[Mexico][WotG - God Squad] House of Chaos (event Chthon)

Un sourire se dessine; plutôt une sorte de rictus étrange. Il accompagne un regard noir, infiniment sombre et fixateur. Ils ne quittent pas un seul instant l’autre présence, plus pâle… plus en difficulté dans ce combat acharné. Cette entité blafarde au crâne d’oiseau mort et aux bandelettes de lin est désormais à genoux. Ses mains sont levées et se font face, parallèles à son buste où trône un collier et un croissant de Lune dorés. Ses doigts forment ensemble un signe, symbolisant un mot magique. Le bouclier de sable ocre, faisant danser des hiéroglyphes protecteurs, tournoie autour de Khonshu, qui peine à ne pas trembler des mains…
Son adversaire ricane avec mesquinerie; ce qui ressemble au son d’une scie contre une plaque de métal… La magie noire qu’Apokryphos utilise se fait de plus en plus oppressante, du goudron machouillant ces centaines de symboles égyptiens. D’abord les oiseaux, parce que la Copie Vivante du Darkhold connaît bien le Magicien de Thèbes. Il a su son nom d'origine à l’instant même où le dieu de la Lune a parcouru les pages du Darkhold.
« Tu ne pourras pas survivre et les protéger. Fais ton choix. »

Se délecter. Regarder la douleur de la God Squad. Ça lui plaît. Alors c’est ce que l’on ressent lorsque l’on est … grand ? Fort ? Infini.
« Je te connaîs. Je sais ce que tu désires. Rejoins-moi, Chons. »

Les voix sont nombreuses… Elles murmurent des milliers de mots, un mélange de souvenirs dont il ne faut absolument pas se rappeler et de cris de douleur effroyable. Des souvenirs qui viennent du Darkhold et la souffrance que Khonshu a ressenti lorsque le Docteur Strange a dû extirper ces mots de sa cervelle… Le Dieu-Lune commence à se recroqueviller, ses doigts se crispent… Lentement mais sûrement, les symboles protecteurs se brisent et le bouclier perd en intensité. La nappe de brouillard et d’encre se resserrent sur lui…
« Dévorons tes alliés ensemble et devenons… Les prochains Seigneurs de K’lay. »

Incapable de crier, Khonshu pousse pourtant le hurlement le plus terrifié et le plus douloureux qu’il n’a jamais fait de toute son existence. Cela se répercute sur les parois de ce monde affreux de tentacules et de milliards d’yeux, de bouches à dents pointues et de nuages de mots prenant des formes monstrueuses…
C’est un son magique de détresse… de pleurs… de tiraillement aussi… Doit-il céder pour que tout cela cesse ?


Bodb Derg le Rouge ne se pose pas ce genre de questions. Concentrant son pouvoir hérité de Gaea pour survivre entre les couches, le dieu de la guerre des Banes arrache les tentacules qui le gênent pour se frayer un passage avec la finesse d’un taureau de rodéo. Un lien télépathique se crée entre lui et la Sorcière Suprême de la Dimension Noire, qui non seulement lui arrache des bulles de crabes en colère entre ses pinces buccales démoniaques MAIS EN PLUS elle OSE partager ce lien avec toute cette maudite équipe ?!


Cléa ne pouvant plus parler, elle s’assure de pouvoir toujours garder le contact avec son cher et tendre mais également avec le reste de l’équipe… Retrouver la trace du magicien de Thèbes c’est retrouver Apokryphos. C’était le moment de le rappeler au fils de Dagda.


Sur ces mots plutôt énigmatiques, un son guttural ressemblant à un cri de guerre bourru fait trembler le sol et Derg continue de s’enfoncer dans les couches du monde des ombres…


Du côté de Dane, Blade, Hercule et Médico.

D’autres sons s’infiltrent dans la Terre et le Chaos. Tout se mélange. Tout devient difficile à percevoir … Les paroles de Stephen Strange et de Médico Místico font des échos sous la terre des ancêtres des morts, sur ces lieux de cultes de l’ancien Mexique.


Les yeux de Médico ont cessé de briller… Il ne peut pas entendre et pourtant il perçoit les vibrations de ses incantations. Elles vont chercher le principal intéressé de l’appel, celui dont le nom a été prononcé, le seigneur du Royaume qui a été évoqué, le porteur d’espoir et d'effroi à la fois, érigée par une foi inébranlable de personnes ayant vécues dans ces cités…

Parfaitement immobile, Médico peut déjà le voir à travers la brume et l’ombre… Doucement, il s’agenouille, devenant une cible facile. Mais… Il est heureusement protégé par le courage de ses précieux compagnons. Hercule notamment ne recule devant aucun adversaire !
Mais les ombres s’épaississent malheureusement sur ses alliés et frères d’armes … !


« Non ! Black Knight, Blade ! Ne cédez pas à l’appel des Ombres. Elles vous ont forgé mais vous n’êtes pas ses esclaves. Souvenez-vous de votre émancipation, souvenez-vous de votre combat ! El Médico… toi aussi ?! »

Evidemment, ils ne peuvent pas l’entendre. Quoi que ? Qui sait… Peut-être que la God Squad pourra percevoir ces mots venant tout droit de ce cœur vaillant. Hercule reçoit une réponse de Médico, brève mais intense. Il prononce des formules magiques, qui deviennent plus puissantes, grâce à la magie d’Excalibur. Les lieux sont nimbés de sa lumière.
Les tentacules s’écartent en grinçant un cri de craie.
Les yeux se font moins nombreux.
Et enfin, l’ombre s’écarte l’espace d’un instant. Un bref moment mais suffisant pour qu’ils puissent le voir apparaître.



Pas un seul son n’est émis, à part ceux des ennemis, qui tombent sous les coups de Blade. Protégé par Eric, le Khonshu-faucon lève un regard vitreux et épuisé, incapable d’aller plus loin… Il finit par se transformer en petit faucon, qui vient se loger sur une des épaules du semi-vampire, apportant un peu plus de lumière à ses lames tranchantes. Un vampire se battant dans la lumière, aidé par une divinité qui fait la guerre aux monstres… Voilà qui est cocasse !

Le Tēteoh, tout juste sorti de ténèbres, dirige son regard masqué vers les autres cieux… Il perçoit les divinités et leurs avatars purifier son domaine, les dragons ailés en proie à un sort terrible d’attaquant aux étrangers venus aider son peuple… Ce peuple qui a été relevé d’entre les morts de force par la main d’un monstre, dont l’existence reflète une vision d’horreur !


Tlaloc lève un bras, où un grand serpent de foudre prend forme et qui va frapper les cieux. Ils s’embrasent. Le chaos du feu contre celui de l’infiniment noir se percutent et s’affrontent… !

En voyant tout cela et en entendant le vacarme que cela provoque, Moon Knight s’arrête en cours de chemin, laissant Jimmy Hudson partir inévitablement seul dans les ombres de ce monde angoissant.

Du côté Marc, Jimmy, Domino, Cléa & Co.

Moon Knight a longtemps couru… Pourtant, il n’est pas si loin de Cléa Strange et de Domino, puisqu’il peut encore les voir. On dirait presque qu’il a suivi un chemin qui est devenu labyrinthique et qui l’a fait revenir sur ses pas … Cela l’angoisse et il voudrait tant crier. Mais… Il… Il ne doit pas céder, n’est-ce pas ? Il ne doit pas céder à la peur… Le regard masqué de Marc Spector se lève vers la version de Khonshu humaine, dont la peau est encore parsemée d’étoiles, mais bien moins qu’au départ… Chose nouvelle, ses yeux sont devenus laiteux … Khonsou ne peut plus voir son Chevalier lunaire, pour autant Marc a l’impression qu’il le fixe, attendant quelque chose de lui, attendant … attendant qu’il … ? … Que doit-il faire ? Comment peut-il le faire … ? Tout espoir n’est-il pas perdu ?
Le sourire, quoique crispé par la douleur, de son dieu tutélaire lui indique… qu’il reste encore une lueur dans les ténèbres.

Tout d’un coup, c’est comme si le contact entre les deux provoque une explosion. À moins que ça ne soit toute cette lumière qui envahit les lieux sans le consentement du propriétaire qui donne l’impression que le feu et l’ombre font un tango. Layla et Taouret ne peuvent pas aider leurs confrères sans rompre le rituel de purification… Quant à Domino, elle ne sentira pas le désespoir l’étreindre en ne voyant plus Marc, mais bien une sensation de légèreté en contradiction avec les émotions du moment. C’est un sentiment qui est venu s’ajouter aux siennes, celui d’une entité extérieure… L’aide d’une personnalité assez intriguée et joueuse pour parier sur la victoire de la mutante représentant … la chance !

Toutes les aides sont-elles bonnes à prendre ? Difficile à dire ! Malheureusement, cela n’aidera pas tout le monde…

Jimmy Hudson le comprend bien vite lorsqu’il perçoit, au cœur des ténèbres, une des lueurs de la God Squad, vaciller et tomber…

Du côté de Stephen, Victor et Horus… et Derg !

De la foudre accompagnée par des vents violents bousculent et continuent d’enflammer les couches de ténèbres hurlantes et sifflantes. Bientôt, une pluie fine tombe sur les montagnes saignantes du sang des ancêtres. Les petits dragons ailés sont soit disparus dans l’oubli, soit sont enfuis pour tenter de survivre. Ils ont entendu l’appel au départ silencieux devenir un torrent magique. Les magies du Sorcier Suprême et du Dr. Doom font un effet d’ouragan se déployant au-dessus des montagnes et rendent les étoiles et cette Lune rougeâtres plus brillantes encore qu’elles ne le sont naturellement.
C’est un spectacle étrange… fascinant aussi…
… C’est la dernière chose qu’il verra, pense-t-il, le divin faucon du Ciel, enfant d’Osiris et d’Isis…

Les derniers mots sortant du bec d’Horus sont prononcés plus lentement. Sa respiration semble difficile. Les blessures subies ont l’air… effroyables. Mais, il parvient encore à agir, à lutter jusqu’au bout… Et cela malgré que lui et son groupe deviennent progressivement aveugles, à cause de la présence des ombres du Darkhold…. Ses yeux peuvent voir les auras qui l’entourent, dont celle de Bodb Derg le grand ennemi du Chevalier Vert, capable de réduire en charpie même un mourant sans aucune hésitation.
Pourtant, il n’agit pas ainsi alors que Horus s’éteint sous ses yeux.

Les plumes deviennent de la poussière d’or pendant que l’Héliopolitain disparaît. Des derniers murmures dans une langue ancienne s’évaporent, rappelant une prière avec l’appel de noms anciens dont celui du père du défunt guerrier faucon. Une litanie pour le Roi des Morts Osiris.

La troisième forme du Dieu-Lune, sous les traits d’un très jeune prince, serre de ses petites mains le pan du manteau de Stephen Strange, avec une envie de céder à la peur et aux larmes. Il a si mal, ne voit ni n’entend… et il ne peut terminer le chant sans la parole…
Alors pour aider les lumières magiques d’Excalibur et des magiciens, des divinités et des guerriers à leurs côtés, Chons réussit à rassembler ses pensées qui convergent vers une seule et unique chose, suffisamment importante pour qu’il le tende vers les deux personnes de son salut, de ce côté du dôme.
Le jeune prince tend vers le Sorcier Suprême un parchemin, un morceau du Livre des Morts d’Egypte. Pour l’aider… à passer dans le chaos… Tandis que la présence de Chons procure aux nouveaux Doombot ailés un regain d’énergie et de quoi continuer à repousser les parois.


Le Dieu Rouge change… Est-ce la frustration de ne pas avoir pu porter le coup de grâce à Horus ou celle que l’ennemi soit si proche d’eux ? Aucune importance, car le changement chez Derg a tout de positif pour ses alliés. Difficile de savoir s’il considère la God Squad comme telle, mais il semble prêt à repousser les ténèbres en regagnant sa forme d'antan, celle d’un guerrier féroce à l’aspect sombre et à l’armure rougeoyante. Avec une épée puissante, il va frapper le ciel de tentacule, entrant sans crainte d’être blessé dans aux milieux des éclairs et des piques d’yeux.

Chacune de ses frappes produit un grondement chaotique dans les airs !

Soudain, tout… se fracture.
Mais pour parvenir à supporter le soudain torrent de voix et de visions d’horreurs, les membres de la God Squad devront user de tout ce qu’ils peuvent pour continuer… à moins que l’abandon ne soit la meilleure des solutions … ?
Souffrir autant n’est pas tenable.
Mourir, personne ne le veut … !
Se replier dans les ténèbres doit être la dernière chose à faire.

« God Squad. »

…

L’escouade divine. Des membres exceptionnels. Des amis, des proches, des héroïnes et héros, des guerriers et des sorciers. Abandonneront-ils ? La personne qui se dresse à leur côté espère que non. Il croit en leur force. Car c’est bien eux qui l’ont inspiré et qui lui permettent de se relever maintenant, encore une fois. Toujours.


Tout le monde est désormais réuni. Après avoir lancé des sorts de purification, toujours en cours. Après avoir cassé les murs, le ciel, les premières couches des ombres. Après avoir repoussé les morts et les dragons. Après avoir repoussé leurs peurs et leurs chagrins… La God Squad est devant un nouveau défi de taille…


Le monde semble… inversé ici.
Ou alors, ils sont à l’endroit mais leur vision les trompe ?

Le ciel au-dessus de leur tête ressemble à un autre sol tout aussi tortueux et tentaculaire que là où ils se trouvent.

Apokryphos se tient debout, pied ancré dans ce “ciel terrestre” rempli de nuage d’encre, où se déversent ses propres intestins et où l’on peut se rendre compte que ces fameuses tentacules pleines d’yeux sont des morceaux infinis de sa propre peau … Ses propres yeux sans paupières sont d’un noir profond mais qui se font deviner par deux petits points blancs fixateurs, faisant office de pupilles rondes. Le reste de son corps est allongé, difforme, ses bras branlants si fins et ses bras une simple extension de ténèbres. Celles-ci englobent le dieu de la Lune, l’original, comme des lianes le recouvrant presque entièrement.
Sans aucun ménagement, Apokryphos l’envoie vers un mur d’encre qui sert de couche parmi toutes celles qui composent le dôme.

En penchant la tête, imitant la curiosité, Apokryphos fait atrocement craquer son cou. « Bravo. » Tout est faussé, particulièrement sa façon d’utiliser les émotions. Il ne ressent et ne fait rien ressentir. Il apprend en passant d’un rien à … à quelque chose. « Bienvenue chez vous. C’est ici votre dernière demeure. »

Apokryphos semble avoir appris à se délecter de voir la souffrance chez ceux qui arrivent dans son monde. Ils verront sans doute son œuvre, ce qu’il a fait à cette terre sacrée, des restes des auras des Tëteoh, un panthéon tout entier réduit quasiment à l’état de poussière. Un nouveau craquement horrible se fait entendre. La créature née du Darkhold semble émettre un sourire qui la rend encore plus terrifiante…
« Vous n’empêcherez rien d’arriver. Le Dormeur est destiné à s’éveiller et à détruire ce qu’il regardera, à corrompre ce qu’il touchera, à se nourrir de vos envies, de vos souvenirs… De tout ce que vous êtes. Moi, je cherche la connaissance. Servez-moi. Nous ferons de ce monde notre domaine. Une larme. Un cri dans le Cosmos. Mes Ombres. »

Ses bras. Ses intestins. Sa peau…
Tout semble tomber en des milliers de pans d’ombres, emplies d’une magie terriblement corrosive, qui vomissent une multitude d’autres tentacules. Et toutes ces voix qui s’enchaînent, tous ces grincements, ces hurlements … Tout cherche à atteindre chacun des vivants en ce lieu. « Endormez vous ou succombez. Cela n’a aucune importance. Vous me servirez ! »

Tout devient plus sombre… Aucun espoir ne demeure… À part dans la volonté de chacun ?

Un cri de guerre est poussé mais il provient cette fois d’une voix bien humaine. L’énergie qu’a gagnée Moon Knight l’a nimbé d’étoiles et sa cape véhicule une aura bienfaitrice. Il ouvre une voie sûre dans les ombres en ne sachant pas combien de temps il pourra tenir ce pouvoir ni comment il l’a obtenu d’ailleurs. Sur son dos, le Khonshu humain qui a accompagné son groupe semble s’être évanoui, comme vidé de ses forces. Il a tout cédé dans le dernier espoir qu’ils puissent tous réussir là où il a échoué.

Des éclairs fusent. Des coups d’épées titanesques sont donnés. Les prochains coups seront peut-être déjà décisifs… !

Le ciel est constitué d’encre et de formes disgracieuses. Aucune lumière ne peut passer entre les tentacules qui claquent comme le tonnerre. Rien ne vient, même pas un son tant les mots d’une difformité atroce sont les maîtres ici. Apokryphos se tient au milieu de cette scène de grondement percutant des chairs et de la magie du sombre Darkhold. Des vibrations insupportables indiquent qu’il émet … un rire. Quelque chose qui n’est pas audible par l’oreille mais par la pensée et le toucher. L’Enfant copiant les mots du livre écrit par la main de Chthon se gausse de ce qu’il voit. « Amusant. » Le terme s’arrache de sa bouche dans un grondement sourd, vibrant sur les parois de ces lieux immondes. Pas d’émotions, mais pourtant de l’intérêt. C’est amusant de les voir, ces mortels et piètres dieux, se tortiller de la sorte. « Je ferais pourrir vos maigres espoirs. »
Le bruit de dent contre la peau, puis comme le métal… puis contre tout ce qui peut être reconnaissable et qu’Apokryphos sait parfaitement bien imiter. Car il a appris et comprend ce qui peut le mener à la victoire. Il pense déjà avoir atteint la suprématie… Les sons ne font que rappeler ce qu’il a fait et ce qu’il continuera à faire.
Se nourrir de tout ce que sa pensée touche.

Vers l’ouest, une eau étrangère à ce pays essaye de se frayer un chemin entre le goudron et les yeux scrutateurs des ombres. Elle a pris des teintes d’ébènes et les sons larmoyants qui s’en dégagent sont déchirants. Les cris réclament rétributions, en pleurant l’enfant qu’elles ont perdu … Au côté de Cléa Strange et de Layla El-Faouly, Taouret a pour la toute première fois depuis qu’elle soutient la God Squad un froncement de sourcils. Elle peine à s’ouvrir aux autres mots qui essayent de passer par-dessus ceux émis par Apokryphos, mais elle saisit l’essentiel.
« Bien, bien, bien, je m’en remets à votre jugement. »

Elle acquiesce et continue de soutenir l’effort collectif. Ses petits yeux d'hippopotame scrutent quelques instants le parchemin que tient l’éminent Sorcier Suprême. Bientôt, un léger sourire s’esquisse sous ses grandes joues.
« C’est ce qui s’appelle un sacré choc des cultures ! N’est-ce pas excitant ? »

Son rire est emprunt d’une mélodie, qui circule sur les parois sombres du dôme. Des remous dans l’eau de l’Ouest se font plus puissants. Des petits tourbillons s’élèvent et percutent les tentacules qui s’y agrippent comme des acharnés. Des éclairs fusent, aussi forts et puissants que suggèrent le niveau de colère des entités qui les invoquent. Tout comme Tlaloc, Seigneur de Tlälöcan, les esprits réclament vengeance, mais à la différence qu’il est … seul. Il a tout perdu en un rien de temps et l’avenir lui est devenu moins perceptible. Il craint les ténèbres qui leur font face… Pourtant… Au milieu de tout ce fracas magique et des mots sombres lui provoquant le doute, il tend l’oreille vers les seuls esprits mortels présents ici. Vers la God Squad… vers leurs pouvoirs… Excalibur… puis le sceptre Was… Il finit par incanter à son tour, avec l’aide de ce surprenant magicien du Mexique.

Une explosion fait soudain rage … ! Excalibur a transmis le message de son porteur et aussi sa flamboyante lumière. Elle représente un éclat dans ces ténèbres… Mais un éclat suffisant pour éveiller bienveillance, pouvoir, espoir !... et un peu de méfiance chez le Chevalier Rouge qui voit le sol se fracturer et devenir plus moue…
De la mousse végétale s’est déposée et commence déjà à se flétrir …


Il regarde le champion, le porteur d’Excalibur, se jeter littéralement dans la gueule du loup. Et c’est peu de le dire… Dans un grognement, Bodb Derg, Dieu de la Guerre et de la Décrépitude, sous son casque à cornes et son armure rouge, fulmine de rage.


Provoqué à vif par la vision de la magie verte déployée depuis l'ancestrale Excalibur, le Dieu-Rouge des Celtes se jette à son tour sur Apokryphos pour attraper Dane Whitman. L’armure rouge commence à subir le contrecoup d’être aussi proche de cette maudite lumière mais il ne recule rien devant l’adversité. Les deux épées diamétralement opposées parviennent à s’entendre le temps d’arracher un crépitement de la part d’Apokryphos.
Il ressent…
… la douleur ?
Inacceptable. Inapproprié. « Vermines. » … Impardonnable. « Les mers d’encres vont venir vous avaler. »
Apokryphos retient les deux bras qui tiennent les épées, pour empêcher leurs porteurs de s’éloigner de lui. Son sourire fait d’os informe semble se complaire à les voir se débattre. Bodb Derg pose son regard vers Dane Whitman et Excalibur.
Si le petit signe qu’il a vu n’était pas une erreur… Ils devraient pouvoir s’en tirer … ?

La méfiance est de mise, mais pour la première fois, même les personnages qui provoquaient ce sentiment sont en train de se battre de toutes leurs forces pour le bien commun. Blade fait aujourd’hui partie des alliés improbables de la lumière. Protégeant le petit faucon de la Lune, il s’est élancé tout comme Dane vers une cible de taille… Ce mur d’encre et de tentacules, le tout dernier lieu des cauchemars où personne ne souhaite se rendre. La peur irrationnelle incarnée l’y attend et la mort suinte dans chacun des pores aux côtés de ces yeux insupportables qui continuent d’observer, de le suivre comme si son ombre elle-même ne pouvait se dérober à leurs regards… Blade se retrouve seul, là où il ne trouvera aucune issue…
Seul ? Pas tout à fait.
Car bien qu’il ne soit plus capable de parler, Moon Knight dans son étonnante cape d’étoile est parvenu assez surprenamment à suivre le rythme inhumain de d’Eric Brooks. Marc Spector ne se demande pas comment il a pu faire une telle chose… Son esprit est focalisé sur ce mur, sur l’être prisonnier derrière, sur celui qu’ils doivent sauver !

Ils sont passés mais combien de temps leur restent-ils… ? Combien de sacrifices devront-ils faire pour réussir ? Non, prononce sa propre voix dans son esprit brouillé, non. Il refuse. Plus de pertes. À part celle de l’ennemi !

La lumière d’Excalibur est déviée par le faucon lunaire qui disparaît dans une volute de magie égyptienne. Ce souffle ne doit pas être gâché… Les lames de Blade transpercent le mur. L’effet s’enclenche dans une gerbe de lumière mélangée à des hurlements que même le demi vampire affligé de surdité peut entendre. Des pleurs, des cris venant de plusieurs voix. Celles des ombres, celles en pleine découverte de ce que peut ressembler la frustration chez Apokryphos. Et celle du prisonnier qui lutte de toutes ses forces pour s’en sortir…
Ils brûlent. Blade, Khonshu, Apokryphos… ! Brûlé par la lumière et les ombres…
Dans le dos des deux noctambules, une nouvelle explosion se déploie. C’est Domino qui se met également très proche du danger !
Moon Knight plonge vers Blade et … Sans attendre une seule seconde, il saisit fermement le bras recouvert de bandelettes qui dépasse du mur d’ombres et tire.
Le vide finit par les recouvrir… !


Je suis à vos côtés, s’entend-il penser… Les pensées, d’ailleurs, deviennent quasiment inutiles, dans ce vide. Elles ne questionnent plus et ne distinguent plus le vrai du faux. Les murmures du Darkhold sont omniprésents. Réfléchir est impossible… Se rappeler est une torture. L’identité est un lointain souvenir perdu dans les vagues que les voix et horreurs imitent. Elles ont créé cet endroit, devenu une nouvelle réalité. Les nouveaux prisonniers s’en rendront rapidement compte… Celui qui y est déjà coule, comme une pierre, dans l’encre, dans l’oubli…

Mais un écho l’atteint finalement, accompagné de lueurs… Je suis… à vos côtés ?, répète-t-il aux voiles et brumes d’ombres. Émerge ensuite quelque chose qui surgit de l’inexistance. Qu-... ?! Des milliers de picotements se font entendre, des ondes sonores se font ressentir, des lueurs enflammées viennent le toucher… Mais rien ne s’offre à sa vision trouble. Ghhhnn- … ! Il ne voit rien, n’entend pas plus et ne peut même plus prononcer son propre prénom. Encore doit-il pouvoir s’en souvenir… Il ne ressent même pas la brûlure des lueurs et le picotement des dents qui essayent de le retenir dans cette prison, lui et les autres. Les autres… ? La God Squad ? Les dieux ? Le monde ?

Les voix lui murmurent de la consolation mielleuse et l’invitent à tout oublier pour ne plus endurer pareille souffrance. Il refuse une fois et en subit les conséquences dans la douleur… Il souhaite que cela cesse mais il refuse une seconde fois d’abandonner…
Et la troisième fois… ce ne sont pas les voix du Darkhold qui lui coupent l’air de sa gorge… !

Khonshu plonge une nouvelle fois dans l’eau… qui n’était plus faite d’encres et de voix.
C’était celle où pousse les papyrus et le limon, là où dansent les lotus dans le Royaume de l’ouest.




Un éclat grandiose prend différentes formes. Elle est faite de lumières et de chants. Dans le fond, encore lointain, se font entendre des … Qu’est-ce que c’est ?!

Hercule a tendu l’oreille entre deux grandes baffes pour protéger Médico et Tlaloc.
« C’est … ?! Je perçois les trompettes du ciel de l’Olympe et les cors de guerre d’Asgard ! »

Il se retourne et surprend des flammes dansantes dans le regard de El Médico, en unions avec celles de Tlaloc.

Soudain, une fracture déchire un endroit du dôme qui n’est pas perceptible à l'œil nu, mais suffisante pour être perçu par les entités voulant passer. La scène où se battent la God Squad change incroyablement vite … !


Des incarnations de l’abondance entrent en scène. Mélange de toutes ces cultures, si lointaines et à la fois si proches. Des plantes où poussent les plus beaux fruits en Grèce, des animaux galopants sur toutes les grandes plaines d’Europe qui arborent des symboles celtiques sur leurs flancs, de la foudre venue du ciel d’Asgard et sortent de l’eau des crocodiles du Nil.

Une magie verte illumine tout un passage qu'empruntent des cerfs, des sangliers et des ours, par centaines, piétinant le ciel de tentacules. Des oiseaux majestueux arrachent les yeux sur le sol et libèrent de prison d’autres créatures célestes. Des dragons-serpents atypiques de Quetzalcoatl s’en prennent férocement aux ombres qui entourent Apokryphos. Des formes rapides et lumineuses viennent se poser sur chacune des braves héroïnes et héros présents pour les aider… À n’en s’y méprendre, ils ressemblent bien à des colibris !

En dessous, bien au-delà où les entités alliés de la God Squad ne puissent pour le moment pas atteindre, deux êtres tentent de retrouver leurs existences propres, qui leur ont été volées il y a de cela plusieurs mois, par cette immondice d’Apokryphos. Tout là-bas, dans les tréfonds de la Terre, sous les eaux et le ciel étoilé, où on y va et n’en ressort jamais, dans le “lieu des morts”. Le Chicunauhmictlan ou Ximoayan, lieu des décharnés. Le lieu des morts, le Micquitlan, là où circule l’énergie du tonalli.
C’est là-bas, dans le Royaume du Mictlan, se dégagent enfin des griffes d’Apokryphos le couple divin Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl.


Ils ne peuvent émerger davantage et ouvrent ce passage pour faire passer la magie ancestrale des Tëteoh. Ils accompagnent le Seigneur des Morts venu de l’Ouest, qui est présent à travers le Docteur Stephen Strange. Ce dernier, bien que tous les événements lui soit apparu en détail à la seconde près, aura pourtant reçu en l’espace de quelques secondes le Héqa. Il est devenu le porteur des deux sceptres de pouvoirs et d’autorités égyptienne, ainsi que les ailes de la Grande Magicienne. Railleurs et moqueurs mais entraînés malgré tout à protéger la lumière de Râ, des esprits à la forme séthienne virevoltent autour du sorcier et attendent des ordres. Le Nekhekh est également présent, par l’intermédiaire du petit garçon qui n’a pas lâché la main du Docteur un seul instant. Son autre main juvénile tend vers ce dernier le fouet agricole, la dernière pièce du pouvoir qu’Osiris semble vouloir tendre, accompagné de sa fratrie de lumière et d’ombre. Dans le regard du petit dieu lunaire réside un millier d’étoiles, dont quelques-unes glissent dans des larmes le long de sa joue. Le jeune prince implore son aide, mais plus encore… Il souhaite sauver et guérir celles et ceux en qui il est tant redevable et qui ne l’ont pas oublié et abandonné à son triste sort.

Le garçon émet un sourire et pointe du doigt un lieu qui n’est pas tombé vers le Mictlan, ni dans les bras d’Apokryphos, ni dévoré par les flammes divines. Ils sont là, les membres rescapés de la God Squad … !
« Vous n’êtes que des ombres et des murmures. J’ai fait mien vos pouvoirs ! » Colère. Frustration. Est-ce là la perception d’une possible… défaite ?! Improbable. « Je serais grand. J’apprendrai encore. » Les mains difformes s’allongent. Les cris et les vrombissements s’intensifient. Les mots de pouvoirs du Darkhold s’imposent sur l’entièrement du corps et de l’esprit de la Copie Vivante, l’Enfant maudit… « S’élève ici le Seigneur de K’lay. Je serais l’Unique. » Apokryphos décolle “du sol” - ou plutôt du ciel - et fait face à l’assemblée magique, les envoyés divins, les hérauts et magiciens, les mortels et immortels… Il fait front devant la Vie et la Mort … !




Terrible et terrifiant.
Tout ce que l’Univers porte de plus sombre et inconnu au sein de tous les astres célestes sont entre les mains d’un être effroyable… !

Sous la grande cape protectrice - incroyablement grande d’un coup ! - de Moon Knight, où les étoiles commencent à diminuer et disparaître une par une, les autres membres de la God Squad peuvent entendre ces vibrations et cette pression énormes que provoquent les astres stellaires de cette masse …


« Prudence. », fit Marc par la télépathie. « Je sens que nous y sommes. Victoire et Chance nous tendent les bras… Alors ne… ». Une hésitation… et finalement un brin d’espoir illumine son regard magique : « Ne manquons pas notre rendez-vous avec elles ! »
Il attrape le corps vivant mais affaibli du Dieu de la Lune, pour le mettre sur son dos, et aide les autres à se relever.

Maintenant qu’ils sont arrivés jusque là, ils doivent trouver le bon chemin pour rejoindre ce monstre et en finir… Pour de bon !

La lumière vacille.
Elle est si faible qu’on peine à la percevoir au milieu de toutes ces ombres. Mais elle continue de battre au rythme d’un cœur.
Bientôt la présence d’un cerf la fait très légèrement réagir. Fait de magie verte de la nature, l’animal vient l'effleurer avec son museau. Tout autour de lui, des éclairs et les flammes fusent, des tambours de guerre résonnent. La présence des divins luttant contre les ombres du dôme anime ces lieux jusqu’à là si silencieux et froid… La lumière se pensait perdue mais elle retrouve le visage d’un allié, recouvert d’ailes d’ors venues d’une magie de sable et de lotus très familière. Le nouveau venu est un ami, un mortel mais à la puissance d’un dieu, qui vient le chercher pour partir de cet endroit maudit. Autour d’eux, les esprits séthiens viennent dévorer avec gourmandise les liens qui retiennent la lumière prisonnière. Et bientôt elle est libre de briller, de se réjouir ! Car ils vont s’en sortir !


Victoire et Chance sont les mots que Marc Spector a véhiculé par la pensée un peu plus tôt, persuadé que c’est la voie à suivre. Portés par cette impulsion, les membres de la God Squad seraient entrés dans le cœur même du Chaos primordial, dans le seul et unique but de mettre fin aux agissements d’Apokryphos, l’Enfant et Copie-Vivante du Darkhold.
Cependant, qu’auraient-ils fait ensuite ? Que seraient-ils devenus, hormis des instruments de plus que l’on envoie pour abattre, puis pour jeter dans le vide de l’oubli, inutilisable après tant d’efforts.
Certaines divinités ne l’ont pas entendu de cette oreille. Bienveillantes, protectrices, aimantes de la Vie, elles ont offert un très grand pouvoir au Sorcier Suprême pour sortir la God Squad d’une très mauvaise posture.

Marc Spector comme les autres s’est laissé porter par cette aide bienvenue. Comme les autres, peut-être, le doute l’assaille. Ses pensées sont confuses, oscillant entre les siennes bien humaines et la façon de raisonner d’un autre, dont le fil télépathique tient encore… Khonshu est là, quelque part, tout près de lui. Physiquement inconscient, épuisé et blessé (quoique moins maintenant), mais psychiquement là, dans les étoiles de sa cape, dans les plis ténébreux de sa capuche, dans la lueur bleuté de son regard masqué.

Chons est tout près de lui. Il lui fait confiance. Il lui a prêté … son pouvoir le plus précieux.
Celui qui est régi par la Balance et le Temps. Celui qui s’est forgé par les âges, les connaissances mystiques et les nombreux voyages, sous la lumière de la Lune et dans les forces qui la séparent de la Terre. Celui qui est venu du sang d’Amon-Rê et d’Atum…
Marc est oppressé par le goût de la peur et de la cendre…

Une main faiblarde serre doucement son épaule droite. Moon Knight tourne légèrement la tête pour écouter les murmures de Khonshu.
D’accord. Il sait ce qu’il doit faire.
« Dane, Eric, Neena. J’ai besoin d’un peu de temps. » Ses mots sont toujours prononcés télépathiquement. Il paraît déconnecté de la réalité, n’ayant toujours pas pris conscience qu’il peut à nouveau parler. « Je dois récupérer… ce qu’il a volé… »

Son esprit est là, mais pas vraiment. Son corps est là, mais différent. Ce costume étoilé est constamment en mouvement, comme le ciel et les étoiles. Lorsqu’il lève les bras, sa grande cape s’étale une nouvelle fois pour devenir aussi impressionnante que la voûte céleste de la nuit.
Les points blancs lointains grossissent et augmentent en nombre, petit à petit, alors que Moon Knight semble faire quelque chose… Il… Marc tente… de reprendre la magie qu’Apokryphos a volé ?!
Il entend la tempête et les vagues, les volutes de sables et de feuilles, le craquement des os et de la terre, la décrépitude et la désolation… Et aussi cet amas de chaos, ces milliers d’yeux qui ne sont pourtant plus présents autour d’eux et les voix… Toutes ces voix…
Faites les taire !
…
Marc est regardé par beaucoup de monde…
Les immortels et les dieux.
Les ombres.
… Et par le principal intéressé, bien sûr.
« Outrage. Ceci m’appartient ! »

Marc n’a aucune idée de ce qu’il est en train de faire, ni comment il le fait, mais le processus d’absorption de la magie fait son chemin, sous le jugement des divinités venues aider et sous les cris d’indignations et de fureurs d’Apokryphos. Il lui reprend ce qui ne lui appartient pas, la magie des magiciens et des sorcières, des innocents et des justes. C’est douloureux et Marc sent déjà ses jambes trembler ainsi que son coeur dans ses tempes fiévreuses.
Mais il doit tenir, pour eux, la God Squad, et pour ses proches…

La Lumière Blanche d’Excalibur. Les lames magiques de la nuit du Dhampir. Les balles non-magiques de Chance incarnée, qui touchent.

Apokryphos est aveuglé et pour la première fois, le monde qu’il a bâti se met à trembler.
« Pourquoi lutter ?
Vous m'êtes impossible à regarder... Vous… La lumière qui vous anime.
Hors, si vous laissiez les mots du Darkhold entrer dans votre esprit, je vous verrais mieux.
Laissez-vous faire. Vous y trouverez de la quiétude. Tout ce que vous faites ne vous mènera à rien. Car tout Lui appartiendra. »


Dans les profondeurs du dôme, entre les multiples couches, une lumière vacillante s’anime et devient plus puissante au fur et à mesure que des mots sont prononcés. Des chants s’élèvent. Des chœurs s’élèvent, à l’unisson, des chansons de guerre et de pouvoir. Des ôdes à la Vie font perdre pied à Apokryphos.
Ce qui lui sert de torse tordu et décharné se met à bouger, comme si L’enfant Maudit se mettait à rire aux éclats. Mais de sa bouche difforme, rien n’en sort, hormis des crissements inhumains.
« Inutile. Faibles créatures de lumière. Seul le Chaos apporte la voie. Il est l’avenir, la vérité… tout ce que je vois… ! »
Sa voix déraille. Les ombres qui le composaient jusqu’à maintenant, s’évaporent et lui arrachent des sanglots colériques. Il semble souffrir mais est incapable de le prononcer. Les mots qui s’échappent sont issus du Darkhold, et le Darkhold ne connaît pas le supplice.
« Mortels. Divins. Fous.
J’ai regardé ce que le Soleil et la Lune ont vu. J’ai sondé les eaux calmes et insipides !
Chthon sera absolu. Aucune issue, aucun survivant. »

Et soudain, tout se met à changer.
Tout s’effondre. Mais le ciel ne vient pas se fracasser sur la tête de la God Squad. L’air redevient plus pur, la magie noire s’engouffre dans les failles de la terre, le ciel reprend lentement des couleurs normales, les chants se font de plus en plus forts…
Le sort de purification arrive à son terme et provoque de nouvelles fissures dans le dôme.

Elles laissent ainsi passer des visages plus familiers … !


« God Squad ! Hey, les gars !
- Thor ?!
- Ça fait des jours qu’on essaye de vous rejoindre. Par Odin, vous êtes sain et sauf !
- Des jours ? Tu ne veux pas plutôt dire des heures … ?
- Pas le temps de bavarder, Hercule, ça va pas tarder à chauffer ! Tout le monde, suivez-moi ! »

En effet, Apokryphos semble être repoussé par la charge de la God Squad et tout le monde est propulsé. Dans les ténèbres s’extirpent le Sorcier Suprême et ses alliés magiques, après qu’ils aient lancés un ultime assaut dans le coeur même du monde noir de l’Enfant Maudit.

C’est ici, bien vivants, que les héroïnes et héros se tiennent, victorieux sur les ténèbres. C’est ici que se tiennent le couple de Suprêmes, ainsi que le rescapé Horus, dans sa forme de jeune faucon réincarné.


C’est là-bas, dans les tréfonds, que toute la magie noire s’enfonce pour disparaître…

Bientôt, les couches du dôme deviennent moins épaisses, les tentacules ne sont plus qu’un mauvais souvenir et les yeux crevés se sont clos… Et au milieu de tout ça, quelque chose lutte encore.

Plus petit. Plus insignifiant. Pas moins effroyable pour autant.
Ce corps est particulièrement immonde, aussi informe que les restes d’un amas en décomposition. Ce qui serrent de viscères s’étalent un peu partout. Le mouvement de la tête fait affreusement craquer une nuque trop longue.
Apokryphos est genoux et mains longues osseuses sur un sol herbeux qu’il voit gris. Son regard aux orbites vides mais où sont logés deux simples pupilles est effrayant. Il fixe la God Squad… Toute sa haine est portée sur les mortels qui l’ont défié, sur la magie qui l’a anéanti et réduit à cet état, sur ce voleur qui lui a pris son bien le plus précieux.

En l’espace d’une fraction de seconde, un des bras d’Apokryphos, s’il en fut un un jour, part, telle une branche tentaculaire couvertes d’épines vers Marc. Aussi rapidement, il part en poussière opaque et immonde.
…

Il vient d’être irradié, brûlé puis rendu cendre par la nouvelle présence divine, qui vient d’apparaître aux côtés de la God Squad.


Ce visage n’est pas inconnu des égyptologues. Il apparaît sur les anciennes peintures pour représenter tous les Pharaons, car il est le premier d’entre eux, celui qui règne, le Roi des rois.
Amen, le Caché. Amon-Rê, le père et le Soleil d’Egypte.

Il porte contre lui son propre enfant divin, Khonshu, dont la tête en forme d’oiseau osseux repose contre son épaule. Contre son autre bras et épaule, c’est le corps légèrement affaissé de Moon Knight qui a trouvé du soutien et de quoi lui éviter une vilaine chute.
Cependant, Marc semble encore conscient, bien qu’il soit embrouillé et perdu. Ses yeux embrumés croisent ceux incroyablement doux de cette divinité qu’il n’avait jamais vu avec ce faciès. Bientôt, les yeux de Marc regardent une bille lumineuse de la taille d’un ballon de football planer juste devant eux. Elle semble chaude, pleine d’une chaleur bienvenue mais surtout particulièrement imposante car remplie de différentes magies. Elles viennent d’être sauvées, arrachées des griffes et des crocs affamés d’Apokryphos.

Amon-Râ lève un regard vindicateur vers la créature qui insulte l’existence par sa simple présence. Mais il ne fait ni ne dit rien. Il n’est pas le juge, ces terres…
« J’ai vu.
Je connais la chute. Votre chute.
Ce sont d’abord les lumières qui s’éteindront. Puis les mondes qui s’effondreront. La vie n’est qu’une fenêtre. Alors que le chaos est omniprésent et avale tout. Il est et sera, toujours. Le vide est le passage vers le silence et la quiétude. Les voix me l’ont chuchotées. Je veux voir le chemin. Je veux tout. J’ai si faim… Je veux tout savoir.
Rendez.
Moi.
Tout. »

Apokryphos ne supplie pas. Il ne demande ni pardon ni pitié. Il rampe. C’est un être qui ne voit pas les choses mais qui les désire malgré tout.
Doit-il vivre ?
Doit-il être épargné ? Est-il simplement malade ? Est-ce soignable ? Ou alors n’est-il qu’un amas de mots, une monstruosité qui ne devrait pas être là ?

Tout le monde l’observe mais garde le silence.

On y trouve ces dieux du nord, qui ont dû fermer Asgard pour qu’elle ne finisse pas entre les tentacules d’Apokryphos. En l’absence d’Odin, c’est à Thor que revient le devoir d’observer.

On y trouve les celtiques, ces fiers guerriers proches de la nature. Ils sont venus d’Avalon, la terre constamment menacée par l’allié des ombres, ce maudit Necromon, si peu différent de l’Enfant Maudit.

On y trouve les gardiens de la Balance cosmique, les juges et les magiciennes des sables et du lotus. Héliopolis Céleste, le joyau du Soleil, a été dévoré par la magie résiduelle de Chthon.

On y trouve les trois dieux frères, dont l’un est le grand patron du mont Olympe, vainqueur des titans anciens, accompagné de quelques-uns de ses enfants, fils et filles de la guerre et de la justice. Zeus, un Father-God aussi important et puissant qu’Odin ou qu’Amon-Râ, observe d’un œil absolu ce qu’il se passe.

Et on y trouve aussi les panthéons d’Amérique, ceux qui ont foulé les terres sauvages du nord, du centre et du sud, ceux qui arborent les plumes et la sagesse que les shamans humains ont porté pour leur rendre hommage. Malheureusement, ils manquent beaucoup de divinités, car un panthéon entier n’a pas eu la chance de sortir des ombres qu’Apokryphos a laissé sur ses terres, marquées… définitivement.
« Vous n’êtes rien.
Votre jugement. Vos essences magiques. Votre existence. Tout ce que vous êtes…
Celui qui Dort rêve des ténèbres absolues.
Il lui suffira de vous regarder pour vous faire disparaître ! »

Pas de conscience, pas de choix, pas de voie à suivre, pas de libre-arbitre. Rien.
C’est ce qu’Apokryphos a vu. C’est ce que représente ses étranges rires hystériques, un mélange de sifflements et de pleurs haineux. C’est ce que les membres de la God Squad peuvent très légèrement ressentir, ce vide infini, ce rien qui semble être plus terrible que le chaos primordial lui-même, ce moment affreux que Khonshu a vu depuis si longtemps et contre lequel il a voulu lutter en commettant l’erreur de vouloir utiliser le Darkhold. Vaincre le mal par le mal… Est-ce la solution ?
Pour autant, ce n’est pas la voie que choisissent les Tëteoh.

La Terre gronde.
Là-bas, depuis les tréfonds, là où toute la magie noire s’est enfoncée pour disparaître, sortent des mains d’os assez grandes pour attraper un homme. Elles agrippent le corps d’Apokryphos, qui s’accroche à la terre sans ménagement. Les sifflements et grognements des serpents-ailés résonnent. Ils surgissent et viennent mordre Apokryphos de toutes parts. Des mots dans la langue ancienne du nahuatl s’expriment et font échos aux prières plus mélodieuses et mélancoliques de Tlaloc, qui finit par s’avancer vers son ancien bourreau, vers celui qui a détruit sa tribu.


La pluie tombe. Elle est douce et froide… La brume s’élève un peu mais pas assez pour couvrir la scène que tout le monde peut voir. Elle semble suffisante pour rendre le Seigneur de Tlalocan plus translucide. Cette pluie sont les larmes de son cœur et dans son regard s’illumine le feu des perdus.

Apokryphos émet des sons. Quelque chose qui peut faire penser à un rire mais ne venant pas du cœur. Les sons qui l’accompagnent sont ceux des voix, des mots, et du Darkhold, que les Tëteoh couvrent par leurs propres symphonies.

Les mains squelettiques aux bracelets de plumes le tirent inévitablement vers le royaume du bas. Vers le domaine du Mictlan. Vers un endroit où la Copie-Vivante ne pourra plus faire de mal aux vivants ni aux morts. C’est ainsi qu’il terminera, c’est ainsi qu’il n’apprendra plus rien, pour un temps impossible à déterminer.


C’est terminé.
Si le calme retombe, les cicatrices que porte le monde sont encore bien présentes. Il faudra du temps pour la soigner. Pour l’heure, les divins semblent… soulagés. Ils ne disent encore rien, pendant plusieurs longues secondes, écoutant les voix lointaines, ces chants sinistres et mélancoliques et les bruits moqueurs interminables du maudit Apokryphos.

Et enfin, un grand poids vient de partir de leurs épaules et bientôt se dessinent doucement des sourires. Des mains se lèvent et des cris de victoire, acclamant haut et fort la God Squad !

Les divins acclament les mortels, leurs rendant les hommages mérités. Ils acclament les légendes !

Le seul parmi eux qui ne prononce aucun mot est Tlálocantecuhtli, qui n’a pour le moment pas le cœur à pousser un seul cri, qu’il fût de joie ou de peine.


Le Tëteoh à la peau bleu a retiré son grand masque, ce symbole représenté partout sur les très vieux temples de cette région. Son regard bleuté observe les membres de la God Squad avant de baisser la tête, puis le buste. Il s’incline devant eux, par respect. Puis, il se redresse et pose son regard sur El Médico, ce sorcier qui comprend sa magie et sa langue.
Ce dernier, épuisé mais bien en vie, est soutenu par Hercule afin d’éviter la chute.

Tlaloc émet enfin des mots, d’une voix un peu rauque, comme s’il n’avait pas parlé depuis des éons.

El Médico l’écoute, puis se tourne vers ses alliés :
« Il éprouve de la gratitude et du respect pour vous et souhaite mettre son clan à votre service. Il dit que les Tëteoh sont là, avec lui. Il dit que… Qu’il est limité, car il les porte, pour ne pas les perdre à jamais dans les ténèbres. Mais il saura être le guerrier qu’il fût autrefois, pour être digne de rejoindre l’escouade.
- Hmm, c’est plutôt une bonne chose, mais j’espère qu’il sait parler l'omnilangue pour qu’on puisse le comprendre. »

Le regard de Tlaloc se durcit à l’intention de Hercule, qui le lui rend, lui qui n’a décidément peur d’aucun dieu. Puis, la voix rauque mais calme de Tlaloc, reprend, avec plus de lenteur comme s’il cherchait ses mots :


- Ah voilà. Je préfère être sûr à qui j’ai affaire, mon grand. Plus simple pour mieux se connaître !
- Hé, essayez de ne pas vous étriper après une bataille aussi intense … La voie vers Tønsberg est ouverte ! Vous devriez venir pour vous ressourcer et vous reposer. »

Thor semble plus sage, quoiqu’il ne cache pas un léger sourire taquin après cet échange tout en muscle… Mais il a le regard clair sur la situation et invite avec bienveillance ses amis à traverser les portails que les divinités sont en train d’emprunter.

Ils se dirigent tous vers le refuge, la ville d'exil des divins. Tønsberg, ce hameau monté au départ par les asgardiens, commence à devenir une ville très cosmopolite !

Près de l’un des portails se tiennent les membres de l’Héliopolis Céleste, les dieux anciens de l’Egypte, ceux qui suivent la God Squad depuis quasiment le moment de sa création.
Taouret s’approche d’eux et invite la God Squad d’emboîter son pas sans crainte. Car les siens sont des juges mais aussi des justes, surtout lorsqu’il s’agit de remercier.

Osiris s’avance et incline le buste devant les sauveurs des dieux. Il est accompagné de son épouse Isis, dont le regard magique est encore légèrement troublé par les tempêtes de la récente bataille. Non loin se tiennent Anubis et Sekhmet, qui veillent sur le Roi. À l’écart, Seth, le dieu du désordre, patiente avec les esprits séthiens ses alliés qui sont revenus à lui. Ils lui murmurent à quel point ils sont satisfaits d’avoir si bien grignoté les ténèbres. Et lorsque Sutekh, ce frère honni, pose un regard intéressé vers une personne, dans ce cas là le Sorcier Suprême, ça n’est jamais très bon signe…

Mais pour autant, personne ne dit rien. Seul la voix claire d’Osiris s’élève vers la God Squad :


Le regard d’Osiris s’est assombri. Le Juge n’était pas sur ses terres et ne pouvait choisir le châtiment d’Apokryphos. C’est ainsi.
Lorsqu’il rouvre les yeux, ils sont plus lumineux et son sourire sincère d’une grande beauté :


Il s’écarte légèrement pour laisser passer différents objets, qui flottent vers la God Squad.


Les artefacts uniques se dirigent vers leur porteur légitime.

Une orbe tenant dans la paume d’une main et émettant une lueur douce vient se loger dans la main de Blade. Ceci est l’Oeil de Râ, celui qui permet d’éclairer les ténèbres trop épaisses sur les chemins. Il perce l’invisible et met au jour le mensonge.

Domino reçoit la corne d’Abondance, symbole de différentes divinités dont Fortuna et Hadès, permettant d’offrir abondamment de la nourriture… Mais aussi de la Chance !

Black Knight reçoit un collier, magnifiquement ouvragé, d’un scarabée égyptien. Il porte bonheur et protection mais surtout permet d'allier les ténèbres et la lumière beaucoup plus facilement. Face à cela, Derg émet un grognement colérique car il sait ce que cela signifie.
Si vous croyez que je vais m’allier au porteur d’Excalibur, murmure-t-il très bas, mais cela ne semble pas atteindre Osiris outre mesure.

Ce dernier s’est approché de Stephen Strange, avec qui il est lié d’une manière très particulière. Ce n’est pas une relation d’Avatar à dieu, ni de prêtre à divinité lointaine… C’est un lien plus étroit, qui traverse les royaumes… Le Roi des Morts vient chuchoter quelque chose à l’oreille du Sorcier Suprême que seul lui peut entendre et surtout comprendre. Seul lui saura quoi faire de ce pouvoir là dont il a désormais le secret.

Quant à Moon Knight… il n’y a ni objet ni mot chuchoté. Il semblerait qu’il ait déjà reçu un présent, mais même lui ignore sa nature.
Encore à moitié dans les vapes, il est porté, tout comme Khonshu, par Amon-Râ lui-même qui se dirige vers le portail s’ouvrant vers les terres de Tønsberg.