Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Sam 6 Mai - 18:14
Le soleil était couché depuis un moment, maintenant. Greenwhich Village n'en n'était pas beaucoup plus endormi: derrière la large vitre du Sanctum, les lumières de la rue et celles, mouvantes, des voitures passaient encore. De l'extérieur, on aurait sûrement entendu le bruit lointain de la circulation ou des conversations dans les cafés proches.
Stephen se tenait juste sous la fenêtre, assis en tailleur à même le sol. Il s'était enveloppé dans sa cape rouge et l’œil d'Agamotto, fermé, pendait à son cou. Le bureau était plongé dans l'ombre, à l'exception des lumières de la nuit tombant par la fenêtre. Le magicien inspira puis se pencha en avant: une allumette crépita, cracha une flamme dansante pour embraser la mèche d'une bougie, puis laissa échapper une fine fumée lorsqu'il souffla dessus et qu'il la reposa dans une petite coupelle.
Une unique bougie était posée devant lui, sur petit chandelier qui avait connu de meilleurs jours. Sa lumière dessinait des ombres tremblantes sur les murs. Strange inspira, rectifia légèrement sa position, puis ferma les yeux.
Ce n'était pas une invocation à proprement parler. Ce n'était pas non plus un véritable voyage astral : Strange entra dans le monde de l'esprit et des pensées, mais il ne s'aventura pas vers l'horizon en direction de la divinité qui l'avait appelé, plus tôt dans la journée. Cléa et lui étaient rentrés d'Asgard tout juste une dizaine de minutes plus tôt. A la place, Strange se tourna vers lui-même. Le monde physique, son bureau, le plancher de bois et les lumières de la nuit disparurent tandis qu'il laissait son corps pour ne plus être qu'esprit dans un monde d'esprits. Puis il attendit.
Ce n'était pas vraiment une prière non plus. S'il devait être honnête, le docteur aurait été incapable de dire ce dont il s'agissait exactement. Il était mort, puis il était revenu. Si l'emprise de la Duat s'était considérablement affaiblie, elle n'avait pas tout à fait disparue - et Strange doutait qu'elle disparaisse un jour. Il s'était contenté de s'approcher de cette légère trace, celle qu'avaient laissé les brumes du Royaume des Morts, et de tirer un tout petit peu sur cette connexion. Comme un fil partant vers les ténèbres, vers quelque chose de très lointain et d'invisible, sur lequel il aurait légèrement tiré. Pas pour invoquer. Pas pour appeler. Simplement pour faire connaître sa présence, puisqu'on lui avait si poliment donné rendez-vous.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Dim 7 Mai - 21:48
Le temps passe, indéfinissable. Cela peut être plusieurs minutes, cela peut être plus ou moins. Entre la délivrance du message faite par Thot et l’entrée en méditation du Sorcier Suprême au Sanctum Sanctorum, la journée s’est terminée tranquillement, laissant ainsi le Soleil finir sa course et glisser derrière l’horizon. Pour entrer dans le Royaume des Morts, selon certains mythes.
L’endroit où s’est rendu Stephen Strange n’est ni dans la Duat, ni dans le monde des esprits. Nulle frontière de dépassée et aucune barrière dimensionnelle n’est perturbée. Les lieux sont bien plus au centre, dont les murs qui n’en sont pas vraiment sont définis par le soi intérieur. Positionné en bordure d’un entre-deux spirituel, l’hôte attend celui qu’il invite à venir poser le pied ici. L’invité en question attendait patiemment une telle invitation.
Une douce brise atteint les lieux. Elle précède la venue d’un homme, l’un des rares de son panthéon à présenter un visage et un corps très humains. Les pas, rythmés et calmes, s’avancent vers le médecin avant de s’arrêter, à quelques mètres. L’invité salue avec révérence l’hôte. Des cliquetis se font entendre, les seuls éléments qui viennent brièvement perturber le silence. Ils ont été provoqués par les différents apparats très distinctifs, qui ont suivi le mouvement de buste incliné. Un collier menat, surmonté d’un autre pendentif à la forme d’un Ankh mystique. Sur sa tête probablement dépourvue de cheveux, l’Atef reste parfaitement bien en place. Les habituelles bandelettes sont cette fois-ci très discrètes, cachées derrière un habit de tissu blanc, richements cousus par des dorures élégantes. Là où on ne trouve ni de vêtements, ni de lins, c’est une peau de couleur verte qui se fait appercevoir. Nombreuses sont les origines données à cette couleur, sur ce personnage emblématique de l'Egypte Antique. Celle de la Vie, la végétation et l'agriculture. Celle de la Mort, car elle est la couleur des noyés.
Osiris laisse planer un silence après ses humbles salutations. Son regard foncé, aux pupilles tout à fait humaines, observe attentivement Stephen Strange. Pharaon d’Héliopolis Céleste n’exprime pour le moment rien sur son visage. Pourtant, son aura fait passer une bienveillance naturelle. La connexion que le Sorcier Suprême a utilisé ne venait pas d’un lien très facile à appréhender… C’est une chose que le souverain des morts comprend.
« Merci pour votre appel, Sorcier Suprême Stephen Strange. Je suis ravi de vous voir, sain et sauf. »
Ausir accompagne ses mots avec un sourire tout aussi beau que ses intentions, qui ne reflètent aucune malveillance à l’égard du sorcier.
« Thot m’a communiqué ce qu’il s’est passé.
Si Asgard est en sécurité, c’est grâce à la God Squad. Mais celle-ci vient d’être ébranlée par diverses éléments et révélations, dont certains qui n’auraient pas dû arriver si brutalement… Je vous prie d’excuser les maladresses de Khonshu. »
Une légère ombre passe et le ton dans la voix a paru plus crispé… Khonshu n’a pas d’intentions mauvaises et il agit généralement avec subtilité. Sa fâcheuse tendance à la planification en fait toutefois un allié difficile à cerner et à qui offrir une confiance aveugle est impossible. Cependant, lorsque Osiris parle du Dieu lunaire, il dégage de la peine mêlé à de l’incompréhension.
« Khonshu a dû vous paraître récalcitrant lorsqu’il a fallu parler d’Atum, de Démogorge… et de son père Amon-Râ. Ce sont des sujets difficiles à aborder, particulièrement pour lui. Autant de sujets engendrant des complications et des discordes au sein du panthéon égyptien que de violents conflits entre le Soleil et la Lune. Mais tout cela doit cesser. »
La voix a récupéré de l’assurance et par réflexe la main droite d’Osiris a serré la tête de la crosse Heka, celle des Rois, accrochée à une ceinture de tissu en compagnie du fouet Nekhekh.
« Nos différents seront mis de côté. C’est de cette manière que nous pourrons garantir une alliance entre Héliopolis et les autres panthéons, ainsi qu’avec vous. Nous avons déjà commencé à reprendre contact avec l’Olympe et nous apporterons notre soutien aux asgardiens et aux dieux survivants d’Avalon. Après tout… Nous ne serons nous-même pas dans une meilleure posture qu’eux, au moment du retour.
Héliopolis Céleste résiste aux assauts magiques et psychiques lancés par Chthon. Les divinités là-bas nous font gagner du temps, mais elles ne tiendront pas indéfiniment, je le crains… Je suis venu pour que nous puissions voir ensemble que tout soit en place. Un manquement peut rendre le rituel instable… et vous connaissez les risques que nous encourons à la moindre erreur. »
Osiris se tait. Plusieurs secondes de silence s’écoulent et son regard ne décroche pas du visage de Stephen Strange. La divinité pense distinguer un quelque chose qu’il ne peut pas définir simplement parce qu’il respecte l’intimité et les pensées de son interlocuteur. Alors, il émet un nouveau sourire avenant.
« Mais avant de nous lancer... Si je peux vous aider, d'une quelconque manière, je le ferais. Vous devez avoir des questions... »
Khonshu laisse beaucoup de mystères dans ses réponses, dans ce qu’il veut bien montrer et jusqu’à sa façon de se comporter. Osiris incarne tout l’inverse avec son honnêteté, sa bienveillance et sa droiture.
Alors qu'il patiente, une aura douce circule et avec elle un très léger bruit d'eau, qui s'écoule dans le lit d'une rivière lointaine...
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Ven 2 Juin - 20:07
A la limite du monde des esprits et de celui des vivants, Strange inspire. Aucun air n’entre dans ses poumons, aucune odeur ne lui parvient, mais il en a besoin : c’est un réflexe qui lui rappelle qu’il se souvient comment être vivant, et qui ne lui apporte par l’odeur entêtante d’une rivière bordée de roseaux.
Dans cet état esprit, Strange n’a pas de corps. Pas de cœur qui se mettrait à battre plus vite, pas de gorge nouée – il n’est fait que de volonté et de sentiments, qui tourbillonnent en lui. La peur, la colère, la fatigue, le désespoir, autant de souffles contradictoires qui s’agitent derrière la forme qu’il a choisi. Quand Osiris approche, sa pensée prend le dessus et la tempête de sentiments s’apaise. Elle disparaît sous le masque poli qu’il affiche si souvent. Le Sorcier s’incline, doucement, devant la figure qui s’approche.
- C’est bon de vous voir, Khentiamenti. Au vu des temps que nous traversons, je suis heureux de vous savoir sain et sauf.
C’était un monde fort étrange dans lequel vivre, où l’on pouvait s’inquiéter de la survie des dieux. A la mention des maladresses de Khonshu, Strange sourit. Khonshu est maladroit. Khonshu mérite de se faire taper sur les doigts de temps en temps, pour lui rappeler que le monde n’est pas un échiquier dans lequel il bouge des pièces une par une. Mais quelque part, le sorcier comprend – il comprend que le dieu de la Lune est acculé, en danger d’une façon qu’il n’a pas été depuis des siècles, qu’il est traversé par des sentiments contradictoires qu’il tente tant bien que mal de cacher sous un masque d’os et de mort. Étrangement, le sorcier comprend. Aussi, quand Osiris demande s’il peut l’aider, lui personnellement, Strange ne fait-il que sourire.
- Nous avons des problèmes plus urgents que les miens, Souverain des Brumes. Mais j’apprécie le geste.
C’est un sourire… faux. Pas dans le sens d’un sourire porté pour tenir un mensonge, ni de celui qui vient détourner la conversation : c’est un sourire triste, qui reconnaît que le dieu pourrait l’aider, mais qui n’a ni le temps ni le loisir de s’appesantir dessus. Autour d’eux, l’air frémit. Strange sent, quelque part, le murmure d’un cour d’eau – comme il sent ce quelque chose qui le pousse vers Osiris, qui le lie à lui. C’est un appel ténu, peut-être inventé par un esprit fatigué et anxieux, mais il l’entend. Et, bien évidemment, il ne l’écoute pas.
- Dîtes moi. De quelles ressources disposons-nous précisément pour enfermer le Démogorgue ? Comment pouvons-nous sécuriser la chose ? Quels sont les dangers concrets du rituel, les paramètres qui peuvent nous échapper et que nous devons garder sous contrôle ?
Il avait après tout toujours été plus facile d’être le Sorcier Suprême de la terre que Stephen Strange, homme ordinaire au milieu d’un monde d’ombres sans fin et de lumières aveuglantes.
- Rassembler de trop nombreuses divinités au même endroit est dangereux, a fortiori avec trois forces anti-divines contre nous. Nous ne pouvons protéger tout le monde, mais j’ai parlé avec les Vishanti.
Nouveau frémissement dans l’air alors qu’il prononce leur nom. La triade mystique n’est pas présente – elle ne suit pas non plus l’échange, n’ayant jamais vraiment été adepte de regarder par dessus l’épaule de leur hiérophante dans ses activités journalières – mais les noms ont du pouvoir. Oshtur, Aggamoto et Hoggoth existent dans leur nom, et s’expriment quand leur Sorcier Suprême le prononce.
- Ils sont prêts à offrir asile et protection dans leurs Royaumes, à ceux qui sont trop affaiblis pour participer au combat. Ce n’est qu’une solution temporaire, mais elle peut nous aider à protéger les panthéons sans mettre la Terre plus en danger qu’elle ne l’est.
Dernière édition par Stephen Strange le Sam 17 Juin - 10:11, édité 1 fois
Moon Knight
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Dim 4 Juin - 20:29
L’eau lointaine continue de s’écouler doucement. Ténu mais bien présent, un parfum de lotus circule dans ce monde à la frontière entre le réel et l’esprit. Ounennéfer détaille du regard l’horizon vers l’ouest, où se dessine au milieu d’ombres opaques des roseaux dansants. Il est naturellement attiré par cette direction, représentation géographique de son mythique Royaume des morts. Le souverain d’Aaru va bientôt s’absenter et partir voyager vers les pâturages de l’est, ceux de la Terre et des vivants. C’est bien vers les vivants que son attention est entièrement portée, et notamment vers le Docteur Stephen Vincent Strange, Sorcier Suprême et porte-parole des très grands Vishanti. Il fait preuve d’humilité, mêlant respect et … autre chose.
Osiris ferme les yeux. Une longue inspiration passe.
Ausir a perçu quelque chose de différent, parmi les émotions de son interlocuteur. Il sait que sa proposition n’a pas laissé totalement indifférent. Une variation dans les environs, aussi légère soit-elle, est un assez bon indicateur. La divinité bienveillante veut en faire davantage mais il ne peut qu’acquiescer aux mots sensés et justes du Sorcier Suprême : Ils doivent d’abord enfermer Démogorge.
Alors, Osiris rouvre les yeux et rend un sourire sincère.
« Ma main vous sera toujours tendue, Docteur. »
Le roi d’Héliopolis Céleste semble avoir confiance ou en tout cas souhaite croire qu’il le peut. Les questions du Docteur sont importantes et il sait qu’il va devoir être le plus précis possible. La gravité s’inscrit sur les traits du souverain à la barbe postiche.
« Comme nous l’avons convenu, le Démogorge sera enfermé dans la prison que nous avons créés, ensemble. Thot est confiant sur les capacités de la cartouche. Il en a rarement fait des si précises et avec une magie aussi résistantes. J’ai foi en son Savoir.
Vous soulignez un élément essentiel… Nous devons mettre à disposition pour la bonne réussite de ce rituel toutes les ressources que nous possédons. Nous serons assez nombreux pour apporter de l'énergie au rituel, au moins pour le début… Démogorge sera attiré par la cartouche et par notre présence. Il viendra et nous pourrons le bloquer dans le temple. »
Des fils d’ors viennent dessiner sur un sol invisible les indications d’Osiris, au fur et à mesure qu’il parle.
« Nous sécuriserons ensemble le cercle de protection qui sera notre garanti face à Démogorge. Les dangers sont énormes… parce qu’il sera assez proche de nous pour tenter de nous avaler. Démogorge va essayer de grignoter la paroie et les mots de pouvoirs qui la maintiennent en place. Si un seul symbole est entièrement effacé ou que le bouclier faiblit trop vite… Ce sera irréversible. »
Les fils montrent le temple d’Amon-Râ, le complexe religieux où ils s’étaient tous battus contre Khonshu. Le cercle et Démogorge sont placés et bientôt le dessin évolue et ajoute les protagonistes du rituel.
« Vous serez positionné vers les symboles les plus puissants, pour que nous puissions garantir votre protection. Je serais à votre gauche et Thot à votre droite. Nous formerons la clé de voûte du cercle, pour que les autres divinités puissent se concentrer sur leurs tâches. Chacune et chacun devront apporter leurs parts au rituel.
Et c’est là que s'amorce la seconde partie : l’ouverture d’Héliopolis Céleste. Lorsque la porte dimensionnelle sera ouverte, les nôtres pourront nous rejoindre. »
L’ensemble des fils d’ors semblent plus brillants, alors que la dimension est présentée à leurs regards. Une porte dimensionnelle s’ouvrant vers un monde ressemblant à une Egypte Antique à son apogée, d’une beauté époustouflante.
« Ce qui peut nous échapper à ce moment-là c’est… notre incapacité à garder l’équilibre. Comme vous l’avez parfaitement analysé, trop de forces capables de nous détruire seront à l'œuvre en même temps. »
Un sourire reconnaissant s’esquisse sur les lèvres d’Osiris.
« Nous devons garantir la sécurité des vôtres et des miens. Les divinités affaiblies devront trouver un refuge après être sorties d’Héliopolis Céleste. Ainsi, nous évitons trop de complications et ne risquons pas d’attirer des forces obscures supplémentaires. Si les grands Vishanti sont prêts à nous aider, j’en serais plus que reconnaissant. Malheureusement, malgré tout, il me faut vous avertir … »
Les filets d'or disparaissent. La posture d’Osiris est une nouvelle fois droite et tournée non plus vers l’Ouest mais parfaitement vers l’Est. Vers l’avenir… qui s’avère être bien plus sombre qu’il ne l’aurait voulu, lui qui gage davantage la paix et la prospérité.
« L’un des paramètres qui peut également nous échapper est Khonshu.
Il est persuadé que nous parviendrons à sauver Héliopolis Céleste et les divinités qui ne seront pas capables d’en partir… Il l’aurait vu dans de nombreuses visions. Isis et Thot m’ont mis en garde sur la possibilité qu’elles soient faussées à cause d’Apokryphos et que nous devons envisager de perdre notre dimension de poche et les divinités restantes seront coincées, avalées… Elles disparaîtront.
La Lune ne l’acceptera pas. Il pourrait s’élancer vers la cité pour repousser ce qui menacera les nôtres. Pourtant, Khonshu devra garder sa place, coûte que coûte. S’il s’écarte de sa position, il nous mettra tous en danger.
Pendant le rituel, je peux vous garantir une protection fiable mais aussi le champ libre, au cas où vous devriez agir sur un élément extérieur. Vous serez obligés de garder vos positions à nos côtés mais vous pourrez utiliser vos dons. Vos amis seront trop occupés à veiller sur nous, personne ne pourra mieux que vous assurer que chaque divinité tienne jusqu’au bout sa tâche. Je vous fais confiance pour réagir, au cas où l’un d’eux oublie son rôle.
Je parlerais avec Khonshu avant le rituel, aussi longtemps qu’il le faudra, pour qu’il entende raison et que vous ne soyez pas obligé d’en arriver là. »
Une nouvelle fois, Ausir affiche bienveillance et droiture et émet une aura mêlant douceur et douleur. Il souhaite sincèrement que tout se passe pour le mieux. Mais il craint que la souffrance chez certains d’entre eux les rendent fous, l’espace d’un temps suffisant pour signer leur fin à tous.
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Sam 17 Juin - 11:00
Strange se tint immobile un temps. Sa projection frémit brièvement, comme si quelque chose approchait de la surface, prêt à la crever et à émerger au grand jour. Le tourbillon d'émotions et de pensées fit imperceptiblement vaciller la forme du docteur, comme un reflet à la surface de l'eau, perturbé par ce qui s'agite dans ses profondeurs. Il sembla peser le pour et le contre de quelque chose, comme s’il tournait des mots dans sa bouche sans oser les prononcer ou les jeter dans le monde. Finalement, ce fut un sourire qui fleurit sur ses lèvres. Il s’inclina doucement.
- J’en suis bien conscient, mon roi. Merci.
« Mon roi ». Formulation peu anodine s’il en est. Le docteur écouta Osiris patiemment, le visage neutre, l’air concentré. Il emmagasina les informations et commença à les décortiquer presque aussitôt. Il y eut un autre temps de silence, puis il parla à nouveau.
- J’ai changé d’avis.
Entre les deux silhouettes, une minuscule flammèche éclaira les ombres. L’obscurité floue dans laquelle ils évoluaient jusque là se recula, révélant un plancher clair, un papier peint légèrement vieillot, une rambarde, des bibliothèques, et une large fenêtre, ronde, donnant sur Bleeker Street, New York. La petite flamme était celle d'une bougie, allumée il y a deux battements de cœur à peine. Strange réintégra son corps. Le temps qu’il se relève, sa tenue avait changé – sa cape et son amulette s’étaient volatilisée, remplacées par une tenue de ville simple et confortable. Les traces d’Asgard avaient été effacées, aussi – l’odeur de suie et de mort, la poussière et la cendre. Du Sorcier Suprême, il ne restait pas grand-chose : seulement Stephen Strange, sans artefacts ni insignes de pouvoir. Osiris était toujours là, flottant entre le magicien et la fenêtre, légèrement translucide à la manière des esprits qui arpentent le monde.
- La journée a été longue. J’ai besoin de me changer les idées.
Il avait besoin de se changer les idées, comme il avait besoin de marcher dans son corps – là où il pouvait entendre son cœur battre, sentir l’air de la nuit, déambuler dans la ville où il avait vécu avant la sorcellerie et les démons et l’accident. Au dieu des morts, il offrit un pantin de ficelle et de lin. C’était une pratique vaguement courante, pour ses amis qui souhaitaient lui rendre visite sans avoir le loisir de pouvoir se déplacer physiquement. Ce n’était pas un vrai corps, évidemment : les perceptions sensorielles étaient limitées et Osiris brûlerait son enveloppe beaucoup plus vite que n’importe lequel des mystiques pour lesquels elles avaient été conçues en premier lieu, mais ils auraient au moins le temps pour une petite balade. Du reste, si Héliopolis souhaitait prendre forme physique, il n’y avait pas de mal à leur en donner un avant-goût. Strange laissa un message à Cléa, puis guida son invité dans la rue et les méandres de Greenwhich Village et de la New York nocturne.
Il était tard. Les étoiles étaient levées, à peine visibles sous la lumière des lampadaires. La lune guettait, loin dans le ciel, à demi-cachée derrière des filets de nuages. Le magicien avançait au rythme de celui qui flâne, qui marche pour marcher plutôt que pour arriver quelque part, mais il avait une idée en tête.
- Est-ce que ça vous manque ? Le monde des vivants et de la matière ?
Les dieux s’étaient retirés dans leurs mondes depuis longtemps. Osiris, spécialement, avait été privé de son corps avant ça. Ils souhaitaient s’incarner à nouveaux, maintenant : en avait-il peur ? Était-il excité à cette idée ? La rue s’élargit vers leur droite, et un diner fit son apparition à l’angle d’un carrefour. Quelques lumières venaient éclairer de hauts panneaux annonçant milkshakes, frites et sandwichs à divers prix et formules spéciales, sous un large bandeau clamant en rouge sur fond noir que l’endroit servait 24h sur 24. Le magicien jeta un coup d’œil amusé à son compagnon de soirée puis entra sans lire les panneaux. Il avait besoin de se changer les idées, et besoin de quelque chose de banal pour la soirée. Il ne reprit la conversation qu’une fois assis sur un banc sur les bords de l’Hudson, un sac en kraft entre lui et Osiris, et le reflet des étoiles dans les eaux noirs devant eux.
- Dîtes m’en plus sur Khonshu.
Il aurait pu développer. Certainement. Il préférait voir ce qui émergeait d’Osiris sans plus de guide, juste comme ça. Il ne savait toujours pas quelle position adopter face au dieu lunaire. Il ne savait pas non plus s'il souhaitait l'empêcher de sauver les siens, coûte que coûte. En attendant que le dieu parle, il déballa deux barquettes de frites, deux hot dog et deux milkshakes et commença à piocher dans sa part, poussant doucement ce qu'il avait acheté pour Osiris dans sa direction.
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Dim 25 Juin - 19:31
Un long silence s’est installé après les explications du Seigneur du monde souterrain. Osiris patiente, calme et à l’écoute du tourbillon d’émotions qu’offre l’aspect spectral du Sorcier Suprême. Ce qu’il demande, et il en a parfaitement conscience, est complexe. Pas difficile pour un esprit aussi brillant et un magicien aussi talentueux, mais complexe dans tout ce qui est impliqué. Et dans les explications, le dieu de Morts prend également conscience des choix futurs qu’il devra tôt ou tard prendre, si la situation vient, comme il le craint, à se dégrader dans le pire moment du rituel… Il sait qu’il y a un début et une fin, suivi d’un après. Mais cet après-vie ne pourra pas exister si Démogorge parvient à s’en prendre à eux et finalement à laisser la place inéluctablement à Chthon, qui pourra s’emparer de sa force, à un moment qui pourra prendre des mois, des siècles peut-être. Le temps n’aura plus son importance pour le peu de survivants mortels et divins, puisqu’ils seront esclaves dans des conditions atroces, voire tout simplement disparus, à jamais.
Trois mots sont finalement lâchés par le Docteur Strange qui surprennent la forme éthérée Ounennéfer. Il entre-ouvre légèrement la bouche pour qu’aucune phrase n’en sorte. Stephen Strange a une idée bien précise en tête que la divine apparition n’a pas vue venir. C’est une spontanéité surprenante et intéressante, face à laquelle un immortel reclu dans une dimension de poche n’a plus l’habitude d’observer. Car les dieux n’improvisent que très rarement.
Osiris se contente de regarder les talents du Docteur à se mettre à l'œuvre pour les ramener sur le plancher des vaches. Sur… la Terre… Ce lieu grouillant d’une vie qu’il a côtoyé fût un temps très reculé. L’idée même d’être amené à poser le pied sur la planche en bois intrigue et le met mal à l’aise. Le roi du confin de l’Ouest n’était plus autorisé à fouler la terre de l’Est. Pourtant, il n’est pour le moment qu’un fantôme dans un paysage magique. Il peut tout de même deviner les contours du Sanctuaire, la chaleur de la bougie posée sur un bureau raffiné et le son de la respiration du Sorcier Suprême. Va-t-il vraiment faire ce qu’il pense … ?
« Se changer les idées… »
Voilà une expression et une volonté que seul un être avec un libre-arbitre peut décider d’instaurer. Se changer les idées c’est vouloir penser à autre chose, l’espace d’un instant et laisser de côté la lourde tâche qui les attend. En réponse à cette initiative, Osiris émet un beau sourire. La magie qui circule l’appel à venir faire cette balade nocturne avec le magicien. Le pantin de ficelle et de lin s’anime. Au départ un peu maladroit, il se met à marcher comme n’importe qui. Le visage inexpressif commence à prendre des traits plus familiers et ressemblant à la divinité invoquée. Enfin, Ausir peut regarder, sentir, toucher à travers cette poupée…
« Surprenant… Vos connaissances en magie m’impressionnent ! »
Ce n’est pas parfait, mais c’est suffisant pour l’ancien Pharaon divin. Il se remémore doucement ce que ça fait d’être en vie, de pouvoir voir à travers des yeux de chair, de sentir des odeurs, de toucher le bois et la pierre du mur… Et cela ne s’arrête pas seulement à cette pièce du manoir, car Stephen Strange souhaite faire un bout de chemin au grand air. Dehors, là où le possible s’incarne.
Dans la Duat, la terre et le ciel sont différents du monde terrestre. Ici, la fraîcheur paraît plus douce et les étoiles clignotent dans le ciel nocturne. Bien d’autres éléments s’offrent aux regards de l’être divin incarné dans le pantin de lin. Il reste un long moment silencieux, absorbé par la vue des lumières artificielles, des maisons de plusieurs mètres de haut, du sol faite d’une sorte de roche grise… Un étrange chariot couvert d’une surface lisse et brillante sous la lumière passe et le fait légèrement sursauter. Tant de choses lui sont étranges qu’il ne sait pas par où commencer s’il devait poser ses questions. Pour l’heure, il préfère les laisser de côté. Mais c’est donc ça le monde actuel et moderne ?
Osiris reporte son attention vers Stephen Strange. Il accroche sa marche à la sienne. Tranquillement, ils font quelques mètres ensemble sous le regard de la Lune, le seul élément que le divin roi connaît par cœur dans ce décor stupéfiant ! C’est là qu’une question tombe, tout aussi imprévisible que l’initiative effectuée plus tôt… Quoique… Celle-ci n’est finalement pas si surprenante si l’on connaît les mythes et légendes osiriennes.
Le pantin prêté par Stephen n’est pas aussi limité qu’elle paraît. Les expressions du visage font parfaitement écho à la pensée de l’hôte qui offre un sourire pâle. Dans le regard, une étincelle vient contredire l’expression qu’il vient de donner et qui ne sera pas la seule réponse à une question curieuse mais très réfléchie.
« Je n’ai jamais eu le droit d’y penser. L’idée de redevenir mortel n’était pas possible, car j’avais depuis longtemps laissé ma place. D’abord à mon fils, Horus. Puis, aux Pharaons. Mais puisque nous sommes arrivés jusqu’ici, rien ne m’empêche de vous répondre, en guise de remerciement pour ce beau cadeau que vous me faites. »
Une goulée d’air est inspirée lentement par le pantin égyptien, avant qu’il reprenne :
« J’ai connu la sérénité et les secrets de l’Après-Vie. Pourtant, ils sont très différents du plaisir d’être vivant. Marcher, tomber, se relever, apprendre et transmettre, ce sont des choses que l’on entreprend lorsque le temps nous est compté. Ma vie s’est terminée tragiquement, c’est ainsi. Je ne regrette pas le monde des vivants, mais plutôt de ne pas avoir pu faire entendre certaines valeurs à ceux qui choisissent le mauvais chemin.
Malgré ces vérités et ce destin qui était écrit, il est possible de vous dire que oui, j’ai rêvé de pouvoir revenir. L’imaginer me comble de joie et m’effraie en même temps. C’est bien trop irrationnelles pour un être de mon statut. »
Un sourire mystérieux se dessine, comme pour dire “c’est notre secret”. En fin de compte, sont-ils si différents ? Aider les autres, leur enseigner des connaissances, apprécier le monde tel qu’il a été formé, vouloir le protéger et punir ceux qui essayent d’attenter à son intégrité.
Osiris laisse planer ses pensées alors qu’il suit du regard le Sorcier Suprême. Que contient ce sac qu’il vient d’échanger contre des rondelles d’argents ? À l’époque des Pharaons, le bronze était beaucoup plus représenté, mais Ausir a évidemment connu le fer, l’argent et l’or, issue de différentes cultures. Mais ce qu’il s’y trouve dans ce sac en papier-carton… L’odeur qui s’en dégage ne lui est pas du tout familière… Milkshake, frites, sandwiches… Quels sont ces mots et comment se prononcent-ils ? Est-ce une nourriture locale ? Ce n’est qu’une fois assis sur un emplacement plat en bois remonté par des structures en fer forgées, qu’Osiris se permet de jeter un œil curieux assez discret vers le sac kraft du Docteur.
« Khonshu ? »
En voilà une nouvelle demande troublante, plus particulièrement bien après que le Seigneur des abysses ait formulé le désir d’empêcher le dieu lunaire de faire une erreur qui peut leur coûter bien plus que la vie…
Le bruit du papier kraft attire une nouvelle fois le regard du pantin, ressemblant à un homme de type africain des contrées du Nil, chauve, ne portant ni couronne ni barbe postiche. Il paraît bien plus normal, si l’on oublie qu’il est fait de ficelle et de lin, alors qu’il sourit doucement, lorsque sa part de nourriture est poussée vers lui. La faim… Il souvient de ce que ça fait, cette sensation de creux jamais satisfait. En tant que poupée, il ne peut ressentir ni la faim ni le vrai goût des aliments. Il se laisse pourtant prendre à essayer, en commençant par goûter ces tiges jaunes aux formes irrégulières…
« Votre attention est touchante. Je vous remercie pour ce buffet ! »
“Un buffet”. À défaut d’un autre mot, c’est également une preuve de l’acceptation culturelle et des choses simples que la vie est capable d’offrir à un être millénaire. Ancien, certe, mais incapable de mettre un nom sur l’aliment qui a servi à fabriquer ces mets salés et croustillantes.
« Khonshu était déjà présent lorsque ma fratrie et moi sommes nés. Je l’ai vu aborder plusieurs visages. Il est la Lune mais il est aussi le magicien ou encore le guérisseur. Homme ou enfant d’une grande beauté, à la réputation d’un sage et d’un guide. Mais il a également une nature animale féroce et vengeresse. »
Du pain. Il reconnaît cette nourriture entourant ce qui semble être une viande… Ces deux éléments sont si différents de son époque, transformés et bien plus lisses… Le goût en est pourtant assez agréable en bouche … ! Ce moment de silence a permis à Ausir d’essayer de cerner la réelle demande du Docteur, ce qu’il voulait savoir réellement sur le dieu de la Lune. Au final, il se contente de continuer son récit.
« Vous avez toujours connu ce même visage froid de mort, derrière lequel il se pare pour cacher ses intentions et ses émotions. Il est pourtant d’une grande sensibilité et plein d’amours. Cela doit être difficile à croire, aux vues de vos différentes altercations avec lui…
Mais croyez-moi, mon ami, Khonshu a toujours porté une grande attention et de la bienveillance aux mondes des vivants, du moins au tout début. Il tisse le fil du destin et du temps. Il en a fait ses armes… Mais contrairement à beaucoup d’entre nous, il réagit plus promptement à ce qu’il se passe. C’était déjà le cas, à une époque très reculée où divins et humains marchaient sur les mêmes terres. Il a aidé mon fils Horus à récupérer le trône, volé par mon frère Seth. Il a fait en sorte d’être présent lorsque les premiers Pharaons ont régné.
… C’est un acharné et un têtu qui refusait la contrainte de devoir rester à Héliopolis Céleste. Sa nature lui dictait de voyager vers vos contrés, celles des mortels. Cela n’a pas plu à Amon-Râ, son père.
Khonshu a changé… Par la force des siècles ou parce qu’il l’a bien voulu. Il est devenu plus sombre que lorsque je l’ai connu, aux premières lueurs célestes. Il a appris des secrets et affronter des ténèbres pareilles à celles du chaos. J’ignore s’il a oublié à quoi ressemblait notre patrie et l’amour qui y régnait ou s’il cache bien de s’en rappeler.
Chons, l’Enfant lunaire, fait partie des rares Dieux d’Egypte à avoir quitté notre dimension de son plein gré, tournant le dos au Soleil et aux siens. Ce qui lui a valu de finalement se faire bannir… »
Un soupir passe et le visage du pantin devient plus dur.
« Je me sens responsable de ne pas avoir suffisamment insisté auprès d’Amon-Râ pour qu’il entende son fils, avant que ce dernier n'ait pris la décision de lire le Darkhold. Si j’en obtiens le pouvoir, j’aimerais restaurer sa place parmi nous, dans l’Ennéade. Mais j’ignore si je peux lui faire confiance… J’ignore s’il saura mettre de côté sa rancune et trouver un terrain d’entente avec Râ et avec nous. »
Ausir marque une longue pause, dans laquelle il passe à la dégustation de l’élément froid et sucré qui se trouve dans dernier pot en carton. Son regard de patin de lin fixe le Docteur Strange avec une question qui brûle au fond de ses pupilles.
« Vous l’avez connu sous un jour bien différent du mien… Quel est votre opinion sur lui ? »
Divinité modeste et ouverte, Khentamenti pense pouvoir être éclairé par l’avis du Sorcier Suprême de la Terre. Peut-être lui permettra-t-il de savoir s’il prend la bonne décision en réhabilitant Khonshu et en lui rendant son sceptre lunaire. Le Juge des morts est bien loin de son terrain et semble requérir l’avis d’un homme bien plus expert dans les différentes magies qui sillonnent ce monde et de nombreux autres.
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Jeu 24 Aoû - 16:21
- Hm. Mon opinion sur Khonshu.
Le docteur réajusta sa position sur le banc. Autour d’eux, la population s’était faite plus éparse, réduite à un occasionnel jogger tenu par une détermination que Strange ne concevait que partiellement. Devant eux, l’Hudson étendait paresseusement ses eaux couleur encre, comme une toile noire sur laquelle venait danser les lumières colorées de la ville. New York ne dormait jamais, c’était en tous points vrais : sa robe de nuit n’était pourtant pas la même que celle de jour. Dans le ciel, loin au-dessus d’eux, la lune n’était visible nulle part.
- Je vous en prie. Considérez ce hot-dog comme un avant-goût du retour au monde des vivants, laissa échapper le magicien avec un sourire.
Il avait fait plus bizarre, dans sa vie, pour sur : introduire le souverain des morts à la street-food de Manhattan se défendait plutôt bien dans le classement, pourtant. Son regard se perdit sur les lumières de l’eau, la façon dont elles ondulaient au rythme des vagues, la silhouette scintillante de la statue de la liberté au loin.
- Je pense l’avoir mal jugé. Khonshu.
Une brise froide passa, malgré une soirée plutôt chaude. L’air marin, sans doute. Stephen était vêtu de bleu sombre, et semblait drapé d’une ombre qui ne laissait apparaître que son visage, ses cheveux poivre et sel, et la peau claire de ses avants-bras. Pensivement, il joua avec un anneau d’argent qu’il portait à la main gauche : le métal refléta, très brièvement, l’éclat d’un feu qui n’était visible nulle part ailleurs.
- Chons ment et manipule. Il a parasité la vie de Marc Spector, en a fait l’instrument de ses plans divins, semble obsédé par les arts obscurs qu’il a juré de combattre. Il n’annonce que des vérités vides et creuses comme les os qu’il porte en visage, garde pour lui ses prophéties jusqu’à ce que nous soyons au pied du mur… Marc et moi sommes morts pour sa croisade à corps perdu.
Le docteur parlait d’une voix calme, mesurée. Son regard était perdu ailleurs, loin des lumières nocturnes de la ville, là où le bruit lointain des voitures et les battements de la vie urbaine ne l’atteignait pas. Il avait abandonné son repas sur le côté, pour le moment. Cela faisait bien longtemps que la nourriture humaine ne le nourrissait plus, mais ça n’était pas l’objectif : c’était un repas fait de souvenirs, de saveurs et de nostalgie d’un temps où il était plus humain qu’aujourd’hui.
- Pourtant, il fait des efforts. J’ai vu cette lumière étrange, qu’il cache sous ses os et ses bandelettes. Vous étiez là quand nous avons marché contre les traces du Darkhold dans les méandres de son esprit, torche en main, et qu’il nous a laissé agir. Lorsqu’il a défendu Asgard contre les hordes qui l’assaillaient. Je pense qu’il mérite d’être rappelé à l’ordre, vertement s’il le faut, mais je n’ai plus autant de doute qu’avant sur ses bonnes intentions. Et je pense que j’ai oublié que nous avions plus en commun que je ne l’aurais voulu.
C’était étrange à souligner. Khonshu était un dieu, après tout, un être millénaire, tisseur de temps et de fortune, existant à des échelles que Strange ne pouvait que comprendre théoriquement – pourtant, il y avait des points communs. Le docteur avait aussi porté un masque plus froid, lui aussi. Il avait aiguisé sa volonté de faire le Bien – ce Bien avec une majuscule, à la définition si large qu’elle en était inutile – au point de causer du tord, de blesser, de laisser dépérir, d’ignorer les autres au profit de son propre chemin. C’était presque pire, en vérité, parce qu’il ne savait pas s’il s’agissait vraiment d’altruisme à l’origine : lorsqu’il s’était tourné vers la médecine, c’était un rêve d’enfant. Il s’était durci presque aussitôt – son rêve n’avait pas été corrompu par des forces extérieures, c’est lui qui en le mettant en pratique lui avait donné cette forme si cruelle, ses accrocs si tranchants. Stephen Strange était la seule personne à blâmer pour l’existence de Stephen Strange, et il n’était pas tout à fait sûr que la même chose puisse être dite de Khonshu.
- Nous avons tous les deux fait des choix questionnables au profit de ce que nous pensions être le bien du plus grand nombre, trop concentrés sur la lumière que nous souhaitions préserver pour nous intéresser aux ombres de plus en plus nombreuses qui nous collaient à la peau. Je l’ai peut-être mal jugé, en ce sens que j’ai fait du chemin dans le sens inverse – pour apprendre à reconnaître que je ne sais pas toujours mieux, que d’autres peuvent partager mon fardeau et que tous les fardeaux ne valent pas la peine d’être portés. J’ai… j’aurais dû tenter de pousser Chons sur cette voix plus tôt, au lieu de montrer les dents à chaque étape du chemin. Il a commencé à l’arpenter par lui-même, depuis.
Le docteur prit une inspiration rapide et brisa sa contemplation pour une gorgée de Milk-shake. Puis il se laissa aller en arrière, levant les yeux vers le ciel sombre dont on apercevait à peine les étoiles, si près des grattes-ciels et des lampadaires. La lune restait toujours invisible. Il resta comme ça un moment.
- Je n’ai pas regretté le monde des vivants non plus.
Quand il était là-bas, dans la brume des roseaux. Le monde n’avait pas manqué à Strange. Pas vraiment. Il se souvenait avec plaisir du soleil sur son visage, de l’odeur des marchés et du métal sous ses paumes ou du craquement des livres neufs ou de la fatigue d’une longue marche ou de l’herbe contre sa peau lorsqu’il s’y allongeait, mais rien ne lui manquait. Rien n’égalait vraiment la paix et le silence de la Duat, ses longues étendues d’ombre bienfaisante, calmes et endormies, où il pouvait rêver. Dormir. Loin du monde et de ses soucis et de ses monstres et de ses envoûtements complexes. Rêver. Loin des autres, loin de tout. Strange n’en n’avait pas regretté une miette. Il était mort, et il était peut-être plus heureux alors.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Mer 27 Sep - 14:49
Tout en sirotant le “mille-ke-shek”, Ausarê suit le regard du Docteur Strange qui s’évade vers l’horizon après qu’il lui ait posé une question. Que pense-t-il de Khonshu ? Peut-on faire confiance en Ḫnsw, le Seigneur de Thèbes ? Là-bas, au-delà d’une eau calme s’élève une lumière portée par une statue. Qui est-elle ? Le Roi du monde des Morts l’ignore mais il perçoit chez cette représentation un symbolisme important pour le peuple vivant dans ces tours hautes et aux formes rectangulaires. Porter une flamme qui guide…
Les yeux de la poupée servant d’hôte à Ounennéfer se pose à nouveau sur le Sorcier Suprême qui pense avoir mal jugé Khonshu. La soudaine fraîcheur des lieux renforce un effet surnaturel omniprésent à chaque mention de la Pupille d’Amon-Râ. Pourtant, ils sont bien seuls, assis sur ce banc de New-York. Tout ce qui sort de la bouche de Stephen Strange sont porteuses de la vérité. Chons, de son nom originel, est un menteur, doublé d’un manipulateur. Deux facettes cachant celle que le Seigneur des Morts a connu de Khonsou, le Guérisseur. Des traits que ce dernier a dû travailler durement pour pouvoir tirer ses épingles du jeu dangereux dont les règles sont imposées par des entités bien plus puissantes que la lumière elle-même… Tout espoir est-il pour autant perdu ?
Osiris se redresse et regarde droit devant lui, continuant de porter une oreille très attentive. Les membres de son panthéon ont le rôle primordial de s’assurer que l’Ordre cosmique et la Vérité soient maintenues. Pour autant, la tâche s’avère compliquée lorsque le chaos gonfle et devient trop important. Ce que Chons a essayé de faire en s’appropriant et en voulant utiliser l’art obscure du Dormeur n’était que pure folie encouragée par son désespoir et sa terrible impuissance. Il était dos au mur… Aucun des Héliopolitains, même les plus sages, n’aurait pu résister à pareille tentation si cela avait procuré une solution pour abattre les forces du Mal. Mais d’expérience, Ausir sait qu’on ne peut conjurer un mal sans préserver le bon, aussi infime soit-il. Même si c’est difficile de le préserver, le plus petit espoir vaut toutes les peines. Chons a fait beaucoup de mal… en oubliant que son petit espoir était gardé par les personnes en Stephen et Marc. C’est pour cela qu’il a supplié le Roi parti à l’Ouest dans le monde souterrain pour les sauver.
« Il est difficile d’oublier le passé et encore plus de pardonner à l’être qui nous a fait tant de mal. »
Le regard ambré de la poupée paraît infiniment plus doux. L’aura que la divinité dégage fait penser à ces nuits étoilées, dénuées de nuage, qui se reflètent dans le Nil assoupi aux pieds des roseaux.
« J’étais présent lorsque vous avez vaillamment lancé votre ba pour prendre la place de votre ami. Mon regard s’est posé sur vous et je vous ai offert l’Ankh pour vous ramener. Depuis ce jour, je perçois ce que vous accomplissez. Votre lutte dans l’esprit de Khonshu. Votre combat en Asgard. Vous n’êtes peut-être pas si différent du Guérisseur, il est vrai. »
C’est un signe subtil. Est-ce que cela veut dire que le Juge sait bien plus de choses qu’il ne le dit ? Ou est-ce tout simplement le signe qu’il est prêt à aider à établir l’ordre ? Khonshu est un dieu et Stephen Strange le Sorcier Suprême. Ausarê sait qu’il va avoir besoin de leurs talents respectifs… … Même si cela signifie faire certaines entorses aux règles. Il en a parfaitement conscience et pourtant… Il semble garder une foi incroyablement solide envers l’homme qu’il a tiré de la mort.
« Vous avez fait tous les deux des choix questionnables et qui peuvent être jugés bons ou mauvais. Ceci est le rôle qui m’incombe. Mais n’oubliez pas que vous avez l’avantage de posséder un libre arbitre que même la toute puissance de Khonshu ne lui permet pas d’avoir entièrement. Il doit, au minimum, respecter certaines Lois et veiller sur l’équilibre. Vous avez conscience de vos erreurs et des siennes et j’ai bon espoir que vous saurez en tirer de la sagesse, même si les ombres qui s'amoncellent devant nous sont épaisses… J’ai confiance en vous. »
Une musique inaudible pour les mortels se fait entendre. Douce et envoûtante. Osiris s’est figé pour l’écouter. Dans ses notes sont logés les derniers mots du Sorcier Suprême et avec eux des images d’un Royaume où il a posé le pied, un temps infiniment court et pourtant suffisamment pour y prendre goût. La Duat et ses rivages silencieux. La danse des roseaux sous un vent doux. Le Ciel et la Terre s’enlaçant l’un contre l’autre pendant l’éternité ou du moins jusqu’à ce que l’existence, la Création et la Matière, ainsi que toutes les lumières finissent par disparaître. Ce monde à l’ouest où Osiris en est le Roi et le gardien, là-bas très loin de tout Chaos. Il viendra un jour où ce dernier rampera et grignotera tout et avec l’espoir lui-même. Ce sera seulement à ce moment-là que Ausir et son peuple, tous les morts, pourront s'éteindre, vers la fin de l'Éternité.
Mais en attendant ce jour, le sourire d’Osiris se fait encourageant.
« Vous aurez tout le temps de me rejoindre, lorsque la paix que vous avez connu dans votre coeur au seuil de mon Royaume sera acquis par toutes les personnes dans ce monde-ci, celui… que j’ai connu de mon vivant.
Plus personne n’aura plus rien à craindre après que nous ayons repoussé les tentatives de Chthon et que nous, Seigneurs du Nil, d’Asgard et tous les autres seront de retour vers nos dimensions respectives.
Vous avez retrouvé la vie, en sachant ce qu’il y a de l’autre côté. Permettez-vous de rêver sans pour autant oublier que ce que vous connaissez de votre vivant, vous ne l’aurez plus dans la Duat. Je vous y accueillerais une nouvelle fois, au moment venu, si votre choix se porte toujours sur les rivages d’Aaru. »
La magie mise en place pour faire venir Osiris dans la marionnette de tissu commence à faiblir. Il se concentre à la garder intacte car tant que le Sorcier Suprême aura besoin de son oreille, il tâchera de lui apporter toute l’aide dont il a besoin. Avant le défi du rituel qui s’annonce et avant que les choses ne se compliquent d’elle-même ensuite…
HJ : Hello ! Désolée pour le retard ! Tu peux continuer ou conclure à ta guise mon cher Docteur ! C'est toujours un plaisir d'expérimenté des personnages en ta compagnie
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Re: I summon thee, dead as you may be... [Animateur] Sam 20 Jan - 12:02
Il y avait un murmure dans l’air. Celui de l’Hudson, certes, mais aussi la voix d’une autre rivière, bordée de brumes et de roseaux. Le Royaume d’après rappelait son souverain, et le pouvoir de la poupée s’effilochait. Strange, doucement, posa une main sur le bras de l’effigie.
- Non, ne forcez pas. J’apprécie le sentiment, cela dit.
Le regard du docteur était toujours perdu sur les reflets du fleuve et la façon dont les vagues faisaient danser la lumière des immeubles. Il sentait que leur moment touchait à sa fin, et qu’Osiris était prêt à le prolonger. Ce n’était pas nécessaire.
- Merci. D’avoir écouté. De m’avoir accueilli, de m’accueillir encore.
Le docteur prit une gorgée de milkshake. La soirée autour d’eux était calme, entrant doucement dans la léthargie de la nuit. Il y avait une forme de paix, dans cet endroit. Il était difficile de trouver des poches de nuit, dans la ville qui ne dort jamais. Et la vie était là, bien présente au loin – dans le vrombissement des voitures et les lumières colorées des rues, qu’on voyait de l’autre côté de la ville.
- Quand j’en aurais fini ici, j’irai probablement à la rivière. Peut-être pour y rester, peut-être juste pour vous dire adieu. Nous verrons, j’imagine, fit-il avec un sourire.
Le magicien se laissa aller contre le banc. Mystérieusement, tous leurs paquets et papiers s’étaient volatilisés – ne restait que sa boisson et le corps de substitution offert au souverain des morts. Il avait des choses terribles, et après le nom des ombres et des incendies. Certaines, il les avait faites consciemment, pour améliorer les choses ; d’autres étaient ses erreurs. C’était… étrange, de se tenir à côté du Juge, et de se sentir si peu jugé. Stephen Strange avait été mort. Il était vivant. C’était un bref sursis, un morceau de vie gagné pour sauver le monde. Il avait sa place au milieu de ceux qui avaient vécu et ne vivaient plus, c’était vrai. Mais, dans le même temps, c’était la place de tous les vivants. Ce n’était pas une situation facile, ou agréable, et la tombe est si différente de la terre qu’il est difficile de passer de l’un à l’autre sans sourciller.
Mais il était revenu. Il sentait l’air frais sur son visage, entendait le chant de New York. Il avait retrouvé Cléa, et Wong, et Bat, et le sucrier, et Dane, et Marc, et Domino, et d’autres encore. Il vivait encore, un peu, pour aider et faire au mieux. Le monde d’après ne bougerait pas, et il serait heureux de retrouver son silence et ses ombres, mais il n’avait pas ce que la vie avait. Il aurait tout le temps de rendre son souffle, et les choix qu’il n’avait pas fait, et la vie qu’il n’avait pas vécu plus tard.
Il y avait la magie, aussi. Dans les brumes, il avait oublié les noms – ceux du feu et de l’air, ceux de l’esprit, ceux de la vie, et ceux des Princes qui vivent autour du monde. Distraitement, il ouvrit la main, et un poisson sauta hors de l’eau. Il devint papillon, et virevolta tout autour du ban, avant de devenir rocher, puis serpent, puis poisson lorsqu’il retourna à l’eau.
- Nous nous reverrons vite. Les temps que nous traversons ne sont pas assez calmes pour qu’il en soit autrement.
Le milkshake avait disparu aussi, maintenant. Strange tourna la tête vers le roi des morts, un sourire aux lèvres. Dans l’ombre, ses yeux semblaient noirs, mais la lumière de la ville y laissait des sillons d’argent.
- N’hésitez pas à passer me voir si le nourriture terrestre vous manque, cela dit.
Et, juste ainsi, la magie qui tenait Osiris au monde s’évapora. La silhouette de lin s’affaissa et redevint rubans et ficelles. Strange leva les yeux. D’ici, les étoiles étaient à peine visibles, la concurrence des étoiles de New York étant simplement trop forte, mais le vaste ciel noir n’en devenait pas menaçant pour autant. L’ombre était tranquille. Paisible. Au loin, la statue de la liberté brillait de sa lumière électrique, flambeau tendu.
Le magicien se mit debout, mains dans les poches, et rentra tranquillement chez lui. Le mannequin de lin, lui, avait disparu.