Forum RPG / Jeu de Rôle centré sur l'univers Marvel, notamment les comics. Pour incarner par écrit nos personnages préférés, pour vivre des aventures originales.
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Là où brille la Lune - Moon Knight Ven 3 Juin - 18:12
Le ciel vira d’abord au bleu lilas, puis se zébra d’orange vif. Le lilas glissa doucement vers le mauve, puis vers l’hématome. Le soleil avait disparu à l’horizon mais le plafond du monde restait encore très doucement bleuté, comme un vague souvenir de la journée qui ne voulait pas tout à fait disparaître.
Ça ne faisait pas grande différence dans les rues de New York. La ville n’était pas du genre à s’embarrasser de considération aussi mondaines que le jour ou la nuit : lorsque le soleil avait décrut, une vague de luminaires de tous genres avait pris la relève, rejoignant les lumières des vitrines et des petits restaurants qu’on éteignait jamais, en bon citoyen des USA. Il restait quelques poches d’ombre, des lieux moins bien éclairés ou pas éclairés du tout, mais dans les faits la nuit à New York équivalait plus à un changement de colorimétrie qu’à une baisse de luminosité.
Dans une petite ruelle que la lumière électrique des lampadaires effleurait, une porte s’ouvrit. En elle-même, elle n’avait rien de très impressionnant – battant de bois clair, bouton en laiton, charnières en bon état. Ce qui faisait son intérêt, c’est qu’il n’y avait jamais eu de portes à l’endroit où elle s’ouvrait. Ni sur aucun plan, ni sur aucun des bâtiments qui flanquait la ruelle – elle n’apparut pas, ne se dissimula pas dans le mur. Elle s’ouvrit simplement, et si quelqu’un avait été là il ne l’aurait probablement jamais remarqué jusqu’à ce qu’un petit grincement poli des gonds annonce un passage. Quelqu’un sortit dans la ruelle et s’arrêta un bref instant, pour chercher son chemin ou inspirer profondément. L’air était un peu frais, sentait la pisse et la cigarette, et la musique lointaine d’un bar y flottait, étouffée par la distance. L’individu regarda à droite, à gauche, puis s’éloigna à grand pas, tournant le dos à la guirlande lumineuse des lampadaires. La porte de bois se referma pas elle-même, doucement, et disparut comme si elle n’avait jamais été là. Derrière elle, elle ne laissa que quelques feuilles mortes sur le goudron et l’odeur caractéristique d’une forêt après la pluie. Le quelqu’un, lui, s’enfonça dans les ombres de la ruelle dans issue et se volatilisa comme s’il n’avait jamais été là non plus.
C’était une expérience perturbante. C’était son premier retour dans le monde des hommes depuis… depuis, et il se sentait encore légèrement mal à l’aise. Il avait oublié la sensation du vent très léger et très froid de la nuit, la façon dont les couleurs jaunissent à la lumière des écrans et des lampes, la façon dont New York n’est jamais vraiment silencieuse – bourdonnant toujours, même en arrière-plan, comme une fourmilière. Le son de ses propres chaussures, sur le macadam, était un bruit qu’il avait oublié aussi.
Stephen Strange émergea des ombres sur un toit. Il ne se pencha pas, mais il savait que sous le parapet sur sa droite, il apercevrait la ruelle par laquelle il était revenu à Manhattan. C’était peut-être un peu tôt pour se pencher dans le vide depuis le huitième étage. Au-dessus de lui, le ciel était étonnamment clair. De larges zébrures sombres, nuages filiformes, clairsemaient la toile nocturne. Les lumières de la ville, halo diffus qui s’étendaient à perte de vue, rendaient les étoiles quasi-invisibles. La lune, en revanche, était très nette. Un gigantesque disque argenté, plein, flottant au-dessus des hautes tours de verre et de lumière de la grande pomme. Strange l’observa fixement un court instant, comme s’il allait dire quelque chose. Il préféra finalement attendre que la Lune vienne le voir en personne.
Le magicien s’avança un peu. Le toit était désert et plat, à l’exception de deux cheminées, d’une cage d’escalier menant aux étages inférieurs, de quelques antennes et d’un puits de lumière. Ça n’était pas le plus grand immeuble du quartier, ni le plus petit, ni le plus beau, ni le plus moche : il l’avait choisi au hasard. Au hasard, et parce que lorsqu’il avait pris pied dans cette dimension, il n’avait pas réussi à aller vers les lumières de la rue. Même maintenant, il gardait une certaine distance au bord – autant pour ne pas être vu que pour ne pas voir. C’était aussi pour ça qu’il était proche du Sanctum Sanctorum, mais qu’il n’y était pas. Il ferma les yeux. Rien de visible ne se passa. Le Sorcier Suprême de la Terre se tint simplement là, la brise du soir jouant avec une petite mèche rebelle au-dessus de son front. Il ne payait pas non plus de mine : pas de cape ni de gant ni d’élégante tunique bleue. Il portait une veste en jean, un pantalon vide d’artefacts ou de potions, des chaussures usées quoiqu’en bon état, et, seule touche de couleur, une chemise rouge sombre. C’était tout. Il se tint là, mains dans les poches et yeux fermés, et attendit.
Inspiration. Expiration. Inspiration.
Il souffla doucement, et un sortilège s’échappa sur les toits du Greenwich Village. C’était un filet discret, à peine perceptible, à peine intelligible. C’était une formule d’invocation, destinée à un chevalier d’ombre et de blanc. Inconsciemment, le sort attirerait doucement Moon Knight sur le toit de l’immeuble, par le hasard ou une envie quelconque. Il fallait qu’ils parlent, après tout.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Lun 6 Juin - 22:37
*** *** ***
Partout dans le monde, le ciel prend des couleurs violines, voire bleutées à l’approche du crépuscule. A New York, il continue d’être éclairci par la lueur des lumières des buildings, aux hauteurs impressionnantes. La ville ne dort jamais. Sa population continue de vivre à toute allure, même lorsque les étoiles commencent à se montrer sur la voûte. La Lune a débuté sa traversée silencieuse le long de cet horizon céleste. Tout semble normal.
Tout sauf pour ces deux collaborateurs, qui repoussent les limites du raisonnable en faisant des heures supplémentaires. Des heures de sommeil perdues, pour gagner en productivité le lendemain. Ils savent pourtant que ces derniers temps, il n’est pas conseillé de traîner dans les rues de ce quartier, la nuit… La criminalité a augmenté. Des gangs se reforment. Des malfrats ont cru bon de pouvoir remettre un sacré bazar, puisqu’aucune cape de la justice ne les attendait au tournant. Ils ont dû penser que cette nuit-là allait ressembler aux précédentes.
Les deux travailleurs sont tombés nez à nez avec ces petites frappes de bas étage, sans éducation et incapable de tenir une arme correctement à la main. A moins que ce soit la peur qui les déstabilise. Au petit matin prochain, les bureaucrates auront sans doute le temps de raconter ce qu’ils ont pu apercevoir par-dessus leurs épaules, alors qu’ils décampaient rapidement. Un voix, presque venue d’ailleurs, leur a incité à partir, après qu’une ombre soit passée au-dessus de leur tête, tandis que les malfaiteurs se sont mis à braquer leurs couteaux et flingues sur une nouvelle cible.
Un homme plus imposant, portant un costume atypique, complètement blanc. Impossible de le rater, ce sont-ils dit. Pourtant, aucun ne parvient à l’abattre. Il se déplace vite, frappe fort et ne laisse s’échapper aucun criminel. C’est le Moon Knight, est parvenu à crier l’un des voyous, avant de se prendre une droite très énervée. Encore conscient, le pickpocket sait qu’il va finir attaché comme les autres et arrêté par les policiers, qu’ils peuvent déjà entendre de loin. Il finit par entendre, au milieu du murmure du vent et des hurlements des sirènes, un simple souffle : « Les vacances sont terminées. »
C’est ainsi que cinq criminels sont arrêtés par la police, en début de soirée. Ils n’auront que pour seule signature un croissant de Lune métallique, planté dans la veste d’un des fauteurs de trouble. Pas de scarifications, ni de mutilations et quasiment pas de membres brisés ? , s’en étonnent les forces de l’ordre. A New York, il existe de nombreux justicières et justiciers qui arpentent ses rues de jour comme de nuit. Et celui qui vient de faire ce nettoyage, sans blessés graves ni morts, a pourtant tendance à être l’un des plus violents.
Moon Knight est bien revenu dans la région, après de longues semaines d’absences. Revenu et… seul. Du moins, physiquement seul. Black Knight et Domino sont retournés à leurs missions respectives. Il devrait peut-être les appeler pour leur donner des nouvelles. Il leur doit bien cela, après tout ce qu’ils ont traversé ensemble dans ce… dans cet endroit. Le Duat. Le Royaume des morts.
Un vent presque glacial secoue la longue cape. L’homme sous la capuche secoue la tête. Essayer de se rappeler de tous les éléments concernant ces événements lui sont encore très douloureux. Le fait même de repenser à ses visions lui donne envie d’aller fracasser sa tête contre le bitume. Ils auraient dû être quatre à ressortir… Non ? Ils auraient dû… le ramener.
Un maudit sifflement vient de nouveau perturber l'ouïe du Chevalier lunaire. Cette voix infatigable et incessante essaye d’imposer son désarroi. Encore. Pourquoi Marc entend-il cet oiseau de malheur aussi proche de son esprit ? Pourquoi l’encombre t-il à ce point, parmi les deux autres voix de Steven et de Jake, réveillés depuis leur retour. Depuis… le Duat ? Non… Après leur chute, en fait. Après que Marc Spector soit mort à Karnak. Oui… Pourquoi Khonshu est prisonnier dans la tête de son Avatar et surtout… Comment il a pu atterrir là ?!
Prudence avec tes questions, siffle le Voyageur. La ferme, lui répond le brutal ancien mercenaire.
Une étrange sensation étreint le justicier nocturne. Il ne peut l'expliquer… oui pour une raison qui lui échappe, il se sent comme appeler ailleurs. Un chemin invisible est tout tracé et il le suit sans trop d'hésitation. C'est sans doute un instinct qu'il a apprivoiser, parmi d'autres dons du dieu Lune égyptien. Cependant… Ce serait en temps normal une explication valable si Khonshu n'était pas en train de l'inciter à rebrousser chemin. Tu n'es pas prêt… à voir et à entendre tout ça.
Tout ça ? Tout ça quoi ?!
Moon Knight s'arrête. La colère prend forme et gronde en lui. Le manque de réponse de Khonshu le met hors de lui. C'est simplement pour pouvoir suivre à nouveau le fil guide invisible qu'il parvient à mettre un peu de côté toute sa rancœur.
Ici. C'est dans ce bâtiment que se trouvent ses réponses. Dedans ? Non au-dehors, sur le toit. Huit étages à grimper. Les trois premiers sont faciles. Une fenêtre de secours permet d'entrer facilement en crochetant… finalement en défonçant la poignet de la porte. Quatrième, puis cinquième étage… à ce niveau, un homme de la sécurité fait sa ronde. En passant par cette cage d'escalier, il ne remarque pas du tout la présence sur le plafond d'un homme vêtu de blanc et… peut-être assez flippant ! Sixième étage… Sept… Le cœur dans sa poitrine tambourine fort. Presque huit. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Que va t'il trouver sur le toit de ce … Tu l'auras voulu Marc. Faisons les choses à ta manière. C'est d'un véritable manque de subtilité… Et je suis obligé de subir cela.
Un étrange sentiment d'indignité mélangé à de la frustration se mêlent avec la véritable crainte de savoir ce qui se trouve au bout du fil guide. Et enfin, la porte menant au toit du bâtiment s'ouvre à la volée.
Moon Knight se retrouve seul. Pas convaincu, il cherche hâtivement du regard la source de sa convoitise, ce qui l'a mené jusque là. Il voit enfin un homme. Seul, vêtements chics et impeccables, bien coiffé. Dans la pénombre, il est difficile de percevoir des traits plus distincts.
Marc se rapproche pour en avoir le cœur net. Il est comme un prédateur en pleine chasse. Ses pas résonnent sur le béton. Le bruit environnant ne parvient ni à couvrir leur bruit ni celui des lames lunaires que Moon Knight vient de dégainer. Il fait exprès de se faire entendre pour se signaler et pour inviter cette personne à se tourner et révéler son identité. Cependant… … Il n'aura peut-être pas besoin de le faire. Moon Knight s'est stoppé net.
Qu'est-ce que ça veut dire ?! Ses yeux le trompent-ils ? Comment est-ce possible ? Comment … est-ce que c'est son esprit qui lui joue une farce ?! Un délire qu'il s'imagine, une folie furieuse dans une crise passagère ?? « Qui… » Non, impossible ! « C'est… » Il a pris sa place, il est mort, il ne peut pas être là ! « Stephen… ? »
Marc finit par reculer de quelques pas avant de se ressaisir. Il paraît bien moins menaçant que lorsqu'il est arrivé, mais reste en position de combat, prêt à… … prêt à… ?! « Dites moi qui vous êtes ?! Vous… Tu ne… peux pas être lui ! »
Parce que Stephen Strange est décédé pour sauver sa propre vie et pour éviter une catastrophe mystique. Parce que le Sorcier Suprême lui a dit de partir, pour continuer ce voyage sans lui... Alors comment... est-ce possible... d'avoir cet ami perdu en face de soi, en chair et en os ?
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Dim 12 Juin - 14:11
Strange inspira doucement. La lumière des lampadaires, lointaine, accrocha quelque chose au niveau de son torse alors qu’il se détournait de la rue. Quelque chose de doré, qui réverbéra la lumière électrique le temps d’un battement de cœur. Le magicien s’assit sur un rebord, dans l’ombre d’une cheminée, et attendit.
Il l’avait sentit entrer dans l’immeuble. Pas vu, pas entendu, mais sentit, parce qu’il y prêtait attention. Ça n’était pas une science exact et il ne saurait pas précisément à quel étage le trouver pour le moment, mais il pouvait sentir son invité approcher. Le docteur enfonça ses mains dans ses poches, inspira à nouveau, comme pour se donner du courage, ferma les yeux, les rouvrit, laissa sa tête aller en arrière contre le mur de brique. Ha. Il était nerveux. Ça aussi, il avait oublié ce que ça faisait.
Plus loin, sur le toit, quelqu’un ouvrit la porte donnant sur les étages inférieurs à la volée. Le battant métallique claqua contre les briques avec violence. Des pas lourds s’approchèrent de lui et un bruit métallique, celui de lames tirées au clair, chanta dans la nuit. Strange se lèva doucement, laissant son visage entrer dans la lumière diffuse de la rue. L’autre se figea net.
Moon Knight pourrait presque avoir l’air inchangé. Son costume d’ivoire était impeccable, sa posture menaçante à souhait. Et pourtant…
« Stephen… ? »
Le docteur resta silencieux, penchant seulement légèrement la tête. Son expression était difficile à déchiffrer. Il semblait attendre quelque chose, ou ne pas trop savoir quelle réaction choisir.
« Dites moi qui vous êtes ?! Vous… Tu ne… peux pas être lui ! »
Stephen Strange observa le chevalier lunaire en silence un très bref instant, scrutant son masque sans visage comme dans l’espoir de quelque chose de plus. Puis, ses épaules s’affaissèrent et une ombre passa sur son visage. Lorsqu’il parla, sa voix était douce – contrôlée, comme pour empêcher quelque chose d’y filtrer.
- Bonsoir, Mark.
Il laissa tourner ses mots dans sa bouche un bref instant, comme un vin dont on cherche à explorer dans ses moindres saveurs. Ils étaient d’une banalité sans nom, et c’était les premiers qu’il avait prononcé depuis des jours. C’était… étrange était un euphémisme, mais il n’avait pas mieux pour le moment. Il marqua une brève pause, comme s’il cherchait comment continuer la conversation.
- Je ne sais pas comment je suis arrivé ici. J’espérais que tu aurais des réponses.
Son contrôle flancha très légèrement, et une pointe de ce qu’il tentait de cacher frôla la surface de ses mots. Sur « espérais », une goutte de tristesse filtra dans sa voix.
- Toi et Khonshu êtes mes derniers souvenirs fiables.
Une cape de nacre. Un crâne aux orbites morts. La voix, trouble et indistincte qu’il reconnaissait comme celle de Spector. Une main tendue. Et la brume, dansant entre les roseaux.
Strange s’humecta les lèvres, chercha un peu plus ses mots, puis sourit doucement.
- Je me souviens de Karnak. Je me souviens de mon… choix. Après ça…
La brume. Les roseaux. Des ombres marchant le long de couloirs de marbre sur les murs desquels l’histoire du monde avait été dessinée. Le cliquetis d’une balance dorée. Le grondement d’une créature à tête d’alligator, beaucoup trop près.
- Après ça, plus rien. J’espérais que vous ayez des réponses.
Le vous n’était pas une erreur de pronom, ou un pluriel vague. Après tout, ils n’étaient que trois sur le toit : Strange, Spector et la lune.
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Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Ven 17 Juin - 13:39
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Une voix s’élève. Elle possède le même calme et les mêmes intonations que celle de Stephen Strange. Chaque temps laissé entre chaque phrase, chaque mimique sur le visage et chacune de ses gestuelles et réponses corporelles ressemblent à celles qu’émettaient le Docteur lors de leurs rencontres. Et ces qualités indispensables et remarquables : ce sang-froid, cette patience et cette droiture… Des mécanismes efficaces pour pouvoir discuter avec Moon Knight, un être souvent froid et violent. Mais pas seulement …
Cela fait des années qu’ils se connaissent… qu’ils se connaissaient plutôt. Ils ont appris l’un de l’autre et ont régulièrement collaboré sur des problèmes mystiques. Jusqu’à l’arrivée de ce maudit jour, à Karnak, et qu’il se fasse… tuer. Le Docteur Strange est décédé à sa place, pour le sauver. Tous les efforts fournis pour le ramener n’ont pas abouti. C’est impossible qu'il soit présent sur ce toit… Impossible ? Vraiment ? Est-ce la vérité ?!
Cette fois-ci, Marc est seul dans sa tête. Terriblement seul devant la réalité qui peine vraiment à cheminer dans son esprit enfiévré. Pourquoi est-il d’un seul coup laissé à l’abandon devant un phénomène qui le dépasse largement ? Ah moins que tout ce qu’il voit ne soit issu d’un nouveau délire … ? C’est probable. « Que j’ai… des réponses ? »
Pourquoi son propre esprit lui demanderait des réponses ? Doit-il réellement se répondre à lui-même qu’il est mort et qu’il ne reviendra jamais ?!
Le délire aux formes de Stephen change légèrement de ton, laissant passer de la tristesse dans sa quête de réponse insensée. Cela fait déchanter Moon Knight. Il perd d’un seul coup sa posture menaçante, commençant à abaisser ses armes aux poings. Son regard continue de fixer la personne en face de lui dont la présence lui semble devenir de plus en plus réelle. A-t-il tant envie de s’y accrocher qu’il est prêt à croire, même en l’irréel ? « Tu n’es pas vraiment là… Tu ne peux pas être devant moi… »
Marc détourne son visage et pose une de ses mains, libérée d’arme, contre son crâne. Les maux de tête font partie de son quotidien, comme les agressions régulières des voix… ses propres voix. D’abord celle de Steven Grant, son tout premier alter égo, qui l’assomme avec ses espoirs et ses affirmations. Lui est persuadé que leur ami Docteur est bel et bien revenu ! Ce n’est pas vraiment le cas du second alter égo, Jake Lockley, qui propose “de vérifier en tapant dessus, dans le doute.” Hors de question d’écouter qui que ce soit ! « Je t’ai vu. Tu es mort à Karnak. »
Quelques pas de recul séparent un peu plus les deux interlocuteurs du toit d’un bâtiment de huit étages. Pourquoi être venu ici … ? Pour… Parce qu’ils ne sont pas loin du Sanctum Sanctorum. C’est ça, il s’agit bien d’un délire qu’il a monté de toutes pièces ! « Tu as pris ma place, parce que je n’ai pas voulu t’écouter ! J’ai… j’ai cru qu’on pouvait y arriver… C’est Khonshu qui… »
Non, ce n’est pas entièrement de la faute de cet oiseau lunatique. Celui qui l’aide dans sa quête pour combattre le Darkhold, Chthon et tous ses sbires, c’est bien lui, Marc Spector… le Moon Knight. Est-ce que l’apparition d’un être perdu est une punition offerte par les dieux pour les avoir mis en colère ? Ou alors… Il s’agit d’un piège qu’on lui tend… « Non… Je ne te crois pas ! Fantôme ou pas, je veux être sûr qu’il s’agisse de toi et pas d’un délire, ni d’un piège ! C’est toi qui va me fournir des réponses ! »
Les pas de Marc sont hésitants, tandis qu’il se rapproche de Stephen. Il n’a plus qu’une lame en main. Elle est loin d’être levée comme il a pu le faire plus tôt. C’est une méthode de persuasion plus passive… Montrer l’imposante force par la carrure, sans en venir à la violence. Il veut en avoir le cœur net avec cette histoire… en allant au contact de sa maladie. S'il s'agit d'un piège, il tombera la tête la première d'un toit de huit étages de hauteur. L'autre oiseau de malheur sera bien forcé de réagir... Non ?
Peut-être que si cette dernière voix, pouvant paraître bien plus réelle que les autres, daignait répondre à sa place, tout serait bien plus clair… Qu’est-ce que tu attends, Khonshu ? Les orbites vides du crâne d'oiseau mort semblent fixer Steven Grant. Marc est au bord de la crise de nerfs, perdu et seul ! Jake commence à m’énerver à vouloir prendre sa place et en découdre avec un potentiel ami ressuscité. Tu n’as pas envie d’intervenir ?! Khonshu, tapis dans les sinuosités de l’esprit de son Avatar sur Terre, reste terriblement silencieux. Il n’est pas dans cette “cage” par choix. Être ici est très difficile, autant pour son être divin que pour Marc portant ce poids beaucoup trop lourd. S’il te plaît… Il faut les aider ! Intervenir c’est potentiellement froisser les dieux… Sauf s’il est obligé de le faire, il doit se faire force et rester tranquille.
Quelle torture, en vérité. Pourtant, il n'avouera jamais en souffrir autant.
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Lun 4 Juil - 20:27
« Non… Je ne te crois pas ! Fantôme ou pas, je veux être sûr qu’il s’agisse de toi et pas d’un délire, ni d’un piège ! C’est toi qui va me fournir des réponses ! »
Strange ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose.
Rien ne sortit.
Il resta un moment dans cette position, l’air d’attendre des mots qui ne venaient pas. A quoi s’était-il attendu, exactement ? A ce que le chevalier blanc lui tombe dans les bras ? A ce que ça soit facile ? Il n’avait plus rien à faire sur cette terre – il ne devrait pas être là, selon toutes les habitudes de l’univers. Et si quelqu’un qu’il avait perdu se pointait comme une fleur un soir au hasard, lui aussi penserait automatiquement à un piège. Il referma la bouche et regarda son ami, faute de meilleur terme. Il l’avait regardé s’agiter, aller et venir pendant que la réalisation – cette horrible, pesante réalisation - se faisait lentement dans son esprit. Il prit un bref moment pour la considérer comme on considère quelque chose qu’on redoute mais qu’on voit venir progressivement, inexorablement, le cœur battant de plus en plus vite. Le Chevalier de la Lune, pour tous ses liens avec l’Ennéade, son lien spécial avec le dieu de l’astre mort, ne savait pas pourquoi Strange était vivant. Il ne savait pas le moins du monde pourquoi, et il le pensait sincèrement mort. Le constat s’était fait lentement, mais il le heurta de plein fouet, comme si le sol s’ouvrait sous ses pieds. Venir ici avait coûté beaucoup au magicien – ni en énergie, ni en temps, mais en volonté. Il ne voulait pas comprendre pourquoi il était là, pas plus qu’il ne voulait être là. Il voulait s’enterrer, s’allonger au milieu des roseaux pour se laisser porter par les eaux montantes jusque là où il devait être. Il voulait fermer les yeux, ignorer le jour, les étoiles, la ville et le monde pour ne jamais les rouvrir. Venir ici lui avait coûté énormément et il ne l’avait pas vraiment remarqué jusqu’à ce que sa venue s’annonce comme un échec.
Strange déglutit. C’était une piste en moins ce soir, et une piste perdue de trop.
Il prit une inspiration sèche et se concentra sur ce qui l’entourait. Tout, tout pour ne pas se laisser submerger. Moon Knight ne savait pas. Mark ne savait pas. Se concentrer sur le positif, sur ce qu’il fallait faire après - Khonshu, peut-être ? Lorsqu’il bougea, un bref éclat doré scintilla au niveau de son torse.
- Je ne sais pas ce qui s’est passé. Mes souvenirs sont confus.
Ses lèvres étaient sèches, sa voix un peu plus rauque. Strange avançait pas à pas, consciencieusement, comme un funambule au milieu d’un gouffre avide. Toute son attention était dédiée à le garder le plus stoïque, détaché possible. C’était ça, ou baisser les bras. Il ouvrit la bouche pour dire autre chose, puis se ravisa quand ses neurones sortirent de leur torpeur: Mark était visiblement en détresse. Ça n’était pas le moment de parler de lui, pas s’il voulait être entendu. Strange prit une brève inspiration.
- Je ne sais pas comment te prouver quoi que ce soit. Ma magie est imitable, mes souvenirs récents erratiques. Comment puis-je t’aider à y voir plus clair ?
Il observa le Chevalier Blanc, silencieusement, toujours assis. Son visage était tranquille et – il espérait – honnête. Ils parleraient de sa résurrection plus tard, quand Mark serait plus calme et moins méfiant. Son esprit logique reprenait lentement le dessus, et il notait les détails au fur et à mesure – la façon dont, étrangement, la détresse émotionnelle de Mark sonnait comme une sorte de compliment, un testament à son chagrin à sa mort. La façon dont même en étant sur ses gardes, il peinait à le menacer. Et puis, il y avait ce quelque chose.
Le Sorcier pencha très légèrement la tête. Quelque chose n’allait pas. Il balaya son interlocuteur du regard, cherchant ce qui avait soudainement attiré son attention. Il y avait quelque chose d’étrange, un élément de structure légèrement asymétrique ou mal aligné, un grincement imperceptible dans les battements de son cœur. Strange ajusta sa position et l’oeil d’Aggamoto pesa doucement à son cou.
Il y eut un temps de latence, puis l’amulette cliqueta silencieusement sous le tissu de ses vêtements. L’air lui sembla soudainement plus sec, et un bref souffle de poussière blanche passa devant ses yeux, invisible à quiconque n’avait pas ses dons. Strange fronça un peu les sourcils, soudainement sur ses gardes. Khonshu était là. Il écoutait la conversation, mais il y avait quelque chose d’étrange dans sa présence – c’était une silhouette vue à travers un épais verre brouillé, ou une voix entendue à travers un mur fin. Ça n’avait rien à voir avec les fois précédentes – et les Vishanti savaient que Khonshu avait suffisamment épié ses conversations pour que Strange sache à quoi la présence du Dieu Lunaire ressemblait.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
Sa voix était un peu plus grave et assurée, sa posture imperceptiblement redressée – c’était fou comme même au bord du gouffre, il trouvait une forme de confort dans ses maniérismes de Sorcier Suprême. S’il n’était pas aussi tendu, il aurait ricané de lui-même.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
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Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Mer 13 Juil - 14:38
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Les mots suivants de Stephen… Appartiennent-ils bien à Stephen Strange ? … font cesser l’avancée de Moon Knight. Il n’est plus qu’à quelques mètres. Une distance à la fois si insignifiante et qui les éloignent pourtant beaucoup trop. Le cœur de Marc se serre. Il se revoit dans le Duat, ou ce que son potentiel délire a traduit comme étant le Royaume des morts, face à face avec l’âme perdue du Docteur. Ce dernier l’a regardé dans les yeux pour lui annoncer ce que l’esprit n’a jamais voulu accepter : Stephen a fait un choix. Marc devait le respecter. Pris entre un étau d’angoisses et de larmes, le Chevalier Lunaire n’a pas pu faire autrement que de le laisser là, dans ce désert sombre, au milieu de ce monde une version inversée du leurs. Car, oui, ses amis lui ont demandé de le suivre. Domino et Black Knight ont accepté que la mission était un échec… Pourtant, l’espoir était permis. Ce malheureux espoir…
Leurs vœux ont-ils, finalement, été entendus ?
Marc Spector a soudainement envie de s’enfuir mais ses jambes ne peuvent plus bouger. Il craint à la fois de comprendre certaines choses et de ne pas saisir l’ensemble des détails, celle de cette vérité que l’on souhaite ne jamais entendre par le simple fait qu’elle est difficile. Imaginer un instant qu’un mort ait pu sortir du Duat est impensable… Imaginer que Khonshu y est pour quelque chose ? C’est provoquer un songe sourd et muet dans les entrailles de Marc, le genre de besoin irrépressible de se mettre dans une colère noire. C’est dans ces moments, qu’en général, Jake prend le relai.
Le défi est de taille pour le funambule Stephen Strange. L’un des plus grands magiciens de ce temps est pourtant habile, réfléchi et connaît suffisamment l’homme en face de lui pour lire son comportement. Peut-être devinera-t-il qu’une lutte intestine se produit sous ses yeux ? Heureusement pour tout le monde, ce n’est pas Jake qui prend le dessus mais Steven Grant. Le moins courageux du lot mais certainement le plus posé des trois personnalités. Trois ? Peut-être quatre. Khonshu… Tu n’as plus le choix.
Moon Knight ne prononce plus aucun mot. Ses gestes sont comme tétanisés et pendant un bref instant son corps est pris de léger tremblement. Et tout cesse. L’esprit et le corps sont plus calmes, dû à une maîtrise totale. Il est certain que l’homme sous ce costume blanc a appris à supporter bien des tortures, physiques comme mentales. Mais ce n’est pas l’esprit d’un mortel qui vient de prendre l’ascendant sur le paladin lunaire.
L’Oeil d’Aggamoto peut regarder à travers toutes les fenêtres, même les plus étroites et brisées. Après avoir sondé l’intégralité de la culpabilité et de la douleur de Marc, l’artefact a dû sentir le conflit mental, l’espoir de Grant, la haine de Lockley, tant d’émotions différentes dans une seule et même personne. Pourtant, le plus frappant reste la froideur de cette divinité de la Lune. Millénaire. Magique. Effrayante et pourtant… capable de démontrer de la douceur.
Ce n’est pas le dernier point qui anime le voile blanc, le dernier et très léger rempart que percute la magie incroyable et gênante de l’Oeil du Sorcier Suprême. Deux fois que cet insolent utilise cette méthode contre le Dieu-Lune, deux fois qu’il doit se plier à cette contrainte. Il n’est pas obligé de répondre. Il peut très bien garder le silence et laisser le Temps faire les choses. Il est probablement inutile d’attirer le nez des Vishanti dans ses affaires. C’est déjà suffisamment le désordre.
« Force est de constater que vous êtes tenace, Sorcier Suprême. Contrariant également... »
Le ton de Moon Knight a changé. L’hésitation et la douleur n’y sont plus. A la place, elle révèle une plus grande gravité, du raffinement et de la force. La tête du Chevalier lunaire penche légèrement sur le côté, tandis que son regard semble plus brillant. Ces yeux masqués par ce voile magique se plissent. Plus dur…
« Vous avez le culot d’utiliser une seconde fois ces méthodes contre moi ? »
L’atmosphère se tend. La dualité dans l’esprit de Moon Knight est aussi palpable que lorsque l’on observe deux boxeurs sur un ring. Derrière le voile blanc et au milieu des fissures de cette fenêtre brisée, Marc est recroquevillé quelque part, soutenu par Steven Grant. Leur présence paraît moins imposante que celle de Jake Lockley, qui gronde à chaque mot prononcé par le quatrième locataire… car il est littéralement un étranger dans ce corps de mortel.
Khonshu, le Dieu de la Lune, du Temps et de la Vengeance, vénéré autrefois par les anciens égyptiens, prend une place beaucoup plus importante que dans la plupart de ses apparitions face au Docteur Strange. Ce n’est qu’un effet illusoire…
« Si vous voulez des réponses… venez donc les chercher. »
Le ton change. Il est bien moins glacial qu’il veut paraître. Sous ses airs de divinité millénaire, Khonshu cache sa fébrilité. Il est dans une cage de chair et d’os, emprisonné dans l’esprit de son propre Avatar sur Terre, enchaîné dans des conditions qui ne lui plaisent guère…
« La vérité que j’ai à vous donner n’est pas le pire élément qui vous sera donné d'entendre ce soir… - Ah... Je suis davantage disposé à provoquer le conflit en repoussant vos méthodes insolentes. Après tout, quitte à revivre toutes vos douleurs de mortels, autant y aller à fond. - Qu'en dites-vous, Voyageur du Duat ? »
Ces mots ont l’air déterminés et reflètent une nouvelle gravité dans la manière de les prononcer. Pourtant, les gestes ne suivent pas ce qui ressemble à une menace… L’esprit ne semble pas non plus suivre l’invitation claire d’une danse guerrière sous le clair de Lune.
La tête encapuchonnée de Moon Knight se penche à nouveau sur le côté. Un fin sourire s’y dessine. Taquin. Provocateur. Mais satisfait malgré tout. Réellement satisfait.
Khonshu va devoir expliquer ce qui le rend si joyeux, à force d’être menacé du regard par ses hôtes et aussi par ce Sorcier Suprême vraiment trop puissant pour son propre bien.
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Lun 1 Aoû - 19:50
Pendant un temps, le docteur ne dit rien. Il dévisagea le Chevalier de la lune en silence, se tenant droit, immobile. Ses yeux scrutaient son interlocuteur, enregistrant les changements, prêt à réagir à la moindre trace d’agressivité. Il écouta Khonshu sans broncher – sa colère sourde, sa présence écrasante et surtout, surtout son invitation. Il la laissa planer dans les airs dans un silence tendu qui sembla durer si longtemps, pendant que les étoiles retenaient leur souffle.
C’était un pari dangereux. Strange ne comprenait pas, précisément, ce qui s’était passé. De ce qu’avait dit Marc, il était mort et le chevalier pâle n’avait pas directement participé à sa résurrection. Le dieu de la Lune, en revanche, y avait eu une main – quoi que Spector n’ait pas encore développé comment exactement. C’était déjà une zone d’ombre problématique en soit, et c’était sans compter sur ce qui se passait dans la tête de Moon Knight. Khonshu ne faisait pas qu’écouter la conversation : il était présent. Il occupait l’esprit de Spector (Agamotto seul savait comment il avait pu s’y trouver une place), il l’habitait comme une marionnette de chair et de sang. Strange sentait une frustration chez la divinité et supposait que ça n’était pas entièrement de son fait, mais il n’osait pas sonder plus – jouer avec l’esprit du fils de Râ était un jeu particulièrement dangereux. Cela faisait deux points obscurs qu’il ne s’expliquait pas et auxquels il lui fallait trouver une explication. Deux points obscurs que Khonshu pouvait éclairer. Le prix à payer était de le rencontrer en esprit, loin des flammes et des brumes et des enchantements de l’Octessence, loin de ses artefacts et de ses lieux de pouvoirs, avec pour seule arme sa bonne volonté et un fragment de lumière magique. C’était, en tout et pour tout, un pari très dangereux.
Strange resta silencieux un temps, pesa le pour et le contre, puis entra dans le plan astral.
Les lumières de la rue pâlirent. Tout autour de lui, les couleurs de la nuit se défirent. Le ciel passa de noir, à bleu, à gris. Les ombres s’éclaircirent comme si elles étaient vides. Même le blanc de Moon Knight sembla perdre en clarté – le monde devint un trait de fuseau délavé sur une toile couleur de brume. Dans cet univers en demi-teinte, Strange se tenait toujours debout, les yeux fermés, la respiration tranquille, aussi gris que le sol et le ciel. Sous sa forme astral, en revanche, il semblait fait de feu. Sa tenue de civil avait disparu, laissant seulement une longue cape couleur de sang, bordé de fines étincelles dorées. Ses yeux azurs semblaient avoir capté l’éclat du soleil, comme un étang gelé à midi. Sur son torse, l’Oeil d’Agamotto était ouvert et lorsqu’il s’éleva de quelques centimètres au-dessus du sol, on aurait cru qu’une étoile flottait devant lui.
- J’userai des méthodes qui me plaisent et qui sont mon droit, Dieu mort.
Même sa voix paraissait plus claire, plus réelle qu’elle ne l’avait été un battement de cœur plus tôt.
- Soyons clairs. Si j’accepte cette invitation, ce n’est pas en tant que mortel en quête de connaissances ; c’est en tant que Sorcier Suprême, serviteur des Vishanti. Souviens t’en avant de mener tes menaces trop loin, Chons.
En réponse, l’Oeil sembla parcourut d’un bref éclat. De la fébrilité latente du docteur, il ne restait aucune trace. Tout était astucieusement et consciencieusement mis sous clef, loin, très loin sous sa cape et son amulette d’office, sous ses titres de pouvoirs et la protection de ses patrons. Il ne s’agissait pas de se faire mousser ou de se montrer comme important : l’objectif était de mettre un peu plus au clair qui se tenait où sur l’échelle ô combien variable des autorités mystiques. Il prit une brève inspiration.
- Donne moi tes réponses sans animosité, et je n’en n’aurais pas en réponse.
Puis, porté par un souffle qui ne soufflait pas sur le monde matériel, Stephen Strange s’avança dans l’esprit de Moon Knight. Sa voix fut portée à travers l’esprit tortueux et chaotique du chevalier blanc, cherchant la conscience qu’il connaissait le mieux, tentant, malgré la présence massive de Khonshu, de créer une connexion avec le seul véritable ami qu’il avait en cette terre astrale, hostile et étrange.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Jeu 4 Aoû - 22:09
*** *** ***
Tout redevient calme. La magie ambiante danse autour des deux hommes, dont les retrouvailles semblent se complexifier. Ils sont parfaitement immobiles, dans cette atmosphère feutrée, aux nuances de bleu et de gris. Pour cause, ils sont dans une sorte de transe. Leurs esprits se sont connectés dans un monde astral… Celui de Moon Knight.
Khonshu patiente. Le temps est l’un de ses domaines. Il en connaît bien des secrets, a déjà vu passer de nombreux âges et se souvient aux détails près des emplacements qu’ont tenues les étoiles dans le ciel nocturne, des siècles durant. Et il peut sentir chaque étincelles de magie qui frôlent les paroies temporelles, bien évidemment… C’est à la fois quelque chose de curieux, d’agréable mais aussi qui donne des frissons de danger. L’immortalité offre bien des avantages mais qui ne sont rien face aux actions imprévisibles que peuvent avoir les mortels… C’est là tout l’intérêt.
Oh oui… Le Dieu-Lune est plutôt satisfait que son invitation soit entendue et répondue de manière positive. Il peut donc laisser du temps au Docteur Strange de s’incruster dans l’esprit fragile de son Avatar et de se remettre de ce très court mais intense voyage. Un esprit banal serait totalement perdu, après avoir effectué un pareil transfert. Mais Stephen Strange ne possède pas un esprit banal.
« Bienvenue. »
Le ton est assez nonchalant. Il ne peut y mettre réellement de l’enthousiasme et pour cause… Dès la minute où Stephen Strange à poser un pied dans l’esprit torturé de Marc Spector, ce dernier a réagi comme n’importe quelle non-initié réagirait face aux grandes puissances arcaniques. Il panique. Les pensées de Marc ne sont pas claires et se bousculent. Le monde des esprits dans lequel ils se trouvent change, au fil de ces songes et réflexions chaotiques.
Le silence est pesant. La divinité lunaire reste muette face à l’arrivée du Docteur, à son imposante stature, à ses mots dit avec justesse et où le doute dans cette voix puissante semble avoir disparu. Face à lui, Khonshu semble être devenu à contrario bien plus fébrile. Le mal être de Marc le touche bien plus qu’il ne veut bien l’admettre.
« Du calme… Il ne va rien vous arriver. »
La voix du fils de Râ est étonnamment plus douce. Malgré tout, elle est mal perçue par une partie de l’esprit de Moon Knight… une partie folle de rage. Elle gronde et obscurcie cet havre, très loin d’être en paix. Cela n’existe pas vraiment dans la tête de Spector…
« ”Dieu Mort” , hmm ? »
Un léger rire crispé s’échappe du bec d’os.
« Vous semblez bien plus sûr de vous et de vos capacités. Pendant un moment, j’ai cru que nous nous étions trompé de Sorcier Suprême, lors de votre résurrection. »
S’il avait pu sourire, sans doute l’aurait-il fait pour appuyer sur les derniers mots. Mais c’est avec une étrange aura plus respectueuse que le Dieu de la Lune du panthéon egyptien continue de s’adresser au magicien, malgré ses choix de mots douteux, digne d’un enfant contrarié.
« Les choses sont très claires, Sorcier Suprême. »
Habituellement, Khonshu est bien plus joueur et sarcastique, encore plus lorsqu’il est fait mention d’autorités supérieures. Les Vishanti, son père Amon-Râ… depuis quand l’insolent Dieu-Lune ploit-il le genou ? Il a souvent plusieurs coups d’avances et pourtant ici il n’ose même pas bouger d’un pouce ou à peine. Au contraire… Il tente de filer droit et de parler avec franchise.
La dernière fois qu'ils se sont vus, ils approchaient du précipice. Et l’un n’a pas pu s’en sortir vivant… Ce souvenir parmi des milliards d’autres est encore capable d’apporter le trouble au dieu pâle.
Bien des choses se sont produites et bien d’autres concernent Khonshu, connu pour avoir agi sur la Terre pendant des siècles à travers de nombreux Chevaliers Lunaires. Et ses dernières actions à Karnak sont loin d’être les plus glorieuses…
« Vous aurez vos réponses. Ici, nous pouvons parler librement... S'il me laisse faire.
- Mr Strange ? »
Le bec d’oiseau mort se tourne vers cette voix rauque et hésitante avant qu’il ne claque des doigts pour se volatiliser dans une volute de sable. Un instant après, plus vite qu’un clin d'œil, Khonshu se trouve près du Docteur Strange, observant l’approche titubante non pas de Marc mais d’une de ses autres personnalités. Steven Grant est bien le seul à ne pas rejeter en bloc les présences du Dieu et du Sorcier, Jake étant drastiquement plus énervé et Marc étant bien plus … mal en point. « Marc est juste là… - Mais si tu t’approches de lui, je te pète la gueule. - Le Docteur est un ami, Jake… - C’est impossible ! Je te rappelle qu'il n’est plus parmi nous. »
Marc Spector finit par se redresser, après ces mots courroucés de Lockley. C’est comme s’il prenait d’un coup conscience de ses égarements et qu’il accepte enfin de voir la réalité en face, telle qu’elle se présente. Si la forme astrale de Stephen Strange est arrivée jusque devant eux, c’est qu’il est bel et bien en vie, non ? Stephen Strange est vivant ! « Stephen… »
L’atmosphère brouillonne commence quelque peu à s’éclaircir, tout en restant dangereuse pour les personnes invitées à l’arpenter. Khonshu a conscience du temps qu’il lui est offert pour échanger avec Stephen… et il est bien trop court…
« Essayez de tenir le temps que j’éclaircisse certains points avec votre ami. »
Un hochement de tête de la part de Marc, un silence des deux autres, et Khonshu fait face au Docteur Strange.
« Vous vous souvenez de Karnak… Mais vous souvenez-vous de ce que vous avez dû faire, pour sauver Marc ? »
Un tressaillement fait vibrer l’esprit dans lequel ils se trouvent. Khonshu ne s’interrompt pas.
« Vous êtes allé chercher son âme aux portes du Duat. Neter-khertet. Le Royaume du souterrain, celui des morts et le domaine d’Osiris. C’est dans ce monde hostile que vous aviez décidé de finir votre existence, en voyageant sur les sables que la barque de Râ traverse à chaque cycle pour se confronter avec Apophis, le chaos incarné.
Vous apparteniez au monde des morts. Mais quelqu’un refusait votre disparition. »
Le regard de Khonshu semble se poser un bref instant sur Marc Spector. Ce dernier est resté près du Docteur Strange, surveillant leurs arrières, ne faisant même pas confiance en son propre esprit pour les laisser en paix…
« Mon lien avec Marc Spector est devenu plus fort. Cela amène bien évidemment son lot de désagréments…
Il a eu des visions et il a su écrire les hiéroglyphes pour créer une porte vers le Duat. Marc a défié toutes logiques et l’autorité même des dieux pour passer dans cette dimension avec des compagnons, dans l’espoir de vous retrouver et de vous ramener…
Cependant, ils leur manquaient deux éléments pour réussir. L’aide du guide et celle du Juge.
J’étais témoin de l’exploit et du malheureux destin de trois mortels, dont celui de mon Moon Knight, qui risquaient de finir leur jour dans cette dimension. J’ai donc négocié. »
Un court silence met un point après ces trois derniers mots. Khonshu fait virevolter sa magie autour de lui, préparant quelque chose…
« Je savais qu’Anubis serait assez curieux face à ce phénomène pour leur permettre d’entrer, mais il est tout comme nous tous soumis à certaines règles : Aucune âme ne peut sortir du Duat. En principe, oui.
Je savais que je pourrais faire passer un message en attirant l’attention du patron des embaumeurs. Anubis le messager des Deux-Mondes, un interlocuteur parfait pour demander un échange de services à Osiris.
J’ai demandé de renvoyer Moon Knight et ses amis dans leur monde, mais aussi de vous offrir la réincarnation et la régénération de votre enveloppe charnelle.
Il a accepté pour le premier point en échange de mon aide pour le soigner… d’un mal qui le rongeait. Pour le second point… Je n'avais pas besoin de prononcer cette demande. Il fallait vous ramener car vous êtes bien trop précieux pour votre monde. Osiris était le mieux placé pour le comprendre. »
Le Dieu-Lune cesse ses gestes et le calme revient. Il finit par s’écarter… tandis qu’un lieu prend magiquement forme dans l’esprit de Marc. Il s’agit des formes d’un de ses derniers souvenirs du Duat : le cours d’eau tranquille du Nil, sur lequel se reflète une belle Lune, tandis que pousse sur son bord des lotus bleus. Près de la rive est assis une présence très reconnaissable.
« Il vous a ramené pour réparer ce qui a été fait à Karnak. Il l’a également fait par nécessité… Le mal qu’incarne la magie noire de Chthon et qui ronge déjà certains d’entre nous n’est pas le seul problème contre lequel nous allons devoir faire face… »
Khonshu garde le silence alors qu’il s’approche du bord du Nil pour rejoindre l’autre divinité. Cet homme, dessiné sur de nombreux murs des anciennes Pyramides et des temples, fait partie des mythes de Héliopolis sur la création du monde. Mais il est aussi connu dans le monde entier à travers les mythes de la toute première momie, le tout premier roi mort de l’Egypte, assassiné par son propre frère.
Osiris. Dieu de la végétation, de l’Après-Vie et de la mort. Seigneur du monde souterrain. Celui que l’on décrivait comme ayant été le tout premier régent de l'Égypte antique, bien avant les règnes des Pharaons.
Il incline légèrement la tête pour saluer humblement le Sorcier Suprême et l'invite à approcher pour le rejoindre... lorsque lui et son ami, le Chevalier de la Lune, seront prêt à entendre la terrible malédiction qui touche les divinités égyptiennes.
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Jeu 11 Aoû - 12:03
« Vous semblez bien plus sûr de vous et de vos capacités. Pendant un moment, j’ai cru que nous nous étions trompé de Sorcier Suprême, lors de votre résurrection. »
Strange tiqua, plus clairement qu’il ne l’aurait voulu. Ce n’était pas véritablement une surprise : la raison pour laquelle il était là, c’est parce qu’il pensait que Moon Knight et son dieu avaient moyen de préciser ce qui lui était arrivé dans la Duat. Pour autant, entendre Khonshu énoncer clairement qu’il était derrière son retour à la vie lui faisait un effet étrange – c’était une plaie encore à vif, une chose qui lui faisait se sentir vulnérable, et le dieu lunaire en parlait comme les habitués des cafés de Greenwich parlent de leur dernier achat de téléphone. Ce qui, mine de rien, était attendu, avec Khonshu. La divinité n’était pas connu pour son respect d’autrui – aussi Strange se trouva-t-il de nouveau désarçonné lorsque son interlocuteur répondit posément à sa menace. Le Sorcier Suprême resta un bref moment à dévisager ses yeux creux et morts, y cherchant quelque chose. L’ombre d’un mensonge, d’une traîtrise ou d’une dissimulation quelconque, quoi que ce soit qui justifierait que l’enfant capricieux qu’il connaissait recule si vite devant la maigre énonciation d’un triumdei vivant à plusieurs dimensions d’ici. Le docteur savait que c’était une protection relativement frêle, et il était entré dans l’esprit de Marc en s’attendant à un affrontement, à des pièges et des dangers.
Il n’en trouva pas, et cela le laissa bouche bée.
« Vous aurez vos réponses. Ici, nous pouvons parler librement... S'il me laisse faire.
- Mr Strange ? »
Le magicien pivota avec Khonshu et observa les trois personnalités de Marc, titubant sous le poids de sa discussion avec un dieu. Il esquissa un geste dans leur direction et s’arrêta net quand Jake, comme un reflet déformé, esquissa le même pour s’interposer. Strange lui lança un regard puis se tourna de nouveau vers celui des trois qu’il connaissait le mieux.
« Bonsoir, Marc. »
Sa voix était légèrement tendue. Il aurait aimé s’avancer plus, l’aider, ou se retirer de son esprit pour le soulager. En emmenant Khonshu avec lui, d’ailleurs. Cette réflexion flotta un bref instant dans sa tête, et il tourna lentement son regard vers le dieu de la Lune, l’ombre d’une réalisation passant sur son visage. Il n’eut pas le temps d’élaborer ; Chons enchaîna d’un claquement de bec.
Strange écouta son histoire sans broncher, jetant de temps à autre un regard à Marc, scrutant l’oiseau mort la majorité du temps, en quête d’informations à dénicher pour soutenir la théorie qui se formait dans sa tête. Il sentit la magie du dieu lunaire l’entourer mais se détendit rapidemment : l’Oeil ne détectait aucun sort agressif dans le pouvoir invoqué. Il fronça les sourcils à la mention du mal qui rongeait Osiris, mais n’eut pas le temps de s’attarder dessus.
L’air, autour de lui, changea. Le ciel devint bleu nuit ; du sol jaillirent des roseaux, et le bruit discret d’un court d’eau. Le magicien se figea brièvement, sentant sa respiration s’étrangler dans sa gorge. Le Nil. La Duât. Le Royaume des Morts. Il le voyait autant par ses yeux que par ses souvenirs – l’odeur des lys et la lumière argentée de la lune, la boue du sol et le vent tiède, les ombres qui dansaient dans la brume, pour aujourd’hui, demain et toujours ensuite. Strange se força à inspirer. Il n’y était plus. Il n’était pas là pour ça. Il était là pour comprendre et aller de l’avant. Peu importait le murmure de l’eau entre les roseaux, qui l’appelait, qui voulait l’étreindre juste une minute pour le garder toujours. Il sentait le chant de la nuit et de la lune résonnait dans ses os, et il sentit une bouffée d’angoisse monter. Il était mort, après tout ; c’était ici qu’il devait être, pas ailleurs.
Strange prit une inspiration sifflante et se concentra sur la présence de Marc, de Jake et de Steven dans son dos, tout autour de lui. Les vivants. C’était sur eux qu’il fallait se concentrer – par sur les dieux morts, ni sur lui-même, mais sur les trois mortels derrière lui. Sur le battement de leur cœur, la chaleur de leur pensée et le souffle de leur respiration.
Le Sorcier Suprême ouvrit les yeux et s’avança doucement, flottant jusqu’à la silhouette assise au bord de l’eau. Il s’inclina sobrement, mais ne put empêcher la légère déférence dans ses gestes ; il tenta se se forcer à un salut cordial – celui des vivants – mais ne put s’empêcher de descendre un peu plus bas pour celui qui, il y a si peu de temps, était encore son roi. Puis, il ne dit plus rien et attendit, le visage fermé.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Sam 13 Aoû - 18:24
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Marc Spector est assez impuissant, face aux événements qui se succèdent. Il observe son ami Stephen Strange écouter Khonshu. Ce dernier apporte bien plus de détails sur le récit qui concerne leur voyage dans la Duât qu’il ne l’aurait cru. La confrontation avec le Dieu-Lune ne sera donc pas nécessaire. Ce n’est pas pour autant que le Docteur desserre les dents… La tension est palpable et la suite ne va pas laisser les deux mortels sur le lit du Champ des Roseaux, promis aux âmes partis vers l’Au-Delà.
La divinité des morts est présente et cela rend nerveux l’hôte de cet esprit déjà pas mal en bazar sans que des dieux viennent déployer de la magie pour pouvoir taper la discussion avec le Doc. Marc lance un regard vers Strange, gardant pour le moment le silence. L’idée de débarrasser le plancher en sa compagnie le turlupine. Khonshu, habitué à entendre le flux de pensée de son Avatar, pousse un léger soupir. Les songes humaines sont contagieux sans même qu’ils s’en rendent compte.
« Restons tranquille… »
Deux mots soufflés dans un murmure qui malgré les bonnes intentions se trouvant derrière font frissonner Marc et ses deux autres personnalités. Ils restent près du Docteur Strange et de Khonshu, comme trois videurs surveillant des personnalités dans une boîte de nuit.
Rien de tel ne prend forme dans cet esprit dérangé. Le paysage jusque là troublé prend diverses courbes pour finir par ressembler à un endroit que les deux hommes ne connaissent que trop bien pour y avoir mis les pieds. On ne peut pas oublier le Royaume des Morts égyptien…
Tous les détails confirment que le Seigneur des souterrains est bel et bien présent : le ciel a pris des teintes bleutées, à la voûte pleine d’étoiles. L’odeur des lotus bleus flottant sur les nénuphars embaument les lieux. L’écoulement de la source de vie la plus importante dans l’Egypte Antique est un son doux et apaisant. Les roseaux dansent au rythme d’un vent éphémère. Absolument tout ressemble aux souvenirs que Moon Knight a gardé dans son esprit, aidé par l’intervention divine… subi par celui qui a traversé ce monde en étant une âme errante, mort il y a encore si peu de temps… « Je suis désolé, Stephen… »
Encore un murmure soufflé par une voix ténue. La culpabilité de Marc rend l’endroit moins stable. Des émanations d’ombres recouvrent certains endroits dans le ciel, sur la terre et touchent parfois quelques pétales de lys. Rien d’insurmontable, mais rien de rassurant pour autant…
Les deux Héliopolitains sont restés silencieux, écoutant et observant ce flot d’émotions tourmentées chez les mortels. Du moins Khonshu écoute, tandis qu’Osiris observe la bonne majorité du temps, pour garder le recul nécessaire. C’est très difficile de faire abstraction de leurs pensées et de leurs troubles. Le Juge des morts garde pourtant un visage impassible, découlant d’une maîtrise de soi acquise par des millénaires de vécu parmi les vivants… et surtout parmi les morts.
« Sorcier Suprême Stephen Strange. »
Osiris courbe à son tour l’échine, rendant humblement le salut du Docteur Strange. Son statut ne met aucune barrière et n’empêche pas de partager ce respect, mêlé parfois à la curiosité que peut éprouver une très ancienne divinité, recluse depuis des lustres dans une dimension de poche. Malgré tout ce temps passé, Wesir n’a jamais oublié les premiers hommes et femmes de l’Egypte Antique qu’il a approché pour leur apporter son savoir et leur offrir tout ce qui a façonné leur monde. Le dieu fût un temps autant habitué à côtoyer les humains que Khonshu actuellement, bien que ses méthodes soient évidemment très discutables. C’est donc assez naturellement que le roi des morts réduit la distance qui s’est mise entre eux en tentant d’apporter du réconfort à l’esprit de Marc Spector.
Le ciel prend des teintes un peu plus claires, orangé par endroit, signe d’une aube nouvelle. Les physiques atypiques des divinités se dévoilent plus clairement. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, le plus humain des deux n’a pas l’allure d’un mort ou d’un noyé plus précisément. Osiris dégage une certaine prestance et une allure assez mystérieuse… d’une beauté parfois troublante.
Le ciel est parsemé d’ombre à la mention du complexe religieux de Thèbes. Une réaction venant sans doute de la nervosité de Marc, se confrontant à la sérénité du dieu des morts.
« Nous aurions pu empêcher le pire d’arriver si nous avions agi plus tôt, si nous étions revenu sur la Terre bien plus vite. Vous n’auriez pas été obligés de venir nous demander de l’aide. Nous n’aurions pas été dans le besoin, affaibli que nous étions, d’invoquer des forces hors du commun pour contrer la magie noire de Chthon. L’un des nôtres n’aurait pas agi ainsi si les anciens l’avaient écouté. Mais il était impossible pour l’ancienne Ennead d’entendre les demandes de Khonsu. Son père, Amon-Râ, a toujours eu le dernier mot. Et jusqu’au dernier moment, il refusait de revenir dans votre monde. »
Les ombres s’épaississent. Croire qu’il ne s’agit que de Marc serait un peu gros. La différence entre le Dieu-Lune et son Avatar, c’est que le premier sait à quel moment il doit calmer le second afin d’éviter de compliquer la situation déjà complexe… C’est pour cette raison que Khonshu ne répond rien et préfère faire dissiper les ténèbres dans l’esprit de Marc Spector avec la magie, pour laisser plus de clarté sur cette discussion nécessaire…
« Je vous ai ramené à la vie, peu après que vous ayez ramené Marc Spector, pour des raisons similaires. Par devoir, par amitié… et parce qu’il le fallait. Privé de la Terre de la protection de son Sorcier Suprême en ces temps troublés nous auraient conduit vers la ruine… Nous avons besoin de vous, Stephen Strange. »
Les traits d’Osiris se font plus graves. Une vive colère passe et repart comme elle est venue… Dans sa voix, rien n’apparaît. Il maîtrise tout aussi bien son intonation que la gestuelle de ses mains, alors qu’il montre avec sa magie les récents événements par des visions, des images se reflétant dans l’eau du Nil, tout en les contant.
« Après votre décès prématurée, deux choses se sont produites à Karnak : A l’insu de tous, Setesh, mon frère déchu, s’est approprié une partie de la magie accumulée par Chons. Le reste de l’énergie chaotique a été dévorée par Atum… Le Démogorge. »
« Seth nous a attaqué près de Karnak, là où nous devions protéger Amon-Râ, le temps de pouvoir lui ramener la dernière partie de son être. Nous sommes touchés par la magie noire, rongés petit à petit, comme une maladie. Nous sommes faits de magie et celle de Chthon est tout à fait capable de nous réduire … et de nous détruire. »
Les images cessent. Le Seigneur du Duât se tourne à nouveau vers le Docteur Strange, la mine toujours aussi grave.
« Khonshu ne vous a pas tout dit. Il nous a en effet aidé pour ralentir la progression de ce mal, mais nous avons besoin du soutien du tout premier d’entre nous, ainsi que des autres membres du Panthéon de l'Égypte. Atum doit revenir vers Amon-Râ. Mais le problème est de taille… Vous n’êtes pas sans savoir de quoi est capable le Démogorge. Il s’agit d’un monstre informe, avec des capacités titanesques, égales voire supérieures à celles des dieux. Nous devons l’arrêter avant qu’il ne cherche à dévorer les nôtres, les autres dieux et bien plus encore.
- Mais pour cela nous devons utiliser ce que nous savons grâce au Darkhold.
- Il n’en est pas question, Enfant-Lunaire…
- Si nous laissons Atum revenir en l’état vers Amon-Râ, la magie noire qu’il a absorbée touchera le Dieu du Soleil. Il s’éteindra à jamais, cela sera inévitable … Nous serions tous condamnés. »
Osiris pose un moment un regard incendiaire sur le fils de Râ avant de s’en détacher. Il ne sait s’il peut confier sa confiance à celui qui a toujours tout fait pour agir dans le monde des mortels, malgré les interdictions et les règles. Khonshu et Anubis sont les seuls à aller et venir entre les mondes. Mais le second a au moins le bon sens de ne pas posséder des Avatars depuis des siècles.
« Nous pouvons créer un rituel pour l’éviter. Tu sais que nous n’avons plus le choix. Je peux vous aider à le créer. »
Quoi qu’il en soit, le Roi des Morts semble quérir du regard l’avis de celui à qui il vient d’exposer tout ce qu’il s’est passé et ce qu’il risque de se produire. En confiant tout cela au Docteur Strange, le dieu de la Lune et de la Vengeance Khonshu commence déjà à voir les multiples avenirs qui attendent la Terre… Il suffit d’une décision pour tout changer.
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Lun 5 Sep - 20:19
Stephen Strange flotta un temps en silence. Le regard d’Osiris pesait lourd, mais ne l’arracha pas à ses réflexions. Plongé dans le vide, ses yeux bleus semblaient sauter de calcul en calcul tandis qu’il pesait le pour et le contre du dieu de la lune. Au fur et à mesure du récit, son visage s’était fermé. Il était resté silencieux. Lorsque sa voix s’éleva, elle était douce et ferme.
- Je ne te fais pas confiance, Chons.
Les mots s’élevèrent d’abord, le regard ensuite. Iris bleus contre orbites vides. Il n’y avait pas d’agression dans la voix du sorcier, pas plus que dans son attitude : seulement le ton détaché et calme d’un practicien et d’un diagnostique.
- Tu as insisté pour utiliser le pouvoir du Darkhold une première fois. Tu insiste encore. C’est souvent mauvais signe, et c’est un signe que je ne veux pas ignorer. Après tout, la lune est rongée par la nuit à chacun de ses cycles.
Il flottait, forme astral dans un pays de pensée et d’oubli, légèrement silhouette drapée de rouge à travers laquelle brillait des étoiles discrètes sans constellations.
- Utiliser le pouvoir de Cthon pour purifier Atum est une entreprise dangereuse. Le Démogorgue est puissant, et l’énergie qu’il contient massive. Je ne pense pas que nous puissions la contrôler. Je pense que tu ne le penses pas non plus. Mais ça t'es égal.
Il s’avança un peu vers Cthon. Le docteur ne regardait pas Marc, ni Steve, ni Jake, mais son esprit était tourné vers eux. Il guettait leurs réactions, comme la moindre ombre dans le paysage qui pourrait être un signe avant-coureur.
- C’est la seule chance qui nous reste, après tout. Tu serais prêt à tout, Chons. A tout. Pour sauver le monde. Pour utiliser le Darkhold à nouveau.
Noir. Couleur de nuit. L’escalier en spirale, descendant sous la terre. La haute porte en bois d’un cellier. Derrière, un murmure de plusieurs voix. Des griffes, des crocs, et un masque blanc.
- C’est comme ça qu’il opère. Cthon ne se nourrit pas de nos intentions les plus viles et les plus basses – il n’a rien à faire avec. Elles jouent déjà dans son camp. Il se nourrit de nos rêves. De nos espoirs. De nos intentions les plus honorables et les plus belles, celles pour lesquelles nous ferions tout.
Un temps de silence. Le visage de Strange était toujours immobile – calme, le regard perçant. Tranquille.
- C’est comme ça que l’on perd. En pensant que le désespoir justifie d’utiliser les arts sombres du Darkhold, qu’il n’y a pas d’autres solutions. Plutôt que de nous accrocher à nos espoirs, nous nous rattrapons aux ombres qu’ils projettent.
Le docteur dévisagea le dieu blanc. Ce n’était pas une réflexion à laquelle il était étranger – il avait eu ses propres incursions dans les arts obscurs. C’est pour ça qu’il savait où les mènerait le plan de Khonshu. Tout du moins, c’est pour ça qu’il pensait savoir.
- Dis moi, Dieu Lunaire, Dieu Mort : tu veux utiliser le pouvoir de Cthon pour arracher les énergies corruptrices à Atum. As-tu considéré la possibilité de le séparer des énergies solaires et divines qui font ce qu’il est ?
Le regard suivant fut adressé à Osiris, puis retourna à Khonshu. C’était, après tout, son interlocuteur principal pour le moment.
- Atum est devenu le Démogorgue, et le Démogorgue est devenu Atum. Nous pouvons créer un rituel similaire. Nous prendrions sa lumière pour la donner à Amon-Râ. La tâche ne serait pas aisée, et serait lourde de conséquences. Il nous faudra le soutien de l’Ennéade, et il nous faudra tenir Atum en respect suffisamment longtemps pour que le rituel fonctionne. De plus, s’il fonctionne, le Soleil sera à nouveau lui-même, mais le Démogorgue restera.
Il y eut un temps de silence, le temps de laisser l’idée s’installer dans la conversation.
- C’est un prix à payer moins lourd que celui qui vient avec le fait de puiser dans le pouvoir de Cthon.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Jeu 8 Sep - 20:28
*** *** ***
La scène sous les yeux de Marc Spector lui paraît surréaliste. Les deux autres part de lui-même ne prononcent aucun mot devant la puissance de Stephen Strange. Il excelle dans bien des domaines, notamment dans celui de la magie mais il est aussi un excellent médecin. Ils s’en rendent pleinement compte avec cette démonstration, cette verve, et cette façon de parvenir à poser le doigt là où ça touche. Marc n’avait pas besoin de cohabiter pendant quelques temps avec le Dieu-Lunaire pour reconnaître lorsque ce dernier est au bord d’une crise de colère, comme il en a déjà montré les formes, que ce soit par les mots, la pression psychique ou par des phénomènes surnaturels - à coup d’objets qui tombent sur le sol. Son Avatar en a l’habitude. Mais c’est la première fois qu’il trouve en Khonshu cette fébrilité, ce léger tremblement de quelqu’un qui s’empêche mentalement de s’écrouler dans un trou sans fond. Il est surpris de le voir dans cet état d’esprit, à être debout au bord d’un précipice à cause d’un élément majeur, qui va même jusqu’à perturber son immortalité divine. Khonshu a un problème et refuse de l’admettre devant le Docteur Strange ou qui que ce soit, tête d’oiseau qu’il est…
Un craquement d’os sinistre se fait entendre.
Les environs retrouvent un calme temporaire, pendant que deux êtres s’affrontent du regard. Osiris s’est levé pour les observer et écouter chacun des arguments. Le plan de Khonshu est exposé et il ne lui plaît guère… C’est une solution dangereuse. Le Docteur Strange s’est rangé également sur ce point, incapable dans son état d’envisager de prendre autant de risque. Et de plus, comment faire confiance au Dieu-Lune, alors qu’il a approché le Darkhold d’aussi prêt ?
La Lune est rongée par la nuit… à chacun de ses cycles. Quel beau trait d’esprit.
Un sifflement léger s’étire, un réel signe de contrariété, alors que le Docteur enchaîne. L’aura de Khonshu commence à changer. Il paraît plus agressif, sans avoir bougé, sans prononcer un seul mot, sans même avoir fait un seul claquement de bec. Dans ses orbites vides, des mouvements magiques se créent. Un tumulte, mélangeant l’aspect blanchâtre d’un héritage ancestral du Soleil, un autre plus froid que les nuits lui ont offert et la dernière trace magique est rouge… difficile à déterminer. Une invention personnelle ou… autre chose. Marc connaît cet aspect. Le dieu l’a acquise après plusieurs centaines d’années à avoir participé à bien des conflits à travers ses nombreux vaisseaux, ses Moon Knight. Cela ressemble bien à une réelle colère très humaine…
Le bruit d’un poing serré s’entend du côté de Khonshu et fait réagir Spector. Au moment où Stephen Strange passe non loin de lui, il a pensé, un bref instant, à lui attraper l’épaule. A l’arrêter. A le stopper net. Non pas pour lui faire dû mal mais… Juste pour qu’il cesse de s’avancer vers le Dieu-Lune. Mais ni Marc, ni Steven Grant, ni Jake Lockley - bien que l’envie chez lui s’est faite plus forte - n’interviennent. Ils le font par choix, mais aussi parce qu’ils ont besoin de savoir et de comprendre où en est Khonshu… et qu’est-ce qui ne va pas dans cette aura divine ?
Tu serais prêt à tout. À tout. Pour sauver le monde. Pour utiliser le Darkhold à nouveau. C’est simplement grâce à l’aspect squelettique que le Fils d’Amon-Râ parvient à paraître calme et impassible. Froid et distant. Blanc comme la face de la Lune et sans aucune expression. À l’intérieur de lui, c’est la fournaise d’un volcan. Khonshu était à deux doigts de s’en prendre directement à l’image spectrale de Stephen. C’est sans doute pour cette raison qu’Osiris s’est rapproché si soudainement, via une téléportation magique, juste le temps d’une pensée. Réfléchis bien à tes actes, semblait-il lui dire, avec un regard dur et très pharaonique.
Les poings serrés de Chons sont désormais dans son dos. Le contrôle est total. Tout du long, il n’a à aucun moment lâché le Sorcier Suprême du regard. Ce dernier expose une vérité que les dieux connaissent et ont même réapprise à leur dépend, en revenant - partiellement réincarné - dans ce monde. Horus, fils d’Osiris, en a fait les frais, lorsqu’il a dû affronter Setesh. C’est sa grandeur, son sens aigü de la justice, ses convictions, son aspect lumineux et protecteur qui ont failli le tuer et l’envoyer tout droit vers l'annihilation. Le dieu du ciel aurait été détruit par la magie noire de Chthon. Purement et simplement. C’est ce qui les attend, tous autant qu’ils sont, Dieux et Mortels.
Les espoirs, les intentions les plus honorables et les plus belles, l’amour aussi… Ou encore la nature magique même d’une divinité positive est un atout pour Chthon et ses engeances malveillantes. C’est arrivé à Chons, le Voyageur, la personnification de la Lune qui traverse le ciel nocturne, le Cœur de Râ qui sait tout, l’enfant et le plus grand magicien de Thèbes. Celui que l’on disait être l’un des plus grands dieux.
Une autre solution est exposée, quelque chose qui fait tiquer Chons. Car c’est une possibilité qui peut être tout à fait envisageable et il sait pertinemment que si le Docteur la propose c’est parce qu’il y a déjà beaucoup réfléchi. Il s’agit de l’ami et de temps à autre du patricien de Marc Spector, le vaisseau d’un dieu. Dans ce cas présent, ce plan paraît être tout aussi dingue que celui exposé par le Dieu-Lune à peine plus tôt.
Un léger grognement passe et l’interlocuteur terriblement silencieux du Docteur Strange semble avoir repris une humeur stable, qui se veut régulièrement changeante. Lunatique et erratique.
« Un prix à payer moins lourd ? »
La voix est calme, un peu froide. Les troubles, générés par les nombreuses analyses du Docteur, n’ont pas entamé sa force. Mais on n’y trouve aucune agressivité. Au regard de Marc, son dieu révèle même une certaine douceur, qu’il a à sa grande surprise déjà pu apercevoir à certains moments de sa vie… Dans les crises les plus grandes, au bord de la catastrophes ou même dans le Duat.
Cette douceur à peine perceptible est une brise légère dans l’aura de l’Enfant-Lunaire d’Héliopolis Céleste.
« Vous proposez de séparer deux forces cosmiques et de renvoyer celle d’Atum dans son actuelle incarnation, Amon-Râ… Vous offrez ainsi la possibilité au Démogorge d’être une entité à part entière, avec sa propre volonté, son libre arbitre. »
Khonshu émet un très léger rire, coincé dans sa gorge.
« Il s’agit du Dévoreur des Dieux, Sorcier Suprême. Nous serions bien irresponsables, en tant que Dieux protecteurs du Cosmos et de la Terre, de laisser un tel monstre aller et venir comme bon lui semble. »
Chons semble jeter un regard vers Osiris, le Juge des morts. Ici, il est plutôt l’arbitre qui veille à ce que le Dieu-Lune n’omette rien. Le mensonge est évidemment proscrit, d’ailleurs essayer de le faire n’avancerait à rien devant le roi du Royaume des Morts.
« Vous pouvez penser que j’ai beaucoup d’espoir ou que je suis fou de croire que mon plan est mieux, que je peux réussir à contrôler le Darkhold. Un sort de ce livre maudit aura suffi pour détruire tous mes efforts… Nos efforts. »
Khonshu a bien entendu fixé le Docteur Strange et son bec a également montré Marc Spector. Car ces deux partenaires poursuivent et se battent contre le Darkhold et Chthon, depuis un certain temps maintenant… Et ils ont dû payer cher certaines erreurs qui ont été faites, notamment par Khonshu lui-même.
« J’étais prêt à tout. Je suis prêt à tout. Pour sauver le monde. Pour effacer les futurs possibles où j’ai vu ces Horreurs arpenter la Terre. Où j’ai vu des pays sombrer, des civilisations entières se faire dévorer, les esprits des mortels terminer leur existence dans les bras de la terreur et du chaos. Personne ne va mourir, oh non, je vous l’ai dit, Sorcier Suprême. Tous seront à la merci de Chthon, le Destructeur de la Création. »
La voix divine de Chons trahit un léger trouble, une émotion fugace qu’il réprime immédiatement. Elle est balayée par une volonté indéfinissable.
« Je vous le concède, Sorcier Suprême. Le Démogorge ne peut pas être contrôlé, ni la malédiction du Darkhold. Et… ça ne m’est pas égal, contrairement à ce que vous avancez. »
Les trois personnalités, hôtes de cet endroit, lèvent à l’unisson un regard surpris vers le quatrième colocataire indésirable et temporaire, venant de prononcer ces mots. Khonshu s’est toujours montré détaché et imperméable à ce qu’il se passait, spectateur sarcastique et incitant toujours son Moon Knight a se diriger vers la vengeance.
« Il est agréable de voir que tu apprends enfin de tes erreurs, Chons.
- Si je pouvais vous expulser de cet esprit, ce serait fait dès l’instant où ce mortel a osé me défier.
- Nous n’avons pas encore terminé. J’aimerais apporter une autre solution… »
Osiris s’écarte de quelques pas pour être bien en vue de toutes les personnes présentes en ce lieu psychique.
« Pouvons-nous envisager d’enfermer le Démogorge, après l’avoir séparé d’Atum ? Le rituel que propose le Sorcier Suprême peut être à nouveau effectué par l’Ennéade. Suite à cela, nous pourrions en profiter pour le bloquer en l’attirant avec la magie noire du Darkhold, qu’il ne pourra pas s’empêcher de suivre. Nous le dirigerons vers une prison, afin de nous laisser le temps d’anticiper et de régler sa présence lorsque nous serons parvenus à rassembler tous les nôtres.
- Nous ne pouvons pas utiliser le Darkhold.
- Nous n’avons nullement besoin de le faire, Chons. Tu as déjà acquis l’un de ses secrets. Il nous suffirait de l’extraire, de te retirer toutes traces, jusqu’à son souvenir et de les transformer en hiéroglyphes, en les inscrivant sur un shenou* pour les rendre tangibles. Le Démogorge ne pourra pas les ignorer. Ainsi, la corruption ne pourra atteindre aucun d’entre nous et nous pouvons peut-être t’aider à affronter l’affliction qui te touche. »
Un craquement d’os accompagne un bruit de gorge nerveux.
« Ce détail aurait pu être écarté du sujet principal …
- Aucune information ne doit leur être caché, si nous voulons former une unité.
- Si je peux me permettre … »
Un cri aigü de la part de Steven Grant - le rendant assez ridicule sur le moment - s’exprime, tandis qu’il s’écarte vivement. Derrière eux, un autre oiseau est venu leur rendre visite. Un long bec allongé, pareil à ceux des ibis, portant en guise de coiffe une Lune tenue par une demi-Lune. Ce dieu partage bien des préceptes avec Khonshu, mais il possède en plus tout l’attrait de la sagesse et la création du temps.
Thoth
« Bon sang, Marc, l’intérieur de ta tête est devenu un repaire d’oiseaux… »
- Ah, j’aurais dû me présenter à vous plus tôt. Je pensais que vous m’aviez déjà repéré !
- Parce que vous étiez là depuis longtemps ? »
Spector a en guise de réponse un rire pareil à une mélodie. Mais le sérieux naturel du Scribe des dieux reprend rapidement le dessus, comme l’exige la situation.
« Trois plans, trois conséquences à ne pas ignorer. Le plan de Khonshu nous infligerait un mal que peut d’entre nous peuvent tolérer sur la durée, j’en ai peur. Le plan de l’éminent Sorcier Suprême de la Terre peut nous mettre dans l’embarras et provoquer une réelle tension entre les Panthéons divins, une réalité qui est déjà en place depuis des éons et qui peut devenir cataclysmique si vous rajoutez du feu. Votre plan Osiris est … possible. La puissance d’une toute nouvelle Ennéade pourrait séparer Atum et le Démogorge. Je peux créer le Shenou dont vous avez besoin. Cependant… »
Marc serre les dents. Il se doutait bien que les dieux allaient leur demander quelque chose…
« Extraire la magie du Darkhold de l’esprit de Chons doit être consenti… Et il est possible que cela puisse le soigner… Là j'émets tout de même une réserve. Je n’ai pas de connaissance sur cette magie. Cela m’est interdit. Les conséquences d’un tel savoir est… pure folie. Je ne connais pas le moyen de te soigner convenablement. »
Cesses de piailler, Djehouty…
Khonshu impose par sa présence pâle une soudaine ambiance glaciale. Mais il ne fait rien pour aller à l’encontre de qui que ce soit. Son regard s’est attardé sur son Moon Knight, comme s’il attend quelque chose de sa part. Marc Spector hésite, cherchant le contact visuel avec le Docteur Strange. Il sait qu’il peut lui faire confiance car il sait également que Stephen fera tout pour le mieux… Et surtout, il fera le nécessaire pour les sortir de là.
Marc finit par faire un hochement de la tête entendu.
« Faites le. Je ne tenterais rien pour vous en empêcher. »
Thoth s’avance et lève les mains. Il commence déjà les tracés nécessaires au prochain rituel. Chaque hiéroglyphe qui passe sous le regard de Marc ne le rassure pas. Il préfère rester à l’écart pour ne pas perturber cette tentative magique.
Osiris s’est rapproché du Docteur Strange.
« Vous possédez de nombreuses connaissances. Certaines magies peuvent même atteindre les dieux. Il s’agit d’une opération chirurgicale. Établissons ici une confiance mutuelle. Nous y gagnons tous à nous entraider. Il en va de l’avenir de nos mondes. »
C’est une chose que les dieux auraient dû commencer à faire depuis le début… Et c’est justement par l’ultimatum d’un des leurs qu’ils ont fini par prendre conscience de la réelle menace de Chthon et de ce qu’il se produisait sur la Terre. Ils ne répèteront plus jamais la même erreur. Pourvu qu’ils puissent se rattraper à temps pour former la défensive contre le mal qui s’avance à grand pas.
*** *** ***
*Shenou = les cartouches égyptiennes où l’on inscrivait le nom des Pharaons.
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Dim 11 Sep - 14:30
- J’ai… mené à bien un rituel similaire.
Noir. Un escalier en spirale. La flamme vacillante d’une bougie. Des gouttes de sang, sur la pierre grise. Un murmure, une chaîne gardant une lourde porte de bois. Le bruit du métal brisé. Le crissement de griffes et de crocs sur la pierre. Un hurlement. Un rire. Un masque blanc.
- Je peux vous aider, Dieu-Roi. Permettez-moi quelque chose, avant.
Khonshu était malade. Touché par la magie acide qu’il avait tiré du Darkhold, qui le rongeait doucement. Ce n’était pas une grande surprise, mais ça expliquait beaucoup de choses. Sa posture en retrait. Sa réponse – verbale, uniquement – face aux accusations de Strange. Sa présence dans l’esprit de Marc, plus intense et contraignante qu’elle n’avait jamais été. Le Dieu de la Lune faiblissait. C’était au moins une réponse aux questions que se posait le Sorcier Suprême en début de soirée. Son regard balaya les trois dieux puis les trois esprits qui vivaient derrière le masque de Moon Knight. C’est beaucoup. Peut-être trop. Strange écarta les mains. Un trait d’étincelles se dessina dans l’air : il en pinçait chaque extrémité entre son pouce et son index. Avec des gestes rapides et précis, il tordit le fil incandescent. Dans un sens, puis dans l’autre. Il forma un cercle, puis repassa le fil dessus quatre fois, puis lâcha prise. Le symbole resta, étincelant, orangée, incandescent. La roue des Vishanti était une rune puissante, tellement liée au Sorcier Suprême qu’elle en était presque la marque de son propre pouvoir. Strange claqua des doigts et le symbole éclata – se propageant en un clin d’oeil jusqu’à l’horizon. Tois esprits, trois dieux et un sorcier, c’était beaucoup. Il valait mieux s’assurer que l’esprit dans lequel ils étaient tous ne rompent pas sous le poids du rituel mystique qui approchait.
Puis, il flotta jusqu’aux trois seuls autres humains de l’assemblée. Derrière eux, le pouvoir de Thoth emplissait l’air, le colorant de papyrus et de sable.
- Si nous devons mener cette opération à bien, nous aurons besoin de vous trois.
L’idée, posée comme elle était, pouvait sembler paradoxale. Que pouvaient bien faire trois avatars dans les affaires des dieux et des mages ? Beaucoup, si on se fiait à Stephen. Beaucoup plus que les plus grands maîtres des arcanes.
- C’est un processus délicat. Douloureux.
Malgré sa tenue et malgré sa voix claire, il y avait quelque chose qui rendait la question sensible. Fragile. Stephen Strange avait vécu une expérience similaire : il savait que ça n’avait rien de confortable, et c’était quelque chose qu’il n’aurait pas pu dissimuler. Pas alors qu’il n’était qu’esprit.
- Khonshu est un dieu, mais même les dieux ne sont pas intouchables. Il aura besoin de vous, comme j’aurais besoin de vous. Vous le connaissez. Il vous connaît. Il aura besoin d’alliés.
Extraire la marque de Cthon de quelqu’un n’était pas simple. C’était une force parasite qui s’accrochait à son hôte, plongeant crocs et griffes le plus profondément possible. Peu importait la bonne volonté de l’hôte : parfois, la douleur était suffisamment grande pour faire changer d’avis même les esprits les plus solides. Strange chercha l’approbation de chacun, puis flotta jusqu’à Osiris et le dieu lunaire.
- Votre autorité est suffisante pour extraire le pouvoir du Darkhold, Dieu-Roi ; le savoir de Thoth est suffisant pour l’emprisonner. Vous n’avez pas besoin de moi pour ça. J’aimerai proposer mon aide sur un autre aspect : j’emmènerai les Avatars dans l’esprit de Khonshu. De là, nous l’aiderons à tenir bon – malgré la douleur, malgré la magie froide qui sera plongée loin dans son esprit pour le purger de la marque de Cthon.
Puis, il se tourna vers le Dieu de la Lune. Leur relation offrait peu de prise à la sympathie : ils n’avaient été alliés que par les circonstances, rarement par une appréciation de l’autre. Khonshu était trop secret, trop dangereux pour que le Sorcier ne s’en méfie pas ; à l’inverse, Strange avait toujours été trop présent et trop curieux de ses affaires pour être autre chose qu’une épine dans le pied de la divinité. Pourtant, ici, l’antipathie devait être consciencieusement mise de côté. Ils étaient patient et soignant, et ils devraient se comporter comme tels.
- Arracher le pouvoir du Démogorgon est trop dangereux. Ce sont des énergies trop chaotiques et trop puissantes, qui risqueraient de se retourner contre l’Ennéade. Rien qu’à cette petite échelle, notre rituel est dangereux. Complexe. Destructeur. C’est aussi la meilleure solution que nous ayons. Souviens t’en, Souverain du ciel nocturne, Dieu du temps et de la Lune : ce que tu fais est une bonne chose, quoi qu’en dise les murmures du Darkhold.
Son ton était plus doux qu’il n’avait été jusque là. Compréhensif. Pour tous leurs différents, Strange savait ce qui allait venir. Et, exception parmi tant d’autres, il compatissait.
- Pour toutes nos oppositions et notre antipathie, je salue ton courage, Khonshu. Je viens en ami et en allié, accompagné d’amis et d’alliés. Accepteras-tu notre aide mortelle, Dieu de Minuit ?
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
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*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
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Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Sam 17 Sep - 16:48
*** *** ***
En s’écartant, Marc peut mieux observer son ami, le Sorcier Suprême, au milieu de ces trois divinités. Trois dieux dont un pour qui il a juré de mener à bien sa guerre contre Chthon et sa magie, cette horreur qui ronge désormais ce Dieu-Lune. Marc le savait, au fond. Il s’en est douté lorsque le Chaos a posé ses griffes démesurées sur eux. Dès l’instant où il a su, simple mortel en cape blanche, que la mort allait fondre sur lui, sous la forme d’un faucon solaire, Marc savait que les conséquences allaient venir. Il a imaginé un peu naïvement que la puissance d’Amon-Râ aurait été suffisante pour déloger le mal. Spector cesse de traîner dans ses pensées lorsqu’il sent le regard de Khonshu sur lui.
Stephen Strange accepte de les aider et c’est une bénédiction. Il fait cependant quelque chose avant de pouvoir intervenir. Ses mains semblent danser et dessiner un symbole dans les airs. Il tisse des formes et bientôt celles que Moon Knight a déjà vu quelque fois. La roue éclate, sans un bruit. Les lueurs orangées s’en échappent. Elles fascinent les trois hommes, propriétaires de ce lieu psychique. L’esprit semble plus paisible. Cet état de fait se reflète dans cette facilité à faire circuler la magie. Il va donc pouvoir devenir l’hôte d’un rituel, qui ne sera pas de tout repos.
Un sifflement doux d’oiseau s’entend à leurs droites. C’est Thoth. Il tisse depuis déjà deux bonnes minutes des hiéroglyphes mystiques, des symboles inconnus même aux regards des égyptologues de renom. Au contact du cercle des Vishanti désormais à l’état d’une poussière d’étoile, le grand patron des Scribes en fait tournoyer autour de ses mains et de ses poignets où se dressent parfois quelques plumes blanches et grises. Dans un environnement magique, les divinités égyptiennes, complexes et mystérieuses sur leur véritable nature, oscillent parfois entre l’aspect humain, offert à l’Humanité, et l’aspect animal, ces nombreuses espèces que l'on dit avoir été créées par les paroles incessantes de Thoth.
« Ceci sera fort utile ! L’esprit de votre ami tiendra, le temps de l’intervention. »
Un bruit sourd se fait entendre. La magie prend vie, s’installe et s'immisce partout. Bientôt, le Dieu de la Sagesse cesse ses gestes et semble patienter, attendant le signal du Dieu-Roi, chef de cette orchestration. Mais ce dernier laisse le temps au Sorcier Suprême de préparer les trois mortels, les hôtes de Khonshu. Ils sont silencieux à l’approche de Stephen Strange et écoutent ses mots énigmatiques. Ils le sont souvent avec le Sorcier Suprême. Steven Grant, la partie sympathique de cet esprit fracturé, réagit le premier. « Douloureux ? C’est… douloureux à quel point ? - Au point qu’il veut qu’on soit auprès de Khonshu. »
Les deux se retournent vers Marc Spector. Il a compris… Du moins, il pense comprendre ce qu’ils doivent faire. Et pour éclaircir les choses, leur ami magicien explique ce qu’il a en tête, faisant réagir les Avatars du Dieu lunaire. « Tu veux qu’on aille dans la tête de Khonshu ? Ce n’est pas… dangereux de faire ça ? - Tout ce qu’on est en train de faire est dangereux, Steven. Mais ça nous arrête ? - Bien sûr que non ! - C’est réglé alors. A toi de jouer Marc. On te suit. »
Marc pose un regard insistant sur Khonshu. Il veut quérir son avis sur cette partie du plan du Docteur. Il n’a nul besoin de poser la question, car le Dieu-Lune, bien avant d’être enfermé ici, pouvait déjà lire dans ses pensées. L'Enfant-lunaire reste tellement silencieux...
« C’est d’accord, Sorcier Suprême. C’est même une proposition sage. Vous permettrez à l’hôte de cet esprit de communier avec son Dieu et de supporter le poids du rituel. Nous commencerons dès que vous serez partis. »
Osiris glisse son regard vers Khonshu. Ce dernier n’a toujours pas prononcé un seul mot, ni perdu son attention sur son Moon Knight.
Chons écoute la magie et les pensées fugaces environnantes. Le sable chaud, les cercles feutrés d’un orange flamboyant, les hiéroglyphes finement sculptés, l’esprit du Juste, la Balance, la Lune et le papyrus et il capte la compassion du Sorcier Suprême. Il finit par entendre les vibrations de Marc. Et c’est sur celles-ci qu’il s’attarde…
« Notre plan est dangereux si nous l’effectuons seul, Sorcier Suprême. Nous ne le serons pas… Pas cette fois. »
La divinité thébaine acquiesce.
« Je m’en souviendrais, Docteur. »
Le ton habituellement froid a laissé place à … quelque chose de plus craintif. Ce doit être difficile de se savoir vulnérable, de ne plus être capable de lutter contre la peur d’une telle initiative. Rien que connaître les détails du rituel perturbe toutes perspectives. Il provoque cette peur irrationnelle, ce doute insidieux, ce trouble de l’esprit qui imagine mal comment réussir à combattre cet obstacle.
« Mais je ne peux pas vous laisser prendre autant de risques…
- Khonshu. »
La vibration émise par Marc se fait plus présente. Elle parvient même à passer par-dessus certains hiéroglyphes discrets. Et le Dieu-Lune comprend d’où vient cette nouvelle force… Il saisit quelque chose qu’il n’avait même pas envisagé voir un jour en cet ancien mercenaire ressuscité. Marc a-t-il seulement conscience de tous ces changements se produisant dans sa tête ? « Nous ne doutons pas de ta capacité à surmonter tout ça. Ne doutes pas de notre approche et de notre volonté de t'apporter notre soutien. »
Ce visage. Une Lune scintillante et magique creusé sur son front. Une allure différente. Un destin qui change une vie de façon radicale. La vision du Dieu-Lune se tait et seuls les grains de sable les entourant s'offrent à son regard.
Pas de craquement d'os, ni sifflements ou d'ambiance glaciale ne s'installent. C'est la chaleur d'un dieu guérisseur et d'un protecteur du ciel nocturne qui répond.
« C'est de bonne guerre, Sorcier Suprême. Mais j'admets que vous avez du cran… et vous trois également. »
Une nouvelle magie emplit l'air. Des nouvelles étoiles se mettent à luire et la Lune se fait plus présente.
« Je salue également votre courage, amis et alliés. J'accepte votre aide et de vous laisser passer. »
Du sable tombe. C'est comme si le Dieu-Lune perdait contenance et finissait le poussière. Cependant, derrière cet amas de magie, une silhouette se dresse toujours face aux trois mortels.
« ... Et de vous laisser voir mon vrai visage. »
Enfant-Lune d’Egypte. Fils du Caché, du Soleil et de la Mère. Dieu adulte, repoussant les mauvais esprits. Magicien de Thèbes et faucon de Minuit. Il porte bien des noms, celui qui promet la jeunesse éternelle, le voyageur juché sur sa barque céleste, traversant la voûte étoilée.
Le crâne d'oiseau mort est tombé dans un fracas. Le bruit de la tempête magique ensablé perturbe les sens de Marc. Mais son regard ne lâche aucune miette de ce qui se déroule. En plissant les yeux, il finit par voir un visage, un croissant de Lune en guise de coiffe, une lumière blanche en son centre, des vêtements antiques où l’on peut reconnaître sur le buste le collier menât, symbole de la régénération. Habituellement caché par des pans de tissu blanc, cachant même son visage, l’homme devant les trois mortels a simplement le corps momiforme recouvert d’une multitude de bandelettes. Ni la capuche, ni la couronne pharaonique ne recouvrent la tresse de la jeunesse.
Khonsu les fixe longuement, croisant ses bras contre son torse. Il prononce des mots dans une langue perdue depuis des siècles. Et enfin plus aucun bruit, plus de sable pour les gêner.
C'est le silence.
Un bref instant si paisible et si doux.
...
Spector continue de regarder le Dieu-Lune sans comprendre ce qu'il vient de se produire. Il saisit qu'ils se trouvent ailleurs, lorsqu'il remarque qu'il est revêtu à nouveau de son costume de Moon Knight, le plus récent et magiquement lié au dieu, tandis que Steven et Jake portent ses autres versions. L'un dans le costume trois pièces, l'autre avec son blindage.
« Oh cool ! Je me sens aussi bien sapé que Strange, maintenant !
- Quelqu'un peut m'expliquer c'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce que tu as fait Khonshu ?! Et où sont tes deux potes là… »
- ... »
En observant mieux, Marc pense savoir où ils se sont rendus. Ils sont entrés dans un temple, un esprit ancien qui a vécu bien des choses et possède beaucoup de savoir. Ils peuvent aussi y trouver de la magie, acquise par sa nature d’hélipolitain mais aussi par les enseignements de ses pairs. Khonshu leur a permis de venir lui rendre visite dans son jardin secret. Bien qu’il soit capable de cacher bien des éléments aux yeux des mortels, il ne peut pas dissimuler le mal contre lequel il lutte, difficilement.
On dirait une maladie incurable ... Des ombres, telles des racines sombres se sont plantées dans les murs. Le sol est brumeux et le ciel ne porte plus aucune étoile… Ils sont à l’endroit précis où la magie noire du Darkhold a commencé la pose de sa marque indélébile. À répandre son encre de souffrance. « Restez sur vos gardes »
Ils n’ont aucune idée de ce qu’il va se produire, ni de ce qu’ils vont découvrir. Les Moon Knights savent seulement qu’ils feront ce qu’il faut, à la demande de Stephen Strange et pour leur dieu.
Une légère lumière tente de percer les lieux, accompagnée par du sable et une magie ancestrale. Le rituel débute et provoque déjà de nombreux troubles à l’hôte.
Le visage de Khonshu se tord de douleur. Ses mains se posent sur sa tête tandis qu’aucun son de parvient à sortir de sa gorge. Autour d’eux, les murs s’effritent et les solides racines s’accrochent à la moindre pierre. La magie noire qui les compose s’écoule dans ces manifestations maléfiques… Lentement… Très lentement. Elle comble les fissures, mais pas pour soulager. Bien au contraire...
Un premier cri d’une souffrance inimaginable s’élève à gorge déployée. Le Dieu lunaire tombe à genoux, faisant paniquer les différentes personnalités de Moon Knight. Des craquements, des éboulements, voire des pans de murs entiers s’écroulent proche d’eux. Au fur et à mesure que le rituel continue, l’esprit du Fils d’Amon-Râ est de moins en moins hospitalier. Il est assailli par des ombres, qui prennent vie… et s’avancent vers les alliés du dieu. « Merde, c’est pas normal ça, si ? - Khonshu ? »
Les ombres rampent et commencent à prendre des formes horrifiques et menaçantes. Elles ont l’air tout aussi ancrées que les racines qui peinent à être délogées malgré l’intervention d’Osiris et de Thoth. « Faut se défendre les gars… J’ai comme l’impression que nos potes vont avoir dû mal à le soigner. - Nous ne sommes pas certain de savoir ce qui nous fait face, Jake... - Bordel, Spector, il te faut un dessin ?! - Marc, peut-être... Qu'il faut simplement essayer de lui parler, pour calmer cet environnement... Du moins, s'il s'agit bien de son esprit, ça devrait fonctionner ? »
Un tir. Jake Lockley a protégé Steven Grant en tirant sur une des étranges créatures, lui évitant de se faire éventrer sur place… « Il ne va pas nous en laisser le temps. - OK alors... On... Bon sang, JAKE ! On couvre Mr Strange et Marc, compris ? - Merci, mec ! Il était vraiment temps que tu te bouges ! »
A l’unisson, les deux aspects du Chevalier repoussent comme ils peuvent ces apparitions malveillantes pendant que Marc s'approche du Dieu-Lune. « Khonshu, tu peux nous entendre ? Nous sommes là pour t’aider. Tu t’en souviens ? Ne nous abandonne pas… Ne succombe pas au Darkhold… Père… »
Marc ne sait pas s’il parvient à se faire entendre. Que peut-il faire à son niveau pour aider cette entité qui s’est toujours montré si intouchable ? Aussi loin que remonte leur lien, c’est seulement aujourd’hui et depuis qu’ils ont commencé cette guerre contre Chthon que le Poing de Khonshu saisit qu’aucun d’entre eux n’est à l’abri. Personne ne l’est, pas même les dieux. Et si Khonshu disparaît, est-ce qu'il… Va-t-il… disparaître également ?
Localisation : 177A Bleecker Street, Greenwhich Village, New York
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Dim 16 Oct - 11:08
Au milieu du chaos, Stephen Strange restait immobile. Les murs grondaient, tremblaient et s’écroulaient, et deux des Poings de Khonshu repoussaient les ombres qui venaient pour eux. Il pouvait sentir le pouvoir d’Osiris et de Thoth, dans les pierres et le vent. Pourtant, il ne bougeait pas. Le regard légèrement dans le vide, drapé dans sa cape rouge, le Sorcier préparait quelque chose.
- Marc.
Il pouvait sentir son hésitation. Dans sa voix, dans ses mouvements fébriles lorsque son dieu se tordait de douleur, il agissait avec la même fragilité que ceux qui veulent aider sans savoir précisément quoi faire. Au milieu du chaos, la voix de Strange était claire et calme.
- Rappelle lui qui il est. Pourquoi il est là. Rappelle lui que tu es là.
Puis, doucement, il se détourna et leva les mains. La chaînette de l’Oeil d’Agamotto cliqueta lorsqu’il le fit passer par-dessus sa tête.
- Je te vois. Par l’oeil de celui qui voit trois fois, par le trois fois grand, par le premier magicien. Par celui qui forgea ses outils dans le feu des étoiles et l’or des montagnes. Je te vois.
Il semblait à peine concerné par ce qui se passait autour de lui. Protégé par Steven et Jake, il fit deux pas. Le monde tremblait, grondait et gémissait, et Stephen Strange récitait sa litanie sans défaillir.
- Je te lie, par le nom du Dormeur. Par celui qui connu le monde d’avant les étoiles, qui mène une armée de brume et d’éclairs, par celui qui était avant et qui sera après. Je te lie.
Délicatement, il enroula la chaîne de son médaillon autour de sa main gauche. Lorsqu’il eut finit, l’oeil doré, fermé, reposait contre sa paume. Ici, le docteur semblait moins luminescent qu’il ne l’avait était auparavant : sa cape était carmin, sa silhouette à peine translucide. Pourtant, quelque chose dansait dans ses yeux bleus.
- Je te commande, par le pouvoir de Celle qui Gouverne. Par celle qui marcha derrière le Soleil, celle qui dit vrai, l’aînée des Premiers. Je te commande.
Strange leva la main, et une lumière vive éclaira l’endroit. Les ombres laissèrent échapper un sifflement aiguë, douloureux. L’amulette du sorcier avait disparu : à la place, il tenait une torche de bois, et sa flamme dansante projetait sa lumière dans toutes les directions.
- Je t’affronte en mon nom, Stephen Vincent Strange, et en ceux des Vishanti, Agamotto, Hoggoth et Oshtur.
Il marcha à nouveau, vers le mur de plus proche, et tendit la torche vers la racine sombre qui en émergeait. Elle était massive et tordue, éclatant la pierre et le ciment en de multiples points. A la voire, l’arracher détruirait le mur dans le même temps.
- Je te bannis, par la Lune qui t’affronte chaque nuit. Par le fils du Soleil, par le magicien de Thèbes, par celui qui danse avec les astres. Je te bannis par le pouvoir de Khonshu, Pharaon de minuit.
La flamme de la torche siffla et devint blanche, puis argentée. A son contact, la racine grésilla bruyamment, presque à la manière d’un cri aiguë. A travers l’esprit du dieu de la lune, les ombres tressaillirent. En réponse, un murmure grandit en intensité, en fond – les voix mêlées d’Osiris et de Thoth, et l’enchantement qu’elles portaient, furent plus facilement discernables le temps que la racine ne brûle, puis disparurent. Quand le docteur se tourna vers une autre racine, la flamme redevint orangée ; l’éclat d’argent fondu, en revanche, s’attarda dans le fond de ses yeux. L’idée était simple. Strange mêlait ses propres forces à celle du dieu pour défaire l’emprise du Darkhold, pour faciliter le rituel. Restait à espérer que ce serait assez.
Situation : Guerrier lunaire seul dans sa tête (ou presque), combattant les forces de Chthon avec les éminents membres de la God Squad
Localisation : New York, en pleine nuit
Inventaire : Costume de Moon Knight / Mr Knight
Pouvoirs lunaire selon les phases de la Lune (voir fiche RP)
* NEW : Costume sombre d'étoiles et Héritage d'Atum (cf fiche RP)
Médicament de Krakoa : le M (voir fiche RP)
Armes :
*Matraque : Bâton de combat pouvant devenir un nunchaku et/ou un grappin.
*Crescent Darts : Projectiles en forme de croissant de lune.
*Ankh et autres armes mystiques lorsqu'il en a besoin...
*Une boussole magique (offerte par Dr Strange)
*Khépesh ancienne
Télécommande :
* Pouvant appeler le Moon Copter.
Re: Là où brille la Lune - Moon Knight Dim 23 Oct - 23:17
*** *** ***
Moon Knight, l’original, celui qui répond au nom de Marc, se tourne vers le Docteur Strange. Le tumulte environnant gronde et tout lui paraît plus hostile. Il se sent perdu et dépassé par les événements. Mais le calme et la clarté dans les mots de son ami lui indique le bon chemin à suivre. Tout ce qu’il peut faire, dans un moment aussi troublant que celui-ci, c’est d’essayer de faire au mieux. Il doit tenter d’apporter un soutien, un rappel d’une lueur, quelque chose qui peut permettre à Khonshu de rester parmi eux et de ne pas se terrer dans les racines noires du Darkhold.
Marc peine à prendre exemple sur le Docteur Strange, qui marche presque impérial, maîtrisant parfaitement ses émotions. C’est comme si le monde l’entourant n’était pas porté au bord du précipice. Les combats, les tremblements du sol fragiles et les gémissements incessant de l’hôte de cet univers fait de sables et d’étoiles… Difficile de les mettre à part tant la situation est tendue.
Chaque craquement d’une racine fait hurler le Fils d’Amon-Râ, le dieu de Minuit. Serviteur… des ombres, qui pourfendront celles du Dévoreur. Manipulateur des énergies destructrices du Livre maudit ! S’il s’en défait, s’il ne possède plus les sorts du Darkhold, Khonshu le magicien de Thèbes ne pourra plus combattre le Démon primordial !
Marc n’entend pas ces pensées, mais elles se reflètent dans les intentions du Dieu-Lune. Elles se répercutent dans son esprit, ce temple immense ! Car rapidement, les créatures se multiplient, prenant diverses formes, dans le but de les chasser, à tout prix ! « Khonshu !
- Je ne dois pas le perdre. Je ne peux pas…
- C’est faux et tu le sais ! Tu es Chons, enfant d’Egypte, prince de Thèbes. Nous combattons ce qui te ronge ! Tu te souviens ? Nous combattons le Darkhold et Chthon ! - Impossible ! Pas sans son pouvoir. C’est vous tous que je dois chasser ! »
L’attaque se fait plus brutale, plus intense. La douleur intenable a forcé l’hôte à se recroqueviller, continuant de marmonner des mots dans une langue antique que Marc ne comprend pas. Le monde autour de lui s’écroule toujours plus. La voix de Stephen Strange s’élève et passe malgré tout par-dessus le brouhaha ambiant. Jake et Steven se battent de toutes leurs forces, si bien que Marc n’a même pas besoin de les soutenir. La personne ayant le plus besoin de lui dans ce chaos magique et psychique est l’un des anciens dieux égyptiens, ayant foulé la Terre. Ces divinités, parmi celles qui auraient été vénérées par les anciens égyptiens, manipulés dans des conflits, des manigances dépassant l’entendement, ceux que l’on imaginait grandiose et qui ont dû partir pour s’enfermer dans une dimension pour ne jamais en sortir. C’est l’un de ceux-là qui se trouve désormais à ses pieds…
Jamais le Chevalier Lunaire ne pensait voir ce jour où Khonshu serait autant souffrant. Son corps d’adulte recouvert de bandelettes de lin lui paraît plus petit, presque la taille d’un jeune garçon. Ses mains tremblantes tiennent fébrilement son crâne où trône une unique tresse. Son visage est désormais parsemé de larmes noires, pareilles aux racines qu’ils tentent de déloger de l’esprit lunaire. Ses cris et gémissements se transforment peu à peu en complaintes. Il n’y a plus de Pharaon, ni la grandeur d’un Père… Cette scène rappelle bien trop de mauvais souvenirs à Marc. Et il sait ce qu’il doit faire pour arrêter tout ça, ce qu’il doit rappeler à son dieu avant que tout ne se termine mal ! « Tu ne vas pas perdre, Khonshu… Ce n’est pas terminé ! »
Moon Knight s’approche et aide Chons à s’asseoir. Est-ce une bonne idée de l’approcher et de le toucher ? Peut-être pas. Mais sur l’instant, il se fiche pas mal des conséquences ! « Écoute nous, tes alliés. Écoute moi, celui que tu as choisi. Entends-nous. Par l'œil… de celui qui voit trois fois.
- Le… premier magicien…
- Je te lis… - Par celui qui connu le monde d’avant les étoiles… Marc ? - Moi et nos alliés nous t’apportons notre soutien.
- Nous t’affrontons… avec Celle qui Gouverne et qui marcha derrière le Soleil, l’Aînée des Premiers, Celle qui nous précède. »
Marc porte Khonshu pour l’aider à se relever. Il recule un peu pour laisser de la distance, sentant venir un changement. La souffrance se perçoit toujours chez le Dieu de la Lune, mais son regard n’est plus plongé dans la douleur, ni la peur. Son Avatar reconnaît les prémices d’une haine profonde, l’approche de la vengeance, pourfendeuse et détentrice de la justice sanglante. Le chasseur nocturne s’éveille ! Par la Lune, qui affronte les ténèbres du Darkhold chaque nuit. Par les pouvoirs du Cœur de Râ, né de la Mère et du Roi des dieux d’Egypte. L’éclaireur et guérisseur, la pupille du Ciel.
« Moi, Khonshu le Voyageur, je te chasse de mon esprit à tout jamais ! »
Les sifflements aiguës font penser aux hurlements émis par Khonshu plus tôt. Sauf qu’ils ne sont plus poussés par lui. Les racines se tordent et s’arrachent des murs, emportant avec elles quelques pierres. Les ombres peinent à s’écarter et laisser passer une légère lueur. Les murmures des incantations d’Osiris et de Thoth se perçoivent et deviennent de plus en plus concrètes.
C’est au tour des autres racines…
La douleur perpétuelle fait défaillir le Pharaon de Minuit. Mais il est soutenu non plus par un de ses enfants, mais par les trois. Trois personnalités en une…
Deux autres racines brûlent et disparaissent.
Fermer les yeux est tentant mais les cris de surprise de ses chevaliers aident Khonshu à continuer de lutter.
La fin est la partie la plus difficile.
L’instant ne dure peut-être que quelques secondes pour Marc, Steven et Jake. Peut-être que Stephen Strange ressentira les choses autrement. Pour Khonshu, c’est comme sentir le poids d’un temps indéfinissable où la pression de l’ennemi se fait beaucoup plus insistante. Il se sent écrasé par une voix qui n’appartient à personne… Elle est bien au-delà de ce temple, de l’esprit fracturé de Marc et de la matière elle-même. C’est Lui. Le Dévoreur. À travers les formules de son Livre, il incite à garder tout proche de lui le petit dieu lunaire…
Et tout s’arrête.
Tout prend fin dans un claquement mystique puissant.
Les racines dans l’esprit du Dieu lunaire ont pris la force d’une magie corruptrice. Elles sont mêlées aux magies des Vishantis et des dieux égyptiens, dont les incantations ont cessé. Elles scellent la magie du Darkhold dans la cartouche, aux symboles étranges. Thoth tient dans le creux de sa main toutes les connaissances que Khonshu possédait sur le Livre. Ses sortilèges, ses malédictions, sa magie puissante mais ô combien mauvaise…
« C’est fait ! Les symboles indéchiffrables, même pour moi, garderont sous clé le savoir du Darkhold. »
Le calme autour d’eux revient. Peu à peu, des formes refont surface. La forme spectrale du Docteur Stephen Strange et celles plus palpables et différentes de Jake Lockley et de Steven Grant. Rincés par le combat qu’ils viennent de mener, ils sont assis sur le sol ensablé par le paysage égyptien. Ce dernier a repris des couleurs plus chatoyantes et de nombreux roseaux ont poussé tout autour d’eux… Le vent les fait courber et balaie les vêtements des différentes personnes présentes dans la tête de Marc Spector. Il est juste là, accroupi au milieu de tous. L’épuisement est visible et il ignore comment il fait pour parvenir à rester “éveillé”, dans cette étrange réalité. Marc est juste bien content que ça soit terminé. Terminé … ? Est-ce réellement le cas ?
Lorsqu’il relève la tête, il ne porte plus de masque et peut sentir ce vent nouveau caresser son visage. Il fait un tour d’horizon pour capter les regards de chaque personne et divins. Stephen Strange, Jake et Steven, puis Osiris et Thoth. Malgré la particularité qu’ont les ibis à posséder des pupilles noires, la divinité lunaire du Temps et gardienne du Savoir ne manquent pas de montrer une expression plus grave et fermée. Il rejoint Marc, s’accroupissant à son tour pour vérifier l’état général du second dieu lunaire de l’Egypte antique. C’est seulement maintenant que son Avatar sur Terre se rend compte qu’il le soutenait toujours, un bras derrière les épaules du Voyageur, inconscient. Il finit par accompagner son corps, pour l’empêcher de toucher le sol trop brutalement et par s’éloigner, pour laisser de l’espace. « Est-ce qu’il … ? »
Marc n’obtient pas de réponse immédiatement. Le grand Ibis semble effectuer une consultation magique minutieuse, agitant ses mains avec précision. Il donne l’impression de tisser ses sortilèges et ses sifflements sont toujours mélodieux. S’il ne chante pas, la parole prend le relais et entre deux incantations d’un dialecte ancien, Thoth émet une demande dans des mots dans la langue commune.
« Pouvons-nous voir ton bras, Chons ? »
Khonshu n’émet aucun son, pas même une seule parole. Toujours dans sa forme la plus humaine, il ouvre des yeux où l’on ne discerne plus la lueur rouge de la vengeance ni une seule trace de magie. Il est difficile de croire qu’il s’agit d’un dieu, dans l’état où il se trouve… Pourtant, son Moon Knight sait pertinemment qu’il cache un si grand pouvoir, tout comme le Docteur Strange possède le sien, que son esprit ne pourrait jamais parvenir à les appréhender sous toutes leurs coutures. Il en a eu un véritable avant-goût, avec le cauchemars qu’ils viennent de vivre…
La pensée de Marc de cet instant fait réagir le Voyageur des ciels nocturnes. Leurs regards se croisent, tandis que Thoth retire petit à petit les bandes de lin. Ils ont partagé bien des moments, mais jamais à ce point-là. Si Khonshu a toujours gardé beaucoup de recul, persuadé de son statut supérieur par rapport aux mortels qui vont le servir, les manipulant et les amenant dans ses guerres, il a trouvé un quelque chose de plus en Marc Spector qui l’a irrémédiablement attiré. Cette âme en souffrance, ce don refoulé… Il suffisait d’une présence pour éveiller à la fois le pire mais aussi le meilleur en cet homme, qui n’a pourtant pas été réellement initié à leurs coutumes. Il en est pourtant arrivé à ce point de proximité avec son dieu lunaire…
« Est-ce douloureux ? »
Thoth n’émet plus aucun chant, ni incantation. Il a cessé de retirer les bandages qui recouvraient l’avant-bras de Khonshu. Le membre un peu fin et d’une peau brune grisonnante est parsemé de tâches sombres étrangères… Elles ressemblent beaucoup à ce qu’ils ont pu voir plus tôt, dans cet esprit assailli par la corruption.
Le dieu à tête d’ibis ne se répète pas et attend patiemment. Khonshu observe son bras dépourvu de ses bandelettes traditionnelles. Il serre et desserre le poing plusieurs fois et il finit par le reposer contre lui. Son regard cherche à croiser celui du Docteur et Sorcier Suprême de la Terre, Stephen Vincent Strange. Est-ce que c’était trop tard ? Est-ce que même la magie des Vishantis rencontre des limites face à la puissance malveillante de Chthon ? Ou est-ce une punition, car quelque part elle est plutôt bien méritée … ?
Khonshu détourne son regard des mortels et finit par répondre d’une voix plus effacée.
« Je n’ai pas mal… Pour le moment.
- As-tu gardé des souvenirs du Darkhold ?
- Je sais qu’il existe, mais je n’ai plus aucun souvenir de ce que j’ai lu.
- En es-tu certain ?
- Oui.
- As-tu souffert pendant l’intervention et pleuré, en suppliant de le laisser dans ta tête ?
- … Absolument pas ! »
Khonshu ferme soudainement les yeux. Son visage est devenu plus grave et ses sourcils arqués se sont froncés. Une vive douleur vient de lui traverser les membres jusqu’à la tête et il sait ce que cela signifie…
- J’ai souffert et j’ai pleuré. C’était affreux et j’ai voulu abandonner plusieurs fois.
- La vérité est moins douloureuse, n’est-ce pas, mon ami ?
- Fais attention à ne pas aller trop loin avec ces jeux… »
Un sifflement enchanteur sort de ce long cou d’oiseau. Inutile d’avoir un visage humain pour comprendre la satisfaction de Thoth, bien qu’elle ne soit exprimée qu’à demi-teinte. Ils ont réussi à libérer de l’esprit de Chons la présence du Darkhold. Pourtant, ils ne semblent pas être parvenus à retirer les lourdes séquelles que le Livre Maudit lui a laissé… Le sérieux et la tension du moment peuvent se percevoir facilement dans les gestes de Thoth, qui manipulent d’autres sortilèges, destinés à soigner ou au moins soulager ce mal qui ronge son congénère lunaire.
« Nous avons pu retirer la présence du Darkhold. Je crains que ces tâches soient le signe des séquelles que sa magie noire a laissé… Le problème ici est de taille. Je pense qu’elle s’attaque directement à notre nature, à notre essence magique. Non, j’en suis même certain !
- Pouvons-nous empêcher sa progression ? »
L’air grave de l’ibis s’accentue. Il se redresse et d’un claquement de doigt, un grand livre apparaît dans ses mains. Les pages se tournent seules, à la volonté de son utilisateur. Ce manuscrit a l’air aussi vieux que les dieux eux-mêmes…
« C’est possible… Je ne possède pas encore la réponse. Je peux juste vous confirmer que Khonshu nous a offert un précieux atout pour le rituel.
- À quel prix…
- Peu importe. »
Osiris et Thoth restent silencieux, tandis que la troisième divinité se relève. Khonshu prend sur lui pour supporter l’idée d’avoir été vu dans cet état. Le dos bien droit, il a récupéré toute sa dignité. Il s’avance de quelques pas pour pouvoir faire face aux deux mortels qui ont accompli beaucoup dans ce temple intérieur. Dans l’esprit même de la Lune. D’abord un regard vers Marc Spector, qui tient bon malgré toutes ces présences à porter dans sa tête. Ensuite, le dieu lunaire plonge dans les yeux de Stephen Strange.
« Créer un rituel de cette envergure n’est pas impossible et vous le savez. Vous devez même avoir compris où il peut mener. Le Démogorge est une créature massive, faite d’une énergie phénoménale. Si nous parvenons à l’attirer avec ce Shenou maudit, nous pourrons l’enfermer… Temporairement. Cependant, nous serons à notre plein potentiel pour l’affronter, encore, si nécessaire, car l’énergie du rituel peut ramener l’Ennéade. »
Les yeux millénaires reflètent les échos d’un souvenir lointain. Un Soleil levant sur l’horizon. La caresse de la chaleur sur la peau. Le toucher des champs de roseau… L’air que l’on respire lorsque l’on est vivant.
« Nous pourrons marcher de nouveau parmi vous. »
Nous ? Khonshu se compte-t-il dedans … ?
Marc hésite à dire ce qu’il pense de tout ça mais préfère garder le silence, pour ne pas gêner l’échange. Il imagine que cela signifie que les dieux égyptiens pourront faire comme les asgardiens … ? Des immortels dans des corps incarnés. Le retour des premiers Pharaons de l’empire égyptien. Et surtout, l’avènement d’une ère de guerre contre les forces mauvaises déjà en place sur le monde mystique et terrestre dans lequel ils vivent tous.
« Mais avant cela… »
Pour voir ce jour arriver, Khonshu est prêt à tout…
« Pour votre aide d’aujourd’hui, je saurais me montrer reconnaissant. Ce ne sera pas oublié. »
Absolument tout, oui… Comme vous le savez si bien, Docteur.