Anthony Stark. Désactivation totale de WAR WIDOW.
Solutions préconisées... Neutraliser Black Widow. Dépêcher une équipe d'urgence du S.H.I.E.L.D. Mettre l'agent Black Widow aux arrêts.
Situation : Président directeur général de Stark Enterprises.
Localisation : Entre New York et Los Angeles.
Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Ven 14 Juin - 14:33
« Hughn. »
Il grogne. Il peine. Il souffre. Des attaques directes réalisées par N… Black Widow. C’est Black Widow qui l’attaque, là. Pas Natasha. Pas Nat’. Pas… pas Natalia, encore moins. C’est Black Widow qui l’attaque. C’est Black Widow, pur produit de la Red Room, élève et soldate émérite de cette structure abominable, qui se lance et se jette sur lui, avec une vitesse qui dépasse celle attendue pour tout être humain ; et il n’en est même pas surpris. C’est Black Widow, qui profite de sa douleur et de sa gêne, à cause de sa blessure malgré les soins apportés en interne par son armure, pour le frapper. Le toucher au genou, pour le faire chuter, et le frapper au menton, pour le faire reculer.
Il le sent. Il ressent tout ça. L’armure est bonne – évidemment, elle vient de lui ; mais pas aussi bonne que d’autres. Elle est moins forte, moins puissante ; moins résistante. Il ressent chaque coup. Dans son corps, dans sa chair… dans son âme, aussi. Bien que celle-ci souffre moins de ses attaques – et plus, hélas, des mots prononcés par une voix froide, mécanique, automatique ; qui confirme ses pires craintes, alors qu’il relève son casque froid et dur, qui cache habilement le trouble de son visage.
Elle n’est plus là. Natasha. Nat’. Natalia, surtout. Elle n’est plus là. Une autre a pris le contrôle. Une autre conscience. Une autre essence. Une autre personnalité. Une fonction, même. Une machine. Une machine à tuer. Une machine à abattre. Une machine à servir. Une machine à détruire.
Et là… c’est lui. C’est lui la cible. C’est lui la victime. C’est lui… le coupable de ces crimes que cette voix froide émet, ce qu’il essaye de se rappeler, de se convaincre. Pour se protéger. Pour se dire que Nat’ ne pense pas ça. Pour se dire qu’il n’est plus ainsi, qu’il est mieux. Pour… pour essayer de…
« Stop. »
L’ordre vaut autant pour elle que pour lui-même. Stop. A tout. A son attaque. A cette folie. A ses dérives.
Il se redresse, et récupère au passage le bracelet de nano-machines, qui se sont repliées suite au protocole d’urgence ainsi enclenché ; et qui confirme la gravité de la situation. Putain de bordel de merde, comme on dit, ça pue. Tony se relève, et intègre le bracelet à son armure, tandis que la liaison avec BALERINA s’enclenche.
Dans son casque, sans que N… sans que son agresseur ne puisse l’entendre, Tony formule quelques mots et indications à l’I.A. fragmentée et limitée par le protocole, qui rejoint son système.
« Hey, BALERINA… la forme ? Ouais, moi non plus. Bon, je… FRIDAY n’est plus avec nous ; pas encore. Elle se remet de… elle se remet, mais elle va revenir ; vite, je pense. J’espère. Bref. BALERINA, je lance mon I.A. de secours, d’accompagnement, pour te remettre et te retaper, okay ? Je… sais que le protocole te met en mode basique, mais… j’vais avoir besoin que tu te scannes et que tu checkes… ce qu’il se passe. La consigne, l’ordre, la question, c’est… et bien, c’est quoi ce bordel ? Dis-moi ce qu’il se passe, transmets les constantes de… de Black Widow ; avant et après les attaques. J’veux savoir ce qu’il s’est passé, comment, et pourquoi. Et je… ouais. J’entends tes préconisations, et je… ouais. Okay. »
Il coupe la communication, et acquiesce lentement. Oui. Il a entendu. Il sait. Il doit la neutraliser. Il doit la stopper. Il doit appeler le S.H.I.E.L.D. et ses équipes. Il doit l’empêcher de commettre des dégâts ; pour les autres… pour elle. Il doit l’arrêter. Il doit appeler de l’aide. Il doit laisser faire des professionnels. Il doit… il… il d…
« Et merde. »
Il doit, oui. Il le doit. Oui. … depuis quand Tony Stark fait-il ce qu’on attend de lui, mmh ?
« Tu veux me tuer ? Tu veux me mettre à mort ? Tu veux… me punir ? Ouais. Tu veux me tuer. Okay. Quelqu’un t’a envoyé pour ça. Quelqu’un… quelqu’un t’utilise pour ça, ouais. Okay. Mais… ah. Il a oublié quelque chose. Ils ont oublié quelque chose. Qui tu es. »
Il se redresse, encore. Il bombe le torse, même s’il souffre ; parce que les soins de l’armure servent uniquement à gérer la plaie, parce qu’il refuse les antidouleurs. Il se redresse. Il bombe. Il continue.
« Tu es… toi. Natasha Romanoff. Natalia Alianovna Romanova. Nat’. … Natalia. Tu es Black Widow. Tu es la meilleure de la Red Room. Tu es l’agente la plus terrible des services secrets russes et soviétiques. Tu es… celle qui a fait défection. Tu es la traîtresse. Tu es celle qui a suivi ton cœur et ton âme. Tu es celle qui a vaincu ; et la loyauté indue, et la peur, et les protocoles, et les contrôles. Tu es une héroïne. Tu es une super-héroïne. Tu es une cheffe. Tu es… Tu es une femme formidable. Tu es… la plus terrible, la plus insupportable, la plus adorable, la plus crispante, la plus passionnante… des femmes. Tu… tu es… »
Sa voix se brise, sous son casque ; mais il continue, quand même.
« Tu es… la femme que j’aime. Mais surtout… tu es Natasha Romanoff. Et tu… tu ne cèdes pas ! Tu ne romps pas ! Tu ne leur cèdes pas ! Ni à moi ! Ni à eux ! JAMAIS ! »
Il s’emporte. Il se reprend ; mais la fougue… l’amour demeure.
« Alors… alors… alors si tu veux vraiment… alors si tu veux vraiment me tuer… et les suivre… et accepter… et céder…. Fais-le. Vas-y. Fais-le. Fais-le ! »
Il s’avance. Il ouvre les bras. Il s’arrête. Devant elle.
Sans défense. Sans se défendre. Sans attaquer. Il attend. Il l’attend ; elle. Pas Black Widow… mais Elle.
« FAIS-LE !! »
Si elle n’est vraiment plus là… s’ils ont vraiment fait céder Natasha, Nat’… Natalia… Qu’elle le fasse, alors. Qu’elle le fasse. Qu’elle le fasse…
Situation : Super Espionne, Super Héroïne, Super compagne de Tony Stark
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Re: Nothing Else Matters [Natasha Romanoff] Mar 18 Juin - 22:06
Bien reçu Boss !
L'IA ne se fait pas prier pour exécuter les ordres transmis par son créateur. Et bien qu'elle soit encore loin d'égaler ce qu'elle est capable de faire lorsqu'elle est intégrée à War Widow, pour laquelle elle a été conçue, elle reste une IA Stark. Et les Intelligences Artificielles Stark... eh bien... elles assurent, toujours, contre vents et marées. Ou presque.
L'IA de secours déclenchée par Tony est déjà au boulot. Elle répare, retape, comble les codes manquants, comme un biologiste appliqué le ferait sur une espèce en voie d'extinction.
Analyse rétroactive des constantes de Black Widow... Archives... M-10 avant activation code CM042... Pouls 41 battements par minute, température 37,5°, pupilles normales, tension artérielle 12,6. Archives... Instant T activation code CM042... Pouls 63 battements par minute, température 37,7°, pupilles dilatées à 40%, tension artérielle 13,5. Archives... Instant T attaque contre Anthony Stark... Pouls 76 battements par minute, température 37,9°, pupilles dilatées à 60%, tension artérielle 14,3.
Analyse des constantes de Black Widow... Instant T... Pouls 57 battements par minute, température 37,7°, pupilles dilatées à 40%, tension artérielle 13,5.
BALERINA cherche, fouille dans les archives, dans toutes les archives. Pour celles qui sont encore à sa disposition. Elle se tait, mais le travail n'est pas terminé. Elle fait vite. Aussi vite que son état de fonctionnement le lui permet à cette minute. Mais L'IA de secours est là, opérationnelle totalement, elle. Alors elle fait ce pourquoi elle a été créée. Elle répare. Elle soigne les circuits endommagés, les codes dénaturés. Elle rend peu à peu ses lettres de noblesse à BALERINA et cette dernière compte bien être à la hauteur des attentes de son créateur.
Natasha toise Tony d'un regard où perce de moins en moins le vert profond qui le caractérise en temps normal. Comme si, peu à peu, ses pupilles prenaient l'ascendant sur ses iris, la noirceur prenait le pas sur tout le reste. Si cela donne à son visage un air lugubre, celui de la meurtrière sans aucun scrupule qu'elle est actuellement, cela implique aussi forcément autre chose... une vision nettement plus réduite que d'ordinaire. Il est donc fort à parier que la Black Widow qui se tient face à lui ait sérieusement perdue en acuité visuelle.
Elle le dévisage sans mot dire, alors qu'il se lance dans un long discours qui aurait sans doute tiré la larme à l'oeil de n'importe qui. N'importe qui d'autre. Natasha, elle, se contente de le fixer d'un air plat, alors qu'elle lance son couteau, le rattrape par le bout de la lame, puis le relance et le rattrape en une valse sans fin, encore et encore.
Si elle était humaine, BALERINA se demanderait sans doute si son patron imagine vraiment qu'il peut la ramener par de jolis discours larmoyants ou s'il essaie simplement de gagner le plus de temps possible, afin qu'elle trouve une solution, une explication peut-être, à ce qu'il est en train de se passer aujourd'hui. Mais BALERINA ne pousse pas son humanité jusque là, et peu importe les raisons pour lesquelles Tony Stark prend autant de risques. Tout ce qui compte à cet instant, c'est de trouver une issue.
- Très joli monologue. Même si je n'ai pas la moindre idée de la personne dont tu parles. Lance t'elle en arquant un sourcil.
Mais Tony n'en a pas terminé. Tony... n'a jamais terminé. Il essaie encore de lui rappeler qui elle est. Qui elle est pour lui. Mais cela ne semble pas porter, quels que soient les efforts qu'il déploie. Il s'avance, d'un pas, puis un second. Il se rapproche inexorablement de celle qui est actuellement sa pire ennemie sur terre, vraisemblablement. Natasha le dévisage, ne semblant pas perturbée le moins du monde par ses efforts pour la ramener. Comme si ce n'était pas à elle qu'il s'adressait, et qu'elle attendait patiemment son tour. Et Tony se tient, là, devant elle, bras écartés, bras grands ouverts dans sa direction. Offert.
Fais-le.
Un sourire glacial étire à peine les lèvres de l'espionne qui lui répond simplement, d'un air factuellement détaché.
- C'est l'idée.
Elle s'élance, aussi vive qu'un serpent, aussi souple qu'une panthère. Une Black Widow dans toute la splendeur féroce qui fait d'elle une redoutable combattante, et que l'on pourrait apprécier à sa juste valeur en d'autres circonstances.
Dix mètres.
Boss ! Solution envisageable... 1 Analyse des chances...
Sept mètres.
...de succès... Indéterminées. Analyse du niveau de fiabilité... Indéterminé. Nouvelle analyse d'après les paramètres du dossier S.H.I.E.L.D nom de code BW...
Deux mètres.
Analyse des chances de succès... 70%. Analyse du niveau de fiabilité... 56%.
La lame se presse contre le cou de Tony, l'entaillant très légèrement, au moment où celui-ci valide la solution proposée par l'IA qui, bien qu'elle n'ait guère eu le loisir d'en dire d'avantage, est la seule alternative qui soit à leur disposition à cet instant.
Une voix résonne fortement à travers les micro hauts parleurs disséminés sur le casque de l'armure de Tony. Mais en lieu et place de celle de BALERINA, c'est l'empreinte vocale d'un sombre personnage qui inonde la plage de son timbre puissant et sévère, avec un très fort accent russe.
деактивация CM042 Black Widow. заказ 5734.59266.125141823 отменен.
Grigor Ivanovitch Pchelintsov, "éminent" membre de la Red Room, aujourd'hui sans doute aussi âgé qu'on peut l'être, s'il n'a pas été assassiné entre temps et salement, souhaitons le. Psychotechnicien de génie à qui l'on doit la création de souvenirs factices implantés dans les esprits des jeunes recrues formées à devenir des Widows, et créateur pervers d'un certain nombre de conditionnements qui gangrènent le cerveau de Natasha et de tant d'autres cobayes.
L'effet est immédiat. La lame se fige contre la gorge de Tony, ne laissant filtrer que le mince filet de sang d'une entaille peu profonde. Les doigts se relâchent un à un autour du manche du couteau, qui atterrit sans un bruit dans le sable à leurs pieds. Le bras de Natasha retombe lourdement le long de son corps, se cognant contre son flanc, alors qu'elle balaye d'un oeil hagard le sol, puis le ciel, la mer, l'orée de la forêt luxuriante... jusqu'à se poser sur lui.
Ses paupières sont plus lourdes, son regard totalement embrumé, comme si elle venait de s'éveiller après une nuit bien trop courte et un manque de repos flagrant.
- To...ny...? Articule t'elle péniblement, comme si il lui avait fallu une bonne minute pour le reconnaitre, sans pour autant en avoir la certitude absolue.
Ses cils papillonnent vivement, comme quelqu'un qui essaie d'échapper à un cauchemar, après un réveil trop agité. Elle baisse les yeux sur elle. Sur sa tenue. Sur sa... manche... tachée d'un sang rouge et frais. Sur sa... main... baignée d'un sang qui ne semble pas lui appartenir.
Elle relève le visage, lentement, tétanisée, horrifiée. Son regard suinte d'une sourde angoisse, alors qu'elle croise celui de Tony.
- Tony... je n'ai pas... dis moi que je n'ai pas...
Son murmure consterné meurt au fond de sa gorge, lorsque ses iris d'émeraude se posent sur l'entaille qui trône sur la peau rasée de près de son cou. Trop peu de sang ne s'écoule de cette blessure pour que celui qu'elle a sur les mains ne provienne de là. Ce qui implique... ce qui signifie...
Ses mains tremblantes s'élèvent jusqu'à ses lèvres pour en couvrir le cri silencieux qui refuse de s'en extirper. Des larmes perlent au coin de ses yeux, alors que son esprit n'arrive plus à suivre le fil des évènements, n'arrive pas à reconstituer ce qu'il vient de se passer, comme un tourbillon qui n'a ni queue ni tête. Et pourtant... elle s'en doute, au fond d'elle. Et cela... la terrifie.
Debout, face à elle. Droit, comme un I. Fièrement dressé, dans cette armure improbable, de poche pourrait-on dire même, alors qu’elle a si peu de fonctionnalités, et tant dédiées en urgence aux soins dont il a besoin. Il attend. Il lui fait face.
Déterminé et fier. En apparence. En apparence seulement, en vérité. Sous le casque, littéralement sous l’armure, Tony Stark… n’est pas bien ; pas bien du tout.
Il a mal, déjà. Même s’il est bien moins précieux que beaucoup le pensent, même s’il a déjà eu quantité de blessures, et est aguerri à la souffrance depuis son enlèvement et sa lourde blessure, il… il a mal. Il déteste avoir mal. Il déteste souffrir. Il déteste se sentir… faible. Vulnérable. Faillible. Pas en pleine possession de ses moyens. Pas fort. Pas parfait. Il peine, ainsi, et ne doit le maintien de sa station debout que grâce à l’équilibre interne de l’armure. Les soins donnés font du bien, guérissent ses chairs, mais… les antidouleurs sont peu nombreux, et surtout peu donnés, au vu de son passif d’alcoolique.
Il a mal, oui. Physiquement, la douleur est difficile, lourde et intense. Moins, cependant, que la peine mentale qu’il ressent. Une peine causée par… la peur, en vérité. Il est terrorisé, oui. Il est terrorisé, parce qu’il ne sait pas… il ne sait pas si elle va revenir. Il ne sait pas si son plan, particulièrement audacieux et même complètement taré et suicidaire, va fonctionner. Il ne sait pas si elle peut revenir. Il ne sait pas si… elle… un jour, elle…
« Hrm. »
Il grogne, sous son casque, alors qu’elle approche – et que l’intelligence artificielle analyse les données, les trie et cherche. Quelque chose. Une voie. Une solution. Une idée. Un miracle. Elle semble trouver quelque chose, mais… mais… mais il a un doute. Est-ce que ça va fonctionner ? Est-ce que ça peut fonctionner ? Est-ce que… est-ce qu’elle… va revenir ? Lui revenir ?
Peut-être. … mais sûrement pas si elle ne voit que la figure froide de l’armure.
« Encore une idée de génie, Stark… ça te tuera, clairement. »
Il murmure ces quelques mots pour lui – et force les sécurités, qui l’empêchent un moment de donner son ordre. Il réussit, finalement. La commande est passée. Les nano-machines se rétractent… de son visage.
Son visage, marqué par la fatigue et les événements, se révèle – alors que l’I.A. tente. Le tout pour le tout. La dernière chance. La commande. La seule qu’elle a trouvé… la seule qui peut fonctionner ?
Sous les yeux surpris de Tony, le bras de Natasha retombe lourdement. Elle s’arrête, alors. Elle arrête son geste. Elle qui avait posé sa lame sur la peau nue de Tony, libérée sur sa commande – définitivement une idée de génie, assurément – retire l’arme, et la menace. Son regard erre tout autour, alors. Son esprit tente de comprendre, d’analyser ; de se remettre. Ça vient vite, cependant. L’espionne est vive d’esprit, et hélas… habituée.
Elle voit. Elle comprend. Elle agit.
Natasha se jette sur lui, parle ; elle parle vraiment. Elle est vraiment là. Il ne dit rien. Il encaisse. Il accepte. Il se remet, aussi ; mais pas longtemps. Parce que… parce que…
Natasha hurle. Natasha se crispe. Natasha s’effondre. Natasha cède. Natasha se perd, face à tout ça. Et Tony…
Tony souffre, peine, est marqué – mais lui ouvre les bras, et la serre contre lui ; contre son torse, en essayant de la maintenir debout. Il baisse un visage marqué par les coups, les événements et la souffrance vers elle.
Il ferme les yeux. Et murmure, d’une voix lente – qu’il veut plus douce, plus tendre, plus rassurante que jamais.
« Ça va. Ça va vraiment. Tu as… mais c’est fini. C’est fini. Tu n’as rien fait d’irréparable. Ça va. Ça va vraiment. Ça va aller. Tu vas… on va s’en sortir. On va s’en sortir. Tu vas aller. On va s’en sortir. On va s’en sortir. »
On, oui. Pas elle ; eux deux. Elle est affectée, il en est touché. Il ne la lâche pas. Il ne fuit pas. Il ne se réfugie pas dans son armure. Elle l’en a fait sortir, alors… il va aussi la faire sortir de tout ça. Ils vont s’en sortir. Ensemble.
Le blanc. Certaines personnes le voient comme une couleur. Pour d'autres, il est en exclus, à l'instar du noir. Il symbolise la pureté, la douceur, ce qui est sain, lumineux, la bienveillance, en quelques sortes. Pour Natasha, le blanc est l'ennemi absolu. Il incarne le vide, l'absence, ce qui a été perdu, ce qui manque. Un blanc qui peut parfois être comblé, mais pas systématiquement.
L'expression "J'ai un blanc", ne vient pas de nulle part. Chacun a déjà rencontré ce phénomène au moins une fois dans sa vie. Que ce soit le voile opaque d'un lendemain trop arrosé, ou le simple mot qui reste perché au bout de la langue sans se décider à s'en extirper une bonne fois pour toutes.
Elle ne se rappelle pas. Elle ne sait pas. Elle se retrouve totalement démunie face à sa propre mémoire ou plutôt son absence de mémoire.
Elle fait tout ce qu'elle peut pour ne pas céder à la panique. Elle est une espionne, son sang froid c'est sa survie, son atout, son joker. C'est ce qui lui a permis de survivre jusqu'à aujourd'hui, entre autres choses. Mais là... dans cette situation précise... comment gérer.
Elle lui a fait du mal, c'est certain. Et s'il a revêtu son armure c'est soit pour se protéger d'elle, soit pour que les nanomachines le soignent. Sans doute... les deux. Ses lèvres se pincent, ses sourcils se froissent quand il la prend au creux de ses bras. Comment peut-il... en de pareilles circonstances, alors que c'est elle qui devrait le réconforter et présenter des excuses. Comme si ça allait être suffisant.
- Il faut te soigner Tony... tout de suite...
Natasha est rarement démunie face à une situation. Elle a déjà blessé des proches. Elle a même tenté d'en assassiner certains. Mais c'était il y a longtemps... et si elle ne s'est jamais considérée comme absoute ou n'a imaginé que le risque était désormais nul, aujourd'hui est un coup vraiment très difficile à encaisser... Et, quoi qu'il en dise, il le sera aussi pour Tony.
Analyse de la défaillance matérielle géolocalisée. Puce n°247-539-147-367 modèle Stark Industries, brevet international Stark Industries. Remplacée par Puce n°247-539-I47-367 modèle inconnu, aucun brevet déposé, aucun acte de commercialisation légal sur le marché international, aucune mise en vente sur le Dark Web.
Le regard de l'espionne s'affute d'un fil aussi tranchant qu'une lame, alors que ses prunelles d'émeraude croisent celles de Tony en une expression aussi contrite que furieuse. Celui qui a piraté War Widow semble s'être donné beaucoup de mal.
Traçage des composants électroniques de la Puce n°247-539-I47-367 modèle inconnu... EN COURS... Traçage de la carte son... EN COURS...
Le silence s'installe. Il est long, terriblement long. Malgré toute l'intelligence dont elle a été pourvue, BALERINA n'est pas FRIDAY. Elle est moins rapide mais grâce à l'armure de Tony et parce que l'intégralité de son contrôle lui a été transmis, elle a accès à l'immense base de données des serveurs hautement sécurisés de la Stark Tower.
Fabriquant de la carte son... Inconnu. Encodage de la carte son... Hackeur nom de code SPECTRO. Employé par Mimo Analytics. Société écran. Employée par Securitas Analytics. Société écran. Employée par...
La liste des sociétés qui font écran les unes aux autres est tout bonnement édifiante. La main de Natasha s'élève presque en un réflexe vers la joue de Tony. Lentement... comme si elle craignait de le blesser par son seul contact, ou... comme si elle redoutait qu'il la rejette. Ce qui serait plus que compréhensible.
La voix de l'IA pourrait presque la bercer si elle n'était pas en train d'énumérer un nombre parfaitement improbables de sociétés écrans les unes après les autres, comme l'on enfilerait des perles sur un collier beaucoup trop long.
Au bout d'une bonne cinquantaine de noms, BALERINA s'arrête quelques secondes avant de conclure.
Employée par... Baintronics Incorporated.
Le visage de Natasha devient blême et elle s'attend à une réaction plus qu'immédiate et surtout démesurée de la part de Tony. Elle croyait Baintronics démantelée... il faut croire qu'Arno a trouvé une manière de la remettre sur les rails.
- Tony.
Son ton est un peu plus ferme mais c'est un regard très doux qu'elle pose sur lui. Arno est de ces êtres qui commettent les pires bassesses et abjections qu'il soit en vertu de leur ambition démesurées. Mais... elle l'a sous estimé, elle doit le reconnaitre. Car jamais... non, jamais... elle n'aurait imaginé qu'il se servirait d'elle pour atteindre Tony. C'est la seule chose qu'elle lui reconnaitra. L'utiliser pour le tuer est... sans aucun doute... parmi le top 5 des évènements les plus cruels qu'il lui aura été donné de provoquer.
- Ce n'est pas le moment... et tu le sais. Pour l'instant il faut te soigner.
Si Tony décidait de l'épargner. Si le jour où ils se feront face il a encore suffisamment de coeur et de pitié à son égard pour lui laisser la vie sauve. Alors ce jour là.... elle tuera Arno Stark.
Elle s’inquiète. Elle a peur pour lui. Elle craint que ses marques, blessures, plaies s’infectent et menacent sa survie. Elle n’a pas tort, en soi. Car s’il ne se plaint pas, ce qui peut surprendre vu sa tendance à râler sur tout, et notamment le moindre choc à l’orteil… Tony Stark ne dit rien en vérité, ici. Rien du tout. Pas un mot. Parce qu’il a mal. Parce qu’il souffre. Parce qu’il tient à peine debout.
Bien sûr, oui, qu’il doit se soigner. Il acquiesce, de mauvaise grâce, et soupire. Bien conscient qu’elle ressent autre chose, aussi. Elle culpabilise.
Natasha Romanov culpabilise abominablement, terriblement, brutalement ; avec une intensité, qui devient une souffrance terrible. Cela le touche. Cela le marque. Cela le marque. Cela… Il ne sait pas quoi dire. Il ne sait pas quoi faire. Il entend les avancées de BALERINA, qui fait ce qu’elle peut mais dispose de délais de traitement longs ; trop longs. Une part de lui occupe son esprit, le coupe d’une partie de la douleur, pour se concentrer sur les éléments techniques qu’il faudra modifier pour améliorer cela, mais… mais…
Mais ces pensées s’évaporent. Mais cette distraction cesse. Mais ce moment de pause de son esprit explose. Parce que… BALERINA aboutit à un résultat ; et le corps de Tony Stark se redresse, se fige, s’électrise en un instant. Sous le choc. Sous la révélation.
Baintronics Incorporated. La puce responsable de l’attaque, du bug, du piratage, des troubles… de tout ça. Elle vient de là. Elle a été changée, elle a été remplacée, et elle vient de là. Baintronics. Bain. Sunset Bain. Son ex. Une de ses ; particulièrement toxique. Particulièrement tarée. Particulièrement sal… mauvaise, méchante. Violente, brutale, égocentrique, possessive.
Il n’est pas surprenant que Sunset tente une attaque, contre eux ; contre Natasha, surtout. Mais… mais cela implique un degré de sophistication, une technologie, un… un savoir… Il se fige, alors. Il comprend. Il se rappelle. La douleur le trouble, le gêne – mais son esprit retrouve son élan, sa dynamique ; et il se rappelle.
Sunset partage désormais le contrôle de Baintronics avec… avec…
« Ar… no. »
Natasha parle, déjà. Natasha intervient, déjà. Elle sait. Elle sait ce qu’il va penser. Elle sait comment il va réagir. Elle sait la fureur qui est la sienne, elle sait que ce n’est jamais bon quand Tony Stark est énervé. Il le sait aussi. Il se craint, ainsi. Mais… son visage change, alors.
Son corps tremble, et plus uniquement à cause de la douleur. Arno. C’est Arno – Sunset, mais surtout Arno. Arno. Ce… ce fils… cet… Arno. Son frère. Ce frère. Cette sorte de frère. Ce… ce n’était pas assez, déjà ? Ce n’était pas assez, de détruire la Station Spatiale Stark ? De voler sa technologie – la sienne oui, bon sang, car Tony a créé par lui-même, sans récupérer les archives d’Howard ? De construire des abominations avec ? De… d’attaquer FRIDAY, de… de la…
Non, en fait. Non, finalement. Non, apparemment. Ce n’était pas assez. Pour Arno, tout ça n’était pas assez pour attaquer Tony. Très bien, alors ; très bien. On va voir. On va voir ce que ça fait. On va voir ce que ça va donner. On va voir ce qu’Arno dira, quand Tony en aura fini avec lui. On… on va…
« Humf. »
Il souffle. Il soupire. Il se relâche. Il relâche ses muscles, il relâche sa pression, il relâche… il se relâche. Il se calme. Il s’apaise. Il se surprend – mais il réussit. Par lui-même, mais aussi parce qu’elle est là, parce qu’elle le lui dit ; parce qu’il finit par comprendre, et accepter.
« C’est… vrai. Note-le, hein, que… je dise que… tu as raison, mais… ouais. Là… là, mieux vaut… se soigner. Tous les deux, hé. »
Tony forme un sourire sarcastique, et blêmit. La douleur s’intensifie, et la faiblesse augmente. Ça n’est pas top, là. Il s’en rend compte, et baisse la tête ; usé.
« Tu… ah. Dans… dans cette… super surprise que… que tu as… organisée, et qui… bon, qui sera un souvenir… contrasté mais… intéressant, haha… Donc… dans toute ta… surprise… tu n’aurais pas… un plan d’évacuation de secours, super… rapide et efficace… non ? Je t’avoue que ça… ça m’arrangerait… vachement… là. »
Il sourit, un peu. Il glousse un peu. Il prend sur lui, beaucoup. Il joue le jeu, encore plus. Mais… ça ne va pas durer. Et il va falloir qu’ils sortent d’ici, pour espérer s’en sortir !
La pulpe de son doigt balaye doucement la joue sur laquelle sa main repose depuis quelques secondes. Elle esquisse un sourire qu'elle imagine convainquant, sans en avoir la certitude cependant.
- Je note toujours quand tu reconnais que j'ai raison. Et tu serais surpris du nombre de fois où tu l'as dit. Lâche t'elle dans un clin d'oeil.
Elle a bien cru qu'il allait céder. L'espace d'un temps qui lui a paru atrocement long, elle le voyait déjà s'envoler vers les cieux à toutes berzingues pour aller lui seul sait où, fomenter lui seul sait quel plan contre Arno, alors qu'il est plus que probable que le sang se répande encore sous l'armure qu'il porte.
Mais il n'en a rien fait. Il n'en fait rien. Et, pourtant, elle peut distinguer très nettement à quel point cela lui coûte. Parce qu'elle le connait, dans un premier temps, et parce que ses tremblements, ses muscles bandés, sa mâchoire qui se contracte sous ses doigts, en sont la preuve flagrante.
La maîtrise de soi n'est pas l'apanage de Tony Stark. Il surprend toujours quand il y parvient. Mais, là aussi, elle le voit, elle le constate. Il en est de plus en plus capable. Il y arrive de mieux en mieux. Peut-être devrons-nous mettre celle-ci sur le compte de la souffrance due à sa blessure. Mais peut-être pas uniquement...
Quoi qu'il en soit, son état et ses tentatives d'humour ne provoquent pas l'effet escompté, alors que l'espionne se rembrunit bien vite. Bien sûr qu'il faut l'évacuer, et le plus rapidement possible. Sauf que rien n'était censé se passer comme ça. Sur le principe, ils étaient censés repartir de la même façon qu'ils étaient arrivés : un filant à toute berzingue et en montant en vol dans l'avion au ras de l'eau car il n'a pas été conçu pour amerrir.
Natasha jette un bref regard vers le jet ski qui tangue au fil de l'eau à quelques dizaines de mètres de la plage. Sur le principe, il serait possible qu'elle aille le récupérer à la nage, le ramène, installe Tony sur le siège et le pousse dans l'eau. Sauf que... la mer est tout sauf une mer d'huile. Elle est agitée de nombreux remous, les vagues ne se sont pas calmées et si être malmenés par les éléments aurait pu s'avérer amusant en temps normal, dans cette situation ci c'est tout sauf une idée de génie.
L'esprit de la rouquine s'agite, réfléchit, analyse. Les situations d'urgence c'est toute sa vie. C'est sa came, comme l'on dit. Trouver des solutions quand il n'y en a pas, c'est son job. Entre autres choses.
Dane ? Hors de question. Il ne doit pas savoir que ses conditionnements sont visiblement à la portée du premier taré venu. Marc ? Yelena ? Même chose. En mieux, mais pas suffisant, bien que, si cette dernière finit par l'apprendre, ce qui arrivera très certainement, la discussion qui s'en suivra risquera d'être salée. Barton est en mission, injoignable. Le S.H.I.E.L.D ? Impensable. Ils la feraient enfermer pour son bien, mais surtout pour celui des autres. Ce en quoi ils n'auraient pas complètement tort dans un sens. Mais même si la direction a changé, elle n'est pas encore prête à confier de nouveau sa vie à ces... gens là.
Soudain un sourcil s'arque sèchement. Une idée. Oui... bien sûr... il n'y en a pas d'autre à première vue et le temps presse. Elle remonte prestement sa manche droite, révélant un bracelet de cuir et le porte jusqu'à ses lèvres.
- Canal de sécurité : Urgence Avengers. Communication privée : Docteur Stephen Strange.
Elle n'a même pas le temps de relâcher une expiration qu'il est déjà au bout du fil. Si l'on peut dire.
- Bonjour Docteur Strange, ici Black Widow. Navrée de vous déranger mais j'ai une faveur à vous demander. Je n'ai pas trop le temps de rentrer dans les détails, mais Tony est gravement blessé et je vais avoir du mal à l'évacuer vu notre localisation. Pouvez-vous hum... ouvrir un portail, ou quelque chose du genre, qui nous conduirait jusqu'à la Tour Stark ? Je vous envoie les coordonnées.
Un sourire amusé étire brièvement ses lèvres alors que la réponse ne se fait pas attendre et que, déjà, une épaisse porte de bois apparait au milieu du sable fin. Lui envoyer les coordonnées... bien sûr... L'espace d'un instant, elle a visiblement oublié que l'homme qu'elle a décidé de contacter est loin d'être un homme comme les autres.
"Je vous vois". Evidemment... En d'autres circonstances, elle aurait fait coucou.
- Merci pour votre aide. Mais, navrée de vous décevoir peut-être, sur ce coup là c'est moi qui vous en dois une. Je vous le revaudrai.
A deux reprises, elle a du faire appel à lui pour sauver Tony. Ca commence à faire long... la dette. Et si la première fois elle n'y était pour rien, sur ce coup là... eh bien... tout est entièrement de sa faute.
Délicatement, elle entraîne Tony vers la porte qu'ils franchissent en à peine deux mètres de distance. Sans doute prévenus par BALERINA, ou Strange, allez savoir, une armada de médecins et d'infirmiers attend déjà dans la pièce et récupère Tony, que son armure ne quittera que lorsqu'il sera installé sur la large table d'examen.
- Plaie au niveau de l'abdomen de quatre centimètres de long par un centimètre de large. L'estomac a été perforé. Perte de sang importante. Il faut opérer immédiatement, anesthésiez monsieur Stark.
Elle a visé un organe... évidemment. Il fallait qu'elle vise un organe. Cependant... quelque chose au fond d'elle a forcément du l'arrêter, la contenir... c'est ce qu'elle aime croire à cette minute, mais cela serait tout à fait crédible quand même. Si elle avait vraiment voulu le tuer, avec l'opportunité qu'elle semble avoir eu à ce moment, c'est la rate, le poumon, le foie, le coeur, qu'elle aurait visé.
Quoi qu'il en soit, ce n'est quand même pas ce constat qui va la soulager. Un estomac percé d'une lame reste une blessure très grave. Il va manger de la soupe pendant un moment et son humeur va être exécrable. Fort heureusement, elle ne sera pas là pour voir ça.
Natasha fixe la scène avec une lueur morte au fond du regard. Etrange n'est-ce pas... comment une lueur, quelque chose qui irradie de lumière, même faiblement, pourrait-elle donner la sensation de vide en même temps...? Et pourtant, est-ce bien ce qu'elle renvoie à cet instant.
Alors que l'anesthésiste prépare la perfusion et le masque à oxygène qui ne tardera plus à couvrir le visage de Tony, elle fait le tour de la table. Posant délicatement la main sur sa joue, comme si elle avait peur de le blesser encore une fois, un léger baiser glisse sur la peau de son front avant que ses iris ne se fondent dans les siens.
- Tony. On ne se reverra pas pendant quelques temps. Je ne te donnerai pas de nouvelles, tu ne chercheras pas à me retrouver. Je dois solutionner ce problème au plus tôt et tu dois me laisser faire.
La question suspendue dans l'air étant... le problème à solutionner est-il la perte des données de ses conditionnements ou... Arno.
L'anesthésiant commence son sinueux parcours dans les veines de Tony, dont les paupières papillonnent sous l'effet de la léthargie qui s'empare de lui. La main de Natasha lui caresse tendrement le front alors qu'elle achève dans un murmure.
- Je penserai à toi où que je sois. Mais je ne veux plus te blesser. Jamais.
Le noir se fait, le voile tombe et l'espionne s'écarte d'un recul sec pour laisser les médecins faire leur travail.
- Je place la Tour en état d'alerte maximale. Je veux un garde dans la chambre, deux devant la porte, trois à chaque sortie de l'ascenseur, dix sur le toit du penthouse, une patrouille toute les demi-heure à cet étage, celui du dessus et du dessous jour et nuit. Equipez vous d'armes létales. Renforcez également la protection de la salle des serveurs. Concernant les extérieurs de la tour et le parvis, soyez discrets et n'attirez pas l'attention. Utilisez les drones, les gens ont l'habitude de les voir, ça ne choquera personne. Bloquez l'accès au bureau et au labo de Tony. Je ne veux voir que les médecins habilités par Tony en personne dans cette chambre tant qu'il ne sera pas réveillé. Personne d'autre n'entre, que ce soit bien clair.
L'agent débite ses ordres d'une voix sèche qui ne souffrira d'aucune réplique. Et bien qu'elle n'ait aucune habilitation à aboyer des ordres de cet acabit, qui mettent littéralement tout l'édifice en état de siège, aucun des gardes présents ne lui oppose la moindre remarque. Il s'agit d'une Avenger, de la compagne de leur boss qui plus est... et puis elle est flippante. Aussi. Chacun sent bien qu'elle ne donne pas toutes ces consignes sans raison et, en attendant que leur patron se rétablisse, ils semblent le bon sens même, surtout que Black Widow n'a pas la réputation de maximiser les menaces. Bien que, à cet instant, elle prenne peut-être plus de précautions que nécessaire.
Tout le monde se sépare en courant dans les couloirs, comme si la Tour devait affronter la troisième guerre mondiale à elle toute seule. Natasha, quant à elle, quitte la chambre les mâchoires serrées, après avoir jeté un dernier regard en direction d'un Tony pâle comme un linge que les médecins sont sur le point d'opérer.
- BALERINA tu m'entends ?
Affirmatif.
La voix de l'IA résonne dans l'ascenseur qui descend comme une flèche vers le hall de la tour.
- Révoque tous mes accès de sécurité et place moi sur la liste noire de Stark Industries.
La demande me parait insolite. Je me permets de répéter les consignes. Vous souhaitez que je vous interdise l'accès à la Tour Stark, place une vigilance sur votre personne et révoque toutes vos autorisations. Pouvez-vous confirmer ?
Un grognement s'échappe de la gorge de l'espionne, alors qu'elle s'apprête à franchir les portes de verre qui donnent sur l'imposant parvis.
- Affirmatif.
Révocation des accès aux dispositifs Stark Industries... VALIDÉ. Retrait des accréditations et pass Stark Industries... VALIDÉ. Mise en liste noire de Black Widow... VALIDÉ.
Les portes automatiques se referment sèchement sur ses talons, alors que l'espionne se fond dans la foule telle une ombre, tel un murmure, ce qu'elle a finalement toujours été.
Tony Stark n’est plus capable de grand-chose, après ces événements brutaux, particulièrement traumatisants.
Il ne peut pas les évacuer, lui et Natasha. Il ne peut pas piloter leur sauvetage. Il ne peut pas organiser leur retour en sécurité. Il ne peut pas gérer, il ne peut pas assurer… il ne peut pas solutionner leurs problèmes. Et ça l’oppresse. Et ça le crispe. Et ça le trouble. … mais il prend sur lui. Mais il essaye, en fait. Il essaye de suivre les conseils, les indications, les leçons de Natasha et d’autres, qui tiennent à lui.
Il essaye de lâcher prise – ce qui est accentué, intensifié, poussé même, par le fait qu’il souffre diablement et qu’il n’est guère en état de faire quoi que ce soit. Même pas râler. Même pas grogner. Même pas parler, en fait.
Tony subit, ainsi. Tony subit, n’aime pas ça, mais… mais il décide de ne pas être un poids pour Natasha, qui se démène pour lui alors qu’elle-même vit des moments difficiles, marquants, avec une remise en question personnelle. Et des doutes, et de la culpabilité, et de la peine.
Il se laisse faire, donc, et se laisse porter. Littéralement, en un sens. Le réseau de Natasha leur permet d’être évacués, via un procédé qu’il n’aime guère – la Magie – mais qui révèle ici son efficacité. Bon, un point pour l’apprenti sorcier, même s’il aura du mal à l’avouer.
La suite… la suite est une plongée, en fait ; une chute. Dans la douleur, dans la peine, dans la peur. Dans l’inconscience. Son arrivée à l’hôpital fait éclater la résistance nerveuse qui était la sienne, qu’il imposait à son corps. Il s’écroule, de fatigue, d’usure, tant physique que psychologique.
Il grogne, bien sûr, il fixe un regard crispé et acharné sur Natasha qui lui glisse quelques mots, qui décide de s’éloigner. Il ne veut pas. Il refuse. Mais… Son corps ne veut pas qu’il réplique. Son corps refuse qu’il dise quelque chose.
Il subit, alors. Il subit ses mots. Il subit sa décision. Il subit son départ. Il subit… Le reste. La procédure médicale. Les actes. La préparation. L’intervention.
Basique, classique – mais incontournable, pour soigner ses plaies et surtout organiser au mieux son organisme, qu’il a transformé lui-même au fil des années. Heureusement, ses services donnent accès aux archives pour les médecins, et l’intervention se passe ; plutôt bien.
La suite… la suite poursuit sa chute, et son inconscience. Sa perte de contrôle. Dieu qu’il déteste ça. Dieu qu’il ne supporte pas ça. Dieu… qu’il sait ne pas avoir le choix.
Tony Stark cède, définitivement, alors et s’enfonce dans l’inconscience, le repos. Seul.
Par mesures de sécurité. Par protocoles. Par obligation. Par principe, aussi. Natasha part. Natasha est partie. FRIDAY n’est pas encore remise. Il est seul.
Tony Stark est seul. Endormi, et seul. Face à… ses rêves, ses doutes ; ses cauchemars. Et les images, qui le marquent, et qui se forment dans son esprit. Mêlant ses proches, ses souvenirs, ses espoirs, ses envies. Beaucoup tournent autour de Natasha, et ces images sont positives. Beaucoup visent aussi Arno – et le sont beaucoup moins. Tout comme ce qu’il prévoit… ce qu’il va faire à son cher frère, quand il sera remis…